- Sociologie De La Santé, Sociologie Du Travail Et Des Organisations, Anthropologie de la santé/ sociologie de la santé, Sociologie Du Corps, Soins palliatifs, Cancerologie, and 23 moreHistoire de la médecine, Ethnographie, Anthropology of Death, Jeanne Favret-Saada, End of life care, Sociology of the Body, Sociology of Emotion, Cas Wouters, Palliative Care, Death Studies, Ethnography, Erving Goffman, Bruno Latour, Medical Anthropology, Medical History, Anthropology, Qualitative methodology, Ethnographic Methods, History of Medicine and the Body, Qualitative Methodologies, Anthropology of the Body, Anthropology of ethics and morality, and Mode Mineuredit
En France, on a assisté, depuis le début du XIXe siècle, à la mise en place d’une délégation pour confier à des professionnels de la médecine des tâches objectivantes à l’égard des mourants et des morts et gérer leurs états corporels... more
En France, on a assisté, depuis le début du XIXe siècle, à la mise en place d’une délégation pour confier à des professionnels de la médecine des tâches objectivantes à l’égard des mourants et des morts et gérer leurs états corporels (certificat de décès, gestion des morts apparentes, hygiénisation du cadavre, etc.). Cette délégation médicale a été vivement critiquée au cours d’une crise politique du mourir dans les années 1970. Or, loin de régresser, elle s’est plutôt étendue et renforcée. Cette thèse cherche à comprendre comment la critique portée à l’encontre de la délégation médicale a pu avoir pour effet de l’étendre, voire même de la renforcer, et non de la limiter. Pour comprendre ce paradoxe, la thèse déploie une double enquête historique et ethnographique. L’étude des plaintes portées à l’encontre de cette délégation médicale, de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au dernier tiers du XXe siècle montre que cette délégation, que nous avons appelée délégation « simple », est d’embl...
Research Interests:
Cette chronique, écrite pendant le premier confinement de l’année 2020, revient sur les transformations brutales des conditions de décès dans l’hôpital et ses conséquences sur le traitement des patients au début de la crise sanitaire de... more
Cette chronique, écrite pendant le premier confinement de l’année 2020, revient sur les transformations brutales des conditions de décès dans l’hôpital et ses conséquences sur le traitement des patients au début de la crise sanitaire de la Covid-19. À partir de la lecture des carnets de bords des « blouses blanches » publiés dans la presse et autres productions médiatiques, je reviens sur les souffrances professionnelles dénoncées dans l’exercice du soin, entraînant très rapidement certaines équipes médicales à réclamer d’elles-mêmes la présence des familles auprès des mourants.
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Cette thèse interroge la médicalisation de la fin de vie, phénomène massif survenu en France au début du XIXe siècle, comme dans d’autres nations européennes et américaines. Elle étudie ce fait social à partir d’une double démarche... more
Cette thèse interroge la médicalisation de la fin de vie, phénomène massif survenu en France au début du XIXe siècle, comme dans d’autres nations européennes et américaines. Elle étudie ce fait social à partir d’une double démarche sociohistorique et ethnographique. Je montre que loin de s’être accomplie paisiblement, cette délégation médicale a d’emblée soulevé de fortes oppositions dans des contextes historiques tour à tour favorables et défavorables à sa légitimation. Si les critiques adressées ont été particulièrement vives à partir du milieu du XIXe siècle, la médicalisation de la fin de vie suscite plusieurs crises publiques, qui ne sont pas sans conséquences. Elles entraînent ce que je nomme des « épreuves historiques de délégation », qui ont de profonds effets sur l’organisation de la médecine. Il s’agit notamment de l’intégration des familles dans les services, du développement de soins relationnels à l’égard des mourants, et de la légitimation de nouveaux praticiens favorables à leur subjectivation. L’enquête ethnographique éclaire ensuite les tensions que génère cette nouvelle vie morale dans les services hospitaliers à partir d’une démarche immersive de longue durée dans un CHU d’Ile-de-France. La thèse aboutit alors à trois résultats centraux : d’abord, elle montre que la délégation médicale de la fin de vie n’aurait pu s’étendre sans intégrer la critique publique qui lui a été adressée, en particulier dans les années 1970 en France. Si cette critique n’a pas stoppé le mouvement de médicalisation de la fin de vie, objectif qu’elle ne visait pas toujours, et si, a fortiori, elle a échoué à le faire régresser, elle a néanmoins transformé le travail médical et ses conditions d’exercice en profondeur vers un processus de démocratisation sanitaire. En second lieu, cette rupture, qui n’aurait pu advenir en raison des changements morphologiques majeurs, ainsi que la mobilisation active de familles, de médias, du Clergé, de membres de la profession médicale et d'intellectuels des sciences sociales, aboutit de manière apriori paradoxale à ce qu’une nouvelle critique, celle d’un manque de spécialisation médicale pour gérer correctement les états de souffrances des mourants, soit débattue publiquement, en plus de celle de l’inhumaine objectivation des mourants et des morts par la médecine. Enfin, la thèse montre qu’il y a là un nouvel état d’organisation de la médecine dont il faut pouvoir tenir compte, car il contribue à ce que s’affrontent toujours davantage deux idéologies – en termes d’accès à des soins médicaux et de formalisation des droits individuels de la personne – dont l'effet est de rendre la médecine plus réflexive sur elle-même.
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CORPS du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au cœur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs... more
CORPS du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au cœur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le « sale boulot » ?
Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout s’ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se « séparer ». Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion « mixophobe », le dégoût trace une frontière avec l’Autre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés.
Cet ouvrage interroge ce que le dégoût « fait » aux interactions. On y découvre l’opposition radicale entre coulisses et scène, régie par l’autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant d’affronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique… des autres. Révélatrices d’une souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence d’autant plus menaçante qu’elle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument d’autant plus précieux de lecture
du monde social.
Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l’histoire, à la sociologie et à l’anthropologie des sensibilités.
Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout s’ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se « séparer ». Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion « mixophobe », le dégoût trace une frontière avec l’Autre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés.
Cet ouvrage interroge ce que le dégoût « fait » aux interactions. On y découvre l’opposition radicale entre coulisses et scène, régie par l’autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant d’affronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique… des autres. Révélatrices d’une souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence d’autant plus menaçante qu’elle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument d’autant plus précieux de lecture
du monde social.
Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l’histoire, à la sociologie et à l’anthropologie des sensibilités.
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Peu de gens ont conscience du long parcours qui attend un défunt, notamment parce qu’en dehors des professionnels concernés, l’accès à l’activité de travail est interdit. Les familles elles-mêmes, bien qu’elles soient amenées à côtoyer... more
Peu de gens ont conscience du long parcours qui attend un défunt, notamment parce qu’en dehors des professionnels concernés, l’accès à l’activité de travail est interdit. Les familles elles-mêmes, bien qu’elles soient amenées à côtoyer l’ensemble des mondes sociaux dans lesquels les personnes défuntes transitent en France, n’aperçoivent que partiellement la chaîne de travail qui conduit ces dernières jusqu’au cimetière, puisque c’est là le parcours le plus fréquent. La prise en charge des morts connaît ainsi depuis plus d’un siècle en France un mouvement de rationalisation et de professionnalisation croissant (entre brancardiers, soignants de chambres mortuaires, employés de pompes funèbres et thanatopracteurs, gardiens de cimetière et fossoyeurs). Mais cette chaîne de travail connaît également un mouvement de personnalisation de plus en plus accentué : davantage de droits individuels sont reconnus aux personnes après leur mort afin qu’elles soient traitées en des sujets historiques et que leur intégrité corporelle soit protégée dans ces dispositifs professionnels. Cette recherche montre que la prise en charge des morts est traversée par un ensemble d’exigences de plus en plus contradictoires : d’un côté, le corps des morts est de plus en plus objectivé dans des dispositifs de travail qui anonymisent et massifient leur prise en charge ; de l’autre, une exigence morale est sans cesse réaffirmée pour leur reconnaître juridiquement le statut de personnes humaines et les protéger de formes de violences, de désingularisation et d’inégalités de traitement. L’existence de cette apparente contradiction amène le sociologue à s’interroger sur la façon dont elle est réglée au niveau des pratiques professionnelles, des débats publics et de l’État. C’est à cet objectif que s’attèle ce mémoire de recherche en étudiant la prise en charge des morts dans les mairies et les cimetières, là où collaborent et se croisent différents professionnels du funéraire et les familles des défunts.
Ce mémoire de recherche a été rédigé dans le cadre du Master de sociologie générale de l’EHESS. Il a obtenu la mention très bien et bénéficié d’un contrat doctoral pour la poursuite des recherches de son auteure pendant la thèse.
Ce mémoire de recherche a été rédigé dans le cadre du Master de sociologie générale de l’EHESS. Il a obtenu la mention très bien et bénéficié d’un contrat doctoral pour la poursuite des recherches de son auteure pendant la thèse.
Research Interests:
De la fin du XIXe du siècle à nos jours, l’État français s’est peu à peu constitué comme le principal régulateur de la façon dont il est possible de voir, d’approcher et de manipuler les restes humains. Cette recension revient sur ce... more
De la fin du XIXe du siècle à nos jours, l’État français s’est peu à peu constitué comme le principal régulateur de la façon dont il est possible de voir, d’approcher et de manipuler les restes humains. Cette recension revient sur ce constat général qui ressort du dernier ouvrage d’Arnaud Esquerre - Les Os, les cendres et l’État, Paris, Fayard, 2011. Je reviens sur l’hypothèse centrale formulée par l’auteur pour expliquer ce fait social contemporain : l’État français se préoccuperait davantage du traitement des morts depuis les années 1990, car il serait actuellement menacé par la circulation internationale des cadavres et des cendres cinéraires, et les demandes religieuses ou artistiques de réappropriation de restes humains, mettant à mal une communauté « de morts et de vivants » circonscrite par ce dernier. Néanmoins, une question demeure : si tel est le cas, pourquoi a-t-il autorisé la libre circulation des cadavres via la libéralisation du marché funéraire privé et pris en compte des demandes de réappropriation de « pièces anatomiques » par des pays anciennement colonisés, considérant ces objets muséaux en des personnes ?
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Pour clôturer un cycle de trois années de recherche, le séminaire s'intéresse aux mobilisations collectives qui prennent le corps comme objet de revendication. Les chercheur-es invité-es s'interrogeront sur la façon dont des collectifs... more
Pour clôturer un cycle de trois années de recherche, le séminaire s'intéresse aux mobilisations collectives qui prennent le corps comme objet de revendication. Les chercheur-es invité-es s'interrogeront sur la façon dont des collectifs institutionnalisés ou non interpellent l’État et les médias à travers des mobilisations collectives, des manifestations ponctuelles ou durables, et des techniques militantes pour orienter l'organisation sociale de la transformation du corps. Ces mobilisations et mouvements sociaux portent sur les normes d’apparence, les assignations
identitaires, les modes d’existence, le traitement des corps et les droits de la personne.
identitaires, les modes d’existence, le traitement des corps et les droits de la personne.
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L'an passé, le séminaire était consacré à la présentation de travaux de jeune. s. chercheur. e. s. qui thématisaient le corps comme objet d'intervention, de transformations ou de catégorisation. Dans la continuité de ces réflexions, le... more
L'an passé, le séminaire était consacré à la présentation de travaux de jeune. s. chercheur. e. s. qui thématisaient le corps comme objet d'intervention, de transformations ou de catégorisation. Dans la continuité de ces réflexions, le séminaire de cette année est orienté vers la présentation et la discussion d'enquêtes en cours qui interrogent les opérations de politisation et de dépolitisation de la matérialité du corps. Plus précisément, on s'interrogera sur la manière dont différents acteurs sociaux mobilisent ou non la matérialité de leur corps, de celui d'autrui, ou d'êtres qui ne sont pas juridiquement reconnus comme des personnes, pour défendre des positionnements politiques, mettre en cause certaines pratiques, voire certaines institutions (l'État, la famille, la médecine, etc.).
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Calendrier des Séances
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Destinée à des médecins, infirmières, psychologues, juristes et sociologues de la santé, mon intervention lors de ce colloque a abordé les questions éthiques qui ont émergé dans une équipe de soins palliatifs au cours de mon enquête de... more
Destinée à des médecins, infirmières, psychologues, juristes et sociologues de la santé, mon intervention lors de ce colloque a abordé les questions éthiques qui ont émergé dans une équipe de soins palliatifs au cours de mon enquête de terrain lors d’une prise en charge jugée particulièrement « problématique » par les soignant·e·s. et de médecins. Il s’agissait ainsi d’aborder les nouveaux questionnements moraux que soulève l’encadrement juridique de la gestion de la fin de vie dans l’hôpital depuis la Loi Léonetti de 2005, et la façon dont les médecins et infirmières tracent ensemble les frontières de l’acceptable face à la fin de vie de patients.
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On pensait l’affaire Vincent Lambert arrivée à son terme. Pourtant, une partie de sa famille a réussi le coup de force de remettre en cause des décisions médicales et judiciaires maintes fois réaffirmées depuis plus de cinq ans. Un tel... more
On pensait l’affaire Vincent Lambert arrivée à son terme. Pourtant, une partie de sa famille a réussi le coup de force de remettre en cause des décisions médicales et judiciaires maintes fois réaffirmées depuis plus de cinq ans. Un tel coup de force nous rappelle que le passage vie/mort n’est jamais une affaire privée et dépend de sa politisation par différents types d’acteurs. Il enjoint à appuyer la défense des libertés individuelles dans le réglage politique de ces situations de soins.
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Est-il désirable d’avoir à organiser ses propres funérailles, tout en étant le grand absent de ce rassemblement social ? Erving Goffman, sociologue américain, soulignait que l’une des plus grandes offenses que l’on puisse faire à un... more
Est-il désirable d’avoir à organiser ses propres funérailles, tout en étant le grand absent de ce rassemblement social ? Erving Goffman, sociologue américain, soulignait que l’une des plus grandes offenses que l’on puisse faire à un individu dans une société moderne est de l’ignorer. Il y aurait là un interdit moral à nier son statut de personne. Mais après la mort, ce tabou est-t-il encore valable ? L’organisation de funérailles nous confronte à ce devoir envers d’autres de ne pas ignorer la biographie de quelqu'un. Plus encore, ce problème politique — celui des conditions dans lesquelles s’organisent des funérailles pour chaque individu — se traduit aujourd’hui, en France, autour d’un point de débat. Les individus peuvent-ils au nom de leurs choix individuels demander à être oubliés en tant que défunts et exiger des funérailles en dehors des collectifs où ils ont été intégrés ? Cette question reste très souvent ignorée des médias sous cet aspect. Mais dès lors que l’on anticipe un décès, il devient nécessaire de le faire. De même, nous pouvons anticiper le coût économique d'obsèques. Enfin, nous pouvons chercher à définir quels sont nos souhaits et renoncer à confier leur organisation à d’autres que nous. Mais une telle responsabilité est-elle souhaitable ?