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Provisional version - Version provisoire To cite this article - Pour citer cet article: DENDALE, Patrick, BRISARD, Frank & VANDEWEGHE, Willy, 2010 « Bref historique du Cercle Belge de Linguistique », Le discours et la langue. Revue de linguistique française et d’analyse du discours, 1, 2, p. 87-104. ISSN 978-2-87525-004-9 (ISBN) BREF HISTORIQUE DU CERCLE BELGE DE LINGUISTIQUE Patrick Dendale (Universiteit Antwerpen), Frank Brisard (Universiteit Antwerpen), Willy Vandeweghe (Universiteit Gent & Hogeschool Gent) 1. Le Cercle belge de linguistique : présentation Le Cercle belge de linguistique (CBL) − appelé en néerlandais Belgische kring voor linguïstiek (BKL) et Linguistic Society of Belgium1 (LSB) en anglais − est une association2 belge fondée en 1936. Elle réunit des enseignants-chercheurs, chercheurs, professionnels du langage et étudiantsdoctorants des deux communautés linguistiques du pays, travaillant, pour la plupart, sur les langues ou sur tout phénomène linguistique, dans des perspectives théoriques et disciplinaires les plus diverses. L’association est appelée « belge » parce que son siège est en Belgique, que la plupart3 de ses membres sont rattachés à des universités, des instituts d’enseignement ou de recherche belges et que ses membres sont majoritairement de nationalité belge − sans que ce soit une nécessité. 1 Ce nom anglais est plus récent. Il avait été introduit par Dominicy en vue de la création de la revue anglophone du CBL (comm. pers.) et apparaît à l’écrit au moins dès 1986, dans le BJL (p. 10). Une des variantes qui avait été utilisée était Belgian Linguistic Circle (1977). 2 Juridiquement c’est une association de fait. 3 En 2009, à titre d’exemple : le CBL avait trois membres de nationalité hollandaise et deux de nationalité française, travaillant à l’étranger. Un peu plus nombreux étaient les membres belges qui travaillent à l’étranger : 2 en France, 3 en Hollande, 1 au Royaume-Uni. 1 Créé par des linguistes belges de grande renommée, le CBL était au départ un groupe relativement restreint d’universitaires4 qui se réunissaient deux fois par an pour écouter quelques communications de co-membres et en discuter. Le nombre des membres a lentement augmenté, pour atteindre en 2006 le nombre record de 125, et on a vu au cours des années de plus en plus de jeunes chercheurs (doctorants ou jeunes docteurs) participer à la réunion du printemps baptisée « Journée de linguistique » en 1976, où ils ont l’occasion de rencontrer des linguistes déjà plus anciennement ancrés dans la vie universitaire. Le CBL/BKL a depuis octobre 20025 un site web consultable à l’adresse www.bkl-cbl.be. Ce site contient des informations sur les activités et les publications du CBL, un annuaire des membres cotisants, des informations pratiques sur l’adhésion et la cotisation et une page réservée aux membres (contenant des annonces de colloques, des vacances de postes − principalement en Belgique −, des publications d’ouvrages des membres et quelques liens Internet utiles pour la recherche linguistique). Le logo actuel du CBL a été conçu et réalisé en 2002 par Jean-Pierre van Noppen. 2. La création du CBL Le CBL fut fondé en 1936, le 6 juin, au cours d’une réunion à laquelle assistaient 19 linguistes appartenant aux quatre universités belges de l’époque (Gand, Bruxelles, Liège et Louvain6), ce dont témoigne le rapport de cette réunion, publié dans le premier (et unique) numéro imprimé du Bulletin du Cercle belge de linguistique, en août 19397, et dans lequel on lit : « L’assemblée décide la création d’un Cercle belge de linguistique » (p. 3). Cette réunion était présidée par Émile Boisacq (°1865-†1945), mais c’est le nom de Joseph Mansion (°1877-†1937) qui figure en haut du Bulletin du Cercle belge de linguistique (Bericht van den Belgischen kring voor linguistiek), comme fondateur8. 4 Les premières réunions comptaient entre dix et vingt participants. La première liste des membres, publiée en 1939, comportait 59 noms. 5 Avant, il était hébergé à la KUBrussel et maintenu et mis à jour par Remco Sleiderink. 6 Appelées à l’époque : Université libre de Bruxelles, Université de l’État à Liège, Rijksuniversiteit Gent, Katholieke Universiteit Leuven / Université catholique de Louvain. 7 Ces procès-verbaux ne sont pas signés. On peut supposer qu’ils ont été rédigés par Jacques Duchesne-Guillemin, nommé secrétaire du Cercle en novembre 1937. 8 On pourrait croire aussi que fondateur (Gesticht door) a trait non au CBL même mais à son Bulletin. Or Mansion est mort le 8 novembre 1937, deux ans avant que ne paraisse le premier numéro du Bulletin. Il est donc peu probable qu’il soit le fondateur de ce dernier. De plus, dans le titre du Bulletin, « BULLETIN DU » est en plus petites majuscules que « CERCLE BELGE DE LINGUISTIQUE », indice que fondateur porte sur le CBL et non pas sur le Bulletin. 2 A l’époque de la création du CBL, les linguistes belges se préparaient pour organiser le Ve Congrès International des Linguistes, qui devait avoir lieu à Bruxelles en 1939, après ceux de La Haye (1928), de Genève (1931), de Rome (1933) et de Copenhague (1936). A partir des textes retrouvés de l’époque, il n’est pas facile de savoir si la création du Cercle est ou non directement liée à la nécessité de composer un comité d’organisation pour ce congrès. Dès la première séance du CBL en juin 1936, on désigne en tout cas un président du futur comité organisateur (ce sera Auguste Bricteux, orientaliste), et entre novembre 1937 et mars 1939 « la plupart des membres du cercle se retrouvent aux réunions du comité de préparation scientifique du Ve congrès » (Bulletin du CBL, 1939, p. 6), jusqu’au moment où le comité est restreint à un plus petit groupe, chargé de continuer à préparer le congrès. Vu la situation linguistique en Belgique et les problèmes de langue de publication qui surgiront avec la création de la revue du CBL, le Belgian Journal of Linguistics, dans les années 80, il est important de souligner que le Cercle belge de linguistique avait, dès ses origines, été conçu comme une association bilingue, même si les premiers procès-verbaux dont on dispose, ainsi que toutes les communications jusqu’en 19639, sont tous en français. Ce bilinguisme apparaît non seulement dans le fait que le nom néerlandais du Cercle côtoie son nom français dans le Bulletin de 1939 et sur le premier papier à en-tête de l’association10, mais aussi et surtout dans le fait que les premiers statuts de l’association − non datés, mais qui doivent remonter à 193711 − stipulent (article 2) : « La langue utilisée [par les membres]12 dans les réunions est le français ou le néerlandais, au choix de l’orateur. Les convocations sont rédigées dans ces deux langues13 ». Cette volonté de bilinguisme pourrait paraître étrange à première vue étant donné le contexte : le français avait été longtemps la langue dominante dans les universités14. Elle l’est moins si l’on sait que parmi les premiers membres du CBL se trouvaient de nombreux linguistes appartenant aux universités flamandes (comme Albert Carnoy, Gonzague Ryckmans, Albert-Joris Van 9 La première communication en néerlandais au CBL a été celle de Leopold K. Engels (professeur de linguistique anglaise et appliquée), en mai 1963, à Gand. 10 Le premier papier à en-tête du CBL contient une faute : « BELGISCH KRING VOOR LINGUISTIEK ». 11 Le rapport de la séance du 7/11/1936 mentionne : « Examen d’un projet de statuts » (Bulletin du Cercle belge de linguistique, p. 4) ; celui de novembre 1937 : « Les statuts sont votés et le bureau constitué » (p. 6). Les statuts originaux dans les archives contiennent des annotations manuscrites qui seront insérées dans les statuts de 1959. 12 Ajout de 1959. 13 Ce qui ne se réalisera effectivement qu’en 1960. 14 A l’université de Gand, la langue utilisée a été le français de 1830 à 1930 (année où le néerlandais y devint la langue officielle) ; à l’université de Louvain, entièrement francophone avant, les cours se faisaient parallèlement en néerlandais et en français à partir de 1936 jusqu’à la scission définitive de l’université (KUL et UCL) en 1970. 3 en 1969 ils décident de se séparer ; en 1970, ils se séparent légalement. J’ai donc laissé 1970 comme date. Windekens, Jozef Vergote de Louvain; Amaat Burssens, Walter Couvreur, Paul De Keyser, Guy De Poerck ou Robert Foncke de Gand), et si on sait que Joseph Mansion, le fondateur du CBL, avait des attaches francophones et néerlandophones : rattaché comme professeur à une université francophone, l’Université de l’État à Liège, il était originaire de Gand15, de formation germaniste, avait publié sur l’onomastique du néerlandais16 et assurait un cours d’exercices philologiques du néerlandais. 3. Le but du CBL : organisation de réunions de linguistes Le but du CBL a été fixé, dans les premiers statuts de l’association (1939), de la façon suivante (l’article 1) : « Le but du CBL est la recherche scientifique en matière de linguistique et sémiologique ; il organise cette recherche sous forme d’exposés suivis de discussion ; les communications ne peuvent excéder une demi-heure sans l’agrément du président ». Les « exposés suivis de discussion » dont il y est question ont pris des formes diverses au cours de l’histoire du CBL. Au tout début de son existence, les membres du CBL se réunissaient en principe deux fois par an (en mai et en décembre), dans ce qu’on peut vraiment appeler des réunions. Elles étaient restreintes (une quinzaine de membres en moyenne − parfois même pas plus de 8 − selon les rapports) et il était d’usage de s’excuser par écrit auprès du secrétaire si on était empêché d’y assister (preuve de cela les nombreuses lettres d’excuse dans les archives). On y écoutait au moins deux (parfois trois ou quatre) communications (d’une demi-heure chacune), faites par des membres, et on en discutait. Y étaient également réglées les affaires financières et administratives relatives à l’association. Le secrétaire dressait après-coup un procès-verbal de la réunion, qui contenait, outre les décisions et communications administratives, un rapport-résumé succinct des communications, avec mention des noms des intervenants dans les discussions. Malgré la centaine de membres des années 70, la participation effective aux deux réunions du CBL était plutôt faible : entre 1964 et 1974, il y avait en moyenne une quinzaine de membres présents (minimum 8, maximum 22) pour écouter deux ou trois communications, alors que le nombre des membres du CBL, entre 1957 et 1973, oscille entre 72 et 97 ! 15 16 Carnoy (1938:18http://dbnl.nl/tekst/menn002hist01_01/colofon.php). Mansion 1924, 1935. 4 En décembre 1975, sur proposition de Sera Devriendt, nouveau président du CBL, on décide de remplacer, à partir de l’année suivante − 40e anniversaire du CBL −, la réunion traditionnelle de décembre par une Journée de linguistique17 ouverte aux membres du Cercle et aux linguistes belges et étrangers travaillant en Belgique. L’année précédente, le 7 décembre 1974, constatant la maigre participation aux réunions, on avait proposé d’accepter des étudiants comme membres du CBL (sans cotisation jusqu’en Licence). Le but de cette mesure était d’éveiller plus d’intérêt pour les réunions et de donner ainsi au CBL une nouvelle dynamique. Ces initiatives ont effectivement accru le nombre des participants aux réunions du CBL. Ainsi, entre 1976 et 2000 on a vu monter à 12 la moyenne des communications à la journée de linguistique, ce nombre atteignant 20 entre 2001 et 2010 (avec une record de 33 communications en 2006 à la Journée de linguistique à Louvain)18. Jusqu’en 1980, les réunions du CBL avaient été le plus souvent athématiques19. Dès 1981, une des deux réunions du CBL est transformée en journée thématique20. Les thèmes traités ont été : modes et modalités, langue et logique, langue et phénomènes prosodiques, la sémantique lexicale, grammaire comparée et linguistique contemporaine et la variation linguistique. En 1985, ces journées thématiques sont transformées en véritables colloques thématiques, s’étalant, dès 1987, sur plus d’une journée21 et connaissant une participation internationale. Les thèmes, proposés par les membres, étaient des plus divers : temps et aspect, les particules, les verbes modaux, les relations anaphoriques, la reconstruction phonologique, la sémantique historique, la linguistique politique, l’acquisition du langage par les enfants, approches linguistiques de la poésie, etc. Entre 1985 et 2000, il y a eu un colloque chaque année. Entre 2001 et 2010 il y a eu trois années où le colloque n’a pas eu lieu (2001, 2003, 2005), faute de thèmes proposés par les membres. C’étaient des années où il n’y avait donc plus qu’une seule réunion du CBL. 17 Appelée aussi Journée linguistique, et à partir de 1993 occasionnellement Journée de linguistique de printemps. Les Journées de linguistique sont censées être à la portée de tous : toutes les propositions de communications de membres sont en général acceptées ; elles portent souvent sur des recherches en cours, de plus en plus par de jeunes chercheurs, y compris des pré-docs. 19 On note quelques exceptions : en mai 1939 on organise une séance consacrée aux « Influences réciproques et caractéristiques communes des langues et dialectes romans et germaniques parlés en territoire belge », où 7 membres interviennent; en 1954, une journée est consacrée à la phrase négative, avec 12 communications au programme ; en 1964 les 4 communications portent sur la syllabe et, en 1965, les deux sur la mathématisation de la linguistique. Vu le nombre limité d’intervenants, ce n’était pas encore de vraies « journées » thématiques. 20 Parfois à deux thèmes, comme en 1982 et en 1983. 21 Sauf celle de 1989. 18 5 De très nombreux professeurs de linguistique en poste dans les différentes universités ont inscrit leur nom dans les programmes d’au moins une journée de linguiste du CBL. Certains noms y apparaissent très régulièrement : Guido Vanden Wyngaerd (18 communications), Johan van der Auwera (16), Alain Bossuyt (13), Marc Dominicy (11), Willy Vandeweghe (9), Patrick Dendale (9). Le champion incontesté est Eric Buyssens (1900-2000), avec 32 communications mises aux programmes entre 1954 et 199022. Au début de son fonctionnement, le CBL se réunissait au siège de la Fondation Universitaire à Bruxelles. Entre 1961 et 1980, il se réunissait en principe alternativement à l’Université de Bruxelles (l’ULB et plus tard la VUB23, 18 fois au total) et dans une des trois autres universités (7 fois à Liège − et 1 fois à Mons −, 6 fois à Louvain, 4 fois à Gand). De 1980 à 2010, Bruxelles est resté le point convergent pour les réunions scientifiques du CBL, avec 25 réunions (16 journées et 9 colloques) organisées dans ses divers instituts et universités, talonnée par Anvers avec 13 réunions (4 journées et 9 colloques). Gand a organisé 3 journées et 2 colloques pour le CBL, Louvain 2 journées et 4 colloques, si on ne compte pas le campus de Courtrai qui en a organisé lui-même 2 ; Liège a un peu perdu en importance avec seulement 3 journées et 1 colloque organisés au cours des trente dernières années. En 1994, la journée linguistique s’est tenue, pour la première et unique fois dans l’histoire du CBL, à l’étranger, à Dunkerque, le président de l’époque, Carl Vetters, y étant alors en poste. A partir de 1977, on a vu d’autres universités et instituts supérieurs s’ajouter à la liste des quatre universités initiales où s’organisaient alternativement des réunions du CBL, d’abord à Anvers puis dans d’autres villes : UIA (Anvers) en 1977, UFSIA (Anvers) en 1984, PHVT (Gand) en 1987, FUSL (Bruxelles) en 1985, IHECS (Mons) en 1988, UCL (Louvain-la-Neuve) et UFSAL (Bruxelles) en 1990, KULAK (Courtrai) en 1995, KUB (Bruxelles) et l’Institut Marie Haps (Bruxelles) en 1996, FNDLP (Namur) en 1997 et Lessius (Anvers) en 2009. 4. Les publications du CBL Le CBL ne s’est pas contenté d’organiser des réunions scientifiques, comme la description de son but social pourrait le laisser croire ; il a également donné naissance, au cours de son histoire, à plusieurs publications périodiques. 22 23 Ces chiffres sont basés sur un comptage où manquent 24 programmes sur 74 ans d’activité. A partir de 1975, si l’on en juge d’après les invitations. 6 La première publication du CBL était le Bulletin du Cercle belge de linguistique, qui n’a cependant paru qu’une seule fois sous forme imprimée24, en 1939, et qui est en fait moins une vraie revue scientifique qu’un bulletin d’information. Il contient les procès-verbaux des réunions et de brefs résumés ou comptes-rendus des communications présentées aux réunions du CBL. Il faudra attendre 1977 pour voir paraître la première publication scientifique du CBL : Linguistics in Belgium / Linguïstiek in België / Linguistique en Belgique. Les sept volumes de cette série, parus entre 1977 et 1985 chez différents éditeurs (Didier, Didier/VUB, Antwerp Papers in Linguistics (U.I.A.), Brussels Pre-Prints in Linguistics (VUB/ULB), contiennent les textes des communications présentées lors des Journées de linguistiques de 1976-1983. En 1984, le comité de direction (composé de Paul Verluyten et Juliette De Caluwé-Dor) avec Marc Dominicy lancent l’idée de créer une véritable revue de linguistique du CBL, à laquelle les membres seraient d’ailleurs automatiquement abonnés. Elle serait thématique, paraîtrait une fois par an à 500 exemplaires, contiendrait les textes présentés au colloque thématique de décembre de l’année d’avant et, surtout, utiliserait comme langue de publication préférentiellement l’anglais. Ce serait le Belgian Journal of Linguistics (BJL). Dominicy était proposé comme directeur et éditeur en chef et les organisateurs du colloque thématique de décembre seraient les éditeurs de chaque volume. Le projet de la revue avait été envoyé à tous les membres du CBL avant la réunion du 8 décembre 1984 et soumis à la discussion lors de cette réunion. Le point polémique était la langue de publication : « En principe la langue de la revue est l’anglais ; les trois langues officielles de la Belgique sont admises à titre exceptionnel » (rapport de la réunion, janvier 1985). Les arguments en faveur de l’anglais comme langue de publication officielle et quasi exclusive étaient « scientifiques et économiques » (lettre de P. Verluyten et J. de Caluwé aux membres, datée de 1985) : l’anglais devait permettre de faire connaître les travaux des linguistes belges à l’échelle internationale et d’assurer des ventes suffisantes. De plus, certains considéraient que l’anglais était une langue « neutre » par rapport aux deux langues du pays et aux deux langues du CBL. Mais d’autres, comme Marc Wilmet et André Joly, s’y opposaient et demandaient de réaliser un référendum auprès de tous les membres, voire une enquête plus large pour savoir si l’anglais devait être la langue de publication 24 Plus tard, le CBL diffusera, par ses propres moyens, un Bulletin d’information ronéotypé contenant également des informations administratives et des résumés de communications présentées lors des réunions. On en parle dans le rapport de la séance du 9 mai 1970 ; dans celui du 7 décembre 1974 on évoque la suppression éventuelle du bulletin, mais les membres s’y opposent. Plus tard ce bulletin disparaîtra malgré tout. 7 principale25, une demande que le président du CBL refusera parce que jugée « trop chère » pour le CBL (lettre datée de 1985). La proposition soumise au vote fut acceptée : seulement 4 des 30 membres présents votèrent contre. Les conséquences de cette décision ne se firent pas attendre : Wilmet et quelques autres linguistes, parmi lesquels Albert Henry (cf. sa lettre datée du 1/10/1985), démissionnèrent du CBL, et depuis, les jeunes linguistes très actifs de l’entourage de Wilmet ont systématiquement boudé le CBL et ses réunions26. Le BJL sera publiée par les Éditions de l’Université de Bruxelles de 1986 à 1993, subventionnée par la Fondation universitaire dès 1985. En 1993, les Éditions de l’Université de Bruxelles annoncent que leur bureau a décidé d’en arrêter la publication et suggèrent « que le CBL s’adresse à un éditeur anglophone » (lettre datée du 17/11/1993). C’est alors la maison d’édition commerciale hollandaise John Benjamins Publishing Company qui reprend l’édition en visant résolument un public anglophone international27. Selon les critères actuels en matière d’évaluation scientifique, notamment relayés par la Fondation universitaire (comité de lecture international, évaluation anonyme et respect des délais de publication), la revue, classée C, pourrait espérer remonter dans le classement de la liste ERIH28. Pour donner aux membres la possibilité de publier aussi des communications en français ou en néerlandais, le CBL a créé en 2006 la revue en ligne29 Travaux du CBL / Studies van de BKL / Papers of the LSB. Cette revue en ligne renoue en même temps avec la tradition de Linguistics in Belgium en publiant les communications de la journée de linguistique et non celles du colloque thématique. 5. La direction du CBL Les statuts (article 4) du CBL de 1939 et de 1959 définissent la composition de son comité directeur ainsi : Le CBL est dirigé par un comité directeur composé d’un président, un vice-président, un secrétaire, un secrétaire-adjoint, un trésorier, sans distinction de sexe. Chacun de ses membres est élu par l’A.G. au scrutin secret pour trois ans ; le mandat du président et du vice-président n’est renouvelable qu’après un 25 Wilmet a fini par faire cette enquête tout seul (Wilmet 1986). À l’exception de Laurence Rosier, qui a occupé pendant quelques années le poste de vice-présidente parce qu’elle souhaitait maintenir la présence francophone au sein du comité de direction du CBL. 27 L’abonnement ne fait actuellement plus nécessairement partie de la cotisation du CBL et une grande partie des abonnements à la revue sont des abonnements étrangers. 28 European Reference Index for the Humanities, voir www.esf.org. 29 Voir http://webh01.ua.ac.be/linguist/SBKL/SBKL.htm. 26 8 intervalle de trois ans ; les membres élus entrent en fonctions à l’issue de la réunion qui les a élus, à moins qu’il ne soit nécessaire de pourvoir immédiatement à une vacance. Mais quand on examine la composition des comités de direction qui se sont suivis au cours de son histoire, on observe que le Cercle est loin d’avoir fonctionné strictement selon les termes de cet article30. Le nombre des membres du comité a varié au cours du temps ; tous les mandats n’ont pas toujours été pourvus31 (ainsi celui de vice-président a disparu de longues années), de nouvelles fonctions ont été créées, comme celles de président d’honneur en 1959 (pour Albert Carnoy), de secrétaire du Bulletin d’information en 1973 (Philippe Munot)32, de directeur du BJL en 1984 (Marc Dominicy), de webmaster en 2004 (Bert Lebruyn), d’autres ont été fusionnées (comme celle de secrétaire et de trésorier à plusieurs moments), ou temporairement « multipliées » (comme celle de vice-président en 1939). La durée des mandats n’a pas toujours été respectée (à partir de 1980 on est passé à des mandats de deux ans ; en 2000 on revient à des mandats de trois ans, avec le président actuel, Frank Brisard, qui aura été en poste pendant quatre ans, pour préparer le 75e anniversaire du CBL, et il semble qu’entre 1949 et 1958 on ait eu le même président (Albert Carnoy) pendant dix ans. De 1939 à 1984, les présidents du CBL provenaient tous d’une des quatre premières universités belges (Louvain, Bruxelles, Liège ou Gand). Paul Verluyten, en 1985, a été le premier président appartenant à une autre université, l’Université d’Anvers ; Willy Vandeweghe, en 1989, le premier rattaché à une école supérieure (la PHVT de Gand). Pour la période d’avant 1959 (1936-1939 et 1949-1959) les données sont fragmentaires − les archives du CBL en possession de Jacques Duchesne-Guillemin n’ayant pas été transférées à l’époque et perdues en grande partie. Il semblerait toutefois qu’Albert Carnoy (Louvain) – qui avait été vice-président et président du CBL avant la guerre (dès 1937) − ait continué à diriger le Cercle de 1949 jusqu’en novembre 1958, avec Jacques Duchesne-Guillemin (Liège) comme secrétaire, Cécile Tavernier (Gand) comme trésorière et Eric Buyssens (Bruxelles) comme viceprésident (au moins dès 1954). C’est en 1959 que Buyssens prend la présidence et refond les statuts du Cercle. 30 Cette observation doit être généralisée à d’autres articles des statuts, à en juger d’après ce que V.F. Vanacker écrit dans une lettre datée du 13.12.1967 : « […] j’ai constaté qu’en beaucoup de points la réalité ne correspondait pas du tout aux statuts. Ainsi je me demande s’il serait opportun de communiquer nos statuts aux membres ». 31 Dans la correspondance et les procès-verbaux du CBL, on trouve très peu de traces du secrétaire-adjoint et des vice-présidents. 32 Voir une lettre de Devriendt à Vanacker datée du 12/02/1973. 9 Entre 1959 et 2010 il y a eu 21 présidents du CBL : 16 provenaient d’une université ou école supérieure à Bruxelles (ULB, VUB, KUB, Institut Marie Haps), 10 d’une université d’Anvers (UIA, UFSIA, UA), 7 de l’Université de Liège, 6 de l’Université de Louvain et 4 de l’université ou d’une école supérieure de Gand. Entre 1981 et 2000, il y a eu dix présidents du CBL, élus pour deux ans, et dix secrétaires, également élus pour deux ans, mandat après lequel ils devenaient (quasi-)automatiquement présidents. Cette période se caractérise également par une stricte alternance francophone / néerlandophone pour les présidents et les secrétaires. Parmi les personnalités qui ont le plus fortement et longuement marqué le CBL, il faut citer Albert Carnoy, Jacques Duchesne-Guillemin, Eric Buyssens et surtout Marc Dominicy. Dominicy y fait sa première apparition comme auditeur en décembre 1970 et sa première communication en mars 1971 ; de décembre 1977 à 1982, il est secrétaire et trésorier ; en décembre 1982 il devient président ; en décembre 1984 il devient directeur et éditeur en chef du BJL et cumulera cette fonction avec celle de trésorier33, ceci jusqu’en 200034. En 2000, le CBL se trouve dans une situation un peu difficile au niveau de sa direction : Dominicy abandonne en même temps ses deux fonctions, celle de trésorier et celle d’éditeur en chef du BJL, et Christine Michaux, présidente, arrive au terme de son mandat. Trois des quatre mandats sont donc à pourvoir. Le secrétaire (Patrick Dendale) devient président, conformément à la tradition, et cumule cette fonction avec celle de directeur et éditeur en chef de la revue ; les fonctions de secrétaire et de trésorier sont fusionnées (Jean-Pierre van Noppen). Cette difficulté structurelle empêche la tenue du colloque thématique de 2001 et oblige le CBL à chercher une solution de rechange pour le numéro 17 du BJL (publication d’un volume thématique non lié à un colloque, opération qui s’est répétée, pour d’autres raisons, avec le numéro 20). 33 Selon ses propres dires pour « éviter des problèmes techniques » avec les Éditions de l’ULB, qui publiait le BJL. Le compte courant du CBL, toujours actuel, a été ouvert le 30/09/1985. 34 Lors de la réunion du 10 mai 2003, il lui a été rendu hommage pour plus de 20 ans au service du CBL. Personne avant lui n’a eu d’états de service comparables. 10 6. Les membres du CBL Dans les premiers statuts, on lit (article 3) : « La qualité de membre peut être conférée à toute personne qui en fait la demande auprès d’un membre effectif ». Les membres étaient censés payer une cotisation annuelle35. La première liste des membres du CBL est datée de 1939 et compte 59 noms. La plupart étaient docteurs36, beaucoup étaient déjà professeurs des universités. On y voit que dès sa création, le CBL a été composé de chercheurs de haute qualité ou promis à des carrières retentissantes, pas uniquement des carrières de recherche d’ailleurs, car il y avait parmi eux de futurs présidents d’université (Maurice Leroy, Jules Duesberg, Edgard Blancquaert), un conservateur de musée (Frans Olbrechts), des politiciens (Albert Carnoy a été ministre d’Affaires intérieures et de santé publique de 1927 à 1929 ; Walter Ridder Couvreur, fondateur et président du parti politique Volksunie ; Albert Carnoy et Maurice Delbouille, sénateurs ; Jan Grauls, gouverneur de province et maire), membres d’académies belges37 ou étrangères (Émile Boisacq, 1929 ; Albert Carnoy, 1930 ; Edgard Blanquaert, 1938 ; Maurice Delbouille, 1940 ; Louis Remacle, 1948 ; Maurice Piron, 1960 ; Albert Henry ; Étienne Lamotte, 1969 ; Maurice Leroy, 1963 ; Eric Buyssens, 1972 ; Jacques Duchesne-Guillemin), lauréats de divers prix (entre autres le prestigieux prix Francqui pour Étienne Lamotte (1953) et Louis Remacle (1956)38 et docteurs Honoris Causa (Maurice Leroy, Duchesne-Guillemin). Le nombre de membres est resté stable. Selon les listes retrouvées, il y avait 71 membres en 1949, 72 en 1957, 78 en 1968, 97 en 1973, 104 en 1988, 99 en 2002 et 83 en 200939. 7. Le CBL et le Comité international permanent des linguistes 35 Notons toutefois que le suivi du paiement a posé problème de façon récurrente, à en juger d’après la correspondance. En 1974, le président Valeer F. Vanacker (Gand) estima cependant la situation financière du CBL à tel point favorable qu’il jugea inutile d’encaisser les cotisations de l’année en cours. 36 Quelques rares exceptions étaient : Armand Boileau (1916-2004), Walter Couvreur (1914-1996) et Albert Henry (1910-2002). 37 L’académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal-en Letterkunde, l’Académie de Suède, Académie des inscriptions et belles-lettres, Académie royale des sciences, des belles-lettres et des arts de Belgique, Académie du Danemark… 38 Citons aussi Marc Wilmet, qui l’a reçu en 1986 et qui était entré au CBL en décembre 1968. D’autres prix : le Prix Volney pour Antoine Grégoire, (1937), le Prix Lagrange pour Albert Henry (1962). 39 Il n’est pas toujours facile de savoir lesquels de ces membres étaient cotisants et lesquels étaient repris d’une liste à l’autre sans cotiser effectivement. 11 Nous avons vu plus haut que le CBL avait été contacté pour organiser en 1939 le Ve Congrès international des linguistes, qui était sous la responsabilité du Comité international permanent des linguistes (CIPL), une organisation non gouvernementale fondée en 1928 qui a pour but de stimuler le développement de la linguistique et à laquelle appartenait le CBL. Or, ce Ve Congrès n’a pas eu lieu à cause de la guerre. Après le conflit mondial, la première préoccupation du CIPL a été d’essayer de combler les grandes lacunes d’information dans le domaine. Christine Mohrmann, secrétaire-général du CIPL à l’époque, écrit : On était unanimement d’avis qu’une des tâches les plus urgentes qui se posaient à notre science était de combler la lacune dans notre information, causée par les bouleversements de la guerre : par l’interruption des contacts internationaux pendant de longues années, par la stagnation des grandes publications allemandes et par bien d’autres raisons (www.ciplnet.com). Un des instruments mis en œuvre pour cela a été la Bibliographie linguistique, qui parut pour la première fois en 1949 et documentait la période de la guerre (1939-1947). Pour composer cette bibliographie, le CIPL demandait à ses organisations membres de composer des bibliographies partielles pour leur pays et de les lui transmettre − tâche qui n’est plus remplie depuis quelque temps. Une des questions qu’il serait intéressant de creuser − mais l’espace nous manque ici − concerne les relations exactes du CBL avec le CIPL. Dans la correspondance du CBL des années 60, on trouve en effet des références récurrentes au CIPL. Ainsi, dans un rapport de 1967 on parle d’une « contribution financière à la publication de la Bibliographie Linguistique » versée par le CBL au CIPL, et l’année d’après du « versement éventuel d’une contribution financière au CIPL ». Cette même année, le CBL a même obtenu un subside substantiel du ministère pour financer les activités du CIPL. Après les années 60, les références au CIPL disparaissent des rapports pour ne resurgir qu’en 2004, avec la reprise par le CBL du paiement de la cotisation au CIPL. Entre 1970 et 2004 il y a une période où les rapports du CBL avec le CIPL ne sont pas clairs. On sait que Pierre Swiggers avait été le représentant de la Belgique pour le CIPL, sans appartenir au CBL, et que dans une des réunions du CBL un membre avait posé la question de savoir au nom de quel organisme il représentait la Belgique au CIPL. 8. La recherche des membres du CBL, miroir de la recherche en Belgique et de la recherche internationale ? 12 Vu l’année de la fondation du CBL, 1936, il n’est pas étonnant de voir que la plupart des membres du premier comité de direction du CBL (dont Boisacq, Bricteux et Mansion) étaient actifs principalement dans les domaines de la linguistique indo-européenne et comparative, la dialectologie, l’étymologie et l’onomastique. A partir des années 1950, vit croître le prestige d’un membre clairement inspiré par les nouvelles idées structuralistes, Eric Buyssens. Bien qu’il ait été formé comme philologue et qu’il ait eu une prédilection pour le travail de corpus (« pour connaître le discours, le linguiste doit étudier la parole », Buyssens 1943: 32), il se considérait, avant tout, comme fonctionnaliste, dans la tradition de Saussure. Une tension entre philologie traditionnelle et linguistique structuraliste « moderne » se fit jour, qui culmina dans les années 1950 en une lutte symbolique entre ces deux disciplines. Dans les années 40, le secrétaire Jacques Duchesne-Guillemin avait encore émis des doutes sur la raison d’être d’une association linguistique : la Société belge pour le progrès des études historiques et philologiques, déjà en place, suffisait selon lui40. Duchesne-Guillemin était… philologue. Plus tard, Buyssens, qui devint président en 1959, estima au contraire que l’existence du CBL à côté de la SBPEHP se justifiait « par le développement considérable que connaît la linguistique depuis la guerre » ; il était partisan de réunions thématiques sur des sujets linguistiques « plus contemporains » (par exemple « la structure de la phrase négative » dans plusieurs langues en 1954). Autres temps, autres modes : à partir des années 1970 des sujets linguistiques « classiques », qui avaient toujours pu faire l’objet de communications au CBL (par exemple temps-aspect, sémantique historique, reconstruction phonologique, etc.), alternent de plus en plus souvent avec des sujets interdisciplinaires et appliqués41, ainsi que des formes d’analyse de langue et de discours politiques. Le CBL reflète donc les mouvements linguistiques successifs. Toutefois, dans le dernier domaine évoqué, le CBL accuse un retard par rapport aux développements internationaux : il est indéniable que les dernières décennies ont vu émerger des formes de recherche linguistique plus interdisciplinaires et plus appliquées (notamment dans le domaine de l’enseignement des langues et de la traductologie42) ainsi que des recherches provenant de 40 Lettre du 13/03/1969 par Buyssens à V. F. Vanacker. Cf. les propos de Sera De Vriendt en 1977: « linguistique générale, mais aussi appliquée et des aspects pertinents pour les linguistes de linguistique computationnelle et phonétique, psycho-, socio- et neurolinguistique » (notre traduction). 42 Le colloque thématique du CBL de 2006 constitue une exception à cet égard. 41 13 facultés économiques et professionnelles, d’universités ou d’écoles supérieures [peut-on citer des exemples concrets ?]. Les chercheurs de ce type d’établissement représentent une portion importante de la population des linguistes belges. Or, c’est principalement l’organisation sœur du CBL, l’Association belge de linguistique appliquée (membre de l’AILA), qui a su tirer bénéfice de cette évolution. Depuis un an, le CBL a entamé des négociations en vue d’une collaboration future avec cette association. Bibliographie Les archives sur papier et électroniques du CBL. Belgian Journal of Linguistics, Amsterdam, John Benjamins. « Belgische Kring voor Linguïstiek – Cercle Belge de Linguistique », http://www.bkl-cbl.be/. Buyssens, E. (1943) : Les langages et le discours. Essai de linguistique fonctionnelle dans le cadre de la sémiologie, Bruxelles, Office de Publicité. Carnoy, A. (1938): « In memoriam Prof. Dr. J. Mansion », Bulletin de la Commission Royale de Toponymie et Dialectologie, XII : 17-31. “European Reference Index for the Humanities (ERIH)”, http://www.esf.org/researchareas/humanities/erih-european-reference-index-for-the-humanities.html. Foolen, A. (2001): « 50 jaar AVT », manuscrit. Hartmann, R.R.K. (1972): “The organization of linguistics in Western Europe”, Current Trends in Linguistics, 9 : 1799-1818. Linguistics in Belgium / Linguïstiek in België / Linguistique en Belgique, 1977-1985, vol. 1-7. Mansion, J. (1924): Oud-Gentsche naamkunde. Bijdrage tot de kennis van het OudNederlandsch. ’s Gravenhage. — (1935): De voornaamste bestanddeelen der Vlaamsche plaatsnamen, Brussel/ ’s Gravenhage. Mennen, V. (1998): “Een historische verkenning van de laatste 100 jaar toponymie in Vlaanderen”, Mededelingen van de Vereniging voor Limburgse Dialect- en Naamkunde, 93, Hasselt. « Université de Liège. Historique », http://www.ulg.ac.be/cms/a_16257/historique. 14 Vandeweghe, W. (1991) : « Historique du Cercle belge de Linguistique », http://webh01.ua.ac.be/linguist/Fr/StartBKL.htm#Geschiedenis_van_de_BKL. Wilmet, M. (1986) : « Un sondage parmi les linguistes belges », Science et francophonie, 13 et 14 : 22 et 10-15. 15