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Passées en quatre décennies du statut de pratiques artistiques confidentielles à celui de courant esthétique majeur, les musiques hip-hop portent des innovations fondées sur de nouvelles techniques instrumentales (DJing, sampling, etc.)... more
Passées en quatre décennies du statut de pratiques artistiques confidentielles à celui de courant esthétique majeur, les musiques hip-hop portent des innovations fondées sur de nouvelles techniques instrumentales (DJing, sampling, etc.) et vocales (interprétations rappées, ragga, human beatboxing, etc.). En tant que musiques de producteurs, elles sont à l'avant-garde des mutations que connaissent les industries musicales sous l'effet de l’informatisation puis de la numérisation de la création. En France comme dans de nombreux autres pays, leur essor a contribué à diversifier les musiques populaires et à en renouveler les pratiques. Pourtant, la valorisation culturelle de ces oeuvres, situées au carrefour de tensions sociales vives, demeure contestée.
Première synthèse des connaissances sur les musiques hip-hop, cet ouvrage mêle résultats d’enquêtes inédites et état de la recherche en sciences sociales. Il révèle l’ampleur des transformations politiques, économiques, sociologiques, géographiques et esthétiques auxquelles elles participent.
Né de l’association d’une disquaire punk énervée, Virginie Despentes, d’une étudiante bohème, Cara Zina, d’un guitariste anarchiste, Gilles, d’un graffeur agité, Hashan, et d’un passionné de P-funk, MC, Straight Royeur est un groupe de... more
Né de l’association d’une disquaire punk énervée, Virginie Despentes, d’une étudiante bohème, Cara Zina, d’un guitariste anarchiste, Gilles, d’un graffeur agité, Hashan, et d’un passionné de P-funk, MC, Straight Royeur est un groupe de punk rap féministe qui a sévi de 1989 à 1992 en France et alentour. C’est la rencontre improbable de deux filles déterminées à faire entendre leur voix et de lascars à la rage contenue. C’est le punk rock qui se réinvente au contact du hip-hop. Premier laboratoire créatif de l’écrivaine Virginie Despentes, Straight Royeur laisse des textes pétris de révolte et des images jamais publiées. Fear of a Female Planet retrace, à travers le témoignage de ses membres, l’histoire de ce groupe et son apport inédit au paysage musical français.
Les musiques hip-hop, et notamment le rap, ont longtemps été étudiées sans que soit pris en compte leur caractère esthétique. Les approches formelles ont donc été le parent pauvre des recherches académiques francophones sur le sujet. Cet... more
Les musiques hip-hop, et notamment le rap, ont longtemps été étudiées sans que soit pris en compte leur caractère esthétique. Les approches formelles ont donc été le parent pauvre des recherches académiques francophones sur le sujet. Cet ouvrage collectif, dans la lignée du colloque international « Conçues pour durer. Perspectives francophones sur les musiques hip-hop » (Paris 2017), réunit un réseau international de chercheuses et chercheurs francophones, aux spécialités disciplinaires variées. Il noue également un dialogue avec les acteurs et actrices des musiques hip-hop et les savoirs qu’ils forgent sur ces formes esthétiques depuis leurs origines : l’introduction est écrite par deux universitaires et la conclusion est signée par un rappeur pionnier et pilier du rap français. Le volume aborde des thèmes aussi divers que la critique musicale en France, l’usage du plurilinguisme dans le groupe de rap sénégalais Keur gui, les liens entre Tupac et la pensée de Machiavel, ou l’usage de l’Auto-Tune chez PNL. Il offre un jalon essentiel dans la réflexion sur les méthodes et les problématiques de la recherche universitaire francophone pouvant déployer la richesse esthétique des musiques hip-hop.
Lorsque rap et hip-hop apparaissent en France au tournant des années 1980, nombreux sont ceux qui n'y voient qu'un phénomène éphémère. Trente ans plus tard, ce genre musical est non seulement bien vivant, mais il fait durablement partie... more
Lorsque rap et hip-hop apparaissent en France au tournant des années 1980, nombreux sont ceux qui n'y voient qu'un phénomène éphémère. Trente ans plus tard, ce genre musical est non seulement bien vivant, mais il fait durablement partie des industries musicales, et la scène rap française est même l'une des plus visibles au niveau international. Comment le rap est-il né en France et comment s'est-il développé ? Qui a tiré profit de la commercialisation de ses chansons ? Pourquoi ce genre musical est-il si étroitement associé aux banlieues ? Qui sont les artistes qui l'ont promu, et en s'appuyant sur quelles ressources ? Pourquoi continue-t-il régulièrement à déchaîner les passions ? Emaillé de nombreux entretiens réalisés auprès de rappeurs, de DJ, d'animateurs, de professionnels de l'industrie du disque... ce livre décrit comment l'émergence et l'inscription durable du rap en France ont été possibles. En s'intéressant aux artistes, mais aussi aux amateurs, en circulant des MJC des quartiers populaires aux bancs de l'Assemblée nationale, en observant les plateaux de télévision et les radios locales, Karim Hammou montre comment s'est imposée en France une nouvelle spécialité artistique, fondée sur une forme d'interprétation originale, ni parlée ni chantée : rappée.
For 40 years, hip-hop music has displayed new aesthetics, based on new musical technologies and on voice innovations. These artistic practices have contributed to economic, cultural, linguistic and aesthetic transformations. Often... more
For 40 years, hip-hop music has displayed new aesthetics, based on new musical technologies and on voice innovations. These artistic practices have contributed to economic, cultural, linguistic and aesthetic transformations. Often considered as ephemeral, these musical practices and aesthetic have proven to be much more durable. To quote the title of a famous French rap album, they definitely seem to be “Built to last”. This conference, held on February 2017, highlighted recent academic works and emerging research on hip-hop music, from French-speaking areas and beyond. It stemed on a will to gather and to engage a dialog among scholars who, until now, have had only few opportunities to exchange on their common area of research. This interdisciplinary conference has been first step in the structure of a common field of research in the French-speaking academic world.

Depuis 40 ans, les musiques hip-hop portent des esthétiques fondées sur de nouvelles technologies musicales et des innovations dans les techniques de voix. Souvent données pour des modes éphémères, ces pratiques artistiques se sont avérées pérennes, et ont contribué à des transformations économiques, culturelles, linguistiques et esthétiques, et ce à une échelle internationale. Pour paraphraser le titre d’un album de rap qui a fait date, elles semblent bel et bien « conçues pour durer ». Le colloque international et pluridisciplinaire « "Conçues pour durer". Perspectives francophones sur les musiques hip-hop » qui s'est déroulé du 1er au 3 février 2017 à la Maison des métallos a mis en en valeur les acquis et les nouvelles perspectives de la recherche scientifique sur les musiques hip-hop dans les mondes francophones et au-delà.
Research Interests:
La notion d’« urbain » musical est de plus en plus présente dans les industries culturelles. Son sens et ses enjeux sont cependant fortement débattus. Ce texte vise à comprendre l’émergence de cette nouvelle catégorie parmi les acteurs... more
La notion d’« urbain » musical est de plus en plus présente dans les industries culturelles. Son sens et ses enjeux sont cependant fortement débattus. Ce texte vise à comprendre l’émergence de cette nouvelle catégorie parmi les acteurs des industries musicales. Cette enquête met à jour la genèse états-unienne dans la seconde moitié des années 1970 d’un format radiophonique qualifié d’« urban contemporary » à partir de 1980. Les débats autour de ce format diffusent les termes « urban » ou « urban music » au-delà du monde de la radio, tandis que des intermédiaires culturels travaillent à leur naturalisation. Dans la seconde moitié des années 1980, la notion d’« urbain » musical va globalement de soi pour les acteurs de l’industrie musicale états-unienne.
[French below] What were the aspirations of women who began a rapping career in 1990s France? Were they looking to make it in a male-dominated world? To leave behind a dominated social position and enjoy an artist’s life? To assert the... more
[French below]
What were the aspirations of women who began a rapping career in 1990s France? Were they looking to make it in a male-dominated world? To leave behind a dominated social position and enjoy an artist’s life? To assert the public existence of postcolonial minorities? Based primarily on life narratives, this article analyses the social mobility of female French rappers in the 1990s. It shows the importance of considering both subjective and objective career experiences, as well as the manifold power relations informing trajectories within a social space whose hierarchies are multidimensional.

« J’suis une femme d’affaires / viens m’faire le café* ». L’articulation des rapports de pouvoir dans la mobilité sociale des rappeuses françaises des années 1990

À quoi aspiraient les femmes qui se sont engagées dans la carrière de rappeuses en France dans les années 1990 ? S’agissait-il de s’imposer dans un milieu dominé par les hommes ? De quitter une condition sociale subordonnée pour profiter de la « vie d’artiste » ? D’affirmer publiquement l’existence de minorités postcoloniales ? En s’appuyant principalement sur des récits de vie, cet article analyse la mobilité sociale vécue par les rappeuses françaises des années 1990. Il montre l’importance d’articuler non seulement versants subjectif et objectif de la carrière, mais aussi les multiples rapports de pouvoir qui configurent les mobilités au sein d’un espace social aux hiérarchies multidimensionnelles.
[English below] Comment s’articulent et se croisent les différents rapports de domination qui traversent le monde social – qu’ils soient de classe, de sexe, de race, etc. – et, surtout, comment cette imbrication est-elle susceptible de... more
[English below]

Comment s’articulent et se croisent les différents rapports de domination qui traversent le monde social – qu’ils soient de classe, de sexe, de race, etc. – et, surtout, comment cette imbrication est-elle susceptible de produire des configurations spécifiques ? C’est toute l’ambition des approches intersectionnelles que d’analyser, notamment du point de vue des expériences situées, la manière dont les effets croisés des appartenances et assignations de classe, de sexe, de race, etc., produisent des situations sociales particulières, qui ne procèdent pas que de l’addition des inégalités. Ce dossier thématique argumente en faveur d’une approche intersectionnelle en sociologie des arts et de la culture. L’introduction offre un retour sur les contextes d’émergence et de diffusion du concept d’intersectionnalité, en particulier aux États-Unis et en France, permet d’en souligner les enjeux programmatiques et les défis méthodologiques. Le dossier, composé de trois articles, d’une note de lecture et d’un entretien, offre une illustration possible de l’usage de ces approches dans l’étude des mondes de la culture.

// How do the different relations of domination (in class, gender, race, etc.) that permeate the social world connect and intersect? More importantly, how is this interconnection conducive to producing specific configurations? The purpose of intersectional approaches is to analyse, notably from the perspective of situated experiences, how the intersecting effects of belonging and assignment in relation to class, gender, race, and so on produce particular social situations that do not simply derive from the sum of the inequalities. This special issue argues for an intersectional approach in the sociology of art and culture. The introduction offers a review of the contexts of emergence and diffusion of the concept of intersectionality, particularly in the United States and France, and highlights the programmatic issues and methodological challenges associated with it. This issue, which comprises three articles, an interview, and a book review, offers an illustration of the potential use of these approaches in the study of the worlds of culture.
Qu’est-ce qu’être artiste ? N’est-on jamais que cela ? Ou, au contraire, créer, être perçu comme artiste, pouvoir vivre de ses créations, seraient-il indexé à des rapports sociaux de pouvoir que l’idéologie romantique de l’art pour l’art... more
Qu’est-ce qu’être artiste ? N’est-on jamais que cela ? Ou, au contraire, créer, être perçu comme artiste, pouvoir vivre de ses créations, seraient-il indexé à des rapports sociaux de pouvoir que l’idéologie romantique de l’art pour l’art tendrait perpétuellement à masquer ? L’appartenance de classe articulée à celle de sexe était productrice d’effets hiérarchiques majorant la valeur artistique des œuvres d’hommes originaires de milieux bourgeois et minorant, par un mécanisme relationnel, la valeur de toutes les autres. Il en va de même pour un autre rapport social, lié aux processus sociaux de racisation, soit cette expression mouvante d’un « déterminisme essentialiste  » réifiant une origine supposée en différence figée, immuable et indépassable. Saisir ce que la race fait aux artistes et ce que les artistes, en retour, font de ce que la race a fait d’eux, d’elles, nous conduira à rapprocher les expériences des musiciens/musiciennes et des écrivains/écrivaines racisés. Trois points seront développés. D’une part, nous porterons notre attention sur la relation qui unit pratique artistique et condition minoritaire, non au sens quantitatif, mais bien dans le sens de processus de minorisation d’un groupe par un autre, majoritaire, en ce qu’il incarne la norme. D’autre part, nous réfléchirons à l’ambivalence induite par l’acte créateur en situation minoritaire et dont le déplacement symbolique et matériel vers le lieu majoritaire est l’une des manifestations. Enfin, nous nous intéresserons aux modalités de formation et d’énonciation fragiles mais persistantes d’un « nous » minoritaire qui, par sa performativité, fait advenir une opposition, un « contre eux ».
Sans qu’il ne s’y soit jamais réduit, le rap en France porte avec constance depuis trente ans une critique de l’ordre social, dénonçant notamment la condition minoritaire dans laquelle sont tenues les classes populaires racisées, en... more
Sans qu’il ne s’y soit jamais réduit, le rap en France porte avec constance depuis trente ans une critique de l’ordre social, dénonçant notamment la condition minoritaire dans laquelle sont tenues les classes populaires racisées, en décrivant particulièrement l’expérience de ses franges jeunes et masculines. Loin de se cantonner au temps présent, ces œuvres critiques mobilisent abondamment l’histoire et la mémoire, réinscrivant les maux d’aujourd’hui dans une généalogie d’injustices. Deux œuvres audiovisuelles l’illustrent de façon particulièrement éloquente : « Dans nos histoires » de Casey et « Mille et une vies » de Lino. Je propose de les interpréter ensemble comme une proposition esthétique et politique largement convergente, que l’on peut qualifier d’« universalisme minoritaire ». Ces deux œuvres, en effet, exposent et affrontent une souffrance persistante, ancrée dans l’expérience d’une condition minoritaire. En son sens le plus large, la condition minoritaire renvoie à « l’incapacité » ou « la non-totale capacité juridique ou coutumière ». Dans ces deux œuvres, la souffrance associée à cette condition minoritaire relie des personnes au-delà de leurs situations socio-historiques.
I suggest a transversal framework for analysing the artistic legitimacy of othered cultural goods.Artistic delegitimation matters as much as artistic legitimation.The value of cultural goods changes along their paths of... more
I suggest a transversal framework for analysing the artistic legitimacy of othered cultural goods.Artistic delegitimation matters as much as artistic legitimation.The value of cultural goods changes along their paths of commodification.The circulation of othered cultural goods leans on their ambivalent value.This ambivalence fosters a specific kind of artistic legitimacy based on a false consensus.By analysing the changes in the commodification of French rap music in the 1990s and 2000s, this paper presents artistic legitimation as a conflict-ridden social process in which for-profit companies plays a crucial role. In the first section, I describe how French rap music is commodified through various paths of commodification (aesthetic, oppositional and mainstream) and their interplay over time. Some of these paths rely on the framing of rap music as a cultural good associated with minority groups, and are key in the first steps toward a legitimation of French rap music as an art form. In the second section, I show how resource mobilisation is an active driver for the artistic delegitimation of French rap music. In the context of market competition, the status of rap music as an “othered” cultural good offers significant opportunities for devaluation. This case study helps to pinpoint how cultural goods may achieve an ambivalent artistic legitimation based on false consensus, which I distinguish from both full-fledged artistic legitimacy and utter artistic illegitimacy.
Le rap, qui prend ses racines dans la culture des minorités raciales aux États-Unis, leur est spontanément associé. Sa diffusion en dehors des cercles culturels de ses origines et plus largement des États-Unis s’est accompagnée d’un... more
Le rap, qui prend ses racines dans la culture des minorités raciales aux États-Unis, leur est spontanément associé. Sa diffusion en dehors des cercles culturels de ses origines et plus largement des États-Unis s’est accompagnée d’un élargissement du profil social et ethnique de son public et des artistes qui le pratiquent. Près de quarante ans plus tard, c’est un genre musical qui reste malgré tout marqué par sa racialisation originelle, reflet d’un état plus général des rapports sociaux et de la segmentation de l’industrie musicale aux États-Unis. Qu’en est-il dans le contexte français où les questions raciales sont traitées différemment et la spécialisation raciale des scènes musicales moins avancée ? Karim Hammou revient sur ses travaux, qui ont abordé la place de l’ethno-racial et de la classe dans le développement du rap en France.
Depuis l’après Seconde Guerre mondiale au moins, le recours au registre de la « race » en tant que catégorie d’analyse (rapports sociaux de race, raci(ali)sation, caractéristiques ethno-raciales, etc.) suscite des controverses au sein des... more
Depuis l’après Seconde Guerre mondiale au moins, le recours au registre de la « race » en tant que catégorie d’analyse (rapports sociaux de race, raci(ali)sation, caractéristiques ethno-raciales, etc.) suscite des controverses au sein des sciences humaines et sociales. Celles-ci sont salutaires lorsqu’elles donnent lieu à des débats scientifiques argumentés et empiriquement fondés. Néanmoins, certains arguments au sein de ces controverses relèvent moins du débat scientifique que de la pétition de principe. Dans ce contexte, il nous semble important de consacrer un article de ce dossier à la critique d’un certain nombre d’arguments infondés, rendant difficile, voire impossible, toute discussion scientifique sérieuse.
Karim Hammou, Stéphanie Molinero. « Plus populaire que jamais ? Réception et illégitimation culturelle du rap en France (1997-2008)» in Les scènes musicales et leurs publics en France (XVIIIe-XXIe siècles), à paraître. En ligne :... more
Karim Hammou, Stéphanie Molinero. « Plus populaire que jamais ? Réception et illégitimation culturelle du rap en France (1997-2008)» in Les scènes musicales et leurs publics en France (XVIIIe-XXIe siècles), à paraître. En ligne : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01807237v1
Research Interests:
Diam’s et Boooba sont deux artistes majeurs du rap français des années 2000. Chacun a vendu plus d’un millions d’album au cours de cette décennie, et a acquis une réputation qui fait d’elle ou lui une star dans le monde du rap et au-delà.... more
Diam’s et Boooba sont deux artistes majeurs du rap français des années 2000. Chacun a vendu plus d’un millions d’album au cours de cette décennie, et a acquis une réputation qui fait d’elle ou lui une star dans le monde du rap et au-delà. Pourtant, ces stars ont des images publiques aux caractéristiques contrastées du point de vue du genre. Alors que l’apparence de Diam’s a été intentionnellement remodelée à partir de 2002 pour être plus féminine, le corps de Booba a fait l’objet d’un travail de musculation doublé d’une mise en scène croissante de ce physique musclé. L’élaboration du genre de ces artistes est également évidente dans les paroles de leurs chansons et dans leurs clips vidéos. Cet article analyse la production collective de ces stars genrées, et accorde une attention particulière à la contribution des intermédiaires culturels en charge de leur réception critique, c’est-à-dire des journalistes musicaux. Il s’appuie sur trois titres de presse français (le magazine culturel généraliste Télérama, le magazine musical Les Inrockuptibles, et le webzine spécialisé hip-hop L’Abcdrduson) et montre comment les stratégies marketing et la réception critique transforme en marchandise non seulement les productions musicales de ces artistes, mais aussi leurs images publiques de stars genrées et racialisées. Cette contribution démontre comment le traitement asymétrique de Diam’s en tant que femme et de Booba en tant qu’homme peut être interprété à la lumière du concept d’hétérosexualisation (musicale).
This papier introduces the roundtable on Claude Grignon and Jean-Claude Passeron's book Le Savant et le Populaire (1989). While the sociology of culture has helped fuel more general theoretical debate that has enlivened French social... more
This papier introduces the roundtable on Claude Grignon and Jean-Claude Passeron's book Le Savant et le Populaire (1989). While the sociology of culture has helped fuel more general theoretical debate that has enlivened French social science since the 1960s, this has largely been via the mediation of a handful of texts that are considered to be classics today. Le Savant et le Populaire, Misérablisme et populisme en sociologie et en litterature by Claude Grignon and Jean-Claude Passeron is one of these few key volumes, together with The Uses of Literacy: Aspects of Working Class Life (Hoggart 1957) and Distinction (Bourdieu 1984). However, unlike the latter two, this title has not enjoyed wide international distribution. By inviting contributions from various researchers, the roundtable seeks to illuminate this paradoxical situation, as well as this work’s legacies. From this perspective, this paper's first section will retrace the genesis of the book, present some of its strong points, and reference some of its limitations, to better reflect upon the characteristics of its reception in a second section.
Né en tant que genre musical dans les années 1970 à New York, le rap se développe en France dès les années 1980, avant de prendre au milieu des années 1990 une place importante dans le paysage culturel du pays . Il se caractérise... more
Né en tant que genre musical dans les années 1970 à New York, le rap se développe en France dès les années 1980, avant de prendre au milieu des années 1990 une place importante dans le paysage culturel du pays . Il se caractérise notamment par une base musicale (« l’instrumental ») marquée par les technologies de composition sonore nouvelles à cette époque (échantillonnage, boîtes à rythmes puis composition assistée par ordinateur) et par un rythme régulier le plus souvent en quatre temps alternant temps fort et faible. C’est cependant une autre caractéristique qui a frappé les esprits, jusqu’à donner son nom au genre : l’interprétation rappée, que l’on a parfois qualifiée de mi parlée mi chantée. Cette contribution propose une brève synthèse des acquis académiques dans l’analyse du rap en français comme forme esthétique, et s’attachant plus particulièrement aux aspects relevant de la poétique du genre.
Les paroles de rap français, mais aussi les commentaires qu’elles suscitent dans les espaces publics médiatiques, mobilisent abondamment les référents raciaux. Défini dès le début des années 1990 comme une pratique « non blanche » par... more
Les paroles de rap français, mais aussi les commentaires qu’elles suscitent dans les espaces publics médiatiques, mobilisent abondamment les référents raciaux. Défini dès le début des années 1990 comme une pratique « non blanche » par certains journalistes et hommes politiques, le rap voit un nombre croissant d’interprètes affirmer leur blan-chité à partir de la fin des années 1990. Ces affirmations ne se font pas en opposition aux autres formes d’affirmations raciales : elles participent d’une forme « d’universalisme minoritaire », et se trouvent renforcées par le marketing de la marge commercialisant le rap auprès d’un large public comme un produit oppositionnel. Le rap en France apparaît de ce point de vue comme un espace de discussion explicite des stéréotypes raciaux, déstabilisant la blanchité implicite de l’imaginaire national.
Action réciproque dans le sens commun, souvent utilisée en sociologie comme simple synonyme de relation sociale, l’interaction est, en tant que concept, une séquence dynamique d’actions sociales (ou conjointes) entre des individus ou... more
Action réciproque dans le sens commun, souvent utilisée en sociologie comme simple synonyme de relation sociale, l’interaction est, en tant que concept, une séquence dynamique d’actions sociales (ou conjointes) entre des individus ou groupes d’individus qui modifient leurs actions et réactions en fonction des actions anticipées et effectives d’autrui. Le développement de la notion d’interaction est lié à l’évolution de la philosophie, de la sociologie, de la linguistique et de la communication dans le contexte des États-Unis de la fin du xixe siècle aux années 1930, puis des années 1960. La notion connaît aujourd’hui [...]
En proposant d’explorer les pratiques que l’on qualifie d’artistiques, Howard Becker appliquait à un nouveau domaine de la vie sociale la démarche promue par Everett Hughes dans la conduite du travail sociologique. Il était ainsi amené à... more
En proposant d’explorer les pratiques que l’on qualifie d’artistiques, Howard Becker appliquait à un nouveau domaine de la vie sociale la démarche promue par Everett Hughes dans la conduite du travail sociologique. Il était ainsi amené à suspendre (plutôt qu’à réfuter) la croyance que les activités artistiques seraient absolument singulières, pour s’attacher à les décrire comme un cas parmi d’autres d’activité collective. Les artistes ne sont dès lors plus le seul ni même un nécessaire point d’entrée dans l’étude sociologique des mondes de l’art.
En dépit de cette transformation de perspective, le cadre analytique de Becker et la majorité des travaux qu’il a inspirés en France restent centrés sur la figure de l’artiste, placé au cœur des réseaux de coopération. Nous proposons donc, dans cette contribution, d’examiner de quelle façon l’approche beckerienne de l’art en tant qu’activité collective peut se révéler utile à une réflexion sur l’analyse sociologique des intermédiaires artistiques.
Les notions de monde social (Strauss 1992) et de monde de l'art (Becker 1988) sont conventionnellement considérées comme similaires. Un monde de l'art serait un monde social artistique. Cette contribution montre l'intérêt scientifique... more
Les notions de monde social (Strauss 1992) et de monde de l'art (Becker 1988) sont conventionnellement considérées comme similaires. Un monde de l'art serait un monde social artistique. Cette contribution montre l'intérêt scientifique qu'il y a à les distinguer. Si les notions de monde que l'on trouve chez Howard Becker et chez Anselm Strauss s'inscrivent dans une commune tradition interactionniste, la notion de monde de l'art privilégie l'idée d'aire d'activité, alors que celle de monde social insiste sur l'idée d'aire culturelle. Le statut épistémologique de ceux deux notions peut également être compris de façon contrastée.
Music making usually needs that many different people cooperate together, and yet it displays very fluid forms of organisation. This paradox has lead to a vast literature, improving our understanding of collective action in situations... more
Music making usually needs that many different people cooperate together, and yet it displays very fluid forms of organisation. This paradox has lead to a vast literature, improving our understanding of collective action in situations where people are not formally bound to each other through concepts such as field, world and scenes. This paper will show how social network analysis (SNA) may enhance the analysis of these two latter concepts. To contrast a social world perspective and a local scene perspective, two issues may be kept in mind. First, these concepts suggest a different approach toward locality. A second issue has been debated to a greater extent, as we shall see, and relates to mass-production and the industry. I do not wish to oppose theoretically these concepts. My aim is rather to suggest ways to evaluate degrees of “sceneness” and “social worldness” through SNA applied to the empirical case of French-speaking rap music.
Le rap en français peut être aujourd’hui considéré comme un univers professionnel établi, tout en étant une innovation relativement récente. Cet article montre que sa pérennisation est le fruit des rapports complexes entre trois... more
Le rap en français peut être aujourd’hui considéré comme un univers professionnel établi, tout en étant une innovation relativement récente. Cet article montre que sa pérennisation est le fruit des rapports complexes entre trois générations d’artistes, et entre ces générations et les acteurs des industries musicales. Il s’appuie en particulier sur l’examen des conventions discographiques (refrains, collaborations, producteurs…) privilégiées par les rappeurs qui se succèdent en France de 1990 à 2004.
De 2003 à 2005, un projet mené par l'Espace lecture du quartier de La Viste à Marseille intitulé « Si t'es citoyen » conduit un groupe d'une dizaine d'adolescents à enregistrer un disque de rap dans un studio semi-professionnel. Pour... more
De 2003 à 2005, un projet mené par l'Espace lecture du quartier de La Viste à Marseille intitulé « Si t'es citoyen » conduit un groupe d'une dizaine d'adolescents à enregistrer un disque de rap dans un studio semi-professionnel. Pour chacun d'entre eux, c'est la première expérience en studio. La singularité du dispositif offre une occasion intéressante pour éclairer, par contraste, les formes typiques d'initiation à la pratique du rap et à l'enregistrement en studio. Mais au-delà de ces différences, le cas atypique présenté ici et les situations conventionnelles de pratique du rap en studio confrontent leurs protagonistes à un même enjeu : donner corps à une voix.
Un article récent de P.-M. Menger présente le talent comme l'un des moteurs – social – de la trajectoire d'un artiste. Il s'agit d'une tentative pour saisir comment des jugements évaluatifs multiples et « souvent frustes »... more
Un article récent de P.-M. Menger présente le talent comme l'un des moteurs – social – de la trajectoire d'un artiste. Il s'agit d'une tentative pour saisir comment des jugements évaluatifs multiples et « souvent frustes » peuvent se révéler « structurants pour segmenter un milieu professionnel qui ne se coule pas dans un moule organisationnel stable ». Pour quelqu'un comme moi qui travaille sur l'histoire de la pratique professionnelle du rap en France, cette proposition ouvre un nouveau champ d'investigation, dont j'amorce le défrichage dans ce texte. J'y souligne notamment que la question de savoir ce pour quoi on a du talent, ce pour quoi on est « grand » est fondamentale.
Research Interests:
Rap
La pratique du rap en France s’organise autour d’un petit nombre d’interprètes professionnels. Une analyse structurale du réseau formé par les invitations (featurings) des uns et des autres sur leurs albums respectifs témoigne de la forte... more
La pratique du rap en France s’organise autour d’un petit nombre d’interprètes professionnels. Une analyse structurale du réseau formé par les invitations (featurings) des uns et des autres sur leurs albums respectifs témoigne de la forte inter-reconnaissance entre ces artistes, indice de l’existence d’un monde social professionnel du « rap français ». En proposant une analyse diachronique de ces relations et en les rapprochant de données documentaires sur l’histoire de la pratique du rap en France depuis 1990, l’article tente de décrire l’émergence de ce monde social de 1996 à 1998, puis sa stabilisation sous une forme relativement institutionnalisée de 1999 à 2004.
"On attribue généralement à Weber l’idée que les dominés se soumettraient aux dominants parce qu’ils croient en la légitimité de la domination. Cette thèse est celle qu’a privilégiée Raymond Aron lorsqu’il travailla à la diffusion en... more
"On attribue généralement à Weber l’idée que les dominés se soumettraient aux dominants parce qu’ils croient en la légitimité de la domination. Cette thèse est celle qu’a privilégiée Raymond Aron lorsqu’il travailla à la diffusion en France de la sociologie wébérienne. Une fois réexaminés à la lumière de leurs élaborations successives, les travaux de Weber permettent de soutenir une lecture différente. La Herrschaftsoziologie y apparaît comme une sociologie de l’exercice de la domination, dans laquelle la direction administrative occupe une place éminente. Elle est l’instance qui relaie le pouvoir d’un chef vers les dominés, et son action procède notamment de l’horizon de menace qu’elle fait peser sur ces derniers.
"
Ed. La Documentation française
En 1999, après un large succès commercial, l’album “Panique Celtique” de Manau reçoit aux Victoires de la Musique la récompense de meilleur album Rap et Groove de l’année. La presse spécialisée rap s’élève contre cette distinction, et... more
En 1999, après un large succès commercial, l’album “Panique Celtique” de Manau reçoit aux Victoires de la Musique la récompense de meilleur album Rap et Groove de l’année. La presse spécialisée rap s’élève contre cette distinction, et conteste l’idée que Manau puisse être un groupe de rap. Cette entreprise de morale, en travaillant ses frontières, suggère l’existence d’un monde social du rap. Mais la pleine compréhension de la polémique qui naît autour de Manau suppose également d’étudier les acteurs qui, tout en se définissant comme extérieurs au monde du rap, ne contribuent pas moins à en produire les frontières.
An edited volume with contributions from six PhD researchers in the school of Humanities and Social Sciences at the University of East London. Each contributor details their research work in progress. Topics in this volume include:... more
An edited volume with contributions from six PhD researchers in the school of Humanities and Social Sciences at the University of East London. Each contributor details their research work in progress. Topics in this volume include: pluridisciplinarity in SHADyC, ‘truth-telling’ in sociology, cultural studies, framing Nation-State and Gender, public space in Marseille and oral history research. Published (publisher's copy) Non-Peer Reviewed
Ce texte propose une interprétation des formes de « violences verbales » repérables dans quatre raps d'Ärsenik et du Klub des Loosers en resituant ces chansons dans la problématique plus générale d'une stylistique dans laquelle... more
Ce texte propose une interprétation des formes de « violences verbales » repérables dans quatre raps d'Ärsenik et du Klub des Loosers en resituant ces chansons dans la problématique plus générale d'une stylistique dans laquelle elles prennent sens. Après avoir examiné la question de la communication mise en œuvre dans le rap, à la lumière notamment des analyses d'Erving Goffman, ce texte propose d'interpréter ces quatre chansons de rap comme activité de véridiction enchâssée dans un cadre participationnel relevant de l'art.
for the past 40 years, hip-hop music has displayed new aesthetics, based on new musical technology (dJing, sampling,...) and voice innovations (rap, raga, human beatboxing...). often considered as ephemeral, these musical practices and... more
for the past 40 years, hip-hop music has displayed new aesthetics, based on new musical technology (dJing, sampling,...) and voice innovations (rap, raga, human beatboxing...). often considered as ephemeral, these musical practices and aesthetics have proven to be much more durable and influential. they assisted and contributed to major economic, cultural and linguistic transformations, both on a local and an international level. to quote the title of a famous french rap album, they definitely seem to be “built to last”.
the conference “built to last: francophone perspectives on hip hop music” will highlight recent academic works and emerging research on hip-hop music, from french-speaking areas and beyond. it will address a variety of issues regarding hip-hop music today, from its economic, aesthetic and political issues to its institutionalization, heritage recognition and transnational circulations around the world.
this conference will not only be an academic event, but also a cultural gathering. it will open a dialogue between artists, professionals and academics about the different types of music linked to hip-hop (turnabilism, beatmaking, r&b, slam) and the political issues raised by this musical movement.
argumentaire complet, bibliographie, infos pratiques: http://colloquehh.hypotheses.org
Research Interests: