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RG0012018

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RAO/KF/GS

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


------------------
COUR D’APPEL DE COMMERCE
D’ABIDJAN
------------------ AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE DU 25 OCTOBRE 2018
N°001/2018
----------------- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son audience
ARRET publique ordinaire du jeudi vint cinq octobre de l’an deux mil
CONTRADICTOIRE dix-huit tenue au siège de ladite Cour, à laquelle siégeaient :
du 25/10/2018
Docteur François KOMOIN, Premier Président ;
----------------------
1Ere CHAMBRE Madame BAI Zoko Aimée Danielle épouse SAM,
-------------------- Messieurs TALL Yacouba, DENNIEL Albert et
ATTOUNGBRE Gérard, Conseillers à la Cour, Membres ;
Affaire :

1/ La société Ivoirienne de
Construction de
Télécommunication et équipement
Avec l’assistance de Maître KOUTOU Aya Gertrude
de Laboratoire dite SICOTELL, épouse GNOU, Greffier ;
SARL
2/ Monsieur DAGO Nassa
(Cabinet de Serge Pamphile NIAHOUA) A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause entre :

Contre 1/ La société Ivoirienne de Construction de


Télécommunication et équipement de Laboratoire
La société AFRILAND FIRST BANK dite SICOTELL, SARL, au capital social de 1 000 000 F
Côte d’Ivoire, SA
-------------------- CFA dont le siège social est Abidjan Marcory zone 4,
ARRET : immeuble Trigone, 09 BP 2788 Abidjan 09, aux poursuites et
------------------ diligences de son représentant légal ,Monsieur DAGO Nassa,
CONTRADICTOIRE
------------------- son gérant demeurant ex qualité au susdit siège social ;
Déclare irrecevable l’appel interjeté par la
société EQUIPEMENT DE
CONSTRUCTION DE 2/ Monsieur DAGO Nassa, né le 1er janvier 1953 à Dioligbi
TELECOMMUNICATION ET (Guitry), de nationalité ivoirienne, es qualité de gérant de la
EQUIPEMENT DE LABORATOIRE dite société SICOTEL et caution personnelle et solidaire de celle-
SICOTELL SARL et monsieur DAGO
NASSA contre le jugement RG ci ;
N°2159/2017 et 2621/2017 rendu le 03
novembre 2017 par le Tribunal de
Appelants représentés par le Cabinet de Serge Pamphile
Commerce d’Abidjan;
NIAHOUA, avocat près la cour d’appel d’Abidjan, y
Les condamne aux dépens de l’instance. demeurant deux plateaux Aghien, Carrefour Opéra, cité les
perles, 50 mètres après la Pharmacie les Perles, 1er parking à
gauche, 2ème couloir, villa 485, 28 BP 381 Abidjan 28, tel : 22
52 49 06;

D’une part ;

Et ;

1
La société AFRILAND FIRST BANK Côte d’Ivoire,
société anonyme avec conseil d’administration au capital
social de 8 799 856 105 F CFA, inscrite au registre du
commerce et du crédit immobilier d’Abidjan sous le n°CI-
ABJ-1996-B194097, dont le siège social est à Abidjan Plateau,
avenue Noguès, immeuble Woodin Center, 01 BP 6928
Abidjan 01, prise en la personne de son représentant légal,
Monsieur DADJEU Olivier, Directeur général de nationalité
Camerounaise, demeurant ès qualité au siège de ladite
société ;

Intimé représentée par Maître Jean Luc VARLET, avocat à


la cour ;

D’autre part ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni préjudicier


en quoi que ce soit aux droits et intérêts respectifs des parties
en cause, mais au contraire et sous les plus expresses réserves
des faits et de droit ;

Le Tribunal de Commerce d’Abidjan statuant en la cause a


rendu le 03 novembre 2017, un jugement contradictoire
n°2159/17 & 2621/17 qui a condamné la société SICOTELL
SARL et Monsieur DAGO Nassa à payer à la société Afriland
First Bank Côte d’Ivoire la somme de 17.135.934 F CFA ;

Par exploit du 16 mai 2018 de Maître N’DRI Niamkey Paul,


huissier de justice à Abidjan, la société SICOTELL SARL et
Monsieur DAGO Nassa ont interjeté appel du jugement et
assigné la société Afriland First Bank Côte d’Ivoire à
comparaître par devant la cour d’appel à l’audience du 14 juin
2018 ;

Enrôlée sous le n°001/2018 du rôle général du greffe de la


cour, l’affaire a été appelée à l’audience du 14 juin 2018 et
renvoyée au 21 juin 2018 ;

A cette date, une instruction a été ordonnée, confiée au


conseiller KACOU Bredoumou Florent en qualité de
Conseiller rapporteur, et la cause renvoyée au 26 juillet
2018 ;

Cette mise en état a fait l’objet d’une ordonnance de clôture


n°001/18 du 12 juillet 2018 ;

A l’audience du 26 juillet 2018, l’affaire a été renvoyée au 04


octobre 2018 pour retenue, puis mise en délibéré pour le 25
octobre 2018 ;

2
Advenue cette audience, la Cour, vidant son délibéré
conformément à la loi, a rendu l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces du dossier ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCEDURE, PRETENTIONS ET MOYENS


DES PARTIES
Par exploit en date du 16/05/2018, la société EQUIPEMENT
DE CONSTRUCTION DE TELECOMMUNICATION ET
EQUIPEMENT DE LABORATOIRE dite SICOTELL SARL et
monsieur DAGO NASSA ont relevé appel du jugement RG
N°2159/2017 et 2621/2017 rendu le 03 novembre 2017 par le
Tribunal de Commerce d’Abidjan, signifié le 12 avril 2018,
dont le dispositif est le suivant :
« Statuant publiquement, contradictoirement en premier
ressort ;
Rejette la fin de non-recevoir soulevée ;

Reçoit la société EQUIPEMENT DE CONSTRUCTION DE


TELECOMMUNICATION ET EQUIPEMENT DE
LABORATOIRE dite SICOTELL en son action et la société
AFRILAND FIRST BANK COTE D’IVOIRE dite FIRST BANK
en sa demande reconventionnelle;

Les y dit respectivement partiellement et bien fondées ;

Prononce la résiliation du contrat d’affacturage conclu entre


les sociétés SICOTELL et OMNIFINANCE devenue
AFRILAND FIST BANK COTE D’IVOIRE ;

Déboute la société SICOTELL de toutes ses autres


demandes ;

Condamne solidairement la société EQUIPEMENT DE


CONSTRUCTION DE TELECOMMUNICATION ET
EQUIPEMENT DE LABORATOIRE dite SICOTELL et
monsieur DAGO NASSA à payer à la société
OMNIFINANCE devenue AFRILAND FIRST BANK COTE
D’IVOIRE la somme de 17.135.934 francs CFA au titre de sa
créance ;

Condamne la société SICOTELL et monsieur DAGO NASSA


aux dépens de l’instance» ;

3
La SICOTELL expose au soutien de son appel que le 16 août
2007, elle a conclu une convention d’affacturage, modifiée le
17 novembre 2008, avec la société OMNIFINANCE devenue
AFRILAND FIRST BANK COTE D’IVOIRE;

Dans le cadre de cette convention, déclare-t-elle, elle a


déposé auprès de la banque un ordre de virement irrévocable
concernant la PALM-CI et la SIR, deux de ses clients dont les
factures devaient être préfinancées ;

Elle poursuit qu’en 2009, après près de trois années de


parfaite collaboration, la société OMNIFINANCE devenue
AFRILAND FIRST BANK COTE D’IVOIRE ayant décidé de
mettre fin au contrat d’affacturage, elle l’a saisie d’une
demande d’annulation du virement irrévocable ;

Elle ajoute que par courrier daté du 16 février 2009, cette


dernière a annulé l’ordre de virement irrévocable et donné
mainlevée entière des dernières factures qu’elle avait
déposées ;

Elle indique qu’au moment de la rupture de la convention


d’affacturage, son compte courant était créditeur de la
somme de 5 216 214 F CFA et que le montant de la garantie
s’élevait à 11 589 458 F CFA ;

Elle ajoute que de 2009 à 2015, elle a réclamé à l’intimée le


solde de son compte courant ainsi que celui de la retenue
garantie, en vain; que face à cette résistance, elle l’a assignée
devant le tribunal de commerce par exploit en date du 07 juin
2017 mais, reconventionnellement, la société
OMNIFINANCE devenue AFRILAND FIRST BANK COTE
D’IVOIRE a sollicité sa condamnation au paiement de la
somme de 17 135 934 F CFA et produit des relevés de compte
retraçant des opérations qui auraient été accomplies sur ses
comptes jusqu’au 25 février 2016, date à laquelle elle aurait
clôturé lesdits comptes;

Elle fait grief au tribunal d’avoir statué infra et ultra petita en


omettant sa demande tendant au constat de la résiliation du
contrat d’affacturage conclu entre les parties le 09 janvier
2009 et à la clôture du compte courant ouvert dans les livres
de la banque, et en prononçant la résiliation dudit contrat qui
n’avait pas été demandée ;

Elle reproche en outre audit tribunal d’avoir déclaré que les


relevés de compte produits par la banque faisaient la preuve
des opérations effectuées sur le compte de sorte qu’il n’y avait
pas lieu de produire les factures ; alors que le relevé de
compte étant un document unilatéral émis par la banque, sa
valeur probante est, en principe, limitée en raison du principe

4
selon lequel « nul ne peut se fournir de titre à lui-même » ;

Dès lors, en cas de contestation desdits relevés, la charge de


la preuve incombe à la banque ;

Elle sollicite par conséquent l’infirmation du jugement


entrepris en toutes ses dispositions ;

En réplique, la société AFRILAND FIRST BANK, excipe, in


limine litis, de l’irrecevabilité de l’appel pour être intervenu
hors délai ;

Subsidiairement, elle sollicite la confirmation du jugement


entrepris et soutient que le contrat d’affacturage n’ayant été
résilié ni le 09 janvier 2009, ni le 16 février 2009, selon les
dates avancées en appel et en première instance par les
appelants, le tribunal ne pouvait constater un fait inexistant ;

Elle souligne avoir, par courrier daté du 29 février 2016,


notifié à la société SICOTELL la dénonciation des
conventions d’affacturage et de compte courant et arrêté
contradictoire suivi de la clôture desdits comptes ; et que
seule cette clôture juridique éteignant la convention des
parties, c’est à juste titre que le premier juge en a prononcé la
résiliation;

Concernant la valeur probante du relevé de compte, elle


argue de ce qu’il s’agit d’un document comptable qui retrace
les opérations effectuées sur un compte et, à ce titre, lesdites
opérations constituant de simples faits peuvent être prouvés
par tout moyen dont le relevé ; et la force probatoire de cet
élément étant laissée à l’appréciation des juges, c’est à juste
titre, dit-elle, que le tribunal a décidé que la production des
factures n’était pas nécessaire ;

Elle indique que la convention des parties ayant stipulé


l’unicité des comptes, elle a procédé à des compensations
conventionnelles ; et l’addition des soldes du compte
d’affacturage et du compte courant donne la somme de
17.135.934 FCFA, montant de sa créance au paiement de
laquelle les appelants ont été condamnés ;

Dans ses écritures subséquentes, les appelants font observer


que l’exploit de signification du 12 avril 2018 laisse apparaitre
des irrégularités qui entachent sa sincérité ;

En effet, soulignent-t-ils, les mentions portées par écrit par


l’huissier ont un caractère d’écriture différent selon que l’acte
est délaissé à la société SICOTELL ou à Monsieur DAGO
NASSA, laissant penser que deux personnes sont intervenues
dans cette prétendue signification ; jetant dès lors un doute

5
sur l’authenticité et la régularité de cet exploit ;

Ils font valoir en outre que dans une sommation


interpellative en date du 27 juin 2018, madame KONAN AYA
Bernadette, secrétaire à la société SICOTELL, a soutenu
n’avoir jamais réceptionné l’exploit de signification de
jugement le 12 avril 2018 et que la signature portée sur l’acte
n’est pas la sienne ;

Ils font remarquer que si la signification avait été faite à la


société SICOTELL, SARL le 12 avril 2018, Maitre ASSEMIEN
AGAMAN ne se serait pas présenté le lundi 16 avril 2018 à 11
heures 01 minute au siège de la société pour une autre
signification ; signification qui par ailleurs, disent-ils,
recèlent également des irrégularités tenant au défaut de
signature de l’exploit par l’huissier, à l’omission du coût de
l’acte et à l’absence de visa de la secrétaire l’ayant
réceptionné; ils concluent que si l’appel peut être déclaré
irrecevable à l’égard de monsieur DAGO NASSA, il doit être
par contre déclaré recevable à l’égard de la société SICOTELL
à qui il n’a été signifié que le 16 avril 2016 ;

SUR CE
EN LA FORME

Sur le caractère de la décision

L’intimée ayant conclu, il y a lieu de statuer


contradictoirement à son égard ;

Sur la recevabilité de l’appel

Considérant que la société AFRILAND FIRST BANK, excipe,


in limine litis, de l’irrecevabilité de l’appel au motif qu’il
serait intervenu hors délai ;

Considérant que les appelants relèvent que Madame KONAN


AYA Bernadette, secrétaire de la société SICOTELL, SARL n’a
pas reçu l’exploit de signification du 12 avril 2018 comme cela
y a été mentionné, entachant sa sincérité ;

Considérant qu’aux termes des alinéas 1 et 2 de l’article 168


du code de procédure civile, commerciale et administrative
«le délai pour interjeter appel est d'un (1) mois, sauf
augmentation comme il est dit à l'article 34 alinéa 2. Ce
délai commence à courir comme il est dit aux articles 325
L'appel relevé hors délai est irrecevable» ;

Considérant par ailleurs que l’article 325 de ce code


dispose que « les délais d'opposition et ceux d'appel

6
commencent à courir du jour de la signification de la
décision faite à personne » ;

Considérant qu’il résulte de l’analyse combinée de ces textes


que la signification faite à personne de la décision fait courir
le délai d’appel d’un mois ;

Considérant qu’en droit processuel la signification faite au


siège social d’une société de commerce et celle faite au
domicile élu d’une personne sont une signification faite à
personne ;

Considérant qu’en l’espèce, il ressort de l’exploit de


signification en date du 12 avril 2018 du jugement
commercial RG N°2159/2017 et 2621/2017 rendu le 03
novembre 2017 qu’il a été signifié par le ministère de Maitre
ASSEMIEN AGAMAN, en ce qui concerne la société
SICOTELL, SARL, à son siège social et remise à « la personne
de Madame KONAN AYA Bernadette, la secrétaire ainsi
déclarée qui a reçu tant copie du jugement contradictoire
N°2159/2017 et 2621/2017 du 0/11/2017 du Tribunal de
Commerce que du présent exploit et visé mes originaux » ;

Qu’en ce qui concerne monsieur DAGO NASSA, elle a été


effectuée le même jour par le canal de son conseil la SCPA
SORO, BAKO & Associés entre les mains de « Mlle KOUASSI
secrétaire ainsi déclarée qui a reçu copies tant du jugement
susvisé que celle du présent exploit visé »;

Qu’il s’en induit que les significations de l’espèce ont été


faites à personne ;

Considérant que les appelants émettent des doutes sur


l’authenticité de l’exploit de signification en date du
12/04/2018 ; que ces doutes ne peuvent cependant valoir;

Qu’en effet, il est constant que les mentions portées sur


l’original d’un acte d’huissier, en l’espèce l’exploit de
signification, font foi quant à la date et aux diligences
accomplies par l’huissier jusqu’à inscription de faux; de sorte
qu’en l’absence d’une procédure en inscription de faux initiée
contre ledit acte, sa force probatoire reste intacte;

Considérant que selon l’article 430 du code de procédure


susmentionné les délais y contenus sont des délais francs ;

Considérant dès lors qu’en tenant compte du caractère franc


des délais pour la computation desquels il n’est pas tenu
compte ni du « dies a quo » ni du « dies a quiem », pour un
jugement signifié le 12 avril 2018, l’appel devait intervenir
dans la période allant du 13 avril au 14 mai 2018;

7
Qu’ainsi, l’appel interjeté le 15 mai 2018 ne respecte pas le
délai d’un mois susmentionné, de sorte qu’il doit être déclaré
irrecevable ;

Sur les dépens

Les appelants succombant, il y a lieu de mettre à leur charge


les dépens de l’instance ;
PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier


ressort ;

Déclare irrecevable l’appel interjeté par la


société EQUIPEMENT DE CONSTRUCTION DE
TELECOMMUNICATION ET EQUIPEMENT DE
LABORATOIRE dite SICOTELL SARL et monsieur DAGO
NASSA contre le jugement RG N°2159/2017 et 2621/2017
rendu le 03 novembre 2017 par le Tribunal de Commerce
d’Abidjan;

Les condamne aux dépens de l’instance.

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois et an


que dessus ;

ET ONT SIGNE LE PRESIDENT ET LE GREFFIER./.

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