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RG0202019

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KF/AEA/AE

AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE


REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
------------------- DU JEUDI 14 FÉVRIER 2019
COUR D’APPEL DE COMMERCE -----------------------
D’ABIDJAN
--------------- La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son audience
RG N° 20/2019
publique ordinaire du jeudi quatorze février de l’an deux
--------
ARRÊT CONTRADICTOIRE mil dix-neuf tenue au siège de ladite Cour, à laquelle
du 14/02/2019 siégeaient :
---------
1 ÈRE CHAMBRE Docteur KOMOIN François, Premier Président de la
------------
Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan ;
Affaire :
---
Madame ASSI Eunice épouse AYIÉ et Messieurs
LA SOCIÉTÉ DEMBA LADJI KOPOIN Allepo Sylvain, ATTOUNGBRÉ Gérard et
(SCPA HOUPHOUËT-SORO-KONÉ et SILUÉ Daoda, Conseillers à la Cour, Membres ;
Associés)

Contre Avec l’assistance de Maître DOUHO Thémaubly


Danielle épouse BAHI, Greffier ;
LA SOCIÉTÉ AFRICAINE DE CRÉDIT
AUTOMOBILE DITE SAFCA D/C A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
ALIOS FINANCE CI
(SCPA DOGUÉ-ABBÉ Yao & Associés)
-------------- ENTRE :
ARRÊT
------------ LA SOCIÉTÉ DEMBA LADJI, Société à Responsabilité
Contradictoire Limitée au capital social de 10.000.000 de F CFA, dont le
---------
siège social est à Abidjan Treichville, Avenue 16, Rue 23, lot
Rejette la fin de non-recevoir tirée de 382 D 19 BP 1001 Abidjan 19, 07 BP 62 Abidjan 07,
l’irrecevabilité de l’appel interjeté par la immatriculée au Registre de Commerce et du Crédit
SARL DEMBA LADJI ;
Mobilier sous le numéro CI-ABJ-2004-B-5654, agissant
Déclare la SARL DEMBA LADJI recevable en aux poursuites et diligences de son Gérant, Monsieur
son appel contre l’ordonnance n°4261/17 DFEMBA Ladji, demeurant ès-qualité au siège social
rendue le 28 décembre 2017 par le juge des
référés du tribunal de commerce d’Abidjan ; susdit ;

L’y dit cependant mal fondée ; Appelante,


L’en déboute ;
Représentée et concluant par son conseil, la SCPA
Confirme l’ordonnance entreprise en toutes
ses dispositions ;
HOUPHOUËT-SORO-KONÉ et Associés, Avocats à la Cour
d’Appel d’Abidjan ;
Met les dépens à la charge de la SARL
DEMBA LADJI ;
D’UNE PART ;

ET ;

LA SOCIÉTÉ AFRICAINE DE CRÉDIT


AUTOMOBILE DITE SAFCA D/C ALIOS FINANCE
CI, Société Anonyme au capital de 1.229.160.000 F CFA

1
dont le siège social est à 1, Rue des carrosiers zone 3B, 04
BP 27 Abidjan 04, immatriculée au Registre de Commerce
et du Crédit Mobilier sous le numéro CI-ABJ-1962-B-377,
prise en la personne de son représentant légal ;

Intimée,

Représentée et concluant par son conseil, la Société Civile


Professionnel d’Avocats dogué-abbé Yao & Associés,
Avocats à la Cour d’Appel d’Abidjan, y demeurant
Boulevard Clozel, Immeuble le TF29, en face de la
Pharmacie des Finances Plateau, Tél. :
20.21.70.55/20.21.74.49/20.22.21.27 ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni


préjudicier en quoi que ce soit aux droits et intérêts
respectifs des parties en cause, mais au contraire et sous les
plus expresses réserves des faits et de droit ;

La juridiction présidentielle du Tribunal de Commerce


d’Abidjan statuant en la cause en matière des référés a
rendu le 28 décembre 2017 une ordonnance RG N°
4261/2017 qui a :

- déclaré la Société Africaine de Crédit Automobile


dite SAFCA D/C ALIOS FINANCE CI recevable en
son action ;

- dit la SAFCA D/C ALIOS FINANCE CI partiellement


fondée ;

- constaté la résiliation du bail ;

- ordonné la restitution des matériels automobiles ;

Par exploit du vendredi 28 décembre 2018 de Maître


Gogbe Bruno, huissier de justice à Bouaké, la société
DEMBA LADJI a interjeté appel de l’ordonnance
susénoncée et a par le même exploit assigné la Société
Africaine de Crédit Automobile dite SAFCA D/C ALIOS
FINANCE CI à comparaître par-devant la Cour de ce siège
à l’audience du jeudi 10 janvier pour s’entendre infirmer
ladite ordonnance en toutes ses dispositions ;

2
Enrôlée sous le N° 20/2019 du rôle général du greffe de la
Cour pour l’audience du jeudi 10 janvier 2019, l’affaire a été
renvoyée à l’audience du 17 janvier 2019 pour toutes les
parties, l’audience du 10 janvier 2019 ne s’étant pas tenue ;

À cette dernière audience, l’affaire a été renvoyée au 24


janvier 2019 pour réplique et retenue avant d’être mise en
délibéré à l’audience du 14 février 2019 ;

Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré en


rendant l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces du dossier ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS ET MOYENS


DES PARTIES

Par exploit du 28 décembre 2018, comportant ajournement


au 10 janvier 2019, la société DEMBA LADJI, société à
responsabilité limitée, agissant aux poursuites et diligences
de son représentant légal, Monsieur DEMBE LADJI, son
gérant, a interjeté appel de l’ordonnance RG n°4261/17
rendue le 28 décembre 2017 par le juge des référés du
Tribunal de Commerce d’Abidjan, dont le dispositif est le
suivant :

« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière


de référé et en premier ressort ;

Au principal, renvoyons les parties à se pourvoir ainsi


qu’elles aviseront mais dès à présent, vu l’urgence ;

Recevons la société Africaine de crédit Automobile dite


SAFCA D/C ALIOS Finance CI en son action ;

L’y disons partiellement fondée ;

Constatons la résiliation du bail ;

Ordonnons à la société SARL DEMBA LADJI de restituer à

3
la société SAFCA D/C ALIOS Finance CI, les matériels
automobiles de marque AUMAN, de type tracteur routier
6x4, châssis LVBS6PEB8GL001421, immatriculé
provisoirement 5785 WWW-CI 01, année 2016 et de type
semi-remorque plateau, châssis LJRP12392G2003944,
immatriculé provisoirement 5784 WWW-CI 01, année
2016 et ce, sous astreinte comminatoire de 300.000 francs
CFA par jour de retard, à compter de la signification ;

Déboutons de la société SAFCA D/C ALIOS Finance CI du


surplus de sa demande ;

Condamnons la SARL DEMBA LADJI aux dépens » ;

Des énonciations de l’ordonnance querellée et des pièces


du dossier, il ressort que par exploit du 29 novembre 2018,
la Société Africaine de Crédit Automobile dite SAFCA D/C
ALIOS FINANCE CI, agissant aux requêtes, poursuites et
diligences de son représentant légal, Monsieur Eric
LECLERE, Directeur général, a assigné la SARL DEMBA
LADJI, prise en la personne de son représentant légal,
Monsieur LADJI DEMBA, son gérant à comparaitre le 07
décembre 2017, devant la juridiction des référés du
Tribunal de Commerce d’Abidjan à l’effet de s’entendre :

- constater la résiliation du bail liant les parties ;

- ordonner la restitution ou autoriser à la SAFCA à


reprendre possession des matériels automobiles de
marque AUMAN, de type tracteur routier 6x4,
châssis LVBS6PEB8GL001421, immatriculé
provisoirement 5785 WWW-CI 01, année 2016 et de
type semi-remorque plateau, châssis
LJRP12392G2003944, immatriculé provisoirement
5784 WWW-CI 01, année 2016 et ce, sous astreinte
comminatoire de cinq cent mille (500.000) francs
CFA par jour de retard ;

Au soutien de son action, la SAFCA a exposé que le 29 août


2016, elle a conclu deux contrats de crédit-bail
n°CI16B03920 et n°CI16B03930 avec la SARL DEMBA
LADJI ;

Elle a indiqué que le premier contrat de crédit-bail


n°CI16B03920 portait sur un matériel automobile de
marque AUMAN, de type tracteur routier 6x4, châssis

4
LVBS6PEB8GL001421, immatriculé provisoirement 5785
WWW-CI 01, année 2016, dont le prix est fixé à la somme
de cinquante millions trois cent quatre mille quatre-vingt-
dix (50.304.090) francs CFA, toutes taxes comprises, et
que le paiement des loyers de ce contrat de crédit-bail
devrait intervenir en deux tranches, après paiement par la
SARL DEMBA LADJI d’une garantie de six millions trois
cent quatre-vingt-quatorze mille cinq cent quatre-vingt-
huit (6.394.588) francs CFA ;

Elle a ajouté que la première tranche était ainsi fixée au


paiement de la somme de deux millions cent trente et un
mille cinq cent trente (2.131.530) francs CFA, toutes taxes
comprises à la date du 15 septembre 2016, et la seconde
tranche portait sur 35 avis de prélèvements de un million
cinq cent vingt-deux mille sept cent quatre-vingt-douze
(1.522.792) francs CFA, échéant régulièrement et
mensuellement du 15 octobre 2016 au 15 août 2016 ;

Relativement au second contrat de crédit-bail


n°CI16B03930, il portait sur un matériel automobile, de
type semi-remorque, plateau châssis
LJRP12392G2003944, immatriculé provisoirement 5784
WWW-CI 01, année 2016, dont le prix était fixé à la somme
de dix-sept millions six cent soixante-trois mille deux cent
quatre-vingt-seize (17.663.296) francs CFA, et le paiement
des loyers, au titre de ce second contrat, devrait intervenir
en deux tranches, après paiement par la SARL DEMBA
LADJI d’une garantie de deux millions deux cent quarante-
cinq mille trois cent trente-cinq (2.245.335) francs CFA ;

Elle mentionne que la première tranche de ce second


contrat était fixée au paiement de la somme de sept cent
quarante-huit mille quatre cent quarante-cinq (748.445)
francs CFA, toutes taxes comprises à la date du 15
septembre 2016, et la seconde tranche, portait sur 35 avis
de prélèvements de cinq cent trente-quatre mille six cent
quatre-vingt-dix-huit (534.698) francs CFA, échéant
régulièrement et mensuellement du 15 octobre 2016 au 15
août 2019 ;

Cependant, a-t-elle soutenu, la SARL DEMBA LADJI a


cessé d’acquitter ses loyers, de sorte qu’elle restait lui
devoir la somme de quatorze millions sept cent soixante-
onze mille quatre cent (14.771.400) francs CFA au titre du
contrat de crédit-bail n°CI16B03920, et la somme de cinq

5
millions cent soixante-six mille neuf cent quatre-vingt-
quatre (5.166.984) francs CFA en ce qui concerne le contrat
de crédit-bail n°CI16B03930 à titre de loyers impayés,
d’intérêts de retard et frais d’impayés à la date du 15 mars
2017 ;

Elle a précisé qu’elle avait régulièrement mis en demeure la


SARL DEMBA LADJI d’avoir à régler ses impayés, intérêts
et frais compris, par exploit d’huissier en date du 10 juillet
2017 ;

Cependant, a-t-elle fait remarquer, cette mise en demeure


est restée sans effet, et elle a, conformément aux
stipulations de l’article 8 de leurs contrats, signifié, le 18
octobre 2017, à la SARL DEMBA LADJI la résiliation des
contrats susvisés, tout en lui faisant sommation d’avoir à
restituer, dans un délai de 48 heures, les matériels donnés
en location, ainsi que toutes les pièces, accessoires et
documents à son siège social ;

Que la SARL DEMBA LADJI ne s’étant toujours pas


exécutée, conformément aux stipulations de l’article 8 de
leurs contrats, elle a saisi la juridiction présidentielle du
tribunal de commerce qui a constaté la résiliation des baux
liant les parties et ordonné à la SARL DEMBA LADJI de lui
restituer les matériels automobiles, et ce, sous astreinte
comminatoire de trois cent mille (300.000) francs CFA par
jour de retard, à compter de la signification de la décision ;

La SARL DEMBA LADJI n’avait pas fait valoir de moyens ;

C’est contre cette ordonnance que la SARL DEMBA LADJI


a relevé appel le 28 décembre 2018 ;

Pour statuer comme il l'a fait, s’agissant de la restitution


des matériels automobiles, le premier juge, se fondant sur
les dispositions combinées de l’article 43-1 de la loi n°2015-
905 du 30 décembre 2015, portant organisation du crédit-
bail et l’article 9 des contrats de crédit-bail liant les parties
a estimé que la SAFCA avait satisfait aux formalités
prévues par ledit article, de sorte qu’il y avait lieu
d’ordonner à la SARL DEMBA LADJI de lui restituer les
matériels automobiles ;

6
En ce qui concerne la récupération des matériels
automobiles, se fondant sur l’article 42 de la loi susvisée, il
a jugé que les contrats de crédit-bail en cause étaient
conclus par acte sous seing privé, de sorte qu’il appartenait
à la SAFCA de saisir le greffe compétent afin d’obtenir
l’apposition de la formule exécutoire sur les contrats de
crédit-bail dûment publiés au registre du commerce et du
crédit mobilier et s’en servir pour la récupération de son
bien ;

Enfin, relativement à l’astreinte comminatoire, le premier


juge a estimé que la SARL DEMBA LADJI avait fait preuve
d’une résistance illégitime qui fallait vaincre ;

En cause d'appel, la SARL DEMBA LADJI conclut à la


recevabilité de son appel ;

Elle soutient que la SAFCA a fait délaisser le 11 décembre


2018, au domicile de son gérant, Monsieur DEMBA LADJI,
l’exploit de signification de l’ordonnance querellée, qui a
été réceptionné par la sœur de ce dernier qui était en
voyage, sans que les formalités de l’article 250 du code de
procédure civile, commerciale et administrative ne soient
accomplies, de sorte que l’appel interjeté par son gérant
respecte les délais prescrits par la loi et doit être déclaré
recevable ;

Subsidiairement au fond, elle sollicite l’infirmation de


l’ordonnance querellée, au motif qu’elle a été rendue en
violation des dispositions de l’article 43-1 de la loi n°2015-
905 du 30 décembre 2015 portant organisation du crédit-
bail ;

En effet, indique-t-elle, il résulte de l’article 43-1 de la loi


susvisée que la saisine du juge des référés doit être
précédée d’un exploit de mise en demeure préalable de
quinze (15) jours ;

Que contrairement à la motivation du premier juge, la


SAFCA lui a plutôt servi un exploit avec une mise en
demeure de huit (08) jours, de sorte qu’une telle mise en
demeure qui viole les dispositions de l’article suscité ne
pouvait valablement servir de fondement à l’action de la
SAFCA ;

7
Statuant de nouveau, elle prie la cour de déclarer
irrecevable l’action de la SAFCA pour violation des
dispositions de l’article 43-1 de la loi n°2015-905 du 30
décembre 2015, portant organisation du crédit-bail ;

Objectant, la SAFCA conclut à l’irrecevabilité de l’appel de


la SARL DEMBA LADJI ; se fondant sur les dispositions
combinées des articles 228 et 168 du code de procédure
civile, commerciale et administrative, elle indique que
l’ordonnance querellée a été signifiée à la SARL DEMBA
LADJI le 18 mai 2018 ; cette signification n’ayant pas été
faite à personne, elle a, par exploit du 11 décembre 2018,
fait une seconde signification au domicile du gérant de
ladite société ;

Elle ajoute que la SARL DEMBA LADJI a été régulièrement


avisée de ces significations par lettre délaissée à son
adresse postale ;

Elle fait observer qu’à compter de cette signification, du 11


décembre 2018, la SARL DEMBA LADJI disposait de huit
(08) jours, soit jusqu’au 22 décembre 2018 pour faire
appel ; or, son appel est intervenu le 28 décembre 2018 ;
un tel appel est manifestement hors délai et doit être
déclaré irrecevable ;

Subsidiairement au fond, elle conclut à la confirmation de


l’ordonnance querellée, motif pris de ce que les
dispositions de l’article 43-1 de la loi n°2015-905 du 30
décembre 2015 portant organisation du crédit-bail ont été
respectées ;

En effet, elle fait observer que l’article susvisé ne prévoit


pas les conditions de validité de la mise en demeure
préalable à la saisine du juge des référés, mais plutôt
indique la procédure à suivre pour obtenir la restitution du
bien, objet du contrat de crédit-bail, tout en précisant que
cette procédure doit être précédée d’une mise en demeure
assortie d’un délai de quinze (15) jours ; qu’en l’espèce, ce
délai a été respecté ;

Aussi, soutient-elle, l’ordonnance rendue par la juge des


référés du tribunal de commerce est régulière et mérite
confirmation ;

8
SUR CE

En la forme

Sur le caractère de la décision

Considérant que la SAFCA a conclu ;

Qu'il y a lieu de statuer contradictoirement ;

Sur la recevabilité de l'appel

Considérant que la SAFCA excipe de l’irrecevabilité de


l’appel relevé par la SARL DEMBA LADJI contre
l’ordonnance RG n° 4261/2017 rendue le 28 décembre
2017 par le juge des référés du Tribunal de commerce
d’Abidjan, motif pris de ce que l’appel est intervenu hors
délai ;

Considérant que la SARL DEMBA LADJI, quant à elle,


indique que la SAFCA a fait délaisser le 11 décembre 2018,
au domicile de son gérant, Monsieur DEMBA LADJI,
l’exploit de signification de l’ordonnance querellée, qui a
été réceptionné par la sœur de ce dernier qui était en
voyage, sans que les formalités de l’article 250 du code de
procédure civile, commerciale et administrative ne soient
accomplies, de sorte que l’appel interjeté par son gérant
respecte les délais prescrits par la loi ;

Considérant qu’aux termes de l’article 228 du code de


procédure civile, commerciale et administrative « les
ordonnances de référé ne sont pas susceptibles
d’opposition. L’appel est porté devant la cour d’appel dans
les formes de droit commun.

Toutefois, le délai d’appel est de huit jours. Le délai entre


la date de la signification de l’acte d’appel et celle fixée
pour l’audience est de huit jours au moins sans pouvoir
excéder quinze jours » ;

Considérant également que l’article 255-4° du code susvisé


dispose : « sont assignés :

Les sociétés de commerce, jusqu’à leur liquidation


définitive, en leur siège social et s’il n’y en a pas, en la
personne ou au domicile de leurs associés » ;

9
Qu’il résulte de ces dispositions combinées que le délai
pour relever appel d’une ordonnance de référé est de huit
jours à compter de la signification de l’ordonnance faite, en
ce qui concerne les sociétés de commerce, soit à leur siège
social soit en la personne ou au domicile des associés, s’il
n’y a pas de siège social ;

Considérant en l’espèce que l’examen attentif de l’exploit


de signification du 11 décembre 2018 laisse apparaitre que
ladite signification a été faite au domicile du gérant de la
SARL DEMBA LADJI ;

Que cependant, celui-ci n’a pas reçu en personne ledit


exploit qui a été délaissé à sa sœur, en raison de son
absence ;

Qu’aucun élément du dossier ne permet de dire qu’il a eu


connaissance de l’exploit de signification, de sorte que le
délai prescrit par l’article 228 précité n’a pu courir à son
encontre ;

Qu’il s’ensuit que l’appel interjeté par la SARL DEMBA


LADJI le 28 décembre 2018, après que son gérant ait eu
connaissance de l’exploit de signification, est régulier ;

Qu’il sied dès lors de rejeter le moyen soulevé par la SAFCA


et déclarer la SARL DEMBA LADJI recevable en son
appel ;

Au fond

Sur le bien-fondé de l’appel

Considérant que la SARL DEMBA LADJI excipe de


l’irrecevabilité de l’action en restitution des matériels
automobiles de la SAFCA, motif pris de ce qu’il résulte des
dispositions de l’article 43-1 de la loi n°2015-905 du 30
décembre 2015 portant organisation du crédit-bail que la
saisine du juge des référés doit être précédée d’un exploit
de mise en demeure préalable de quinze jours ; que
contrairement aux dispositions de l’article suscité, la
SAFCA lui a plutôt servi un exploit avec une mise en
demeure de huit (08) jours, de sorte qu’une telle mise en
demeure qui viole les dispositions de l’article 43-1 de la loi
suscitée, est irrégulière ;

10
Considérant qu’aux termes de l’article 43-1 de la loi
n°2015-905 du 30 décembre 2015 portant organisation du
crédit-bail : « si le contrat de crédit-bail est sous seing
privé, le crédit-bailleur peut, en vue de la restitution de
son bien et après avoir mis en demeure le crédit-preneur
par voie d’huissier de justice assorti d’un délai de
paiement de quinze jours, agir :

- soit en référé, et dans ce cas, le président de la juridiction


ou le juge par lui délégué, statue dans les huit jours qui
suivent sa saisine, sur la restitution des biens donnés en
crédit-bail ou sur l’expulsion du crédit-preneur de
l’immeuble mis en crédit-bail ;

- soit, conformément aux articles 18 et suivants relatifs à


l’injonction de délivrer de l’Acte Uniforme, portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement
et des voies d’exécution.

Le crédit- bailleur peut saisir le greffe compétent afin


d’obtenir l’apposition de la formule exécutoire sur le
contrat de crédit-bail sous seing privé dûment publié au
registre du commerce et du crédit mobilier conformément
à l’article 35 de l’Acte Uniforme relatif au droit
commercial » ; loi suscitée » ;

Considérant qu’en l’espèce, il ressort des pièces du dossier


que la SAFCA a par acte d’huissier en date du 10 juillet
2017, mis la SARL DEMBA LADJI en demeure, d’avoir à lui
régler, sous huitaine, les sommes qui lui sont dues ;

Considérant cependant que s’il est mentionné dans l’exploit


de mise en demeure un délai de huit jours, la saisine du
juge des référés est intervenue plus de quinze (15) jours
après ladite mise en demeure ;

Que par ailleurs, l’article 43-1 précité ne prescrit pas


l’irrecevabilité de l’action en restitution pour non-respect
du délai de quinze (15) jours, de sorte qu’en saisissant le
juge des référés le 28 décembre 2018 en restitution des
matériels automobiles, la SAFCA a satisfait aux formalités
prévues par les dispositions de l’article 43-1 suscité ;

Qu’il s’ensuit que le moyen avancé par la SARL DEMBA


LADJI ne peut être retenu, parce que inopérant ;

11
Que dès lors, c’est à bon droit que le juge des référés a
condamné la SARL DEMBA LADJI à restituer à la SAFCA
les matériels automobiles dont s’agit ; sa décision mérite
d’être confirmée, surtout que l’appel interjeté par la SARL
DEMBA LADJI s’est limité à ce point ;

Sur les dépens

Considérant que la SARL DEMBA LADJI succombe ;

Qu'il convient de mettre les dépens à sa charge ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier


ressort ;

Rejette la fin de non-recevoir tirée de l’irrecevabilité de


l’appel interjeté par la SARL DEMBA LADJI ;

Déclare la SARL DEMBA LADJI recevable en son appel


contre l’ordonnance n°4261/17 rendue le 28 décembre
2017 par le juge des référés du tribunal de commerce
d’Abidjan ;

L’y dit cependant mal fondée ;

L’en déboute ;

Confirme l’ordonnance entreprise en toutes ses


dispositions ;

Met les dépens à la charge de la SARL DEMBA LADJI ;

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois et


an que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PREMIER PRÉSIDENT ET LE


GREFFIER./.

12

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