L Esprit Saint Dans La Tradition Orthodoxe
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Avertissement de I'diteur
Ce volume est une reproduetion a ridentique de I' di-
(ion de 1969.
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eonfonnes a la publication originaJe de eet ouvrage de
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Illlleur el de 1IileW". w imcile el conWlue une sanctioruI6e pW
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o Les ditions du Cerf, 1%9
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ISBN: 918-2-204-09523-5
lSSN : en cours
Premiere partie
LA TRINIT AIRE
ET LA PROCESSION
DE L'ESPRIT SAINT
r
Introduction
CONTEXTE HISTORIQ!!E
ET <lECUMllNIQ!!E
Quand ont dit la TraditioD or:ientale ou la Tradition
occidentale , 00 sent irnmdialemcnl l'insuffisance formelle
de ces termes, qui, aujourd'hui. dpassent de loin les notions
purement gographKues. 00 'Constate, au sein de la m!me
communion. la coenstence de types el de systemes tbolo-
giques accentus diffrcrnment. Toutefois, on peut parIer de
dominantes de la conscience dogmattque qui se forment
et s'affirmenl au ccues des millnaires.
Le P. Congar. daos son li vre Chrliens dsunis. note :
e Nous aVODS le meme Oieu. mais nous scmmes devant Lu
des hommes diffrents el ne pouvons convenir sur la nalure
des rapports de nous luj. II veut dice qu'il s'agit de
'ex-prience vcue de Dieu, exprience qui o'est pas ideo-
tique d'un cot el de I' autre. Mais il raut nous rappeler la
paraJe profoode de Pguy : Tout vrai pbilosophe n'est
jamais contre les autres, mais a cOtt des autres et face A la
vrit. A ceUe ,lumiere, on peut comprendre la vraie attitude
cecumnique : nous De sommes pas les uns contre les autres
roais A cOt des autores et tace au Mystcre de Dieu qu'on
Re peut jamais enfermer dans une seule formule.
Les diflrences des traditions locales, plus grandes encore
aux premiers siecles qu'aujourd'hui, n'empecbaient point
I'Eglise d'!tre Une. A un certain moment, le dsir mme
10
LA THSOLOGIE DE L'ESPRlT SAINT
d'etre un tarit el. malheureusement, les diflrentes opinions
thologiques onl durci Ies nreud dogmatiques. Il semble que
la tAche aetuelle des thologiens consiste avant tout a oprer
daos .la mesure du possible la ddogmatisation :1 ou trans-
dogmatisation:o des points litigieux, en laissant une place
large aux commeotaires tbologiques.
Le caractere transcendant du Mystere de Dieu justifie les
approcbes nuances suivant le gnie propre des commu-
MUts ecclsiales. Djl le Nouveau Testament contient des
opliques:l multiples chez les tmoins accrdits au sein
d'uDe m!me foi el qui cooditionneot -las thologies el meme
les spiritualits qu'on peut appeler. par exemple : johannique.
ptrinienne ou paulinienne. Le pluralisme lhologique est
lgitime.
Par contre, les dogmes se situeat sur le plan des vrits
rvles divinement. proclames par les concHes el vcues
daos de culte. Leur intgratian liturgique interdit de sparer
raspeet ou le contaur intelligible des dogmes de leur contenu
liturgique vivant. qui les montre com.me des vnements
dogmatiques enracins dans l'histoire el ainsi carte l'abstrac.
tion des dogma tiques autonomes. Dans le Credo de
Nice. l'Esprit Saint est d6fini liturgiquement : il est e ador
et glorifi avec le et le Fils . ce qui renvore la liturgie
oleste dont parle I'Apocalypse et la foo.ction mystagogique
de J'Esprit, qui est ceDe de l'ord-re liturgique. Cest pourquoi
tous les dogmes formuls par les conciles forme
d'noncs liturgiques el entrent si 8isment oomme des pieces
doxologiques dans la trame meme du euIte. Ainsi l'hylDJle
F11s monogene ou e Trinit consubstantieUe et indio
visible ou le e Credo . -ms qu'i1 s'integre la iiturgie.
tout dogme devjent e piphan.ique , tmoigne de la prseoce
transcendante de la vrit qu'jI exprime. Ceci 8upprime
toute distance entre le Christ e dogmatique et le Chdst
c: sacramentel . interdit toute disjonction entre la ralit
sacrammtelle du Chrst vcue daos la liturgie el sa rbv-
laton dogmatique comme unique Vrit. Ce princlpe du
INTRODUCfION
11
O:uist total est d6cisif pour -le probleme de 'intercommunion ;
I'autorit doctrinale de l'piscopat el la validit sacramentelle
sont insparablos.
Le dialogue ceeumDique est leudu intrieuremeot vers
le concite futur ou tous ensemble DaOS serODS invits A
rviser le dpOt saer de la foi apostolique en distinguant
la Vrit de ses multiples expressioos, semblables aux diver-
ses composilions ieoDographiques du mame theme, celles-ei
coDvergent loules vers .I'Unique Sujet el done vers "aecord
plnier el vers la rinlgration des tradilions alttes dans
I'unique regle de foi des ApOtres el des Peres.
Ce caraelere dcisif des dogmes explique CUt Dombre
minime dans l'Orthodoxie, qui se refuse A toute dogmati-
salian excessive. Ell e o'a pas besoin de formuler. elle a meme
besoin de oe pas oemuler afin de Iaisser une grande marge
el une grande libert aux opioions multiples des tholo-
giens.
Dans I'obscurit des sparations, la Vrit n'claicait plus
de sa pleine Lumiere. Aux alentours de l'an Mil, la rupture
de I'unit s'est produile sur le mystere tcinitaire. La procession
de I'Esprit per Filium. qui avait t proclame par le pa-
triarche cecumnique Taraise au vn- Concile <Ecumnique.
a perdu tout 'clat de son sens Ihologique a I'poque du
combat entre les empires et les nations en gestation dans
I'anarehie fodaJe. L'Esprit de Vrit o'avait plus de seos
aux yeux des polmistes de cclte poque. Eo Occident,
I'addition unilatrale du Filioque. pour des raisons apolog-
tiques, esl particulierement symptomatique a cel gard. 11
est temps d'entrer dans la rcoociliatioo en se soumettanl
a d'Espril d'amour et de vrit. C'esl lui qui tmoigne qu'avant
lout c"est le mystere de la Trinit qui &e trouve au seuil
de la cornmunion entre le patriarche cecumnique el le
domnus apostolicu$, les deux ptemiers sieges qui rgissaieut
adis rOrient el I'Occident.
L'historien catholique Tuilier ana-Iyse la 6ignificalion du
litre e patriarche cecumnique el souligne avec raisan que
12 LA. THSOLOGIE DE L'ESPRlT SAINT
le terme recumnique , pour les Grecs, selon les acles du
VI- Concile., avait un sens non pas juridique mais dogma
tique. 11 signifiait l'union doctrioaJe entre rOdeat et rOcci
dento la profession par le patriarche de Constantinople de
la foi commune teile qu'elle avait t dfinie dans les conci1es
el accept6e par les trois autees sieges patriarcaux,. par I'pis-
copat universel el le corps de l'Eglise Une 1, ,
On peut dice, en effet. que le patriarche de Rome et le
patriarche de Comtantinople l'taient au meme titre cae
ils professaient tous deux daos deurs patriarcats respectifs
la foi eommune aux Eglises d'Orient et d'Occideot et mani
festaiect ainsi un aecord dogmatique parfait Au XI-
en Oecident, le titre perd son sens initia) et est menad
d'hgmonie ecclsiastique, cae universafis en latin avait
un sens juridique et qualifiait un pouvoir juridictioo.nel. Le
sens dogmatique oriental entre en cooftit avec le seos juri-
dique occidental. Or e'est en fonction de son titre
mnique . titre essentiellement dogmatique. que le patriarche
d'Orient avait refus de modifier e Credo, jadis commuu l
tous. En tudiant ceUe poque oil rgnait I'unit. 00 constate
l'importance du dialogue qui s'est rtabli entre Rome el
Coostantinople afi.n de rviser les raisOlls si dsastreuses de
la spa.-ation.
Sur le plan des roocontres recumniques, I'apport orien-
tal se silue peut-elre dans UD sens tres prononc du Mystere.
Moins sensible t l'aspect juridique et rationnel des
thologiques, structur profondment par la liturgie, rOrient
n'prouve aucune difficult t vnrer le au
plus fort du oontexte technique de natre poque. Face t
la e tbologie nouvelle , la raction ortbodoxe at positive
en taot que cette tbologie est un appel la dpasser la tho-
logie abstraite el archaique devant laquelle !'homme modeme
se sent e dpbas . Par contre, 00 prouve une vive inqui-
1. A. TUlLlBR, e Le tltre de patrlarebe c:rcumnlque " In .. ager
du patr. ru .. nO 60, 1967.
INTRODUCTJON
lJ
tude devaol J'eftritement du COD1QlU vanglique de la foi
et du sens historique des bibliques. Certains
thologiens De savent plus bien en quoi ils ecoico! el
toot penser A la parale de Kierkegaard : 00 ardve au point
de oe plus savoir ce qu'est le cbristianisme.
Si. dans sa pbase d'volution. 'esprit aspire a redominer
,la matiere, il Re faut pes oublier la pba'Se d'lnvolution de
'esprit dans la matiere lors de la' chute. Si 00 nglige cette
double dimensiono transcendaote et immaoente a la fois. de
"esprit humain. on perd I'anthropologie des peres. 00 glisse
vers l'agnosticisme ou le 'Scularisme el enfin vers la ngation
de !la Rsurrection historique du Christ. de la port6e onto-
logique de la saintet el de la transfiguratktn eschatologique.
En refusant toute objectivation du Mystere, rOrieot
garde farouehement 60n camctere objectif : il Q'existe pas
saos vnement pleinemeol historique. La Rsurrection esl
dans le krygme, mas krygme est dan s I' eucharistie. qui
est le mmorLaI \J vivaot de Ja Rsurrection et son
exprienee la plus immdiate, faisant de I'assemble la sy
naxe des immortels . Notre doctrine es! en accord avec
I'eucharistie et l'eucharistie la confirme 2 di, saint Irne
el il ajoule : la Iilurgie est e la Coupe de la .ynthese' .
A )'opposition entre les diftrentes confessions, s'ajoute
aujourd'bui la division intrieure centre sur le christianisme
sur le Cbrist dans un monde sans Dieu, sur le
Christ sans Dieu, en dfinitive sur roplioo pour ou contre
Dieu. Ce qui frappe chez les chefs de file de cette e Ibo
logie Douvelle , c'cst l'absence de thoJogie trinitaire el de
rfrence a la patristique; A la suite du monde. OD aboutit
A la scularisation de la Bible et de la TraditioD.
Or le scandale el la folie dont pal1e saint Paul doivent
persister; c'est d'une part l'altrit absolue des Vrits
2. AdD. IV, 18, 6.
s. Ibid., 111, 16, 7.
14
LA THtOLOGIE DE L'ESPRIT SA,INT
divines par 'rapport a tOllt processus oaturel et d'autre part
leur prsence trb; reJle daos l'histoirc. Le passagc des
Philippiens 2, 6-11. - il s'est ananti lui-meme. iI s'est
abaiss lui-meme - parle de e I'alination:t de Dieu lui
~ m e et iJ faul la oomprcndre dans l'ampleur trinitaire :
toutes les Personnes divines sont eogages dans 1'6conomie
historique du salut. S'H est vrai que e l'homme est seul
indicatif de Oieu:t e'est que cel hornme est Jsus et e'est
pourquoi avant de reconnaitre la prsence du Cbrist dans
tOllt homme. il faut >teconnaitre la prsence du Dieo trini-
taire en Christ. Ce qui CODstitue l'homme ce o'est pas la
seule re1atian avec autrui, mais avant tOllt la relation avec
le Cbrist Dieu-Homme. Si tout est scu1aris. comment re-
connaitre qu'il est le Fils de Dieu?
Sanl Srapbin de Sarov. au XIX' siecle djA. disait : Des
passages de I'Ecriture Sainte DOUS paraissent tranges aujour-
d'hui... peut-on admeltre que les hornmes puissent voir Dteu
d'une maniere aussi concrete? Sous prtexte d'instruetion,
de lumieres nous nous sommes engags dans une obscurit
d'ignorance telle qu'aujourd'bui nous trouvons inconcevable
tout ce dont les anciens avaient une notioo assez elaire. pour
pouvoir parler entre eux des manifestatioos de Dieu aux
hommes comme de ehoses conoues de tous et nullemeot
tranges . Un fait symptomatique : en Russie sovitique. sous
un rgime tota1ement scularis. la thologie nouvelle. est
inimaginable. Si la jeuoesse est rfraclaire a loute forme
sclrose. elle porte en elle une soif profonde de rinfini
et de rab!olu. elle est naturellement ouverte a toute manifes-
tation du Transcendant dans I'Histoire et daos la vie des
hommes. Un jeune eroyant disait rcemment : Le cbristia-
nisme est partout. il est au OCf:ur mtme de I'ex.istence. daos
le saer de la matemit. dans l'expIoit de la vie quoti-
dienne. daos la gratuit de 'amour et de }'amiti ...
C'est en Russie marxiste que le poete MandeIstam a dit :
De nos jours. tout bomme cultiv est chrtiCll. Les
grands S81Vants russes pensent tout simplement que la vraie
INTRQDUCI'ION 15
science conduit implacablement A l'inlerrogatioo reli-
gieuse::t. Pour le moment, en attendant un nouveau sainl Paul
A Atbtnes. il5 ont formul une priere tonnante au e Dieu
inconnu ::t ... Une foi. peul-tre nalve en apparence., mais qui
cesse d'tre nai've des que justement son intgrit intacte
conunence a passionner les scienti.fiques et les poetes. CeUe
aUitude esl a I'oppos de tout conservatisme strile. La
spiritualit orthodoxe., par sa dimensioD essentielJement escha-
tologique. s'oriente, seloo I'expression de saint Grgoire de
Nazianze. ... en la mtastase ::t el le e sisme eschatologique
de conclusion::t. Elle cultive une tres: grande libert el se
proccupe actueJlement de purifier -l'ide de Dieu de tout
contexle tbologique el sociologique prim. Le ralisme
historique., le destin historique de 1'homme furent toujoues
au centre des rflexions de tous les penseurs religieux russcs.
Dans les pays marxistes, l'Eglise peend la figure d'une Eglise
pauvre el servante et 'Vit sous le signe du martyre el du
silence. Ailleurs, les lments patristiques el lilurgiques diri-
gent la rflexion vers une synthese oo-patrislique. 11 est
importanl de faire une distinction cotre t'objet de foi el sa
prsentation en foncHon d'un milieu culturel donn. Mais
celte distinction est lout aulre chose que l'assimiJation des
vnements historiques du salul a des rnythes.
Chapitre 1
LES PREMISSES ORIENTALES
DE LA THJjOLOGIE PATRISTIQ!lE
Dans leur enseignement sur la connaissance de Dieu. les
Peres orientaux soulignent avant tout que le peajet divin de la
cration de l'homme porte en germe 'InearoatioD fulure
du Verbe. Cration el lncarnatioo sonl co-impliques. 1'une
acbeve I'autre. e'est pourquoi poue rOrieo!. I'Incarnation
aueail lieu mSme en debors de la chute. eorome expressioD
de l'amour divin el terme ultime de la communion entre
Dieu el 'bommc. L'icne de la Thotokos tenanl daos ses
bras 1',Enranl J6sus est justement l'icOne de I'IncamatioD,
1' Elousa., indicibile entre le divin el l'bumain.
e'est aussi la conception eucharistique de 'ecclsiologie qui
appro(ondit le rnme mystere lncarnation-Cornmunion el
montce daos l'Eglise le lieu de l'union substantielle entre Oieu
el 'homme.
Pour pressentir ce mystere, 'bomme, dit saint Grgoire
de <Nysse. porte en lu une certaine mesure de connatssance
de Dieu 4. et pour rpondre au dsir divin, note saml
Maxime Ile Confesseur, Dieua dpos dans le cnur bu-
main le dsir de Oieu s . Cest done dans sa natufe mme,
4. Br,.,it., Oro 6, PG 44, 1269 BC.
5. Amb_, PG 91, 1912 AB.
18 LA THP.OWGIE DE L'ESPR/T SAINT
cre a )'image de Oieu. que j'hornme est prdestin .. la
connaissance de Dieu. Quel est I'organe de cette conoais
sanee 1
L'Orient distingue entre la raison el sa diflrcociatioo. dil
cursive a l'infini. tour.ne vers le multiple el le cootraire
el, d'autre parto l'k!.telJigence. le dpassement des opposs el
)'intgration iotuitive jusqu'l )'unit et !'un. Evagre releve
la diftreoce de niveau : c L'iDtelligeo.ce r&ide dans le cceur.
la pens6e dans le cerveau 8 :t. Cest un principe bien scriptu-
eaire cae les juifa du temps de )' Anden Testameot pcnsaient
avec -le CO!ur, creur dans le scos biblique. centre m6tapby-
sique de rlee humain, siege de )'intelligooce el du noJ'.
Ce o'est polot lIa ngation de la peuse discursive. mais ]a
scieoce de ses limites qui postule son intgration .. e l'intel-
ligence renouvele en Christ:t dont parle saint Paul. L'Orient
n'a jamais cultiv l'autonomie de -la raison naturelle - fumen
IUltwaJe Talionis. Dieu dans sa en s'adressant A
I'hornme. une transfiguration de $OD esprit. La coonai&-
sanee de Dieu, meme e natureue lt est lOUjours cbarismatique.
Seloo Origeoe. la grice de la theoria tout bomme RU-
dessus de lui-meme 7. Les slavophiles l'appellent la e connaia-
sanee vivanle lt. eonnaissance-amour el
communion.
lis suivent la patristique orientale, qui ignore la distinction
entre une e voie de !'amour el une e voie de la coonais
sance . Norrnative.rnmt. iJa vraie connaissance est toujours
caril8tive et l'amour est toujours intellcctif, les deux culminent
dans un seul aete indivisiblement caritatif el inteUectif. C'est
pourquoi le grand principe de I'Msyohasme invite A. faire
desceodre l'inteJligence dans Ie ca:ur afin que la totalit6 des
lacults de l'esprit bumain. sur-6lev6e et ilIumin6e par la
grice. cffectue un face .. .aAaoe avec les de 'Dieu. ce
qui veut dire a J'exelusion de tout concept ou image meotale
6. C,ntu,iu IIHo,Uquu.
7. Contra C,bum, PO 2, lUl C ; 14M C.
LES PRAMISSES ORlENT ALES 19
susceptible de s'interposer entre le c <nur-esprit ou c: I'ail
du ca:ur el le Crateur.
Le p6c:b originel avant tout a spar la raison du enur.
Ja gnosologie de I'axiologie, ce qui a fauss6 la facult de
discemement el d'apprciatiOD. Cet tat de pe:rversion onto-
logique rclame UD acte de profond reviremeot de ratee -
mtancl - qui est justement racle de foi. 11 faut souligner
fortement son aspect existentiel et exprimental, qui explique
pourquoi la foi en Orient De se dfinit jamais en terme
d'adbsioD inteUectueUe, mais releve du revirement du tout
de I'!tre bumain par c I'videoce ou la c: certitude pas-
calienne vcucs daos une certaioe c exprieoce du Trans-
ceodant . Saint Maxime prcise : c: J'appeUe exprience le
savoir m!me en acte qui advient au-delA de tout conccpt. ...
la participatiOD ~ I ~ b } e t . qui se rveIe au-delA de toule pen-
se 8. C'est une pareille connaissance contemplalive par
participation qui constitue selon les Ptres une vritable thtr
gnosie. Thologiser, c'est traduire en termes tbologiqucs la
communion avec Dieo, c'est relater son contenu. La tbologie.
oertes., comporte un lment doctrinal le krygme, la didas-
calie el la catcbtse : mais, plus profondment. I'Eglise cultive
la seve mme de la coonaissance ea coutant ses saint3 el ses
Ptres, en s'alimentant l leur exprieooe de J'Esprit Sainl. a
teur colloque avec le Verbe. el eUe l' otlre l tous dans 58
Iiturgie.
Comme le monue le litre du trait de Pseudo Denys l'Aropa-
gite Per; mystikes theologias (De la thologie mystique), tb-
logie mystique signi6e. l l'oppos de toute connaissance
cbrale. thologie du Mystere qu'oo De coDoait que par
r6vlation du cOt de nieu et par participation rceptive
du rot de I'homme. La traosceodance de 'Dieu OOllS apprend
qu'on ne peut jamais le connaitre de I'extrieur. qu'oo oe
peut jamais aller vers Dieu qu'co partanl de Lu, qu'en se
8. Quae. t. lid Thala .. /um lO, PO to, fU. A..
20
LA TH80LOGIE DE L'ESPRlT SAINT
trouvant djl en Lu. qu'eD, tant louch par SI proximit.
aUciot par ses nergies
Les luues dogmatiques poue la Vritt. au temps des conci
les recumniques. De dfendaieot aueUDe coonaissance formeUe
dtache de l'conomie du salUl, mais cberchaient a pciser
la vaie salvatrice bautement pratMue, a rpondre aux ques-
liaos de vie ou de mort Une pareille thoJogie, tout en
comportant une propdeutiquc d'enseignemeot et une culture.
apparait avant tout el dans son aspiraton meme : voie exp-
rimen tale de 'union avec Dieu. 00 compread mieux a ceUe
lumiece, Ia orante que donne Evagre v de la th60-
logie : Si tu pries vcaiment, tu es thologien, et si tu es
thologien. tu prieras vcaimeol. e 'est une vaie conlem-
'pIative, gnratrice d' unit el qui s'appareote dans sa natuce
au mystere eucharistique. coosommatioD eucharistique de la
ParaIe.
Ainsi daos I'esprit des oPeres. la tbologie s'rige en
charismatique, car c personne ne peut connattre
Dieo, si ce n'est Dieu lui-m!me qui l'enscigne:t - c il n'y
a pas d'autre moyen de connaitre Dieu que de vivre en lui:t.
e Parler de Dieu est une grande chose, man il est encare
prefrable de se purifier peur Dieu:t, dit sanl Grgoire de
Nazianze 10. Le tropaire de None le dit a sa IJUWliere : e Ent",
les deux larroos. ta croix apparut comme une balnce de
jl4stice, run dans l'enfer sous le peids du bIas-
pbeme, l'autre s'aUgeant de ses phs pour connattre la
vraie thologie. Le ban arron est thologien, il a 'l'exp-
rieoce immdiate de Dieu, il ra reconnu et lui a adress sa
La vocation thologique invite a dpasser la lIuffisance d'une
science purement encyclopdique, car elle Q'est pas l'affaire
de la raison naturelle, mais eUe s'eo.racine dans la lumibre
9. Le Traia de I'Orai. on, 60.
10. Oratio "2, 12, PG 16, 188.
LES PUMISSES ORlENT ALES 21
du Verbe. Dans Jeur initiatioo, les Peres mootrcut l'a.sc6se
comme le prliminaire de l'art tbologique et l'oraison comme
un tat - kalaslasis - de l'intelligence, une rceptivit orante
ouverte aux Rvlatioos fulgurantes du Transcendant.
Chapitre II
LES DIMENSIONS CATAPHATIQ!lE
ET APOPHATIQ!lE
DE LA TmOLOGIE DES pERES
Daos sa dimension apopbatique, la th60logie est la ngation
de toute dfinition humaiDc. Dfinir e'est limitcr; oc Oieu
est illimit el incomparable au sens absolu. il o' existe alleune
khelle de comparaison. aucun Rom ne 'exprime adquate-
meot. Adonai esl le signe de )'indicible. Yahv est le Nom
qui ne peut etre dit. En disant Dieu ou Crateur ou Sauveur.
ce n'est jamais Oieu en lui-mme que nQus dsignons. mas
58 face toume vers le monde. oe qui est aulour de Dieu .
La tbologie cataphatique, positive. es! appel&: par les
symbolique. cae elle nc s'applique qu'aux attributs
qu'aux manitestations de Dieu dans le monde. CcUe
connaissance de Dieu dans ses aetes traduit ses e pbanies
dans le modo iotelligible.. prsente une expression chiffrk,
cymbolique cae la ralit de Dieu est absolument originale..
.rrductible A tout de pense. Ainsi Evagre conseille :
Approche:z I'lmmatriel d'une maniere immatrielle. :. De
mame. p.r exemp1e. pour saint lean Chrysostome. l'expression
l la droite du pere:. n'a rien de spatial mais exprime
J'.identit de la gloire du Christ avec celle du pere. La tbolo-
gie positive ainsi n'est point dvalu6e, mais prciste quant
l sa dimension propre el ses limites.
24
LA DE L'ESPRIT SAINT
Par contre 'la tbolog.ie -ngative habitue k l'.infranchissablc
el salvatricc distance. e Les conceplS crent les doJes de
Oieu. dit saint Grgoirc de Nysse.. l'toDocmeot seul saml
quekue cbose 11, e Les simples se rvelcut au-
dela de toute connaissance. au-delA m!me de l'inconnaissancc,
dans les ttllebres plus que lumioeuses du silence 12, C'est
une approche des tnebres. irange de l'inaccessible Iumiere
divine. mais qui se situe l )'oppos de l'agnosticisme car
grAoe a cene inconnaissance mme. par une intuition pri-
mordiale el simple , 00 conoait pac-dela loute inteUigence.
La thok>gie ngative un dpassemcnt, mais qui oc
se dtache jamais de sa base.. la tbologie positive de la
Rvlatioo biblique. Plus haut est dresse la verticale dleste.
plus elle esl cnracine dans l'horizontale terrestre de l'his-
loire.
II ne s'agit pas de la seule impuissance natureUe de
l"homme. mais de la profoodeur iodicible. radicalement
cendante de 1'essence divine. Dieu est mystrjeox,
cibIe de par sa oature. Toutefois la voie ngative, souligne
profondment le P. de Lubac, o"est pas ngatrice. e ogativit
n'est pas ngation 13 . Elle constitue le seul remMe 1
suffisance en obligca.nt -.). se transcender. Cest pourquoi elle
n'est pas un simple correctif ni un rappel de prudence mais
une tbologie autonome. Ses termes e hyper-bon ou e
existant sont des ngatioDs-aflirmations et portent une cer-
laine description de I'IncoDcevable situe dans )'exprience
ffnratrice de /'unit. Plus Dieu est incognoscible dans la
transcendance de sa Suressence el plus iI est cxprimentable
dans sa proximit immanente en tant qu'Existanl.
Quand I'bomme cherche Dieu, c"est tui qui est trouv par
Dieu; quand iI poursuit la vrit divine, c'est elle qui
uisit el le transpose 1 son nivtau. e Trouver Djeo consiste
11. D. "ita MO/l.II, PG .... 377 B ; In Cant., PG U. 1028 D.
12. DI'Hnl. mll.t., PG 3. 1000.
13. SlIr tu ehemin. de Diell, Aubler, 1956. p. 145.
CAT APHASE El' APOPHASE 25
t le chercher sans cesse ... c' est vraiment voir Dieu que de
o'etre jamais rassasi de le dsirer a. n est e l'temeUe-
ment cherch o T.toumenos. & lan! que mthode. I'apo-
phase enseigoe l'aUitude correcte de tout thologien : J' homme
1Ie spl:cule paso mais se transforme. C'est daos cet tat de
chaogement continu, de e dification ~ progressive que
t'bomme contemple par les yeux de la Colombe la Monade
une el. trine t la fois el qui e reste cache dansson pi-
pbanie meme 11 ~ .
14. S.ln1 GIlWomB os NTlu. PG .6. 97 A ; .. , .0. D.
15. S.lnt MAllIKB. Amb., PG 111, 10.8 ,D 10.9 A..
Chapitre IIT
LA TERMINOLOGIE TRINITAIRE
Pour mieux rejeter l'unitarisme sabellien et le trith6isme
paieo. les Peces ont e baptis. certains coocepts de la peuse
hellnistique et, au moyen de ces termes tecbniques. ils Gnl
traduit el leur contemplatioo du mystue trinitaire.
Aueuo terme o'a jamais tt6 reyu sans une protonde modi-
fication ea fonction du contexte doctrinal II lallae formuler
le dogme de l'unit6 de la oature et de la difl6reociation des
trois Personnes divines. Ce qui peut sembler elair et simple
aujourd'bui. aUant de soi. tait infinime.ot pllM complexe
au IV siOCle. La conscience dogmatique oc possdait pas
cocore tout un appareil terminologique bien forg el prcis
poue aposee la doctrine cocrecle el cfutee loute confusion
htrodoxe.
00 souvent que I'x)Je d'Alcxandrie platonisait
que eclle d' Antiocbe art istotlisait. mais il faul viter de
pareilles simplifications. Si la pense de Tertullien est visible-
meol inftuence par les stoiden$, si $Bint Grqoire de Nyssc
,platonise parfois. tandis que Loo de Byzance ou saint Jean
DamadDe dans leut philosopbie et leur logique s'apparen.
tent k Aristote, il faut affirmer calgoriquement que les
De sont jamais les disciples de Platon. d'Arutote ou de
Plotin mais emprunteot l'appareil technique de la pbisosopbie
Ik ob ils trouveot une CORSonance avec l'objet de eut rocher-
28
LA THE.OLOGIE DE L'E$PRIT SAINT
che tbologique. Par moments el poue les besoim: de la
cause. Palamas est plus aristotlicien que ses ioter1ocuteurs
latins. Toot en faisant appeJ seloD les besoios au Portique.
.. I'Acadmie ou au Lyce. la thologie des peres. $Clon le
mol fameux de saint Grgoire de Nazianze. proc6dait A
la des pe.cbeurs-apOtres. et non A la d'Aris
tote .
La jeune Eglise doit exercer ses armes devant la mar
montante des doctrines Mrtiques ; B gnose avec son sehbna
d' manations el sa tcodance doc1iste, l'adoptianisme du type
de Paul de Samosate, le monarchianisme al:! les Personoes
de la Trinit soot des forces ou des modalitts du seul Dieu
le Pece, enfin un certain subordinatianisme tres Del cocote
che:z Origenc el inbreot a la tbologie d'avanl BientOt
il faudea dtfendre I'Ortbodoxie contee les atienne,
mac6donienne. sabellteooc, nestorienne, apoJlinariste el mo-
nopbysitc.
Poue les Petes. Dieu o'est pas irratioonel mais traoceodaot.
En termes actuels OD pcut dire qu'en Dieu existCDt troil
organes divins de la cODscience mais un seul centre de
conscience un-trine. Lorsqu'U esl vu et peoR. Dieu est
Trois ; lorsqu'll voit el peose. TI es( Un.
Le gnie d'Origme ouvre une juste perspective au sujel
de la gnratioo du Fih : le engendre el: le Fils nait
ternellement el simultanmeol. sans commtncement.. l'ecte
est au-delA de la chronologie, le prius est ontologique el. non
tempore!. U supprime radiealemeot toute dia1ectique aricnne
-seloo laqueUe il y avait un temps pendant Jequel le Flls
o'tait pas n et Dieu o'tait pas le Mais il fallait
dpasser les cadres bibliques smitiques el puiser daos le
gnie grec el latin en accordant les termes nouveaux ave<:
Ies donnes de la Rvlation divine : aDsi substanct, tS!Jel1ce.
nature. ousia, hyposrast, proS(jpon, ptrsOf1{l el aussi distinction
,radicale entre la ressemblance el la entre
homoousios et l'homoiousios. L'bellnisme cbrtieo eotre
organiquement dans la Traditioo. Dans $a vision du Mysltre.
LA TERMINOLOGIE TRINITAIRE
29
t'univers nClttique des Peres intqre la la liturgie.
la dogmatique, l'iconographie comme un tout parfaitetnent
-homogene. A la synthlse pralable de la culture hellnique
qui barmonisait conoept et symbole.. analyse ratioooelle et
expression mysttrique, 'Evangile viot grefier J'tvl:nement de
flncamation. L'heUtnisme ainsi baptis s'olfre a. la patrologie
el devieot I'lmeul organjque d'une tbologie de
l'hlstoire du salul Revenir a. un cadre exclusivement bbrai-
que serait rgresser au slade de la vision vtro-testamentaire
et l son prophtisme aovant I'accomplissement.
La des termes Irinitaires passe par une volution
complexe et, au dbut. une certaine confusion tait in-
ovitable. Chez Aristote 00 Irouve .Je schma classique :
.1
0
idtnlique$ soot les objets chez lesquels la mbnonce est
une: 2
0
$emblable$ sonl les objets chez lesquels la qualitl
est une; 3 Igaux sont les objets ehez lesquels la qUDIIlil est
une. En partant de ce schma, on pouvait dja dire que la
Trinil est I'Unique Dieu selon l'identil de la substance el
que les Hypostases parfaitement sool les modes per-
sonneLs de possder la meme et unique oature.
Les malentendus arriveot rapidement. Per$()IUJ en latin
correspond A prospon en gree et signifie la tace, l'aspeel
extrieur, mais aussi le masque ou le rOle d'un acleur. Le
danger de ce terme est de correspondre au modalisme sabel-
: trois faces ou trois masques de la meme el unique
substance el done la ngation de la Trinit. Par contre, le
mot grec hyposlase. poor les Occidentaux, prsentait la tra-
ductioo exacte du mal latio el le danger ici. en
disant trois hypostases. semblait tre d'affirmer I'uistence
de trois substances. de trois Dieux. L'quivalence de ces deux
termes : hypostase et substante, apparait dans la formule
du condle de Sardique (en 343) : e L'unique Hypostase des
Trois , donl le sens vident esl l'unique Substanee des Trois.
Saiot Basile, conscient de la contusiono cherehe a prciser
Ja distinction ncessaire et enseigne que la sutntaoce -
ousia _ est le eooccpt gDral de lOut etre; par contre.
30
LA. THSOWGIE DE L'gsPRlT SA,lNT
l'hypostase es! la Golion etre iodividueL d'une
e'est la relation entre le genre, le g&lral et le
persooneL ainsi l'bomme est ousia, Paul est hypostase. Poor
6viter la oonfusion frquente des termes. &silo confesse les
trois Hypostases oonsubstantielles el oooditionne liturgique-
meot ceUe formule ; cendre gloire au avec le Fils el
avec le Saint-Esprit en suivant le Credo: l'Esprit Saint est
ador el glorifi avec le Pere el le FUs:t. L'identit de
louange est fonde sur ]'identit deja nature divine : l'homo--
timos. gal en rang el en honneur, est quivalent de I'homoou-
sios. consubstantieL L'identit de la oature divine s'acrom-
pagne de la distinction par laquelle chacun est identique et par
laquelle l'Wl ntest pas l'autre. Le terme hypostase est eo.fin
clairement distingu des termes jadis synooymes : e Celui
qui ne confesse pas la comm.unaut de l'essence daos la divj
rut tombe dans le po)ytbisme; la oature du PUe, celle
du Fils et eeUe de 'Esprit Saint est une et identique ; toutefois
dans la divinit une l'identit de la nature est divers.ifie
en trois Hypostases de telle maniere que l'iodividualit des
Personnes se rencontre en une esseoce, el 'unique divinit
se .feconnait en Trois bypostases parfaites 16. De meme saint
Grgoire de Nazianze est dja tres c1air : e le dis trois (Lu
mieres) comme Hypostases ou eomme Personues. Je dis une
(Lumiere) iOUS le rapport de l'ousia, divinit 1,.
Saint Jean Damascec.e donne la synth* de la Tradition :
e L'ousia est ce qui existe ou subsiste par elIe-m!me. el qui
n'a pas d' existeoce dans un auUe ... Le mot bypostase a deux
significations. TantOt il signifie simplement l'existence, et daos
ce cas ousia et hypostase soot la mtme ralit6. Voill pourquoi
ccrtains Peres disaient ; les natures ou les hypostases. Tanlt
l'hypostase dsigne ce qui existe par soi-meme el dao& sa
propre consistance. dans ce cas eUe d6signe l'individu dilf-
16. Epilt. 2, lO, PO 92, 776, 77S.
17. In .ancta lrunina, oro :19, 2, PG 18, '45 C.
LA TERMINOLOGIE TR/NITA/RE 31
rent de tout autre 18. 00 le voit bien. l'ousia s'applique
a uoe substance commune ti plusieurs; l'bypostase ,'applique
aux substaoces individuelles. C' est la dilfreoce entre le
comffiUO et le particulier. Ainsi l'ousia est substanoe el I'hy-
pastase est ce qui est particulier, nous diroos uoe personoe.
La philosophie antique De conoaissait que des iodivwus
humains. Or l'Hypostase divine chez les Peres se rapproche
de la ootion moderne de personoe : un lre personnel,
uoique, incomparable, absolumeot irrductible aux autres.
Elle chappe ti toute dflOition formeJle. C'es! pourquoi la
ootioo de la perlSonne humame oc peut se faire qu'! la lu-
mrere de la Personoc divine, Arch6type absoJu. Saint J caD
Da.ma.scene souligne ; Les persoooes ou les bypostases bu-
maines De 500t pss les unes dans les autres... en la Salute
Trinit les Hypostases sont les unes daos les autres. Et
encore : Les Trois n'ayant qu'une seu1e oature, 0 ' 001
qu'une $euJe voloot, qu'uoe seule opration. TOUlefois,
les Personnes divines e sont umes non pour se confondre.
mais pour se contenir I'uoc I'aulre; il exisle entre elles une
cirOlmincuslon ti .
18. Saure. de la eOllllai .. ane., eb.pUr" " et 42 ; PO t., 606,
612.
19. D. lid. ortll., 1, 8, PO ", 828-829.
Chapitre IV
LA THEOLOGIE TRINITAIRE
Au seuil du trinitaire. Saint Jean Damasceoe rsume
les trois grands principes de la Tradition. Toute coonais-
sanee de Dieu dpend eotierement de raele libre de sa
voloot. Ensurte. e'est le Verbe incam qui revele A I'Eglise
don! iI est la Tte le Mystere des Trois Personnes divines.
En effet. rEglise connait le Cheist historique crucm, res-
suscit el glorifi : elle royoit la priere dominicale el CODDait le
Fils distinct du Pece; elle coute la promesse de la desctnte
imminente du second Paraclet el le le jour de la Pen-
tecOte. Au..delA de loute spculation Oll pbilosophie. l'Eglise
annonce l' conomie Irinitaire du salul daos son krygme
et elle la vil immdiatement daos sa baptismaJe.
dans son Symbole de foi. dans sa liturgie el ses sacrernenlS.
Cest plus tard que les Peces foegeront les argumonts tholo-
giques poue rfuter les hrsies et prciser I'ortbodoxie doc-
trinale de la Vri t6 divine. Entin, e'est le principe de la Mo-
narchie de Dieu. Le P!re assume et assure )'unit6 des Trois
Persoooes dan! un parfait amour, dailS la nature une. La
g6nration du Fils et la procession de I'Esprit Saint signment
aovan.t tout Jeur consubstantialit6 au P!re, manifestation 6vj-
dente de Jeur divinitt el de parfaite des Trojs.
34
LA THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
1. L' Ancien Testament
L" Anden Testament confesse un rigoureux monotbisroe,.
proclam olairement par Moise : Ecoute. Israel. k: Seigneur
notre Dieu est le Seul Seigneur.:t Les allusions au mystere
de la Trinit paraissent obscures. Sa vrit dpasse tout
entendemeot el e'est pourquoi eUe fut divinement rvle.
e 'est elle qui distingue radicalement le christianisme du
paganisme. du judasme el de I'lslam. poue qui le mystere
du nieu Un el Trine parait totalement absurde.
U est vweot poue les Peces qu'on nc peut le dchiffret
qu'3, la lumiere des Evangiles. Ainsi le pluriel des texle'!
Gen. 3, 22; 11.7. se rapporte selOD les Iuifs A la coDversation
de Dieu avec Jes anges. De meme. 'Ange de Yabv poue
Pbilon est le Logos dans le seos de sa thologie monotbiste.
ti est oelui qui gouverne le monde. Oro poue les Peces il 8'agit
de la conversation entre les divines Personnes et Tbodoret
voit dans I'ange de Yabv la deuxieme Persoooc de la Tri-
nit. En commentant le Sanctus, saint Atbanase prci.se que
les Srapbins disant trois fois Samt, glorifient le P ~ r e .
le Fils el I'Esprit Saint:t. lis rtODUDent ainsi les trois by-
postases parfaites, el. lors.qu'i1s disent Seigneur, ils montrent
l'unique essence de Dieu. 2O:t Isidore Pelus explique l'obscu-
rit des textes par la pdagogie divine : Dieu De jugea pas
opportun d'introduire la distinction des personnes. pour que
les Juifs ne versent pas dans l'idohUrie el De professent pas
qu'il y a une nature diffrente daos les hypostases, mais afin
qu'ayant appris des le dbut la l ~ o de la monarchie, lis
comprennent peu a peu le dogme des hypostases qui jaillit
a son tour daos l'unit de oature 21. :t Ainsi les propbEties
relatives au Messie de mSme que ses Noms : EmmanueL
Admirable, Cooseiller . Dieu fort. Prince de la Paix. Sagesse
et Logos ne seront dchifIrs qu'en Celui qui les uDira daos
20. De appar. Verbi Dei inc., lO, PG 28, 1000 ; 25,220.
21. Epid. 11, lU. PO 78, 6SV.
LA THgOLOGIE TRlNIT A.IRE
35
sa Personne : le Christ, Fils de Dieu, Dieu-Homme el seconde
Personne de la Trinit.
IPour la peose rnystique juive, la Thora n'est pas un simple
recueil de prescriptions et de lols mais une Personne vivante.
Mais si. pour les Juirs. elle reste encore tragiquement ano-
nyme. pour la foi chrtienne, c'est le Christ qui la personnalise
en faisant de la loi, amene ~ sa plnitude. la grAce.
2. Le Nouveau TesJament
Les Evangiles apportent la pleine rvlation de la Trinit.
Lors de l'Annonciation, I'ange propbtise la descente de rEs-
prit Saint et prcise le Dom de l'enfanl : e 11 sera appel Fils
de Dieu . Le bapteme du Seigneur fait clater I'plhanie
fulgurante de la Trinit. Dans son discours d'adieu., le Fils
parle du second Paraclet, l'Esprit Sainl qui procMe du
Pere . Dans 1'00'dre de baptiser au Dom du Pere, du Fils el
de I'Esprit Saint ., e au Dom au singulier confesse le
dogme : le nom unique des trois monlre la nature unique
de la Sainte Trinit , col1l1DeOte Zigabene 22. Saint PauJ
formule la bb1diction : e Que la grAee du Seigneur J ~ u s
Cbrist, l'amour de Dieu, el la communion du Saint-Esprit
sajent avec tous . et saint ,Pierre : e Elus, selon la preseience
de Oieu le Pece, dans la sanctification de l'Esprit, pour objr
A Jsus-Christ.
3. La premiere formulallon de I't!IlSLignement de f'Eglise a
traven la th&Jlogie des Pires
Dans les Iettres cbrtiennes. depuis la DidacM, on voit
partout la formule trinitaire. ainsi I'invocation baptismale a ~
la triple immersion, les bn6dictions el les doxologjes Iiturgi-
queso En Occident, c'est Tertullieo qui Monee la formule:
e trois Personnes, une essenee - tres perSQl1Qe, una substan-
22. Sur lIuh., 28, n, PG 129, 7M.
36
LA THEOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
tia 23. En Orlent e'est Thophile d'Antiocbe qui emploie le
premier le terme de Trinit : La Trinit. de Dieu, de son
Verbe. el de sa Sagesse 24,
Toutefois. avant le Concile de Nice. la doctrine n'est
ni claire ni prcise. mais la caction pourtant est unanime
con-tre les hrsies antitrioitaires.
Alexandre d' Alexandrie. aid par son jeune diacre Atba
Rase, aecuse Arius, qui est condamn au 1- COheile de
Nice (325). Le Concite proclame : Le FiIs est consubstantidC
au Pece. de l'essence ~ m e du Pece. Le u- Concile de Cons-
tantinople (381), condamne Macdonius el proclame l'Esprit
Saint Seigneur vivifiant. procdant du Pece, ador et glorifi
avec le Pece el le Fils. La consubstantialit 3U Pece du Fils et
de 'Esprit Saint est proc1ame avec la plus grande 6nergie
par Athaoase. les Cappadociens. Cyri11e de Jrusalem, Chry-
sostome., Epiphane. Cyrille d'Alexandrie.
La dnorntnation de l'nergie, enseigne saint Grgoire
de Nysse. n'est pas morceJe entre ceux qui agisse:ot, mais.
puisque la puissance et l'nergie dans les trois hypostases
sont uniques, le Pere oe fat rien de lui-mme sans le Fils ni
le FHs saos 'Esprit. Toute activit jaillit du pere. progresse par
le Fils et se paracMve dans 'Esprit Salot 2S. :. Saint Bulle
rlScapitule : Le Pere existe et possMe l' etre parfait. racioe
et SQuree du FHs et de I'Esprit Saint. Le BIs existe. en
plnitude de divinit. Verbe vivant et Fils du Pere sans dfaut.
Plnier aussi est 1"Esprit. parfait el complet eonsidr en lui-
rneme
26
. :.
4. Dieu le P ~ r e
Dieu, le Pere du peuple Iu, se rvele dans le Nouveau Tes-
tament Pere de toos les hommes. Les hommes sont appels
23. PL 11. 180 ; 1080.
24. Ad Antol. 11. lS.
25. Jt n'y a pa. troi. dieu:.:, PG . 125.
26. Hom. 2+ contre In Sabdlien., 4. PG SI. 609.
LA THtOLOGIE TRINITAIRB
37
fils de Dieu el, daos le caur des fideles, I'Esprit Saint crie
e Abba, Pere . Ce rapport de 6lialion vienl de la patemit
divine. Oieu le Pere est Pere par oature de son Fils MODogene.
tamEs que les bommes soOl les fils daos le FHs, enfaots
adoptils de Di:eu par la grice. En s'adressant la Madeleine
apres sa Rsurrection, le Seigneur le souligne clairement .
J e monte vers mon Pere el vOlre Pere .
5. Dieu It! Fib
Daos I'unique essence divine. le FHs se distingue du Pere
en tant qu'Hypostase propre. el, en mame temps. il est un
avec le Pere au poinl qu'ils De forment pas deux Dieux dis-
lincts : e Je suis daos le Pere el le Pere est en moi - e Nul
ne connait le Fils si ce n 'est le Pere, cornme nul De coooaH
le Pere si ce n'est le Fils . CyriUe d'A1exaodrie cornmente :
e Seule se conoait elJe-meme la saintc el eonsubslantielle
Trinit, qui est au-dossus de loute inlelligence el de toute
raison , e seuls ils (le Pere el le Fils) ont I'uo de I'autre
une connaissanee plc, e'est done qu'i1s sont gaux 27 . Le
1" Coneile de Nice proclame que le Fils est consubslantiel
au Pere el engendr avanl les siOcles.
6. Ditu It! Sainr-Esprit
Eneore imprcise dans l' Anden Testament, la doctrine se
prcise daos le Nouveau a la IUnUere du dogme trinitaire. Le
Seigneur aUeste clairement que l"Esprit Saint esl Oieu par
oature, un aulre Paraclet, uoe Hypostase. Saint Jean Chrysos
tome enseigne que le Seigneur rvele la consubstantialit.
I'identit de oature. el la parfaile galit 28. L'Espril e seru-
te les profondeurs de Dieu ., ce qui sous-eotend qu'il est
consubstaotiel el gal au Pere.
27. Sor Luc, X. 22, PG 72, 672-673.
28. Sur l ean, Hom. 78, 2.
38
LA. THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
7. Les proprits distincJives del Hypostases
Les Personnes de la Trinit oot une csseoce commuoc et
possedent cbacune ses proprits persoonclles. Celles-ci sont
les attributs bypostatiques. qui distinguent le P ~ r e en tant
qu'inoogendr. principe. soueee el eacine dans la divinit.
le Fils en tant qu'engendr et I'Esprit en tant que spir.
Les attribulS sont distincts el reprseo.tatifs des modes
d'existence des Hypostases. Le Pece est teme1lement Pece.
Le Fils est engendr sans commeocement. co-existant au
p e ~ . gal \ lui comme l'image vivante el l'emprcinte de sa
substance. lA procession de l'Esprit De se confond point avec
cet engendremeot el reste mystrieuse. Mais l'Esprit Saiat
provient du Pece, tout comme le Fils est enge:o.dr par le
Pece.
Les termes gennesis, gnration el ekporeusis, processioo
dsignent la provenance du principe gnrateur et spirateur,
projection intime. insparable du Pece, qui comm.unique toute
l'essence indivisible de la divinit. Aiosi le Fils el I'Esprit oot
leur principe daos le Pere appel e racine et source :t et il
cause de cela comme le dit saint Basile : e la divinit est
adorable daos la monarchie :t 29. Grgoire de Naz.ianze
explique : la monarchie signifie e gale dignil de nature,
accord de la pense el idenlit ill'gard du pere. .. la com-er-
gence est lelle que les personnes demeurent unies el indivi-
sibk:s comme uo seul Dieu SO. Saint Jean Damasceoe syo-
thlise : les proprits personneUes e ne sont pas dmoDstra-
tives de l'essence, mais de la relatioo rciproque el du mode
d'existence des personnes de la samte Trinit :t al. Elles ne
dsignent aucune diffreoce d'essenoe ou de dignil. aucune
iogalit des perscnnes. mais prcisent leurs proprits in-
communicables et personnelles,
29, Contre Sabelliu., Hum. 24, 4, PG 81, 809.
SO. Di.com'. 29, 2. PG S8, 78,
SI. PO 94, 816, 817.
LA THP.OLOGIE TRINITAIRE
39
J 03.n Demascene insiste sur )e caraetere apophatique des
appcllations, caraetere inengendr, gnrateur, spirateur. Une
certame vicot d'en haut el claire la pcrsonne hu-
maine, sa patcmit el sa filiation, mais sans aueune possibilil
d'appliquer ces coneeptions bumaines l Dieu. Dieu explique
l'homme mais lui-mame reste caeb el mystrieux. Oieu est
la seule existence pleinement personneUe. de qui toute
patemit, au del el sur la terre tire son DOrn signifie que
dans le domaine humain ce oe sont que ses rcRets et ses
irnages. e'est seul ement daos la di vinit que le Pere est
substanliellement et ternellemeot Pere el le Fils substanliel-
lernent el temellement Fik Dieu esl simple.. ji esl sans
division. le Pere impassible de soo FHs unique . dit sainl
Athanase 32. La cotemit de la garation du Verbe el son
insparabiJit d'avec te Pere sonl dfinies par I'expressioo :
rayoonemeot de la luntiere temelle, saos eommencemont
ni fin . lmage du Pece . empreinte de sa substance .
signifieot que le Fils a en lui le Pere tout enlier . Com
ment 1 Ce qui est cleste, chappe a la faiblesse humaine
el reste cach par un nuage . conelul saml Grgoire de
Nazianze
3S
.
3:l. Ad . l . l fl. PG 2f1. 5f19.
SS. Di.c. 29. 8, PG afl. 84.
Chapitre V
LES PARTICULARITl1S
DE LA TH110LOGIE
DES plRES ORIENT AUX
La tbologie des Pbres au IV sitcle est une tbologie tri-
niteire par excellence. Elle a labor les dfinitions dogmati-
ques et prttis a la fois l'unit et la diversit des Personnes
en Oieu. DjA le seul ,Ierme d'homoousiQS consusbstantiel, ro-
esscntiel. identique en esseoce. a .permis d'exprimer le mystere
de Dieu. a la fois Monade el Triade.
Dans J'Evangile seIoo Saint lean. le Logos tait pros Ion
Theon, plUIOt vers Dieu qu'c aupees de Dieu ou avec
Dieu _, formule qui dsigne la gnration temeUe du Rls. -
qui o'est pas le Pece. De mame un e autee Consolateur est
autre que le Fils el autee que le Pece. Toutes les Personnes
sont gales en dignit. identiques en substance el se diversi.
ficnt par Jcurs rclalions intemes. Cest id qu'i1 faul rekver
une difltrence de vision entre I'Orient el J'Occidenl. Pour
fOrient. les relations entre les PUSPMW!S de la Trinitl J1II! sont
pas d'QPposition ni de slparation, mais de divers;ll, de rlci-
prccitl, de rlvllatiml 'l'kiproque el de communion dans le
Pire.
Les attribuls qui se rapporleol l la narure commune tels
que sagesse. volont, amour. sainlet, lcrnil. son! inhrents
aux Trois sans difIrentiatioD. La Personne en tant qu'Unique
42
LA. TH80WGIE DE L'ESPRlT SAINT
est voque daos son rappoct la Source qui es! le Pete.
L' ionascibilit du Pece. la gnratioo du Fils el la prOCessiOD
de I'Esprit sonl les relations qui permettent le mieux de les
distinguer. C'est par la faiblesse natureUe de nolre
que DOUS les VoqUODS d'une maniere ngative : le Pere inco
gendr p'est ni le Fils. ni 'Esprit ; le Fils engendr otest ni le
ni l'Esprit ; l'Esprit spir D'est ni le Pece ni le Fils.
Pour l'Orient. ces relatioos d'origine De sont pas le seul
fondement des Hypostases, qui les coDstituerait el
leur contenu. Saiol Jean Dama5Ctne le dit : c Chacune des
Personnes contient l'unit par sa relation aux autres., non
mo;ru que par $a relmion d soi-meme B.. lt Elles dsigncot
sculement par excellence la hypostatique. Elles De
diffrencieot pas la oBture en Personnes mais expriment rielen-
tit el la diversit du Dieu Un el Trine.
Le plus importan! pour comprend1le la thlclogie trlnitaire
de I'Orient, e'est le Ct1mctere tcujours temaire ou triple dD
relations. Temaires. elles sonl en mame temps tri-un;ques el
c'est pourquoi dans cbaque reJatioo d'UDe Persoone les autres
sont prsentes. Le Fils el I'Esprit se rapportent au simul-
tanment, I'innascibilit, la gnratioo el la procession s'im
pliquent r6ciproquement. rune otest jamais sans les autres.
Ce temaire des relations supprime toute possibilit
de les ramener A la dualit, A la formatioo de dyades a l'in
trieur de la Trinit, ce qui mettrait l'ide rationneUe d'oppo-
sition II la place de la vision mta-rationnelle d'une diversit
- uRit trinitaire.
En effet on De peut opposer que deux principcs ; or nous
avons trois principes el c'est pourquoi l'Orient refuse le sys-
d'oppositioo de relations ou de relations d'opposition
qui sont des relations causales. La relation active du FUs el
de J'Esprit au est celle de communion, de rvElaton, de
manifestation, de meme la relation active entre le Fils el
S4. n, (id, ori., PG 94, 828 C.
LES PARTICULARIT$ ORIENTALES
43
'i'Esprit n'est point celle d'origine. La relation d'origine est
une ngation : le Pere n'est pas le Fils, elC. el doit etre
comprise daos un seos apophatique qui transcende toule
logique de relalions el ne dfinit pas mais dcrit. Le mode
de la gnration el le mode de la procession sont incompr-
hensibles 36 ; ineffables el en m!me temps concrets. ils sont
sufnsants pour diflrender les Personnes daos une simulta-
nit lernelle car tout rapporl est triple: 'Esprit procede du
Pere conjoiolement el en rapport avec le Fils daos Jequel iI
repose; le Fils est engendr par le Pere conjoinlement et en
rapport avec l'Esprit qui le manifeste.
Daos la vie intradivine des Trois, la Monade fcrme esl
exclue au meme titre que la Dyade car justement le nombre
deux implique opposition el limitalioo rciproques. Le d-
passement se Cait dans le Trois et au-deJA de toute CODnumra-
tion logique. Simplement el d'emble s'ouvre I'infini du Dieu
vivant : La divinit n'est pas partage daos les parta-
geanlS ., dit saint Grgoire de Nazianze S6, e dans les Trois
Soleils qui se compnelrent, unjque est la Lumiere 36(.1 .
Ajnsi la Trinit n'es! pas le rsuUat d'un processus, d'une
tbogooie, mais une donne primordiale de l'existcnce divine.
Elle n'est pas une reuvre de voloat bypostatique ni de nces-
sit de nature ; Djeu esl ternellement. saos commencement,
le Pere, le Fils et l'Esprit Sajot, rciprocit interne de son
Amour.
Le dogme trinitaire est absolumeol tranger a toule sp-
culation mlaphysique. 11 o'y a aucune thogonie daos l'acte
de la cratioo du monde qui eS! un acte de volont, par contre
la procession dos Hypostases divines est un acle de l'Etre
divin. de l'Existaot absolu, au-delA de toute dialeclique de
type hglien par exemple.
La thologie apopbatique contemple le mystbre qu' aucune
ss. St J"lf DAII., D ~ /ide or/ll., PO 94. 820 A.
36. Oro SI. PG se, 148.
ss . Sl J .. ,.. DAII., D ~ /ide orlll., 18 ; PG e., 829.
44
LA THP,OWGIE DE L'ESPRlT SAINT
intelligeoce De peut atteindre. e'est uniquement paree qu'il
s'adresse aux pbilosophes que saint Grgoire de Nazjanze
emploie leur langage el dit : La monade est ame en mou
vement en vertu de sa richesse ; la dyade ost franchie el la
triade se renferme dans son absolue perfection ... 37. Ainsi
Dieu n'est ni solitaire, judaique, ni multiple. polythiste. 11
est la Trinit au..<feltt de toute dductioo. raison ou ncessit.
Tout ce qu'on peut dire e'est que la monade est solitaire. que
deux est le nombre qui spare run de l'autre el les oppose, el
que le nombre qui dpasse la sparation el dboucbe sur
l'infini est le teois. e'est dans la Trinit que se trouvent
comme rassembls et circonscrits l'un el le multiple. Les Peces
oe chercbent point a justifier par la raisaD le nombre Teois ;
aveugls eux-meme par la Lumiere, ils laissent simplement
contempler la plnitude suraboodaote de la Tri-unit divine.
Mais m!me eette eontemplatioo n'est que l'ombre pile de
la Trinit car les Trois en Dieu lranscendent tout oombre
mathmatique. Saint Basile le dit dans son trait du Sant
Esprit: ' C Nous oe comptoos pas en allant de l'un au multiple
par l'augmentation, en disant un, deux, trois ou le premier,
le socond et le troisieme. En confessant les trois hypostases
sans diviser la nature en mukitude, nous demeurons daos
la Monarchie. On le voit bien : le nombre en Dieu n'est
pas une quantit mais iJ exprime 'ordre ineflable : trois
gale un. La Triade des Hypostases unies par la distinction
el distinctes par l'uniOD dsigne une diflrence qui n'oppose
pas mais se pose en posant les autres.
La conseieoce dogmatique de l'Eglise a dfendu avec v-
bmence le Mystere trinitaire contre les tendanees naturelles
de la faison qui osciUe fata.Iement entre 'un et le multiple,
entre d'uDe part I'essence des philosopbes et les trois modeti
de ses manifestations et c'est le modalisme sabellien, el,
d'autre part, la division en trois atres distincts el ingaux
57. Oro 2j, 8, PG SS, 1160 e D.
LES PARTICULARITSS ORIENTALES
45
et c'es! l'brsie d'Arius. De mme chez Plotin. l'Un. 1'lolel-
ligence et l'Ame du monde prsentent une birarchie d6::rois-
sante des personnes par manation.
Face \ toules ces dvialions de la raison natureJle. iI fallait
une mtanoia. un reviremeot radical de I'intelligence place
en Christ, pour s'lever au-dessus des coocepts pbilosophiques
el pour recevoir la Rvlation de Dieu dans sa purel intacte.
TI fallait supprimer en germe I'unitarisme monolhisle el le
Irithisme polythiste.
Ce revrrement comporte deux mthodcs diflrenles dans la
saisie mme du Irinitaire et marque amsi la diff-
rence des positions Ihologiques de l'Or;en1 el de I'Decident.
Le P. de Rgnon, dans ses Elfldes de thlofog;e pos;l;ve sur la
Salnte Trinit. les prcise clairement : G: La philosophie la-
tine envisage d'abord la nature en elle-meme el poursuit
jusqu'au suppt (la Personne) ; la philosophie grecque envi-
sage d'abord le suppt el y pnetfe ensuite pour trouver la
natufe. Le LatiR la personnalit comme un mode
de la nature, le Gree la nature comme le contenu
de la personne. Ainsi l'Oecident part de la nature une pour
considrer ensuite les Trois Personnes ; l'Orient part des
Trois Personnes pour considrer ensuite la natuce une S8.
Sanl BasiJe. par exemple, suivait cette mthode consciero-
menl paree qu'elle partait du concret, conformment \ I'Ecri-
tute el a la formule baptismale qui Romme le le Fils
el le Saint-Esprit.
L'Orient voit le danger quand ce n'est pas la Monarchie
du mals la natufe une qui s'rige en principe de l'unit
dans la Trinit. Dans ce cas, les relations d' origine s'identi-
fienl avec les Hyposlases el les expriment totalement. Si on
aUirme ave<: saint Thomas que e le nom de personne signme
la relation 39 , il est logique de dduire que ce sont les
S8. 1, p. 4SS.
:Il:l. th., I a. q. 29, a. 4.
46
LA THP.OLOGIE DE L'ESPRlT SAINT
rapports internes de I'essence qui la diversifient. Oc pour los
Grecs. le principe d'unit o' esl paso la nature mais le Pece
qui pose des relations d'origine par rapport k
comme l'unique Source de toute relatioD. Saiot Athanase le
dclarc : o: 11 y a un seul principe de la divinit el par cons-
quent il y a la monarchie de la maniere la plus absolue : un
seu! Dieu parce qu'un seul Pece. :t ectte affirmation lapidaire
devient J'adage de tous les Peces oricntaux. POllr eux, confes-
ser I'unit trinitaire e'est reconnaitre le Pece comme l'unique
souece des Hypostases qui simultanment de lui la
mame el unique naturc. C'est paree que les relatioos se cap-
portent au Pece qu'clles significot lI. la fois l'unit et la
diversit. Les Persoones el la oature 5001 porees simultan-
ment saos que rune prctde logiquement les autres.
Le Gree considere la nature comme le contenu de la
personne , ce qui veut dire que cbaque Hypostase est la
maniere personnelle de s'approprier la mme nature et par
coo.squent chaque Hypostase dans sa ralit unique dpasse
les seules relations d'ongine. Samt Grgoire de Nazianze dit :
La oature une dans les Trois - c'est Dieu ; quant a l'union
- henosis - c'est le Pere, de qui les Autres procMent el
ven Jequel ils se raroment sans se confondre oi se sparer,
mais en coexistant avec lui 40. C'w le pe,e qu; distingue
les Hyposlases, mais cette distinctioD dpasse le seul plan des
origines car selon sain! Maxime le Pere les distingue daos
un mouvement temel d' amour 41. Les Peces distinguent
la subsistance hypostatique et l'acHon manifestatrice. Dans
le mouvement ternel d'amour , le Fils et l'Esprit Saint
sont insparables dans leur action manifestatrice du el
ils soo! ineflablement distincts comme deux Personnes pro
venant du meme e Le Saint Esprit, dit saint Base,
d'une part es! attach au Fils avec loquel iI est conyu inspa-
rablement, el d' autre part son Etre est suspendu au
40. Oro U, PO 38, 478 B.
41. Scholla In lib. de Dloln. nomfn .. 11, 3.
LES PARTICULARITt$ ORIENTALES 47
doot il 11 subsiste en proc6daot du Pere et il est
manifest coojomtemeot avec le FUs <I:l . Chez tous les
Peres 00 constate l'affirmation de I'uoique Source Hypostati-
que du Pere el en meme temps une relation intime entre le
FiIs el l'Esprit ins6pa.rabJemcnt el unis : l'Esprit
repose tlemellement sur le Fils el le manifeste.
Les Orientaux onl toujours fortement souUgn le carac-
tere ineffable, apophatique de la procession des Deux du seul
Pere. contre une notion plus ralionnelle qui posait le com-
mUR de la nature au-dessus du personnel. Ils 0'001 jamais
considr l'Esprit Sainl comme un Iien (IIexus amoris) entre
le Pere el le Fils unis daos la meme oature el ne faisant
qu'un seul Principe de spiration. Dans ce cas, ce De sont plus
deux Hypostases distinctes mais la substance impersonnelle
qui spire _. Or l'unil d'amour est celle des Trois.
00 peut se demander si la Mooarchie orientale ne favo-
rise pas le subordinatianisme fll'intrieur de la Trinil ? Salot
Grgoire de Nazianze rpood : La gloire du Prncipe De
consiste point dans I'abaissement de ceux qui de
Lui... Dieu est les Trois considrs ensemble ; chacun est
Dieu l cause de la consubstantialil : les Trois sont Dieu a
cause de la Monarchie <ls. :t
Le P. de Rgnon signale le daoger oppos en Oecident :
TI semble que le dogme de I'Unit divine ait comme absor-
b le dogme de la Trinit don! on ne parle que pour m-
moire. :t Cest le risque de la primaut de l'essence phi lo-
sophique sur le concre! scripturaire des Personnes. On ne
s'adresse plus aux Personnes de la Trinit mais au ban
Oieu _ dont on ne sa qui il esl prcisment. O'autre parl.
dan s diverses formes de pit populaire, 00 s'adresse trop
exc1usivement au Christ, on s'attache forcment A son huma-
nit el c'est un christocentrisme excessif. Par cootre tho-
centrisme sans pr6cisioo conduit A la mystique de l' abime
42. Ep. "8, <1, PO S2, 329 C. 3S2 A .
. (!. Or . .uJ, PO se, fl1 B ; ,t, B.
48
LA. THP.OLOGIE DE L'E$PRlT SAINT
'divin , la Gottheil de Maltee Eck.bart. antrieure a la Tri-
oit.
L'acceot trap forl mis sur la nature cooditionne la DOtiOD
de la batitude du sitcle futur comme vision de ressence
divine. Oc pour l'Orient la batitude dsigne l'infini de la
dification. participatioD a la vie divine et vision de la gloire
trinitaire a tca-vers I'humanit glorifie du Christ. e flambeau
de cristal . l'essence de Dieu tant transcendante a jamais.
En figure, on peut reprseoter la triadologie sous forme
d'un angle donf. le sommet dsigne le Pre el les deux poiots
'ou. s'arrelent les oots. le Fils et I'Espril Ce schma exprime
''galit des deux. mais De dit rien sur leurs relations rcipco-
ques sauf !eue reIalion a l'unique origine qui est le P ~ r e .
Seloo le P. Serge Boulgakov. le schma plus correct est UD
triangle iDscrit dans un cerc1e : le mouvement est circuJaire,
il part du Pece el revient vees lui. Le Pece est la souece de la
Vrit. le Fils est le principe de rvlation de la Vrit du
Pere, I'Esprit Saint est le principe de sa manestation dyna-
mique el vivifiante. il est la Vie de la Vrit., son Esprit. La
relation entre le Fils el I'Esprit n'est pas causale. mais c'est
une relation d'interdpendaoce et de ccndition car toute rela-
Hon intradivine est toujours triple daos la crrcumincessioD
ternelle de l' Amour divino Nous verrODS loute l'importance
du terme de condition. avanc par le thologieo russe Bolo-
tov. et qui est t r ~ clairant pour le probJeme du Filioque.
Chapitre VI
LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT
En 1950. lars d'une rencontre entre des tbologicns catboll-
ques et orlbodoxes consacre A la procession de l'Esprit
Salot. les conclusioos affirmereot que I'Ecriture De contenait
explicitemeot ni le Filioque ni le a Palre solo. ni la dislinc-
tion nene enlre les plans terneJ el tempocel et que les aftir-
matons dogmatiques des deux cts - catboliques el arlho-
doxes - De remontaient qu'aux dfinitions des Concites. II
la patristique. 1 la tbologie pour se posee finalement en
articles de foi.
e'est dice toute la difficult du probleme. Sans qu'oo puisse
rien prouver dans un seos ou dans l'autre. et les multip1es
teotatives qui toutes chouerent dans I'histoire le dmontrent.
ji reste a prsenter la tradition patristique majeure. assez
unanime. sans omettre quelques textes aOlbigus - tradition
mmeure - el A essayer, lA o) e'esl possible. d'expliquer ces
textes \ la l u m i ~ r e du contexte plus large. Toutefois, pro-
fitant du changement des positions thologiques apres le
Concile de Vatican JI, nous essayerons pour coDclure, sans
aucune prtention de prsenter la solution, de prciser la
direction dans laquelle l'Orient et l'Occident peuvent trouver
WI accord.
50 LA THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
1. La rupture
Le Symbole de Nice en confessant la procession de rEs-
prit Saint du Pece, saos citer le Fils. se rfere a I'Evangile
seloo saiot lean 15. 26 et 14, 26. Telle est la foi des p ~
du Condle., cornmente par saint Grgoire de Naziaoze dans
son v Discours tholQgiqu.e el professe d ~ le dbut par
l'.Bglise taot en Orient qu'en Decident. Le me Concile.. en
431, frappe d'anatheme quiconque professerait une autfe
loi _, non strictement conforme a cene de Nice. Le IV- et le
v Conciles, en 451 et 681 reoouveUent cette sanctioo. Saint
Cyrille d'Alexandrie dclare qu'omettre ou ajouter quoi que
ce soit au Credo de I'Eglise universelle quivaudrait A contre-
dice 'Esprit de Dieu.
00 sait que la formule latine - I'Esprit Saint procMe 11
la fois du Pete et du Flls - apparait en Espagne au 111-
Synode de TolMe runi en 589 ; son canon 3 condamne ce\1X
qui De profes&ent pas le Filioque. Le Roi RcarMe, rcem
meot converti de l'arianisme. ordonne d'iotroduire le Filio..
que daos le Symbole de Nice. Le IV Synode de TolMe en
633 l'approuve. La formule tait utile temporairemeot pour
oombattre l'brsie des arieos qui cootestaient la divinit
du Christ et done pour affimer la consubstantialit du Pece
et du FiJ.s. Si J'Esprit procede des deux, il est viden! que le
Fils est 6ga1 au Pere, il est de la m ~ m e e.ssence divine.
Malgr l'opposiHon d'Alcuin et de Paulin. archevque
d'AquiJe. qui condamoa la formule au Concite provincial
leDU en 791, le grand promoteur du Filioque fut Char1emagne.
Le P. Congar cite l'historien J. de Pange : e La colJatioo du
titre imprial ti. Charlemagne ma-rque. de la part du pape. l'in
tentioo de rompre avec l'Empire d'Orient n. :t Cbarlemagne
convoque en 807 un CODcile BVec le projet d'cxcommunier
)'empire concurrent des Grees. Le pape L60n 111, en signe de
44. '" Neur eeotl aos apds ~ . In L'Egllae d le. EgU.u. t864.
p. 28.
LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINI' 51
protestation et dsirant fermement sauvegarder la tradition
unanime, fait graver et placer solennellement sur le portail
de bronze de la catbdrale de Rome deux cussons d'argent
portant le texte du Credo de Nice en grec et en latin et sans
aueune addition. Mais I'usage s' est en France, en
Espagne, en [tale el en Allemagne ; A la fin. Rome s'incline
devant la force. En 1014. I'Empereur Ilenri 11 se fa.t couron-
ner il Rome par le pape Benoit VIII et impose le rile germanj-
que de la messe ; le Credo interpol du Fifioq/U! fut chant
pour la Cois A Saint-'Pierre de Rome.
Ce que rOrient reproche. avant toute analyse dogmatique
de la Douvelle formule, c'est l'acte schismatique de modifier
le tate saer du Credo malgr les interdictions formelles des
Canciles <Ecumniques el de le Caire sans consulter le lieu
oriental de rUno Sancta. Plus tard, en 1054. le lgat du pape.
Humbert. daos son document dpos sur I'autel d-e Sainte
Sophie de Constantinople reproche aux grees de mutUer le
Credo ayam reltaneh le Filioque :t 1
2. La Tradition des Pe,es orienlaux
Mgr Cassien, qui fut professeur de Nouveau Testament.
donna ses eonelusions lors de la rencontre des thologiens
eite plus haut : dans le Nouveau Testament. la procession
de l'Esprit Sajnt du Pere d du Fils n'est enseigne DUlle
part de aplieite. Le thocentrisme de I'Eeriture centr
sur le Pere et ayant trouv son cbo daos la liturgie ortho-
doxe et la patristique orientale, selon Mgr Cassien est UD
argument srieux contre le Toutefois. ajoutN:-il,
il existe des donnes indirectos qui peuvent !tre interpr-
tes. par voje de dduetion. en sa Caveur, sans que les auteurs
saers ajent pens expressment eux-memes A cette possibi-
lit 's.
'6, Volr MilI' CAlltU', L'enlefqnement d, l a bibl. lar la pro-
ee .. ion da Soint-E. pr/I, En Quin: J, MaYIHOORPP, La proeenion
52
LA THSOWG1E DE L'ESPRlT SAINT
Au Moyen Age. les traits polmiques foisoonent. lis n'oot
jamais convamcu personne car, sauf que)ques rares excep-
tions. ils on1 laiss s'chapper la. seve meme de la pense
des 11s oot perdu le style patristique, expressioo de leur
spiritualit. Un ressourcement vigoureux daos la Tradition
des Peres s'impose done a taus actuenemeot afin de comproo-
dre leur dialectique de l'intrieur. seloo leur exprience di-
recte et leur contemplation des Mysteres de Dieu.
Le Nouveau Testament applique au Pece le plus souveot le
nom de Oieu tout court. Cette maniere est reprise fidelemeot
par les Peces antnicens. Saint Atbanase encore le dit clai-
rement : TI n'y a qu'ua principe el non pas deux. de ]a
Oivinit : il existe done en Dieu ti. proprement parIer une
Monarchie. De ce principe "jent le Verbe ... Le Principe. e'est
Oieu 46. Par conlre, les Peces vitent de s'exprimer avec
nettet el preisioD SUT l'Esprit Saint et surtout sur le mod.e
de sa procession. qui reste radicalement ineffable. n faut
done vjter de dogmatiser Ia ou il n'y a que des approxima-
tions. des aUusioDS et des suggestioos.
L' cole d'Alexandrie suit la mthode antnieenne. essen-
tie11ement biblique el sotriologique. Elle affirme la divinit
du Verbe paree que Dotre salut en dpend. Ainsi saint Atba-
nase affirme l'unit d'action du FHs et de l'Esprit k la
de l'conomie du salut et n'entre guere dans les re1ations
temelJes entre les Personnes divines. C'est le Christ qui est
le Sauveur et l'&prit nous fait participer dans le Pil& k l'adop-
tion du Si Atbanase insiste sur l'unit de narure entre
les deux. e'est pour alifirmer la divinit de I'Esprit : e L'Es
prit est dans le Fils. COffime le Fils est dans le 47. :t
du Sant-Esprit chu tel Pt r n ; S. VBftltUOV";OY e La
do Salnt-Esprlt la trladologie orthodoxe ). In
Ra ie d 1950, 0 3-4 ; P.-N. TIIBMI:I8l..\8, DOl1matique,
Paris, 1966.
46. Contra ar., !Y. 1, PG 26, Be.
47. Ad Suop., 111, 4, PG 26, 632 A.
LA PROCESSJON DE L'ESPRlT SAINT
53
Saint Cyrille d'Alexandrie combat l'hrsie nestorienne el
toujours en fonction de I'reuvre du salut insiste sur la dpen-
dance de l'Esprit a l'gard du FUs : e Loe Fils, dit-U, possede
l' Esprit aussi bien que le Pere. Le Fs nous communique
l'Esprit de sa propre plnitude divine 48. L'E.sprit est une
force sanctificatrioe e qui provient des Deux . A rot des
allusions sur la double procession se place une affirmation
contraire : L'Esprit procede de Oieu le Pere, comme d'une
Source. mais il est envoy la la cralure par le Fils 49.
Le vocabulaire de Cyrille. peu prcis, provoque des trou-
bies. Une de ses expres.sions I'Esprit propre au FUs , SU&-
cite une critique immdiate et violente de la part de Tbfr.
<loret de Cyr : e Si Cyrille dit oela daos le seos du Saint
Esprit consubstantiel au Fils el proc6dant du pere. nous
sommes d'accord avec lui ; mais si c'est dans le sens de
I'&prit lirant sa substance du Fils, alors nous renions cette
expressioo comme impie. Car nous croyons le Seigneur qui
a dit : I'Esprit de vrit qui procC:de du Pere so. Cyrille.
attentif la I'autorit de Thodoret et soucieux de I'orthodoxie
de sa propre doctrine, aecepta immdiatement et pleinement
I'interprtation de Thodoret. Satisfait, ce dernier dclare
que maintenanl tout est clair et correet car J'Esprit Saint
ne tire pas sa subsistance du Fils ou par le Fils. roais procede
du Pere el est appeJ propre au FUs en raisoo de sa cou-
substantiali t 51 .
L'lncarnation -se trouve au centre de la IhoJogie alexan-
drme el la conditionne au point qu'eUe De distingue januis
clairement les e processions temelles , vie intradivine." el
les e missions temporelles . histoire terrestre. Ce sont les
manifestations divmes dans I'Egse, dans l'conomie du salut.
dans la perspective strictement sotriologique qui I'intres-
48. PG 78, 17S, 176.
49. PO 77, S16 D.
60. PO 76. 1S2 e o : 432.
6 t. PG 8S, 1484 C.
54
LA THEOLOG/E DE L'ESPRlT SAINT
sent et qui expliquent }es expressions telles que e l'Esprit
vient :. ou c procede du Fils lt ou e par le Fils lt, saos qu'il
y ait lA aueune mtaphysique des relations intradivines.
La thologie proprement trinitaire scra l'(tune des
padociens : les deux Grgoire el Basile le Orando Pour expri-
mee la ralit du Dieu vivanl en Trois Personnes. les Cappa-
dociens distinguent en Dieu l'lment CQIDmUD aux Trois
Hypostases. la oature. et d'autre parto l'lment propre A.
chaque Persoone. Ainsi. selcn saint Grgoire de Nysse. I'Es-
prit o'est rien de ce qui appartient en propre au el au
FUs 5:1 lt. De m!me samt Basile recberche l'lment unique
qui caractrise chaque Hypostase : e On recoonait le caeac-
tece bypostatique de I'Esprit a ce qu' se rvele apres le
Fils el avec le Bis et sa subsistance du Pece. Quant
au FUs ... il o'a cien de commUD, quant a la particularit de
ses caractristiques avec le ou l'Espcit Samt. mais se
fait connaitre seul par ses bypostatiques. Et le
possede cec de particulier, caractcistique de son Hypos-
tase, qu'il est el qu'il ne dpend d'aucune cause 5S .
Si avec BasHe el Grgoire de Nysse on voit apparaitre la
Dotion de causalit, celle-ci ne s'applique qu'au jamais
au Fils, lorsqu'il est question de la procession de I'Esprit
Saiol. 00 voit djA uoe nette diffrence avec la coDcepton
latine de la rneme proprl de sprer I'Esprit, qui appartient
en cornmun au el au Fils uns daos la meme nature.
En eflet. selon l'essentiel de l'affirmation des P!res ocien-
taux, c'est la Personne du et non la oature qui est
considre comme I'origine el la source des deux autres
Hyposlases. POllr Grgoire de Nysse. .la Personne du Pre
possMe seule la facult d'Stre cause en Oieu - aitia et par
la-mSme principe de I'unit divine - hndsis 54. L'ide de
cause ne s'applique jamais au Fils, Grgoire de Nazianze le
5:1. PG 45, 3336 C.
5S. Ep. lB, 4 ; PG 32, 529 C D.
54. PG 45, 180 C.
LA PROCESS/ON DE L'ESPRlT SA/NT
55
dit clairement : e Le Flls possMe tout ce que possMe le
Pere. sau! la fa'cutl d'i!tre cause el: tout ce que possbJe le
Fi!s. l'Esprit le pOssMe aussi. sauf la facult d'Stre Fils S5.
Au dbut de la formation de la thologie trinitaire, mame
chez les Cappadocieos. les rclations entre le Fils et l'Esprit
Saint. porteot encare l'acceot sotriologique. Avec les Alexan-
drins, saint BasUe dit : e L'Esprit Saint eslli au Pere unique
par le Fils unique 58 . ce qui sipifie qu'il D'y a qu'une seule
voie vers le Pere : par le Fils dans ' Esprit Saint. Le rle du
Fi. est toujours central daos l'conomie du salul. Si le salut
vicot par le FUs. la grAce du Saint-Esprit vient aussi par le
Fila. L'ana phore de la liturgie de salol Basile fait entendre :
e Le Fils ... por lequelle Salol-Esprit est apparu ... Ce e par
~ l'argument classique de la consubslantialit el donc de la
divinil de i"Esprit Saint.
Tout acle divin trouve sa source dans le Pere pour etre
ralis6 daos le Fils el achev, accompli el manifest par
I'Esprit car, dit Grgoire de Nysse : e Le Pere est source
de la Force; la Force du POre. c'est le FiJs : l'Esprit de la
Force. c'est J'Espril Saint 57. En partant de ce fail. et e'est
djA I'volution de la cooscience dogmatique, les Peres trans-
posenl cet ordre des Hypostases dans la vie divine elle-
mame: l'Esprit vit par le Fils et pour le Fils. tant I'Espril
de la Force. Cest daos celte perspective que 'se situe la for-
mule dia Hyio. per Fi/ium, C'esl le tmoignage de Saint
Maxime le Confesseur au VII- siecle. Dans sa lellre A Marin.
i1 dfend J'ortbodox.ie de la doctrine occidentale : e Les
Occidentaux. crit-i1. citent CyriUe d'Alexandrje. lls prouvent
par lA qu's ne se reprsentent pas le Fils comme cause de
l'Espril. cae i1s savent que le Pere seul est cause du Fils el
de l'Esprit Saint. mais en disant que J'Esprit procede par le
65. Oro .,., 10 ; PO S6, 262 A.
66. De Spir. Sancto, 18, PO 32. 162 A.
67, PO 66, 1917 A.
56
LA. THEOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
Fils" ils expriment la patent et l'unit de leur nature 58,
Poor Maxime. CyriJle d'Alexandrie ne pouvait aucunem.ent
enseigner que le FUs est cause de l'Esprit.
Au VIII- siecle, saint lean Damasctne syothtise la. Tradi
tion des Peces et insiste sur la Mooarchie du Pece qui est la
cause uDique : e L'Sspcit est Esprit du Pece ... mais il est
aussi I'Esprit du Fils. non pas paree qu' iI procede du Fils.
mais paree qu'il procede par lui du Pece cae il o'y a qu' une
cause unique. le Pece. monos aitios, ho patu 1i9, Cest la
Personne du Pete qui est l'origine unique des Hypostases :
Nous De diSOM pes que le Fils est cause, nous De disODS
pas non plus qu'il est Pere .. . Naus De discns pas que l'Esprit
proc6de du Fils. mais DOUS disons qu'iI est Esprit du Fils 80,
Le Fils el I'Esprit proviennent ensemble, conjointemeot.
du Pece, comme la Parole el le Souflle so:rtant de la bouche
du Pece 81, L'Esprit est la e Foroe du Verbe qui repose sur
le Fils de loute ternit et le manifeste et c'es( poucquoi i1
est appel e Image du Fils :t.
On peut dja Doter la diffcence des points de dpart daos
la formaton de la thologie trnitare en Occident et en
Oriento En suivant la tradition occidentaIe de Tertullien ti
sant Ambrose., saint Augustin daos De Trinilale part de
l'unit de la nature divine. POUl distinguer les Personnes, il
formule le principe de e l'oppositioo de relat.ions :t auquel
pratiquement se rduisent les PerSOllnes. Toutefois. Augustin
souligne que c'est du Pere principaliler que procMe l'Esprit
Sajnt. ti titre de prncipe premier et absolu. Mais comme le
Pere et le Fils sont un. et que tout ce qu'a le pere. le Ftls
l'a aussi. ils constituent un seul prncipe de la processioo du
Saint-Esprit. Le principe de la Mooarchie o'est pas supprim6,
il D'y a pas deux prncipes. deux sourees de I'Esprit Saint.
68. PG 91, 1S6 A B.
69. De fide orth. I. 12, PG H, 849 B.
60. PG 940, 832-89S.
61. P '2. B.
LA. PROCESSION DE L'F,SPRlT SA.INT
57
La monarcbie, peUI-on rure, esl partag6e entre le el le
Fils uns dans la ml!me nature pour ne former qu'uo seuI
Prineipe de procession 62. Fausle de Ricz le dit clairemeot :
e A cause de de substance, on dit que l'Esprit est
'Esprit du et du Fils el qu' procbde ex u/roque.
De mame. seloo saot Tbomas. le el le Fils ensemble
produisent une spiraon, done il o')' a qu'Unul' Spirator.
Tout C\O tant altentit au fait qu' o'), a aueuo db:lou-
blement du priDcipe de procession en Occident, iI (aut recon-
oaitre que la tradition orientale restait totalement 6trang&e
au ra80nnement auguslinien. 00 ne trouve pool en Orient
ni la doctrine sur l'opposition de f'elations ni ceDe de la pro-
'OCSSioo tanquam ab "no principio qui en dcoule. ,oaos sa
thologie trinitaire, !'Orient pmId comme point de dpart
la r6v6lation d'uo Dieu vivant en Trois Hypostases, done }es
Personnes divines tenes qu'eUes soot donnes daos les Ecri-
tures el penscs dans les s)'mboles de foi et de bapt!me.
Le connit cJate au IX- au temps du patriarche
Photius. Celui-ci distingue neUement les by-
poslatiques qui appartiennent en propre ti. chaque Persoone
divine el los caraetbres apparteoanl ti. la nalme, done com-
muos am Ti'ois. La d'!tre cause est bypostatique el
n'appartient qu'au Par eontTe, si 00 que
l'Esprit procMe du et du Fils ensemble, on est en
prsenee du caraclhe e essentiel , e nalure) et daos ce
cas, en fooction de la nal ure commune aux Trois, )'Espril
serait '8.ussi participaot ti. sa propre processioo., e jo serait pro-
moteur el promu. en partie cause el en partie proveoant
d'une cause 63 . La du ne serait plus sa pro-
prit exc1usive el les Hypostases du et du Fils seraient
confondues en une seule Personne, ce qui friserait
de Sabellius. Or le Pe fait proc6der I'Esprit en taot que
62. Volr le 1_ Canon du ConclJe de LyOD.
63. IIgllag. 8, PG 102, 288 B.
58
LA l'HEOWGIE DE L'ESPRll' SAIH1'
Pece et non pas en taot que Dieu. qua Paler et non qua Deus.
On voit clairement id toute la dilficult poue rOneat d' ac-
cepter la formutatioo latine. En effet. la spieatioD commune
BU Pere et au FUs poserait en Dieu quelque chose qui o'cst
ni essentiel. natureL ousianique. puisque I'Esprit en es' exclu.
ni bypostatique. puisque e'est quelque chose de commUD
au Pece et BU Fils.
,Pbotius se cfere Grgoire de Nysse et t Maximc Ie
Coofesseur poue qui seule l'Hypostase du Pece est productive
des autces Personnes en Dieu. La traditioo. orieotale met
raccent le plus fort sur la notiOD personoaliste CII. v.ifant
toule unit abstraite de la nature $Cuk oU ron cisque de faife
disparaitre le caeactere persoonel des Hypostases.
Le Concite unioniste de Lyon en 1274 ranime .la discussioo
au xm
e
sib;te. Les Orientaux affirment : L'Esprit Saint De
dpend du Fils que dans ses missions temporelles ; daos sa
vie ternelle. il ne dpend que du Pece. Toutefois.
de Chypre. de par sa connaissance de la tbologie augustj
nienne, apporte une critique plus nuance. S'il insiste, avec
la tradition classtque, sur )es proprits bypostatiques immua-
bies. il insiste pareilJement sur la manestation terneUe du
Fils par I'Esprit, qui constitue la vie m!me de l'Esprit Salol.
C'est une rfrence a l'expression de salol lean Damasdue :
I'Esprit est la Force manifestante du Fils.
L'Esprit, dit Grgoire. sa subsistance du Pere mais
subsiste par le Fils el meme du RIs. Dislinction subtile maia
fondamentale ; avec le P. J. Meyendorff on peut dire que
c'est une distinction entre l'ide de cause el celle de raisoo
d' etre . La cause de l'Esprit serait I'Hypostase du Pete.
alors qu' trouverait sa e raison d'etre dans le Fs. dans
sa manifestation temelle. C'est pourquoi selan la traditioo,
I'Esprit est l'lmage ternelle du Fils el persoone De peut
appeler Jsus Seigneur sinon par l'Esprit Saint . Ainsi Gr-
goire distingue la processioo bypostatique ob l'Esprit pro-
eMe du seul et le plan de la manifestation (ekphansis),
ou I'Esprit manifeste terneUement la vie divine : du
LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT
59
par le Fils, dans I'Esprit Saiot. Le Tomos du ConcHe de
1285, rdig par Grgoire de Chypre affirme : e n est r ~
connu que le Paraclet lui-mSme resplendit et se manifeste
ternellement par l'intermdiaire du Fils comme la lumiere
resplendit du soleil par l'intermdiaire du rayoD ... mais cela
ne signifie pas qu'i1 possb:le son existence (bypostatique) par
le Fils ou du Fils 64, :t La dfinition implique la distinction
entre la procession bypostatique de )'Esprit et la procession
manifestatrice de la natuce et des nergies divines daos
l'Espr,it
Le filioquisme trouve sa ptace sur le plan de la manifes--
latien, Mais cetle manifestatiOQ du Fils par I'Espril Saint
est-elle limite par le temps ou est--eUe terneHe ? Aceite
queslion rpond saint Grgoire Palamas : e L'Esprit du
Verbe est un indicible amour du Ptre pour le mSme Verbe.
que d'une manitre indicible . jJ engendre ; el le Verbe, Fils
bien-aim, use de cel amour envers le pere. mais dans la me-
sure ou ils procedenl ensemble du Pere et daos la mesure ola
cet amour repose sur lui consubstantiellement... Ainsi l'Esprit
est la joie ternelle du Pere et du Fils, ola (tous les Trois) se
complaisent ensemble, CeUe joie esl envoye pa-r les Deux
a ceux qui en sont dignes .. , mais procede du seul Pere a
.'existence 65, :t L'Espril procede du Pere seul ; image du
Fils, il le rvtle temellement au Pere, comme il le rveIe
dans I'conomie du salut au peuple de Dieu, Cest daos cette
manifestation el rvlation qu'U est dans le Fils el par le
Fils.
Selon sainl Paul, e I'Esprit saiot sonde meme les profan-
deurs de Dieu . 11 provient du pere. repose sur le Fils el
revient au Pere dans une circuminccssion iocessanle de
'Amour des Trois. C'est dans ce sros que l'Orient emploie
64. PG 142, 2'0 C.
65. Cap. phg,., 37, PG 150, 11U-1145.
60
LA TH110WGIE DE L'E$PRIT SA,INT
la formule per Filium, le lien n'est point causal mais d'jnter
dpeodance el de r6ciprocit.
3. Bilan thdoliOgique
Apres une rapide tude des textes patrisHques il faut
passer maintenanl a un bilan thologiq.ue afin de pouvoir
relever el prciser la dominante doctrinale de I'Eglise ortbo
doxe.
Au IV siecJe. )'Eglise formule la vrit axiale de la tbo
logic lrinitaire. Pendant les huit premiers siecles 00 assiste au
cyde christologique qui laisse place au IX siecle au cycle
pneumatologique. Ce demier, par la voie de l'hsycbasme.
arrive a son pomt culminant au XIV siecle et trauve soo
armalUre dogma tique daos \a d'OClrme de saint Grgoire
PaIamas el les dfioitions des Synodes de Constantinople.
L'adage patrist-ique : c: Dieu s'es! tait bomme pour que
I'homme puisse devenir dieu pose la e diticatioD de
'!le humain. bul de l'cOll'Omie du salut. n son ap-
profondissement dcisif a la de la lhologie de 1'Esprit
Saint et de la doctrine des nergies divines. Cest dans oette
perspective qu'au XIV siec1e se situe la rftexion ortenta}!:
sur le Fi/joqut! de la tbologie occiden.ta.le.
'Saint Grgoire Pammas est des Syoodes de
Constantinop1e entre 1340 et 1360. II est canonis en 1368 :
le seoond dimanche du graod CarSme clebre chaque anne
sa mmoire et sa doctrine.
Les Syoodes du XIV une de la tra-
dition dans la ligne de la grande patristique. Le point de
dpart c1assique est la mtanoia. le reviremect de l'intelli-
gence reoouvele en Christ. La thologie des n'est ja-
mais un systeme de concepts. mais de transmissiOll de I'ex-
prience liturgique de Ditu et pollr cela forcment antino-
mique. Dieu, dit Pala mas. tant transcendant. incompr-
hensible et indicib1e, consent l devenir participable ... el invi-
LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT
61
stblemenl visible .. , 66, Tout entiee, il se manifeste el oc se
manifeste pas .. , tout entiee il est particip et imparticipa-
ble 67,
Palamas commenoe par relever daos l'Eue mSme de Oieu
une distinction-identit de l'essenee el des HypoSlases, qui
justement .oc louche point A la simplicit el A J'unit de Dieu.
La meme CODStatatiOO se fait en fonetion du monde: Dieu
transoende en lui-m!me l'altrit sans I'abolir, ainsi iI se
rcod participable el e'est .La distinetion-ideotit de l'essence el
de l'nergie, qui de meme ne touehe point A la simplicit
de I'Absolu divino L'essenee el les oergies sonl les deux
modes de l'existence el de la prsenoe divDes : en lui-meme
ot en dehors de son essence. Cette dislinetion se trouve
djA daos la pense jui ve qui distingue. saos les ni les
ooofondre. la transcendance el l'immanenee de Dieu. L' argu-
meot fondamental de Palamas o'esl 1'3S essentialiste mais
exislcntiel : e Dieu Q'est pas une chose unique (c'esl-A-dire
I'csscnce. la nalure), mals le Vivant, J'Existant unique.
L'existence prime sur l'essence. Ce o'est pes e Celui qui
es( qui provient de l'essence. c'est l'essence qui provient de
e Celui qui es! .
Les Pcrsonoes divines, eoseigne Palamas, e se eompne-
trent routueUement de Cayan A oe possder qu'une seule ner-
gie , une mais multiforme dans ses manifestations. Il fauI
done distinguer en Oieu la nature., les Hyposlases el les ner-
ges des manifeslatioos divines. Or pour les adversaires de
Palamas. oc qui n'est pas J'essence o'est pas Dieu et o'es(
qu'un eHe! cr. ainsi la grAce. la gloire el la lumiere ; i1 y
aurait .. une coofusion entre la source el la cause, la manifes-
taton et la productioo.
La queslion est loin ,d'etre abstraite, elle est question de "ie
ou de mort quand il s'agit de la dification de relre humain
el done de la f'alil de sa cornrnunion avec Dieu. La commu-
66. des l(Iint. Lounlo, 195'. p. 128.
67. De la ptV'fidpotion d Di,u, r. 2:1.
62 LA. THP.OLOGIE DE L'ESPRlT SAINT
cre. meme si on la oomme suroatureUe (la grice
o'est point la communion avec Dieu lui-mame. Le palamisme.
en partant du prindpe que l'Existant prime sur I'essence.
aUhme la cornmunion avec les nergies divines, communioo
pleine et relle car dans ses nergies. Dieu est totalemeot
prsent. saos quitter son essence inaccessible. La participatioo
est rotale : e Dieu toot entrer vient habiter l'tre tout entier
de ceux qui en sont dignes &8. :t Le but de la vie chrtienne
es( d'unir daos notre persoone la gdce ou l'lergie incr6c
a natre nalute erUe.
La distinctiooidentit de ressence imperticipable et de
.J'nergie participable De mel nullement en cause l'unit de
Oieu. paree qu'eJIe es! l'unit d'un Vivant. d'uo Existant
simple et Don d'une substance simple lt. L'essmcc et )' ner-
gie sont les deux modes de l'Existen.ce divioe qui se dOllDe
saos se morceler el se distance saos se refuser. L'mergie est
la voie de l'expansion de la T ... ioit ad extra qui clate (au
seos d'un clat de lumiere) du Pere, par le Fili. dans J'Esprit
Saint. Dans leur prichorese. les Personnes divines se comp6-
netrent mutueJlement de A oe possder qu'uoe seute
nergie. Une mais multiforme comme les Noms divins. ene
s' coule teroellement de de la Trinit et la mani
leste. Au moyen des nergies. Dieu vit et r!gne daos 88. gloire
temelle et rayonne eo Amour. Sagesse el Vie. De meme.
c'est aux nergies qUe s'identifient les ides cr6&triccs, lea
aetes de Providence et de grAce qui manifesteot la prsence
de Dieu dans l'histoire du monde.
Le palamisme la grande laboration pneumatoJogi
que du Moyen Age byzaotin caro selon Palamas. e t'6nergie
inere est inspa,rable de l'Esprit Sant 89 . Pa.mas 500
ligne le mame terme de procession : I'Esprit procide du
Pere et I'nergie procMe de l'esseoce dont le est la
source. C'est dans 'Esprit que la manifestatioo
68. D!enlle . p. 808.
69. D!en.lle .. p. 67:1.
LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT
nelle de la gklire, C'esl dans l'Esprit que Dieu, par amour.
sort de 90D essenee paree que l'Esprit Sant est l'Esprit de
communion, )'Esprit d'amour trrutare.
,Dans la p1blitude absolue des Troi$, I'Esprit dpasse
I'opposition il provient du conjointement avoc
le Fils sur lequel i1 repose term:llement. L'quilibre
parfait supprime toote tentation c dyadique :t. Dans sa pro-
cession bypostatique, )'Esprit ralise ad intra le myst!:re d'uoc
altrit sans opposition, el, ad extra, i1 manifeste la proces-
sien naturelle de l'6nergie, J"ternel mouvement de l'amOllr
trinitaire.
La distmetan de I'cssence el de I'nergie conslitue la
des solutions possibles du Filioque la de
la Traditioo orientale. Elle pose la distinction-identit de I'Es-
prit (lo PneQmo avoc rarticle) en tanl qu'Hypostase et de
1'Esprit (PneOma, saos article) en tant qu'oergie. Au nveau
de I'essence cornmune, l' Esprit en tant qu"Hypostase pro-
de du P!:re seul. bien que coojom-loement avec le Fils sur
Jeque) iI repose. En taol qu'6nergie divine. enseigne Palarnas.
e L 'Esprit s'panche 1 partir du Pe par le FUs et, si ron
veut, du Fils 70 .... La solution consiste done dans la distinc-
lion de l'Hypostase de l'Espr,it Saint et d'C )'nergie qu'eDe
manKeste ex Patre Filloque.
4. Les prncipes critiques de la thOOlogle orientale tace d
I'OccidenJ
En tant que mlhode de la rflexion thologique. saint
Grgoi1e de Nazianze 6vilait le prncipe d'anaklgie el cartail
les images, qui pour lui n'tareDt jamas ad6quates aux
res de Dieu el embrouillaient plus qu'elles oclairaieot. Or
70. pu J . MualllDOflPP. lntroduc:tion d rUada da
Patrtmrt., p. '11.
64
LA. THf!.OWGIE DE L'F,SPRlT SAINT
samt Augustin se sert de J'analogie; J'Esprit ta.ot l'amout
rciproqlH: du Pere el do Fils : il est" quel qu'il soit. quelque
chose de commun au et au Flls 71 . Saint Tbomas
dveloppa ceUe vision : le Verbe procede par mode d'activit
intellectueUe. 1'amoue vieot de la coonaissance. 00 o'aime que
ce qu'on oonnait. et e' est pourquoi l'Esprit procede A la fois
du Pece et de sa connaissance qui est le Verbe. Cette mthode
de comprendre la gnration per modum intellectus el la pro-
cession per modum ve/untmis ou amoris, son antbropomor.
pbisme mme sont ti'angers A rOrlent cae ils risquatt d'io
t-roduire la philosophi.e el la psychologie a J'intrieur de la
,yie divine.
Le. doctrine de la procession bypostatique du SaintEsprit
a Patre Filioque, tanquam ah uno principio el d'auue jJ8tt
ek monoa loa Pairos avec la formule intermdiaire dia Hyio
!ou per Filwm nous mettenl en prsence de deux solutioos
diffrenles au probleme de la bypostatique dans ""
Trinit el, par cODSqueot. de deux triadologies rgies par des
principes diHrents.
:Pour 'Orient, le Filioque .rompt avant tout '6quilibre trj
nitaire. amoindrit l'galit parfaite des Trois Persoones de la
Trioit. II touche ti. la monarchie absolue du Pete en dpla-
le priocipe de l'.unit lrinitaire de l'Hypostase du Pete
.vers la oature. En eHet, le Pece et le Fils s'unisseot dans une
commune oature pour former uo seul priocipe spirateur, ce
qui transforme les deux Personnes en une impersonne11e dit
-substancc. matnce et. source de spiration.
La Monade trme daos ce cas clate en deux Dyades : d'uo
cOt le Pete et le Fils el de I'autre le Pere el le Fils confondus
et le Saint'Esprit. La rduction des Persoones ti. la f'ciation
d 'opposi1.ion fait voir daos }e FUs la Dit' diminue de la
cult d' engendrer (seul le Pere la possMe), et daos l'Esprit
ola Dit diminue de la facuk d' eogendrer et de la va1u
71. De Trin., VI, 6, PL 42, 928.
LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT
65
6piralive (seuk le et le Fils la possdeot en commun).
Ams; I'Esprit Saint se Irouve seul t n'avoir rien eo. commuo
comme hypostase avec une autre PerSOllDe de la Trinit. On
comprco.d aJors Duos Seot se demandent commeot l' Esprit
de v,ie pouvait 6tre une per90nne stri1c 1 L'Orient
'fpood : e'est le rsultat de la substitution a 1& notian posi-
ttve de la communion dans la diversit. celle, ngative, d'op-
opositioo de relatJons d' origine.
La procession ah utroque prsuppose que les relalioos sool
en meme temps les fondemcnts des Hypostases qui se dfi-
nisseDt pa'" oppositioo rciproque : d'abord la
a la Secoode el eosuite les deux ensemble a la Troi-
Ccei est logique car une relation d'oppositioo De poUI
etre tablie qu'entre termes. Pour I'Oeot, une pereille
opposition signifie la prminence de l'uoit naturelle, de l'es-
senee, sur los Hypostases. Thologien catholique, le P. de
Rgoon, dans son ouvrage djia cit. le montee c1aireme:nt :
la doctl"ine du Filioque. dit-il suppose que. dans l'ordro
des conceptS, la nature soit ant!rieure A la personne, et que
la personne se montee comme une sorte de ft oraison de la
nature. .. Le LatiD coosidm"e la. porsoone comme un mede de
4a nature, le Grce. la nature comroe le contenu de la per-
sonne :t.
En eflet. pour rOrent. les relations d'origine :t cxpd-
meot la divorsit des Personnes. Les relations De fondent pas
Personnes car c'est leue divorsit qui dtermine lcurs rela-
tions eL non )e conlraice. Les Peres grecs 001 distingu entre
'gnorismata (proprits des Persooocs divmes) et skesis (rela-
tions). Les gnorismata ne se laissent point r6duire aux seules
relations pos6es par l'opration originante. Les relations d'ori-
gine permettent de dsigner les Persoones div.ines dans leor
diversit, elles n'expliquent point ce que sont }es Hypostases
(I'aspect foncikement apophatique) mais soulignent I'unicit
absolue de chacune : la Tri-unit des Uniques. La Mooarchie
du Pere fait voir en lui la Source et meme la Cause. mais
ceUe-ci o'est pas une notion philosopbique, mais plulOt une
66
LA. THf!:OLOGIE DE L' ESPRlT SAINT
image descriptive, car la cause ci o'cs(: pas aux
effets el les eftets sonl en dignit i\ la cause. Les Pues
grecs o'emploie.nt jamais le terme e cause :t en l'appliquant
au Fils. comme ils D'emploieot jamais le verbe e proo6der
et le substantif e processjon a propos du Fils en tant que
principe dont procb;lerait l'Espcit. L'identit-cOIlsubstantialit
otest ontologiquemeot ni antrieure ro post6rieure a la diver-
sit : DiOl.l est ideotiquement Moo.ade el Teiade . dit Saiot
Maxime )e Confesseur.
Naus avOIls djl vu que la premiere soIutioo possible du
rentontait \ la distinction entre l'existmce byposta-
tique de I'Esprit Saint proc6dant du Pbrc seul et SOIl rayoo-
nement par le Fils el m!me du FIls. Cest .. distioctioo
cotee l'essenoe el les tnergies. la diffrence aussi entre )es
deux modes. celui de la subsistance de I'Hypostase el: celui
de la manifest8tion. Sainol Basile le soulisnc : La notion
caraotristique de la propri6t personneUe de )'Esprit est
d'etre manifest le Fils el avte tui. mais de subsister en
proc6dant du . Tout soo eflort est de passer de la
doxologie nergtique e Gloire au Pe., par le Fils, dans le
&ami-Esprit _ k la doxologje de la transccodance : e Gloire
au Pue, au FUs et au Saiot-Esprit .
Le durcissement poImique de la tbologie apta J'6chec
des Coociles de Lyon ct de FJorenoe fenue 1'000Kleot k la
nooon des nergies par la cramte d'akrer la simplicit
divine ; en debors de l'esseoce divine. il D'y a que des eflcts
Cls. 00 peUI souhaiter que "Oocident fasse eflort pour
otsger de considrer la thologie byza.ntine el le palamisme
comme une innovation quivoque el pour doouwir l'ancieo-
oe tradition patristique, qui De manque point de ltmoioJ auto-
.. m. Heureusement cd elfort se dessine oeucmcot aujotar-
d'hui. ApUs le 11 Concile du Vaticano l'Orient ct I'Occident
doiveot t!IISemble chercbcr UDe nouvelle formulatioo tbolo-
gique, capab1e de synthtiser les intuitioos vraies des deux
<:Ots.
Par cootte. t.Il Oriento certains tbologiens moderna dur-
LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT
67
cissc:nt leurs positioos pec une polmique ttop pouss6e. Aiosi
'pour W. LossJcy le Filloque est le point le plus important de
-la divergence doctrmale onUe I'Orient et I'Occidalt. il s'rige
en jmpt!!dintl!ntum dirimms sur 10 voie de la coociliatioo dog-
matique. D'auke parto les manuels c1assiques de Dogmatique
simplifieo.t le en aMrmant que la &cule raison d'6tre
(lu FiUQque oocidental est la confusioo de la ptocession ter-
nene de l'Esprtt avec sa mission terrestre. La formule orien-
tale dia Hyioa, pe Filium. s' explique en fonction de I'ordre
dans 1cquel sont nomrn6es }es Troi! Persoones : le Fils occupe
la seoonde place el appatait comme un principe intenn6diaire
entre le Pere et I'Esprit.
Sur un plan plus objoctif. mme si la dominante dogmati-
que cxclut le dans son ioterpdtation latine. il fa\lt
1'ccOlll1aitre l'existeooc de quekues texles patcistiques. ttu
'pell nombr.c:ux, iI est vrai. roais qui "prtsenf:eot une ccrtaine
et exigmt oo.e explicatiOD. Ainsi. chez satot Ort-
-goire de Nysse : e Le Fils cst engendr de la
Premibre Personne du car la Troisieme Personoe, son
tour, proc6de par cene qui est imm6diatemenl de la Premim.
c'est-A-dire le Fils . Il utilise aussi l'image des f1ambeaux :
e Comme si quelqu'un voyanl la fiamme entre les
trois ftambeaux, supposait que la cause du fen est
"le premier, quj aHuma le plus 61oign6 par traosmission de
'l'inlerm6diaire 72 . TI est qu'il s'agil dans ces textes
de la vie intradi."joe el non pas de la missioo terrestre. Mais
des texCes isol6s pe sonl jamais d6cisifs quand 00 a i\ faire
"un el quand on est aux tous premiers dQ)uts d'une
,.flexion tbologique. La vision 6quibre est au tenne de la
rflexion tota1e et iI faul citer cet auCre Cexle de saint Gr-
goire : e Adam inengendr est I'image du Pere ; SOD fi1s en-
est rimagc du Pils ; Eve. qui a proc6d. signifie
t'Hypo&tase de l'Esprit Saint 78 . Comme Eve a
72. PG u, 135 ; st9 : U08.
75. De c. qll' 1 rima,., PO 44, 1129.
68 LA THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
d'Adam sans mdiation de son tils. ainsi ':Esprit du
sans la mdiation du Fila. De DOllS lisoos chez
Bpiphaoe. d'une part que l'Esprit est e I'Esprit des Deux :t
c',cst-i\-dire du el du Fils ; dans un autre tate. qui se
I"apporte i\ la missioo terrestre : e VEsprit proc:Me du
et rcvoit du FHs 74 :t, el enfin cette autre paraJe parfaitemont
claire : Fils eogClldr du et Esprit provenant du
iPbre 75.
La diffMCC cotre l'Orient el 1'00000ent o'e.st pas dans
le priocipe formel de la Mooarcme. mau dans la nature de
,'unit du -el: du Fils. Saint lean Damascene. ta la suite de
Grgoire de Nysse el de Muime le Confesseur. a bico. claire-
-meot formul la Traditioo orimtalc ; la g6nration est UD
acte bypostatique 76 el I'Hypostase du Pete est seuIe produc-
uve el gflratcice. La formule pe Filium, commc le mOQtre
"emploi de la prpositioo. dia, en relalioo avcc la Tcinit
(ofansoeodante, De peut se oomprendre substaotieUemeot cae
les appellent Dieo le Pete e Cause uoique :t
o
e Sourcc
unique :t, Principe unique et qui jamois composl.
&amt de NaziaD2lC ie pr6cise bien : e Le est
l'union d'oil proviennCllt el oil vant les autres 11. C'est
la vision vanglique vkue dans la liturgie el confoss6e danl
les formules baptisma1es et les Symboles de foL Les tates
nres et isols favorables au Filicque vieooeot d'une spcula-
tion m6lapbysique sur la catgorie causa.le sans contact avcc
les doon6es bibliques el liturgiques.
74. Ancoratu. , 70, PO 4S, 148 ; Panarlon, 74, PO 42, 480, 496.
75. Panarion, 74, PO 42, 497.
76. La formule ocddenble u: utroque relhe de I'ldie d. la
proven'Dce comme aelu ub.tantlae u: .ub.tantla. La .1lbst.uce
Hant la nature totale de la cheque H,po.tase dan. ce c
parUclperall lB propre origine. Cut pourquol 1. n.I .... nce el
la proccSlioD, pour l'Orlent, De pellveut exhter qu'au. nlve8U 117-
postatique.
77. O,. ", 16 ; PO 36. 476.
LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT 69
5. Recherche de la perspective oommune
Durant le dernier miUnake. la pneumatologie s'est rduite
tout tntiere a la polmique au sujet de la procession du
Saint-Esprit. La manibre unilatrale de poser le probleme
en fait un faux probleme centr sur une discussion strile
entre.le el le filioquisme. La formule de Photius
ek monou lo Parros - du Pere seul - est une fonnule
polmique aflti6Jioquiste. La dominante patristique n'est ni
'un ni I'autre mais prsente une troisieme position infiniment
plus nuance el peu ex,plicite formellement.
Pbotius pose la question de la procession du Saint-Esprit
uniquemenl CQmme question de savoir si le principe, la cause.
de ceUe procession doit plac dans une seule Hypostase
ou dans les deux ensemble. Apres Photius, c'est la thologie
scolastique qui s'int-roduit en Orient peur plusieurs siecles,
en attendant Grgoire Palamas. La tA.cheactuelle est de
transporter le probleme sur un autre terrain. La thologie
des Concik:s de Lyon et de Florence esl entieremenl daos
la problmatique causale, qui est le savoir si le Fils participe
ou non a l'unit de cause. Or la pneumatologie des Peres
n'a jamais t rduite a ce seu! point : c' esl l'appauvri r el
la desschcr a !'exli'!me.
Une aflalyse altentive de la pense patristique avanl le
siecle montre que la question de la procession du Saint
Esprit. en tanl que lelle. ne s'est jamais pose aux Peres.
La procession, distingue de la gnration, considre comme
un ineflable, est signifie seulement. sans aucune
explkation, d'aiUelH's impossible. la gnrat-ion
et la procession comme duae processiones est une abstractioo
arbitratre ca-r elles ne peuvent aucunement !tre e connum-
res:t comme deux. la nature de la procession n'a pas
d'analogie el demeure couverte d'un silence apophatique.
Dja le VIII- arocle du Credo de Nicte-Constantinop1e :
e Et en I'Esprit Sainl, Seigneur. qui donne la vie, qui procede
du 'pere. qui, avec ie et le Fils esl ador el glorifi .
70 LA THI!.OWGIE DE L'ESPRlT SAINT
montee une certaioe illsuffi$8llcc de la dfinition. soa
inachev. L'Esprit es! nornm e Seigneur:t. il o'est nom.m
Oieu el coDsubstantieL La formule liturgique e ador6 :t el e glo-
lIifi:t oc doone pas de prkisioos tMologiqucs Juffisantcs;
elle est cooditioon6e par }es besoins d-e l'poqu'C : iI fallait
rejeter subordinatianisme el affirmer l'galit de .]a troi.
sieme Hypostase avoc le el le Fils. e ador el glorifi6
avec eux:t.
En vitant tcure (ormuIJion dyadique. la patri.Jtique orien-
taJe tablit les corrIJa/lons rouJours lrini/ares th! Ptr!JtXlMs
divines. C'est poucquoi la tbwlogie de I'Esprit Saint D.'est
pas limi.te a sa :rclatioo au Pece mais s'tend a 58
au Fils. Toos ces lments doctrinaux se comptnetrcot el il
n' est pas toujours faeile de les distinguer clairemenl
Les tutes vangliques iur la procession du De sont
pas limitatifs. La relation du Saint Esprit au Fils se pose
imprieusement, mais les tcntatives de la pr6c:iser ont dODn6
les deux tbologoumena oriental el occidental dtsign& par
les expressioos dia 'el A vec la dogmatisatioo du
en Occident
o
le paint le plus dlicat et mystmeux ful ploog
dans la tounnente politique et polmique.
11 faudra mfin dpasser cet 6tat passionnel el en se rfrant
\ la parale e n a plu au Saint.Esprit et k nous .0 reconsi
drer ensemble ce qui se cache au centre mame d'uoe oertaine
imprcision dogmatique : les rapports rciproques mtre le
Fils el l'Esprit.
Le pencbant cbdstooentrique met en relief la dyade du
el du Fils ay te au centre l'a:uvre de la R6demption
Oll la Pentecote D'est qu'une coosquence de l'Incamation.
L'Esprit apparait Vkaire du Cbrist el son actioo bypostaUque
se ,6duit k l'actioo impersonnelle de la grlce sanctitiante.
Or la formule orieotale pO' Filium
o
avec la formule du
CrtJdo e ador el glorifi avec le el le PUs.
o
po5Oflt la
procession de I'Esprit A la Jumiere de la participation du
Foils et done souligncnt le caradere fonciuement de
toules les relations des Personnes divines. La formule ek
LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT
71
mono" tea Pairos, el 500 le FilioQue, sont tOUles
deux unila16rales el mconnaisseot ce terflllire des
relatioos.
Toute la difficull, qui rompt l'quilibre el fausse la pers
pective trinitaire correcte, vicnt de la conception de la ga
ralioo et de la procession comme Tsultat de productioo.
d' origine el de dpendance causa/e. Or sur le plan des rela
tions r60iproques, les Personoes divioes son! hypercausales
ca.- saos commencement :t el done saos cause daos le seos
technique el IogiqtH:: de ce terme, qU'on ne peut absolument
pas appliquer h la vie mtradivine saos friser immdiatemeot
la dialectique du subordinatianisme, de I'arianisme et des
impasses htrodoxes 78.
La dialectique causa1e doit Iaisser place II la dialectique
de la Rvlatioo du Pere par le Fils dans J'Esprit Saml, II
un systeme de Telal-ion triple de l' Amour trinitaire. La Monar-
cme du Pl:re signifie qu'il esl le Sujet de la Rvlatioo car
c'est lu qui usure la consubstantialit d: l'6galit
parfaite des Trois Personnes divines en tant que SoUtce
et Prindpe de la .... ie divine. n ne s'agt polot de relations
entre le Pete el 'Une des Deux Personnes mais i1 s'agit des
relations de Celui qui se rvele et de ceux qui le Jivelent.
e'est ici que la formule per FiUum signifie et explique que
le Fifioque ne peut elre orthodoxe qu'co tant par
la formule correspoooante du Spirituque.
Le seos de ces deux formules est daos I'affirmation que
chaque Petsonne doit tre cootemple simultanmect dans
ses relations avec les Deux autres. Alosi le Fils daos sa
78. Mame lur le plan e. usal, le formule per le Pll1 :. o'ut
pal JdenUque .. la formule. du Pila . LII ek Indique
la uuse elflelent e doot quelque ehose pro'l'leut, la.ndll
que la dla le FIII en taut que eaulMl par qlll
tout a hit. La forrnllle par le Pila. II,ollle qlle I'E,prlt
prodde d'uo leul priueipe qlll nt le mall que le FI" u'ut
pu ttr.n,er l eeUe procenno, en taol que eoudltlon daD' del
rel.tloDI tOUJOurl LrI0tl. De m'me, n faut d!!irmer la formule
correlpoodeote par l'E'prlt :..
72 LA THEOLOGIE DE L'E$PRlT SAINT
gn6ration reryoit du Pece l'Esprit Samt el done daos son
!lIe iI est ternellemeot insparable de l'Esptlit Saint; il est
n u Palre Spirituque. De m!me I'Esprit Saint 'ProcMe du
Pece el. repose sur le Fils. ce qui correspond A pO' Filium el
a ex Itltre FilJoque. 00 trouve alors que, per au dia, partout
on se pose la relation interbypostatjque, toujoues trine. Le
Pece engend'ce le Fils avec la participation de l'Esprit Sainl
el il spire 'Esprit avec la participation du Fils. el meme son
innascibilit comporte la participation du Fils et de I'Esprit
Saint qui en tmoignent en provenant de lui eomme de leur
Souce<: unique. Mais ces relations oe sonl J)()int de produclion
mas de corrlat ion entre Celoi qui se rvele el Ceux qui
}e rvelent. ,'aote trine de )'Amour r6ciproque des Trois,
L'Esprit n'est pas ,.duit A l'instrumeotal de l'Amour entre
le Pece el. le Fils. ma$ JI est oclui qui act\lalise I'AmoUI
Ol! se complaiscnt les Trois. CeUe participatioD -ciproque
el trine exclut toute unit dyadique daos la natllre car l'affir-
mation la plus (erme des Peres oricntaux pose l'innascibilit.
la goration el la procession comme des actes strictement
hyppstatiques.
,En commentant les texles d' lsai"e 48.16; 41. 1, el Luc 4,18.
qu padent de I'Esprit du Seigneur envoyant le Messie. les
Peres vont jusqu'l dire que e Fils a t envoy au monde par
le P ~ r e et par I'Esprit. Saint Augustin le dit : Ne peosons
pas que le Fils ait t envoy de telle maniere pa,r le Pere
qu' o'ait pas t envoy aussi par I'Esprit Saint 79. :t De
meme saint Ambroise 80 : Le Pece avoc I'Esprit eovoient
le Fils; de meme. le Pere avoc le Fils envoicnt I'Esprit.
La relatioo trine est manifestement souligoe .par cctte patris-
tique occidentale : Si le Fils, dil encore Ambroise, el
I'Esprit s' envoient mutueUement el rciproquement. comme
le P ~ r e les eovoie, cela est dO. ~ lcur communaut consubs-
79. Contra Ilaximimin. Arifn. 11, 20, 4. PL 42, 790.
80. Df Spiritu Sancto, 111, 1, 8 el a, PL 18, 811-8U.
LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT
73
taDtielle. Et CIlcore : LA O! une actvit du P ~ r e . ou du
Fils, ou de I'Esprit Sainl esl signa.le, non seulemeot elle
se rapporte t I'Esprit mais au P ~ e et au Fils. eomme elle
oc se rapporte pas seulemenl au Pere, mais au Fils et t
)'Esprit. Ce tmoignage, venanl de l'Occidoot, concorde
parfaitoment avec le tmoignage de saint Jean Damascene :
L'Esprit est une puissance rvllotrice du Pere, proc6dant
du 'Pere par le Fils. I'Esprit esl I'Esprit du Fils, Don pas
en tanl que venant de lui, mais en tanl que procdanl
du Pere par lui. La seule source est le Pere 81. ti: Du Pere,
a la vrit du Fils aussi, mais pas comme venanl de lui 83.
Mon Pere esl plus grand que Moi , De .rompt pa& l'ga-
lit mais montre le Pere eomme l'alpha el 'omga du mouve-
mml 6temel el en dehors donc de toule catgorie logique de
causalil ou de production. Il n'existe dans la Trinit aucun
processus de devenir. La nalure el les Hypostases possedent
ontologiquement une &ui-divinit temelle, el c'esl le SCllS
du terme saos commoncement . Si .oieu ne devient Pere
qu'au terme de ses productions. c'est lA du subordinatianisme
raffin, CM daos ce eas le Prinoipe n'est pas le Pere ma's
la Dei/as .principe impersonnel, pr-hypostatique, Unus Deus.
ou bien une substanoe, une divinitas : Dieu dev.ient Pere dans
la gnration de son Fils. La Deitas. dans ce cas, prcderait
logiquement J'apparitioo des Hypostases. el ceci contredirait
la Monarchie du Pere. Or, la Trinit est la rvlation de
l'Amoor trinitaM-e, de la vje de chacune des Personnes dans
les aulres - e l'unit non pour se confondre, mais poor
se eonteoir l'une l'autre 83 . el en mame temps la vie d'un
seul Sujet tri-UD.
B. Bolotov, historien el thologicn impartal, a pris part
8J. PG 94, 811, 82J, 09.
82. PG 95. 60.
83. Salot JJUJf D .... uc.b . De (Id. orth .. 1, 8.
74
LA THBOWGIE DE L'ESPR11' SA/NI'
aux pourparlers avec les Vieuxcatholiques a BooD 84, Apres
une analyse tres atteo.tive des textes patristiques iI a d&:1al'
que le FiJioque De coDstituait point un impedimentum dirimem
pour un accord dogmatique. Il s'agit pour lui de deux
thologoumena au !ujet de la procession de l'Esprit Saint
Mais iI aie catgoriquement le caraelete causal de la partici-
pation du Fils dans la processioo de I'Esprit.
Aujourd'hui. en retrouvant la tbologie des Peces el en
cberchant une syothese no-patristique. il faut dpasser la
ROtiOD de cause, de dpendance causale qui prsmte un an-
thropomorphlsme inapplicable au mystere de Dieu el De
trauve aucune rfrence dans les Ecritures. AueuDe produc-
tion causale De peut avoir place daos l'ternit. Si certa.iDs
Peces 00.1 employ ce teeme, c'tait uniquemeot pone dsigoer
le prinoipe mOllarcWque du PMe el de puremeot des-
criptive; le Pete es! racine. source, principe. cause. mais
ils ta, saisis par la contemplation apophatique.
L'mterprtation troitement causale est postpatristique, c'est
une thologie antifilioquiste polmique. Chez les Peces avant
le IX sikle. la procession de l'Esprit se place dans un contexte
dogma tique tres large de l'unit et des corrlattoos toujours
ternaires des Hypostases. e Qui procede du signi6e
avant tout I'qui-divinit en connexion avec d'autres ralits
qu'une simple causalit, caor les Hypostases ne procMeot pa$
doos le seos mtaphysique mais existent d'emble et saos
commencement. La e processioo chez les Peres a daire-
ment I'aspect apophatique. La Trinit existe d'emble comme
trois centres bypostatiques du Sujet tri-unique. L'innascibilit,
la naissance el la processioo oe produisent pas d' Hypostases
comme une cause ses effets. La primaut de rExistant sur
84. En 1874 et 1875. Les thl!ologlens orthodoUI partieipent leU-
vement anx con gres de Muoleh (1871), de Cololne (1872), de Con ..
boce (1878), de Lucerne (1892), de Rolterdam (1894) . Le ConeUe
de Mo:seou en 1917 e bl!nlt In elrorb de ceu.s. qul, lar la base
de la TraditloD, cherchent la vole de l'uDloa
LA. PRQCESS/ON DE L'ESPRIT SA.INT
75
l'Esseccc pocmel d'y voir un seul acle triun.ique a trois
expressions. de I'Amour mutueJ e sans commenccment:t el
e sans tia:t sur Aucune Personne o'es!
e produite :t par \me aulre mais chacune se dtennine a la
fois de soim6me et des aulres, el se qualifie comme pere.
Fils el Esprit Saint. Selon saint Ie.cques 1, 17, dans la Tri
nit e i1 n'y a ni cbangement, ni ombre de variation .
aucune dialoctique de devenir ou d'apparition n'a de place
id. La logique es! dpasse par uo e exclu :t entre
les deux jugeme.nts contradictolres.
Chaque Hypostase bypostasie. s'approprie la oatufe tout
CIltiue. elle est le mode personoel de sa possession. Ce
prncipe. ferme en Orient, exclut toute fusion de doux
Hypostascs dans la mame oature. La seule possibilit qui
reste esl la fusion de deux modes de possession de la oature
mais ce serait la fusioo de deux hypostases, absolumeot im-
pensable.
Bolotov omploie le lerme 6ctairaot de condition " le
Als est la oondition trinittlire de la spiration du Sato! Esprit
par le Pece. l'Esprit Sant es! la condition trini!ajre de
I'engeadrement du Fils par le pere. L'innascibilit, la gnra-
(ion el la procession sonl sans confusion ni sparation un
seul acle triun de Rvlation, avte la participatioo simul-
tane et rciproque des Trojs .
. '.
Les dans leur poeumatologie donnent des images
descriptives, d'ou la des expressiOlls et des approches
du Cest le slade prdogmatique des thologoumena.
On s'est trouvt devant une vidence qui n'a pas res;u de
dfutitioo dogmatique suffisante au temps des Conciles (Ecu-
mniques. P-lus tardo sous r,inftuence de la pense scolastique,
la questioo de la procession fut chez certaw
tMologiens par ceDe de la production. La Tradition plus
profonde de I'Eglise gardait une impr6cisjon dogma
76
LA THf!.OWGIE DE L'ESPRlT SAINT
tique. n o' existe pas en Ocien! de dogme prcis sur le mode
de la procession de 'Esprit Saiot.
'Pour Bolotov. le Filioque u'est pas un obstacle pour l'unioo
des Eglises. ce qui veut dice que le Filioque est une opinion
parmi d'8utres mais n'est pas une b6rsie. A conditiOll de
le ddogmatiser. L'Orient De l'accepte pas dans sa formu-
lalleD latine, mais la voie est Ollverte pour rtlchir ensemble
SUf une nouvelle formulation capable de Uouver un 8ccord
entre J'Orienl el 'Occident. Si Ofl dpasse la fausse probl-
matique de production el de causalit. les diflrentes formules
apparaissent noo pas cornme contradictoires mais comme
complmeotaires.
La formule photiennc du seul ex,prime la corr-
lation fondamenlale entre I'Hyposlase du Ptre qui se rveJe
et I'Hyposlase de l'Esprit qui la mais il est videnl
qu'n la lumitre du dogme trinitaire dans sa totalit. une telle
formule n' a aucun seos Iimitalif el appelle une autre corr-
lation entre le Fils el 'Esprit Saml, les deux Hypostases
rvlalrkes. La relatioo au inclut la relatioo entre les
deux aulres. Au-deJA de la DotioD de productioo. ce son!
les diffrenles images descriptivcs de la dfinilion trinitaire
de )'Bsprit el du Fils. .
On peut avancer pour le moment qu'co partant de la pa-
tris tique. toute conception de la processioo comme production
causale est en du dogme fuklr A dfinir ensemble. 11
fau! accepter que, pour les rela.tions entre le Fils el I'Esprit,
iI n'existe que des dogmatiques. En Occident,
I'addition du Filioque au Credo est devenue une tradition
liturgique millnaire mais. du ct oriootal comme du ct
occidental, malgr le dsaccord thologique. on ne peut pea-
ttquement dtceler auoune diffrcnce dans 'adoratioo du
Sainl Esprit. Le manque de oonsqueoces pratiqucs indique
une insuffisance dogmatique des formules opPOs6es. L'Esprit
Saint qui hypostasie l'Amour mutuel de la Trinit s'est trouv
immerg dans une atmosphere de schisme actif. priv de
toute cbarit r6ciproque el c'est pouzquoi la cootroversc tait
LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT
77
voue .. la stdlit. Le dbat dogmatique des tbologiens sur
l'&pti( Saint e. manifest un manque flagranl d'Esprit et
c'est le plus grand paradoxe de l' bistoire.
:.
La monarcbie orieotale veut dire : daos le rnyslere de la
Trinit un sout est centre el objet de la Rvlation, le Pere,
O{ c'est sur lui que ,'ocientcot les Hypostases rvlatrices.
le Fils el I'Esprit. CcUes..ci se distinguent comme des aspects
dift'reots el personnels de ceUe ,rvlalioo : Verbe el Esprit.
(On poot dire avte le P. Serge BoulgaJcov : le sujeto le pr-
dicat el la copule formant la pl6nitude cxpressive du mys-
t&e.)
Il esl impossible de concevoir I'Hypostase sans les aulres
el c' est celte vril que le Filioque lalin el ,le per Fifium
oriental expriment chacun a sa maniere au pomt qu'on
peUI dire que 1' elre :t des Hypostases rvlatrices dpend
du Pere mais aussi de l'autre Hypostase Le
Fils dans sa gnration du Pere l'Esprit qui repose
sur lui dans une coexistence iosparable el c'esl dans ce
seos qu'OD peut dire ex Palre Spirituque. De rneme, l'Esprit
procMe du Pere en aUant sur le FUs el c'est le Filioque
dans le memc sens. Le que ne se rapporte pas seulement
a la relatan d' origine mais U intervieot parlOu! O! 1'00
doit exprimer la dfinition trinitaire de chaque Hypostase.
Si Duns Seot demande commcot I'Espril de Vie pouvait
elre seul saml Anselme au Concile de Bari pose
la question : Ne pourrait-on pas opposer le Fils a I'ooit
du Pere et de I'Esprit?:t Voila une hypothse occidentale
qui porte en germe orieo.tale q ..... e nous avons
essay de prsenter ici.
On peut ajouter encore un argument tir de l'conomie
du salul, car dans l'esprit des Peres une certaine analogie
entre la vie intradiv-ine et la mission terrestre n'est pas exclue.
L'Eprit Saint manifeste visiblemeo.t une foo<:on gni-
78
LA THl!OWGIE DE L'ESPRlT SAlNT
trice . Selon le Credo. le Christ est e n de I'Esprit Saint ;
e'est I'Espcit qui engendre dana les Ames des baptis6s.
el loes de l'Epiphanie, )'Esprit descatd sur le File oom.me
une Colombe el e'est Lul encore qui est le souffte de I'enfan-
tement au momoot o! le dit : e Aujourd' hui je t'al
engendr. e'est aussi pourquoi la \'irgioale maternit6 de la
Th60tokos est cOIlsid6re oomme uoc figure de 'Esprit
Sailll
U DC s'agit point de toucbec au tate du Credo mais on
peut J'entourer d'un commentaire tMologjque afio qu'i]
puisse alce confesU: d'une seule lme el d'uo aeul cceur
par rOrieot el I'Occideot
Si 00 r6ussit l limiDer l'unit du Pece el du Fils daJu
la tlIlIure, cae scule I'Hyposta.se du Pue est gntIatrice. el
si 00 accepte le oaractere ternaire de toutes les rolations
intradiviocs. on peut. .. cOt6 de la formule per Filium posc.r
la formule per Spirilum el mame aller plus loio et voir dans
le Fils et daas I'Esprit les tmolns de la mooarchie du Pm
et dice qu'co cette qualit ils cooditiooocot l'inDllcibiliU du
L'Esprit Saint o'estil pas selon saiDt Gr6goire PaIa.n:u
l' Amour mutuel des Trois. et par cela c la joje
ternelle ... oil i1s (tous les Trois) se complaiseot ensemble :l.
DeUXIeme partie
LA PNEUMATOLOGIE
DES P ~ R E S
DANS L'liCONOMIE DU SALUT
Chapitre 1
LA THEOLOGIE DES pERES
J. Le dogtM triniwire
Dans la tradition pattistique. thologic signifie avant tout
contemplatioo du trinitaire. e'est ce qu'on peut
'lec le e triadocentrisme orthodoxc. La mtbodc des
est toujours intgrale. elle toot mooisme centr exclu-
sivcmcot sur le Verbe ou sur l'Esprit Saiot ct .spire 1 une
tMologie 6quilibre el .rticule sur les Trois PersOllllcs
divines. "Elle CIlvisage la Trinit des Personnes avant l'essence
une de la Dit; elle part des Hypostases el ensuite pr6cise
les processioos pour affirmer l'ooit6 de la nature consid6c6e
comme le contmu des Personnes. Ainsi, sant Grgoirc de
Nazianze parle des e Teois Saintets se Jiunissant en une
selIte Domination ou Divinit 1.
Dans l"Evangile de saiDt J can. le Seipeur d1t : e Ouand
il viecdra. 1m, I'Esprit de il vous conduita vcrs la
vrit tout enriere. Cest 11 la lumiere de 'Esprit de Vrit
que les Peces constru.iseot la tMologie de cette e vrit tout
Clltiue el qui est justement celle de la Trioit diviae.
L'Esprit Saint la rvcle. Bien plus, l'office du dimancbe
t. III TII.oph., Or. ss. 8.
82
LA. THBOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
cb3flte : L'Esprit Saint viv:ifie les lmes ... il tait resp)codir
en elles la natuce une de la Trioit 2, ,. n
rvele l'etre humain cr A l'image de Dieu, comme une icOo.e
vivante de la T.rinit.
En accord avec cettc visioo. lors de la fete de la Peote
cOte. l'Eglise orientale clebre le dimanche la Trinit el e'est
le lundi de la PootecOte qui est coosaer A I'Esprit Saint
On commooce par de l'Esprit : la rv6lation de la
T.rinit el e'est eosuitc qu'OQ fete Celui qui la Pen-
dant la liturgie, J'ic&.e de la Trinit est solenncllemeot
expose au milieu du Temple. Ce geste liturgique comporte
une profonde signification mystagogique. En regardant ricOne
de la T.rin't. les y contemplent l'Eglise absolue des
Trois Personoes divines. leur Conseil ou Concite temel.
Comme toute icOne. cette ic&te est aussi e }'image conduc-
trice ,. qui se pose en Archttype de I'Eglise terrcsue des
hommes el s'rige ainsi en norme spirituelle de rexistence
humaDe.
En eflet. il est padaitement vident qu'entre l'Etre triDi-
taire. le PlrOme. et l'abseoce le nant, il o'existe
aucuo troisieme terme, aueune solutioo vivable S.
00. compreud alors eette insistaoce ehez les peres. ainsi par
exemple, selon saiot Basile : e L'homme a l'ordre de
devenir dieu selon la grloe 4 . el pour saint Grgoire de
Nysse : e Le ehristianisme eA. une imitation de la nature
diviDe 5. De mSme le caoOll 34 des Regles A.pcstolique.r
pr6cisc la norme eonstitutive de I'Eglise : e Afio que (daos
sa structure) le pere. le Fils el I'Bsprit Salot soient glori-
fis. Le dogme de la Trinit fonde l'6cooonUe eccl6siolo-
gique, sa e catholicit ou 51 e sobornost : l"unit des
2. L' .nUenDe da ton 4.
S. C'elt untrale de l'ou.vra,e da P. Pan! Fwaur'I:T, Co-
lonne el Alflrmalion de la Vlrltl. lIHS (en ruste).
4. Salnt GdOOUllf PB NULU In lalldem Badm Majnl. Or. n .
...
5. De prof. chridiana ; PG 441. 244 C.
LA. THSOLOGIE DES PBRES
83
muhiplos personnes humaines dans la nalure une r6capituJ6e
eo Christ. e cornmunaul6 de l'amour mUlueI6 A I'image
de l'amour trinitaire. Pour les slavophiles. la valeur de la
pense pbBosopbique dpend avanl tout de la cooception
qu"oo a de la Sainte Trinit6. Karl Bartb dans sa Dogmalique
(vol. IV) note profondment ; e Si on nie la Trinil6 OD a
un Dieu sans beaut.
L'quilibre lrinitaire se d6gage clairement de la de
'6v8que pour les futurs : e O Dieu,
les du sceau du chr!me immacul6. i1s porlccont dans lcur
a:eUl le ebrist. pour elre demeure lrinitaire. Ainsi les
fideles., sceUs des dons de l'Esprit Saint. devieonent christo-
phores (portcurs du Christ) afio d'!tre temples pIeios de la
T.rinit6.
Cest .. la lumiere de oeUe pInitude que les Pcres pr6ci-
sent la participation des Trois Personnes divines A "&:onomie
du salut seloo les modos propres .. cbacune.
2. Fi/s
lb;us sur la Croix disait : e Pere. pardonne-Ieur. ca-r iJs
ne savent pas oc qu'ils font. Ne pas savoir ce qu'on fait
cst exactemenl le comportement d'uo malade,. d'uo insens6
sourd et avcugle disant en SOD lUUC : e U o'y a point de
Dieu :t (Ps v 14. J). Le salut, pour les peres. o'est jamais
une sentente de tribtmal. Le salul veut dire avant tout la
d6liv.raoce du mal par le pdncipe de rign6ratioo. une pro-
fonde mtandio. UD revirement de l'!tre qui dpasse de IOln
la seule r&:oo.ciliatioo ou la rmissioo des p6:hs. Le salul
osl non pes tant la rparation juridique de la faute, que celle.
ontologique, de la oature. 88 parfaite gurison.
Les Peces li8ent cette notioo dans la Bible. En effet. le
ve"be )'QCM en bbreu signifie e elre au large ., 1 l'.ise:
11. KsOln.u.oJ'P. mol. par un ellritl.n ar
In eommllllion. oceld.nttdu. P.rI .. 1863.
84
LA. THOLOG1E DE L'ESPRIT SAINT
daos un sens plus gnral. il veut dire dlivrer. sauver d'uu
danger. d' une maladie. de la mort enfin. ce qui dgage et
pr6cise la signification trbs particuliere du rtablissement de
' quilibre vital et de la gurison. Le substaot ykhd. salut.
dsigne la dlivraoce intgra1e "'lec au terme la paix. schalom.
Daos le Nouveau Testament steria, en gree, vient du veebe
s(lz6; l'adjectif ros co[:cespond au sanus latin et indique que
la sant est rendue A celui qui l'avait perdue. qu' est
sauv de la mart, fin naturelle de toule maladie ; s6t.erios est
celui qui anoonce la gurison. Cest pourquoi dllD6 'Evangile
J'expressioo la foi t'a sauv comporte la version e ta foi
t'a gu6ri . les deux termes tant syoooymes du mame acte
de pardoo divin, acte qui gurit rime et le corps dans leur
unit meme. En aocord avec cette notion. le sacremeo.t de
la confession est coo-;:u comme e clinique mdicale et
'eucha-ristie est appole par saint Ignace d'Antioche plrtu.
1TIi1COn athanasias, remede d'immortalit.
Jsus Sauveur apparait ainsi Gurisseur divin, Gn.rateur
de ta sant ., disant : c Ce ne sont pas les gens bien portants
qui oot besoin de mdecin. mais les matades. Le salut
opere l'limination universelle du germe de la corruption :
e Par la mort, n a vaincu la mort chante l'Eglise la nuit
de Pques. c Par lui. dit saint Grgoire de Nazianze, l'int
grit, la sant de notre nature est restaure. car Jsus repr-
sente en archtype ce que nous !OtnmeS 7 . Saint Jean Da
masceoe conclut : Le sa-Iut est le retollr de ce qui est
cootraire II la oature vers ce qui lui est propre 8 . , le retOUt
ainsi vers son tat normatif qui est le corps christifi. verbifi :
Eglise en tant que plnitude de celui qui remplit tool en
tous (Eph. J, 23).
La prseoce du Christ daos tout ~ t r e sera rvle au moment
de la Parousie (Mat . 25, 4044), mais djll elle fait de tous
ot de chacun des membres du Christ. L'inscription sur un
1. Or,ll. 1, 7 ; PO 117, ,.
8. De fide orth. 1, 80.
LA THEOLOGIE DES PERES
85
vase contenant les restes des martycs In isto 'V4$O sancto
oongregabuntur membra Christi (dans ce vase sacc SOOl
runis les membres du Christ). ilIuslre bien tout le rblisme
de la coooeption scciptucaice du Corps. Ce terme e corps
est d'aiJleurs neUement d'origine eucharistique (/ COTo l O, 17)
et le Chcisl en est la Tte au seos le plus fort de prncipe
Les membres s'integrent en un organisme otJ
caute la vie de Dieu dans }es hommes. e Mais la Tte
sera comble seulemeot quand le corps sera rendu parfait.
quand nous secaos lout co-unis et lis ensemble. dit saint
lean Cbrysosrome 9. Par l'extonsion de l'Inca-mation. le Christ
Oieu-Homme passe au Christ-Dieu-Humanit. Eglise.
Le lotus Christus, c'est lui el DOUS :t, dil saint Augus-
lin 10 el c'est daos l'Eucharistie que I'Eglise est une et
qu'eUe est manestement Christ : e Entre le corps et la
tete, iI n'y a place poor aucllO interval1e, le moindre inter-
valle nous ferait mourir ., dit le Chrysostome 11. Au moment
du e baiser de paix. ., on chante : e VEglise es! devenue
un seul corps... I'inimi a t6 loigne et la charil a
pntr padOUt. e Si quelqu'un regarde I'Eglise, il regarde
vraiment le Christ ., dt saint Gr6goire de Nysse 12. C'esl
que les chrtiens, daos le mystere encore cach de la foi,
ne son! pas seulemont uns entre eux, mais i1s sont un en
Christ. Ains, e I'unit des freres dont parlent les Actes
prsonte une authentique ChTislophanie, le Chrisl visible et
manifest. Et inversemOllt, oote c'est seulement
daos la communaut des fideles que le Fils de Dieu peut
lre trouv, et cela, paree qu'il oe vil qu'au milieu de ceux
qui sont uns 1S .
Le mystue de 1"Eglise esl A la fois e I'Eglise des
9. In Ephu. , hOIll. 3, PG 62, 29.
10. In 11 Cor., horno 8, PO 61, 82.
11. Hom . ur , 'El>. de Sa,"t Jean, PG 85, 1622.
12. tn Cant. Hom. 1S ; PG 4-4, 1048.
13. Comm. in lIat., PO U, 1188.
86
LA THP.OWGIE DE L'ESPRlT' SAINT
p6n.iteots. de ceux qui p6risseot :t (saint Ephrem), el la
communio sanctorum. la com.munion des pcbeurs au choses
saintes. Icur! participation difiante au e seuI Saint . J6sus-
Cbtist. L'unit tbandrique. divino-bumaine du corpa et la
christologie postulont la pocumatologie : la coostitUtiOD des
by,postases humaines. afio. qu'clles runisseot en elles la grtoe
incre a la nature cre dans l'Esprh Sant. el dcvieoncot ea
quelque sorte la deux natures pour glorifier dana oeUe
structure christologique. le Dieu UQ . ce: trine.
3. L'unit christowgique la nature el la diversil pneuma-
lologique des perspMe3
La splendeur de la Trinit rayonnait progressivement u,.
Le Fils vieot au nom du Pere pour le faire coonaitre el
accomplir sa voloot. L'Esprit vicot au nom du Fils poue lui
cendre tmoignage, 1e manifester el parachever de ses doos
l'reuvre du Cbrist.
Le du salul est cbristologique. mais il o'est pas
pancbristique. Si la oature bumaille rcapitule en Cbrist
est une. si e le Cbrist est le centre 00. convetgeot les lignes tri ,
et s' e fail des UDS et des auttes un seul Corps lIS . par
cootre les personnes humaines sont multiples. L'analogie
avee le corps doit 6tre nuance. Le personnel ne doit aucu-
nement se dissoudre dans le corporatif impersonnel ; runit
du corps postule la catbolicit. l'unit qualitative des per-
soones humaines. Si le Christ rcapitule el l'humanit
dans I'unit de son corps. I'Esprit Saint se rapporte aux
personnes et les fait s'panouit dans la plnitude charisma-
tique des doos.. selOD UD mode unique, personnel pour cha-
cune d'eUes. Le rcit de la PentecOte prcise bien que la
grice se pose sur chacun des assistaots, personneUement.
a. SalDt DB N.uLUU:B, Oro al, 25-27 ; PO SI, 111.
11'1. Sainl MAXllfIl, Mutlag. ; PO 91,888.
16. 5.lnt JU.N CURTIOSTOKB, Rom. 81. 1, PG !SIt, 381.
LA. THSOWGIE DES PP;RES
87
nominativcme:nt : e les langues ... se divisaico1. el iJ s'en posa
une sur chacun d' eux (Actu 2, 3). Au sein de I'unit en
Ouis1. 'Esprit diversifie : e Nous sommes comme fondus
en un seul oorps mais diviss en persoonalits . di! saint
Cyrille d'A1exandrie 17. Les deux sont iosparables : l'Esprit
se communique par le Christ et le ChriJt est manifest par
'Esprit : de )'&pri1. noos buvOllS le Christ :t.
dit sai.Dt AtllaDase 18.
On pcut dire d'une gnraJc. que I'action sancti-
liante de )'Esprit prcCde tout acle oiJ le spirituol prend corps.
s'incarne, devicot cbristophanie (manifcstation du Christ).
Aiosi l'Esprit plaoait sur l'abimc comme un oiseau qui couve,
afio d'en fair.e jaillir le moode., lieu de l'Incarnation. Par
la bouche des propbetes. tout rAncien Testament esl la
PentecOte prlimioaire al vue de J'avmemont de la Vierge
-et de son flat. VEsprit descend sur Marie et en fait la
ThIJwkm. la Mere de Dieu, el de Jtsus il fait lo Christ.
rOint. De ses langues de feu nak J'Eglise, Corps du Chrisl
O' un bapds iI (ait un membre du Chrisl el du vio et du
pain. le sang et le corps du Soigneur. Daos l'imo de tout
'baptis. I'Esprit introduit le Royaume, c'est lui qui pro-
nonce en nous Abba, , afio de nous laisser supplier :
e Abba, envoio ton Esprit Sa.int pour que ftOUS puissions
dire Seigneur Jsus " el coofessor ainsi la Trinit coosubs-
tantieUe et indivisible. :t
4. L' Esprit Saint
Simone Weil a trouv une image saisissante de vrit :
Appcler 1'Esprit puremeot et simplemeot; un appe1. UD
cri. Comme quand on est A la limite de la soif. qu'oo est
malade de soil. 00 ne se repr6sente plus l'acto de boiro
par rapport A soi-mmo. ni en gn6raJ I'acte de boiro.
17. In loan. :11, PG 7&, SO.
18. Epi,t. I tld Se/tlp. ; PO H, 678 A.
88 LA T HSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
On se reprsente saIlement l'eau. l'eau prise CIl elle-m!me.
mais cette image de l'eau est comme un eri de tout ratre ti. :t
Les Peces expriment la mame vrit en termes thologiques.
mais. des qu'iJ s'agit de l'Esprit Saint. ils renooccot aux
cxpressions habituelles. parlent un a'utre langage. rempli d'une
admiration sans bornes. d'uoc sorte d'brit.
L'Espdt descood daos le monde, mais sa Persoone se dis
simule daos son pipbanie (apparitioo) mme. n De se
manifeste que dans ses dons el ses charismes. Le grand mys
Ice le couvre. Ses mages dans I'Ecriture sont ftoues el fugi
tives : souffie, flamme. parfum. anctioo. colombe. buissoo.
ardent. Sant Symoo le Nouveau Thologien le dit : e Ton
Nom tanl dsir. et constam.ment proclam. nut De saurait
dire ce qu'il est 20, Loes de I'Epiphanie, il desceod du ciel
commc une Colombe et repose sur Jsus. Dans ses mam-
festations, il est un mouvemeot e vers Jsus ., afin de le
cendre visible el ma'Dueste. Sa prseoce est cache dans le
Fils comme le souftle el la voix qui s'eflacent devant la parote
qu' ils rOldent audible. Si-le Fils est l'image du Pke et 1'Esprit
Saint rimage du Fils. l'Esprit. disent les est seul k De
pas avoir son image daos une autre Personne, il est essen
tieUement
5. L'oonomie trinitalre du salut
L'Eglise est fonde a la fois sur l'Eucharistie el sur le.
Peotec6te. Le Verbe el l'Esprit. les c: deux mains du
seloo )'expressioo de saint Irne . sont insparables dans
leur action manifestatrice du Pue et pourtant ineflablement
distincts. L'Esprit n'est pas subordoon au Fils, i1 n'est pas
fonction du Verbe. il est le Second ParacIet. commc le dit
saiot Grgoire de Nazianze : c: Il est un atltre Consolateur :
19. Miente de Dien, Parl .. 1950, p. :nf.
20. e HymDe .. l'amour dlYin ., In lA. pie .plrltu"'" 27, 1811,
p. 201.
LA. THSOLOGIE DES PI!.RES
89
... com.me s'i! tait uo autre D.ieu. :. 00 vmt dans les deux
6cooomies du FiIs el de J'Esprit la rciprocit el le mutuel
service, mais la Pentccte o'est pas une simple consquenoe
ni une cootinuation de I'Incamation. La Pentec6te a toote
sa valeur en elle-rnme. elle en le seoond acte du Pire : Le
Phe envoie le Fils et maintenant il envoie J'Esprit Saint.
Sa mission achevl!e. le Christ revioot vers le Pere pour que
l'Esprit Saint descende en Peraonne. Saint Symon le Nooveau
TboJogien souligne le persoooel de la missioo. de
J'Esprit : l'Esprit De reste pas tranger la voJont de sa
mission ... 11 aocomplit par le Fils oc que dsire le Pere.
comme si c'tait son propre vouloir 21. En tneme temps.
il DOUS console :. de I'absence visible du Christ. Le mot
PaMClitos. signme : ceJui qui est appel :., celui
qui se tient de DOUS comme notre d61Mseur. avo-
cal el tmoin de not-re salut par le Christ.
La PentecOte apparait comrne la fin ultime de I'conomie
trinitairc du saJut. En suivant les on peut mme dire
que le Christ est le grand Prcurseur de I'Esprit Saint. Saint
Athanase le dit : Le Verbe a asswn la chair pour que
noos puissions recevoir )'Esprit Saint. Oieu s'est fait sar-
cophore pour que I'bornrne puisse devenir pneurnato-
phore 22. :. POllr saint SyrnoD le Nouveau Thologien ;
Tels taicot le but et la destinalion de toute I'ceuvre de
naIre salut par le Christ, que }es croyants revoivent le Saot
Esprit 28. :. De mame Nicolas Cabasilas : Quel es! J'effet
el le rsultat des actes du Christ? ... ce n'est rien d'autre
que la descente du Sant Esprit sur )'Eglise 24. :. Le Seigneur
le dit lui-mame : 11 vaut mieux poor vous que je parte ...
J e prierai le et TI vous donnera uo autre Paraclet.
Ainsi I'Ascension du Cbrist est l'picIese par excellence car
21. HomtU, 62.
22. D, Ineorn., 8, PO 26, 996 C.
23. DI,NU" ,a.
201 . &tpllc. de la. dlv/ne llturllfe, cb. 87.
90 LA THSOWGIB DE L'ESPRlT SdlNT
divioe; le Fils demande 3U Pere de donner rEsprit Saint.
el en rponse \ cette supplication, le Pere envoie l'Esprit
el dclencbe la PentecOte. Cette vision totale des
De diminue en rien le caracUre CCGtraJ de la R6demptioo
obristique el du sacrifice de l'Agneau, mais pr6cise l'ordre
progressit des vnmJents el mootre le FIls et I'Esprit cba
Clln dans sa propre grandeur et dimensioo. chacoo servant
I'autee dans \Hle rciprocit et un muluel service el: COQ.ver
geant ensemble vers le Royaume du pere.
Pcodant la mission. terrestre du Christ. la relatioo des
bommes A )'Esprit Saint De que par el en Christ.
Par contee. apres la Pemec6te, e'est la relation au Cbrist qui
ne s'opere que par et en )' Esprit Saint.
En effet. au temps de I'Evangile. le Christ tait histori-
quement visible, il tait devant ses disciples. L'Asccnsion
supprime la visibilit historique : e Le monde De me verra
plus el en cela le dpart du Seigneur est r6eI. Mais la
Pentecte restitue au monde la prsence intriorise du
Oust et le maintenant non pas llevanl milis au-dedans
de ses discipJes. e Je vieo.drai a vous ... , je serai avec vous
jusqu' s la fin du monde ; w prsence du SeiFeur est aussi
relle que son dpart e En ce jour (jour de la PentecOte)
vous coooaitrez que je suis en vous. CeUe intriorisation
s' ol*re justement par l'Esprit Saint. comme le dit saint Paul :
e L 'amoue de Oieu a t rpandu dans nos acurs par le
Samt Esprtt (Rom 5, 5). C'est par l'Esprit que nous disoos
e Abba Pue el le Nom de Jsus.
Dans l'expreasion e un autee ConsoIateur on peut
enlendee presque I'ideotification que fait le Cbrist eotre
la verme de I'Esprit et son propre retour. Cet autre Conso-
Iateur. justement altos el non heteros, autre mais non p6S
nouveau. presque le mme el cepondant autrement matlifest.
Mainteoant il est bi-unique. car c'est a lui que s'applique la
parole OOIlcemant l'Esprit : e Pour qu'il demeure temel-
lemeot en vous. el aussi la paro1e concerDant le Cbrist :
e El voioi. je suis avec vous pour toujours, jusqu's la .fio
LA THSOWGIE DES
91
du monde. Le Paraclet est A la fois le Christ sur Joquel
repose 1'.Esprit et il est I'Esprit qui rvelc et manileste le
Christ, dans leur insparabie simultanit et rciproque ser-
,.,.,
Ainsi la Pentdte corornence I'histoire de I'Eglise. inau-
gure la Parousie el anticipe le Royaume. L'Esprit nous iategre
au Corps comme les cohritiers :t du Christ, nous fait
fUs d8fls le FUs :t et dans le Fils nous fait trouver le Pere.
L'Esprit d'adoptioo la filiation diviae et saint
epplique A l'Egli6e le noro de fils de Dieu ., colant adoptif
du Pere.
Seloo 2 Coro 3, 17-18 - Car le Seigoeur. c'est l'Esprit
ot 00. est I'Esprit la est la libert. Nous tous qui
la gloire. nous sommes transforms, comme il convient A
I'actioo du Seigneur, qui est l'E.sprit :t - , A cOt de la Se;-
gneurie du Cbrist, se pose la seigncurie de l'Esprit. L'iden-
6cation du Royaume A l'Esprit, Ir6quente chez les Peres 25,
se rfere a une variante de la priere dominicale : A la place
de que ton Rep vienne on lit : que vieooe too Esprit
Sainl:t. Ceue mvocation marque le demier aete du salul.
-le retour vers le Pece el sa Seigneurie supr!roe : El quaod
,toutes choses lui auroot t soumises, alors le Fils lui-meme
se soumettra A CeJui qui lui a lout soumis. afin que Dieu
soit tout on tout . c il remeUra la royam A Dieu le Pere .
La notion de J'Eglise-Corps passe A la notion de I'Eglise-
Famille, Eglise-Maisoa du pere. A I'image de la Trinit.
6. L'Esprit Sajnt. Saltet Hypos/asie. DonnJeur el RoyaUITII!
Panagion, I'Esprit est tout saint non par appropriation,
mais par sa nature mfune. Si toute Pcrsonne divine est sainte,
pr6cise saint Cyrille d' Alexandrie. l'Esprit est la saintel
25. EYAGIlB. Le trai" de "Oraium, 58 ; S.lnt G"iocn". n.
Nu .. , De Orat. Dom., PG '4, 1167 e ; S.int M.upg, &pl. Oral.
Dom., PG 90, 884 B.
92
LA THEOLOGIE DE L'ESPRII SAINT
mme de Dieu 26 ; de mame, pour saiot Basile, e la Saintet
est I'lment esseotiel de sa nalute .. ; ainsi seloo les Peces.
fEsprit est la Suintet hypostasie.
Sa mission terrestre d'etre Souroe intarissable des dons
et des cbarismes. de sanctificatioo et de saintet. iocite les
!Peces tl dist)oguer entre le don. la grAce et le Donateur
de grlce, la Personne du Saint-Espdt. et, e'est pourquoi, poor
''Oriento I'Esprit Sainl o'est pas rduit 8. lre le Iiec entre
le Pece el le Fils. leue ne.xus amor;s.
En eHel. ' amOlle est inhrent a toutes les PersOlHles,
' )'amour est la vie mme de la natuce d'wine 27 :t. Par
'capport a I'amoue )'Esprit se dfinit comme le Donateur
d'amolle. L'Esprit vivrnant. son nergie m!me. actuaJise
la vie d'amour, sa circulation temeUe au seia de la Trinit.
Seloo sainl Grgoire Pala mas. I'Esprit est e la joie ter-
nelle 28 :t oU les Trois se complaisent ensemble. l'unit
d'amoue est l'unit des Trois Uniques. L'Esprit est co-aimant
avec le PeTe et co-aim avec le Fils, il n'est pes l'Amour
mais I'Esprit d'Amour qui inspire et fajt de toute Persoone
divPne le Don i\ I'aulre, i\ l'image du DonateuT.
Sainl Grgoire Pala mas purifie les hautes intuitioos de
'I'augustinisme mdi6val de tout glissement ven les dyades :.
au sein de la Trinit. L' Espdt Saillt est l'Esprit d'Amour
sans que soit diminue pour autant sa propre ralit hypo-
statique, ni mousse I'antinomie trinitaire. Nicolas Cabasilas
continue sur la meme lanee sa rflex.ion tbologique, OD.
insistant sur le sens oriental de la synergie :. qui transcende
Ie probleme de la prdestination et toute oppositioo. tragique
de la libert et ti(: la griee. La libert ot la grlce sont deux
ailes qui 61event l'bomme vers le Royaume ., dit samt
Maxime. CeUe libert royale, doo de I'Esprit, De signifie point
que l'homme SON la cause de son salut, elle De fait que
26. Volr ThesaUTU.f et De Trlnltate.
27. Salnl GRtOOIRB DS NTS'I!, De anima el TeSIlT., PO 46, 98 C.
28. Cap. phgs., S7. PO 160, 11.
LA. THSOWGIE DES PI!RES
93
tmoigner de la vrit de l'adage pa.tristique : Dieu peut
lOOt sauf cootrai.ndre l'hornme t 1'1limer . Si I'augustinismc
occidental accc:ntue le salut par la foo. I'augustinisme orien-
1al culmine au salut -par I'amour.
C'est pourquoi, daas la vie de l'Eglise. l'Esprit est Dona-
teur de I'amollr en DOUS. eoflamme I'ime saos ccsse et
la runit t Dieu 29 ., la tait participer A la circulatioo de
'Amour trinitaire. Cettc qualit de l'E6prit oooditionnc
la de I'Eglise. qui est I'appel de SI. venuc,
Cest 'P8.rc.e qu'il est Donateur et Don que cettc supplicatioo-
est loujours exauce. Les Pbres diseot : Dieu eo-
teod toutes les prieres sam garantir leur exaucement sauf
la demande de J'Esprit Saint Le Scigneur le dit lui-mame :
Si vous sava donner de booncs choses A vos enfants,
oombien plus votre Pere cleste donoera-t-il le Saint-Esprit
A eeux qui le lu demandent _, (Le 11, 13); le rcfus CQDtre-
dirait la oature mame du Dooateur.
Sant Basile r6sume admirabkment son action universellc :
Veoue du Christ : l'Esprit Saint devanee. lncarnatioo :
'Esprit C9t 18.. Opratioos miraculeuses, grlees et gurisons,
par J'E9prit Saint. Les dmons cbasss, le diable enchain
. par I'Esprit Saint. RmissioD des p6chs, conjonctioD avec
Dieu : par I'Esprit. Rsurrection des morts : par la vertu
de 'Esprit En vrt. la cration DC aUCUn don qui
oc lui vienne de I'Esprit SO . Saiot Cyrille d' Alexaodrie
insiste sur la prsence personoeUe de J'Esprit dans l'.!i.me
sanctifie par lui : Ce n'est pas seulement sa grAce. dit-il,
1l0llS possdons l'Esprit demeurant en nous 31 . La priere
adresse a I'Esprit : Roi du Ciel, Coosolateur ., le de-
mande : Viens a DOUS el habite c::o DOUS .
La variante de la priere dominica1e fait dire la Evagre :
e Que Ton vienne: le de Dieu, c'est I'Esprit
29. DL\DOQul., Cen' chapitn ur la. per/.cUolt .pirila,Il
SO. De Spiritu Sancto, 11. 41 ; I.!'r, 57.
31 . PO 71. 7i7 A.
94
LA. THEOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
Saint. DOUS prioos le Pete qu'il le fasse desceodre sur
noos 92 Dans ce sens, cherchez }e Royaume de Dieu
e cherchez J'Esprit Saint , I'uniquc ncessaire. el
e' est pourquoi. seIoo saint Srapbin de Sarov, le but de
!la vie est l'acquisition de l'Esprit Saint ss, et, pour
saint Irne, lA 00. est J'Esprit Saint. lA ex l'Eglise U :a.
Le blaspheme contre l'Esprit. dit I'Evangile. o'aura pas de
rmission car II controoit l'conomie memc du salut. l'Esprit
tant la Source. le Donateur des nergies trinitaires difiaotes
qui justement actua'lisent le salul
7. L'Esprit Sainl, e foil intrieur de la nouvelle crature:t
A cause de la chute, l'action de Dieu est devenue ext-
rieute a la oature memc. SeIoo Cyrille d'Alexandrie. 1'Esprit
touchait les propbetes de rAncien Testament pour le bref
temps de J'iospiration. puis il les quittait 95. Au degr sui-
vant, pendant 5a missioo terrestre, le Christ conferc le
pouvoir sacerdotaJ au apostolique et lui accoroe la
grAce de l'Esprit : e I1 souffla sur eux et 1eur dit : " Recevez
le Saint Esprit" (lean 20, 22). 11 le donne Don pas per-
-sonneUement A cbacun, mais A I'Eglise en tant que Corps,
que le personnifie a. ee moment. C'est une
du Saint-Esprit a. tIaver.s ses dons el ses cbarismes, sa
manifeltation o'est pas encore hypostatique mais pIulOt fonc
tionneUe.
Lors de l'Epipbanie, I'Esprit, visiblcment pour tous, de5'
cend sur l'humanitt! d-e Jsus el y repose. Le ;our de )"a
'Pentecte. il desccnd dans le monde en Pe.rsonne. hypostati
quemeot. el devieot agissant de la aalute. il se
pose en fail inJrieur de la nalute humaine. TI agtl done a
t'mtrieut de DOUS, nous oreut, nous re:nd dynamique et en
32. l. HAUIHBRR, Lu d'AIl contempla.tll. lA I'raltl de
rO.rabon d'EfHJrre le PonUque, 1910, p. U.
33. Lu nolatlon. de Salnt Slrtlpltln de Stuo".
34. Ad". Ha.re.ru., lU. 2', 1.
55. Salot CTRILU D'ALDAJIIORDI. PO 71, 767 A.
LA. THSOWGIE DES pkRES
9S
nous sanctifiant. il nous transmet quelque cbose de sa propre
nature. Sans confusion. I'Esprit s'identifie l nous. se fait le
co-sujet de nolre vie en Christ. plus intime l nous que nous-
mmes. En effet, la Colombe qui repose sur le Fils, main-
teoant, repose sur ChacuD des e fils daos le FUs : e comme
si la grice avait de mme essence avec l'homme ., note
58int Ma"Caire d'Egypte. Ces! le retour veIS )'tat Dormatif
de la nature : Par le Saint-Esprit tout.e la crbotian es!
,raov dans sa condition chante l'office domi-
nical. Par ce fait intrieur . J'Eglise, dans son rnystbre
sacramentel el liturgique, est l l'oppoS de tout ontologisme
... tique iostitutioonel; les &1ergies vivifiantes de I'Esprit la
reodent vll1ementielle, CS$CIltiellem.eut dy.oamique.
Chapitre II
L'ESPRIT SAINT DANS LA LITURGIE
1. Les Socremenls
L'enseignemc:nt des nous introduit dans l'action
oprative de I'Esprit Sant manest daos les sacremmts
et la liturgie. L'Orieot. tbtocentrique. aV8nt de consid&"er
dans les sacremeots le remede suprSme nos miKres. y voit
)'Epipbanie., manifestation de Dieu el 'cffusion des nergies
difiantes.
Dans sao co.tretien avec le Seigneur dit : Si
UD homm<: De oait d'eau el d',Esprit. il ne peut mtrer dans
le Royaume de Djeu. :t Le baptSme est une vritable rg-
nration qui exige done I'interventioo du Prncipe saneti-
ficaleur en personnc. n fait de l'cau baptismale le vhicule
de l'blergie div.ine, le signe sensible de sa puissaocc vjn.
fia.ote, crb-trice de la nouvelle vit; elle s'y infuse el se
transfuse. Selon saint Denys. la fontaine baptismale s'ige
en matrice de la filiation :t car eUe restitue BU son
cmanf.
La confirmation ou l'ooctioo cbrismale est le sa.cremeot
qui confere par excellence les doos de I'Esprit Saint. Le jour
du Jeudi Saint a lieu I'office 6piscopal de la cons6cration
98 LA THSOLOGIE DE L'E$PRIT SAINT
du saint chr&ne compox d'huile el de baume; la priere
sur le chreme est analogue l'piclese eucharistique. Selon
saint Cyrille de Jrusalem : De meme que le pain eucha-
ristique apees n'est plus du palo ordinaire. mais
le corps du Christ. le saint chr&ne o'est plus une bulle
ordinaire se, Saint Glgoire de Nys9t affirme de mame :
L'buile el le paio apres la sanctification par 'Esprit oot
cbacuo leue nergie divine 87. :t n es! importan! de souligner
que tous les sacrements, de mme que tous les actes eccl-
siastiques. oot leur proprc piclese et s'op&ent par la desceole
des nergies de I'Esprit Saint. du sacrement du
mariage en fait la pentec6te nuptiale. Hippolyte dcrit 1'6pi-
clese lors de 'ordination d'uo ministre. Pendant l'imposition
des mains. 00 impose le slenee 8. oeux qui assisteot propter
descensum Spiritus. Tous se taisrot ' pendant la desccote de
)'Esprit Saint.
L'eucharistie comporte le rite du ZOOn : le diacre verse un
peu d'eau chaude dans le caUce juste avant la commooioo,
en disant : Ferveur de la fai. remptie du Saint Esprit.
On communie au sang cbaud, vivifi. par le Saint
Esprit. De m!me, la frawoo du pain-Agneau, en le
menan( daos le caliee. le pr&re dit : PIMitude du Saint
Esprit. L'Esprit se trouve prsent et il est communiqu6 avte
le corps et le sang de Jsus-Christ. Nicolas CabasiJas. volt
daos le rite du Uon l'expression de la Pentccte eucha-
ristique. L'eau chaude synthtise le symbolisme de l'eau et
du feu : Les daos eucharistiques ayant aueint leur ultime
perfectioo, 011 y ajoute le signe de la PenteoOte 38. e Celui
qui mange ce corps avec foi, mange avec 1ui le feo de
l'&prit Saint . commente sant Ephrem le Syrim st.
S6. Cato 1111'" nUl, s .
S7. In baptl . Chri.t. PG U. 581.
S8. E%plie. de la Ditrlne litq' .
S9. Rt..JI4lI', La Jle .. e, Pul .. 19M, p. "l.
L'ESPRlT SAINT DANS LA UTURGIE
99
2. lA lilurgie
Selon Ja beUe paroJe de saint Iro6e, la liturgie esl la
e Coupe de la syntbese 40 , e on ne peut pas aller au-delA ,
note saint lean Cbrysoslome; elle noos place d'emble dans
la pltllitude, dans la prsence des Trois Personnes divines,
el c'est pourquoi la liturgie par la proclamation tri
nitaire solennelle : e Bni soit le du du FUs
el de l'Esprit Saint. C'e9t aussi le theme de la grande
d'action de grice qui chante e la vivifiante Trinit :
e n est digne el juste d'adorer le le Fils el le Saint
Esprit. - e Toi 'Ct Ton Fils unique el ton SaintEsprit ...
tu ne cesses de lout faire pour nous donner too Royaume II
venir :t el le Royaume. c'est "Esprit Saint. Le Christ a
interc6d auprl;s du et par la brCcbe daos le ciel. le
ne cesse de descendre.
La la credLndi de la tbologie patristique passe dans la
liturgie el forme la lex orandi. L'Esprit repose sur l'humanit
du Christ et sature des nergies divines. La Pente-
c6te eucharistique noos Calt communier l oe corps glorieulI:
du Seigneur, el 'Esprit manifeste, sous voile encore.
la d6ification de l'hornme. sa parlicipation au Christ Panlo-
crator el Cosmocralor. L'Eglise en preod conscience el daos
J'ana-phore, Cormule la dOll:ologique articul6e sur reu
charistie : actions de grices d'abord au pour la Cratioo
el. la Providonce, ensuite pour le sacrifice du Fils oflert dans
le Repas du Seigneur, enfin pour l'accomplissement du salUl
que - la descente de ]'Esprit - acheve et actualise
pour tous.
Daos son trait sur "Esprit Saint. sainl BasHe insiste sur
e )"Esprit de communion . Cest avan! lout la communion
des Personnes divines dans leur oature une. Depuis la Peote-
cOte, dit OrigMe. J'Eglise est pleine de la Trinit ., ce
40. AdD. Htl.lu . , 111, le, 17.
100
LA THEOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
qui fait de loutes les Eglises une communioo a rimage du
Dieu Un et Trine. C'est pourquoi la liturgie insiste tout
particulierement sur l' Esprit de communion dont la demande
est la plus kquente : Qu'il Daus unisse daos la commu-
nm d'uo seul Esprit lt, el qui s'acMve daos la. bn6diction
pleine : e Que la grAce de Jsus-Christ. l'amour de Dieu
le Pere el la cornmunion di! Saint-Esprit soieot avec vous
tous 41. lt
A la fin de la liturgie, la porte de cette communion
s'explicite clairement. tous cOIlfessent l'piclese el chan-
tent : Nous avons l'Esprit cleste, DOUS avom vu la
vraie lumiere. MUS avons lrouv la foi vritable, en adorant
la TTinit indivisible. cae c'est eUe qui nous a sauvs.
Cest l'accord final de I'Epiphanie trinitaire rayoonante de
Jumiere et illuminant le seos altime de la descente du Saint
Esprit sur les fidetes : )'Esprit tablit el scelle la communion
dans le Fils. nous tait tous membres du Christ. cohritiers
el done enfants adoptifs et DOUS place ainsi tou.s dans la
communion du
La l'eucharistie demande: O Christ... doone-
nous de communier Toi plus intimement. daos le jour saos
dclin de Too Royaume . Au siecle futur, travers l'hu-
manit difie du Christ. ftambeau de verre le
communiquera dans )'Esprit Saiot le rayonnemeot de la
g10ire de sa nature inaccessible. Mais l':Esprit dit en
nous. avec oous : Abba, et anticipe ainsi la
p}nittJde du Royaume.
3. L' E picJese
Pour l'Orient. au-delA des recherches arehologiques et des
commeotafes sur les texte6 liwrgiques. il s'agit avant tout
-41. 2 Co IS, IS.
L'ESPRlT SAINT DANS LA UTURGIE
IOl
dans 42 de la confessioD liturgique de la vrit
vcue, de l'application orante de la Tbologie de I'Esprit
Sainl. L'unanime tradilion patristique de l'Odent aUribue
puissance oprative, dans tous les rites sacrs lt, a
J'iotervention hypostatique de la troisieme Personne de la
Avant l'piclbse proprement dile, la liturgie procede par
des pralables en s'61evant gradueUement vers la
formule Male. D}a le petit office qui prcede la liturgie.
la ,proscomcHe ou prothese, dbule par la peiere : Roi
du ciel, O 'Paraclet. .. viens a nous et habite en DOUS ; la
mme prioce se situe au seuiI de la liturgie des catcbumeoes.
L'oraison sur les fideles appclJe la grlce du Sainl-Esprit
sur les dons qui vanl Slre offerts et la peiere de l'Oflertoire
demande : Que Ion Espril Sainl descende sur ces dons
el sur ton peuple. lt
11 est videot qu' o'est ni juste ni correet d'isoler I'instant
prcis ou s'opere le miracle eucharislique, la mtaboJe.
car la Jiturgie lout el depuis son commoncement,
-reprsente un seul Acle qui s'acMve dans l'pic1ese. A son
invocation globale, eUe ro;oil la rponse du Dieu Philan-
Ibrope. Ami des hornrnes, et l'picJese esl comme I'accaro
final de I' uoique et symphonie. Dans ce tout ind-
composable, on ne peul fixer que )e mament apees Jequel le
&acrement est considr comme accompli : Voiei iI. terme
et accompli, autant qu'il est en notre pouvoir. Christ. naire
Dieu, Le mystere de ton conomie :l. Les fideles en cbantan
tmoignool : Nous avons re!i'u 'Esprit cleste lt.
42. Il t-emble qu'aetuellemenl pou .. le dlalolue (Kumnlqne, la
que.tlou de I'plclhe IOlt au.sl Importante que celle du FIUoqlle,
cal' c'e.l surloul t la lumlre de l'pl clhe qu'ou pourralt ensemble
re-sltuer correo:temenl l e FfUoqlle. L'plcl!le prche l es r apporb
entre le FHs el I'Esprlt et par 1'lnvocaUon adJ'elSe au Pre re-
monte t la thologle trlnltaire. Sans J'dulre l'conomle du salut
l Ja seul e couomle du Flb 0 11 l celle de l'&prlt, 11 faut In
ollvr!r ]'une ll'autre, In ouvrlr I'une et I'autre t l'conomle flo.le
et monarchlque du Pre el de la Trlnlt du Roy.ume.
102
LA THgOLOGIE DE L'ESPRlT SAINT
se situe au &euil de loute communioo ave<: Dieu
car seloo les s'it D'y a d'acds au que par le FtIs.
de meme ji o'y a d'acces au Fils que par le
IC Donaleut de vic et tr6sor de grAce _, sanctificateur en son
essence, I'Esprit Saint se comme principc aWf M
toute opration divine.
'L'anapbore orieota1e s'adresse au poue que I'Esprit
Samt manifeste le Christ el c'eat cette plnitude trinitaire qui
exige el pose
Le Christ DOUS fait doo de la communioo 1 la vie meme
de la Trinit qu' cxprime )' bymne k la e Trinit CODsubstan-
tieUe et indivisible . La grande priere de l'oblatioo s' adresse
&u PeTe mais elle est coupe par le Sanctus trinitaire, cae
'l'adoratioo s'leve indivisiblement vers les Trois. De meme.
e'cst de la bndiction du Trois lois Saint que vionnent
les paroJes institutioooelles : e la nuit ou il fUl livr _, suivics
de I'tIvation : Ce qui mt 1 ToL le tenanl de ToL nous Te
l'oRrans poDe tout et en tout , el qui se rsout comme accord
final dans Le pretre solllcite du e da
res I'envoi de l' Esprit afin que paraisse le Fils. e'est dOllc
toute I'Uo. Trinit6 sacre,. les nois Personnes consubstan
tielles qui agissent et s'inserent ici daos le cadre historique
de )' conontie du salut. Cest pourquoi l'action de grllces rca-
opitule toos }es benfaits 1 l'humanit6 par Dieu.
VEgllse remercie le qui DOUS doone son Fils Monogme
el qui DOUS envo;e l'Esprit manifestant le Fils dans le sacrifice
non sanglant de I' autel.
La de )'Offertoire e pour les dons pr6cieux offerts
tramasse en quelques mots l'essentiel : Ao que notre Dieu,
Philanthropc. qui a ces dons 1 soo saiDt autel dleste
d invisible DOUS envoie en retour le don du Saint-Esprit. :t
En remontant ven la fin du IV on observe que les
anapbores orientales invoquent J'Esprit afin qu'ij desccnde
L'ESPRlT SA1NT DANS LA. UTURG1E
103
cbanger les doos en corps et en sang du Christ u. Saiot lean
Damasdne. selon ses habitudes. syntMtise clairement la tea-
dition patristique tres ferme : Le chaogement du pa.in en
corps du Christ s'eflectue par la puissance du Saint-Es-
prit
44
.
La de soo interventioo s'explique par la signifi-
cation el le role parliculier du Sacerdoce d'ordre. Poor
rOrien!. le seul vritable pr!tre esl le Christ : Fais que
nous soil donne la grce de recevoir de la main puissaotc
too corps el loo prdeux saog prie le pr!tre. 11
demande de mame pendanl le chant du Chrubikon : e Voici
que je m'approche de toi. la tete iocline ; el que je te sup-
,plie : {le dtourne pas de moi loo visage. ne me rejetle pas du
nombre de tes servitours. mais daigne agrer que ces dons
te soien( otlerts par moi. ton serviteur pcheur el indigne.
av lo; qui olfres et qui es off-ert. qui regois et qui es
distribu. O Cbrist nolre Dieu ... .
Saiot lean Cbrysostome le dit lres clairemen( : e Nous,
llOUS avons le rOle de serviteurs ; cc1ui qui sanctiBe el qm
transforme. c'est Lui 45. Et encore : Le pretre ne porte
'la main sur les dons qu'apres avoir invoqtl la grice de
Cieu .... ce o'est pas le pr&tre qui quoi que ce soiL..
c'est la grAce de J'Esprit. survenant et couvrant de ses ailes.
qui accomplit ce sacrifice mystique 46. O'ailleurs. c'est (oute
4'assemble qui prie a vec le : Nous te prions. nous
te supplions ....
En accord avec celte conceptiOD. le pr!tre De s'ideotifie
pas avec le Cbrist. iI De pronooce pas les paroles Ceci est
,S. Cette parentll! de .auctare loe retrouve daD. toutes lea a.-
denDe! lamllles lIturliques auul bl eu .. Rome., prl'ru d'oblaUOD
de la Traditlan apoltalique, qn'l Edesse, la lIturJie d'AddaT et MarI.
Volr BRIUKTMA.l'Ilf, Llturl1iu, O:lford. 1898 : Dom CARROL, .l.cI AlU"
en Ckcident. Parl. 1932 ; S. S.t.LAVlt.Ul, e Eplelhe ., DiclfolUlaire
de TMolol1le catho/ique. pp. 191-SOO
... De (lde orth. rt'. IS.
. In AlaUII . Hom. 82.
. De Pentec. Hom., 1, 4.
104
LA THgOWGIE DE L'ESPRlT SAINT
mon corps in per$OlUJ Christi. mais il s'identif'te avec l'Eglise
et parle in persOM Ecclesitu et in nomine Christi. Pour que
les paro)es du Christ mmorises par le pratee acquibrent
t'efficacit divine. le prtre invoque )'Esprit Saint daos l'pi-
clese. Des paroJes de l'anaDUlese ayant pris du pain ... il le
doona a ses disciples ... en disanL. ceci mame est man corps ,
i'Esprit Sant fait l'anamnese piphanique, manif.este l'ioter-
vention du Ohrist lui-mSme identifiant les paroles prononces
par le pr!tre avec ses propres paroles. identifiant I'eucbaristie
clbre avec sa Sainte Cene. et e'est le miraole de la mta-
bote, de la conversion des dons. Saint lean Chrysostome l'ex-
p)ique : e'est le mme sacrifice que nous oflrons. l'un
aujourd'hui. l'autre demain ... erais que se produit aujour-
d'hui le mme banquet que celui OU le Christ tait k table, el
que ce baoquet-ci n'est pas diffrent de celui-La '7. :t
L'piclese eucbaristique est la tradition ferme el uoanime
en Orient. Samt Basile parle de son origine apostoli-
que 48 :t. Sans une croyance initiale, m-me en germe, en
l'a<::tioo de l'Esprit Saint. l'piclese serait incomprbensible et
inimaginable. L'histoire de la conscience liturgique De connait
point de rvolution pareille et de surgissemeots spontans
d'aflirmation dogmatique de cette importance. L'pic1ese ex-
,prime la lex orandi :t liwrgique a laqueUe rpondent le
cxmsensus des leur doctrine trinitaire et leur tbologie
de l'Esprit Saint.
La liturgie syrienne de saint Jaeques en tmoigne : e Que
cette beure est auguste el que ce moment est redoutab1e. mes
freres ! Car I'Esprit Saint vivicateur dcscood des hauteurs
du ciel el se posar sur cette eucharistie. la consacre. :t De
m8me la Iiturgie de sant lean Chrysostome : Nous te sup-
plions d'envoyer ton Esprit Sant sur nous et sur ces dons ...
47. In II Tlm. Rom. 45 ; In Hom. 17 : In ICor. Hom. 27.
48. De SpiT. Sancto, PO 29, 188. Volr DolO eoKKOt.T. The litlU'-
gical homeleis 01 Nallar, Cambridge, 1909. Archlmalldrlte Plene
I'Hul1.LlBR, Tbologie de l'plclese :t, In Verbam Quo.
t'E;SPRlT SA/NT DANS LA UTURG/E lOS
tes cbangcant par too Saint.Esprit . Celle de Saint Basile :
e Plaise ti ta bont que vienne too Esprit Saint s-ur DOUS el sur
ces dons, qu' il les boisse, les S8nctifie el manifeste ce paio
comme 1e corps de notre Seigneur ... el ce callee comme le
vnrable el propre saog de notrc Seigneur ...
Les Peres posent la relatioo dynamique de l'Esprit Saint
a du Cbrist. Sa pneumatisatioo difiante continue
dans ceux qui participent a la e ehair sacrte . ]Js oe sont pas
seulement configurs au Christ. mais sont ehristifis. verbifis
en fa". e associs a sa plnitude (Col 2, 9), concorporels
et con-sanguins au Christ 49 . Saint Jean Cbrysostome Dote
que e les eommuniants sont eomme des lions 60 ., figures de
l'invincible puissance. II ne s'agit pas des e arrhes . mais
de la participation au feu de I'amour divin et de I'change
des idiomes : A I'lncarnation de Oieu, a son humanisation,
rpond la dification par grdee de l'homme. Saint Maxime
l'accentue : e L'eueharistie transforme en elle-mSme et rcnd
semblable ... de sorle que les fideles peuveot etre appels
dieux paree que Oieu tout entier les rempllt entiere-
ment 61. Par un vritable transfert d'nergie dmcatrice.
dil Nicolas Cabasilas. e la boue se transforme en substance
du Roi 52 .
En commcntant I'piclese sur les fideles, saint Maxime le
Confesseur souligne son aetion dynamique : e Nous tous
qui participons au meme pain el au merne calice, ROUS som-
mes unis les uns aux autres dans la communion de )'unique
-Esprit Saint 58. e Nous demaodons d'envoyer )'Esprit Saint,
explique saint Cyrille de Jrusalem. car universellement. ce
que l'Esprit Saint touehe est 54, :t Ainsi, apres avoir
chang les dons, I'Esprit opl:re le changement des commu-
019. Salnt CTI'IILL& Da Jt"UIA.L8M, <At. 22, S.
60. Hom. 46 t ur Saint han.
61. MII,tag . 21.
62. lA Vie en U,u,-Chr(lf. tn.d. S. Brou.llaleux. p. 97.
53. "r1daf. 201.
r0I. V. Cal. mll.tag., 16.
106
LA TH80LOGIB DE L' I!.SPRlT SA.INr
niants eux-mmes. Cest un aulte aspect de l'eucbaristie. que
.],es spirituels appel1ent le e sacrement du fme . Saiot
CyriUe d' A1exaodrie insiste farternent de son cOt6 sur l'unit
que e I'eulogie mystique produit entre les fidbles 66.
L'Esprit et I'Epoux discot : viens Seign.eu.r ! C'est le
seos eschatologique et parousiaque de tCDdue ven
les noces mystiques du ehrist avCIC l'Eglise mau aussi avec
toute Ame. personneUemeot, nominativcmcnt. Comme le dil
Thodoret de eye : e En COIlsommant la chair du Fianct
el SOD saog. DOUS colrons daos .La koin6niz Duptiaie 5&,
55. In Jun, II, PO 7', litl7.
56. e ElIcharllUe el Gutlquo du CanUqou ID Irinon. Ul60,
p.274.
Condusion
L'ESPRIT SAINT
DANS LA RECHERCHE
OECUMtiNIQ!IE
Les Peres du se<:ond Coocile du Vatica.n ont soulign que
la thtologie de J'Esprit Saint tait insuffisammeot
daos la . vie el la pens6e de 'Eglise. e'es(. ci que l'apport
de l'Ortbodoxie. le tmoignage de sa spiriluatit sont impar-
tants. L'Orient ota pas ronnu la RIorme ni la Conteo-
Rforme et il garde jusqu'll. aujourd' hui la Tradition de
'Eglise indivisc. La tbologie byzantinc du XIV sikle mOl
ea rclief d'une saisissante le mystere fulgurant de la
Transfiguration du Seigneur el I'Esprit Saint reposant
sur le Christ. '65UB, rempli du Saint-Esprit. l'envoie aux hom-
mes, mais. dans une relalion inverse. I'Esprit ag! sur )e
ebrist. le transfigure, le ressuscite el le manireste pleine-
meol au momeot de la Parousic. se pose au creur
de la vio lilurgique el sacramenlelk:. L'anthropologie de la
dtfi.catioo es! sur la pneumatisation de relre bu-
main et sa pbl6tration par les nergies difiantes de I'Esprit
Saint. C'est le sty)e pneumatopbore de la saintct. dont le plus
6clatant tmoin est saint de Sarov enseignant l'acqui-
sition de I'Esprit Sant comme but de la vie chrtie.n.ne.
L'aspiration vers l'unit 'ait voir avant tout
108
LA. THf!;OWGIE DE L'ESPRlT SAINT
la dsiotgratioo d'une seu1c souche jadis commune ct invite
amsi A renQuer avec la parent originelle, ea brisant les
cooomies cOO'fessioonelles fermes. La convergence cberche
de la Vrit el de la Vie De peut se faite que par la rcd6cou
verte de la Tradioon des Peres. Mais il De s'agit poiot d'une
simple ruditioD. il s'agil pour les (hologic:ns d'une coover-
sion au styfe patristique. Le retour aux signifie aller de
I'avant, Don pas en les imitant, 018.15 en craot avce cux, en
continuit fidMe avec leur Tradition. Tmoignagc, sclon saiot
Grgoite de Nazianze e a la maniere des p&heurs (apOtres),
non a la maniere d'Aristote . ni de Platoo. ni de Heidegger.
C'est un appel a dpasser tout fondamentalisme :t. tant
biblique que patristique ou pbilosopbique, vees le jailli.sse-
menl de I'Eau vive de l'Esprit Saial. Ce tmoignage o'est
efficace qu'A travers le vcu :t de Dieu dans
Hturgique, tmoignage de I'Eglise Ofante el par cele eosei-
gnante. 00 constate dja que les lieux a:cumbltq.ues par
exce11eoce soot les commUDauts mooastiques.
Saint BasHe insiste sur I'Esprit Saiot comme Esprit de
communion. L'picIese sur les doos est insparable de l'pi-
clese sur les fideles, de la cooversioD des commuoiaots. Ltpi_
olese enseigne ainsi que la charit verticale, amour de Dieu,
est coostitutive de 1'81re humain au m8me titre que la cbarit
horizontaJe appele par les Pues saeremeot du frere .
C'est l'quilibre parfait eotre l'adorateur en esprit et 00
vtit el le servjteur de ses freres . L'Esprit Saint cric
CID Daus : Abba. Pere el rvele en tout hamme le visage
bumain de nieu.
L'intgratioo de I'histoire au Prsent teroeI. a l'conomie
du salut, amoree la venue do Rayaume et inaugure la Pa-
rousie djA en marcbe. A sa lumierc. les valeurs de la culture
humaine passont par un test apocalyptique, par un dpasse-
ment des valeurs avant-dernieres ven les valeurs ukimes de
l'existence humaine. L'eschatologie biblique est quaHtative.
eUe qualifie l'bistoire par l'escbaton el brise toute conceptioo
clase el statique. L'Eglise en situatioo histarique eH tou-
CONCLUSJON
109
jours l' Egl.ise de la diaspora. commuDaut eschatalogique en
marche vecs le Royaume. mais par cela justemeot en marche
a travers Ja Cit terrestre; e'est le sens de la parole : Vous
n'etes pas du monde mais vous eles dans le monde. Un
manque de prsence daos le monde est !galement un manque
de foi vanglique. Oieu n'cst jamais une compensation ault
faiblesses de ,'homme. Dieu saisit I'homme lA Ol! ji est {ort el
puissant. el e'est pourquoi l'Evangile doit tre prsent dans
tous les risques el d6cisiOlls de la condition bumaine.
L'Eglise des temps ultimes oflcira A celui qui a fairo non
pas les pierres id!ologiques des systemes. Di les ce pierces
th!ologiques des manuels d'cole. mais 'Ie pain des an-
ges el selon la beUe paroJe d'Origble. le CQ:ur du frere
humain oflert en nourriture pure . Envoye dans le monde.
I'Eglise sacerdotale el propbtique inaugure le dialogue avec
tous )es bornmes, diak>gue. qm. seIen l'expression de saint
Grgoire de Nazianze s'accomplit a la lumiere de la e m-
lastase de l'existeoce el du sisme esehatologique de
conelusion .
L'Eglise se montrera fidele a I'Esprit Saiat pour autant
qu'e1le sera fidele aux hommes. Sa 9tructure messianique et
eharismatique prime sur son statul institutionnel et la montre
Pentecte perptue.
En effet. dans sa raHt ukime. l'Eglise est le sacrement
de la vrit. eUe est eomme un concile convoqu en perma-
nenee dans 58 vie mysHque el liturgique. Mont4! a la droite
du Pere, le Christ-Grand Pratre a accompli soo intercession
sacerdotale. e'est son piclese permanente aupres du Pere
qui justemeot fait de l'Eglisc la PentecOte perptue.
e L',Esprit Saint est le grand Docteur de l'Eglise I , dit
saint CyriJle de Jrusalem. Docteur. car c'est lui qui assure
le charmo veritatis certum de l'Eglise. Aiosi quand UD coo
cBe est proclam recurnnique , il l'est paree que J'Esprit
l. XVI. C.tlch". baptllmala.
110
LA. THt!.OWGIE DE L'ESPRlT SAINT
de par la rceptioD et la vic m!me du Peup1c de
I'Eglise, a identitM ce CODcile IU ChristV6rit6.
Le jour de la Pentecte. I'Eglise prend oaissanoc el se
manifestc dans la prdication apostolique suivie de 11 pro-
eucharistie. c6lbre assur6mect par Saiot Pierre. Ceet
de l'eucbaristie que dcoule el s'institue le sacerdoce comme
$a condition ; 1'heque est avant tout tmOln de I'autbeoticit
du Repas du Seigoeur el 1'6veque est celui qui le ;
il integre tous les fideles au Corps du Seigoeur. lea CODStitue
toos en Egtise. en synaxe des im.mortels et formule
de la part de tous. Pour la traditiOll orieotale. e"est te pou-
voie eucharislique. exerd poue la premibre fois par saint
Pierre, qui est la e pierre sur laquelle I'Eglise est fond6e
ct qui se (ransmet daos le pouvoir de tout veque. chaque
ebaite piscopale &ant ainsi 'la coJhedra Petri ob cbacun et
tous les v&ues siegent ensemble. Saint Cyprieo A Caetbase,
paree qu'v&ue, se considere com.me successeur direct de la
ctl/lu!dro Pdri, doot la fooctioo esseotielle est justemcnt le
pouvoir de prtsider I'eucbaristie 2.
Selon saint lean Damascme. e Les trois Personnes divioes
sont unies, noo poor se confondre. mais pour se OOBteoir
ciproquement S . Chaque Personne est une maniue UDique
d'avoir la ro!me esseoce, de la recevojr des Autres, de la
donner aux Aulres et ainsi de poser les Autres danl
circulatioo. de I'Amour divin. Le assure l'unit6 saos rom-
pre l'galit6 parfaite des Trois. ce qui ex.clut toute soumisaioo
subordinatianiste el mootrc magoifiquement dans le Pue
Ce/u; qu; prhide dam l'A.mour
lA cettc e image cooductrice _. selan saiot Igaace d'AD-
tiocbe, dans la commooioo des Eglises parfaitement 6ga:1es
en fooction de la pl60itudc de I'eucbaristie 6pi.scopale', otJ
2. De call1lol. "de.. Dnitate, IV ; d. NO C........... PO U"
704 C D.
S. De fid. orllt., 1, 8.
4. Seloa .. Int lRua. e Dot:re doctrlDe elt ea aeeord a .... }' ...
cbarlstle, el l'eacbarlatle la cGalnDa (Ado. Beu,... .. IV, la. 'l.
CONCLUSJON
111
chacune est e Eglise de Djeu , )'une prside dans J'amour.
C'est le cbarisme paf'ticuUer de d' hooneur dont te
but est d'assurer de toutes les Eglises, chadsme
d'amour \ rimage de la Avant la
l'Eglise de Rome jouissait de ce charisme el le pape le
i l'image du Pue el pour cela justement.
l de tout pouvoir juridictionnel sur les autres. TeUe est la fo
de l'Eglise ortbodoxe, la foi de ses
A sa le but rechercb6 par l'recumnisme serait
I'aocord de la foi des trois Eglises (ramaine. ortbodoxe, pro-
testante) dont l'unit6 el la parfaite .Ut6 refteceraient com.me
daos UD miroir le Mystere des Trois Personnes diviDes.
L"Esprit Salot, 'Esprit de communion fera Don de 51 joie
dans laquelle .Les Trois Eglises se complairont ensemble el,
de cbaque Egtise, I'Esprit fera Don aux autres.
Les Eglises $Croot ooies non pour se coofondre. mais pour
.se cooteu.ir rciproquemeot. Cbaque Egtise sera une
uniquc d'avoir la ml!01e essence tbandrique. de la recevoir
des aulres" de la donncr aux autres et ainsi eUes se poscroot
tutes eosernble dans la circumincessioo incessante de ,'Amour
divino
TABLE DES MATIllRES
PREMIERE PARTIE
LA nmOLOGIETRINITAIRE,
ET LA nmOLOGIE
DE L'ESPRlT SAINT
IotroductioD. Cootexte historique et . ' ,' . 9
Chap. 1. Les prtmisSt3 orientales 'de la tMologie patril-
tique .. . . .. . . . .... . . . . . ..... . .. . .. . . . .... .. . .. . 17
Otap. n Les dimeo.sioos catapbatique et apopbatiquc
de la des ..... . .... ... . ... . . . .. .. 23
Chap. m. La .terminologie trinitaire .. .. . . . ... . . . ... n
Olap. N . La lhEologie trinitairc . . . .. .... . . . ... . . . .. 33
Chap. V. Les de la tMologie des ..
orientaux . . . . . ..... . . .. . ... . .. .... . .. . . . .. . . .. . 41
Chap. VI. La processioo de l'Esprit Sant
DEUXIEME PARTIE
LA PNEUMATOLOGIE DES PERES
DANS L'ECONOMIE DU SALUT
49
Chap. l . La th6010gie des Peces . .. . . . . . ... . ... .. .. . 81
Chap. n. L'Espri t Saint dalll la liturgie . . . . . . . . . . . . . . W
Corrclusioo. L' Esprit Sant dans la recberche
ruque ... ........ ........... .. . ' . ..... . ...... .
Achevt d'imprimer en ftvrieT 20 1 !sur les pres5eS numtriques
de I'I mprimerie Maury S.A.S. - Z. I. des 0ndt5 - 12100 MiIlau
109
N" d'l!di tioo : 15297 - [)(!pOt Il!gaJ : man 2011 - N" d' impreu ion : All f45840 L