L’oeuvre de Lise Tremblay regorge de personnages, de narratrices et de narrateurs dont le quotidien est façonné par l’expérience de la honte. La pêche blanche et La danse juive ont ceci de particulier qu’ils situent dans l’enfance... more
L’oeuvre de Lise Tremblay regorge de personnages, de narratrices et de narrateurs dont le quotidien est façonné par l’expérience de la honte. La pêche blanche et La danse juive ont ceci de particulier qu’ils situent dans l’enfance l’origine de la honte, toujours engendrée par un regard de dédain du père posé sur le corps de l’enfant — fils « chétif », boiteux ; fille souffrant d’obésité. Dans l’expérience traumatique de cet affect particulier, le sujet est appelé à assumer son image sous le regard d’autrui ; une image qui ne correspond pas à son désir, mais qui le détermine malgré tout. L’oeuvre de Tremblay présente des pères dont le regard et la voix ont établi les frontières réelles et imaginaires qui contraignent les sujets, tant dans leur corps que dans l’espace. Cet article aborde, depuis une perspective psychanalytique de l’identification, l’articulation poétique particulière entre la honte, la figure paternelle et le corps que l’oeuvre de Lise Tremblay déploie, et qui permet de lire le meurtre perpétré à l’endroit du père dans La danse juive comme le prolongement d’un fantasme parricide déjà mis en récit dans La pêche blanche.
Cette journée d'étude tenue le 3 octobre 2020 se propose d’examiner comment les arts et les médias participent au renouvellement des normes émotionnelles de la honte, à des fins éthiques et politiques de lutte contre les discriminations.... more
Cette journée d'étude tenue le 3 octobre 2020 se propose d’examiner comment les arts et les médias participent au renouvellement des normes émotionnelles de la honte, à des fins éthiques et politiques de lutte contre les discriminations.
Comité d'organisation et de rédaction de Traits d'Union : Marija Apostolovic, Eve Benhamou, Myriam Boulin, Priscilla Coutinho, Marie Grenon, Justine Le Floc'h, Claire Salles, Guglielmo Scafirimuto, Héloïse Van Appelghem, Aliette Ventéjoux.
Freud raconte dans L’interprétation des rêves le souvenir humiliant de son père insulté. L’insulte expulse d’un universel qui relève de l’imaginaire, produit par le discours d’un pouvoir en place, et crée une catégorie minoritaire. Cette... more
Freud raconte dans L’interprétation des rêves le souvenir humiliant de son père insulté. L’insulte expulse d’un universel qui relève de l’imaginaire, produit par le discours d’un pouvoir en place, et crée une catégorie minoritaire. Cette scène paradigmatique produit chez Freud un questionnement sur les effets excluants de la violence du langage et tout à la fois un désir de répondre à cette humiliation. Comment un acte de bannissement peut-il permettre une subjectivation ? Dans Le pouvoir des mots, Judith Butler analyse cette transformation. Quels effets stigmatisants le discours de la science et les diagnostics psychiatriques peuvent-ils avoir sur le sujet ? Si l’injure produit de la honte, celle-ci peut se métamorphoser en puissance d’agir. Les écrits de Jean Genet en sont l’emblème.
Dans cet article nous tenterons de penser le phénomène du silence des femmes ayant subi des violences conjugales, grâce à une lecture qui tient compte de l’enchevêtrement des aspects politiques et inconscients qui fondent le lien social.... more
Dans cet article nous tenterons de penser le phénomène du silence des femmes ayant subi des violences conjugales, grâce à une lecture qui tient compte de l’enchevêtrement des aspects politiques et inconscients qui fondent le lien social. à partir d’une illustration clinique, nous explorerons le rôle des affects de culpabilité, de honte et de terreur qui paralysent l’activité psychique des femmes qui ont subi des violences. Le concept d’aliénation nous permettra de comprendre les destins de la pensée et du sujet dans les situations de violence
"La mort plutôt que la honte » est un dicton répandu en région zarma et, plus généralement, au Sahel. n Mais qu'est-ce donc que cette « honte », sentiment si redouté qu'on puisse lui préférer la mort ? C'est à la fois une émotion intense... more
"La mort plutôt que la honte » est un dicton répandu en région zarma et, plus généralement, au Sahel. n Mais qu'est-ce donc que cette « honte », sentiment si redouté qu'on puisse lui préférer la mort ? C'est à la fois une émotion intense et une réalité sociale complexe très éloignée du sens étroit de ce terme dans le monde occidental. La crainte de la honte et les efforts pour ne pas s'y exposer guident les moindres moments de la vie quotidienne des habitants du Sahel. La pudeur en est une expression, de même que toutes les marques du respect.
La centralité de ce concept et de ce qu'il représente ne peut pleinement être comprise qu'en situation. C'est pourquoi je partirais d'anecdotes, dont j'ai été le témoin direct ou indirect, mais aussi de récits ou de chants relevant de ce que l'on nomme la littérature orale, , pour montrer ce qu'est cet affect, ce qui le provoque, ce qu'il implique d'un point de vue idéologique et quelles sont les stratégies mises en place par l'individu pour éviter d'y être confronté.