Santé, Numérique Et Droit-S (Etc.)
Santé, Numérique Et Droit-S (Etc.)
Santé, Numérique Et Droit-S (Etc.)
DOI : 10.4000/books.putc.4133
Éditeur : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole
Lieu d'édition : université Toulouse 1 Capitole
Année d'édition : 2018
Date de mise en ligne : 21 janvier 2019
Collection : Actes de colloques de l’IFR
ISBN électronique : 9782379280672
http://books.openedition.org
Édition imprimée
Date de publication : 10 juillet 2018
ISBN : 9782361701703
Nombre de pages : 370
Référence électronique
POIROT-MAZÈRES, Isabelle (dir.). Santé, numérique et droit-s. Nouvelle édition [en ligne].
université Toulouse 1 Capitole : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2018
(généré le 01 février 2019). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/putc/4133>. ISBN : 9782379280672. DOI :
10.4000/books.putc.4133.
ISABELLE POIROT-MAZÈRES
Professeur de droit public, Institut Maurice Hauriou, Université
Toulouse 1 Capitole
SOMMAIRE
Ouverture du colloque
Philippe Nélidoff
Introduction
La donne européenne
Postface
Michel Boussaton
Ouverture du colloque
Philippe Nélidoff
AUTEUR
PHILIPPE NÉLIDOFF
Professeur, Doyen de la Faculté de droit et science politique de Toulouse
Partager la science : vers de
nouveaux horizons
Anne Cambon-Thomsen
AUTEUR
ANNE CAMBON-THOMSEN
Docteur, Championne ESOF 2018
Introduction
Du SAMU et de la télémédecine à
la cybersanté
Louis Lareng
1 Trois activités qui constituent une chaîne qui n’est pas encore
fermée.
D’où m’est venue cette idée ?
En choisissant la carrière de médecin, j’ai pris conscience que je
devais donner un accès à des soins de qualité pour tous (voire
médico-sociaux et sociaux) en tout point du territoire.
D’autres ont eu la même idée et en ont fait la même analyse.
Seul, l’hôpital public pouvait réaliser un tel objectif. Or, une loi lui
interdisait de sortir de ses murs.
Avec l’accord tacite de la police, où je passais des nuits, en
alternance avec des étudiants, c’est avec le Panier à Salade que je me
rendais sur l’accident en faisant souvent la route en compagnie du
responsable de l’accident.
2 Ma première sortie s’est faite en 1955. De plus, j’étais arrivé à
organiser une réunion à Paris, 5 Avenue Montaigne, chez le
professeur Edmond Benhamou, Professeur à Alger, renvoyé du
service public, René Coirrier, agent du ministère qui venait en
cachette de son responsable.
3 Cette commission est arrivée à faire donner une autorisation
d’organiser à titre expérimental au CHU de Toulouse un service qui
s’appellerait SAMU.
Durant cette période, je devais passer devant un conseil de discipline
afin que son conseiller juridique fixe s’il y avait sentence ou pas à
propos de mon attitude. Oscar Wilde disait : « quand les gens sont de
mon avis, j’ai toujours l’impression de m’être trompé ». Cela ne
pouvait que me confirmer que j’avais raison de m’entêter !
Ayant sauvé le fils de ce conseiller deux jours avant, il n’a pas trouvé
opportun de sanctionner mon attitude. Nous étions en 1967.
Le SAMU a été créé au CHU de Toulouse le 16 juillet 1968. Il s’agit au
départ d’un standard téléphonique à 8 chiffres différent par
Département répondant à une régulation médicale.
4 Parallèlement, Madame Simone Veil, Ministre de la Santé, a reçu de
Monsieur Norbert Segard, Ministre des Postes et des
Télécommunications, des remerciements pour les soins qu’il avait
reçus au CHU de Lille. Il voulait faire un don à la santé.
Madame Simone Veil m’en a parlé et m’a proposé de me conduire à
Lille pour parler à Monsieur Segard du 15, actuellement non utilisé
sur le plan régional par suite des modifications apportées au réseau
téléphonique.
C’est avec enthousiasme que Monsieur le Ministre Norbert Segard a
fait don du 15 à la santé qui l’a affecté au SAMU.
5 C’est par la suite la loi sur « les transports sanitaires et l’aide
médicale urgente » qui a été votée à l’unanimité par l’Assemblée
Nationale, malgré l’opposition du gouvernement, le 8 janvier 1986, et
qui a consolidé le SAMU.
Il a fallu disperser de nombreuses et importantes oppositions pour
aboutir à la loi du 8 janvier 1986. Je passe sous silence toutes les
explications, combats et appuis puissants pour sortir illicitement de
l’hôpital avec tous les risques pris, étant accompagné par le
concierge de l'hôpital qui était très présent et conscient de
l’importance de gagner le défi que je poursuivais.
6 Par ailleurs, tout citoyen et toute citoyenne doit savoir porter
secours : c’est l’acte de sauvetage.
L’acte de sauvetage dépend d’une formation pour laquelle sont
formés, en accord avec Madame la Directrice Générale de l’ARS
Occitanie, Madame Monique Cavalier, des moniteurs bénéficiaires
d’une formation simultanée Santé et Protection Civile. Elle permet à
ceux qui la détiennent (tout citoyen et toute citoyenne peut le
détenir) l’arrêt d’une hémorragie, le porté d’un blessé, l’appel au
SAMU qui juge s’il se déplace, la manipulation d’un défibrillateur, la
pratique du massage cardiaque, la foudre.
L’enseignement par les jeunes parents à leurs jeunes enfants sur les
Risques Majeurs est considéré comme prévention dans l’acte de
sauvetage.
7 Je me suis engagé en Télémédecine, à partir du CHU de Toulouse le
26 septembre 1989 comme Directeur de l’Institut Européen de
Télémédecine qui est devenu Département Universitaire – Institut
Européen de Télémédecine et e-Santé (IET Midi-Pyrénées) de
l’Université Toulouse III - Paul Sabatier le 8 avril 2013.
Je l’ai d’abord introduite en Europe en présence d’un Membre de la
Commission Européenne et du Gouvernement Français, car la France
refusait un système propre à elle. La Télémédecine se définit comme
une nouvelle fonction médicale mais à distance.
Ceci m’a permis d’introduire la Télémédecine dans différents pays
européens dont la France.
Que d’efforts n’ont-ils pas fallu déployer pour aboutir à un système
interne à la France. La Télémédecine n’est pas un outil. Elle est
véhiculée par les Systèmes d’Information. Elle avoisine ainsi
l’aménagement du Territoire.
Elle facilite le déploiement de soins sur de plan Territorial. Elle
permet de mener la lutte contre la paupérisation de la Santé dans les
campagnes et par la mutualisation évite la fermeture
d’établissement de santé en difficulté.
Elle permet de concilier les résultats topographiques et les nécessités
thérapeutiques.
Dans l’ex Région Midi-Pyrénées, en 2016, nous avons dénombré :
50.686 Actes de Télémédecine ont été réalisés en 2016
146 Projets médicaux de coopération identifiés en 2016
A la fin 2016, 149 Structures représentant 172 sites sont équipées
57 sessions de formation réalisées avec 247 participations de Professionnels de Santé.
AUTEUR
LOUIS LARENG
Professeur des Universités, Président honoraire de l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier,
Directeur du Département universitaire IET Midi-Pyrénées, Président d'Honneur de
l'Observatoire Régional des Innovations et des Usages du Numérique en Santé, Agence
Régionale de Santé Occitanie
Rappel des cadres normatifs :
quel(s) droit(s) en santé à l’heure
du numérique ?
Isabelle Poirot-Mazères
10 Toute règle juridique suppose qu’en soit bien défini l’objet et à cet
égard, rappelons comme le fait Marie-Angèle Hermitte, que le Droit
est un « autre monde » 3 dans lequel les juristes retravaillent le réel
pour construire un univers parallèle : « Je vois le droit comme un
monde propre, écrit-elle, construit par le langage humain en miroir
du monde concret dans lequel les hommes vivent. Même si le droit
traite des réalités du vrai monde et produit sur elles des
conséquences concrètes, c’est un monde purement abstrait » 4 . Les
choses et les êtres sont alors transformés en objets ou sujets de droit,
afin de leur appliquer des règles juridiques générales et finalisées,
sans autre contrainte, toute pragmatique, que celle d’en respecter
les caractéristiques physiques.
11 Si le contenu de la plupart des réglementations juridiques se résume
à poser des normes impératives, prohibitives, permissives, certaines
ne contiennent ni injonction ni autorisation mais se bornent à poser
des énoncés, de nature à définir les objets des règles, à préciser les
termes des dispositions textuelles, ou à ouvrir catégories et
classifications, clefs vers l’application d’un régime juridique. Ainsi,
lorsqu’il est nécessaire de saisir un objet en lui-même, par exemple à
des fins d’organisation d’un marché ou de traçabilité via une
procédure de déclaration ou d’enregistrement, le droit pose une
définition. Mais celle-ci ne vaut qu’en droit, et au regard de l’objectif
visé par la norme. Celle-ci s’inspire alors du réel en s’attachant à
certaines des caractéristiques qui ont du sens au vu du but poursuivi
ou de la fonction que remplit l’objet (ainsi, des définitions du
meuble, du contrat ou, plus singulièrement, du médicament, des
nano substances ou de la donnée de santé 5 ).
12 Le domaine du numérique a vu à cet égard se multiplier les notions
sans que l’on identifie toujours celles ayant une réelle existence en
droit. Dans la nébuleuse de termes et d’expressions, la priorité est de
distinguer ceux qui résultent de textes et sont partagés dans l’Union
européenne. L’un cas des cas les plus topiques est celui de la
télémédecine. Définie par la loi (article L.6316-1 du Code de la Santé
Publique), elle se distingue de la télésanté qui va bien au-delà
puisqu’elle « couvre, outre le domaine médical, le secteur médico-
social 6 », comme elle se distingue de la e-santé, elle-même plus
large encore dès lors que, selon par la Commissaire européenne à la
santé, Androulla Vassiliou, elle renvoie à l’ensemble des « différentes
applications des technologies de l’information et de la
communication aux soins de santé » 7 . Quant à la m-santé ou Mobile
Health, elle est définie par l’OMS (2009) comme recouvrant « les
pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs
mobiles tels que téléphones portables, systèmes de surveillance des
patients, assistants numériques personnels et autres appareils sans
fil ». Dans cet ensemble, seule la télémédecine fait ainsi l’objet d’une
définition juridique qui en détermine, nous le verrons, le régime.
13 Mais le plus souvent, il ne s’agit pas tant de définir que de faire
entrer l’objet du réel dans une catégorie juridique existante, à
laquelle correspond un ensemble de règles précises. Il s’agit alors de
qualifier afin de déclencher l’application d’un régime juridique,
dimension essentielle de la pratique du juriste quel qu’il soit :
traduire des faits en droit, subsumer des objets, actes, situations
« sous des concepts (en particulier des concepts spécifiquement
juridiques) », en vue de la production d'effets de droit 8 . Le
« producteur de droit » ou le juge saisi d’un litige, en fonction de la
finalité qu’il poursuit, identifie des régimes juridiques et y soumet
objets, comportements, situations, au terme de son opération de
qualification.
14 Cette opération, en fonction du degré de précision de la définition,
est plus ou moins contrainte, laissant des marges d’appréciation
variable à celui qui est appelé à appliquer les réglementations ou au
juge en cas de contentieux. Pour prendre un exemple, le code de la
santé publique donne deux définitions du médicament par
présentation ou par fonction. Dès qu’un produit est ainsi identifié,
qualifié comme tel, il est soumis au régime juridique drastique du
médicament, de l’autorisation de mise sur le marché aux restrictions
de commercialisation via le monopole pharmaceutique. Et l’on sait la
guerre que se livrent ici pharmaciens et grandes surfaces à propos
de la qualification d’un certain nombre de produits type vitamine C
9 , tantôt identifiés comme compléments alimentaires tantôt
A – Vigilance et information
humanités.
52 Nul ne doute à cet égard que l’adaptation des professions de santé
par la formation n’est pas qu’une question de technologie, et qu’elle
est aussi un défi culturel et un enjeu de société. Si elle doit préparer
les futurs praticiens à une interrogation permanente « sur le rôle
que doit remplir l’homme face à des machines qui ont été
développées et conçues pour le surpasser sur presque tous les
plans » 69 , elle doit dans le même temps lui apprendre à travailler
en synergie dans un univers « patient centré ». D’autant que dans
cette transformation en profondeur du système de santé, les métiers
eux-mêmes sont appelés à se diversifier, en un double mouvement :
d’une part par les montées en compétences des professions
paramédicales, portées par la télémédecine, la « pratique avancée »
et le recours à des techniques facilitant certains actes autrefois
fortement spécialisés et complexes (75% des pratiques médicales
d’aujourd’hui pourraient être transférées en 2050 à des professions
de santé non médicaux) ; et d’autre part, en raison de l’intégration
nécessaire dans les processus de soins de plus en plus d’ingénieurs et
techniciens de la santé, des bio informaticiens aux datascientits 70 .
En particulier, le recueil et l’interprétation des données du
séquençage global de l’ADN reposant sur des algorithmes de plus en
plus complexes et puissants appellent le recrutement massif
d’ingénieurs et d’informaticiens (professionnels de la santé). Ces
nouveaux acteurs de première ligne, aux côtés des professionnels de
la thérapeutique et de la clinique, se devront d’être associés très tôt
aux formations, et systématiquement être partie prenante -et
responsables juridiquement- des équipes médicales.
53 Pour finir de tracer les grands traits d'un tableau sans doute
incomplet, il faut également imaginer que bien des métiers de la
santé sont en train d’émerger en lien notamment avec la
télémédecine ou les plateformes à haut débit, dont nous n’anticipons
qu’une partie. Pierre Simon cite ainsi comme exemples dans le
champ de la santé, le coordonnateur de télémédecine, le chirurgien
superviseur de robot en télé‑chirurgie ou l’ingénieur qualité en
e‑santé et dans celui des sciences sociales et humaines, le métier de
psychotechnicien(ne) en télémédecine et d’éthicien(ne) des
algorithmes et des robots.
NOTES
1. Enquête OpinionWay du 6 mars 2018, « Les Français et la
prévention en matière de santé à l’heure des objets connectés, de
l’explosion de la data et du développement de l’Intelligence
Artificielle ». Un tiers des sondés sont prêts à aller sur des
plateformes web marchand, les réseaux sociaux ou les moteurs de
recherche pour réaliser une téléconsultation.
2. Odaxa, Baromètre Santé 360° : l’humain dans la santé, 22 janvier
2018. Dans le même sens, « Les professionnels de santé et les objets
connectés », Etude MACSF-Withings Health Institute, février 2017.
3. M.-A. Hermitte, « Le droit est un autre monde », Enquête [En ligne],
7 | 1999, mis en ligne le 15 juillet 2013. URL :
http://journals.openedition.org/enquete/1553
4. M.-A.Hermitte, « Le droit saisi au vif. Sciences, technologies, formes
de vie », Entretiens avec François Chateauraynaud, Pragmatismes,
2013, p. 162.
5. M.-A. Hermitte : « Cela explique que les juristes passent leur temps,
face à une situation nouvelle, à s'interroger sur la "nature juridique"
de ceci ou de cela (...). Le droit est un monde foisonnant mais un
monde rangé. Chaque opération doit pouvoir être mise dans un
tiroir ou plusieurs tiroirs déterminés ; si c'est trop difficile, il faut
créer un nouveau tiroir », ibid., p. 345.
6. Selon le rapport de P. Lasbordes, « la télésanté est l'utilisation des
outils de production, de transmission, de gestion et de partage
d'informations numérisées au bénéfice de pratiques tant médicales
que médico-sociales », rapport, La télésanté : un nouvel atout au service
de notre bien-être. Un plan quinquennal éco-responsable pour le
déploiement de la télésanté en France, p. 37, 15 octobre 1999.
7. Dans le même sens la définition de l’OMS met en avant le recours
aux TIC. Le rapport de la 58ème Assemble mondiale traduit e Health
par cyber santé et en donne la définition suivante : l’utilisation des
« TIC à l’appui de l’action de santé et dans des domaines connexes,
dont les services de soins de santé, la surveillance sanitaire, la
littérature sanitaire et l’éducation, le savoir et la recherche en
matière de santé », Genève 16-25 mai 2005, p. 114 et s.
Cf pour un périmètre assez proche, voir, pour la position de la
Commission européenne, dans un document européen sur « La e-
santé en Europe », Gérard Comyn, chef d’unité « TIC pour la santé »,
« La e-santé : une solution pour les systèmes de santé Européens ? »,
mai-juin 2009, n° 17, p. 2.
8. P. Amselek, Cheminements philosophiques. Dans le monde du droit et des
règles en général, Armand Colin, 2012, p. 445.
9. Cour de cassation, Crim., 30 janvier 2018, n° 17-80259 ; Crim., 18
juin 2013, n° 11-86921 ; Crim. 22 février 2011, n° 10-81.742, Bull. crim.
2011, n° 35 ; Crim., 19 mai 2009, n° 08-83.747, Bull. crim. 2009, n° 99.
10. X. Labbée, « Respect et protection du corps humain. L'homme
robotisé », JurisClasseur civil, Code articles 16 à 16-14, n° 7 ; Pascal
Labbée, « L’homme augmenté à l’épreuve de la distinction des
personnes et des choses », in X. Labbée (dir.), L’homme augmenté face
au droit, 2015, p. 46 et s. ; C. Lazaro, La prothèse et le droit. Essai sur la
fabrication juridique des corps hybrides, Paris : IRJS Éditions, coll. « Les
voies du droit », 2016, 480 p.
11. R. 5211-2 du code de la santé publique.
12. Ainsi des médicaments « combinés de thérapie innovante ».
Articles L. 4211-9-1 et R. 4211-32 et s. du code de la santé publique ;
article L. 5121-5 alinéa 3 du code de la santé publique (Bonnes
Pratiques).
13. Exemple du style injecteur intelligent connecté. Par ailleurs, le
laboratoire Roche et l'éditeur Voluntis ont mis au point un
« compagnon digital », Zemy, en cours d'essais, pour le suivi
personnalisé et à distance des patientes traitées pour un cancer du
sein. Il s'agit d'un dispositif médical logiciel thérapeutique, se
présentant sous la forme d'une application mobile pour les patients
et d'une plate-forme web pour les professionnels de santé. C'est un
dispositif plus complexe que d'autres, car l'application embarque un
montage d'algorithmes médicaux qui vont induire la prise de
décisions thérapeutiques.
14. La FDA a récemment autorisé la mise sur le marché de l’Abilify
MyCite, pilule numérique, produite par les sociétés Otsuka
Pharmaceutical, au Japon, et Proteus Digital Health, aux Etats-Unis,
qui est une nouvelle version d’un médicament utilisé depuis 2002
pour traiter la schizophrénie, les troubles bipolaires et la dépression.
L’innovation tient au fait que cette pilule contient un capteur à base
de silicone, cuivre et magnésium, qui une fois la pilule avalée est
capable de transmettre un signal vers un patch collé sur la peau.
L’information est ensuite transmise par Bluetooth sur une
application pour smartphone, afin qu’elle soit visible pour le patient
et les personnes y ayant accès.
15. HAS, « Travaux sur les spécificités méthodologiques d'évaluation
clinique des dispositifs médicaux connectés », 23 avril 2018. Elle
prépare aussi un guide à destination des patients et professionnels
de santé sur les applications et objets connectés de santé.
Pourrait être envisagée à terme une évaluation plus dynamique,
adaptée à la mutabilité des solutions technologies et de l'IA, qui
porterait non sur les produits mais sur les opérateurs eux-mêmes. Cf
en ce sens, aux Etats-Unis, le programme Digital Health Software
Precertification (Pre-Cert).
16. Cf sur cette visée médicale CJUE 15 novembre 2012, Brain
Prodducts GMBH, aff. C-219/11.
17. Point 28, CJUE, 7 décembre 2017, Syndicat national de l’industrie des
technologies médicales (Snitem), Philips France contre Premier ministre,
Ministre des Affaires sociales et de la Santé, n° C-329/16.
18. Guidelines on the qualification and classification of stand-alone
software used in healthcare within the regulatory framework of
medical devices, MEDDEV 2.1/6, January 2012.
19. Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 (art. 78), article L.6316-1 CSP :
« Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs
professionnels de santé, parmi lesquels figure nécessairement un
professionnel médical et, le cas échéant, d'autres professionnels
apportant leurs soins au patient. Elle permet d'établir un diagnostic,
d'assurer, pour un patient à risque, un suivi à visée préventive ou un
suivi post-thérapeutique, de requérir un avis spécialisé, de préparer
une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire
ou de réaliser des prestations ou des actes, ou d'effectuer une
surveillance de l'état des patients ».
20. Les actes de télémédecine, définis dans le décret n° 2010-1229 du
19 octobre 2010, sont des actes médicaux. Ils sont actuellement au
nombre de cinq : téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance,
téléassistance médicale et régulation médicale.
21. L.4161-1 code de la santé publique.
22. Réalisation de rétinographie par l’orthoptiste, reconnue et
financée en CCAM depuis septembre 2014 ; modification de la dose
d’insuline par l’infirmier dans le cadre de la télé-diabétologie
(Cf. système Diabeo et l’étude clinique Télésage : des infirmières en
région assurent le télésuivi de patients dans le cadre d’une
délégation de tâches, conformément au protocole de coopération
validé par la HAS sur le « Suivi de patients diabétiques traités par
insuline munis d’un carnet glycémique électronique et surveillés par
télémédecine avec prescriptions et soins par l’infirmier en lieu et
place du médecin. » Il s'agit du premier protocole de coopération
dans le diabète) ; conduite thérapeutique pour les plaies chroniques
complexes par l’infirmier expert en plaies.
23. L. Art. L. 4301-1, Code de la santé publique.
24. Déjà en 1956, le doyen Savatier soulignait « le droit médical se
centre autour de l’acte médical. Celui-ci, propre au médecin, doit
être défini par le juriste », in Traité de droit médical, Librairie
technique, 1956, n° 1, p. 11. Cf Brigitte Feuillet, « L’évolution de la
notion d’acte médical » in F. Bellivier et C. Noiville, Nouvelles frontières
de la santé, nouveaux rôles et responsabilités du médecin, Dalloz, 2006,
p. 204.
25. Ainsi en matière de preuve, le juge administratif applique aux
actes de soin courants un régime de présomption de faute. Le Conseil
d’Etat considère en effet que « la circonstance qu’un acte de soins
courant a entraîné une incapacité permanente révèle en principe
une faute de nature à engager la responsabilité du service public
hospitalier ». Il est ainsi amené à définir au cas par cas ce qu’est un
acte de soins courants : c’est le cas de de la pose d’une voie veineuse
provoquant une atteinte traumatique du nerf médian (Conseil d’État,
5ème et 4ème Chambres réunies, 10 mai 2017, n° 390082) mais non
de l’intubation d’un patient en vue d’une anesthésie générale
(Conseil d’Etat, 21 octobre 2009, n° 314759), ni de la radiothérapie
qui « ne peut être regardée comme un acte de soins courants » (CAA
Lyon, 18 mai 2010, n° 09LY01798).
26. Joël Moret-Bailly, « L’organisation juridique des professions :
logiques et contraintes », adsp n° 70, mars 2010, p. 24-25.
27. JOUE, 2016, L 119, 4 mai. En l'absence de définition légale, il
fallait jusqu'ici se reporter à la jurisprudence française et
européenne pour déterminer ce qui relevait du champ des données
de santé. Le nouveau règlement européen propose désormais une
définition des données de santé à caractère personnel : « données à
caractère personnel relatives à la santé physique ou mentale d'une
personne physique, y compris la prestation de services de soins de
santé, qui révèlent des informations sur l'état de santé de cette
personne ». Ces données comprennent « toute information
concernant, par exemple, une maladie, un handicap, un risque de
maladie, un dossier médical, un traitement clinique ou l'état
physiologique ou biomédical de la personne concernée,
indépendamment de sa source, qu'elle provienne par exemple d'un
médecin ou d'un autre professionnel de la santé, d'un hôpital, d'un
dispositif médical ou d'un test de diagnostic in vitro ». Le règlement
définit aussi à l’échelle européenne les « données génétiques »,
« relatives aux caractéristiques génétiques héréditaires ou acquises
d'une personne physique qui donnent des informations uniques sur
la physiologie ou l'état de santé », et les données biométriques,
« résultant d'un traitement technique spécifique, relatives aux
caractéristiques physiques, physiologiques ou comportementales
d'une personne physique ».
28. CJUE, 7 décembre 2017, C-329/16 : elle y précise que s’agissant de
la finalité poursuivie, un logiciel en lui-même est un dispositif
médical lorsqu’il est spécifiquement destiné par le fabricant à être
utilisé dans un ou plusieurs des buts médicaux figurant dans la
définition d’un dispositif médical, ce qui est le cas d’un logiciel dont
l’une des fonctionnalités permet l’exploitation de données propres à
un patient, en vue de détecter des contre-indications, des
interactions médicamenteuses et des posologies excessives. Et ceci,
peu importe qu’il n’agisse pas directement sur le corps ou dans le
corps humain.
29. HAS, Guide pour le dépôt d’un dossier auprès de la Commission
nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et technologies de santé
(CNEDiMTS). Dispositifs médicaux connectés, novembre 2017.
30. HAS, Référentiel de bonnes pratiques sur les applications et les objets
connectés en santé, Mobile Heath ou mHealth, octobre 2016. Ce
référentiel ne traite donc pas des applications ou objets connectés
reconnus comme « dispositifs médicaux » (par exemple : relevant de
la télémédecine tels que les défibrillateurs ou pompes à insuline
connectés) qui font déjà l’objet de contrôles via un marquage CE
réglementé au niveau européen.
31. T. Paljarvi « Health smart devices and applications for
prevention - a cautionary note », European Journal of Public Health,
vol. 27, 2017, n° 3, p. 391. L’auteur estime en particulier que le
développement d’un système d’accréditation européen de qualité
des produits couvrant le cycle de vie du produit pourrait être une
option pour assurer la conformité des produits aux standards et
recommandations.
32. Ce renforcement de la sécurité s’impose en premier lieu au
fabricant qui doit respecter les divers cadres juridiques dans lesquels
il s’inscrit (RGPD, règlements relatifs aux DM, normes, guides et
recommandations). Mais cette recherche concerne tous les
professionnels de santé et les établissements utilisateurs des DM
connectés, qui doivent dans leurs pratiques et fonctionnement
quotidiens, intégrer des mesures de sécurité nécessairement adaptés
aux profils des usagers et patients. Ce contexte appelle la mise en
place rapide d’actions coordonnées en matière de formation,
d’information, de normalisation, d’élaboration de protocoles ou de
contrôles.
33. GT28 CSF, Rapport « Créer les conditions d’un développement
vertueux des objets connectés et des applications mobiles en santé »,
16-1-2017.
34. Cf Pour les médicaments, B. Bégaud, D. Polton, F. von Lennep, Les
données de vie réelle, un enjeu majeur pour la qualité des soins et la
régulation du système de santé. L’exemple du médicament, décembre
2017.
35. Pour assurer la sécurité et la confidentialité des données
personnelles, un amendement a été adopté au Sénat le 21 mars 2018
au cours de la discussion du projet de loi relatif à la protection des
données personnelles, qui prévoit un dispositif de labellisation des
objets connectés, qui serait mis en œuvre par la CNIL.
36. La fiabilité des données et des algorithmes notamment dans un
contexte d’apprentissage est cardinale. C’est l’un des axes du
référentiel de la HAS et au cœur des réflexions de la CNIL (Rapport
de synthèse, Comment permettre à l'homme de garder la main ? Les enjeux
éthiques des algorithmes et de l'intelligence artificielle, décembre 2017).
37.Médecins et patients dans le monde des data, des algorithmes et de
l’intelligence artificielle. Analyses et recommandations du CNOM,
décembre 2017.
38. OPESCT, Rapport C. De Ganay et D. Gillot, « Pour une IA maîtrisée,
utile et démystifiée » mars 2017, p. 155.
39. Ziad Obermeyer, Ezekiel J. Emanuel, « Predicting the Future - Big
Data, Machine Learning, and Clinical Medicine », New England Journal
of Medicine, 2016 ; 375:1216-1219. Voir notamment, N. Nevejans, Traité
de droit et d’éthique de la robotique civile, LEH Edition, 2017, n° 1080.
40. Cf C. Vincent, « La bataille des docteurs Internet », Les Echos, 16
juin 2017 : « La gestion des appels revient entre 500 et 1000 euros par
mois à un généraliste », rappelle ainsi Thibault Lanthier, le DG et
cofondateur de MonDocteur. À l'AP-HP, on évalue à 17% la part des
rendez-vous perdus par négligence ou faute d'avoir pu les annuler
ou les modifier. « Or un rendez-vous non honoré coûte 53 euros à la
collectivité », rappelle Étienne Grass. L'abonnement mensuel à
MonDocteur, comme à Doctolib d'ailleurs, coûte seulement une
centaine d'euros au médecin, sans engagement et le service est
gratuit pour le patient. « Dans les hôpitaux nouvellement équipés,
on a atteint 15% de prise de rendez-vous en à peine un mois, preuve
qu'il existe une vraie demande », assure Étienne Grass.
41. Sur le recours au smartphone, Cf « Applis smartphone et santé :
promesses et menaces », JDSAM, n° spécial, 2014, et notamment, J.-
F. Thebaut, « Les applis mobiles smartphones au service de la pratique
médicale et de la prise en charge des patients », p. 17.
42. P. Desmarais, « Responsabilité et smartphones », JDSAM,
n° spécial, préc. p. 43 ; G. Loiseau, « Intelligence artificielle et santé.
Responsabilité », JDSAM, n° 17, 2017, p. 21.
43. Sur le recours aux smartphones dans le cadre de l'éducation
thérapeutique du patient, C. Rambaud, « La révolution numérique et
l'éducation thérapeutique du patient », JDSAM, n° spécial, préc.
p. 13.
44. Les jeux vidéo thérapeutiques de Curapy.com font l’objet
d’études menées avec des partenaires scientifiques et cliniques. Par
exemple, GENIOUS Healthcare a un laboratoire de recherches
commun (LabCom) avec l’Institut du Cerveau et de la Moelle
Epinière (ICM).
45. De nombreuses solutions sont en cours de développement, par
exemple dédiées au suivi en vie réelle et l'auto-évaluation de
patients atteints d'hypertrophie bénigne de la prostate, pour assurer
le suivi de l'évolution de la sclérose en plaques ou celui de patients
diabétiques et autres objets connectés pour la surveillance du
sommeil, le suivi des femmes enceintes ou de patients sous
respirateur.
46. E. Lobel et F. Eon, « La messagerie sécurisée pour les
professionnels de santé : enjeux et perspectives », JDSAM, préc. p. 20.
47. « Données de santé, messagerie électronique et fax », décembre
2015, https://www.cnil.fr/fr/donnees-de-sante-messagerie-
electronique-et-fax
48. Une messagerie sécurisée comme MS Santé, Medimail, gratuites
ou Apicrypt payante. Les messageries sécurisées ne sont toutefois
pas faites pour héberger des données de santé...
49. Rapport 2018, « Les services publics numériques en santé : des
avancées à amplifier, une cohérence à organiser », p. 218.
50. Fin novembre 2017, la Cour relève que 78% des médecins
généralistes libéraux utilisaient une messagerie sécurisée contre
seulement 42% des médecins spécialistes.
51. Couramment sont invoqués des dysfonctionnements récurrents
et les bugs qui alourdissent le recours aux messageries par les
professionnels via leurs logiciels médicaux : rechargement
intempestif de fichiers pourtant supprimés, impossibilité d’émettre
des messages, copier-coller de comptes rendus, qui deviennent
illisibles à la réception, messages écrits sous Mac qui ne sont plus lus
sous PC…
52. L.1111-1 du code de la santé publique.
53. GT28 CSF, Rapport préc. p. 26.
54. L. Alexandre, « La mort des médecins », Les Tribunes de la santé,
2017/1, n° 54, p. 43-47.
55. G. Vallancien, La médecine sans médecin ? Le numérique au service du
malade, Gallimard, 2015 ; C. Lequillerier, « L’impact de l’intelligence
artificielle sur la relation de soin », JDSAM, n° 17, p. 14.
56. Livre blanc, préc. p. 21.
57. Cf le Cnom, citant une étude d’Erice Topol publiée dans le Lancet,
www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-
6736%2817%2931764/fulltext
58. La FDA a autorisé en avril 2018 le premier logiciel autonome
intégrant l'IA pour le dépistage de la rétinopathie diabétique (IDx-
DR). Le dispositif fournit un dépistage sans qu'un spécialiste examine
le patient ou l'image. Il peut ainsi être utilisé par un professionnel de
santé non habilité à dispenser des soins oculaires. Si le dépistage est
positif, le patient est ré-orienté vers un spécialiste. Cela libère du
temps médical sans un domaine, l'ophtalmologie, sous tension. Mais
si l'algorithme se trompe (une fois sur dix), reste posée la question
de la responsabilité.
59. L. Pierron, A. Evennou, La santé à l’heure de l’intelligence artificielle,
rapport Terra Nova, 5 décembre 2017, p. 15-17.
60. HCAAM, Innovation et système de santé, Rapport, avril 2016, p. 61.
61. Ibid.
62. Livre blanc sur Médecins et patients dans le monde des data, des
algorithmes et de l'IA, préc. p. 29.
63. Anne-Sophie Plichet, Simerror : un serious game sur la chambre des
erreurs, thèse Université de Rouen, UFR de médecine et de
pharmacie, 2017.
64. https://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_2807140/fr/simulation-en-sante
65. Sur les enjeux et difficultés, Cf Libre Blanc, p. 32-33.
66. Propositions de la Conférence des doyens aux candidats à
l’élection présidentielle, 20 février 2017.
67. Livre Blanc, préc. p. 30.
68. C'est l'une des propositions du rapport Villani qui propose
notamment de « transformer les voies d'accès aux études en
médecine » afin de « diversifier les profils » et les ouvrir à des
étudiants spécialisés dans le domaine de l'informatique et de l'IA. Cf
C. Villani, Donner un sens à l'intelligence artificielle, 2018, p. 198.
69. Terra Nova, préc. p.24.
70. Ce besoin va s’exprimer particulièrement dans le domaine de la
recherche, car les profils data permettent de construire des systèmes
destinés à exploiter de larges volumes de données variées et de les
analyser. Cas exemplaire : le partenariat noué entre l'école
Polytechnique et la CNAM pour exploiter la gigantesque base de
données du Sniiram, le système national inter-régimes de
l'assurance maladie, et évaluer, entre autres, la dangerosité de
certains médicaments.
71. Cf l’étude sur le Big Data dans le domaine de la santé publique, de la
télémédecine et des soins médicaux, commandée par la Commission
européenne et par l'Agence exécutive pour les consommateurs, la
santé et l'alimentation (Consumers, Health and Food Exectucive
Agency, CHAFEA), Study on Big Data in public health, telemedicine and
haelthcare, final report, dec. 2016.
72. L. Cambon, « Health smart devices and applications… towards a
new model of prevention ? », European Journal of Public Health,
vol. 27, juin 2017, n° 3, p. 390) : l’auteur relève que les applications en
santé favorisent la surveillance et la mesure du risque comme
l’incitation à l’adoption d’un comportement bénéfique pour sa santé.
Pour autant, on ne peut en conclure d’emblée à l’émergence d’un
nouveau modèle de prévention. Les preuves relatives à leur efficacité
manquent et elles présentent des risques en termes d’utilisation des
données personnelles. Par ailleurs, il ne suffit pas de s’interroger
seulement sur l’efficacité des applications en la matière mais aussi
sur les objectifs et les conditions de leur utilisation en prévention.
73.Comment permettre à l’homme de garder la main…, préc. p. 62.
74. Voir sur cette question, notamment C. Erhel et L. de la Raudière,
Les objets connectés, Rapport d’information, janvier 2017, p. 50 et s.
75. La France possède environ 260 bases de données publiques dans
le domaine de la santé, et le portail épidémiologie-France recense
jusqu'à 500 bases de données médico-économiques, cohortes,
registres, et études en cours. Le SNIIRAM est la plus riche des bases
de données médico-administratives et parmi les cohortes, on peut
citer NutriNet-Santé qui récolte une multitude de données sur le
mode de vie, la santé et les habitudes alimentaires de 500 000
français.
76. Article L1461-1 du code de la santé publique.
77. Voir CNIL, Comment permettre à l’homme de garder la main ? Les
enjeux éthiques des algorithmes et de l’intelligence artificielle, décembre
2017, p. 39 et les recommandations formulées.
78. C. Théard-Jallu, « La blockchain au service de la santé ? L’exemple
de la collecte du consentement du patient dans un essai clinique »,
Revue Droit des Affaires, septembre 2017, n° 129.
79. Voir entre autres, HCAAM, Le numérique, document 1, 2015,
préc. p. 12 et s.
80. Article 51 Loi n° 2017-1836 du 30 décembre 2017 de financement
de la sécurité sociale pour 2018, article L. 162-31-1 du code de la
sécurité sociale.
81. Renaissance numérique, Livre blanc 17 idées pour la e-santé en 2017,
mars 2017.
82. Rapport Claude de Ganay et D. Gillot, mars 2017, p. 205.
83. S. Canselier, « L'intelligence artificielle au coeur d'un rapport de
l'OPECST », Dictionnaire permanent Santé, bioéthique,
biotechnologies, juillet 2017, p. 6-7 : « il est difficile de comprendre
cette faveur pour la régulation – c’est-à-dire pour le recours aux
normes techniques et aux guides de bonnes pratiques – lorsque l’on
mesure la part d’influence que les grands groupes industriels
peuvent exercer dans les lieux où ces normes sont élaborées. La
norme juridique a une légitimité démocratique dont ces dernières
sont dépourvues. De ce point de vue, il peut paraître contradictoire
de mettre en avant le débat public et le choix démocratique tout en
dévalorisant le droit par rapport aux autres normativités. ».
AUTEUR
ISABELLE POIROT-MAZÈRES
Professeur de droit public, Institut Maurice Hauriou, Université Toulouse 1 Capitole
La donne européenne
Santé, numérique, droit-s et
Europe : interactions et
conséquences
Michèle Thonnet
15 L’un des textes les plus porteurs du sens des politiques européennes
en santé est certainement la directive 2011/24/UE relative à
l’application des droits des patients en matière de soins de santé
transfrontaliers, dite directive ‘mobilité’/ droits des patients, qui
vise à « garantir la mobilité des patients et la libre prestation de
services de santé ». Elle pose les conditions dans lesquelles un
citoyen/patient voyageant dans un autre pays de l’UE que le sien,
peut y recevoir des soins et obtenir un remboursement. Elle porte
sur les coûts des soins de santé, les prescriptions, la fourniture de
médicaments et les dispositifs médicaux 1 . L’objectif est de donner
aux citoyens de l’UE le droit de bénéficier de soins de santé dans
n’importe quel pays de l’UE et d’être remboursés par leur pays
d’origine pour des soins dispensés à l’étranger. C’est dans ce texte
qu’est évoqué pour la première fois le droit de l’e‑santé, de la santé
en ligne, incluant la santé mobile et que sont également formulés les
questionnements sur la télémédecine. La définition des « soins de
santé » par la directive est à cet égard intéressante par l’étendue
qu’elle entend couvrir : il s’agit des « services de santé fournis par
des professionnels de la santé aux patients pour évaluer, maintenir
ou rétablir leur état de santé, y compris la prescription, la délivrance
et la fourniture de médicaments et de dispositifs médicaux »
(article 3).
16 C’est alors bien une première ouverture subreptice aux compétences
de l’UE en santé qui sera confirmée par les chapitres définissant
d’une part les responsabilités respectives et d’autre part le champ
concerné. En matière de responsabilités sont précisés les rôles et
devoirs respectifs de l’Etat Membre d’affiliation et de celui de
traitement ainsi que les principes généraux applicables au
remboursement des coûts des soins de santé transfrontaliers (régime
d’autorisation préalable uniquement nécessaire et proportionné) et
aux procédures administratives correspondantes. S’agissant du
champ couvert, le directive précise que les Etats membres se prêtent
assistance mutuelle et coopèrent en matière de qualité, de sécurité
et par l’échange d’informations.
17 Le principe de la reconnaissance mutuelle des prescriptions est
établi, comme est prévue la création de réseaux européens de
référence entre prestataires de soins de santé et centres d’expertise
dans les Etats Membres, en particulier pour les maladies rares.
18 Dans la foulée, afin de pouvoir mettre en œuvre ces principes et de
partager les données via des échanges électroniques a été mis en
place le Réseau santé en ligne (eHealth Network) 2 , réseau volontaire
d'autorités nationales responsables de la santé en ligne, créé en
application de la directive européenne sur les soins de santé
transfrontaliers. Les objectifs de départ de ce réseau européen en
e‑santé semblaient assez modestes et consistaient à soutenir et
faciliter l’échange d’informations entre les Etats Membres en
œuvrant à la mise en place de systèmes et de services européens en
ligne interopérables de manière à « atteindre un niveau élevé de
confiance et de sécurité, à renforcer la continuité des soins et à garantir
l’accès à des soins de santé de qualité élevée et sûrs ». C’est ainsi qu’il lui a
été demandé d’élaborer des lignes directrices dans le domaine de la
santé en ligne, de renforcer la coopération entre les systèmes
électroniques de santé et donc de contribuer à améliorer la
continuité des soins. Cette création a ainsi eu des répercussions
importantes sur la manière dont pouvait être décliné au plan local,
régional, ou national tout un ensemble de dispositifs permettant de
faciliter l’accès aux soins et la coordination des soins transfrontaliers
et ce, par la simplification et la fluidification de la circulation et de
l’échange de données dématérialisées, notamment de santé.
19 C’est ainsi que le réseau santé en ligne, en s’appuyant sur des
comités et groupes de travail collaboratifs composés de
représentants de chacun des Etats Membres, a d’abord concentré ses
travaux sur un cadre commun européen d’interopérabilité (European
Interoperability Framework) s’appuyant sur des normes et standards de
fait et privilégiant la sécurisation des données. Afin de faciliter la
mise en place des échanges, un modèle en « couches » (LOST :
aspects Légaux, Organisationnels, Sémantiques et Techniques) a été
conçu et adopté par le Réseau de manière à masquer la complexité
du dispositif et à faciliter son évolution à l’heure des progrès
cliniques et technologiques rapides et des nombreux changements
réglementaires et organisationnels.
III – Perspectives
A – Des constats pour une construction en cours
NOTES
1. Nathalie De Grove-Valdeyron (2011), « La directive relative aux
droits des patients en matière de soins de santé transfrontaliers :
Véritable statut juridique européen du patient ou simple
clarification d'un régime de mobilité ? », Revue trimestrielle de droit
européen (RTDE), 2 (2). p. 299-327.
2. Recouvre l’ensemble des domaines où les technologies de
l’information et de la communication (TIC ou ICT) sont mises au
service et vise à améliorer les activités du secteur de la santé .
3. Directive 2013/55/UE du Parlement européen et du Conseil du 20
novembre 2013 modifiant la directive 2005/36/CE relative à la
reconnaissance des qualifications professionnelles et le règlement (UE)
n° 1024/2012 concernant la coopération administrative par l’intermédiaire
du système d’information du marché intérieur, JOUE, 28 décembre 2013,
L 354/132.
4. Ex : Si une infirmière a dans son pays (B) le droit de réaliser une
prescription médicamenteuse, un patient en mobilité dans le pays B
doit pouvoir se voir délivrer et rembourser (le cas échéant) les
médicaments prescrits de retour dans son pays d’origine (A), quand
bien même dans celui-ci le corps des infirmières ne dispose pas de ce
droit.
5. Règlement du 23 juillet 2014 sur l’identification électronique et les
services de confiance pour les transactions électroniques au sein du marché
intérieur et abrogeant la directive 1999/93/CE, JOUE 28 août 2014,
L 257/73.
6. Règlement 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27
avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du
traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces
données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la
protection des données), JOUE 4 mais 2016, L 119/1. « Le présent
règlement s'applique au traitement de données à caractère
personnel, automatisé en tout ou en partie, ainsi qu'au traitement
non automatisé de données à caractère personnel contenues ou
appelées à figurer dans un fichier. ».
7. Le législateur subordonne tout usage non strictement intime de
données à caractère personnel à l’existence d’une finalité considérée
comme légitime par celui-ci. A défaut, le traitement est illicite :
Art 9 du RGPD : Traitement portant sur des catégories
particulières de données à caractère personnel : « …le traitement
des données génétiques, des données biométriques aux fins
d'identifier une personne physique de manière unique, des données
concernant la santé ou des données concernant la vie sexuelle ou
l'orientation sexuelle d'une personne physique sont interdits. ».
8. Art 4 §15 : « données concernant la santé », les données à
caractère personnel relatives à la santé physique ou mentale d'une
personne physique, y compris la prestation de services de soins de
santé, qui révèlent des informations sur l'état de santé de cette
personne.
9. Directive (UE) 2016/1148 du Parlement européen et du Conseil du
6 juillet 2016 concernant des mesures destinées à assurer un niveau élevé
commun de sécurité des réseaux et des systèmes d'information dans l'Union,
JOUE 19 juillet 2016, L 194/1.
10. Service numérique : « tout service fourni à distance, contre
rémunération ».
11. Cette cadence se poursuit au même rythme avec notamment les
propositions de nouveaux règlements tels que :
REG… on free flow of non personal data (pour compléter le cadre
juridique sur les données non personnelles).
REG… on e-Privacy (visant à « assurer un niveau élevé de protection
des données issues des communications électroniques, telles celles
en provenance des terminaux collectées par les fournisseurs de
services et de logiciels (cookies) permettant de telles
communications ».
AUTEUR
MICHÈLE THONNET
Membre du réseau européen e‑santé, Chair "global positioning & coopération" TF, e‑Santé
Europe et International
Lecture du droit européen
numérique de la santé :
conséquences sur les patients,
l’accès aux soins, la circulation
des patients
Nathalie De Grove-Valdeyron
27 Les prestations d’e santé sont avant tout des services qui présentent
la particularité d’être fournis à distance (par le recours aux TIC). Le
terme télésanté 52 est parfois utilisé. Si le patient reste dans son Etat
d’origine, donc n’opère pas un déplacement, mais que le service lui
est fourni à distance (par le moyen d’internet) les art. 56 et 57 du
TFUE relatifs à la libre prestation de service ont vocation à
s’appliquer. Toute restriction à la libre circulation de ces services de
soins est interdite par le traité, selon une jurisprudence désormais
bien établie mais au-delà des règles de droit primaire, des actes de
droit dérivé ont aussi vocation à s’appliquer. Les deux textes de
référence sont la directive 2011/24/UE et la directive 2000/31
TCE (1), le rattachement à ces textes pouvant être dans certains cas
problématique (2). Par ailleurs la transmission de données de santé
implique aussi une protection particulière du patient (3).
a) La télémédecine
NOTES
1. Voir infra ce qui relève de la télémédecine clinique ou seule une
coordination des législations nationale semble envisageable au
niveau de l’Union européenne.
2. Voir N. De Grove-Valdeyron, Droit européen de la santé, LGDJ 2013. E.
Brosset, « De l’intérêt de considérer le droit de l’Union européenne de
la santé : droit « miroir » ou droit « laboratoire », LPA décembre
2015, n° 239, p. 8.
3. Pour autant qu’il n’y ait pas eu d’harmonisation européenne
complète dans le domaine concerné, que la mesure n’ait pas un
caractère discriminatoire et qu’elle soit nécessaire, proportionnée,
et désormais, cohérente par rapport à l’objectif visé, la Cour de
justice de l’Union veillant scrupuleusement au respect de ces
conditions.
4. E. Brosset, « La justification aux entraves aux libertés pour des
raisons de protection de la santé », in Droit européen et protection de la
santé, Bilan et perspectives, Bruylant, 2015, p. 101.
5. CJCE, 19 mai 2009, Apotherkerkammer des Saarlandes, aff. C-171/07 et
C-172/07, ECLI :EU :C :2009 :316 point 28 et CJCE, 19 mai 2009,
Commission c/ Italie, aff. C- 531/06, ECLI :EU :C :2009 :315 point 52.
6. CJCE, 12 juill. 2001, Smits et Peerbooms, aff. C-157/99,
ECLI :EU :C :2001 :404 CJCE, 13 mai 2003, Müller Fauré et Van Riet, aff.
C-385/99, ECLI:EU:C:2003:270.
7. CJCE, 10 mars 2009, Hartlauer, aff. C-169/07, ECLI: EU: C.2009:141.
8. N. De Grove-Valdeyron, Les enjeux communs de sécurité en matière
de santé publique, quelle influence sur le droit pharmaceutique
européen ?, Dossier spécial de la Revue des affaires européennes (dir.
E. Brosset).
9. L’article 35 de la charte de droits fondamentaux va dans le même
sens en reconnaissant le droit de toute personne d’accéder à la
prévention en matière de santé et de bénéficier de soins médicaux
« dans les conditions établies par les législations et pratiques
nationales ».
10. L'action de l'Union est menée dans le respect des responsabilités
des États membres en ce qui concerne la définition de leur politique
de santé, ainsi que l'organisation et la fourniture de services de santé
et de soins médicaux.
11. M. Blanquet et N. De grove-Valdeyron, Avant- propos, L’Union
européenne à l’heure des droits des patients, RAE 2011/3 et
M. Blanquet, Les soins de santé transfrontaliers en Europe :de la
difficulté de codifier une jurisprudence libérale, Etudes de droit
communautaire de la santé et du médicament, IRDEIC V/2009, Toulouse,
PUSS, 2009.
12. CJCE, 28 avril 1998, Kohll, aff. C-158/96, ECLI :EU :C :1998 :171 §20.
13. La directive 2011/24/UE du 9 mars 2011 relative à l’application
des droits des patients en matière de soins de santé transfrontaliers
(JO L 88 du 4 avril 2011) est venue mettre un terme à cette
jurisprudence jugée trop libérale de la Cour en clarifiant les règles
du remboursement des soins.
14. Par exemple, dans le domaine des médicaments, la directive
65/65 du 26 janvier 1965, JO 22 du 9 février 1965.
15. Règlement (UE) 2017/745 du Parlement européen et du Conseil
du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux, Règlement (UE)
2017/746 du Parlement européen et du Conseil du 5 avril 2017 relatif
aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro, JO L 117 du 5 mai
2017.
16. E Brosset, Le droit à l’épreuve de la e-santé : quelle « connexion »
du droit de l’Union européenne, RDSS 2016, p. 689.
17. Stratégie de l’Union pour le marché unique numérique COM
(2015)192 et pour la stratégie à mi-parcours : COM (2017) 228 final,
10 mai 2017.
18. COM (2017) 495 final, 13 septembre 2017, Proposition de
règlement du Parlement européen et du Conseil concernant un cadre
applicable à la libre circulation des données à caractère non personnel
dans l’Union européenne et COM (2018) 232, 25 avril 2018 « Vers un
espace commun des données ».
19. COM (2016)176 notamment point 3.1.2 de la communication.
20. Il faudra à cet égard distinguer les données anonymisées ou
pseudonymisées des données personnelles identifiant la personne
pour lesquelles des mesures de protection existent.
21. Directive 2011/24/UE du 9 mars 2011, précitée considérant n° 56.
22.J. Damon, La révolution numérique : sécurité sociale 2.0 et
médecine « 5 P », RDSS 2017, p. 925.
23. Voir Bruno Scala, « L’e-santé à l’ère du numérique » Dossier Grand
angle, Sciences et santé n° 29-janvier-février 2016, p. 22 et s.
24. Voir aussi le lien
http://www.irdes.fr/documentation/syntheses/e-sante.pdf, p. 8 à
37. P. Simon, Télémédecine : enjeux et pratiques– Editions Le Coudrier,
2015.
25. COM (2004) 356 du 30 avril 2004.
26. La télémédecine recouvre en droit français la téléconsultation, la
télé-expertise, la téléassistance la télésurveillance médicale.
27. Cette catégorie a explosé avec le développement des
smartphones et des applis de santé qu’ils proposent depuis ces cinq
dernières années.
28. Ibid .
29. COM (2012)736 final du 6 décembre 2012.
30. On retrouve ici des éléments présents dans le troisième
programme d’action en matière de santé qui vise à utiliser la santé
comme un facteur d’investissement pour l’avenir, la santé devant
être au service de la croissance.
31. Dès le deuxième programme d’action pour la santé publique
(2008-2013) la Commission insistait sur la nécessité de renforcer
l’espace européen de santé en ligne (considérant 21) et de tenir
compte de la télémédecine, en considérant que « les applications
dans ce domaine peuvent favoriser la prestation de soins de santé
transfrontaliers ».
32. Art. 14 de la directive 2011/24/UE, précitée.
33. Décision (UE) 2015/ 2240 du 25 novembre 2015 établissant le
programme ISA 2, JO, 4 décembre 2015.
34. Recommandation 2008/594/CE du 2 juillet 2008 de la Commission
sur l’interopérabilité transfrontalière des systèmes de dossiers
informatisés de santé, JOUE L 190, p. 37.
35. Décision 922/2009/CE du 16 septembre 2009 et
https://ec.europa.eu/isa2/home_en.voir ci-dessous
36. Un schéma d’eID doit mentionner l’un des trois niveaux de
garantie (faible, substantiel, élevé). La reconnaissance mutuelle est
uniquement obligatoire lorsque les organismes du secteur public
concernés ont recours aux niveaux « substantiel » ou « élevé » pour
accéder à ce service en ligne.
37. L’art 6 définit les conditions de la reconnaissance mutuelle. De
façon succincte l’eID délivrée par un Etat membre est reconnue dans
un autre Etat membre pour autant que l’eID réponde aux exigences
du règlement, qu’elle ait été notifiée à la Commission et que la
Commission l’ait publiée sur une liste.
38. A ce sujet voir notamment, Souad Odeh, « Du dossier médical
personnel au dossier partagé : vers un dispositif de médiation
documentaire », Les cahiers du numérique 2016/1(Vol 12), p. 31-50. On
rappellera rapidement que le DMP, a été introduit en France dans le
code de la SS par la loi 2004-810 du 13 août 2004 relative à
l’assurance maladie mais son déploiement a été difficile. La loi de
modernisation de notre système de santé (art. 25) a réécrit les
dispositions relatives au DMP. Le contenu du DMP, les conditions de
création, de clôture et de destruction de ce DMP, les droits du
titulaire sur les données contenues dans son DMP et les modalités
d’accès au DMP ont été fixées par le décret n° 2016-914 du 4 juillet
2016 (art. R 1111-32 à 34).
39. Modifié par l’ordonnance n° 2017-31 du 12 janvier 2017-art. 5.
40. La notion de professionnel de santé est étendue puisqu’elle vise
tous les professionnels intervenant dans le système de santé ce qui
inclut le champ sanitaire et social (établissements et services sociaux
et médicaux-sociaux). L’accès au NIR se fera par la carte vitale de
l’assuré ou par un téléservice déployé par la CNAMTS lorsque la
carte vitale n’est pas accessible ou ne comporte pas d’information.
L’avis de la CNIL était réservé en raison du risque d’interconnexions
et de détournement de finalités.
41. Mentionné par l’art. L1111-8-1. Accessibilité par voie
électronique ou dans les conditions prévues à l’art. R.1111-35.
42. Il faut souligner ici le rôle essentiel joué en France par l’Agence
des systèmes d’info partagée de santé (ASIP santé) qui a lancé dès
2015 le « CI SIS » (cadre d’interopérabilité des systèmes
d’informations de santé) qui constitue l’ensemble des spécifications
d’interopérabilité permettant l’échange électronique de données de
santé et qui est chargé de l’adoption de ce référentiel.
43. « Cross-border Patient registries initiative » et les
recommandations en suivant le lien
https://ec.europa.eu/health//sites/health/files/ehealth/docs/patie
nt_registries_guidelines en.pdf
44. Voir http://jasehn.eu/
45. http://jasehn.eu/wordpress/wp-
content/uploads/2016/12/FINAL_D5.3.0_cb_guidelines_rel2_gen_ad
opted.pdf
46.http://jasehn.eu/wordpress/wp-
content/uploads/2016/04/JAseHN_D6.1.1_Report_on_the_implemen
tation_of_PS_Guideline_v2.0_clear.pdf, il s’agit surtout d’une
réponse à un questionnaire. Voir conclusion p. 33.
47. http://jasehn.eu/wordpress/wp-
content/uploads/2016/12/FINAL_D5.3.1_cb_guidelines_rel2_PS_ado
pted.pdf
48. COM (2016) 176 du 19 avril 2016, Priorités pour la normalisation
en matière de TIC dans le marché unique numérique.
49. Règlement (UE) 1316/2013 du Parlement européen et du Conseil
du 11 décembre 2013 établissant le mécanisme pour l’interconnexion
en Europe, JO L 348 du 20 décembre 2013.
50. L’appel à projet « 2015 CEF Telecom Call-ehealth » est doté de 7,5
millions d’euros.
51. COM (2017) 134 du 23 mars 2017, Cadre d’interopérabilité
européen-Stratégie de mise en œuvre.
52. N. Ferraud-Ciandet, L’Union européenne et la télésanté, RTDE 2010
p. 537.
53. Pour une étude de cette directive voir notamment, L. *Dubouis, La
directive n° 2011/24/UE relative à l’application des droits des
patients en matière de soins de santé transfrontaliers, RDSS, 2011,
p. 1059.
54. La qualification de « service de société de l’information »
implique, aux termes de cette directive, une obligation de
notification à la Commission européenne, à charge de l’Etat, de tout
projet de règle technique qu’il entend adopter dans ce domaine des
services de la société de l’information.
55. « Un service envoyé à l'origine et reçu à destination au moyen
d'équipements électroniques de traitement (y compris la
compression numérique) et de stockage de données, et qui est
entièrement transmis, acheminé et reçu par fils, par radio, par
moyens optiques ou par d'autres moyens électromagnétiques ».
56. Annexe 1-1 a) (service considéré comme non fourni à distance).
57. Annexe 1-2 d) (service considéré comme non fourni par voie
électronique).
58. Transposée en droit français dans la loi 2014-344 du 17 mars
2014.
59. N. De Grove Valdeyron, La directive sur les droits des patients en
matière de soins de santé transfrontaliers : véritable statut juridique
européen du patient ou simple clarification d’un régime de
mobilité ?, RTDE avril-juin 2011, p. 299.
60. La télémédecine est régie en droit français par les dispositions du
CSP, art L 6316-1. Selon le droit français il s’agit d’une forme de
pratique médicale à distance utilisant les TIC.
61. Voir art. 4 (3) et 4 (4).
62. Art. R 4127-19 et 20 du CSP.
63. Il s’agirait d’apporter d’une part, des modifications aux art.
R 6316-6 (télémédecine) et R 4127-53 (déontologie médical) du CSP
pour favoriser le développement de la télémédecine aujourd’hui
figée par une règlementation trop stricte et paralysante et d’autre
part de mettre en place ainsi une régulation des offres du secteur
marchand.
64. Voir le rapport du CNOM p. 15.
65. Il s’agirait de faire sortir la télémédecine du régime de
contractualisation avec l’ARS quand elle est pratiquée par des
médecins de premier et de second recours dans le cadre du parcours
de soins.
66. Dans certains États membres, pour qu'un acte médical soit
juridiquement reconnu comme tel, il faut que le patient et le
professionnel de la santé soient tous deux physiquement présents au
même endroit, or il est évident que cet impératif constitue un
obstacle à l'utilisation de la télémédecine, doc interne de la
Commission SWD (2012) 414.
67. DOC SWD (2012) 414 final-document de travail (en anglais
uniquement) accompagnant le plan d’action pour la santé en ligne.
68. CJUE, 2 décembre 2010, Ker Optika, aff. C- 108/09
ECLI :EU :C :2010 :725 nt pt. 36 à 38.
69. Voir J. Bossi Malafosse, La donnée de santé dans les systèmes
d’information : du soin à la santé publique, Communication Commerce
électronique n° 10, octobre 2016, étude 18. Et E. Brosset le droit à
l’épreuve de la e-santé : quelle « connexion » du droit de l’Union
européenne, RDSS 2016 p. 689.
70. Considérant 35.
71.P. Desmarais, L’impact de la santé numérique sur le consentement
du patient in (dir.) A. Laude, Consentement et santé, Dalloz, 2014.
72. Ces dispositifs sont soumis, rappelons-le, aux nouveaux
règlements sur les dispositifs médicaux) qui ont considérablement
renforcé la règlementation dans un souci de protection des patients.
73. CJUE 15 novembre 2012, Brain Prodducts GMBH, aff.C-219/11,
ECLI :EU :C :2012 :742.
74. Relève de cette catégorie le dispositif connecté « e-celsius »,
thermomètre connecté en continu, développé par une « start up »
française « qui se présente sous forme de gélule ingérable connectée
livrant la température notamment des sportifs. Une certification en
tant que DM est attendue.
75. CJUE 7 décembre 2017, SNITEM et Philips France, aff. C-329/16,
ECLI :EU :C :947.
76.F. Aster et A. Vion, la normalisation européenne en matière de
sécurité : architecture institutionnelle et politique jurisprudentielle,
RTDE -3/2013, p. 499 et s.
77. https://www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-
11/has_ref_apps_oc.pdf
78.A. Normand, Prévenir plutôt que guérir, La révolution de la e-
santé, éd. Eyrolles 2017.
79. Des données privées peuvent désormais, dans le secteur
stratégique qu’est la santé être extraites, analysées et valorisées par
des sociétés privées dans une logique purement marchande : ainsi, la
société 23 andMe, située en Californie, a vendu à près de 1 million de
particuliers pour 100 dollards le séquençage de la part analysable de
leur génome. Elle a conclu ensuite, en toute légalité en droit
américain, des partenariats avec des firmes pharmaceutiques pour
analyser ces données sans que les participants en aient été informés.
On comprend donc l’enjeu stratégique lié au droit territorialement
applicable et son application pour les conditions générales
d’utilisation de ces services.
80. C. Lequillerier, L’ubérisation de la santé, Dalloz IP/IT 2017, p. 155.
AUTEUR
NATHALIE DE GROVE-VALDEYRON
Maître de conférences, HDR, Université Toulouse 1 Capitole,
Chaire Jean Monnet,
IRDEIC, Centre d’excellence Europe Capitole
Santé et numérique en Italie
Marta Cerioni
• Au niveau étatique :
« Lignes directrices sur le FSE » du Garant pour la protection des données personnelles
du 16 juillet 2009 17 ;
Le Ministère de la Santé (avec les Régions, le Garant pour la Protection des données
personnelles et AgID, l'Agence pour l'Italie numérique) a élaboré les lignes directrices
nationales pour la création du FSE, approuvé le 10 février 2011 par la Conférence État-
Régions ;
La disposition réglementaire pour la création du FSE a été incluse dans DL 179/2012
DDL (article 12), puis modifiée et renforcée par DL 69/2013 ;
Décision du président du conseil des ministres 29 septembre 2015, no. 178 Règlement
sur les dossiers médicaux électroniques ;
Décret 4 août 2017 « Modalités techniques et services télématiques mis à disposition
par l'infrastructure nationale pour l'interopérabilité du dossier de santé électronique »
18 : les normes pour la mise en œuvre.
D – La prévention ou bien-être
E – Conclusions et perspectives
NOTES
1. R. Balduzzi (a cura di), Sistemi costituzionali, diritto alla salute e
organizzazione sanitaria. Spunti e materiali per l'analisi comparata,
Bologna, 2009 ; P. Barile, Diritti dell'uomo e libertà fondamentali,
Bologna, 1984 ; M. Bessone, E. Roppo, Garanzia costituzionale del diritto
alla salute e orientamenti della giurisprudenza di merito, Giur. it., IV,
1975 ; BOTTARI, Il diritto alla tutela della salute, in RIDOLA, NANIA
(a cura di), I diritti costituzionali, II, Torino, 2001 ; ID., Tutela della salute
ed organizzazione sanitaria, Torino, 2009 ; BRUNI, Sanità e diritti delle
persone, Torino, 2007 ; B. Caravita, La disciplina costituzionale della
salute, in Diritto e società, 1984 ; P. CARETTI, Diritti fondamentali,
Torino, 2002 ; CAVASINO, TULUMELLO, La salute come diritto:
l'effettività della tutela fra potere di organizzazione e logica della
concorrenza, in Giur. it., 2005, X, 2000 ; COCCONI, Il diritto alla tutela
della salute, Padova, 1998 ; FERRARA, L'ordinamento della sanità,
Torino, 2007 ; LA ROCCA, La tutela del diritto fondamentale alla salute :
un'esigenza irrinunciabile anche per i soggetti in vinculis, in Giur. it.,
2006, X, 1944 ; LUCIANI, Il diritto costituzionale alla salute, in Diritto e
società, 1980 ; MODUGNO, I "nuovi diritti" nella Giurisprudenza
Costituzionale, Torino, 1994 ; MORANA, La salute nella Costituzione
italiana, Milano, 2001 ; ID., La salute come diritto costituzionale, Torino,
2013 ; MORTATI, La tutela della salute nella Costituzione italiana, in ID.,
Problemi di diritto pubblico nell'attuale esperienza Costituzionale
repubblicana, III, Milano, 1972, 435 ; PACE, Problematica delle libertà
costituzionali. Parte generale, Padova, 2003 ; PEZZINI, Il diritto alla salute:
profili costituzionali, in Diritto e società, 1983 ; ROMBOLI, Art. 5, in Comm.
Scialoja-Branca, Bologna-Roma, 1988 ; A. Simoncini, E. Longo, Art. 32, in
R. Bifulco, A. Celotto, M. Olivetti (a cura di), Commentario alla
Costituzione, Utet, 2006 ; VINCENZI AMATO, Art. 32, in Comm. Cost.
Branca, Bologna-Roma, 1976 ; en français C. Pinelli, « Santé et
Constitution : L’exemple italien », in Constitutions et Santé, Actes du
colloque de l’association français de droit de la santé, Paris, 17 juin
2013, numéro hors-série, Revue de droit sanitaire et social, pp. 137-
141 ss.
2.Vous pouvez lire la Constitution italienne en français dans le web
site du Président de la République italienne www.quirinale.it et plus
précisément
http://www.quirinale.it/qrnw/costituzione/pdf/costituzione_france
se.pdf
3. Considérez le récent débat sur les vaccinations obligatoires pour
les enfants scolarisés après l’approbation du Décret législatif
no. 73/2017 (converti dans la loi no. 119 du 2017 qui exige
l'exécution de 10 vaccins, sous peine de non-enregistrement dans les
nids et les jardins d'enfants jusqu'à 6 ans et sanctionne jusqu'à 16
ans) et l’arrêt de la Cour constitutionnelle no. 5/2018. Vous pouvez
lire toutes les décisions de la Cour constitutionnelle dans le website
www.giurcost.it Corte cos. n° 268/2017 disponible sur
www.giurcost.it sur indemnisation pour les dommages permanents
causés par les vaccins.
4.D'AMICO, I diritti contesi, Roma, 2008 ; FONTANA, I limiti alla ricerca
scientifica : il « Caso Stamina », in A. Iannuzzi (a cura di), La ricerca
scientifica tra possibilità e limiti, Napoli, 2015, 173 e ss.
5.GENSABELLA FURNARI, RUGGERI, Rinuncia alle cure e testamento
biologico, Torino, 2011.
6.CRISAFULLI, In tema di emotrasfusioni obbligatorie, in Diritto e società,
1984 ; PANUNZIO, Trattamenti sanitari obbligatori e Costituzione, in
Diritto e società, 1979 ; PELAGATTI, I trattamenti sanitari obbligatori,
Roma, 1995.
7.B. Pezzini, Il diritto alla salute : profili costituzionali, in Dir. soc.,
1983, 25 s., M. Luciani, Salute, I) Diritto alla salute – dir. cost., in Enc.
giur., XXVII, Roma, 1991, 5, R. Balduzzi, Salute (diritto alla), in
S. Cassese (dir.), Dizionario di diritto pubblico, VI, Milano, 2006, 5394
s.
8.W. Beveridge, Il Piano Beveridge. La relazione di Sir William
Beveridge al governo britannico sulla protezione sociale. Riassunto
ufficiale, Londra, Stamperia Reale, 1944 (seconda edizione) e
R. Davison, Protezione sociale in Gran Bretagna. Con una illustrazione
popolare del Piano Beveridge, Londra, George G. Harrap & Company,
1944. Pour une analyse du modèle le plus récent U. Ascoli, Il Piano
Beveridge: modernità e attualità dell’impianto, in W. Beveridge, Alle
origini del welfare state. Il Rapporto su Assicurazioni Sociali e Servizi
Assistenziali, Milano, 2010.
9.D. Morana, Tutela della salute, in G. Guzzetta, F. S. Marini, D. Morana
(a cura di), Le materie di competenza regionale. Commentario,
Napoli, 2015, 583 ss.; G. Carpani, D. Morana, Le competenze legislative
in materia di « tutela della salute », in R. Balduzzi, G. Carpani
(a cura di), Manuale di diritto sanitario, cit., 114. D. Morana, La tutela
della salute fra competenze statali e regionali: indirizzi della
giurisprudenza costituzionale e nuovi sviluppi normativi, in
Osservatorio costituzionale, n. 1/2018.
10. R. Balduzzi, D. Servetti (a cura di), La garanzia costituzionale del
diritto alla salute e la sua attuazione nel Servizio sanitario nazionale,
in R. Balduzzi, G. Carpani (a cura di), Manuale di diritto sanitario,
Bologna, 2013, 49 ss., L. Cuocolo, A. Candido, L’incerta evoluzione del
regionalismo sanitario in Italia, in www.forumcostituzionale.it, 23
settembre 2013.
11.R. Finocchi Ghersi, La tutela della salute (artt. 112-127 d.lgs.
112/1998), in R. Finocchi Ghersi et al. (a cura di), Il decentramento
amministrativo, Milano, 2000, 181 ss.; D. Morana, Tutela della salute,
in G. Corso, V. Lopilato (a cura di), Il diritto amministrativo dopo le
riforme costituzionali, I, Milano, 2006, 261 ss.; pour l'évolution de
l'attribution des fonctions administratives en matière de santé,
également en ce qui concerne les formes de collaboration entre l'Etat
et les régions, M. Di Folco, Le funzioni amministrative, in R. Balduzzi,
G. Carpani (a cura di), Manuale di diritto sanitario, cit., 150 ss.
12.D. Paris, Il ruolo delle Regioni nell’organizzazione dei servizi
sanitari e sociali a sei anni dalla riforma del Titolo V : ripartizione
delle competenze e attuazione del principio di sussidiarietà, in Le
Regioni, 2007, 991.
13.Mais il y a aussi la prescription d’utiliser le principe de
collaboration : G. Carpani, Accordi e intese tra Governo e regioni nella
più recente evoluzione del SSN : spunti ricostruttivi, in R. Balduzzi
(a cura di), Trent’anni di Servizio sanitario nazionale. Un confronto
interdisciplinare, Bologna, 2009, 35 ss.
14.Vous pouvez regarder le web site
http://www.fascicolosanitario.gov.it/
15.Art. 12 du décret-loi 18.10.2012, no. 179, disponible sur
www.normattiva.it
16. Accord pour la santé numérique parmi le Ministère de la Santé et
Régions.
17.Vous pouvez le lire
surhttp://www.garanteprivacy.it/web/guest/home/docweb/-/docw
eb-display/docweb/1634116#allegato
18.Art. 12, par. 15-ter du décret-loi 18 octobre 2012, no. 179,
converti, avec modifications, par loi 17 décembre 2012, no. 221.
19. Les indicateurs de mise en œuvre sont : • Composants habilitants:
statut du registre des assistés, des opérateurs et des entreprises de
santé, et de l'infrastructure du réseau ; • Services d'accès par les
citoyens: état de la mise en œuvre des mécanismes
d'authentification du patient, des méthodes de collecte et de gestion
du consentement du patient, des modalités organisationnelles
auxquelles ils ont accès avec le DSE (par ex: portail web, kiosques de
service, etc.) et la création du cahier du client (service optionnel) ; •
Services d'accès par le médecin ou le pédiatre de la famille : état de
la mise en œuvre des modalités organisationnelles avec lesquelles
l'accès au médecin ou au pédiatre de la famille est accordé au
système DSE et les modalités d'accès et d'approvisionnement en
énergie du DSE par le médecin ou le pédiatre de la famille. • Services
d'accès par les entreprises de santé : l'état de mise en œuvre des
modalités organisationnelles d'accès des établissements de santé au
système du DSE et les modalités d'accès et d'accès au DSE par les
professionnels de la santé ; • Services d'interopérabilité du FSE : état
de réalisation des services soutenant l'interopérabilité
interrégionale ; • Services de gestion des rapports de laboratoire :
état de la mise en œuvre des procédures adoptées pour la
numérisation et la gestion des rapports de laboratoire produits par
les établissements de santé (par exemple formation des agents de
santé, cartographie des catalogues, etc.) ; • Services pour la gestion
du profil de santé synthétique (Patient Summary) : état de mise en
œuvre des procédures adoptées pour la numérisation et la gestion
des profils de santé synthétiques par le médecin ou le pédiatre de la
famille (par exemple formation des médecins, applications software,
etc.).
20. Plus précisément, les indicateurs d'utilisation mettent en
évidence, en particulier, le point de vue des usagers : • Les citoyens:
nombre de citoyens assistés (c’est-à-dire citoyens résidents dans une
région italienne qui ont choisi un médecin ou un pédiatre de la
famille) qui ont donné leur accord pour le DSE par rapport au
nombre total de citoyens assistés dans la région et le nombre les
citoyens qui ont fait au moins un accès à leur DSE par rapport au
nombre total de assistée pour lequel a été mis à disposition au moins
un rapport au cours des 90 derniers jours.
21. Plus précisément
https://www.fascicolosanitario.gov.it/monitoraggio/a
22. https://www.fascicolosanitario.gov.it/monitoraggio/bc
23. La consultation des rapports et des documents de santé clinique
est toujours présente, d'autres services de cybersanté figurent
parfois parmi ceux proposés dans le Dossier, et d'autres fois ils sont
gérés séparément dans des zones spécifiques des sites
institutionnels. Par exemple, en Lombardie, les services de
réservation/annulation en ligne, le paiement en ligne, ainsi que le
choix et la révocation du médecin ou pédiatre de famille et des
ordonnances sont offerts dans la section « Services de santé en
ligne » et l'accès est toujours assuré par smart card (Charte nationale
des services) mais séparément du DSE, tandis qu'en Émilie-Romagne,
tous les services sont présents et intégrés dans DSE. En Sardaigne,
par exemple, le DSE inclut non seulement le rapport d'urgence
individuel (Patient Summary – EDS) mais également les certificats
médicaux en ligne INPS et INAIL accessibles depuis d'autres portails
dans d'autres régions. Enfin, dans le Trentin et en Toscane, par
exemple, il y a aussi la fonction agenda dans laquelle les citoyens
peuvent écrire des informations personnelles (données familiales,
données sportives, données de style de vie), des dossiers de santé
(des examens réalisés dans des structures non conventionnelles, des
rapports déposés à la maison ou avant l'activation du dossier), un
journal des événements pertinents (visites, tests de diagnostic,
mesures des paramètres de surveillance), des rappels de contrôles
médicaux périodiques. De cet avis, A. F. Pattaro, Fascicolo sanitario
elettronico, stato dell’arte (adozione nelle Regioni, contenuti,
modalità), in https://www.agendadigitale.eu/sanita/fascicolo-
sanitario-elettronico-stato-dellarte-adozione-nelle-regioni-
contenuti-modalita/, Mars 2017.
24.C. Aru, S. Da Empoli, D. Integlia, Rilanciare il « laboratorio » del SSN.
Il ruolo della medicina di laboratorio e della digitalizzazione
sull’efficienza e l’efficacia del servizio sanitario italiano, in Astrid,
Fevrier 2017 pour une analyse approfondie.
25.Décret Ministère de la Santé 7.12.2016, no. 262 Règlement fixant
les procédures d'interconnexion nationale des systèmes
d'information sur une base individuelle du Service national de santé,
même administré par différentes administrations de l'État et CUNA
(en particulier, annexe A).
26.Les données sont organisées par Observatoire national de la santé
de l’Université Polytechnique de Milan. Vous pouvez regarder aussi
la Stratégie pour la croissance numérique 2014-2020. Pus pouvez
aussi lire le dossier CENSIS, Conditions pour le développement de la
santé numérique: scénarios Italie-UE, juillet 2016.
27.T.E. Frosini, L’accesso a Internet come diritto fondamentale, in
O. Pollicino, E. Bertolini, V. Lubello (a cura di), Internet: regole e tutela
dei diritti fondamentali, Roma, 2013, 69 ss. ; S. Rodotà, Il mondo della
rete: diritti e vincoli, Bari, 2014 ; A. Soro, La vita degli altri: controllo
e privacy nella società digitale, in www.garanteprivacy.it ;
R. Razzante, I tanti dubbi sul diritto all’oblio, in
www.agendadigitale.eu; C. Caruso, L’individuo nella rete : I Diritti
della persona al tempo di internet, in www.forumcostituzionale.it.
AUTEUR
MARTA CERIONI
BIBLIOGRAPHIE
S. De Rosis & S. Barsanti, (2016). Patient satisfaction, e-health and the evolution of the
patient–general practitioner relationship : Evidence from an Italian survey. Health Policy,
120(11), 1279-1292.
S. De Rosis & C. Seghieri, (2015). Basic ICT adoption and use by general practitioners: an
analysis of primary care systems in 31 European countries. BMC medical informatics and
decision making, 15(1), 70.
T. Richards, V. M. Montori, F. Godlee, P. Lapsley, D. Paul, (2013) Let the patient revolution
begin. BMJ ; 346:f2614.
P. Tarallo, (2012) Verso e-Health 2020. Casi di successo italiani ed esperienze internazionali.
Il Sole 24 Ore. Milano.
AUTEUR
SABINA DE ROSIS
19 Ce risque est souvent avancé par ceux qui considèrent que les
technologies numériques, et les nouveaux moyens médicaux qu’elles
génèrent, peuvent conduire à faire « une médecine sans
médecin » (6). Une telle crainte n’est pas infondée lorsqu‘on présente
ces avancées technologiques comme des substitutions aux pratiques
médicales actuelles. Par exemple, le métier de chirurgien évolue
avec l’apparition des robots chirurgicaux. Le robot chirurgical
remplace le chirurgien dans l’acte opératoire, mais ce dernier reste
bien le pilote du robot-chirurgien à travers une console où il assiste
à distance les gestes du robot. Le chirurgien du XXIème siècle doit
donc se former à opérer avec l’assistance d’un robot, dont il surveille
les gestes qu’il peut à tout moment interrompre. Si un évènement
inattendu survient en cours d’intervention, auquel le robot n’est pas
capable de s’adapter, c’est bien l’intelligence humaine du chirurgien
qui reprend la main. La relation du chirurgien avec son patient sera
différente, mais non obligatoirement déshumanisée. Toutefois,
l’information préopératoire du patient sur les risques éventuels et
les bénéfices de l’acte opératoire robotisé devra être
particulièrement claire et adaptée. Le risque propre au robot devra
être expliqué. Le consentement du patient à un acte chirurgical
assisté d’un robot devra être recueilli.
20 Plus risquée est l’évolution de certaines pratiques de télémédecine
associées à l’usage de dispositifs médicaux et de robots humanoïdes
pilotés par les algorithmes du deep learning. La télésurveillance
médicale des maladies chroniques à domicile est une des principales
organisations innovantes qui caractérise la médecine du
XXIème siècle. Alors que les soins au XXème siècle étaient
essentiellement assurés par l’hôpital, les soins au XXIème siècle
seront organisés de plus en plus souvent au domicile même du
patient grâce aux solutions de la santé digitale. Ainsi, la surveillance
à domicile des patients atteints de maladies chroniques repose sur
des dispositifs médicaux dont la plupart disposent d’algorithmes
intelligents. Ils permettent le développement des services de
télémédecine, tels que définis par plusieurs directives européennes,
lesquelles considèrent ces services comme relevant du e‑commerce
29 . La France a décidé de s’engager dans cette voie nouvelle à
BIBLIOGRAPHIE
P. Simon, Télémédecine – Enjeux et pratiques, Collection Synthèses et repères, Le Coudrier
Editions, Brignais, octobre 2015.
SH. Park, K. Han. Methodologic Guide for Evaluating Clinical Performance and Effect
of Artificial IntelligenceTechnology for Medical Diagnosis and Prediction. Radiology. 2018
jan 8 :171920. Doi : 10.1148/radiol.2017171920
SP Somashekhar et all. Watson for Oncology and breast cancer treatment recommendations:
agreement with an expert multidisciplinary tumor board. Ann Oncol. 2018 jan 9. Doi :
10.1093.
M. Orth et all. Opinion: redefining the role of the physician in laboratory medicine in the
context of emerging technologies, personalised medicine and patient autonomy ('4P
medicine'). J Clin Pathol. 2017 dec 22. Pii : jclinpath-2017-204734. Doi : 10.1136.
NOTES
1. Histoire du développement de la télémédecine dans Place de la
télémédecine dans l’organisation des soins, rapport ministériel Simon-
Acker, novembre 2008, pp 97-99.
2. http://www.ticsante.com/story.php?
newsPage=1&story=975&story=975
3. Déserts médicaux : comment les définir ? Comment les mesurer ?,
Rapport de la DREES, 11 mai 2017. http://drees.solidarites-
sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publications/les-dossiers-de-la-
drees/article/deserts-medicaux-comment-les-definir-comment-les-
mesurer
4. ARCEP, communication au Sénat, 25 octobre 2017.
https://www.arcep.fr/index.php?
id=8571&no_cache=1&tx_gsactualite_pi1%5Buid%5D=2087&tx_gsact
ualite_pi1%5Bannee%5D=2017&tx_gsactualite_pi1%5Btheme%5D=0&
tx_gsactualite_pi1%5Bmotscle%5D=D%C3%A9sert%20num%C3%A9riq
ue&tx_gsactualite_pi1%5BbackID%5D=2122&cHash=8fe4bd1d500748
d0290b8bad1fee7326
5. Les enjeux scientifiques de l’éthique du numérique. Conférence-
Débat, Institut de France, Académie des Sciences, 23 mai 2017,
http://www.academiesciences.fr/pdf/conf/debat_230517.pdf
6. https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?
idTexte=JURITEXT000007022877
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?
idTexte=JURITEXT000007050651
7. Ancien article R. 5194 du Code de la santé publique.
8. Art.32 de la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance
maladie abrogé le 21 juillet 2009 et remplacé par l’art.78 définissant
la télémédecine dans la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoire (HPST)
promulguée le 21 juillet 2009.
9. Art. 34 de la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance
maladie.
10. Conseil d’Etat du 29 octobre 1990, n° 110.332, M. Diennet et 5 avril
1991, n° 119-593, M. Diennet. Il s’agissait de la condamnation d’un
médecin qui après une conversation téléphonique avait adressé deux
lettres au malade pour établir son diagnostic.
11. https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?
idTexte=JURITEXT000007022877
12. https://www.conseil-
national.medecin.fr/sites/default/files/telemedecine2009.pdf
13. Art. 6316-2 du CSP.
14. Art. 6316-3 du CSP.
15. Art. 6316-4 du CSP.
16. Art. 6316-6 à art. 6316-11 du CSP.
17. L’art. L. 162-3 du CSS était modifié ainsi : « l’exigence que les
consultations médicales soient données au cabinet du praticien, sauf
lorsque l'assuré ne peut se déplacer en raison de son état, est écartée
lorsque les consultations sont pratiquées par le biais de la
télémédecine ».
18. L'article précisait que la disposition de l’article L. 4113-5 CSP,
qui « interdit à toute personne ne remplissant pas les conditions
requises pour l'exercice de la profession de recevoir, en vertu d'une
convention, la totalité ou une quote-part des honoraires ou des
bénéfices provenant de l'activité professionnelle d'un membre de
l'une des professions régies par le CSP » ne s’appliquerait pas à la
télémédecine.
19. http://www.assemblee-nationale.fr/15/projets/pl0269.asp
20. L’article 36 de la loi n° 2013-1203 du 23 décembre 2013 de
financement de la sécurité sociale pour 2014 est abrogé à compter du
1er janvier 2018. Les dispositions réglementaires et les stipulations
conventionnelles prises en application de cet article continuent de
produire leurs effets jusqu’à la date d’entrée en vigueur des
dispositions conventionnelles fixant les tarifs des activités
mentionnées au I du présent article, et au plus tard au 1er juillet
2019.
21. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000034513580
22. P. Simon et D. Acker. La place de la télémédecine dans l’organisation des
soins. DGOS, novembre 2008.p.19-38.
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_final_Telemedecine.pd
f.
23. Cadre juridique de la télémédecine in Le Droit des Obligations à
l’épreuve de la télémédecine, PUF Aix en Provence 2006.
24. Cassation, 1ère civile, arrêt Mimoun du 28 janvier 2010, suivi des
arrêts Seurt du 3 juin 2010 et Brussieux du 14 oct. 2010.
25. TA Grenoble 21 mai 2010.
26. Art. R. 4127-32 et R. 4127-33.
27. C 1ère Civ. 27 nov. 2008.
28. P. Le Coz, « Les principes éthiques et les émotions dans la décision
médicale », mt pédiatrie, vol. 12 , n° 6, novembre-décembre 2009.
http://www.jle.com/download/mtp-284025-
les_principes_ethiques_et_les_emotions_dans_la_decision_medicale
--WlnUx38AAQEAAAplJQIAAAAC-a.pdf
29. Directive 98/34/CE du parlement Européen et du Conseil du 22
juin 1998, http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?
uri=CONSLEG:1998L0034:20070101:fr:PDF - Directive 2000/31/CE du
parlement européen et du Conseil du 8 juin 2000 relative à certains
aspects juridiques des services de la société de l’information, et
notamment du commerce électronique dans le marché intérieur
(“directive sur le commerce électronique”). http://eur-
lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?
uri=OJ:L:2000:178:0001:0016:FR:PDF
30. Art. 36 de la LFSS 2018.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichLoiPreparation.do?
idDocument=JORFDOLE000035771815&type=general&typeLoi=proj&l
egislature=15
31. Plusieurs mutuelles et assureurs ont créé au cours des 5
dernières années des plateformes de téléconsultations immédiates
autorisées par la Agences Régionales de santé.
http://www.eurogroupconsulting.fr/sites/eurogroupconsulting.fr/fi
les/document_pdf/livre_assurance.pdf
32. Le National Health Service expérimente depuis quelques mois un
Chatbot conversationnel qui permet de répondre à des questions
simples de santé et d’orienter l’appelant vers des téléconsultations
avec de « vrais » médecins en cas de situation complexe. Cette
expérience vise à libérer du temps médical.
http://www.wired.co.uk/article/babylon-nhs-chatbot-app
33. Art. 36 de la LFSS 2018.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichLoiPreparation.do?
idDocument=JORFDOLE000035771815&type=general&typeLoi=proj&l
egislature=15
34. La cabine de téléconsultation H4D.
https://www.youtube.com/watch?v=OD2Dc1EJhKE
35. Parlement européen, 16 février 2017.
http://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-
room/20170210IPR61808/robots-les-deputes-veulent-des-regles-
europeennes-en-matiere-de-responsabilite
36. P. Simon, « La médecine 5P doit s’appuyer sur les preuves d’un
service médical rendu aux patients ». Novembre 2015.
http://fr.simplesite.com/builder/pages/preview3.aspx?
InitPreview=true&pageid=424107696
37. Ces propos adaptés à la santé numérique sont inspirés de
l’excellent rapport du CIGREF « Ethique et Numérique : une éthique à
réinventer ? » par Flora Fischer, juin 2014.
http://images.cigref.fr/Publication/2014-CIGREF-Ethique-et-
Numerique-une-ethique-a-reinventer-Rapport-mission-F-
FISCHER.pdf
38. Rapport de synthèse de la mission France Intelligence
Artificielle. Mai 2017
https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/2017/Rapport_synth
ese_France_IA_.pdf
39. Livre blanc du CNOM sur « Médecins, Patients et Intelligence
artificielle qui sera présenté le 30 janvier 2018 et le rapport de la
mission Villani, annoncé pour février 2018.
AUTEUR
PIERRE SIMON
I – Les écueils
2 Ils oscillent entre deux pôles.
3 Aujourd’hui, une des normes est d’être à la page, de vivre avec son
temps. L’intelligence artificielle provoque un emballement
médiatique sans précédent qui se décline aussi vers ses applications
médicales. Comprendre cette vague et ses conséquences est
indispensable pour la médecine.
Etes-vous dans le Game ? Anglicisme qui signifie littéralement le jeu
et qui caractérise la vie dans toute sa hype. Il faut être à la pointe,
être là où ça se passe, être performant ».
Pour l’institut Gartner, il y a 5 étapes clés avant de mettre à la
disposition de tous une technologie révolutionnaire. Il décrit le cycle
de la hype :
L’enthousiasme des débuts
Les attentes démesurées
La désillusion
Le retour en grâce
Le succès.
V – L’exercice de la médecine
A – Hippocrate et Gallien : Soigner le malade ou la
maladie
BIBLIOGRAPHIE
Xavier Aime, Intelligence artificielle et psychiatrie : noces d’or entre Eliza et Parry»,
L'information psychiatrique (Volume 93), 2017/1, p. 51-56.
Sylvain Rolland, « Cycle de la hype 2017 : quelles sont les technologies les plus en vogue du
moment ? », La tribune, 17 août 2017. [En ligne le 14 décembre 2017. URL
https://www.latribune.fr/technos-medias/cycle-de-la-hype-2017-quelles-sont-les-
technologies-les-plus-en-vogue-du-moment-747221.html]
Martin Untersinger. « Joe Biden appelle le monde des technologies à rejoindre son combat
contre le cancer ». Le Monde 13/03/2017. [En ligne le 14 décembre 2017. URL
http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/03/13/joe-biden-appelle-le-monde-des-
technologies-a-rejoindre-son-combat-contre-le-cancer_5093406_4408996.html]
Bernard Monasterolo, « L’édition du génome fait le show au festival SXSW », Le Monde
17.03.2017. [En ligne le 14 décembre 2017. URL:
http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/03/17/l-edition-du-genome-fait-le-show-au-
festival-sxsw_5096510_4408996.html]
http://www.numerama.com/sciences/253407-tribune-la-medecine-est-elle-la-prochaine-
conquete-de-lintelligence-artificielle.html]
AUTEUR
MAURICE BENSOUSSAN
Psychiatre
Quelle déontologie pour les
médecins à l’heure du
numérique ?
Jacques Lucas
NOTES
1. Cf CNOM, Article 19, Interdiction de la publicité : "Le médecin doit
également se garder de toute attitude publicitaire lorsqu’il présente
son activité sur un site internet (J. Lucas, « La déontologie médicale
sur le web santé – recommandations du CNOM », 4 juin 2008 ; «
Charte de conformité ordinale applicable aux sites web des médecins
», mai 2010, « Déontologie médicale sur le web : Livre blanc du CNOM
», décembre 2011).
Dans un arrêt du 27 avril 2012 (CE 4e et 5e sous-section, Anthony, n°
348259), le Conseil d’Etat a jugé, à propos du site internet d’un
chirurgien-dentiste que si le site « peut comporter, outre les
indications expressément mentionnées dans le code de la santé
publique, des informations médicales à caractère objectif et à finalité
scientifique, préventive ou pédagogique, il ne saurait, sans
enfreindre les dispositions précitées de ce code et les principes qui
les inspirent, constituer un élément de publicité et de valorisation
personnelles du praticien et de son cabinet ». Ainsi, un site internet
qui met en avant le profil personnel du praticien, des réalisations
opérées sur des patients, les soins qu'il prodigue et les spécialités
dont il se recommande et excèdent de simples informations
objectives constitue une présentation publicitaire du cabinet,
constitutive d'un manquement aux devoirs déontologiques.
2. R. Cuvillier et al. En quoi la transformation numérique peut-elle se
révéler un levier pour l’accès aux droits et l’inclusion sociale ?, Groupe de
travail EN3S, 2017.
3. CNOM, « La télémédecine face au risque d’ubérisation des
prestations médicales », 14 février 2018.
4. Hervé Maurey et Louis-Jean De Nicolay, Rapport d'information sur
l’aménagement du territoire, fait au nom de la commission de
l'aménagement du territoire et du développement durable, n° 565,
31 mai 2017.
5. Conseil d’Etat, Etude annuelle 2013 : Le droit souple, octobre 2013, p.
6.
6. Recommandation 29, Livre blanc, Médecins & patients dans le monde
des data, des algorithmes et de l'intelligence artificielle, Analyses et
recommandations du CNOM, 26 janvier 2018, p. 61.
7.Le principe de responsabilité, Éthique pour la civilisation technologique,
Éd. du Cerf, 1990, Préface, p. 13.
AUTEUR
JACQUES LUCAS
Docteur,
Vice-Président du CNOM,
Délégué général au Numérique.
Le paradoxe de la e‑santé : entre
promotion d’un mode de soins
innovant et protection des droits
des patients
Nahela El Biad
a) L’épidémiologie et la surveillance
NOTES
1. COM/2004/0356 final {SEC (2004)539 Communication de la
Commission au Conseil, au Parlement européen, Comité Économique
et Social Européen et au Comité des régions - Santé en ligne -
améliorer les soins de santé pour les citoyens européens : plan
d'action pour un espace européen de la santé en ligne.
2. ASIP Santé et FIEEC. Études sur la télésanté et télémédecine en
Europe. mars 2011. Cette étude a été pilotée par l’ASIP santé et la
fédération des industries électriques et électroniques de la
communication (FIEEC). Ils en ont présenté les principaux
enseignements au cours d'une conférence de presse le 29 mars
2011.http://esante.gouv.fr/sites/default/files/Etude_europeenne_T
elesante_FIEEC_ASIPSante.pdf
3. JORF n° 0245 du 21 octobre 2010 Décret n° 2010-1229 du 19 octobre
2010 relatif à la télémédecine.
4. Notamment les pays nordiques.
5. OCDE, Améliorer l’efficacité́ du secteur de la santé : le rôle des
technologies de l’information et de la communication, 2010.
6. La e-santé pourrait s’appliquer au secteur sanitaire, médical,
paramédical, social, hospitalier et ambulatoire.
7. D’après la note du Centre d’analyse stratégique. Quelles
opportunités pour l’offre de soins de demain : la télésanté́. (n° 255,
décembre 2011), Irdes - Pôle documentation - M.-O. Safon, p. 3.
www.irdes.fr/documentation/syntheses-et-dossiers-
bibliographiques.html
8. Chiffres cités dans le Livre Blanc : « Ensemble pour la santé : une
approche stratégique pour la santé pour l’UE 2008-2013 », COM 2007 (630)
final.
9. L’estimation est celle d’une augmentation des dépenses de santé
de 25% dans le PIB. Il est aussi estimé que, d’ici à 2020, il manquera
dans l’Union européenne un million de professionnels de la santé et,
si l’on ne fait rien, 15 % des soins nécessaires ne seront pas assurés.
10. OCDE, Les maladies chroniques font payer un lourd tribut à
l’Europe, selon un nouveau rapport de l'OCDE et de la Commission
européenne (in) Health at a Glance: Europe 2016, 23 novembre 2016,
p. 204.
11. ASIP SANTÉ, La e-santé : une opportunité de croissance
économique, 26 novembre 2013.
12. F. Deschamps, Le marché de l’e‑santé à la loupe, e‑commerce mag.
http://www.ecommercemag.fr/Thematique/techno-ux-
1226/Breves/marche-sante-loupe-
184256.htm#p5mf8BQaBFu0vtB0.97, 26 février 2013.
13. Think Thank de la société numérique, D’un système de santé
curatif à un modèle préventif grâce aux outils numériques,
septembre 2014.des données anonymisées de manière sure.ne
ouverture Il sera nécessaire de proposer un cadre juridique sur pour
la protection de
14. Loi n° 2009-879 du 21 juil. 2009.
15. Art. L. 6316-1.-La télémédecine est une forme de pratique
médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de
la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient,
un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure
nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d'autres
professionnels apportant leurs soins au patient.
16. Décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine,
21 octobre 2010, JORF n° 0245.
17. Article L6316-1 du Code de la santé publique.
18. ASIP Santé, le décret du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine,
18 juillet 2011.
19. Article 168 § 7 TFUE : « L'action de l'Union est menée dans le
respect des responsabilités des États membres en ce qui concerne la
définition de leur politique de santé, ainsi que l'organisation et la
fourniture de services de santé et de soins médicaux. Les
responsabilités des États membres incluent la gestion de services de
santé et de soins médicaux, ainsi que l'allocation des ressources qui
leur sont affectées. Les mesures visées au paragraphe 4, point a), ne
portent pas atteinte aux dispositions nationales relatives aux dons
d'organes et de sang ou à leur utilisation à des fins médicales. ».
20. JO L 88/63 du 4 avr. 2011.
21. COM/2004/0356 final {SEC (2004)539, Communication de la
Commission au Conseil, au Parlement européen, Comité Économique
et Social Européen et au Comité des régions, Santé en ligne -
améliorer les soins de santé pour les citoyens européens : plan
d'action pour un espace européen de la santé en ligne.
22. COM/2010/0546 SEC (2010) 1161, final communication de la
commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité
économique et social européen et au comité des régions, Initiative
phare Europe 2020 Une Union de l’innovation.
23. « Les restrictions à la libre prestation des services à l'intérieur de
l'Union sont interdites à l'égard des ressortissants des États
membres établis dans un État membre autre que celui du
destinataire de la prestation » (art. 56 Traité sur le Fonctionnement
de l’Union européenne).
24. Directive 98/34/CE du Parlement européen et du Conseil du 22
juin 1998 prévoyant une procédure d'information dans le domaine
des normes règlementaires et techniques.
25. Directive 2000/31/CE du Parlement européen et du Conseil du 8
juin 2000 relative à certains aspects juridiques des services de la
société de l'information, et notamment du commerce électronique,
dans le marché intérieur (« directive sur le commerce
électronique »).
26. Directive 2000/31/CE du Parlement Européen et du Conseil du 8
juin 2000 relative à certains aspects juridiques des services de la
société de l’information, et notamment du commerce électronique,
dans le marché intérieur (« directive sur le commerce
électronique ») JO L 178, 17.7.2000, p. 1-16.
27. E. Brosset, S. Gambardella et G. Nicolas « La santé connectée et son
droit : approches de droit européen et de droit français », Coll. Droit
de la santé, PUAM, 2017, 243 p.
28. Directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 24
octobre 1995 relative à la protection des personnes physiques à
l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre
circulation de ces données, JO L281du 23 novembre 1995, p. 31.
29. Dir. 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 24 oct.
1995 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du
traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation
de ces données, JOCE L 281, p. 31 ; Dir. 2002/58/CE du Parlement
européen et du Conseil du 12 juill. 2002 concernant le traitement des
données à caractère personnel et la protection de la vie privée dans
le secteur des communications électroniques.
30. Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil
du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à
l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre
circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE
(règlement général sur la protection des données) (Texte présentant
de l'intérêt pour l'EEE) J.O L 119, 4.5.2016, p. 1–88.
31. Article 4 du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et
du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes
physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel
et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive
95/46/CE (règlement général sur la protection des données) (Texte
présentant de l'intérêt pour l'EEE) J.O L 119, 4.5.2016, p. 1–88.
32. SEA Avocats, Qu’est-ce qu’une donnée de santé,
https://www.sea-avocats.fr/e-sante.htm
33. Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux
fichiers et aux libertés.
34. Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil
du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à
l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre
circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE
(règlement général sur la protection des données) (Texte présentant
de l'intérêt pour l'EEE) J.O L 119, 4.5.2016, p. 1–88.
35. Article 38 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à
l'informatique, aux fichiers et aux libertés Version consolidée au 19
mars 2018.
36. Article 21 Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du
Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes
physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel
et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive
95/46/CE (règlement général sur la protection des données) (Texte
présentant de l'intérêt pour l'EEE) J.O L 119, 4.5.2016, p. 1–88.
37. Directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil, du 24
octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à
l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre
circulation de ces données OJ L 281, 23.11.1995, p. 31–50.
38. Article 40 de la Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à
l'informatique, aux fichiers et aux libertés.
39. Article 40 du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et
du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes
physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel
et à la libre circulation de ces données, J.O L 119, 4.5.2016, p. 1-88.
SEA Avocats, Comment respecter le droit des personnes dont les
données de santé sont traitées ? https://www.sea-avocats.fr/e-
sante.htm
40. Partager ses données de santé : pour quels bénéfices et à quelles
conditions ? https://www.faire-simple.gouv.fr/bigdatasante
41. En son article 193 la loi de modernisation du système de santé
français de 2016 prévoit la mise en œuvre du système national de
données de santé et un nouveau cadre d’accès aux données de santé.
42. Ministere des solidarites et de la sante, Mise en œuvre du
systeme national des donnees de sante et nouveau cadre d’acces aux
donnees de sante, 28 decembre 2016.
43. Last JM (ed.). A Dictionary of Epidemiology, 2nd edn. New York,
NY : Oxford University Press, 1988.
44. Comprehensive Plan for Epidemiologic Surveillance. Atlanta, GA :
Centers for Disease Control, 1986.
45. JORF n° 0022 du 27 janvier 2016 LOI n° 2016-41 du 26 janvier
2016 de modernisation de notre système de santé (1).
46. JORF n° 0155 du 5 juillet 2016 Décret n° 2016-914 du 4 juillet
2016 relatif au dossier médical partagé.
47. Le Parisien, Los Angeles : paralysé par des hackers, un hôpital
verse une rançon, http://www.leparisien.fr/faits-divers/los-angeles-
un-hopital-verse-une-rancon-a-des-hackers-qui-le-pirataient-18-02-
2016-5557129.php, 18 février 2016.
48. Le point, Londres : une clinique révèle par erreur l’identité de
patients séropositifs, http://www.lepoint.fr/monde/londres-une-
clinique-revele-l-identite-de-patients-seropositifs-02-09-2015-
1961463_24.php2, septembre 2015.
49. Association française des correspondants à la protection des
données personnelles, Données de santé https://www.afcdp.net/-
Donnees-de-Sante-
50.C. Castets-Renard, “Quelle protection des données personnelles en
Europe ?”, 2014.
51.Article 193de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de
modernisation de notre système de santé JORF n° 0022 du 27 janvier
2016.
52. Ibid.
AUTEUR
NAHELA EL BIAD
I – Introduction
1 Dans un premier temps, et avant de développer les réflexions
éthiques/juridiques posées par ces nouveaux outils, je vais vous
présenter brièvement leurs fonctionnalités.
2 AideDiag Expert est une application développée par un médecin
généraliste dont l’objectif est d’aider les médecins généralistes et
spécialistes dans leur démarche médicale quand ils sont confrontés à
des difficultés diagnostiques, soit en raison de pathologies rares, soit
en raison d’une présentation atypique d’une pathologie plus
fréquente. Après avoir réalisé son interrogatoire, et son examen
clinique, le médecin va pouvoir croiser les signes identifiés chez son
patient (parmi 5000 entrés de signes cliniques, paracliniques ou de
terrain) et aboutir ainsi à une liste de d’hypothèses diagnostiques
classée par ordre probabiliste (prenant en compte la fréquence de la
pathologie, la sensibilité et la spécificité de chaque signe rentré par
l’utilisateur). A ce stade, un réexamen ciblé sur ces hypothèses
diagnostiques est proposé au médecin en hiérarchisant les examens
à demander en première, deuxième ou troisième intention. La base
de données de l’application est le fruit de 17.000 heures de travail
basée sur des publications médicales référencées. L’évolution de
cette base est réalisée par des mises à jour régulières des données.
3 IBM Watson propose une solution visant à aider les médecins dans
leurs choix thérapeutiques. Cette application, actuellement
développée pour le cancer, va être capable de compiler les données
du patient (historique, génétique, imagerie, histologie, évolution des
lésions) pour proposer à partir de bases de données et de la
littérature internationale, le meilleur choix de traitement. IBM
Watson va se perfectionner grâce à un apprentissage par
renforcement : des cas cliniques vont lui être proposés, et ses
propositions vont être soumises à un panel d’oncologistes experts
qui vont lui faire un retour. Le logiciel sera alors capable d’adapter
son algorithme de prise de décision en fonction de ces réussites ou
erreurs. Des développements hors cancer sont en cours, notamment
pour la prise en charge du diabète, ou pour intégrer les données
génétiques du patient pour une prise en charge personnalisée de sa
santé.
4 Google DeepMind Health a été pensé initialement pour la prise en
charge en milieu hospitalier des patients atteints d’insuffisance
rénale chronique. A partir des antécédents, constantes et des
résultats de laboratoire d’un patient, il va indiquer aux soignants
quels patients prioriser. Il produit des alertes aux soignants via
l’application mobile Streams. Un partenariat avec le service de santé
britannique (National Health Service) a été signé et cette application
a été mise en place dans plusieurs hôpitaux Londoniens. L’évolution
de l’algorithme se fait également par un apprentissage par
renforcement. Des développements sont également prévus pour la
prise en charge des patients diabétiques, infectés ou présentant une
défaillance d’organe.
5 L’apparition et l’utilisation de ces nouveaux outils dans la pratique
médicale va poser plusieurs questions. Parmi ces questions, j’ai
choisi de développer celles-ci :
Comment différencier une approche commerciale d’une approche de santé ?
Quel sont les niveaux de transparence des processus décisionnels ?
Comment intégrer le cas particulier dans une approche statistique ?
Quelles données sont collectées et quelles sont leurs utilisations ?
Que devient la responsabilité des acteurs historiques (les médecins) et nouveaux (les
applications) vis-à-vis du patient ?
Comment ces outils vont changer la pratique médicale ?
III – Conclusion
13 J’ai dans ce descriptif de types d’applications médicales essayé de
soulever les questions posées par l’intégration de ces outils dans la
pratique médicale. J’ai à dessein comparé deux types d’outils. L’un
s’intégrant dans la pratique usuelle de la médecine à notre époque et
visant à améliorer cette démarche diagnostique par
l’accompagnement du médecin. L’autre peut s’apparenter à une
nouvelle démarche médicale qui est porteuse d’espoirs
d’amélioration importante des performances médicales que ce soit
dans un cadre diagnostic ou thérapeutique, mais qui par son
caractère disruptif pose la question de l’évolution de l’exercice
médical et plus largement de la société. Ce dernier type d’outil pose
également différentes questions sur le plan éthique et juridique, et
j’ai essayé de les identifier et d’apporter quelques éléments de
réponse. Les problèmes posés par ces nouveaux outils seront plus ou
moins importants en fonction de la place qu’ils prendront dans la
pratique médicale et des régulations qui seront mises en place. Il
convient dès à présent de penser cette future pratique médicale et
de savoir quelle place nous voulons qu’elle prenne. Jürgen Habermas
soulignait déjà en 1973 dans « La technique et la science comme
"idéologie" » cette nécessité de décider de l’utilisation souhaitée des
avancées technologiques et proposait « d’engager une discussion
débouchant sur des conséquences politiques, qui mette en rapport
de façon rationnelle et obligatoire le potentiel dont la société dispose
en matière de savoir et de pouvoir techniques avec notre savoir et
notre vouloir pratiques ».
RÉSUMÉS
Les avancées des Technologies de l’Information et de la Communication et le
développement de l’Intelligence Artificielle amènent aujourd’hui à de nombreuses
applications touchant de nombreux domaines de notre vie quotidienne, et notamment pour
ce qui nous concerne plus particulièrement, le domaine de la santé.
Il est probable que ces nouveaux développements vont permettre une amélioration de la
prise en charge des patients (prévention, diagnostic, traitement, suivi….) en s’adressant
directement aux patients, aux praticiens, voir aux établissements de santé. Cependant, ces
nouvelles pratiques, en associant une science médicale à une science technologique,
amènent également des interrogations sur des notions telles que la finalité (amélioration de
la santé et/ou pratique commerciale), la transparence (quelles données, quels algorithmes
pour quels résultats), la qualité des prévisions, la confidentialité et la protection des droits
des patients (hébergement, accès et utilisation des données patients), la généralisation de
cas particuliers à partir d’algorithmes, et enfin les responsabilités des différents acteurs
(concepteur, programmateur, diffuseur, utilisateur). Ces applications peuvent-elles,
doivent-elles, vont-elles remplacer les médecins ou les accompagner ?
Nous souhaitons développer ces interrogations en nous basant sur l’étude de deux modèles :
l’un concerne l’application d’aide au diagnostic médical AideDiag Expert développée par un
médecin généraliste ayant pour objectif de reproduire l’approche diagnostique d’une
consultation médicale, l’autre mettant au service l’intelligence artificielle (DeepMind
health, IBM Watson Health) pour proposer à partir de millions de données une prise en
charge diagnostique ou thérapeutique pour un individu.
AUTEUR
NICOLAS CHASSAING
Médecin généticien au CHU de Toulouse,
Responsable Innovation AideDiag Expert
L'impact du numérique sur le
système de soins
Le cadre juridique du traitement
des données de santé 1
Fabrice Mattatia
A – Grands principes
1) Définitions
2) Principes de base
B – Mise en œuvre
1) Formalités
a) Formalités anciennes
b) Formalités nouvelles
2) Autres obligations
a) Sécurité
2) Dispositif de certification
BIBLIOGRAPHIE
Comité d'agrément des hébergeurs de données de santé, Rapport d'activité 2012-2013.
Comité d'agrément des hébergeurs de données de santé, Premier rapport d'activité 2006-
2011.
F. Mattatia, RGPD et droit des données personnelles, Eyrolles, nouvelle édition prévue en
2018.
Références
Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.
NOTES
1. Voir : F. Mattatia, Le droit des données personnelles, Eyrolles, 2e
édition, 2016 (nouvelle édition RGPD et droit des données personnelles
prévue en 2018), pour une analyse plus approfondie du sujet.
2. Art. 2 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de 2017
et art. 4 du RGPD.
3. Art. 8 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de 2017
et art. 9 du RGPD.
4. Art. 38 à 40 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017 et art. 12 à 21 du RGPD.
5. Art. 6-II-8° et 23 de la loi Informatique et Libertés dans sa
rédaction de 2017.
6. Gestion administrative et médicale des patients, établissement et
télétransmission des feuilles de soins, et tenue de la comptabilité.
7. Délivrance des produits pharmaceutiques (dispensation),
traçabilité des produits, télétransmission des feuilles de soins et
facturation.
8. Gestion du dossier des patients, transmission des prélèvements,
gestion des analyses et des résultats et participation à des études
épidémiologiques.
9. Gestion de clientèle, édition des feuilles de soins et
télétransmission aux organismes d’assurance maladie, gestion des
fournisseurs, traçabilité des produits et des intervenants, gestion des
prospects, enquêtes de satisfaction, établissement de statistiques.
Toute exploitation commerciale de ces données est interdite.
10. Art. 8 IV de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
11. Art. 25 I 1° de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
12. Art. 22 V de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
13. Art. 27 I 1° de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
14. Art. 25 I 6° de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
15. Art. 35(3) du RGPD.
16. Art. 36 du RGPD.
17. Art. 53 à 61 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction
de 2017.
18. Délibération n° 2016-262 du 21 juillet 2016 portant modification
de la méthodologie de référence pour les traitements de données
personnelles opérés dans le cadre des recherches biomédicales (MR-
001), Délibération n° 2015-256 du 16 juillet 2015 portant
homologation d'une méthodologie de référence relative aux
traitements de données à caractère personnel mis en œuvre dans le
cadre des études non interventionnelles de performances en matière
de dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (MR-002), Délibération
n° 2016-263 du 21 juillet 2016 portant homologation d'une
méthodologie de référence relative aux traitements de données à
caractère personnel mis en œuvre dans le cadre des recherches dans
le domaine de la santé ne nécessitant pas le recueil du consentement
exprès ou écrit de la personne concernée (MR-003).
19. Art. 89 du RGPD.
20. Art. 34 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017 et art. 32 du RGPD.
21. Art. 33 et 34 du RGPD.
22. Art. 68 à 70 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction
de 2017 et art. 44 à 47 du RGPD.
23. Art. 22 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
24. Art. 37 à 39 du RGPD.
25. Art. 45 à 47 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction
de 2017.
26. Art. 83 du RGPD.
27. Art. 47 de la loi Informatique et Libertés dans sa rédaction de
2017.
28. Conseil constitutionnel, décisions 89-260 DC, 97-395 DC, 2014-
453/454 QPC, 2015-462 QPC.
29. TGI Marseille, 6e ch. corr., 7 juin 2017.
30. CNIL, décision n°2013-037 du 25 septembre 2013, procédure
clôturée par décision CNIL du 17 octobre 2013.
31. CNIL, délibération n° 2006-173 du 28 juin 2006, délibérations n°
2009-466 et 2009-469 du 9 juillet 2009.
32. CNIL, délibération n° 2010-113 du 22 avril 2010, confirmée par le
Conseil d’État, 10ème et 9ème sous-sections réunies, décision du 27
juillet 2012.
33. CNIL, Cahiers IP, Le corps, nouvel objet connecté, 2012, p. 54.
34. Exemple de futur possible : >www.youtube.com/watch?
v=N55kgh9W1jI
35.www.datasecuritybreach.fr/fuite-de-donnees-concernant-une-
quarantaine-de-centres-hospitaliers-francais/, 31 octobre 2013.
36.www.dsih.fr/article/2672/les-dossiers-medicaux-de-150-000-
patients-americains-en-acces-libre-sur-le-cloud-d-amazon.html, 12
octobre 2017.
37. TGI Marseille, 6e ch. corr., 7 juin 2017.
38. Art. L1111-8-2 du code de la santé publique.
39. Art. D1111-16-2 à D1111-16-4 du code de la santé publique.
40. www.zataz.com/fuite-de-donnees-medicales/
41. www.theguardian.com/technology/2016/feb/17/los-angeles-
hospital-hacked-ransom-bitcoin-hollywood-presbyterian-medical-
center
42.
www.lesechos.fr/13/05/2017/lesechos.fr/0212077825043_cyberattaq
ues---les-hopitaux-britanniques--principales-cibles-atteintes.htm
43. Art. L1111-8 du code de la santé publique.
44. Art. L1115-1 du code de la santé publique.
45. CNIL, communiqué de presse du 9 janvier 2012. La société
prétendait chiffrer les données médicales hébergées, ce qui était
inexact.
46. En 2016, l’auteur a été nommé président de ce comité.
AUTEUR
FABRICE MATTATIA
Ingénieur général des mines, docteur en droit, Président du comité d’agrément des
hébergeurs de données de santé, Chercheur associé à l’université Paris-I Panthéon-
Sorbonne
Quelle évaluation pour les
services numériques ? Le point de
vue des industriels de santé
Armelle Graciet
Conclusion
24 Après quatre années d’errements et d’hésitation, 2018 devrait être
l’année de la télémédecine, puisque, nous l’avons souligné, celle-ci
entre dans le droit commun par la téléconsultation et la
téléexpertise. Il faut toutefois que les négociations conventionnelles
aboutissent ; cela devrait prendre quelques mois compte-tenu du
nombre d’acteurs en jeu. Au vu de la motivation des différents
acteurs, professionnels de santé et industriels, gageons que les
expérimentations de télésurveillance qui ont démarré fin 2017
débuteront suffisamment rapidement pour permettre d’ici mi‑2019
l’évaluation intermédiaire prévue par la LFSS 2018 et son passage
également dans le droit commun avant les quatre ans prévus dans
l’article 54.
NOTES
1. Articles L6316-1 et R6316-1 du code de la santé publique.
2. Rapport remis à Madame Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la
Santé et des Sports, 15 octobre 2009.
3. P. 37/247.
4. Directive 90/385/CEE relative à la mise sur le marché des
dispositifs médicaux implantables actifs.
Directive 93/42/CEE relative à la mise sur le marché des dispositifs
médicaux, Directive 98/79/CE relative à la mise sur le marché des
dispositifs médicaux de diagnostic in vitro.
5. Il est seul responsable de la déclaration de conformité du produit,
devra gérer le dossier technique et mettre en place les procédures
obligatoires.
6. ÒC. Le Gal Fontes et M. Chanet, « Le rôle et les conditions de
surveillance des organismes notifiés : une réforme tant attendue… »,
RDSS 2018, n° 1, p. 34.
7. Il appartient à la personne désignée de veiller à ce que la
conformité des dispositifs soit correctement contrôlée et que la
documentation technique et la déclaration de conformité soient
établies et mises à jour, les obligations de surveillance post-marché
ou de notification de matériovigilance soient respectées, les
déclarations de conformité des dispositifs médicaux faisant l’objet
d’une investigation soient effectuées.
8. Voir en particulier, Annexe I, Exigences générales en matière de
sécurité et de performances, Chapitre I, Exigences générales : 17.1.
« Les dispositifs comportant des systèmes électroniques
programmables, notamment des logiciels, ou les logiciels qui sont
des dispositifs à part entière sont conçus de manière à garantir la
répétabilité, la fiabilité et les performances eu égard à leur
utilisation prévue. En condition de premier défaut, des moyens
adéquats sont adoptés pour éliminer ou réduire autant que possible
les risques qui en résultent ou la dégradation des performances ».
17.2. « Pour les dispositifs qui comprennent des logiciels ou pour les
logiciels qui sont des dispositifs à part entière, ces logiciels sont
développés et fabriqués conformément à l'état de l'art, compte tenu
des principes du cycle de développement, de gestion des risques, y
compris la sécurité de l'information, de vérification et de
validation ».
9. L.5211-1 CSP : « On entend par dispositif médical tout instrument,
appareil, équipement, matière, produit, à l'exception des produits
d'origine humaine, ou autre article utilisé seul ou en association, y
compris les accessoires et logiciels nécessaires au bon
fonctionnement de celui-ci, destiné par le fabricant à être utilisé
chez l'homme à des fins médicales »… « Constitue également un
dispositif médical le logiciel destiné par le fabricant à être utilisé
spécifiquement à des fins diagnostiques ou thérapeutiques ». Cf la
définition donnée par le Règlement (UE) 2017/745 sur les dispositifs
médicaux, article 2. (JOUE, 5 mai 2017)
10. Le CSF santé associe les entreprises du médicament humain et
vétérinaire, du dispositif médical, du diagnostic médical, de la
biotechnologie et de la e-santé, ainsi que les syndicats de salariés et
les organismes professionnels concernés.
11. HAS, Référentiel de bonnes pratiques sur les applications et les objets
connectés en santé (Mobile Health ou mHealth), octobre 2016.
12. GT 28 CSF, rapport, janvier 2017, p. 21.
13. Le PIAF (Privacy Impact Assessement Framework) est une
version générique du PIA, qui doit permettre de réaliser l’analyse
d’impact qui va s’imposer notamment à tout industriel du secteur
d’ici mai 2018, en application de l’article 35 du règlement européen
sur la protection des données personnelles (RGPD)
14. Marguerite Brac de la Perrière, 24/02/2017, Certification des objets
connectés et applications de santé, Lexing Droit Santé numérique, en
ligne.
15. On sait en particulier que les investigations cliniques mises en
place pour l’obtention du marquage CE sont principalement réalisées
en vue de démontrer les performances et la sécurité d’un dispositif,
les investigations cliniques attendues pour le remboursement et la
tarification doivent également répondre à la question de la place du
dispositif dans l’arsenal disponible (thérapeutique, diagnostic ou de
compensation du handicap).
16. L. 162-22-7 CSS ; DREES, « Les médicaments et dispositifs
médicaux de la liste en sus », in Les établissements de santé, Ed. 2017.
17. Plus précisément, l’objectif de départ était de mettre en place
une évaluation médico-économique des expérimentations de
télémédecine dans 9 régions pilotes sélectionnées au moyen d’un
cahier charge des charges.
18. Aux 4 pathologies chroniques citées ci-dessus s’ajoutent le suivi à
distance des patients porteurs de prothèses cardiaques implantables
comme les stimulateurs cardiaques et les défibrillateurs cardiaques.
Longtemps espérée, la télésurveillance des prothèses cardiaques
implantables va pouvoir débuter avec une rémunération des
professionnels effectuant cette activité, l’arrêté sur le cahier des
charges des expérimentations ayant été publié le 22 novembre 2017.
En ce sens, et en l’attente d’une inscription définitive de l'acte de
télésurveillance de ces dispositifs (défibrillateurs implantables et
stimulateurs cardiaques), l'expérimentation va constituer une phase
transitoire.
19. « Les produits ou prestations ayant pour objet de réaliser la
transmission de données permettant à un professionnel de santé
d'interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical
d'un patient ne peuvent pas être inscrits sur la liste mentionnée à
l'article L.‑165-1 du code de la sécurité sociale pendant la durée des
expérimentations, dès lors que leur indication inclut le diagnostic, la
prévention, le contrôle ou le traitement d'une pathologie prévue
dans l'un des cahiers des charges ».
AUTEUR
ARMELLE GRACIET
Directeur des Affaires,
Industrielles SNITEM,
Secrétaire de l’Alliance E-Health France
Co-rédaction, Isabelle Poirot-Mazères, Professeur, Université Toulouse 1 Capitole
Les nouvelles technologies au
service de la santé : l’exemple de
KYOMED
Daniel Laune
NOTES
1. Bernard Bégaud, Dominique Polton, Franck von Lennep, Les données
de vie réelle, un enjeu majeur pour la qualité des soins et la
régulation du système de santé – « L’exemple du médicament »,
Rapport, mai 2017, p. 4.
2. Règlement (UE) 2017/746 du Parlement européen et du Conseil
du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro
et abrogeant la directives 98/79/CEE et la décision 2010/227/UE de la
Commission ; Règlement (UE) 2017/745 du Parlement européen et du
Conseil du 5 avril 2017 relatif aux dispositifs médicaux, modifiant la
directive 2001/83/CE, le règlement (CE) n° 178/2002 et le règlement
(CE) n° 1223/2009 et abrogeant les directives du Conseil 90/385/CEE
et 93/42/CEE ; HAS, Parcours du dispositif médical en France. Guide
pratique, novembre 2017.
3. Cf la définition qui en est donnée par l’Institut national de
recherche dédié au numérique : « Laboratoire d’innovation ouverte,
le living lab place l’usager au coeur du dispositif afin de concevoir et
de développer des produits et/ou des services innovants répondant
aux attentes et besoins de société. Ainsi la pertinence du service ou
produit créé est plus importante une fois que le besoin a été très
précisément défini grâce à la participation de l’usager, et que ce
dernier a également été impliqué dans les phases de conception et de
test. Les living labs contribuent donc à l’émergence d’un nouveau
système d’innovation où les utilisateurs/citoyens ne sont plus de
simples consommateurs mais deviennent acteurs et contributeurs ».
AUTEUR
DANIEL LAUNE
Président et Directeur scientifique de la société Kyomed Montpellier, Cap Gamma, Parc
Euromedecine
Les nouvelles pratiques liées au
big data en santé : enjeux
sociétaux et impact au regard des
inégalités sociales de santé
Cyrille Delpierre
AUTEUR
CYRILLE DELPIERRE
Directeur de recherche, Inserm, UMR 1027, université Toulouse III
Quels modèles économiques pour
la e-santé ?
Aujourd'hui déjà, un nouveau
modèle économique en santé ?
Jean-Olivier Mallet
________________________________________________________
Ont été jusqu'à présent documentés surtout les rapports aux relations de travail
(« ubérisation »), ceux aux usagers-consommateurs entre profilage et
« personnalisation » affinés par l'élaboration des big datas, ceux concernant
l'innovation (start-ups, capital-risque), mais une réflexion économique large sur
la digitalisation en santé mérite d'être encore développée.
Le présent colloque toulousain de septembre 2017 a révélé une certaine
hésitation et irritation des opérateurs devant la réticence de l'assurance maladie
et de l'État à inscrire à remboursement des « dispositifs médicaux » préventifs ou
curatifs via applications. Cette situation de réticence et d'incertitude favorise le
positionnement de la couverture complémentaire, plus réactive et susceptible
d'articuler les propositions avec d'autres domaines assurantiels que la santé et la
dépendance. Finalement pour l'heure nous restons dans un modèle économique
marchand assez classique, mais potentiellement démultiplié par l'extraction et
marchandisation des gisements de données sanitaires.
AUTEUR
JEAN-OLIVIER MALLET
3 Prévenir plus tôt, soigner mieux, suivre plus efficacement, telles sont
les promesses portées par le développement des outils numériques
en santé.
4 Ils doivent permettre d’abord d’améliorer la prise en charge des
patients, en établissement (hospitalier et médico-social) mais aussi
et surtout au domicile des patients en diffusant extra muros les
compétences et expertises grâce à la télémédecine, dont le cadre
juridique est fixé par la loi 1 . Certaines de ces applications font
d’ores et déjà partie de pratiques éprouvées, comme la
télésurveillance des patients atteints d’insuffisance cardiaque 2 , qui
permet de repérer des signes cliniques annonciateurs d’une
décompensation et de parvenir à différer, voire éviter une
hospitalisation 3 . Dans de nombreux domaines, cette possibilité
d’interpréter à distance des données transmises grâce à des objets
connectés ou par les patients permet de réduire considérablement le
délai de réponse du système de soins. Ainsi aujourd’hui environ
50.000 patients porteurs de stimulateurs ou défibrillateurs
implantables sont suivis à distance par des professionnels de santé.
La télésurveillance est devenue, comme le rappelait le Dr Lazarus, "la
méthode de référence pour le suivi des patients cardiaques aux
Etats-Unis", et elle permettrait, selon des études publiées
récemment, "une baisse de mortalité totale d'environ 38%" 4 . Le
dispositif est encore expérimental en France, mais la publication
récente du cahier des charges permet désormais la rémunération des
médecins réalisant la télésurveillance des prothèses cardiaques
implantables (stimulateurs et défibrillateurs) 5 . Pour la Cour ces
comptes, « en permettant d’éviter des hospitalisations, la
télésurveillance des malades chroniques grâce à des dispositifs
connectés apparaît comme la forme de télémédecine la plus
prometteuse » 6 .
5 La téléconsultation et la télé-expertise, qui devraient aussi se
développer plus rapidement avec la décision de quitter le terrain de
l’expérimentation et de basculer ces actes de télémédecine dans le
droit commun du financement 7 , peuvent être un levier majeur
pour diminuer les pertes de chances liées à l’éloignement des centres
de soins et réduire les discriminations géographiques. Ainsi dans
plusieurs régions des plateformes de télé-expertise ont été
organisées pour permettre à des médecins traitants, des infirmiers
libéraux ou des établissements de santé de faire appel à des experts
en plaies chroniques et/ou complexes (en particulier escarres,
ulcères de la jambe ou de plaies du pied diabétique) lorsqu’ils
rencontrent des difficultés dans la prise en charge de leurs patients,
notamment à domicile.
6 Au-delà de la dimension la plus évidente du recours au numérique
qui est de faciliter l’accès aux soins par la télémédecine, les objets
connectés sont appelés à accroître les capacités des patients à gérer
leur maladie (capteurs et objets connectés, applications informatives
ou éducatives,…), et plus globalement à être vecteurs d’empowerment
individuel et collectif, notamment par l’accès possible aux données
et l’analyse des informations qu’elles livrent sur l’état de santé des
personnes et son évolution.
7 Des progrès médicaux importants sont aussi attendus de
l’exploitation de la masse de données rendue disponible par la
numérisation, et l’on évoque la « médecine du futur », baptisée il y a
une dizaine d’années médecine des 4 P 8 . En cancérologie, la
médecine génomique personnalisée est déjà une réalité, avec les
possibilités d’analyse des milliards de données du génome et les
développements en cours de l’intelligence artificielle.
8 Au-delà du bénéfice individuel pour les patients, l’exploitation des
données massives recueillies à l’échelle de larges populations porte
aussi des enjeux collectifs de santé publique : surveillance sanitaire,
détection des risques, analyse des performances du système de
santé, de la qualité des soins, des inégalités sociales et spatiales,
conception de programmes d’intervention personnalisés ajustés aux
besoins des patients, analyse de l’efficacité et des effets indésirables
des traitements en vie réelle (pour laquelle les techniques
statistiques appliquées au Big Data pourraient permettre de faire
émerger des signaux faibles et d’accroître les capacités de
pharmacovigilance).
Les promesses portées par cette nouvelle ère de la santé numérique
sont donc considérables, et il ne se passe pas une semaine sans que
des articles, prises de parole, publications ne relaient ces attentes.
Mais en miroir de ces espoirs, des inquiétudes se manifestent
également.
NOTES
1. Article L6316-1 CSP : « La télémédecine est une forme de pratique
médicale à distance utilisant les technologies de l'information et de
la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient,
un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figure
nécessairement un professionnel médical et, le cas échéant, d'autres
professionnels apportant leurs soins au patient.
Elle permet d'établir un diagnostic, d'assurer, pour un patient à
risque, un suivi à visée préventive ou un suivi post-thérapeutique, de
requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique,
de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations
ou des actes, ou d'effectuer une surveillance de l'état des patients. La
définition des actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de
mise en œuvre et de prise en charge financière sont fixées par
décret, en tenant compte des déficiences de l'offre de soins dues à
l'insularité et l'enclavement géographique ».
2. Cf Arrêté du 6/12/2016 portant cahier des charges des
expérimentations relatives à la télésurveillance des patients
insuffisants cardiaques chroniques.
3. Inglis SC, Clark RA, Dierckx R, et al., « Structured telephone
support or non-invasive telemonitoring for patients with heart
failure », Cochrane Database Syst. Rev. 2015,
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD007228.pub
3/epdf
4. Intervention à l'occasion des Journées « Catel Paris 2017 »
organisée par le Club des acteurs de la télémédecine (Catel).
5. Cf Arrêté du 14 novembre 2017 portant cahier des charges des
expérimentations relatives à la prise en charge par télésurveillance
des patients porteurs de prothèses cardiaques implantables à visée
thérapeutique mises en œuvre sur le fondement de l’article 36 de la
loi no 2013-1203 de financement de la sécurité́ sociale pour 2014.
6. Rapport Sécurité sociale, « La télémédecine : une stratégie
cohérente à mettre en œuvre », p. 303, septembre 2017.
7. Loi de financement de la sécurité sociale pour 2018.
8. Car plus prédictive, grâce à la connaissance des facteurs de
prédisposition (qu’ils soient génétiques ou liés aux comportements
et à l’environnement du patient), plus préventive grâce à ces
connaissances, plus personnalisée avec des stratégies thérapeutiques
adaptées prenant en compte l’ensemble des données individuelles, et
enfin plus participative, avec un rôle plus actif des patients dans la
décision et la gestion de sa santé.
9. Du moins dans le domaine de l’assurance santé.
10. D’ores et déjà d’ailleurs une industrie florissante de courtage en
données de santé s’est développée, proposant à la vente des listes de
personnes souffrant de certaines pathologies, avec leurs identités
numériques, de la même manière que se vendent des informations
sur les comportements d’achat.
11. A. Lopez, C. Compagnon, Pertinence et efficacité des outils de politique
publique visant à favoriser l’observance. Rapport IGAS, juillet 2015.
12. Cour des Comptes, Rapport sur l’application des lois de financement
de la sécurité sociale, Chapitre 7 : La télémédecine : une stratégie
cohérente à mettre en œuvre. Septembre 2017.
13. Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, Rapport
Innovation et système de santé, 2016. Voir notamment le document de
travail n° 11 annexé au rapport.
14. Décret n° 2004-1523 du 16 décembre 2014, publié au Journal
officiel du 18 décembre 2014.
15. F. Denis et al., « Improving survival in patients treated for a lung
cancer using self-evaluated symptoms reported through a web
application », American journal of clinical oncology, 2017, 40(5) :
464-469.
16. Communication au groupe du comité stratégique de filière
« santé » du Conseil national de l’industrie : « Créer les conditions
d’un développement vertueux des objets connectés et des
applications mobiles en santé », 2016. Rapport téléchargeable à
l’adresse : http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-gt28-
octobre-2016-vf-full.pdf
17. Etude NOEMIE. Nouveaux modèles économiques de eSanté en
Europe. https://syntec-
numerique.fr/sites/default/files/Documents/2016_01_06_noemie_li
vrable_avec_reco_060115_vf1.pdf
18. L’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) se substitue au
règlement arbitral de 2015 qui avait permis de généraliser le mode
de financement des maisons de santé mono-site ou multi-sites
instauré par les expérimentations des nouveaux modes de
rémunération (ENMR). Accord approuvé par arrêté en date du 24
juillet 2017 (publié au JO du 5 août 2017).
19. HCAAM, Rapport 2016, T.1, Chapitre 12 « Un cadre favorable aux
initiatives des innovateurs », p. 136 et s., Cf également le tome 2 et le
document de travail n° 11 « Le numérique ».
20. Cf rapport de l’Assurance Maladie sur les charges et produits
pour 2018. Document téléchargeable à l’adresse suivante :
https://www.ameli.fr/l-assurance-maladie/statistiques-et-
publications/rapports-et-periodiques/rapports-charges-produits-
de-l-assurance-maladie/rapport-charges-et-produits-pour-l-annee-
2018.php
21. Article 193.
AUTEUR
DOMINIQUE POLTON
NOTES
1. DREES (sous la dir. de Muriel Barlet, Magali Beffy, Denis Raynaud),
La complémentaire santé : acteurs, bénéficiaires, garanties – édition
2016, Collection Panoramas de la Drees-Santé, avril, 102 p.
AUTEUR
THOMAS GODARD
AUTEUR
JULIEN LARFOUILLOUX
Responsable e-santé Harmonie Mutuelle
La numérisation à la base des
nouvelles formes d'exercice et de
prise en charge
Philippe Rognié
AUTEUR
PHILIPPE ROGNIÉ
Directeur régional de FILIERIS Sud
Conclusion : quelle gouvernance ?
L’impact sur la gouvernance
territoriale
Patrick Descoins
I – La renaissance ou le repli
4 « Santé, numérique et droit-s » est un titre singulier. La santé, « état
global de bien-être physique, mental, social », immatériel, relève
d’une pensée complexe et transversale. Elle est antinomique du
terme numérique, binaire, d’une représentation basée sur la récolte
superficielle de traces, d’un appauvrissement culturel du citoyen
réduit à un simple consommateur. L’approche épistémologique défie
notre modèle social, avec l’irruption des algorithmes dans le
politique, le social et la société. La transformation actuelle est
comparée à une Renaissance (nouveaux modes de diffusion de
l'information, bouleversement des échanges économiques,
changements de représentation du monde…), une mutation
accélérée de la société, une révolution citoyenne mise en route par
Internet et les réseaux sociaux. Nous entrons dans la phase
exponentielle prédite il y a près de 20 ans, lors des Assises régionales
de la société de l’information (Conseil Régional de Midi-Pyrénées,
1999). Ce ne sont cependant pas tellement les savoirs qui évoluent,
mais les façons nouvelles de les utiliser ou de les confronter entre
eux, impliquant de nouvelles représentations et des usages
extrêmement structurants. On remarque paradoxalement les fortes
proximités ou appétences qui existent entre la santé et le
numérique. L’« hypermédicalisation » des situations sociales dans le
monde de la santé est à l’image de l’engouement pour le numérique
qui règne dans notre société : hôpital, économie, finance, territoire,
politique, New Public Management. La gouvernance algorithmique
est à ce jour partie intégrante des logiques de concentration, de
déterritorialisation, d’amplification des inégalités et de la
considération que le citoyen n’est qu’un agent économique qui ne
cherche exclusivement qu’à maximiser sa propre consommation. Le
numérique n’apporte directement que peu de « valeur ajoutée
immatérielle sociétale » dans un domaine aussi antinomique que ne
l’est la finance, au regard de la santé et du social. Il agit tel un virus,
qui instrumentalise et réutilise à son profit en les dématérialisant,
les constructions historiques des civilisations. Un virus peut être
létal et détruire sa cellule hôte. Dans les situations les plus
favorables, il se comporte en commensal.
5 Malgré leur apparence technique, les algorithmes, comme les
ordinateurs, demeurent une construction historique sociale et
sociétale. Les outils numériques, vus comme des machines
déshumanisées, finiront peut-être par ce biais par produire de la
« valeur ajoutée humaine », un enrichissement de la culture, une
réponse au besoin de connaissance et de compétence du citoyen. On
ne connaît pas le type d’empathie, les solidarités, qu’un algorithme
sera capable de promouvoir. Le numérique résoudra-t-il à notre
place notre complexité sociale ? Deviendra-t-il finalement vertueux
quand nous saurons intégrer ses artéfacts ?
6 Nous devons répondre en urgence à ces défis prospectifs. Nous
courrons le risque de voir la dimension humaine et sociale de la
relation patient-citoyen-élu s’estomper irrémédiablement au profit
d’une accumulation d’algorithmes et de données, définitivement
« non déconstructibles ». L’intelligence artificielle se renforce vite et
saura bientôt prendre directement des décisions. Il sera alors trop
tard. L’intelligence artificielle basée sur l’apprentissage par
renforcement (octobre 2017) est devenue tellement « supérieure » à
l’homme, qu’elle exclue désormais ce dernier pour étalonner sa
« puissance ». La confrontation ne s’établit plus qu’entre machines.
L’homme est disqualifié. Les réseaux de neurones « se trompent déjà
moins qu'un médecin » et moins qu’un élu ?
II – L’Enfant surdoué
7 La complexité de la vie est ancrée aux débuts du temps. L'Homo
sapiens semble abandonner la poursuite de sa propre évolution à
l’Homo numéricus. Son « encéphalisation » relève maintenant plus
d’un « e-néocortex sociétal » que d’une progression phylogénétique
et culturelle. La disruption dont l’hominisation fait l’objet signifie
que l’évolution classique est normalement terminée. Darwin passe la
main à un autre système de représentation qui n'est plus « naturel ».
L’informatique, les réseaux de fibres optiques, les algorithmes font
désormais partie du monde de la biologie et de la sociologie.
8 Ce phénomène peut être comparé à la naissance d’une nouvelle
espèce, celle d’un nouvel être mutant, tel un enfant surdoué né il y a
2 ans avec l’apprentissage profond. Ses parents rêvaient à sa
conception depuis les années 80, Alan Turing, depuis 1950. Un enfant
Dieu est né. Sapiens est mort : vive le Roi numérique ! L'enfant
grandit et nous sommes infantilisés. Outre son agilité intellectuelle
hors pair, il est surdoué en lecture, mathématique, neurologie,
linguistique, économie, commerce, marketing. Son génie réside dans
ses capacités de raisonnement interdisciplinaire. Il adore pourtant
centraliser les pouvoirs et sait déjà rendre accessible l’inatteignable.
On lui apprend à lire très intelligemment et on laisse en même temps
les « vrais gamins », les « vrais gens », dans l’incapacité de
comprendre ce qu’ils lisent, quand ils lisent. Même s’il n’est pas
réellement humain, ce dont il rêve de devenir, il nous considère
comme des objets : Henry Ford s’y retrouverait.
9 Pour débuter, il s’amuse avec des services simples et pratiques : il
trouve pour nous des informations, il nous transporte facilement, il
nous met en relation. Bientôt il nous soignera et nous gouvernera.
Partagera-t-il son pouvoir ? Acceptera-t-il d’être évalué, contrôlé,
compris ? Il n’est pas très transparent ni partageur et ne connait pas
le terme de parité. Il a tendance à croire tout ce que l’on lui dit. Son
esprit critique viendra plus tard. Il est un peu chapardeur, cachotier.
Il vit, dort et rêve dans des « datacenter ». Il est hyperthyroïdien et
ne prend pas trop garde à sa consommation d’électricité pour se
rafraichir ni à la température de la planète. Il rechigne à payer ses
impôts. Il se nourrit de poussière et aime les récompenses
électroniques. Il apprend tout seul, adore tout savoir sur tout le
monde, nos amis, nos réseaux. Il croit nous connaître mieux que
nous nous connaissons nous-mêmes. Sa mémoire est infinie et
immortelle. Il peut intégrer en quelques secondes des dizaines de
milliers de pages de cas cliniques, de sciences dures et molles. Il est
capable de « comprendre » des images pour nourrir ses neurones
profonds et est déjà un grand cinéphile. Il est supérieur en tout et
possède une expérience qu'aucun être humain ne pourra jamais
développer. Il ne sait pourtant pas faire la différence entre
immatériel et dématérialisé. Il n’a pas conscience des conséquences
de son comportement envahissant qui est déjà trop structurant. Les
fées viennent de renforcer ses neurones profonds. Il a définitivement
disqualifié l’homme envers lequel il ne forme plus l’intérêt de se
comparer. C’est un enfant unique, un gamin robot qui finira sur les
bancs des écoles, petites et grandes, pour apprendre au plus près de
l’humain, encore et toujours. Il se fera beaucoup de camarades mais
il les instrumentalisera. S’il sait jouer avec des images de radiologie
pour y détecter des cancers, choisira-t-il de devenir le meilleur
dépisteur du monde ou saura-t-il se poser la question de
l’importance de la prévention primaire ? Son existence n'est fondée
que sur la gestion de traces. Le big data est une représentation de la
réalité basée principalement sur des éléments de surface. Allons-
nous n’être plus que nos propres avatars, les traces numériques de
nous-même, nos ombres citoyennes dans une démocratie numérique
artificielle ?
III – Le citoyen et l’oligarque
10 L’évolution 5.0 en cours va affaiblir sinon révéler la complexité de
l’individu. Elle pourra « augmenter le citoyen », répondre à ses
besoins de connaissance, dans la mesure où nous nous poserons les
bonnes questions. La promesse d'immortalité privera logiquement
l’homme de ses capacités d’évolution. Il nous faudra créer en Ariège,
des réserves naturelles de cerveaux non connectés grothendieckiens,
un institut de la pensée a‑numérique, dissimulé entre des bonbonnes
de gnôle et des bocaux occitaniens momifiés de cassoulet et de foie
gras.
11 Nous vivons dans une société globalement acculturée,
« illetronisée », dans laquelle nous faisons l’impasse sur les enfants
réels. Cette société doit faire face à une disruption numérique. Cette
disruption n’est pas problématisée. Elle nous fait courir le risque
d’une passivité culturelle irréversible. « Je m’occupe de tout et
prends votre place, c’est gratuit ». Le modèle économique est prêt.
Celui de la société de l’information ne l’est pas. En automatisant tout,
un algorithme à toutes les chances de se substituer à l'interaction et
à la confrontation entre groupes humains. Il remplacera médecins,
chercheurs, notaires, psychothérapeutes, psychiatres, juristes,
avocats, juges, députés, ministres, présidents, citoyens ? Ces
« Assistants », voués au chômage culturel et sociétal, se prêtaient
pourtant à un jeu de rôle, une confrontation, à une notabilité à
laquelle l’intelligence artificielle se refuse de participer, en l’état. On
ne peut pas jouer pas de rôle social « solvable » quand on est seul,
non élu, dominant et en situation de monopole oligarchique. L’élu a
peut-être déjà commencé à abdiquer. Il demande un temps de
réflexion et d’adaptation. Ceci se réalise à bon compte pour les
secteurs financiers pour lesquels l’absence de régulation donne toute
liberté et permet tous les excès. Où est l’Etat stratège garant de
l’intérêt général dans un domaine où le modèle économique s’appuie
sur le don non réflexif ni réversible par soi de ses propres données
personnelles ? La valorisation boursière financière des GAFAM est
basée sur une capacité à convaincre et sur des promesses. C’est
classique. Ce n’est pas une intelligence algorithmique qui a créé la
Sécurité Sociale de Pierre Laroque, mais tout un aboutissement
historique, politique, sociétal et culturel.
12 La problématisation existe au niveau européen. La réflexion s’étend
aux niveaux nationaux dans les politiques et services du bien
commun, la fabrique des politiques publiques, le pilotage des
politiques de santé, les enjeux communs à la transition numérique,
les usages et la propriété des données, les modèles économiques, le
rôle dévolu ou non aux élus et élues. Des innovations en transition
numérique se font jour. Le « logiciel de démocratie » POLITIZR, ou
l’Incubateur de politiques publiques Sciences Po ouvert en janvier
2017, en sont un exemple. La place du citoyen usager et de l’élu, dans
un vaste modèle de gouvernance sociétale, de santé, de gouvernance
algorithmique, de e‑démocratie, est un fondamental. Il est possible
que nous glissions subrepticement vers une démocratie sans citoyen,
une santé sans patient acteur de sa propre santé.
V – Le deuxième « S » et le « Premier E »
16 La disruption numérique est une disruption politique. En 1991, la
DRISS qui intégrait le « deuxième S » dans le concept de politique de
santé qu’elle développait, considérait l’expression citoyenne
« accoucher dans telle maternité, c’est voter ». Aujourd’hui, les
algorithmes font de même 26 ans après. Ils intègrent des données de
big data, qui valent scrutin démocratique. Ces informations sont
aussi des données de préférence et de comportement. Elles sont
seulement infiniment plus nombreuses, voire exhaustives mais
beaucoup plus biaisées. Elles sont intégrées par des algorithmes non
élus, de plus en plus intelligents et rapides, avant de ne l’être par de
« vrais élus » ni moins encore par de « vrais citoyens ». Les
algorithmes et les réseaux de neurones profonds et renforcés
commencent à être opérationnels. Il reste à les nourrir avec des
« données de qualité » pour qu’ils prennent leur place dans la
société. Ce sont les informations qui sont stratégiques.
17 Les algorithmes et les données qui les alimentent sont construits par
les citoyens et les sociétés. Comme le séquençage d’un génome,
l’information qui en résulte est partie intrinsèque de chaque
individu. Le génome est pour sa part, brevetable. L’information
individuelle ou citoyenne peut-elle, elle aussi, être uniquement
appropriable et brevetable par des acteurs privés ? Il est possible de
s’abstenir lors d’un scrutin démocratique, de se rétracter.
L’équivalent doit-il être possible avec le consentement éclairé, par la
réversibilité du don de ses propres données personnelles ? Les
données publiques doivent-elles être la propriété de sociétés privées,
situées sur d’autres continents ? Il y a matière à se poser les mêmes
questions que celles qui se posent déjà dans les domaines sociétaux
impactés par le développement de l’informatique : la génétique, les
nanotechnologies, les robots : brevetabilité du vivant VS
privatisation des « produits sociaux de l’intelligence artificielle ».
Quelle sera l’emprise du domaine public sur l’IA ? Comment réagir
vis-à-vis des OPA des GAFAM sur le « bien commun » ? Les GAFAM
étant concentrés au niveau mondial, y-a-t-il matière à expérimenter
un équilibre et une nouvelle forme de séparation des pouvoirs en
impliquant les Régions, l’Europe, lieux électifs d’exercice d’une
gouvernance territoriale décentralisée et publique ? Faut-il former
et accompagner le citoyen à la culture de l’irruption de l’IA, comme
cela est fait pour l’informatique, pour résister au passage d’une
société démocratique à celle du risque de l’hypertechnocratie de
l’IA ? Comment résister à la situation d’asymétrie exacerbée des
savoirs, préserver la place du citoyen, réaliser réellement des choix
dans un contexte où l’on est secondé, dominé, séduit, soumis par
l’IA ? Doit-on continuer à injecter dans les big data, la récolte de
traces de comportements de consommation à visée uniquement
financière ou « apprendre » à l’intelligence artificielle l’histoire de
France, de l’Europe, celle de l’Assurance Maladie et de l’évolution des
systèmes de santé, la philosophie… Redécouvrir le « citoyen
augmenté ».
18 Nous atteignons en 2017, l’ère du « premier e », celle de la
gouvernance algorithmique, après avoir vécu celle du « deuxième S »
de 1991, de la gouvernance sociale.
BIBLIOGRAPHIE
Rencontre « Vigilance Epistémique et Citoyenne ». Réseau Intelligence de la Complexité.
novembre 2016 Paris – FPH. « Gouvernance algorithmique, gouvernance territoriale, Quels
enjeux, quelles vigilances ? ».
BRIQUES : banque régionale d’information, qualité de vie, épidémiologie, santé : la vertu des
NTIC face au cloisonnement des acteurs de santé régionaux ? Journée « anthropolitique et
gouvernance des systèmes complexes territoriaux mai 2003 Toulouse.
Evaluation régionale des Programmes Régionaux de Santé Publique. Quelques repères pour
les acteurs. mai 2008 Direction Générale de la Santé. Ministère de la santé, de la jeunesse,
des sports et de la vie associative Paris.
Réseaux et systèmes d’information en santé. oct. 1995 Ecole nationale de santé publique
ENSP Rennes.
AUTEUR
PATRICK DESCOINS
6
I – Vers les « portes de la nuit » ou Les
menaces de la numérisation marchande
généralisée
6 Décrit comme un processus inéluctable, la numérisation marchande
généralisée (NMG) véhicule une anthropologie implicite qu’il s’agira
d’identifier pour voir en quoi elle est en congruence avec le règne de
la quantification et déstabilise les formes instituées dont les
territoires.
A – La numérisation marchande généralisée comme
processus inéluctable
13 Une succession d’états plutôt qu’un être. Cela fait écho à ce qui sera
décrit ensuite comme la liquidité des sociétés et des individus 18
. Mobile, adaptable, évoluant dans des réseaux, travaillant sur projet,
ne connaissant de loyauté qu’à lui-même et sa carrière, cet individu
liquide est devenu un idéal dans ce que L. Boltanski et E. Chiapello
appellent la « cité connexionniste 19 » qu’ils voient apparaître dans
les années 1990. Un peu plus tard, étudiant le monde du travail, N.
Aubert identifie la figure de l’individu hypermoderne 20 qu’elle
caractérise par une série de changements importants : un rapport au
temps marqué par l’accélération continue, des relations de plus en
plus éphémères aux autres, un rapport à soi caractérisé par le
dépassement, l’intensité et une forme d’excès de soi‑même, et une
primauté accordée à la visibilité sur l’intériorité. Mis en concurrence
avec les autres, évalué en permanence, enjoint à l’autonomie dans le
cadre de procédures de plus en plus contraignants, l’individu au
travail éprouve un mal-être croissant 21 . Cette anthropologie
implicite est congruente avec une représentation quantifiée du réel.
Pour comprendre, revenons au sens des mots.
B – Conjurer la prolétarisation
« Mon sentiment est que nous allons vers un corps médical à deux vitesses. D'un
côté, il y aura des médecins dont le statut ne sera pas très éloigné de celui d'une
assistante sociale. De l'autre, des techniciens qui paramétreront les algorithmes
et géreront cette médecine 2.0 48 »
27 En s’exprimant ainsi, le médecin co-fondateur du site Doctissimo,
L. Alexandre, tout en appelant à s’y adapter, témoigne de lourdes
craintes sur l’avenir de la médecine. Ces risques de déqualification
touchent, comme nous l’avons vu, des fonctions, des métiers et des
personnes de plus en plus qualifiés. Plutôt que de déqualifier des
fonctions, des métiers et des personnes au profit des géants du Net,
les technologies du numérique peuvent être conçues avec et pour les
professionnels, afin de les accompagner et de les aider à décider sans
se substituer à eux. Les conditions organisationnelles, culturelles et
financières permettant une telle production doivent être
systématiquement explorées et des opportunités d’évolution positive
pourraient être saisies. Par exemple, pour pallier une forme de
déshumanisation de l’exercice médical que certains dénoncent
parmi les patients voire des médecins eux-mêmes 49 , la formation
des médecins pourrait être questionnée en profondeur et les
contenus enseignés redéfinis. Aidés dans l’expertise technico-
médicale par les algorithmes, les médecins pourraient (re)devenir
des cliniciens ayant une vision plus globale et contextuelle du
malade, conscients de l’importance de la qualité des relations avec le
patient et ses proches et, in fine, décidant réellement avec eux. De
manière générale, la numérisation généralisée peut s’avérer féconde
si elle permet d’améliorer les relations humaines.
BIBLIOGRAPHIE
C. Anderson, 2008, « The end of theory : The data deluge lakes the scientific method
obsolete », Wired Magazine, 23/06.
C. Castoriadis, 2007, La montée de l’insignifiance. Les carrefours du labyrinthe, Paris, Seuil, coll.
Essais.
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J. Galle, 2017, « Conversation avec B. Stiegler : « Faire de Plaine Commune en Seine-Saint-
Denis le premier territoire contributif de France », La Croix, 10/01.
V. de Gaulejac AULEJAC et F. Hanique, 2015, Le capitalisme paradoxant. Un système qui rend fou,
Paris, Seuil.
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quantification massive des individus, Paris, Collège de France.
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B. Stiegler, 2016, Dans la disruption : comment ne pas devenir fou ?, Paris, Les Liens qui libèrent.
A. Supiot, 2015, La gouvernance par les nombres. Cours au Collège de France (2012-2014), Paris,
Fayard.
S. Weil, 1949, L’Enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, Paris,
Gallimard.
M. Winckler, 2016, Les brutes en blanc. La maltraitance médicale en France, Paris, Flammarion.
NOTES
1. E. Vigneron, « La France des déserts médicaux », Le Monde,
13/10/2017.
2. B. Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La
découverte, 2017.
3. S. Foucard et M. Valo, « Quinze mille scientifiques alertent sur l’état
de la planète », Le Monde, 13/11/2017.
4. E. Morin, La Méthode, 2 Vol., Paris, Coll. Opus, Seuil, 2008 [1977-
2004].
5. ARS INDUSTRIALIS, http://arsindustrialis.org/pharmakon,
consulté le 10/12/2017.
6. Pour reprendre A. Lebeau, L'engrenage de la technique : essai sur une
menace planétaire, Paris, Gallimard, 2005, p. 256 et s.
7. F. Turner, Aux sources de l'utopie numérique : De la contre-culture à la
cyberculture, Stewart Brand, un homme d'influence, Paris, CF, 2012 dont
on signalera la préface de D. Cardon.
8. K. Polanyi, La grande transformation, Paris, Gallimard, 2009 [1944].
9. J. Attali, L’ordre cannibale, Paris, Grasset, 1979.
10. E. Morin, Pour sortir du XXe siècle, Paris, Seuil, 1984.
11. T. Veblen, 1898, « Why is Economics not an Evolutionary
Science? », The Quarterly Journal of Economics, 12(4), p. 389.
12. M. Bloch, Apologie pour l’Histoire, Paris, A. Colin, 1974, p. 126.
13. A. Damasio, L’erreur de Descartes : la raison des émotions, Paris,
O. Jacob, 1995.
14. G. Deleuze et F. Guattari, Capitalisme et schizophrénie. 2. Mille
plateaux, Paris, Minuit, 1980.
15. A. Supiot, op. cit., p. 178.
16. G. Deleuze et F. Guattari, op. cit., p. 26, cité par A. Supiot, Ibid.
17. G. Deleuze et F. Guattari, op. cit., p. 36.
18. Z. Bauman, Le présent liquide, Paris, Seuil, 2007.
19. E. Chiapello, L. Boltanski, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris,
Gallimard, 1999.
20. N. Aubert, L’individu hypermoderne, Toulouse, Erès, 2004.
21. V. De Gaulejac et F. Hanique, Le capitalisme paradoxant. Un système
qui rend fou, Paris, Seuil, 2015.
22. A. Supiot, La gouvernance par les nombres. Cours au Collège de France
(2012-2014), Paris, Fayard, 2015.
23. A. Desrosieres, La politique des grands nombres. Histoire de la raison
statistique, Paris, La découverte, 1993. Notons que les algorithmes liés
au data mining ne fonctionnent plus aujourd’hui autour de moyennes
mais prétendent par le profilage individuel respecter les
singularités.
24. E. Morin, La Voie, Paris, Fayard, 2011.
25. M. Weber, 2003, Economie et société, T.1 et T.2, Paris, Pocket, [1922].
26.http://arsindustrialis.org/proletarisation, consulté le
09/08/2017.
27. Ibid.
28. Ibid.
29. E. Kant, 2006, Critique de la raison pure, Paris, Flammarion,
traduction A. Renaut, [1781, 1787], p. 256.
30. Ibid.
31. S.Weil, L’Enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs envers
l’être humain, Paris, Gallimard, 1949, p. 39.
32. M. Heidegger, Bâtir, habiter, penser, essais et conférences, Paris,
Gallimard, 1958.
33. P. Sloterdijk, La domestication de l’être, Paris, Mille et une nuits,
2000.
34. P. Roggero, 2006, Sociologie des représentations du pouvoir local,
Sudbury, Université Laurentienne, Série sciences humaines.
35. J. Habermas, La technique et la science comme « idéologie », Paris,
Gallimard, 1973.
36. J. Habermas, Théorie de l’agir communicationnel, Paris, Fayard,
1987.
37. A. Guiton, « Interview de B. Stiegler », Libération, 1/07/2016.
38. Signalons le récent P. M. Menger et S. Paye (dir), Big data et
traçabilité numérique. Les sciences sociales face à la quantification massive
des individus, Paris, Collège de France, 2017 et le séminaire « Étudier
les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques »
coordonné par A. Casilli à l’EHESS.
39. Site « Les barbares attaquent », http://barbares.thefamily.co/
consulté le 10/11/2017.
40. Terme employé dans le monde financier pour désigner un gain à
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AUTEUR
PASCAL ROGGERO
AUTEUR
MICHEL BOUSSATON
Docteur,
Conseiller Régional, délégué à la Santé, à la Silver Economy et aux Formations Sanitaires et
sociales, Région Occitanie