Psychanalyse Et Société

Résumé :
Le but de notre article est d’analyser des causes psychanalytiques d’apparition de la bipolarité du monde et des penchants  pour la guerre froide qui, en fait, ne limitent pas la jouissance narcissique des adversaires mais empêchent à chacun de se détruire et anéantir toute la civilisation. A notre avis, la résolution de leurs conflits se détermine essentiellement dans les négociations entre les protagonistes à travers plusieurs vecteurs psychanalytiques (enjeux identitaires, discours politiques, intérêts économiques et financiers, consensus diplomatiques, etc.). Notre analyse de ces négociations met en évidence un équilibre approprié entre ces vecteurs, intrinsèquement lié au sentiment de culpabilité et à la conscience morale réciproques des adversaires.
Mots-clés : conflits, identification, narcissisme, transfert, discours, négociation, protagonistes.

The Psychoanalytical Stakes of the Cold War

Abstract:

The purpose of our article is to analyze the psychoanalytic causes of the appearance of the  bipolarity of the world and the inclinations for the cold war which, in fact, do not limit the narcissistic enjoyment of the adversaries but prevent everyone of destroy and annihilate all civilization. In our opinion, the resolution of their conflicts is essentially determined in the negotiations between these protagonists through several psychoanalytical vectors (identity issues, political discourse, economic and financial interests, diplomatic consensus, etc.). Our analysis of these negotiations highlights an appropriate balance between these vectors, intrinsically linked to the feelings of guilt and the reciprocal moral conscience of adversaries.

Keywords: conflict, identification, narcissism, transference, negotiation, protagonists.

Jabre, E. (2021). La résistance à venir, pour une autre logique des frontières. Bollettino Filosofico, 36, 69-79.

Dans Résistances - de la psychanalyse, Derrida analyse à travers sa lecture de Freud la compulsion de répétition en tant qu’elle est cette irréductible résistance de l’inconscient qui rend l’analyse infinie. Il introduit la notion de restance qui tient de cette logique aporétique par laquelle la psychanalyse n’a de sens qu’à délier les résistances, bien qu’elle rencontre toujours une non-résistance qui résiste. Il montre alors que la psychanalyse entretient un lien privilégié avec la pulsion de mort. Par cette lecture de la résistance, la psychanalyse se transformerait et transformerait le champ politique par une autre formalisation des bords, à la frontière avec la déconstruction.

Résumé : Cet article propose d’explorer les craintes d’un effondrement climatique dont les manifestations s’expriment parfois lors des séances analytiques. L’éco-anxiété peut trouver différents destins, tels la colère, l’abattement, le déni ou encore la perte de capacité à se projeter dans l’avenir. S’agissant d’un processus qui n’a pas encore eu lieu, cet effondrement confronte le sujet à la difficulté de se le représenter. La crise que la perspective de cet effondrement provoque est aussi l’occasion de réinterroger certains paradigmes psychanalytiques, afin de considérer les enjeux spécifiques à l’environnement global du sujet.
Mots clés : crainte de l’effondrement, effondrement climatique, crise climatique, angoisse, éco-anxiété, angoisse environnementale, désespoir existentiel, éco-psychanalyse, psychanalyse.

Fear of climate breakdown. Explorations of the ecological anxieties and their impact on the individual psyche.
Abstract: This paper aims to explore the fears of climate breakdown, whose manifestations are sometimes expressed during psychoanalytical sessions. Eco-anxiety can have different destinies, such as anger, dejection, denial, or the loss of the capacity to plan the future. Since it is a process which didn’t take place yet, this collapse confronts the subject to the difficulty of representing it. The potential crisis generated by this breakdown is also an opportunity to re-examine certain psychoanalytic paradigms, in order to consider the issues specific to the global environment of the individual.
Key-words: fear of breakdown, climate breakdown, climate crisis, global warming, anxiety, eco-anxiety, environmental anxiety, existential despair, eco-psychoanalysis, psychoanalysis.

L’inhumain ne peut être pensé que dans un rapport dialectique avec l’homme et ce qui fonde l’humanité. Il caractérise généralement un acte ou un comportement qui ne semble pas appartenir à la nature humaine ; soit parce qu’il est perçu comme trop atroce ou monstrueux, soit parce qu’il est considéré comme au-dessus des simples forces humaines.

L’inhumain dépasse, déborde l’être humain. Il est le lieu de l’excès et de la « dé-mesure », c’est-à-dire celui qui reste dans aucune commune mesure, doit être pensé comme impensable, bouleverse la logique et désoriente les catégories. Dès lors, comment concevoir cette incommensurable – violence, folie ou barbarie – en l’homme ?

Le mythe du Minotaure permet de réfléchir à la dualité fondamentale au cœur de l’homme : mi-homme mi-animal, le Minotaure nous est à la fois semblable et étranger. Ce travail tente de comprendre comment dans l’épreuve de l’inhumain l’homme ne rencontre pas l’étranger mais l’étrangeté la plus intime de son être.

Agrafes et inventions dans la psychose ordinaire
Alexandre Stevens, Guy Briole et Dominique Holvoet
Sous la direction d’Anne Béraud
Textes réunis avec la collaboration de William Delisle

À une époque où la « transmission symbolique » est une voie de moins en moins empruntée, où le sujet contemporain, laissé à lui-même, peine à s’intégrer dans l’a priori de l’existence, dans le préétabli des discours, la psychanalyse est plus que jamais sollicitée dans sa pratique.
Dans ce désordre, pourtant, le sujet est inventif, pousse sa singularité en créant ses propres effets de style. C’est au psychanalyste d’ajuster sa clinique à l’asymétrie des modes d’existence, en laissant cette inventivité subjective présenter ses créations, ses rébellions discrètes, son agrafage unique.
En proposant le syntagme de « psychose ordinaire », Jacques-Alain Miller met en pratique le dernier enseignement de Jacques Lacan, voulant rendre compte d’un au-delà de la binarité, d’un au-delà du Nom-du-Père.

Le Pont freudien, en collaboration avec NLS-Québec, propose un dialogue indirect entre trois psychanalystes - Alexandre Stevens, Guy Briole et Dominique Holvoet - sur la question de la psychose ordinaire. Invités à Montréal pour y animer des séminaires, les trois auteurs ont ouvert plusieurs voies à la recherche clinique et théorique, en s’intéressant à l’évolution de l’enseignement de Lacan, aux rectifications de J.-A. Miller sur sa proposition de psychose ordinaire et à l’impact des signes discrets de celle-ci sur le travail de la clinique sous transfert.

Mars 2018.
223 pages

Les psychanalystes seraient dupes d’une pulsion de pouvoir.
De leur propre pulsion de pouvoir.
Ils vivraient dans le déni.
Ils résisteraient eux-mêmes à cette révolution qu’est la psychanalyse.
Ils la confisqueraient en la trahissant.
Les psychanalystes ne voudraient rien savoir de la pulsion de pouvoir, n’en tiendraient pas compte, la limiteraient à une pulsion d’emprise applicable à un cadre thérapeutique restreint, la traitant comme toute autre pulsion sans y voir le jeu prédominant d’une pulsion qui s’assujettirait les autres pulsions. 
Mais de quoi s’agit-il, disent les psychanalystes, entre l’agacement et le sarcasme, quelle est cette étrange obsession dont vous nous rabattez les oreilles ?
Pulsion de pouvoir : mouvement d’un ensemble qui se lie à lui-même, la rétroaction lui donnant consistance, alors qu’il tend à lier, se lier, se relier toujours plus fort.


Plutôt qu’une menace, la déconstruction offrirait de remodeler un champ en profonde crise à partir de son reste d’inanalysé : sa propre pulsion de pouvoir décrite par Derrida autour de l’héritage de Freud (reconduit par Lacan). De la sorte, pousser la psychanalyse à déborder de sa pratique en cabinet, l’étendre au champ politique, à un dehors qu’elle aura toujours refusé de prendre en considération au prétexte de mettre à l’abri les personnes en souffrance afin qu’elles produisent leurs propres énoncés.
Face aux discours multiples où la norme sert de référent, la psychanalyse serait amenée à reconsidérer les concepts qui la restreignent à une vocation au soin, où elle se cantonne à n’avoir pour objet que ce qu’on nommerait le champ pathologique. En réinventant ses concepts en dehors de ce cadre lui-même normatif, elle enrichirait une langue pour ouvrir à une autre politique, une politique des singularités, appelée également dans de nombreux textes d’autres philosophes contemporains tels que Jean-Luc Nancy. Cette politique serait une alternative à des pouvoirs qui cherchent à capturer des sujets dans des coordonnées homogènes au nom de croyances désormais déconstruites, et même décomposées.

La fin des temps n'a jamais été aussi proche. Plutôt que d'en subir les effets annonciateurs, pouvons-vous essayer de les penser ? Pierre-Henri Castel, dans ce bref essai philosophique aux allures de récit mythologique, invite le lecteur à explorer un scénario apocalyptique sur une fin des temps possible. Faisant suite à deux écrits d'importance publiés récemment, « La psychanalyse, la culture et le Mal qui vient » 1 et « La pulsion de mort vient du futur » 2 , cet essai prolonge une pensée qui s'interroge sur la fin, le mal, les pulsions de mort, la destruction. Si chacun peut envisager sans trop de mal, mais non sans angoisse-ou pour le moins sans inquiétude-, la fin de son existence propre, Castel nous invite à penser un futur proche où le déclin de l'humanité semble devoir s'imposer comme une issue inéluctable, sans pour autant être imminente. L'exploitation sans fin des ressources naturelles, la maltraitance que nos sociétés néolibérales imposent à l'infini aux corps et aux âmes poussées à une consommation effrénée d'objets à usage limité, les déplacements infiniment énergivores pour la jouissance du tourisme de masse, l'épuisement des ressources naturelles et alimentaires et leurs incidences sur des migrations écologiques forcées… Tous ces motifs (dont nous pourrions malheureusement continuer la liste à l'envi) semblent précipiter chaque jour un peu plus notre monde vers sa destruction radicale. Il ne s'agit pas de notre fin, il s'agit de « la » fin : la Fin Du Monde, nous dit Pierre-Henri Castel. Nous plongeons ainsi dans ce vécu pré-apocalyptique (le post-apocalyptique, constitué du néant, étant difficilement représentable) où l'auteur s'interroge sur ce que l'humain pourra produire, dans les temps précédent son déclin. Notons que l'humain reste au coeur de ce scénario 3 : l'idée que le règne animal puisse être préservé est évacuée. Tout doit disparaître : toute forme de vie, animale ou végétale, s'efface derrière le vécu absolu d'un anéantissement proche. La proposition d'esquisser une pensée du Mal qui vient et des temps qui précéderont la fin du monde se situe dans une expérience purement humaine, et spécifiquement mentale. Quand les temps de la fin arriveront, quelles seront-donc les pensées des derniers hommes et des dernières femmes ? La plupart des scénarios de films ou de romans de science fiction fondent leur trame sur le temps d'après : le temps d'après la catastrophe qui détruit presque tout, mais laisse néanmoins quelques-uns survivre à l'expérience (c'est la condition nécessaire à la constitution d'un récit). À rebours de ces fictions sur l'après, Pierre-Henri Castel entend s'interroger sur les temps justes avant. « Tout aura donc été vain » 4 Castel nous fait explorer différents possibles : la vision nihiliste où l'existence même perdrait tout son sens, les existences au service d'un hédonisme irresponsable, ou encore le monde en déclin où les climatosceptiques et autres porteurs de pensées de déni règneraient en maître. Les fascismes intellectuels seraient alors à leur apogée. Mais pour envisager un tel futur, il nous faut déjà réussir à nous représenter « le Mal absolu ». Non pas le mal tel que nous le connaissons déjà, dans des formes Jouissons un peu en attendant l'Apocalypse [jeudi 13 décembre 2018-08:00] 126 pages PSYCHOLOGIE LE MAL QUI VIENT : ESSAI HÂTIF SUR LA FIN DES TEMPS Éditeur : CERF Jean-Baptiste DESVEAUX En songeant à la disparition du monde, P.-H. Castel convie le lecteur à plonger dans un scénario pré-apocalyptique bouleversant tous les formants de la nature humaine. https://www.nonfiction.fr/articleprint-9686-jouissons-un-peu-en-attendant-lapocalypse.htm

La question des féminicides comme phénomène collectif ne relève pas directement d'une quelconque expertise de la psychanalyse, sauf à s'en tenir à des interprétations qui risquent la généralité, et prétendent, au nom d'une psychologie de l'inconscient, révéler des tendances sociales (la violence masculine , le masochisme féminin, etc.). Comme phénomène social, inscrit dans un contexte culturel, historique et économique particulier, les fémini-cides, comme les génocides, font donc surgir la question de la légitimité de la psychanalyse à interpréter le social, celle, d'une psychologie des foules qui ne se contente pas d'être l'extension, au niveau collectif, de processus psychiques individuels, au demeurant singuliers, et toujours historiquement définis.

La mauvaise réputation d’Œdipe a trop longtemps occulté les messages de sagesses que Sophocle avait glissés entre les lignes de son œuvre. En effet, les interprétations modernes furent obnubilées par l’inceste et le parricide, alors que ce n’est là qu’une manière symbolique d’évoquer l’immaturité d’Œdipe dans la première partie de sa vie, à Thèbes. Une fois cet aspect porté à la connaissance de tous, Sophocle traite ce qui l’intéresse vraiment : la métamorphose d’Œdipe. À nous de découvrir pourquoi et comment le génial tragédien fera d’Œdipe le héros de Colone et garant de la prospérité de ses derniers hôtes.
Pour comprendre cette transformation l’auteur propose d’élargir nos références, notamment en ce qui concerne la signification traditionnelle de la malédiction familiale héritée par Œdipe à sa naissance. Une thématique omniprésente dans l’œuvre, surtout qu’un secret sur l’identité de ses parents l’empêchera de reconnaître les héritages transgénérationnels qui l’aliènent. L’histoire le raconte, tout roi de Thèbes qu’il fût, Œdipe n’était pas à sa propre place mais à celle de son père, dans le lit de sa mère. Ainsi, même si elle peut paraître tragique aux yeux des novices, la crise d’Œdipe sera surtout cathartique, un passage obligé pour qu’il naisse enfin, affranchi de la malédiction familiale.
En décryptant le sens traditionnel des pièces que Sophocle consacra à Œdipe, l’auteur révèle les messages de sagesses laissés à la postérité par le génial tragédien. Après les analyses proposées par les modernes, Freud en tête, une page de l’histoire se tourne enfin.

Résumé
A partir d’une inversion de la question du récit de cas, cherchant à voir plutôt que ce que la psychanalyse peut dire du cas clinique, ce que la présentation de cas peut révéler d’une certaine psychanalyse, l’auteur se propose d’aborder certaines pratiques de l’écriture clinique, pour réfléchir à la spécificité de l’écriture de cas en psychanalyse. Est ainsi mise en exergue la violence commune exercée contre la singularité clinique, consistant à l’inscrire dans une théorisation qui la précède et dont elle n’est qu’une confirmation, au mieux un « exemple éclairant ». Apparaissent alors les questions de l’occultation théorique et (contre)transférentielle de la clinique, de la valeur d’usage du cas clinique dans la théorisation, de l’excès d’imaginaire filtrant dans certaines interprétations de cas et de la manière dont y joue ou non l’analyse du transfert. Soulevant les question de l’exemplarité du cas, sa présentation comme paradigme d’une structure nosographique sous-jacente, sa visée « pédagogique », son inclusion dans une psychopathologie, l’auteur interroge la manière dont opère la « vérité historique » du cas et le statut de la narrativité dans l’écriture de cas.


Summary
Reversing the usual case narrative perspective, and asking what some case studies may reveal about a certain psychoanalysis, rather than what psychoanalysis may say about cases studies, the author dwells on some aspects of clinical writing in order to analyse the specificity of case writing in psychoanalysis. He sets forth the common violence against clinical singularity aired by some case studies which conceive the case only as a confirmation, and at best a “shining example”, of a previous theory. He asks the questions of how theory and (counter)transference may obscure clinical situations, of the use value of clinical cases in theory, and of the excessive Imaginary that is conjured up in some case interpretations that neglect to analyse their (counter)transference position. He raises the questions of the exemplarity of cases, their use as paradigms of nosographic structures, their “pedagogic” aim, and their inclusion in a psychopathology. He finally questions the way “historical truth” may operate in a case, and how it may be dissociated from narrativeness when it comes to case writing.

La psychosociologie d’Eugène Enriquez revendique sa filiation psychanalytique et le but qu’elle poursuit : appliquer les découvertes de la métapsychologie freudienne au lien social, dans la lignée des travaux de Freud lui-même. Il se situe lui-même au croisement de Freud et de Max Weber. Il s’intéresse aux fonctions imaginaires et à l'inconscient social, et en particulier aux aspects mortifères du pouvoir. La clé de voûte de sa réflexion est présentée dans sa thèse « De la horde à L'État », publiée en 1983.

Il ne fait aucun doute que Sigmund Freud est l'un des psychiatres les plus importants et les plus influents du monde. Ses idées sur la nature de l'homme ont influencé non seulement la psychologie, mais aussi d'autres branches telles que la philosophie et les sciences politiques. Après avoir découvert que la terre n'est pas le centre de l'univers (Copernic), et que l'espèce humaine n'est pas le sommet de la création (Darwin), l'homme découvre que « le moi n'est pas maître dans sa propre maison » avec la conception freudienne. Aucun autre penseur n'a mis en doute la mégalomanie humaine et l'assurance du Cogito cartésien d'une manière aussi accomplie et assumée que Freud. À ce point, Le Moi et le Ça est l'ouvrage de Sigmund Freud dans lequel la théorie de personnalité freudienne a été conçue. Quand le psychique de l'individu est pris en main seulement, on peut voire que l'autrui apparait comme un model, un support ou une concurrent. Pourtant, il est observable dans la pensée freudienne qu'il sera prouvé de manière méthodologique que les psychologies individuelles deviennent aussi une psychologie sociale. Freud nous propose une nouvelle conception de l'autonomie et aussi une nouvelle conception humaine qui explique même la vie sociale. Charles Melman souligne que la culture n'offre pas encore le refoulement des désirs ou des passions, c'est au contraire notre vie socioculturelle avec nos environnement recherche toujours l'harmonie entre l'objet des passions. Selon Melon, on est face à l'une nouvelle économie psychique. 1Il est important de comprendre cette nouvelle économie avant de commencer l'analyse de livre Le Moi et le Ça, car on peut facilement dire que Freud est Freud est le pionnier le plus influent de ce point de vue révolutionnaire. D'ailleurs Helene L'Heuillet aussi surligne le caractère définitive de la psychanalyse

Un grand nombre d’hommes jusqu’ici nommés « gais » se travestissent dans la sphère privée pour poster des annonces sexuelles sur Internet en cherchant les hommes « hétéros . »  Par cette recherche, les limites des identités sexuelles, ainsi que des objets liées à elles, sont testées, étirées, re-signifiées et même ridiculisées. Grâce au numérique, une rencontre « trans-orientationnelle » se produit, ce qui ouvre la porte à une nouvelle façon de penser et de pratiquer la différence sexuelle. C’est un rapport fondé sur le semblant, sur la multiplicité, sur l’objet de désir comme ses alentours. La matérialité du corps apparaît comme toile, comme voile, comme écran – pas comme substance. Ce phénomène révèle aussi une faille dans la logique hétérosexuelle. Lorsque l'objet se dénonce comme un semblant potentiellement divorcé de son référent matériel, ces deux figures (la travesti bâtie par le numérique et cet homme hétéro éveillé par le numérique qui la désire) se mettent en contact, se touchent, se baisent, se découvrent, s’utilisent, s’aiment. Qu’est-ce que la jouissance de la travesti peut dire d’un système symbolique et social qui dénie son existence et sa valeur?

Rapport de recherche financé par le Ddass 06, remis en février 2010.
Prenant appui sur les travaux de T. Paquot, la tripartition habitation/habitat/habiter est transposée à la clinique de la rue. Cette transposition a un double intérêt : 1. pouvoir agencer et articuler les nombreux travaux sociologiques et anthropologiques portant sur les manières de vie à la rue; 2.  différencier  les questionnements cliniques qui relèvent de la matérialité de l'abri précaire (habitation), de ce qui se dit de ses alentours (l'habitat comprenant lieux, personnes, trajets) et enfin du rapport à l'Autre engagé par les effets du langage (habiter).
il s'agit donc de penser l'habiter en lien avec le champ du langage et dans le transfert.
La distinction entre territoire et lieu y est également développée : là où le "territoire" relève et révèle des enjeux entre le moi et l'autre, le "lieu"  met plutôt en avant le type de rapport entre le sujet et l'Autre.

Nous assistons à une étrange insistance sur le désir d’enfant, l’enfant à tout prix. On entend même se développer un droit à l’enfant. L’enfant occupe une place particulière dans l’existence individuelle comme dans les représentations collectives. Il fait l’objet d’une véritable passion. L’investissement narcissique de l’enfant n’est pas nouveau. A son époque, Freud évoquait déjà « his majesty the baby » voué à accomplir les souhaits inachevés des parents. Toutefois, le phénomène prend aujourd’hui une ampleur considérable en raison des bouleversements sociaux et des progrès scientifiques. La libération des mœurs, la fragilisation du lien conjugal, la montée des valeurs individualistes tendent à faire de l’enfant un objet d’épanouissement. Les évolutions biotechnologiques permettent désormais le tri et la sélection des enfants à venir. Comment penser le caractère fondamentalement singulier, insaisissable et imprévisible de l’enfant à une époque dominée par la maîtrise et la programmation ? Ce travail tente d’articuler la légitime maîtrise de la procréation avec la conception de l’enfant comme évènement : c’est-à-dire comme altérité radicale, surgissement imprévisible, puissance de l'indéterminé.

L’exclusion sociale des sexualités et sexuations non binaires
prend différentes formes, qui, si elles se retrouvent dans de multiples régions du monde, n’ont toutefois rien d’universel.
Est ici abordée leur exclusion par le discours psychanalytique, exclusion inclusive, en ce sens qu’elle construit son discours à partir de ces aberration. A la manière du modèle psychiatrique qui, en annexant les anomalies, définit en retour une norme qui les exclut, certains discours psychanalytiques s’avèrent ainsi plus proche de ce que Foucault appelait le modèle d’inclusion des pestiféré/es, plutôt celui d’exclusion des lépreux/ses.
Cette exclusion inclusive soulève la préoccupante question de savoir à qui est destiné le travail de l’analyste : à son analysant/e ou au maintien de l’ordre social ? En d’autres termes, la question est ici celle du rapport de la psychanalyse aux normes.

Dans ce livre, l’auteur explique les « raisons » du désir de vengeance, la spirale de la violence, mais aussi le traitement des conflits et les voies de l’apaisement.
Pourquoi Jonas fuit-il à l’autre bout du monde quand Dieu l’envoie à Ninive ? Il faudra de fortes pressions (violente tempête, stage de trois jours dans le ventre du poisson) pour qu’il consente à y aller. Et qu’il annonce… quoi ? Que Ninive sera détruite ! A aucun moment il ne parle de la possibilité du pardon. Et quand Dieu gracie Ninive, Jonas est… furieux !
Cet épisode plein de rebondissements nous parle de notre propre difficulté à pardonner. A quoi cela sert-il de pardonner ? A retrouver goût à la vie car le pardon réintègre non seulement le fautif dans le groupe social mais aussi la victime dans le cours de la vie. L’un et l’autre changés, le pardon n’est ni une amnésie ni un refoulement, il permet de cicatriser sans rester prisonniers de la haine et du sentiment d’injustice.
Bon d’accord, mais comment faire pour pardonner ? Il ne sert à rien de dire « Il faut pardonner ». On n’a jamais envie de pardonner. Pourquoi ? Parce qu’on se sent blessé, meurtri. C’est là que réside le levier que l’auteur vous invite à découvrir dans ce livre. Avec une méthode très concrète, pas une pilule magique. Avec une procédure précise, les attitudes à adopter par rapport au problème et face à la personne, et avec des exemples de paroles à dire, sans hypocrisie. Cette méthode permet d’apaiser autant les conflits personnels que professionnels. Elle était utilisée en formation aux relations interpersonnelles par l’auteur. Et « ça marche » !

On n’a pas manqué de souligner le pessimisme du texte freudien, ni de chercher dans son humeur la cause de cette noire fantaisie. Après de véhémentes protestations scientifiques, il est apparu que Totem et Tabou (et particulièrement « Le Retour infantile du totémisme ») était avant tout à entendre dans sa dimension de mythe. Sa noirceur provient de sa dramaturgie, qui nous dit – comme tous les mythes – que le destin de l’humanité est fondamentalement tragique. Un siècle plus tard, néanmoins, la science semble en voie de réhabiliter certains postulats « biologistes » de Freud.

Maître de conférences en droit privé HDR, Docteur en sociologie Université Paris-Dauphine Dans un colloque consacré à la transmission, pouvait-on ignorer les questions d'héritage et plus particulièrement l'affaire de la succession Hallyday ? C'est vrai quoi, qui de Laetitia, David ou Laura héritera des biens et des droits d'auteur du chanteur ? Pour ceux qui n'auraient pas suivi, Johnny est mort. Dans sa vie, il a très peu écrit-heureusement d'ailleurs quand on voit les conséquences résultant de son testament. Johnny a donc fait un testament en vertu duquel il lègue l'intégralité de sa fortune à sa femme et déshérite par là-même ses enfants. C'est sûr qu'après la problématique de l'homme transsexuel ou celle de la transmission et la théorie du complot, la question peut paraître superficielle. Je remercie donc Michel d'avoir néanmoins estimé que le sujet méritait une intervention. Je voudrai en effet montrer qu'au contraire, l'affaire Hallyday porte en fait sur les questions politiques et religieuses au coeur de nos sociétés contemporaines et au coeur du présent colloque. Et c'est peut-être finalement pour cette raison qu'elle mérite qu'on s'y intéresse et constituera à ce titre le fil conducteur de la présente intervention. Déshériter : que signifie l'acte de déshériter ? Pascal Bruckner a rappelé la phrase du poète René Char, au coeur de l'ouvrage d'Hannah Arendt la crise de la culture, "Notre héritage n'est précédé d'aucun testament ". Et le juriste qui n'est ni poète ni philosophe ne peut que remarquer que cela constitue la majorité des cas d'ouverture d'une succession sauf… quand le défunt souhaite déshériter ceux qui avait légalement vocation à lui succéder. Le colloque porte sur la transmission, pas sur l'héritage. Pourtant, dans l'usage commun, il est fréquent de parler de la transmission en héritage et finalement d'associer les deux mots lorsqu'est ouverte une succession. D'où la question : quelles différences entre transmission et héritage ? • Première différence : la transmission n'est pas l'héritage : transmettre est un verbe transitif : je transmets quelque chose ; hériter un verbe intransitif : j'hérite de quelque chose. D'où la difficulté pour la personne qui souhaite transmettre l'héritage spirituel de ses pères. Elle veut transmettre quelque chose qui dépend de celui ou celle qui le reçoit et qui peut donc parfaitement s'en affranchir ;

Depuis plus de dix ans, Mario Cifali reprend les références œdipiennes de Freud en tenant compte de l’esprit spécifique à notre culture patriarcale. Cet approfondissement des analyses freudiennes a été rendu nécessaire par la mise en évidence du rôle premier que joue le père (Laïos) dans des intentions trop unilatéralement attribuées au fils (Œdipe). La culpabilité apparente du fils oblitérait celle du père puisque ce qui conditionnait le parricide c’était la tentative première de Laïos d’éliminer Œdipe à sa naissance. Aujourd’hui beaucoup de psychanalystes en ont pris conscience, et quelques auteurs contemporains travaillent à mieux comprendre les tenants et aboutissants impliqués dans la lecture nouvelle de cette clé de voûte de l’édifice freudien.

Quand Fanon écrit son Peau noire masque blanc, le livre d'Octave Mannoni Psychologie de la colonisation a été publié. Fanon en fait une critique acerbe, qui semblerait avoir disqualifié durablement la thèse de Mannoni, jugée erronée voire raciste. Pourtant, Mannoni, auteur encore commenté, est salué pour l'innovation qu'il a apportée notamment sur la notion de « situation coloniale ». Sa position est critique vis-à-vis de la colonisation. Je voudrais y réfléchir de façon méthodologique en contextualisant l'ouvrage de Mannoni et en abordant ses propos ambigus : la dépendance et l'ingratitude du Malgache. Mannoni par son outil psychanalytique structurel entérine les « malentendus productifs » de la colonisation ; son écrit est aussi le reflet d'un humanisme colonial, n'incluant pas le contexte d'après-guerre des « indigènes » et de leurs attentes. Son ouvrage pose cependant les premiers matériaux, qui, articulés de façon dialectique à ceux de son principal contradicteur, Frantz Fanon, ouvrent à une pensée féconde. Sa réflexion sur la décolonisation pose également des questions essentielles qui seront prolongées par d'autres. Mots-clés : Mannoni, Fanon, situation coloniale, malentendus, psychanalyse. Abstract : When Fanon wrote his Black Skin, White masks, Octave Mannoni's book : Prospero and Caliban, the psychology of colonization, had already been published. Fanon sharply criticized it, which seems to have significantly undermined Mannoni's thesis by considering it erroneous and even racist. However, Mannoni, who is still commented upon was recognized for the innovation he brought, especialy regarding the notion of « colonial situation ». His approach is quite critical towards colonization. I woud like to think about it by analyzing the issue in a methodoligical way, putting Mannoni's work in context and focussing on its own ambiguities : the dependency reliance and the ungratefulness of the Malagasy. With his structural psychoanalytic interpretation, Mannoni confirmes the « productive misunderstandings » of colonization. His work also reflects a colonial humanism which doesn't take into account the postwar context of the « indigenous people » and what they were expecting. Nevertheless, his works lay the foundations which, dialectically articulated with the one of his main opponent, Frantz Fanon, will lead to further creative thinkings. His thought about decolonization also raises essential questions which will be continued by other writers.

Catherine LACAZE-PAULE est psychanalyste à Bordeaux (France). Elle est (AME) Analyste Membre de l'École de la Cause Freudienne (ECF) et de l'Association Mondiale de Psychanalyse (AMP). Elle est enseignante à la Section clinique de Bordeaux. Présidente du CPCT-Aquitaine (Centre Psychanalytique de Consultations et de Traitement). Elle a participé aux livres Genre ! L'essentiel pour comprendre. Ses concepts, son vocabulaire et ses auteurs, Direction : A. Alessandrin et B. Esteve-Bellebeau ; Du mariage et des psychanalystes, Éd. Navarin le Champ freudien / La règle du jeu, 2013 ; Le psychologue en service de médecine, Éd. Masson 2008 ; L’anti livre noir de la psychanalyse, Éd. du seuil ; auteure d’articles dans Uforca et la revue Mental sur la douleur et sur le mal de dos.

Conférence : «  Politique et psychanalyse »
Séminaire théorique : « Rien ne force à jouir, sauf le surmoi… »
Séminaire de lecture : Séminaire XIV Logique du fantasme, de Jacques Lacan (1966-67), inédit, Leçon 3 du 30 novembre 1966.


Publication du Pont Freudien (Montréal)

Plaçant au centre de son attention la question du sexuel-infantil, la théorisation psychanalytique donne lieu à certaines considérations sur la sexualité et la sexuation dont le destin se révèle parfois abusif. Les nouveaux agencements des liens d’alliance et de filiation présentent des défis pour la psychanalyse : ils impliquent la révision de certaines postures théoriques et cliniques historicisées, et la création de nouveaux instruments métapsychologique. Face à ces transformations sociétales, nombre de psychanalystes prétendent prescrire les bonnes formes de la subjectivation, au nom d’outils analytiques ontologisés, dont la « différence des sexes », l’ « Ordre symbolique » ou la « fonction paternelle » ne sont pas des moindres. Le destin de la psychanalyse comme théorie et pratique semble alors irréductiblement lié à une dissémination de postures théoriques appelées études du genre (Gender and Queer Studies). Aborder les relations entre le genre et la psychanalyse consiste donc à considérer les conséquences politiques de l’articulation des notions de sexuation, sexualité et sexuel-infantile, et leur lien avec ce que Michel Foucault nommait « dispositif de sexualité ».

Cette thèse a pour but la construction des bases conceptuelles qui peuvent soutenir une nouvelle lecture de la théorie de la sexuation chez Lacan. Le texte cherche à extraire des conséquences de l'aphorisme " l'être sexué ne s'autorise que de lui-même et de quelques autres ", énoncé au sein d'une description des formules de la sexuation à partir d'un dire. Nous avons élu l'identification comme méthode, dans ses incidences aux registres réel, symbolique et imaginaire. Dans le premier chapitre nous avons discuté le parallèle entre la sexuation et l'autorisation de l'analyste et l'influence de Marcel Proust dans l'approche entre l'autorisation sexuée et le groupe fait par Lacan. Une analyse de luttes pour la reconnaissance sociale de genres non-intelligibles nous a fourni un modèle de groupe précisé par Lacan comme un " réel nouvellement émergé ". Dans notre deuxième chapitre, nous avons revisité les origines des notions de signifiant (dans l'idée de constellation symbolique), grand Autre (décrit au départ comme grands Autres) et loi symbolique (et son indissociable rapport à la norme chez Lévi-Strauss), pour démontrer de quelle façon l'altérité symbolique qui localise la position du sujet sexué est plurielle et basée sur la variabilité des éléments dans un système structurel. Notre dernier chapitre a exploré le rôle central des semblables dans le processus d'assomption sexuel et l'autorisation était décrite en termes d'une précipitation - présent dans stade du miroir et dans le moment de conclure du temps logique. À la fin de la recherche, on a discuté, à partir de la notion de sinthome, la centralité de l'acte de nomination, étant celui qui noue les trois registres de la sexuation.

Déambulation dans un établissement assuré du Souverain Bien
Que faire d’un établissement de santé et de ses soignants au service du Souverain Bien ? Ne sont-ils pas assurés de faire le bien de celui qui, nu, est réduit à n’être plus qu’objet de soin ? Objet de soins, il n’est plus alors cette personne enveloppée d’une adresse désirante. Que faire quand le réel de la mort est éjecté par ceux-là même, les soignants, qui y sont confrontés avec courage pourtant ? Que faire quand l’établissement de santé publique ne s’oriente que de cette boussole du Souverain Bien, boussole qui serait la seule à nous donner la bonne voie ? Que faire de ce voile insu qu’est le Souverain Bien, ce « chercher à faire le bien » ? Que faire de ce déguisement posé sur l’impératif de jouissance ? Que faire de ce rejet du sujet au profit de l’objet de soin laissant libre cours à la pulsion de mort ?
Les interrogations et hypothèses de travail esquissées dans cette introduction s’articuleront dans une réflexion qui nous conduira en ouverture à explorer ce que recouvre la fonction de stagiaire psychothérapeute dans un hôpital dont la gériatrie est la spécialité, stagiaire psychothérapeute qui se soutient et s’oriente de la psychanalyse dans son approche des patients et de l’établissement de soin. Dans un deuxième mouvement, nous observerons quel terrain privilégié représente la clinique du sujet dit « âgé » pour la connaissance de la vie psychique et de ses formations. Enfin, nous nous pencherons sur la place de la fonction désirante dans la modernité, ce que peut vouloir dire être cause du désir, favoriser l’émergence du sujet.

Il titolo di questo convegno, "volere un figlio", non può non far pensare alla differenza che corre tra due termini che sono simili nel senso comune e spesso antitetici in psicoanalisi: "volere" e "desiderare". Mi pare cioè che questo titolo sia messo lì apposta per potersi interrogare, nell'ambito della filiazione e della generazione, sul rapporto tra la dimensione del desiderio, frequentata ampiamente nella letteratura e nella teoria psicoanalitica, e un'altra dimensione, forse meno frequentata in psicoanalisi, quella della volontà.

Mutiler, envahir, asservir, dominer, normaliser, intimider, humilier, domestiquer, banaliser,...

"En tant que Juif, j'étais prêt à passer dans l'opposition et à renoncer à m'entendre avec la majorité compacte."

En dépit de sa croyance au fait que Moïse était égyptien, Freud a un jour prétendu, en privé vis à vis d'un leader du Keren Ha Yesod (Fondation pour la réinstallation des Juifs en Palestine)- que la Palestine était la terre ancestrale des Juifs, ce qui n'est plus crédible depuis les travaux des égyptologues Joseph Davidovits et Messod et Roger Sabbah :

"Je veux vous assurer que je sais fort bien à quel point votre fondation est un instrument efficace, puissant et bénéfique pour l'installation de notre peuple sur la terre de ses ancêtres."

Roudinesco a refusé de signer la pétition Montagu-NOCIRC, non sexiste contre les mutilations sexuelles. Elle a longtemps prétendu que la Shoah justifierait le sionisme et que la première prise de position de Freud ci-dessous n'aurait pas valeur idéologique, sa sympathie épistolaire pour le Keren Ha Yesod resta purement diplomatique. Elle n'est jamais allée jusqu'à la solidarité et le propos empathique ci-dessus est ambigu ; Freud n'a jamais fait de don à la fondation, cela se saurait. Tout au contraire, nous allons voir qu'il a clairement désapprouvé le sionisme en Palestine. Il n'éprouve pour lui que de la compassion et s'en tient à de bonnes paroles. En témoignent des prises de position répétées :

1/ En 1930, il refuse d'approuver publiquement le sionisme en Palestine dans une lettre qui restera tenue secrète pendant quarante trois ans, dont voici un extrait significatif :

"Il me semble qu'il aurait été plus raisonnable de créer un foyer juif sur un sol historiquement non hypothéqué ; mais je sais que pour un objectif aussi rationnel, on n'aurait jamais pu susciter l'enthousiasme des masses et la coopération des riches. Je constate avec regret que le fanatisme irréaliste de notre peuple est en partie responsable de l'éveil de la méfiance des arabes. Je ne puis trouver en moi aucune sympathie pour cette piété fourvoyée qui fabrique une religion nationale avec les restes du mur d'Hérode, heurtant la sensibilité des autochtones."

De Descartes à Dark Vador, de Titeuf à William Wordsworth, ou encore de Freud à Titanic, ce petit opuscule, écrit sous forme de dialogue, joue les grands écarts entre les mondes. S’agissant d’expliquer l’inconscient, pourrait-il en être autrement ?

Dans ce petit ouvrage de 116 pages, l’inconscient est interrogé suivant des voies les plus simples et directes. Face aux questions, Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse, femme de lettres et auteure engagée, répond aux interrogations d’une jeunesse cultivée. Elle nous invite dans une promenade formée de métaphores, de figures mythiques autant que de films, de peintures ou de poèmes pour nous raconter l’inconscient.

: Au visa de ce qu’avance Jacques Lacan dans le séminaire VII, l’Ethique de la psychanalyse à propos de l’amour courtois comme suppléance au non rapport sexuel, et à la lumière de la phrase prononcée par Jackie Kennedy peu après la mort de son mari «  Il n’y aura plus jamais de Camelot »,  l’article interroge les motivations réciproques et les liens conjugaux qu’entretiennent John et Jackie Kennedy qui formèrent le couple le plus célèbre des Etats-Unis au XX° siècle.

Le jugement juste se distingue d'un jugement vrai en tant qu'il ne se protège derrière aucune vérité absolue, aucun fondement de la décision. Il  ne peut bénéficier ni d'un non-lieu, ni d'un appel, pas plus que d'un alibi.  C'est du moins ce que nous dit le jugement de la psychanalyse selon Derrida. Et cette expression, « jugement de la psychanalyse », est dès lors à prendre dans son double sens : Derrida juge la psychanalyse, en ami. Mais il la juge, en même temps, comme la seule justice faisant face, sans alibi, à la cruauté, c'est-à-dire au crime ou au mal en soi. Mais comment le philosophe peut-il juger la psychanalyse ? Et celle-ci est-elle vraiment la seule à juger de la cruauté ?

Dans cet article, nous chercherons à montrer la nécessité de compléter les approches psychologique et sociologique de l'islamophobie dans le contexte français par une approche psychanalytique. Nous nous pencherons dans un premier temps sur les apports des diverses interprétations du phénomène issues des sciences humaines (sociologie, psychologie, théorie du genre) et sur les limites théoriques qu'elles présentent. Nous tâcherons ensuite d'évaluer la pertinence de certaines catégories psychanalytiques (projection, perversion, identification) pour produire une analyse plus fine non-seulement des affects racistes mais aussi du traitement médiatique de l'Islam.