Chapitre 1 Formation Classification
Chapitre 1 Formation Classification
Chapitre 1 Formation Classification
Objectifs
Savoir
- Savoir situer l’étude du droit des contrats dans l’étude du droit.
- Appréhender la notion de contrat
- Savoir identifier un contrat (Le qualifier)
- Prendre conscience des enjeux liés à la qualification des contrats
Savoir-faire
- Trouver la règle/le principe juridique applicable à une situation
contractuelle
- Qualifier juridiquement des situations contractuelles
- Tenir une argumentation juridique
Développons.
Un contrat unilatéral donne naissance à des obligations à la charge d’une seule partie.
Dans la donation par exemple, il y a bien deux personnes, deux volontés (celui qui donne et celui qui
accepte le don) mais seul le donateur est engagé.
Le contrat à titre gratuit engage une personne sans avantage, sans contrepartie (du moins directe). Le
prêt sans intérêt est un contrat gratuit : je prête de l’argent à quelqu’un sans aucune contrepartie.
Dans les autres contrats, sans intuitu personae, la qualité du contractant a peu d’importance.
Les grandes sociétés anonymes disposant de milliers d’actionnaires ne tiennent pas compte de leur
identité : seul l’apport fourni, qui donnera lieu à la perception de dividendes, compte.
Un contrat d’adhésion est un contrat dont le contenu est imposé par une partie à l’autre partie qui n’a
pas la faculté d’en discuter le contenu. C’est un contrat-type souvent imposé par un professionnel à un
Dans un contrat aléatoire, la prestation de l’une des parties dépend d’un événement incertain.
Par exemple, dans l’assurance, le client paie chaque mois des primes d’assurance mais l’assureur n’est
tenu à une indemnisation qu’en cas de sinistre (vol, dégât des eaux, maladie, etc.).
Les contrats « complexes » sont le support contractuel d’une opération économique à plusieurs facettes.
Un contrat complexe est composé de plusieurs contrats simples.
Exemple : dépôt-vente : du dépôt + un mandat de vente ; le crédit-bail : du bail + une « option d’achat »
L’objet du contrat doit aussi être conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs, c’est-à-dire à un
certain nombre de principes relatifs à la moralité.
Il existe par exemple, en droit français, le principe de l’indisponibilité du corps humain selon lequel les
éléments du corps ne sont pas commercialisables, et ne peuvent donc pas faire l’objet d’une convention
: on ne peut vendre tout ou partie de son corps. D’où la gratuité et l’anonymat des dons d’organes.
Pour contracter, il faut être « capable », au sens juridique du terme. Par conséquent, un contrat
conclu par un « incapable » peut être annulé.
En principe, la capacité débute à la majorité, c’est-à-dire à 18 ans. La majorité commerciale est de 21
ans. Les personnes majeures sont capables de contracter, sauf apport d’une preuve contraire, attestant
de leur incapacité juridique.
Il arrive qu’une personne majeure souffre d’une altération de leurs facultés mentales : elle peut alors
faire l’objet d’une mesure de protection juridique qui limite sa capacité à contracter.
L’accord de deux volontés conditionne l’existence même du contrat. Ainsi, c’est l’acceptation de
l’offre qui forme le contrat, et constitue même un point de départ du contrat. Un simple « oui » suffit donc
à sceller un contrat. L’acceptation doit répondre à certains critères :
- L’acceptation doit être pure et simple, sans émission de réserves de la part des parties.
- L’acceptation doit être claire. Elle prend la forme d’une déclaration verbale ou écrite.
L’avantage de l’écrit est de constituer une preuve, tout du moins si cet écrit est fait par courriel,
ou par lettre recommandée avec accusé de réception.
Une acceptation peut être tacite, c’est-à-dire résulter d’un comportement. C’est le cas du piéton qui monte
dans un taxi, du client qui s’attable à un restaurant, etc. Mais le silence ne vaut pas acceptation en
droit.
L’acceptation d’une partie contribuera à former le contrat. Néanmoins, une acceptation doit être la
conséquence d’une offre formulée par une partie. L’offre obéit à certaines conditions. Elle doit être :
- ferme : l’offre doit manifester une volonté non équivoque de se sentir engagé si l’autre acceptait les
termes de cette offre. En d’autres termes, on considèrera le contrat formé si le destinataire de cette
offre dit OUI.
- L’offre faite à personne indéterminée : parfois, s’il y a eu plusieurs destinataires, on devra
considérer que le premier acceptant est celui avec lequel le contrat s’est formé.
- « L’offre sous condition » : l’offre est précise ; mais elle ne sera ferme que si un événement
aléatoire se réalise. Dans le cas contraire, le contrat sera réputé n’avoir jamais été conclu. L’offre
sous condition peut encore répondre à certains critères.
o La condition potestative : l’acceptation de l’offre par une partie est conditionnée par
sa propre volonté (si je veux, si j’ai envie :). Il ne s’agit donc pas d’une offre au sens
juridique
Il est de principe que seule l’acceptation d’un contrat par les parties suffit, et permet en même temps, la
constitution d’un contrat. Dans la réalité, les choses peuvent être nuancées.
D’une part, certains contrats sont passés savoir avoir recueilli l’adhésion réelle du cocontractant.
En effet, il arrive qu’une partie signe un contrat sans en comprendre le sens, ou sans en apprécier les
conséquences. C’est souvent le cas lorsque des clauses du contrat sont obscures, ou bien lorsque le
cocontractant n’est pas en mesure de comprendre le contenu même de certaines mentions du contrat.
Tout simplement, dans d’autres cas, certains contrats ne peuvent être passés, malgré la volonté
des parties. Le respect de l’ordre public interdit la conclusion de certains contrats, qui viendraient
contrarier le bon fonctionnement de la société. L’ordre public est une notion regroupant la préservation
de la sécurité, la salubrité, la tranquillité, et la moralité publique.
Au nom de l’ordre public, la loi limite ou interdit aux parties de passer certains contrats. Il faut
relever l’ordre public de direction, destiné à orienter la société et préserver ses valeurs essentielles Par
exemple, un contrat de vente de drogue est interdit, car sa consommation porte atteinte à la moralité et
à la sécurité publique. L’ordre public de protection a comme fonction de protéger le faible en limitant la
puissance contractuelle du fort ex : un employeur qui profiterait de la situation de faiblesse d’un travailleur,
et qui conclut un contrat lui interdisant de prendre ses congés
D’autre part, certains contrats sont « obligatoires » ; ce qui oblige les parties, indépendamment
de leur volonté personnelle, à conclure certains contrats. Une fois de plus, le respect de l’ordre public
Pour qu’un contrat soit valablement formé, le consentement des parties doit être consenti, libre
et éclairé. Tel n’est pas toujours le cas : on parle alors de vices du consentement.
Il existe en effet trois vices du consentement qui entraînent l’annulation du contrat : l’erreur, le dol et
la violence.
1) L’erreur
Une erreur est une représentation inexacte de la réalité, soit par l’une des parties au contrat qui
« s’est trompée », soit par les deux contractants qui se sont tous les deux trompés.
Pour entraîner l’annulation du contrat, l’erreur doit porter sur un élément déterminant sans lequel le
contrat n’aurait pas été conclu. Le droit parle d’erreur sur « la substance » de la chose, la « substance »
étant l’un de ses éléments essentiels (sa matière, l’usage à laquelle on la destinait, etc.).
Les cas les plus fréquents d’erreur sur la substance concernent l’authenticité des œuvres d’art (auteur,
époque, etc.) ou des pierres précieuses. Cela peut également être le cas pour un objet acquis par un
acheteur, dans la perspective où ce dernier croyait que l’objet avait certaines qualités.
2) Le dol
Le dol est une tromperie ayant provoqué une erreur. Le contractant a été « induit » en erreur
par l’autre partie. Il s’agit d’une faute intentionnelle, d’une erreur provoquée : l’auteur du dol a agi
délibérément pour tromper l’autre et le pousser à contracter. Le dol entraîne l’annulation du contrat s’il a
joué un rôle déterminant dans la conclusion du contrat en déclenchant le consentement du contractant.
Il peut s’agir d’un mensonge. Par exemple, l’embauche d’un salarié ayant menti sur ses
qualifications peut être annulée si l’employeur apprend par la suite que ce salarié n’a pas obtenu les
diplômes mentionnés.
Le dol peut aussi prendre la forme d’une omission, d’une dissimulation d’information, comme le
fait de ne pas dire à l’acquéreur d’une maison que celle-ci se trouve en zone inondable. Si, à la suite de
la vente, la maison subit une importante inondation, l’acquéreur a, dans ce cas précis, le choix entre une
action en annulation de la vente (fin du contrat) et une demande en réduction du prix de la vente (maintien
du contrat).
3) La violence
La violence est une contrainte exercée sur une personne pour l’obliger à contracter. Cette contrainte
peut être physique (coups) ou, plus souvent, morale (pression, menaces, chantage, etc.).
La violence entraîne l’annulation du contrat si elle a joué un rôle déterminant dans le consentement
de la victime, qui a donné son acceptation sous l’emprise de la crainte.
Si l’une des conditions de formation du contrat n’est pas respectée, ce dernier peut être annulé,
ce qui entraîne certaines conséquences.
La loi distingue deux formes de nullité : la nullité relative et la nullité absolue. Le caractère
relatif ou absolu de la nullité dépend de la condition de formation du contrat qui n’a pas été respectée.
Si la condition de validité manquante est destinée à protéger l’intérêt privé des contractants, on parle
de nullité relative.
L’intérêt de cette distinction entre nullité relative et nullité absolue réside d’abord dans les personnes
habilitées à réclamer en justice l’annulation du contrat.
La nullité relative ne peut être invoquée que par le ou les contractants, tandis que la nullité absolue peut
être invoquée par tout intéressé : contractant, proche parent, héritier, ami, etc. Cela étant, dans la plupart
des cas, c’est bien évidemment le contractant lésé qui intente une action en nullité.
L’action en nullité relative ou absolue doit être intentée dans un délai de 5 ans, mais le point de départ
de ce délai diffère selon le type de nullité :
– concernant la nullité relative, le délai court à compter de la découverte de l’erreur ou du dol. Pour la
violence, le délai part du jour où la violence a cessé (jour qui correspond en général à la conclusion du
contrat). Pour l’incapacité, il part du jour où le mineur atteint la majorité (ou du jour de la formation du
contrat si l’action en justice est intentée par son représentant légal) ;
– pour les cas de nullité absolue, le délai de 5 ans pour agir en justice part du jour de la formation
du contrat.
Passé le délai de 5 ans, aucun contrat ne peut plus faire l’objet d’une action en annulation : l’action en
contestation est prescrite, on dit alors que l’affaire est frappée de forclusion.
L’annulation du contrat a un effet rétroactif : le contrat est censé n’avoir jamais existé, aussi bien
dans le passé que pour l’avenir. On revient dans le passé en se replaçant dans la situation antérieure à
la conclusion du contrat. Si le contrat n’a pas encore été exécuté, les contractants sont libérés de leurs
obligations. Dans le cas contraire, il faut procéder à des remises en l’état pour se replacer dans la situation
antérieure, ce qui entraîne une obligation de restitutions dans les contrats à exécution instantanée.
Dans la pratique, les effets de la nullité absolue sont les mêmes que ceux de la nullité relative.
Ainsi, dans le contrat de vente, l’acheteur doit rendre la chose et le vendeur doit rembourser le
prix. En revanche, dans les contrats à exécution successive (bail, assurance, travail, etc.), l’annulation
rétroactive n’est pas possible. En cas d’annulation d’un contrat de travail, l’employeur ne peut restituer
au salarié tout le travail qui a été fourni !
En outre, dans le cas d’un vice du consentement, l’action en nullité du contrat peut être assortie d’une
demande de dommages et intérêts lorsque la victime du vice du consentement a subi un préjudice.
§2 La résiliation du contrat
La résiliation d’un contrat se retrouve principalement dans les contrats à exécution successive.
Pour une raison définie, l’une des parties décide de mettre un terme au contrat. Elle notifie alors l’autre
partie, dans un délai souvent pré-défini, de sa volonté de rompre le lien contractuel. Ex : rupture d’un
contrat de travail, résiliation d’un contrat de bail
La résiliation n’a d’effet que pour l’avenir. Les obligations du contrat déjà exécutées ne peuvent
donner lieu à une réparation. La résiliation peut intervenir indépendamment en l’absence d’une faute de
l’une des deux parties.
§3 La résolution du contrat
La résolution consiste en l’anéantissement d’un contrat légalement formé par le juge. Le juge
commence par vérifier si l’inexécution reprochée est suffisamment grave pour justifier la fin du contrat.
Dans certains cas, il accorde à la partie fautive un délai supplémentaire pour s’exécuter, délai pouvant
aller jusqu’à 2 ans maximum.
En revanche, si l’exécution du contrat lui apparaît manifestement impossible, il en prononce la résolution.
Les contrats comportant une clause résolutoire de plein droit permettent la résolution du contrat sans
avoir recours au juge.
La résolution a un effet rétroactif : elle dispose pour le passé, et remet donc les parties dans l’état où elles
se trouvaient avant la conclusion du contrat. L’annulation est à différencier de l’annulation :
– un contrat est annulé parce qu’il n’est pas valable (car mal formé) ;
– un contrat est résolu parce qu’il n’est pas appliqué par l’une des parties (bien que valablement formé).
L’effet rétroactif de la résolution entraîne une obligation de restitutions. Ainsi, dans le contrat de vente,
l’acheteur doit rendre la chose et le vendeur doit rembourser le prix. Toutefois, ces restitutions ne sont
possibles que dans les contrats instantanés.
L’action en résolution peut, en outre, s’accompagner d’une demande de dommages et intérêts si la
victime de l’inexécution du contrat a subi un préjudice. Cette dernière doit alors engager la responsabilité
contractuelle de la partie fautive.
VERS L’EXAMEN
Jus, atteint d’une insuffisance rénale chronique, souhaite effectuer une transplantation rénale. Menaçant
son frère de mort, et usant de chantage, il arrive à « convaincre » Tice, aussi atteint d’une infection rénale,
accepte de lui donner un rein, en échange d’une somme de 100€.
1. Qualifiez le type de contrat passé. Quels sont l’objet et la cause du contrat ?
Jane et Reux passent un contrat de travail à durée déterminée, d’une durée d’une année. Neuf mois
après l’exécution du contrat, Jane tombe malade, et ne souhaite plus continuer à travailler pour Reux.
1. Qualifiez le type de contrat passé. Quels sont l’objet et la cause du contrat ?
2. Quelle modalité d’extinction du contrat peut être effectuée par Jane ?