Arles antique

L’archéologie est une science de l’interprétation des vestiges du
passé. Écrite, elle devient Histoire. Entre les ouvrages scientifiques, inabordables pour les curieux, et les synthèses généralistes,
qui constituent déjà un livre d’Histoire, se dissimule le travail de
l’archéologue. C’est précisément le pari insensé de ce livre : dévoiler,
jour après jour, les coulisses d’un métier qui reste encore aujourd’hui
l’objet de nombreux fantasmes.
Sous la forme d’une véritable enquête policière, l’ouvrage décortique
de nombreuses inscriptions latines sur céramique jugées au départ
totalement énigmatiques. Produits mystérieux, écritures sibyllines et
artéfacts insolites font l’objet d’une attention chirurgicale. Question
après question, l’auteur dévoile ainsi sa méthode d’investigation. Et la
logique du raisonnement apparaît presque simple. À partir des découvertes exceptionnelles réalisées ces dernières années dans le Rhône, le lecteur devient, l’espace d’un instant, un véritable archéologue.
À travers ces différentes enquêtes, qui se recoupent et s’alimentent,
tout un pan de l’histoire économique et commerciale de la civilisation
romaine se dévoile. Conversations téléphoniques, échanges de courriels,
réflexions personnelles et humour participent à rendre cette recherche
des plus vivantes.

These coins of archaic style, of which the "treasure of Volterra" in Etruria was completely composed, have been the subject of many as yet unresolved questions. Until now seen as reflecting the "Greco-Etruscan" influences of Populonia, these series are here reassigned to South-eastern Gaul, on the basis of many single finds, mostly in French Provence. Since first identified, a number of further "Greco-Provencal" groups with similar characteristics have been attributed to this important coinage, with its many different types. These issues seem to have begun in the last quarter of the sixth century, and continued until the end of the archaic period. Though strongly influenced by Phocaean culture, they can be distinguished from the coinage of nearby Greek Marseille by their style and iconography, as well as by their circulation area. On the basis of the historical and archaeological evidence, we propose to assign this coinage to the only other established “Phocaean" city at this period in French Provence: the Greek city of “Theline” (Arles in France).

Suite à notre récente mise en lumière de ce monnayage dans le cadre du Congrès de la Commission Internationale de Numismatique qui s'est tenu à Taormina (Sicile) en septembre 2015 (Chevillon 2017), nous présentons un résumé permettant de mesurer tout l'intérêt historique de cet ensemble attribuable aux grecs « phocéens » installés sur le rocher d'Arles à partir des années 540/530 av. J.-C. (Arcelin 2008).

Arles est fréquemment nommée «la petite Rome des Gaules», un qualificatif non usurpé tant l’Arles antique se rapproche de son «modèle» métropolitain sur de nombreux points, architecturaux, urbanistiques et ornementaux. Les «similarités» qui ont pu être trouvées entre Arles et Rome à travers l’examen des principaux types de monuments ont justifié traditionnellement le rapprochement entre la capitale de l’Empire et sa colonie. Nous nous sommes intéressés plus particulièrement aux motifs ornementaux et aux composantes des ordres caractéristiques des différentes périodes de développement urbanistique de la colonie, qui témoignent également de la qualité des rapports qu’ont entretenus Rome et Arles. La colonie s’inscrit ainsi dans une démarche de romanisation encouragée par le pouvoir, sans pour autant négliger les influences locales dont sont empreints ses éléments du décor architectonique. Son positionnement dans ce processus de romanisation est particulièrement visible lors de la première phase d’urbanisation de la ville à l’époque augustéenne. Arles, par ses emprunts des cartons romains et leur emploi, se fait l’une des représentantes de la grandeur de Rome et de son pouvoir. La relation particulière qu’elle a entretenue avec Rome ne laisse aucune place au doute quant à l’intérêt que le pouvoir lui a porté de sa fondation jusqu’à l’antiquité tardive. Notre travail vise à présenter Arelate en tant que ville
ayant brillamment réussi la transposition des « modèles romains », adaptée à son urbanisme, à sa topographie et aux traditions locales.

The study of the Lusitanian amphorae of the harbour dump site of the Roman shipwreck Arles-Rhône 3 revealed the painted inscription LAC[--] on the neck of a Dressel 14 parva. Its location on the second line of the painted inscription did not allow to develop LAC[--] into lac(catum) . LAC[--] would indeed clarify the nature of the product whose name should appear on the first line of the tituli picti. According to various inscriptions known on Lusitanian amphorae, liquamen seemed the most likely hypothesis to describe the product contained in this one. LAC[--] should match a name describing the liquamen. In this article I develop LAC[--] into lac(ertus), a mackerel which would specify the name of the fish from which the liquamen is made. This choice led me to review the entire epigraphic directory of laccatum enriched by the new discoveries in the Rhône. Thanks to the enlargement of a photograph of U. Ehmig, an epigraphic evidence has been given to this hypothesis. The ‘laccatum’ must therefore be developed into lac(ertus) cat[--], and cat[--] could be developed into cat(ulus) to describe a small mackerel.

Resumen : Teline fue una fundación focense localizada en el Mediterráneo occidental, en el territorio ocu-pado en la actualidad por Arlés, y creada hacia 540/530 a.C. Situada en un emplazamiento privile-giado, en las riberas del Ródano, emitió monedas arcaicas entre finales del siglo VI y comienzos del V a.C. Sus acuñaciones, contemporáneas de las de su vecina Massalia y con un estilo particular, se conocieron a través del contenido del tesoro de Volterra (Etruria). Se difundieron sobre un área que es posible diferenciar del que tuvieron las piezas de Massalia. Han sido documentados diversos hallaz-gos lejanos, de los que los concernientes a Iberia se estudian en este trabajo. Los hallazgos que ahora reunimos atestiguan la circulación monetaria de estas emisiones en la franja litoral nororiental de la península Ibérica durante la primera mitad del siglo V a.C.

Resumé :  Les monnaies archaïques de Théliné (Arles) trouvées dans le Nord-Est de l'Ibérie
Fondation phocéenne de l'Extrême-Occident grec, créée vers 540/530 av. J.-C., l'Arles archaïque (la Théliné grecque), idéalement positionnée sur les bords du Rhône, va émettre un monnayage archaïque entre la fin du VI e et le début du V e s. av. J.-C. Contemporaines de celles de la Marseille grecque, ses monnaies au style particulier, principalement connues au travers du "trésor de Volterra" en Étrurie, vont se répartir sur une aire qu'il est possible de distinguer de celle de Massalia. Plusieurs occurrences "distantes" ont été recensées, notre travail porte ici sur les exemplaires provenant de l'Ibérie. Ces quelques spécimens témoignent d'une diffusion et d'une première circulation monétaire sur ce territoire au cours de la première partie du Ve s. av. J.-C.

Abstract: Archaic coins from Telline (Arles) found in the north-eastern area of Iberia.

Telline was a Phocaean settlement founded towards 540-530 B.C. in the West Mediterranean, in the territory now occupied by Arles. Located on a privileged site on the banks of the Rhône, it issued archaic coins between the late sixth and early fifth centuries B.C. Its mintages, contemporary with those of the neighbouring Massalia and in their own particular style, became known through the contents of the Volterra (Etruria) treasure. They were distributed over an area which it is possible to distinguish from the one covered by the Massalia pieces. A range of distant findings has been documented, of which those relating to Iberia are studied in this article. The findings we have brought together here bear witness to the monetary circulation of these issues on the north-eastern coastal strip of the Iberian Peninsula during the first half of the fifth century B.C.

In this paper, we present a first look at the Lusitanian amphora assemblage from the Roman Arles-Rhône 3 shipwreck, excavated after
a decision by the Conseil Général des Bouches du Rhône and through the structure of the Musée d’Arles Antique by one of the authors.
This archaeological site consists of a shipwreck on the right river bank of the Rhone in the former town of Arelate, dated to AD 55/65,
and a dump layer above it, which ends around AD 140. The Lusitanian amphorae discussed belong to this dump layer and account
for 32 individuals among an estimated universe of 2798 amphorae. This assemblage is quite important for understanding the first
moments in the distribution of Lusitanian foodstuffs along the Mediterranean and namely in southern France, where this trade became
stronger in Late Antiquity. At Arles-Rhône, Tagus/Sado products dominate, but a possible secondary production centre was attested:
Peniche appears as a complementary supplier to the valleys mentioned, which are related to Olisipo/Lisbon and Tróia. At least two
peculiarities can be stressed: a significant amount of an almost unknown type, Dressel 14 parva, and seven preserved tituli picti, with
various information regarding the contents and the traders. The role of the Lusitanian fish-salting products during the early Empire in
this area of the western Mediterranean is briefly discussed.

Remarquablement conservé, le chaland Arles-Rhône 3 a fait l’objet d’attentions
exceptionnelles qui l’ont conduit du fleuve au musée… De nombreux chercheurs se sont
livrés à son étude détaillée dont les résultats permettent aujourd’hui de renouveler la vision
de la batellerie gallo-romaine, notamment celle du bassin rhodanien.

This paper gives a list of the archaeological structures found, in Arles, since the publication in 1936 of the Forma Orbis Romani. It
is separated in five periods, from Preroman times to the IXth century AD. Each part contains an historical introduction, a
topographic description organized into different subjects (walls, streets, bridges, public buildings, houses, trades, cemeteries...),
and a plan of modern Arles, where the structures are registered. A bibliography of the most recent publications ends the study.

The importance of the Arles harbor's garbage which "sealed" the Arles-Rhône 3 shipwreck, shortly depicted hereafter, is so huge in archaeological materials, quantitatively and qualitatively, that it will give birth in the next decade to more than twenty monographs devoted each one to a specific type of artifact. This lamp-focused article aims to propose, in "avant-première" and in "globish" (the recently accepted expression designated for non-native very poor English), to highlight only one of the many important results of the final study of the more than 816 intact lamps and +5'000 fragments discovered during the underwater excavations of the Arles-Rhône 3 shipwreck, to be published next year. As a matter of fact, never in lychnological history a single small excavation delivered so many motifs from so many different manufactures and adorning productions framed in only 60 years of history (70 to 130 AD), and the different social, economic, productive and merely lychnological topics to be covered in the monograph abound. Here, we would like to propose a discussion on the micro-and macro-regional trade roads and their influences on lamp iconography. As a matter of fact, the corpus is made of artifacts brought to Arles from the most remote parts of the Mediterranean as well as from the nearest Gallic workshops, exactly during the apex of creativity of the Roman workshops in terms of quantity and variety of discus themes. This flourishing lamp decoration vogue started with Tiberius' reign and will slowly end with Trajan's one, our garbage is hence covering the second half of this momentum. Arles, a major multimodal platform as we would say today, transferring goods from the sea to the river Rhône as well as to the consular road network and vice-versa, is certainly one the most perfect observation points possible towards the whole Western Roman Empire. There we can guess some partial answers on important questions such as: which motifs remained at the level of individual imports? Which ones seduced the local manufactures? Which ones were also produced by the flourishing manufactures of one or both ends of the Western Empire (the Rhine Valley and Africa)? Which ones belong to Gallic lamp-makers' own creativity? The short comparison tables will indicate that there are a lot of hypothesis to study further in this domain. Further, an in-depth immersion on each motif will be proposed through an "illustrated dictionary" of the 290 more relevant motifs with the most relevant lists of parallels and the intact/context-dated lamps *

Résumé : Un buste de Mercure, variante provinciale de représentations hermaïques dérivées de modèles de tradition classique du Ve siècle av. J.-C., a été retrouvé anciennement dans la ville de Toulon (Var). Ce buste adossé en haut-relief du héraut des dieux porte les traditionnels attributs (caducée, pétase ailé, chlamyde agrafée) et peut être daté entre la fin des Antonins et l’époque sévérienne (fin IIe siècle ap. J.-C. / premier tiers IIIe siècle ap. J.-C.), période d’expansion de Telo Martius Portus.

Mots-clés : Mercure, Toulon, sculpture, caducée, pétase, époque antonine et sévérienne, calcaire de la Couronne.

Abstract : A Mercury bust, provincial variation of Hermes-like representations deriving from models of classical tradition of the Vth century BC, has been found afortime in the city of Toulon (Var). This bust sculpted in high relief from the herald of the Gods wears the traditional attributes (caduceus, winged petasos, stapled chlamys), and might date back to a time period between the end of the Nerva-Antonine dynasty to the Severan era (late 2nd century A.D. – early 3rd century A.D.), spreading period of Telo Martius Portus.

Keywords : Mercury, Toulon, sculpture, caduceus, petasos, Nerva-Antonine and Severan eras, calcaire de la Couronne.

Lors du congrès de la SFECAG d’ Arles en juin 2011, des vitrines improvisées rassemblaient, comme souvent, des vases non identifiés. Ces petites « expositions » permettent de favoriser les échanges entre collègues/céramologues et d’ aider à la détermination de certaines céramiques particulières. L’ une d’ entre elles, un modeste bol trouvé dans le dépotoir portuaire d’ Arles, a permis ainsi d’ associer les auteurs de cet article afin de présenter une production méconnue et diffusée principalement, voire exclusivement, dans le triangle bas-rhodanien au Haut-Empire : la céramique à pâte calcaire engobée cuite en mode B.

Fondée par des colons phocéens sur les bords du Rhône dans les années 540/530 av. J.-C., la Théliné grecque (Arles) va émettre un monnayage archaïque entre les années 520 et 475 av. J.-C. Nous présentons ici deux oboles inédites, à la tête coiffée d'un casque ionien à charnière, dont les revers sont issus du même coin. Ce nouveau groupe, de par ses spécificités, est à positionner dans la phase B de ce monnayage (vers 500 / vers 475).

The different ports of the Rhone delta in the Early Empire : an economic
model for the traffic and distribution of goods.

Research conducted by the DRASSM off Les Saintes-Maries-de-la-Mer
have revealed an exceptional concentration of shipwrecks located in
front of an ancient branch of the Rhone known by the medieval term
of Rhone Saint-Ferréol. The discovery of a mooring area associated
with harbour structures off this mouth supported the idea that the
“complex” of Les Saintes-Maries-de-la-Mer was the only true outport
of Arles. The presence of at least thirty wrecks loaded with raw materials
promoted the theory that Rhone Saint-Ferréol was dedicated to
raw materials and that ships loaded with amphora, located far from
the coastline, must have navigated further out to avoid the Camargue.
This has led to the notion that the other arms of the Rhone, whether
that of Daladel and/or Ulmet were not only navigable but also reserved
for amphorae.
This paper will present an initial synthesis that attempts to define the
different potential harbours that might have serviced a specialised
traffic in merchandise. The integration of the ensemble of criteria will
lead to the proposition of an economic model on the scale of the
Rhone delta, according to which Arles, Les Saintes-Maries-de-la-Mer,
Fos, Saint-Gervais Bay and the other mouths of the Rhone were not
simply “outports” but true ports.

Les différents ports du delta du Rhône au Haut-Empire : modèle économique autour de la circulation et la diffusion des produits.

Les recherches menées par le DRASSM au large des Saintes-Mariesde-
la-Mer ont révélé une concentration exceptionnelle d’épaves située
face à un ancien bras du Rhône, plus connu sous le vocable médiéval
de Rhône Saint-Ferréol. Située face à cette embouchure, la mise en
évidence d’une zone de mouillage associée à des structures portuaires
permettait de défendre l’idée que le « complexe » des Saintes-Mariesde-
la-Mer constituait le seul véritable avant-port d’Arles. Avec la présence
d’au moins trente épaves chargées de matières premières, j’ai
développé l’hypothèse que le Rhône Saint-Ferréol était dévolu aux
matières premières et que les navires chargés d’amphores, situés loin
de la côte, devaient croiser au large pour éviter la Camargue. Cette
réflexion a conduit à envisager que les autres bras du Rhône, que ce
soit celui de Daladel et/ou celui d’Ulmet, devaient être non seulement
navigables mais également réservés aux amphores.
Cet article présente une première synthèse pour tenter de définir les
différents ports potentiels qui pourraient assurer une circulation spécialisée
des marchandises. L’intégration de l’ensemble de ces critères
permettra de proposer un modèle économique à l’échelle du delta
du Rhône selon lequel aussi bien Arles, les Saintes-Maries-de-la-Mer,
le golfe de Fos, l’anse Saint-Gervais que les autres embouchures du
Rhône ne constitueraient non plus des « avant-ports » mais de véritables
ports.

Résumé : Un spécimen de l'Arles grecque archaïque (Théliné), émis à la fin du VIe s. av. J.-C., provenant de la vallée du Jabron (secteur de Séderon, Drôme, France), nous apporte un nouvel indice qu'il faut certainement lier à la politique de pénétration commerciale de l'arrière-pays indigène « lointain » de cette cité pour cette « haute » époque.

Abstract: This article introduces a new coin of the archaic Greek Arles (Theliné), issued at the end of the 6th century b. C. This coin comes from the valley of the Jabron (sector of Séderon, Drôme, France). It brings us a new information that must certainly be linked to the commercial penetration of the "remote" indigenous hinterland, far away Arles.

L'apparence de Jules César a changé selon les périodes, nous rappelle l'archéologue Luc Long dont les recherches du lit du Rhône en Arles ont mis au jour un buste de Jules César qui étonne ainsi que de nombreuses statues qui vont de l'époque républicaine à la fin du IVème siècle.