Psychologie / Psychologie sociale / Psychanalyse

Résumé :
Le but de notre article est d’analyser des causes psychanalytiques d’apparition de la bipolarité du monde et des penchants  pour la guerre froide qui, en fait, ne limitent pas la jouissance narcissique des adversaires mais empêchent à chacun de se détruire et anéantir toute la civilisation. A notre avis, la résolution de leurs conflits se détermine essentiellement dans les négociations entre les protagonistes à travers plusieurs vecteurs psychanalytiques (enjeux identitaires, discours politiques, intérêts économiques et financiers, consensus diplomatiques, etc.). Notre analyse de ces négociations met en évidence un équilibre approprié entre ces vecteurs, intrinsèquement lié au sentiment de culpabilité et à la conscience morale réciproques des adversaires.
Mots-clés : conflits, identification, narcissisme, transfert, discours, négociation, protagonistes.

The Psychoanalytical Stakes of the Cold War

Abstract:

The purpose of our article is to analyze the psychoanalytic causes of the appearance of the  bipolarity of the world and the inclinations for the cold war which, in fact, do not limit the narcissistic enjoyment of the adversaries but prevent everyone of destroy and annihilate all civilization. In our opinion, the resolution of their conflicts is essentially determined in the negotiations between these protagonists through several psychoanalytical vectors (identity issues, political discourse, economic and financial interests, diplomatic consensus, etc.). Our analysis of these negotiations highlights an appropriate balance between these vectors, intrinsically linked to the feelings of guilt and the reciprocal moral conscience of adversaries.

Keywords: conflict, identification, narcissism, transference, negotiation, protagonists.

La psychosociologie d’Eugène Enriquez revendique sa filiation psychanalytique et le but qu’elle poursuit : appliquer les découvertes de la métapsychologie freudienne au lien social, dans la lignée des travaux de Freud lui-même. Il se situe lui-même au croisement de Freud et de Max Weber. Il s’intéresse aux fonctions imaginaires et à l'inconscient social, et en particulier aux aspects mortifères du pouvoir. La clé de voûte de sa réflexion est présentée dans sa thèse « De la horde à L'État », publiée en 1983.

Un grand nombre d’hommes jusqu’ici nommés « gais » se travestissent dans la sphère privée pour poster des annonces sexuelles sur Internet en cherchant les hommes « hétéros . »  Par cette recherche, les limites des identités sexuelles, ainsi que des objets liées à elles, sont testées, étirées, re-signifiées et même ridiculisées. Grâce au numérique, une rencontre « trans-orientationnelle » se produit, ce qui ouvre la porte à une nouvelle façon de penser et de pratiquer la différence sexuelle. C’est un rapport fondé sur le semblant, sur la multiplicité, sur l’objet de désir comme ses alentours. La matérialité du corps apparaît comme toile, comme voile, comme écran – pas comme substance. Ce phénomène révèle aussi une faille dans la logique hétérosexuelle. Lorsque l'objet se dénonce comme un semblant potentiellement divorcé de son référent matériel, ces deux figures (la travesti bâtie par le numérique et cet homme hétéro éveillé par le numérique qui la désire) se mettent en contact, se touchent, se baisent, se découvrent, s’utilisent, s’aiment. Qu’est-ce que la jouissance de la travesti peut dire d’un système symbolique et social qui dénie son existence et sa valeur?

D'ordinaire, la plupart des gens, si on leur demandait si «Le sens de la vie» pouvait être découvert dans un laboratoire, seraient plutôt douteux d'une telle entreprise. Le bon sens indiquerait clairement que la portée de l'enquête dans un laboratoire serait très limitée et incapable de réaliser une analyse raisonnable du sens de la vie. Mais c'est ce que prétend la psychologie académique traditionnelle - avec vigueur et virulence. La doctrine matérialiste qui domine la psychologie académique est complètement et totalement fixée sur la «quantification physiologique». En plus de cela, les matérialistes stricts insistent catégoriquement sur le fait que tout ce qui se trouve en dehors du laboratoire ne compte tout simplement pas. Ainsi, la grande majorité des gens ont accepté - involontairement et en grande partie inconsciemment - la prémisse que «le sens de la vie» peut être déterminé dans un laboratoire et défini par des universitaires matérialistes.

Comme l'a souligné Claudia Nielsen, le psychiatre McGilChrist a astucieusement observé que «la portée de l'enquête et de la compréhension de la doctrine matérialiste avec son adhésion rigide au principe réellement arbitraire de quantification et une suraccentuation des caractéristiques physiologiques est sévèrement restreinte et limitée dans les analyses qui peut être effectuée." Comme le fait remarquer Kay Deux, un psychologue social, la fixation de la psychologie sociale sur les expériences de laboratoire exclut les «manifestations affectives» et les émotions. Autrement dit, la doctrine matérialiste exclut certains faits, informations et preuves en raison de la fixation sur la quantification physiologique. Par exemple, quand il s’agit de contourner et d’ignorer les instincts parce que les génocides ne peuvent pas être mis en laboratoire, ce n’est pas un problème anodin, mais cela a eu un effet préjudiciable majeur sur la compréhension du racisme par les gens.

On n’a pas manqué de souligner le pessimisme du texte freudien, ni de chercher dans son humeur la cause de cette noire fantaisie. Après de véhémentes protestations scientifiques, il est apparu que Totem et Tabou (et particulièrement « Le Retour infantile du totémisme ») était avant tout à entendre dans sa dimension de mythe. Sa noirceur provient de sa dramaturgie, qui nous dit – comme tous les mythes – que le destin de l’humanité est fondamentalement tragique. Un siècle plus tard, néanmoins, la science semble en voie de réhabiliter certains postulats « biologistes » de Freud.

Déambulation dans un établissement assuré du Souverain Bien
Que faire d’un établissement de santé et de ses soignants au service du Souverain Bien ? Ne sont-ils pas assurés de faire le bien de celui qui, nu, est réduit à n’être plus qu’objet de soin ? Objet de soins, il n’est plus alors cette personne enveloppée d’une adresse désirante. Que faire quand le réel de la mort est éjecté par ceux-là même, les soignants, qui y sont confrontés avec courage pourtant ? Que faire quand l’établissement de santé publique ne s’oriente que de cette boussole du Souverain Bien, boussole qui serait la seule à nous donner la bonne voie ? Que faire de ce voile insu qu’est le Souverain Bien, ce « chercher à faire le bien » ? Que faire de ce déguisement posé sur l’impératif de jouissance ? Que faire de ce rejet du sujet au profit de l’objet de soin laissant libre cours à la pulsion de mort ?
Les interrogations et hypothèses de travail esquissées dans cette introduction s’articuleront dans une réflexion qui nous conduira en ouverture à explorer ce que recouvre la fonction de stagiaire psychothérapeute dans un hôpital dont la gériatrie est la spécialité, stagiaire psychothérapeute qui se soutient et s’oriente de la psychanalyse dans son approche des patients et de l’établissement de soin. Dans un deuxième mouvement, nous observerons quel terrain privilégié représente la clinique du sujet dit « âgé » pour la connaissance de la vie psychique et de ses formations. Enfin, nous nous pencherons sur la place de la fonction désirante dans la modernité, ce que peut vouloir dire être cause du désir, favoriser l’émergence du sujet.

À l'automne 2012, j'ai animé un groupe " d'enseignement post-universitaire " pour un public restreint d'auditeurs, lesquels avaient déjà suivi pendant trois ans mon cours sur la psychanalyse à l'Université du Temps Libre (UTL) d'Aix-Marseille et souhaitaient continuer cet enseignement sous une forme plus dialoguée.
Ce cours avait eu depuis des années l'ambition de ne pas seulement délivrer des contenus, mais aussi former l'esprit à la critique constructive de savoirs souvent mal étayés et fréquemment contradictoires entre eux : il débutait donc toujours par une invitation à adopter une certaine méthodologie, conformément au proverbe oriental selon lequel, plutôt que de donner à un enfant un poisson chaque jour, mieux vaut lui apprendre à pêcher...
Pour ce groupe " post-UTL " j'avais ludiquement présenté de la façon suivante quelques uns es principes de méthode qui me semblent pertinents et opérants : La justification de chacun de ces " commandements " se verra argumentée et débattue ci-dessous (texte encore à compléter) :

La thèse présente l’histoire de la création de la Maison Verte à Paris, en 1978 : comment ce mode de travail innovant a vu le jour dans le contexte social et conceptuel français; son élaboration par le collectif; sa précision au cours du travail quotidien avec les enfants et les parents. L’étude historique de la transmission de ce dispositif en France : les voies de transmission, l’apparition des dispositifs voisins (LAEP – Lieu d’accueil enfants-parents), leur difficile cohabitation tout au long des années 80-90. La présentation d’une expérience russe – L’Ile Verte à Saint-Pétersbourg (lieu d’accueil inspiré du dispositif de la Maison Verte de Paris) : l’histoire et le cheminement conceptuel et pratique.

"La propagande se rencontre partout, pas seulement en publicité ou en politique. Avant d’être verticale et adressée aux lointains inconnus, elle est horizontale et s’adresse aux connaissances proches.

C’est qu’elle repose en fait sur une structure psychique apte à la recevoir et à la répercuter, structure qui résulte de l’identification subjective, inconsciente donc non modifiable par la cognition, l’argumentation, la raison.

Plutôt que par Pavlov, la forme et le contenu de la propagande s’expliquent par la subjectivité inconsciente. Celle-ci se laisse décrire dans le champ social par notre « Analyse des Logiques Subjectives » (héritière critique de la théorie des Quatre Discours de Lacan, insuffisante à maints égards). "

La intimidad contemporánea de la sexualidad se encuentra en una encrucijada. La problemática distinción entre lo íntimo y lo exterior ha producido nuevos espacios de reproducción de las dinámicas sexuales del sujeto. El psicoanalista francés Jacques Lacan estableció un neologismo muy preciso para comprender el espacio íntimo del sujeto sometido a su exterioridad real y simbólica: la extimidad. El presente texto busca articular el concepto lacaniano de extimidad con la distinción entre exterioridad e intimidad dentro de las dinámicas de la sexualidad y la sexuación contemporánea. Estos lugares nos harán precisar la dislocación de la intimidad en el mundo contemporáneo, estableciendo el recorrido de la formalización discursiva hasta la radicalidad del registro de lo real. Estos elementos serán elucidados también desde la sobrexposición de la intimidad y su valor como intercambio mercantil.

Voici le texte de ma communication au Séminaire inter-universitaire « Malaise dans les sciences humaines ? La recherche entre spécialisation et transdisciplinarité ? », tenu dans le cadre du Colloque International Malaises identitaires et dé-institutionnalisation, Psychanalyse et sciences humaines, Rencontre avec René Kaës.
Colloque organisé à Besançon, les 14, 15 et 16 janvier 2016 par l’Université de Franche-Comté (Laboratoire de Psychologie – EA 3188) et la Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement Claude Nicolas Ledoux (USR 3124).

La « continuité pédagogique » voulue par le ministre Jean-Michel Blanquer, représente certainement l’un des contresens les plus significatifs de la « gestion » de l’état de confinement en France. Une restitution par le « bas », à partir de témoignages de terrain, permet en effet de montrer à quel point ce dispositif amplifie paradoxalement des failles structurelles dans le système éducatif, tant sur le plan social que sur le plan proprement pédagogique.

https://diacritik.com/2020/04/20/tribune-discontinuites-pedagogiques/?fbclid=IwAR2c0YQPdibg0Q-6o-kayyTUJCTZIxsr5BP3q9y_wV4FO5UKBSP-lhrs3vA

– À la fin de Citizen Kane la luge “Rosebud” (“bouton de rose”), suprême trésor d'enfance de Kane, jeté aux flammes comme une merde... ». Dans ce film d'Orson Welles, où Kane mourant prononce, en rendant le dernier soupir, ce mot "Rosebud", le personnage de Thompson énonce :
(« Mr. Kane était un homme qui a eu tout ce qu'il voulait, puis l'a perdu. Peut-être que Rosebud était quelque chose qu'il ne pouvait pas avoir, ou quelque chose qu'il a perdu. (...) Je suppose que Rosebud est juste une pièce dans un puzzle, une pièce manquante) ».

– « ... quelque chose qu'il ne pouvait pas avoir, ou quelque chose qu'il a perdu. » : voilà qui fait écho aux énoncés de Lacan sur l'objet a, notamment : « C'est de sa nature que l'objet est perdu comme tel. Il ne sera jamais retrouvé. » (1959/60 - Séminaire L'éthique de la psychanalyse)

      Ce qui tient lieu d’objet potentiel du désir après l’intériorisation de l'interdit de l'inceste au sens large (« Tu ne désireras pas celle qui a été ton premier objet d’amour ») est constitué de restes insignifiants, de “déchets” issus de l'image verbale de la mère par synecdoque ou métonymie.

– Pourquoi le désir fait-il appel à la métonymie et à la synecdoque ?

      ● Pour l'enfant le premier objet d'amour est la mère (objet nécessaire et univoque, aussi irremplaçable et inconditionnel que l'objet du besoin, cf. l'angoisse du huitième mois décrite par René Spitz (De la naissance à la parole, Paris, Puf, 1993).

      ● Or il doit s'en détacher par suite de l’interdit de l’inceste sus-mentionné : il doit la perdre pour pouvoir (grâce à la fonction du Nom-du-Père qui « est d’unir un désir à la Loi », nous dit Lacan) retrouver de multiples objets de désir (personnes, objets, activités, idées).

– Comment passe-t-on de la mère à d'autres objet de désir par la métonymie ou la synecdoque ?

● La synecdoque : il se crée un nouvel objet du désir (un tout) avec une partie des caractéristiques concrètes ou abstraite de la mère : la partie vaut pour le tout.

● La métonymie proprement dite : toute caractéristique associée lors de circonstances accidentelles (“tuchè”) à la présence de la mère ou à un geste d'amour de sa part peut se retrouver impliquée dorénavant (“automaton”) dans la recherche de l'objet désiré.

– Revenons à présent à Citizen Kane et à notre “bouton de rose” (“Rosebud”). La solution est donnée à la fin du film, dans la dernière réplique.

Et la signification toute “lacanienne” qu’Orson Welles lui-même donne de “Rosebud” dans le scénario qu’il a écrit figure dans notre conclusion.

Psychanalyse dans la cité / Psychoanalysis in the City

Dimanche 9 avril 2017

CAUSERIE

The Lacanian Review

La psychanalyse lacanienne s’écrit-elle seulement en français ? /
Is Lacanian Psychoanalysis written only in French ?

par Véronique Voruz

Rencontre animée par Benjamin Mortagne (éducateur spécialisé, membre de NLS-Québec, Montréal) et Eléa Roy (psychologue, membre de NLS-Québec, Montréal), à la librairie du Port de tête à Montréal.

Analyse et réfutation d’un “raisonnement” spécieux de Georges Bataille dans son livre L’érotisme

Puisque cet ouvrage se donne bel et bien pour un essai dûment argumenté se prenant au sérieux, et non pour un texte poétique — où délirer serait non seulement permis mais même souhaitable !!! —, il est licite et loisible de l'analyser de façon critique...

À une première étape d'analyse "cognitive" (du contenu sémantique) puis logique (de l'enchaînement des propositions) fera suite une étape d'analyse du contenu subjectif (par l'Analyse des Logiques Subjectives ou A.L.S.) qui en livrera une clef possible...

L’A.L.S.© (L'Analyse des Logiques Subjectives©) a son rôle à jouer dans le tri nécessaire à effectuer, dans la jungle des productions "analytiques", entre les fausses pistes (banalement fantasmatiques) et les hypothèses potentiellement intéressantes, qu’il faudra encore, pour les réfuter ou les corroborer, confronter à la clinique.
Contribuant à construire une définition apophatique du discours psychanalytique (attribut, selon Larousse, “d’une théologie qui approche de la connaissance de Dieu en partant de ce qu’il n’est pas plutôt que de ce qu’il est”), elle propose de caractériser ce discours en procédant par élimination, de dire ce qu’il n’est sûrement pas, à mesure qu’un savoir guidé par l’exigence d’une analyse littérale identifie les différents fantasmes dans ce qui se donne à lire ou entendre.

Definitions borrowed from the Glossary of A.S.L.© (Analysis of Subjective Logics©) :
Artificial subjectivity :

• is a pleonasm, if it is correct that human subjectivity can only be artificial, cf infra subjiciel

• is a term coined by the author of A.S.L.© (Jean-Jacques Pinto) as a counterpart to the term Artificial intelligence

Subjiciel© – term coined (I.N.P.I – Institut National de la Proprieté Industrielle – registered trademark, 1984) by the creator of A.S.L.© (Jean-Jacques Pinto) – is :

1. a ''natural" subjective program, but it is quite possible that human subjectivity be only artificial : there is no " human nature " as such, only "human condition''. Subjiciels are catering to subjective identification just as cogniciels are catering to cognitive identification ;

2. a software of artificial subjectivity written by humans to simulate "natural" human subjectivity, and more specifically subjilects or subjective lects or varieties. In this respect, we want to mention that as from 1983, inspired by the title of the book Machina sapiens, Essay on artificial intelligence by William Skyvington, Seuil Editions, 1976, we proposed the expression Machina subjectiva to designate any project aiming to construct this artificial subjectivity.

Ce que nous proposons ici d’expliquer, à l’aide de l’Analyse des Logiques Subjectives© (qui s’alimente aux thèses de la psychanalyse moderne), c’est par quel chemin...
        — quelque chose d’inscrit dans la structuration stratifiée des identifications inconscientes chez l’enfant (ce qu’illustre la fameuse analogie de l’OIGNON)...
        — va pouvoir conditionner la recherche par nombre d’adultes d’un rattachement conscient à une identité de groupe, “choisie” au sein du MILLE-FEUILLES d’appartenances que le fonctionnement des sociétés offre à leur appétit.