Médias Sociaux

De nos jours, l’usage des médias sociaux pendant la campagne électorale est devenu un élément crucial dans les stratégies de communication politique. Mais la réussite réelle de cet outil communicationnel dans le champ politique date réellement de 2008 avec l’élection présidentielle américaine. La campagne électorale de Barack Obama en 2008 a largement marqué les esprits, par son utilisation efficace des médias sociaux. Puis le déclenchement du « Printemps Arabe » a révélé l’efficacité de cette plateforme électronique pour mobiliser les citoyens virtuellement autour d’une cause sociétale.
Par la suite, l’accès à Internet notamment aux médias sociaux a participé à l’émergence de nouveaux espaces de discussions à savoir les groupes et les pages Facebook. Les citoyens-internautes se sont trouvés ainsi amenés au cœur des débats politiques sur Facebook. Le principal intérêt des médias sociaux vient d’ailleurs de ce qu’ils favorisent l’interactivité, l’instantanéité, la réaction rapide, souvent épidermique, et le rassemblement autour d’évènements chauds à partager (matchs sportifs, élections, shows télévisés, etc.).

Ainsi, le nombre des internautes dans le monde est en évolution permanente. C’est bel et bien le cas au Mali qui compte en décembre 2017, 12,480,176 utilisateurs d’Internet, environ 65.3% de la population, et 1,500,000 utilisateurs de Facebook. De même, selon le rapport annuel « We Are Social 2018 » le Mali compte parmi les trois pays africains qui ont une forte croissance du taux de pénétration en un an (Mali 460%, Bénin 204% et Sierra Leone 144% ).

Avec la présence d’un bon nombre de citoyens maliens sur Facebook, le recours à cette plateforme électronique demeure important lors de l’élection présidentielle 2018, à laquelle ont participé 24 candidats, dont certains sont déjà présents depuis longtemps sur Facebook. Si la communication politique consistait jadis à un partage d’informations via les canaux classiques, à savoir la presse écrite, la radio et la télévision, Facebook se présente aujourd’hui, comme un outil gratuit, capable de toucher un grand nombre d’internautes en un temps limité.

Donc, cherchant à accompagner au plus près l’évolution médiatique, les spécialistes de communication politique ont très profité d’Internet, qui est devenu un élément influent, « grâce à son évolution rapide vers la « webcitoyenneté » permise par les blogs qui forment un réseau de rumeurs et d’influence tout nouveau » (Maarek, 2007 : 51). Puis cet outil sert à de nombreuses tâches lors d’une campagne électorale. Mélanie Verville et Thierry Giasson (2011) ont dégagé six grandes tendances dans l’usage des médias et réseaux sociaux par les partis politiques : 1/la standardisation (transposition en ligne des modes de communication hors ligne), 2/le conservatisme (faible usage des possibilités interactives du Web), 3/le ciblage, 4/la présence active des partis mineurs en ligne, 5/l’interactivité contrôlée et 6/l’usage du Web pour la sollicitation des ressources.

Quant au contexte Malien :
1. Facebook sert à informer les Maliens des activités des candidats. Beaucoup de Maliens s’informent déjà politiquement de Facebook ;
2. Les échanges et les publications peuvent permettre aux internautes de contribuer aux débats et devenir eux-mêmes des acteurs de la campagne électorale ;
3. Facebook permet la mobilisation des citoyens notamment des jeunes pour soutenir un candidat et transformer ces soutiens en votes le jour de l’élection ;
4. Facebook permet au candidat de se défendre auprès des citoyens contre les attaques de ses adversaires ;
5. Facebook permet au candidat de s’affranchir des médias traditionnels en diffusant directement et rapidement ses messages à un auditoire large.

En d’autres termes, Facebook est un moyen efficace pour organiser une campagne électorale, atteindre certaines couches de l’électorat, répondre et attaquer ses adversaires et/ou court-circuiter les médias traditionnels. Ce qui nous a poussé à mesurer l’efficacité de l’usage de Facebook par les hommes politiques pendant l’élection présidentielle malienne 2018. Mais nous avons remarqué que d’autres pages parallèles ont été lancées lors de cet événement.

Dans le premier chapitre de cette étude, nous allons présenter les pages Facebook à vocation politique, les plus actives pendant la période de l’élection.

Dans le deuxième chapitre, nous allons mettre l’accent sur l’usage de Facebook pendant la période électorale alors que dans le troisième chapitre, nous étudierons l’usage de Facebook pendant la période post-électorale.

Ces trois chapitres seront accompagnés d’une conclusion résumant les pratiques sur Facebook au Mali lors de l’élection présidentielle 2018 et présentant une série de recommandations.