Auto-Evaluation Des Peches Comoriennes Par Les Pecheurs
Auto-Evaluation Des Peches Comoriennes Par Les Pecheurs
Auto-Evaluation Des Peches Comoriennes Par Les Pecheurs
“ This publication has been produced with the assistance of the European Union. The contents of
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the views of the European Union.”
Auto-evaluation des pêches
comoriennes par les pecheurs
SF/ 2013 / 41
Eulalie RANAIVOSON,
Andoniaina RANAIVOARISON
MAI 2013
SOMMAIRE
ABREVIATIONS ET ACRONYMES 7
I. INTRODUCTION 9
V. RECOMMANDATIONS 35
VI CONCLUSION 39
ANNEXES 41
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
CV : Cheval vapeur
FC : Franc comorien
1. INTRODUCTION
La pêche nationale comorienne est de type traditionnel et artisanal. Ces deux types utilisent
respectivement des pirogues en bois mues aux pagaies et des embarcations motorisées en bois
ou en fibre de verre de puissance de 15 et 25 CV au maximum. Toute la production est écoulée
sur les marchés nationaux et locaux. La pêche industrielle, opérant dans la Zone Economique
Exclusive (ZEE) des Comores, est réalisée par des armements étrangers, notamment ceux de
l’Union européenne, qui paient des licences de pêche annuelles au gouvernement comorien dans
le cadre des accords de pêche. Elle cible les espèces de thonidés et sa production est en totalité
exportée vers les pays d’origine des bateaux, sans transiter aux Comores.
Une société de pêche et d’exportation de produits halieutiques est en fin d’installation. Elle est, pour
le moment, la seule établie aux Comores. Comme elle exploite les poissons de fond de la ZEE du
Mozambique, elle dispose d’une licence de pêche mozambicaine et non comorienne. Ses produits
finis seront, cependant, exportés à partir des Comores.
Entre 1981 et 1996 à travers plusieurs projets de développement, la pêche artisanale a obtenu
des appuis pour l’amélioration des techniques de production par l’introduction des embarcations
motorisées, des Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP), ainsi que l’aménagement des
structures de conservation (projets JICA de 1981 à 1986, projet BAD de 1982 à 1985, projet FED
de 1987 à 1993) accompagnés de formations des pêcheurs et des mécaniciens de vedettes, et des
lignes de crédit ou de fonds de garantie pour la pêche dans des agences de micro-finances telles
que AMIE et MEC. Faisant suite à ces différents projets, l’Administration en charge de la pêche a
continué d’octroyer à certaines coopératives de pêcheurs constituées et aux Syndicats régionaux
formés des équipements de conservation des produits halieutiques (chambres froides, fabriques et
silos à glace, camion frigorifique) financés sur le Fonds de Développement de la Pêche (FODEP)
alimenté par une partie des accords de pêche avec l’Union européenne.
Quelques débarcadères ont été également construits au niveau de certains sites de débarquement
dans le cadre de cet appui de l’administration. La FAO est intervenue dans l’assistance à
l’administration des pêches et le renforcement du cadre stratégique et règlementaire de la pêche
comorienne, entre 1986 et 2004. Les données de suivi des ressources thonières ont été produites
dans le cadre d’un projet régional océan indien financé par le FED entre 1990 et 1996. Entre 2005
et 2009, des données sur ces ressources ont été évaluées dans le cadre du projet régional de
marquage des thons dans l’océan Indien. Etablies dans le cadre de projets, les données de suivi
des ressources thonières de 1994 et les données de leur évaluation en 2004 n’ont pas permis aux
Comores de disposer d’une base de données historiques de ses ressources halieutiques, et les
groupes d’espèces autres que les thons n’ont jamais fait l’objet de suivi ni de recherche. Ce n’est
que récemment, dans le cadre du projet SWIOFP démarré en 2008 et courant jusqu’en 2012 et dans
la mise en place des données statistiques et documentaires régionales, que le service des pêches
des Comores a entamé la collecte des informations sur les activités de pêche. Les résultats sont
en cours de finalisation et cette première base de données sera produite vers le mois de mai 2012.
En matière de réglementation, les Comores disposent de la Loi n° 07-011/AU portant Code des
pêches et de l’aquaculture promulguée en août 2007. En particulier, cette loi introduit la licence
de pêche artisanale. Pour le moment, le paiement de cette licence par les pêcheurs artisanaux
dotés d’embarcations motorisées n’est pas encore effectif dans la mesure où les vedettes de pêche
viennent d’être recensées dans le cadre de la mise en place des données statistiques. Elles ne sont
par ailleurs pas toutes immatriculées. L’immatriculation des vedettes dans les 3 îles a récemment
démarré, dans le cadre de la mise en place du plan régional de contrôle des pêches dans le Sud-
Ouest de l’océan Indien (2007-2012) en vue de la lutte contre la pêche illicite, mais n’est pas encore
finalisée.
Les Comores disposent d’un Institut National pour l’Agriculture, la Pêche et l’Environnement
(INRAPE) qui, en principe, est appuyé par les Universités et le Centre National de Documentation et
de Recherche Scientifique (CNDRS) dans ses actions de recherche. Dans le domaine de la pêche,
l’INRAPE n’a jusqu’à présent - et cela remonte à quelques années - mené que des études sur les
traitements des produits halieutiques (salage et fumage) et leur vulgarisation auprès des pêcheurs.
En matière de formation des pêcheurs, une école des pêches a été créée à Anjouan et des
renforcements de capacités des mécaniciens et des pêcheurs ont été assurés dans le cadre des
projets pêche financés par FED entre la fin des années 1980 et le début des années 1990.
Compte tenu du contexte actuel de la pêche artisanale avec ses lacunes en données scientifiques
sur les ressources exploitées et en données de production, le manque des textes d’application
de la loi existante qui la régit et l’organisation défaillante des structures socioprofessionnelles qui
représentent des atouts considérables pour sa gestion/cogestion car elles peuvent constituer des
moteurs pour le développement de cette pêche, le programme régional SmartFish a fait faire une
étude sur «l’auto-évaluation des pêches aux Comores par les pêcheurs». Cette étude avait pour
buts de connaître, tout d’abord, l’organisation de la pêche aux Comores, d’identifier les problèmes
rencontrés par les pêcheurs et toutes les lacunes en matière de gestion, et de proposer les outils
nécessaires pour une pêche durable intégrant les suggestions des pêcheurs, premiers bénéficiaires
des ressources.
Dans un premier temps, l’étude a été menée à la Grande Comores, du 6 au 23 Mars 2012. Elle sera
complétée par la suite au niveau d’Anjouan et de Mohéli afin de couvrir les 3 îles de l’Union des
Comores. C’est une des raisons pour lesquelles 3 inspecteurs du CNCSP ont été désignés pour
accompagner cette première mission d’étude.
Pour recouper et compléter les informations recueillies au niveau de ces villages de pêcheurs, des
discussions ont été menées auprès des autres acteurs concernés par la pêche dont les Syndicats
national et régional des pêcheurs, les responsables des pêches (DGRH), les responsables de la
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Introduction
recherche et de la formation (INRAPE, CNDRS), et la seule société de pêche et d’exportation dont les
installations sont actuellement mises en place mais restent pour l’instant encore inopérationnelles.
Une visite du principal marché aux poissons de Moroni a été, également, réalisée (annexes 3 et 4).
L’approche adoptée dans toutes les enquêtes auprès des pêcheurs et discussions avec les autres
acteurs est celle de la Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP).
Les données des enquêtes ont fait l’objet d’une codification des réponses de type alphanumérique.
Les données, une fois codifiées, ont été saisies à l’aide d’un masque de saisie des données en
utilisant le logiciel CSPRo 4.1. Cependant, la taille de nos échantillons de villages et de pêcheurs
(11 villages sur 54 et 13 pêcheurs sur plus de 10 000) est insuffisante pour faire des analyses et
tests statistiques plus élaborés tels que les analyses de corrélation entre les activités de pêche et
les variables socio-économiques.
Au terme de la mission, les résultats obtenus et les recommandations tirées ont été restitués, lors
d’une réunion tenue à la DGRH (annexe 5), aux représentants des pêcheurs des villages enquêtés
et aux personnes rencontrées. Des représentants des coopératives des villages non enquêtés ont
été aussi présents.
A la Grande Comore, il existe trois types de pêche. La pêche à pied est pratiquée en périodes
de basse mer de vives eaux principalement et de façon collective par les femmes et les enfants
des villages ciblant les poissons récifaux (photo 1) et les petits pélagiques saisonniers. Quelques
hommes, généralement sans embarcation, font aussi de la pêche à pied pour capturer surtout les
poulpes (photo 2). Cette pêche se pratique durant 14-15 jours par mois.
La pêche piroguière se pratique à bord d’une pirogue en bois de faible dimension (entre 3 et 4 m de
longueur) et mue à la pagaie (photo 3). A cause du faible rayon d’action des pirogues, cette pêche
est réalisée dans le lagon, le long du littoral, sur les récifs et au niveau des DCP côtiers quand ces
derniers sont mouillés en face du village. Elle cible les poissons récifaux, les poissons de fond et
les langoustes, et au niveau des DCP les gros et les petits pélagiques. Elle est réalisée uniquement
par des hommes, qui partent seuls en pêche ou parfois à deux. Les pêcheurs sortent en mer une
ou deux fois dans la journée. Seule la pêche aux langoustes s’effectue durant la nuit. Dans la zone
Centre-Est, la pêche est exclusivement de type traditionnel piroguier.
La pêche à la vedette (photo 4) est la plus pratiquée par les pêcheurs depuis l’introduction des
premiers types d’embarcations motorisées, les Fedawa1, qui sont des pirogues en bois équipées
de moteurs hors-bord, dans les années fin 1980-début 1990. Cette pêche, qualifiée d’artisanale,
cible principalement les poissons de fond et les gros pélagiques. Les pêcheurs en vedette sont tous
des hommes. Ils partent en pêche soit très tôt le matin vers 4h, soit peu avant midi pour revenir
vers 18h, pour la pêche de jour. Sinon, ils organisent un départ vers la fin de l’après-midi pour une
pêche de nuit. Leurs lieux de pêche sont plus éloignés atteignant plus de 20km voire 100km avec
une durée de trajet de 3 à 6h de vedette. Certains pêcheurs de Moroni vont même jusqu’à la côte
mozambicaine pour pêcher les gros poissons de fond. Les pêcheurs des autres villages se repèrent
par rapport à des amers, constitués le plus souvent par des montagnes, pour ne pas dépasser la
limite de sécurité qu’ils ont communément établie. Ils opèrent également au niveau des DCP du
large. Les pêcheurs partent toujours à deux dans les vedettes sans aucun équipement ni matériel de
sécurité à bord, à l’exception d’un téléphone portable et d’une lampe de poche exigés dans le cadre
des règlements intérieurs de certaines coopératives des pêcheurs. Ces dernières ont également
imposé des sorties en petits groupes de deux vedettes au minimum afin que les pêcheurs puissent
s’entraider en cas de panne ou en cas d’accident. Toutefois, ce principe n’a jamais été suivi par tous
les pêcheurs. Ce qui entraîne jusqu’à présent une forte disparition des pêcheurs en mer.
Pour la pêche aux petits poissons pélagiques saisonniers (sardinelles et anchois appelés localement
Mpava et Daba), les femmes utilisent des filets moustiquaires (photo 5). Cependant, ces filets à très
petites mailles sont utilisés toute l’année pour pêcher également les juvéniles et les subadultes
de poissons récifaux lors des basses mers de vives eaux (photo 6). Pour les autres ressources
récifales telles les raies ou Ntra, localement, elles utilisent des barres de fer à bout pointu. Les
hommes pêcheurs à pied se servent également de ces barres de fer à bout pointu, en guise de
harpons, pour tirer les poulpes (ou Mpouedza localement) des infractuosités des récifs, trous qui
leur servent d’abri.
La technique de pêche à bord d’embarcation est la ligne à main simple. Elle est constituée d’un
fil, d’un hameçon et d’un appât artificiel. Suivant les ressources ciblées (photos 7 et 8), poissons
récifaux, poissons de fond ou gros pélagiques (Thonidés et quelques requins), les pêcheurs
utilisent différents diamètres de fils et différentes tailles d’hameçons. L’utilisation de la ligne de
traîne, capturant les gros pélagiques, lors des déplacements vers les lieux de pêche habituels n’est
pas systématique. Seuls quelques pêcheurs pratiquent cette technique. Ces matériels de pêche, qui
sont tous importés, sont le plus souvent achetés au niveau de la capitale Moroni.
Dans quelques villages, des centrales d’achat ont été mises en place et approvisionnées régulièrement
à partir de Moroni par les coopératives qui les revendent aux pêcheurs avec une faible marge
bénéficiaire destinée à alimenter leurs caisses. C’est le cas à Hantsidzi où la coopérative est bien
organisée dans l’approvisionnement en matériels de pêche (photo 9) mais également en carburant
réservé aux sorties de sauvetage des pêcheurs.
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Organisation de la pêche à la grande comores
A Iconi, village proche de la capitale, chaque pêcheur ou chaque groupe de pêcheurs font des
approvisionnements réguliers en matériels de pêche à Moroni et les stocke dans des hangars
individuels. Dans les autres villages, quelques magasins ou plutôt des épiceries de marchandises
générales, vendent aussi localement des matériels de pêche mais ils sont rares et souvent
approvisionnés de façon irrégulière, entraînant très souvent le déplacement des pêcheurs vers
Moroni pour s’en acquérir. Ce qui augmente davantage le prix des matériels de pêche qui n’ont
jamais obtenu de détaxation pour leur importation.
Les embarcations motorisées pour la pêche artisanale ont été introduites dans le cadre du projet
DCP de fin 1980-début 1990 avec l’utilisation des Fedawa1, des pirogues en bois propulsées par
des moteurs hors-bord.
L’utilisation des coques en fibre de verre s’est par la suite développée, appuyée par d’autres projets
de développement et de formation de mécaniciens en moteurs hors-bord, par la création de l’école
de formation des pêcheurs à Anjouan, mais aussi à l’initiative des pêcheurs eux-mêmes. La grande
Comores dispose de 7 chantiers navals pour la construction des coques mais en importe également.
Les pêcheurs de Chindini, un village de la zone Sud, achètent souvent leurs coques auprès des
chantiers navals d’Anjouan. Les prix d’une coque, généralement de 5 à 6m de dimension, construite
localement et importée sont respectivement de 700 000-750 000FC et de 1 000 000FC.
Les moteurs hors-bord, qui fonctionnent au pétrole mélangé avec un peu de gas oil, sont par contre
tous importés et vendus à Moroni au prix de 1 300 000FC. Ceux fonctionnant à l’essence, moins
utilisés par les pêcheurs, sont à 950 000FC. Les pêcheurs utilisent généralement des moteurs de
15CV. Des moteurs de 25CV sont utilisés par un très petit nombre de pêcheurs de Bangoi-Kouni, un
village de la zone Nord-Ouest. Comme les matériels de pêche, ils ne sont pas détaxés à l’importation
et sont dons très chers. Ces embarcations motorisées sont appelées communément « vedettes »
par les pêcheurs, sinon « fedawa», « sogawa » ou « yamaha » lorsqu’elles ont été introduites dans
le cadre des projets de développement, ou selon la marque des moteurs dont elles sont équipées.
Pour l’achat des coques et des moteurs, quelques pêcheurs empruntent à des maisons de
microfinance, telles que AMIE, MECK, ou SMPSF, auprès desquelles la Direction des pêches a,
par l’intermédiaire du FODEP, financé une ligne de crédit ou un fonds de garantie pour aider les
pêcheurs dans l’acquisition de leurs outils de travail. Cependant, compte tenu du prix élevé des
intérêts d’une part, et de l’aspect aléatoire de la pêche d’autre part, les pêcheurs ont très souvent
des problèmes de remboursement des prêts.
Les pêcheurs piroguiers et en vedette sont tous des hommes. Ils sont tous comoriens. Les pêcheurs
de l’île sont tous des natifs des villages où ils habitent et exercent leur métier de pêcheur, à l’exception
des pêcheurs de la Capitale Moroni qui sont tous issus des différents villages côtiers de la Grande
Comores, en particulier de Bangoi-Hambou, de Mitsamioli, de Mutsamudu et de Hantsidzi, et de
quelques pêcheurs de Chindini issus de Mohéli. Ils sont, également dans la majorité des cas,
pêcheurs de père en fils. Ils vont à la pêche tous les jours pendant la bonne saison de pêche même
s’ils exercent d’autres métiers (maçonnerie, charpenterie, construction de pirogues) qu’ils réalisent
les après-midi ou après la pêche. En mauvaise saison de pêche, les pêcheurs de certains villages
ne sortent que 5 jours dans la semaine. Les autres continuent à pêcher tous les jours sauf en cas
de mauvais temps.
Le métier de pêcheur est considéré très pénible. Au retour de pêche, les pêcheurs se reposent
après avoir débarqué leurs captures et rangé leurs matériels et équipements de pêche. Après la
pêche, seuls quelques rares pêcheurs s’adonnent à la petite agriculture familiale (maïs, bananes…)
ou au petit élevage (ovin, bovin, volaille) près de leurs habitations, et les produits obtenus sont
quasiment autoconsommés. Ce sont les femmes, les mères ou les sœurs des pêcheurs ainsi que
les revendeuses présentes à chaque retour de pêche, qui s’occupent du transport des captures des
pêcheurs vers les marchés et de leur commercialisation.
Les familles des pêcheurs sont nombreuses. Le nombre d’enfants est assez élevé, pouvant atteindre
jusqu’à 10 dans certains ménages. Pratiquement tous les enfants des pêcheurs sont scolarisés,
mais un grand nombre s’arrêtent au niveau primaire pour aider leurs parents dans leurs métiers.
Néanmoins, dans certains villages, les pêcheurs poussent leurs enfants jusqu’au niveau supérieur.
Dans les villages des côtes Centre-Est et Sud-Est, le nombre de pêcheurs est relativement faible :
inférieur à 100 par village (Mutsamudu: 90, Foumboudzi-Vouni: 80 et Foumbouni: 40). Ils sont en
majorité analphabètes et âgés de plus de 40 ans avec un grand nombre de plus de 60 ans.
Par contre, dans les villages des côtes Nord, Nord-Ouest, Sud et Sud-Ouest, les pêcheurs sont
nombreux avec un minimum de 300 pêcheurs par village (Bangoi-Hambou), leur nombre atteignant
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Organisation de la pêche à la grande comores
3 000 (Chindini) à 4 000-5 000 (Iconi). La grande majorité sont des jeunes ayant souvent des
niveaux de scolarité assez élevés. Certains d’entre eux, en particulier à Iconi et à Chindini, ont
même le niveau Baccalauréat ou ont été formés à l’école de pêche d’Anjouan. Malgré le nombre
croissant des jeunes, les vieux pêcheurs ont encore leur place et leur notoriété au niveau des
villages. Regroupés dans un comité des sages, ils ont le pouvoir traditionnel et coutumier dans
l’organisation des activités des villages, notamment la pêche, et sont très respectés.
A Mutsamudu et Foumbouni-Vouni, les pêcheurs sont tous piroguiers. Ils disposent chacun d’une
embarcation construite localement par 7 pêcheurs spécialisés en construction de pirogue. Ils sont
composés à près de 50 % de jeunes de 20 à 35 ans, mais on y trouve des vieux de 80 ans qui
pratiquent encore la pêche.
Dans les autres villages, les pêcheurs (soit piroguiers soit en vedette) ne sont pas tous propriétaires
de leur embarcation. Le nombre d’embarcations n’y représente que 5 à 43 % du nombre total des
pêcheurs. Pour sortir en pêche, ceux qui ne disposent pas de vedette, soit s’associent avec les
pêcheurs propriétaires, soit empruntent les embarcations de personnes appelées « patrons » qui
ne sont pas pêcheurs mais possèdent des embarcations. Dans ce deuxième cas, les captures
obtenues sont réparties généralement à 1/3 pour le propriétaire, 1/3 pour l’entretien de l’embarcation
et 1/3 pour les deux pêcheurs embarqués. Vu le faible nombre d’embarcations dans ces villages, les
pêcheurs s’organisent entre eux par rotation pour sortir en pêche.
A Moroni, le nombre de pêcheurs est d’environ 120. Ils sont majoritairement de jeunes pêcheurs
expérimentés qui ont quitté leurs villages natals pour s’installer définitivement dans la capitale pour
y exercer leur métier. Seuls 5 pêcheurs sont âgés de plus de 50 ans et exercent la pêche à Moroni
depuis 30 ans. Le nombre de vedettes y est élevé par rapport au nombre de pêcheurs car il atteint
près de 46 %. Les pirogues sont au nombre d’environ 40, selon les estimations des pêcheurs. Tous
les pêcheurs peuvent donc sortir à la pêche à bord d’une pirogue ou d’une vedette pratiquement
tous les jours.
La pêche se pratique toute l’année avec deux saisons distinctes définies approximativement par
les pêcheurs en fonction de leurs débarquements en gros poissons pélagiques (des espèces de
Thonidés et poissons associés). La bonne saison de pêche se situe globalement entre novembre/
décembre et avril/mai et la mauvaise saison de pêche entre mai/juin et octobre/novembre, sauf
pour les pêcheurs de Moroni pour lesquels ces saisons sont respectivement de mars à août et
de septembre à janvier et pour ceux de Foumboudzi-Vouni sur la côte Centre-Est, dont la bonne
saison de pêche est limitée entre mars et juin. Ces deux saisons de pêche nécessitent d’être mieux
précisées car sont des éléments pouvant intervenir dans la gestion de la pêcherie.
Les pêcheurs, d’une part, ne connaissent pas leurs ressources même de façon empirique, et d’autre
part n’ont jamais tenu des cahiers de captures ni de vente et donc ne sont pas en mesure de
déterminer de façon précise ces saisons de pêche. De même, ils pensent que les ressources ont
diminué et que les récifs sont en partie dégradés à cause de l’utilisation des engins de pêche
destructifs tels que la dynamite, et de la pollution suite au rejet des ordures ménagères en zone
côtière. Ils disent cependant que la composition de leurs captures et le niveau de la production totale
n’ont globalement pas changé depuis 1990 dans leurs lieux de pêche qui n’ont pas changé depuis.
Seuls les rendements par pêcheur ont diminué à cause de l’augmentation de leur nombre.
La côte Ouest est la plus productive. Pendant la bonne saison, une pirogue peut débarquer entre 50 et
100Kg de poissons par sortie et une vedette entre 200 et 600kg dans la zone Sud-Ouest et 100 à 300kg
dans la zone Nord-Ouest par sortie. Pendant la mauvaise saison, un pêcheur piroguier de la zone Sud-
Ouest peut rapporter jusqu’à 50kg par sortie contre 15kg seulement dans la zone Nord-Ouest.
Au niveau de la côte Est, la production des pirogues est relativement faible : au maximum 50
poissons/sortie/pirogue en bonne saison. Durant la mauvaise saison, moins de 20 poissons sont
capturés autour des DCP, ou 1 seul poisson hors DCP, par sortie et par pirogue.
Si les pêcheurs de poissons ne connaissent pas leurs ressources, le seul pêcheur aux langoustes
rencontré et enquêté semble connaître un peu mieux sa ressource cible. Il évite, lors de la pêche en
plongée et au fusil, de capturer les petits et les femelles ovées bien qu’aucune réglementation ne
régisse cette pêche. Sa production est faible : elle n’est actuellement que de 5 langoustes par sortie
nocturne alors qu’elle était de 10 langoustes/sortie il y a 10 ans. Par contre, la taille des langoustes
n’a pratiquement pas changé.
La pêche à pied réalisée par les femmes produit au maximum environ quatre sacs de poissons,
équivalents à 20-40kg par sortie collective d’une dizaine à une vingtaine de femmes. Elles se
partagent équitablement les captures. Cependant, la production est constituée de juvéniles et de
quelques subadultes de poissons récifaux. Cette pêche peut alors nuire à cette ressource récifale,
d’autant plus que son accès est libre et sans aucune réglementation au niveau des engins, en
particulier le filet moustiquaire réservé à la pêche saisonnière des petits pélagiques, mais utilisé
toute l’année pendant les périodes de basse mer de vives eaux, qui durent 14 à 15 jours par mois.
Lors d’une bonne pêche aux poulpes, un pêcheur à pied peut ramener jusqu’à 30 individus. D’après
lui, les captures sont généralement composées d’individus de différentes tailles; ce qui indiquerait
que la ressource n’est pas encore fortement exploitée. D’ailleurs, rares sont les pêcheurs de poulpes
à la Grande Comore.
Aucune société de collecte et d’exportation n’existe encore pour le moment. Une société de pêche
et d’exportation va prochainement ouvrir ses portes, mais ne réalisera pas de collecte auprès des
pêcheurs. Une autre société, financée par le Gouvernement du Qatar, est en cours de construction
et d’installation. Elle a déjà organisé des sessions de formation de quelques pêcheurs comoriens
à l’extérieur. Mais pour l’instant, la collecte des captures des pêcheurs artisanaux de l’île n’est pas
encore bien définie dans son organisation d’approvisionnement en produits halieutiques.
La pêche à pied réalisée par les femmes et les enfants est une activité de subsistance. Les produits
sont en quasi-totalité destinés à l’autoconsommation. Lors d’une bonne pêche, une petite partie est
toutefois commercialisée par les femmes elles-mêmes au marché du village.
18
Organisation de la pêche à la grande comores
Par contre, les poulpes pêchés par les pêcheurs à pied hommes sont directement cédés à l’état
frais, à raison de 2 000FC/kg, aux revendeuses qui les vendent au marché du village à des prix
variables suivant la taille des individus.
Les langoustes sont vendues à l’état frais et en totalité aux hôtels/restaurants de Moroni et d’Itsandra,
à raison de 2 000FC le kilo.
Pour les poissons, une partie est autoconsommée. Cette autoconsommation est relativement
importante car elle représente entre 0,5 et 10kg par sortie de pêche. Cette quantité est identique
en bonne ou en mauvaise saison de pêche. Certains pêcheurs réservent même entre 30 et 50 %
de leur part de captures pour l’autoconsommation. Au retour de pêche, les captures sont réparties
selon les cas soit entre les pêcheurs, soit entre les pêcheurs et les propriétaires des embarcations,
qui sont déjà sur les lieux de débarquement.
Une fois les poissons débarqués et après enlèvement de la part de l’autoconsommation et du poisson
servant de cotisation à la coopérative à laquelle adhère le pêcheur, les femmes des pêcheurs et les
revendeuses assurent leur commercialisation. Les poissons sont vendus à l’état frais au marché
du village ou aux marchés des villages environnants. Ce sont les femmes elles mêmes qui les
transportent à pied. Ils peuvent être, également, acheminés par les transports en commun (taxi,
taxi-brousse) vers les marchés des grandes agglomérations plus éloignées ou vers les marchés
de Moroni pour y être vendus frais le jour même. Lors de ces transports, les poissons sont rangés
nus, sans aucun emballage, dans les malles des véhicules, au mieux entassés dans de grosses
bassines non couvertes. Les invendus du jour sont congelés soit dans des congélateurs domestiques
appartenant à des particuliers moyennant un prix de location (variant de 500 à 1 500FC/nuit selon
la taille des poissons), soit, s’il en existe dans les villages, dans des chambres froides communes
gérées par la coopérative et la location (250FC pour les poissons de petite taille et 500FC/nuit pour
les gros poissons) servirait à leur entretien et au fonctionnement de cette coopérative. Le lendemain,
les poissons sont ressortis et vendus directement sur les étals aux poissons. Dans tous les villages,
une partie des marchés mixtes est réservée à la vente des poissons. Ils sont vendus à même le sol
ou sur des tables de fortune dont l’hygiène est douteuse, sans aucune protection contre les insectes
en particulier les mouches et sans aucune infrastructure d’approvisionnement en eau.
A Moroni, les poissons débarqués sont vendus directement par les femmes, le plus souvent des
revendeuses, sur le trottoir en face du débarcadère (photo 11). Elles sont équipées de couteaux
pour débiter en tranches les gros poissons sur des tablettes en bois ou à même le sol recouverts
d’un morceau de plastique, de balance pour les pesées et de bassines ou seaux d’eau de mer
pour asperger de temps à autres les poissons ou pour se laver les mains et nettoyer les couteaux.
Les bonites à ventre rayé de petite taille (environ 1,5kg) sont vendues dans des bassines ou des
brouettes, qui servent également à leur transport entre les lieux de vente et les congélateurs
domestiques particuliers ou la chambre froide du syndicat (photo 12).
Vente des poissons au site de débarquement de Moroni Chambre froide du Syndicat de la Grande Comores
Dans les villages visités, seuls Chindini et Hantsindzi disposent d’équipements de conservation
opérationnels. Chindini a été doté par la DNRH d’une chambre froide, d’une fabrique de glace et
d’un silo à glace. Suite au problème d’approvisionnement en énergie électrique sur tout le territoire,
les villages n’étant alimentés en électricité qu’un jour sur quatre ou un jour sur cinq, la coopérative de
Chidini s’est organisée pour s’acquérir d’un groupe électrogène et pour assurer l’achat de carburant
afin de faire fonctionner ses équipements en permanence. Pour l’achat de ce groupe électrogène et
pour la réserve de carburant, les pêcheurs cotisent à raison de 5 poissons après chaque sortie de
pêche. Le village d’Hantsindzi a obtenu du Gouvernement de Norvège 2 congélateurs de 100L chacun
et d’un groupe électrogène. La coopérative d’Hantsindzi s’est également organisée pour assurer un
stock permanent de carburant grâce aux cotisations en poissons des pêcheurs adhérents. Dans
ces 2 villages, les pêcheurs n’ont pas de problème de conservation de leurs captures. Toutefois,
en période de bonne saison de pêche, ces équipements ne sont pas suffisants pour conserver la
totalité des captures de l’ensemble des pêcheurs et une grande partie non vendue après 3-4 jours
est jetée donc perdue. Malgré ces pertes, le pêcheur part en mer tous les jours et n’a de souci que
de ramener le maximum de captures.
De plus, aucune méthode de conservation autre que le frais et le congelé n’est pratiquée, bien que
des formations en salage/fumage et en salage/séchage aient été déjà assurées par l’Administration
aux femmes, spécialement aux revendeuses. Ces techniques ont permis une vente de produits
jusqu’à 3 000FC/kg. Elles ont été abandonnées depuis bien longtemps par les communautés des
pêcheurs alors que l’Union des Comores importe tous les ans des poissons séchés de Mayotte
et de Madagascar pour combler les besoins lors des fêtes sociales (mariage…) et religieuses
(Ramadan…) qui se situent entre Août et Novembre et coïncident avec les périodes de mauvaise
saison de pêche. De plus, au sein de la DGRH, un dispositif de fumage des poissons est installé et
mis à la disposition des pêcheurs.
Les pertes dans les autres villages ne disposant pas d’équipements de conservation sont encore plus
importantes, tels les cas des villages de la zone Nord-Ouest (Bangoi-kouni, Matsimouli, Djomani)
qui ont été dotés d’une chambre froide commune placée au niveau de Mitsamiouli. Cette chambre
froide n’a plus été opérationnelle depuis 2006 suite au problème national d’approvisionnement en
énergie électrique. Par ailleurs, vu l’éloignement des 2 autres villages par rapport à Mitsamiouli,
leurs pêcheurs ne peuvent pas venir y conserver leurs captures après chaque retour de pêche.
Foumbouni dans le Sud-Est a été aussi doté par la DGRH d’une chambre froide et d’un groupe
électrogène. Mais suite à des problèmes techniques de compatibilité entre ces 2 équipements, la
chambre froide est restée scellée dans un hangar. Ils viennent tout récemment d’être inaugurés
avec les matériels de DCP qui ne sont pas encore montés.
Les pêcheurs de Bangoi-Hambou et d’Iconi, des villages du Sud situés assez près de Moroni,
se débrouillent pour conserver leurs captures dans des congélateurs domestiques appartenant à
des particuliers et les vendre à Moroni. La chambre froide octroyée par la DGRH à Iconi n’a pas
fonctionné depuis longtemps, la coopérative et ses pêcheurs adhérents n’ont jamais cherché à
la réparer. A Bangoi-Hambou, la coopérative est en train de bâtir un hangar pour installer et faire
20
Organisation de la pêche à la grande comores
Pour les villages du Centre-Est, aucun équipement de conservation ne leur a été octroyé par
l’Administration et les coopératives qui existent ne sont pas pour le moment bien organisées pour
s’acquérir et entretenir de tels équipements.
PÊCHE À PIED
Captures
Auto Vente au
consommation marché du site
Auto
Consommation Pêcheurs, Restaurant Moroni et Itsandra
1 à 5 kg Femmes de pêcheurs (produits frais)
Revendeuses
Vu ces différentes difficultés et les énormes dépenses engagées par les pêcheurs dans l’acquisition
de leurs outils de travail très onéreux et dans la conservation et l’acheminement de eurs captures
vers les marchés, les prix des poissons se retrouvent très élevés. Ils se situent globalement entre
750FC/kg en bonne saison de pêche et 1 250-1 500FC/kg en mauvaise saison sur les marchés des
villages et respectivement à 1 750 et 2 500FC/kg à Moroni. Cette augmentation des prix au niveau
de la capitale est due aux coûts des déplacements et surtout aux prix de location des congélateurs/
chambres froides. Toutefois, les pêcheurs de Moroni se plaignent car ils pensent que les revendeuses
prennent une grande marge bénéficiaire en revendant les poissons au détail à ces prix élevés alors
qu’ils les leur cèdent en gros sur le site de débarquement à raison de 500FC le kilo.
Tous les projets et programmes de développement des pêches aux Comores, financés et appuyés
techniquement par les bailleurs de fonds, sont pilotés par la Direction des pêches qui coordonne
aussi les actions de mise en œuvre des mesures et résolutions de gestion des ressources avec les
Organisations internationales et régionales des pêches dans lesquelles les Comores sont membres
ou observateurs. La Direction des Pêches dispose d’un Fonds de Développement des Pêches
(FODEP) alimenté par une partie des licences de pêche industrielle thonière réalisée exclusivement
par des armements étrangers dans la ZEE des Comores. Ce fonds est utilisé pour le développement
de la pêche nationale, à travers l’octroi d’équipements de conservation (chambres froides, fabriques
de glace, silos à glace, groupe électrogène, camion frigorifique, construction ou appui à la
construction de débarcadères….) aux coopératives des pêcheurs existantes et au syndicat régional
des pêcheurs. Cependant pour assurer son rôle dans la gestion du secteur, la Direction des Pêches
ne dispose que de ressources humaines, financières et matérielles très limitées. Le personnel de
ses services est jusqu’à présent insuffisant, que ce soit sur le plan quantité que qualité.
Ministère de la
Production
Université
Service Législatif INRAPE
Direction
Service des Office Surveillance
Régionale FODEP
pêches de qualité des pêches
des pêches
Statistiques Immatriculation
1993 - 1996 des embarcations
2010 - 2012
Pêcheurs/ Coopératives
Syndicat Régional
Coordonnateur
Syndicat National
26
Gestion des pêches
Dans ses activités liées à la pêche, la Direction s’appuie sur des financements extérieurs. La première
base de données statistiques des pêches aux thons a été réalisée en 1994 dans le cadre du projet
régional de développement des pêches thonières dans l’océan indien. Elle a été réactualisée en
2004 dans le cadre du projet régional de marquage des thons dans l’océan Indien. Pour la base des
données de pêche toutes ressources confondues, la première base de données est en cours de
finalisation et sortira en mai prochain avec un financement du projet régional de développement des
pêches dans le Sud-Ouest de l’océan Indien (SWIOFP). Concernant l’immatriculation des vedettes,
elle est en cours de réalisation dans le cadre du projet de mise en place du plan régional de contrôle
des pêches dans le Sud-Ouest de l’océan Indien. Théoriquement entre 2004 et 2011/2012, la
Direction n’a pas disposé de données réelles, chiffrées et fiables pour gérer ce secteur.
Du côté de la profession, les pêcheurs artisanaux sont regroupés en coopératives au niveau des
villages, les premières ayant été créées en 1992 et formalisées à partir de 2000. Elles sont toutes
regroupées dans le Syndicat régional de Ngazidja ou Grande Comore, créé en 1993. Au niveau
national, l’Organisation pour le Développement de la Pêche aux Comores (ODPC) est naît en 1993.
A cause de sa confusion avec le Syndicat régional de la Grande Comore, il a été réorganisé et
renommé en 2004 en Syndicat National pour le Développement de la Pêche aux Comores (SNDPC)
mais n’a été effectif qu’en 2009. Il regroupe les Syndicaux régionaux des 3 îles formant l’Union des
Comores (Grande Comore, Anjouan et Mohéli). Il est l’interlocuteur privilégié de l’Administration des
pêches en matières de gestion et de réglementation du secteur, d’actions de développement des
pêches, de la répartition des dons ou de tout ce qui concerne les pêches. Ces syndicats sont encore
mal organisés et les conflits internes sont nombreux si bien que les projets de développement des
pêches qu’ils préparent et qu’ils soumettent à la Direction des pêches pour financement venant
des partenaires extérieurs ou du FODEP ne répondent le plus souvent pas aux besoins réels des
pêcheurs, à l’exemple de la mal répartition des dons en équipements de conservation tant criée
par les pêcheurs dans les villages. De plus, les informations ne circulent pas entre ces 3 structures
socioprofessionnelles.
Toutes les coopératives, qui au final ont pour principal but la sécurité en mer des pêcheurs, ne sont
pas non plus au même niveau d’organisation. Dans les 11 villages visités, la coopérative de Chindini
et celle d’Hantsindzi sont les plus actives et les plus organisées dans la gestion des activités de
leurs pêcheurs et des équipements reçus et dans l’application des mesures de sécurité définies
pour les sorties en mer.
A l’inverse, les coopératives des villages de la côte Centre-Est sont complètement passives. Leurs
pêcheurs ne sont même pas au courant de la Loi sur la pêche, bien qu’il soit vrai qu’en majorité ils
sont piroguiers et l’accessibilité de cette zone soit plus difficile avec une route goudronnée certes
mais très abîmée. De la part de la Direction qu’ils ignorent et qui ne les reconnaît pas d’après
eux, ils n’ont obtenu que des DCP côtiers alors qu’ils ravitaillent en poissons toute la zone Est, du
Nord de l’île jusqu’au Nord de Foumbouni. Cette ignorance de la Direction des pêches n’est pas
spécifique à cette zone mais généralisée chez tous les pêcheurs des villages en dehors de ceux
qui sont proches de la capitale Moroni. Ce qui montre que même au niveau des coopératives les
informations ne circulent pas non plus entre l’ensemble des pêcheurs et leurs représentants au
niveau des syndicats.
De gros efforts d’organisation et de gestion de ces structures sont nécessaires dans la mesure
où elles sont capitales dans la co-gestion du secteur, avec une Direction des pêches qui n’a pas
suffisamment de moyens pour suivre les activités des nombreux villages de pêcheurs dispersés à
travers le territoire. De plus, au niveau des villages des lois traditionnelles et coutumières, acceptées
par tous car imposées par les comités des Sages constitués par les pêcheurs âgés et connaissant
bien le métier (photos 13 et 14), sont déjà appliquées pour protéger leurs ressources et leurs zones
de pêche. Ces lois traditionnelles méritent d’être étudiées pour être prises en compte dans les textes
règlementaires.
La pêche a été toujours considérée comme une sous composante de l’agriculture dans le grand
Ministère de la Production et n’a pas de ce fait eu des possibilités de développement concret. Le
29 août 2007, le secteur de la pêche a été doté d’un cadre politique et juridique spécifique grâce à
la promulgation de la Loi N°07-011/AU portant code des pêches et de l’aquaculture de l’Union des
Comores, après une forte sensibilisation et concertation avec les pêcheurs. Cette loi est générale
et a été élaborée en harmonisation avec ce qui se fait généralement dans les autres pays du Sud-
Ouest de l’océan Indien dans lesquelles les activités de pêche sont plus développées ou du moins
les organisations sont plus élaborées. Néanmoins, les orientations futures de développement de la
pêche y sont tracées.
En particulier, la licence de pêche artisanale donc motorisée y est introduite mais n’a pas encore été
appliquée depuis, d’une part du fait qu’une grande majorité des pêcheurs disent qu’ils ne sont pas
au courant malgré cette sensibilisation et d’autre part la Direction ne peut encore l’appliquer faute
de textes d’application (décrets et arrêtés) soutenant les différentes dispositions de cette loi. Les
pêcheurs artisanaux se disent favorables au paiement de cette licence si celle-ci constituerait une
assurance garantissant leur sécurité en mer et donc attendent en retour de la part de la Direction
des pêches un appui en équipements de sauvetage aux coopératives (GPS, vedettes rapides,
importation et mise sur le marché de matériels de sécurité à bord à prix détaxés qui n’existent pas
encore au niveau du pays…) et un appui fort, réel et concret dans les actions de recherche des
pêcheurs déclarés perdus en mer.
A côté de cette loi, dans certains villages les pêcheurs ont déjà pris l’initiative d’appliquer des
mesures de protection de leurs ressources et de leurs zones de pêches telles que:
28
4
Les differents problèmes rencontrés par les pêcheurs et leurs propositions de resolution
Techniques de pêche Ignorance des autres Formation dans le cadre Information et formation
techniques de pêche du futur projet QATAR des pêcheurs en d’autres
plus efficaces pour techniques de pêche
diversifier et augmenter
les captures
Engins de pêche Non disponibilité des Ancien projet de la Direc- Création de centrales
matériels dans les tion chargée des pêches d’achats de matériels
villages en dehors de la dans la mise en place de pêche au niveau de
Capitale des centrales d’achat chaque site
Qualité des produits Produits insalubres livrés Octroi de débarcadères Meilleure répartition des
à la population et d’équipements de dons en équipements
conservation (Projets de de conservation sur la
Rejet des produits 1990 et 2006-2010) base des informations
invendus surtout en actualisées et des
période de bonne saison Participation propositions de projet des
de pêche financière dans coopératives
l’achat d’équipements
Insuffisance d’énergie complémentaires et dans Augmentation des
électrique dans les leur gestion d’utilisation capacités des chambres
villages/villes des froides avec la
pêcheur Création des sociétés participation financière
privées de pêche, de des coopératives
collecte et d’exportation
des produits halieutiques Formations en technique
en cours de conservation des
produits
Actions politiques
gouvernementales
Octroi de groupes
électrogènes avec
participation financière
des coopératives
32
Les differents problèmes rencontrés par les pêcheurs et leurs propositions de resolution
Sensibilisation et informa-
tion soutenue des pêch-
eurs et des organisations
socio-professionnelles
Sécurité en mer Disparition en mer de Plusieurs projets financés Mise en place d’un
plusieurs pêcheurs par les bailleurs de fonds système adéquat de
artisanaux qui n’ont pas abouti sécurité en mer avec
sensibilisation et
Actions de recherche de formation des pêcheurs
l’Etat au niveau régional
Octroi de GPS
V. RECOMMANDATIONS
Les différentes recommandations qui suivent sont tirées des propositions des pêcheurs en tenant
compte des problèmes qu’ils rencontrent quotidiennement dans l’exercice de leur métier et compte
tenu du diagnostic réalisé sur l’organisation des pêches sur la Grande Comore. En effet, les
informations techniques et statistiques sur la pêche aux Comores sont encore lacunaires et les
pêcheurs ne détiennent pratiquement pas de connaissance empirique sur leurs ressources et sur
leurs zones de pêche.
Recommandation 1
L’union des Comores devrait en premier lieu élaborer un plan d’aménagement et de gestion des
pêcheries qui doit notamment établir un bilan de l’exploitation des principales pêcheries, définir les
objectifs et les priorités d’aménagement et de gestion pour chaque pêcherie, et pour laquelle spécifier
le volume admissible et le niveau de l’effort de pêche. Ce plan d’aménagement et de gestion doit
être adopté par arrêté du Ministre en charge de la pêche. Les données collectées actuellement par
le service des pêches en vue de l’établissement des données techniques et statistiques des pêches
pourraient aider à son élaboration. De plus, une formation des pêcheurs en mode de remplissage
de cahiers de captures et de vente facilitera le travail de la Direction des pêches dans le suivi de la
production halieutique et donc dans la collecte de données fiables.
Recommandation 2
Ce plan d’aménagement et de gestion, qui sera régulièrement mis à jour, nécessite la programmation
de missions de recherche scientifique et technique que l’INRAPE peut mener de façon périodique. Au
fur et à mesure, les résultats de recherche devraient tenir compte des connaissances des pêcheurs,
une fois ces derniers informés et formés en notion de biologie et d’écologie des ressources marines
qu’ils exploitent et des habitats dans leurs zones de pêche habituelles, étant donné qu’ils sont tous
les jours sur ces lieux et voient l’évolution de ces écosystèmes.
Recommandation 3
Pour l’application de la loi en vigueur actuellement et qui a introduit la licence de pêche artisanale,
un décret sur les conditions d’exercice de la pêche à bord des embarcations motorisées et la
préservation des organismes et des écosystèmes devrait être élaboré à partir de la base de données
qui sortira prochainement. Il devrait préciser notamment:
- les zones de pêche délimitées pour chaque village de pêcheurs. Au niveau des villages, les
pêcheurs ont défini leur espace maritime dans lequel les pêcheurs des villages voisins ne peuvent
utiliser certains engins de pêche (filet, lamparo…). Elles peuvent donc être statuées pour éviter
des conflits entre les pêcheurs, bien que pour l’instant ces conflits ne soient pas encore déclarés.
- les caractéristiques des embarcations, des engins de pêche et leurs dispositifs,
- les engins et les modes de pêche prohibés (substances toxiques, dynamites….), et y inclure, après
analyses approfondies, les mesures d’interdictions déjà appliquées localement par conventions
villageoises (filets, lamparo…),
- les tailles minimales de capture des espèces d’organismes notamment celles récifales (langoustes,
céphalopodes…),
La production actuelle des pêcheurs en vedette est en totalité destinée pour la consommation
nationale. Il devrait être spécifié dans ce même décret ci-dessus que :
- les produits de pêche mis sur le marché doivent être salubres, de qualité marchande, et non
nocifs pour les consommateurs,
- la commercialisation des produits halieutiques avariés est interdite. En effet, des produits
congelés, décongelés et à nouveau recongelés se retrouvent souvent sur les étals aux poissons
après 3-4 jours,
- tout exploitant (revendeuses, pêcheurs, transporteurs) est tenu de respecter et d’appliquer les
mesures d’hygiène et de salubrité des produits de pêche destinés à la consommation.
Recommandation 5
Un autre décret fixant les modalités et les conditions d’octroi de l’autorisation de mise en exploitation
des vedettes et de délivrance de licence de pêche ainsi que les conditions de suspension ou de
retrait de licence (motifs liés au plan d’aménagement et de gestion, à la diminution imprévisible des
stocks exploités, au non respect de la réglementation dont la fourniture des données de captures
….) devrait être élaboré. Son élaboration sera appuyée par l’inscription des vedettes sur un registre
qui est une condition nécessaire à l’obtention de la licence. L’immatriculation de ces vedettes est
en cours actuellement par les inspecteurs du SNCSP qui, pour une meilleure coopération des
pêcheurs, devraient être munis d’une carte professionnelle délivrée par le SNCSP ou le Ministère
en charge de la pêche. Les pêcheurs en vedette sont pour la plupart favorables au paiement d’une
licence de pêche, encore faut-il leur expliquer les buts et l’utilisation des redevances perçues. Pour
le moment, ils pensent qu’elles serviront spécifiquement à leur assurance liée au problème de
sécurité en mer qui constitue leur premier souci.
Recommandation 6
Recommandation 7
Les Comores dispose d’organisations professionnelles de la pêche à tous les niveaux (villages,
région et national). Toutes, elles ont besoin d’être restructurées et formées en gestion financière et
organisationnelle afin qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle fondamental dans la cogestion de
la pêche avec l’Administration dont les moyens humains, techniques, financiers sont très limités.
36
Recommandations
Ces formations doivent s’inspirer des modalités appliquées par les coopératives de Chindini et
d’Hantsindzi qui, actuellement, fonctionnent assez bien. Le renforcement de l’organisation de ces
structures, de la cohésion et de la collaboration en leur sein, de leur collaboration avec la DGRH et de
l’INRAPE et de leur ouverture sur l’extérieur, notamment leur collaboration avec les opérateurs de la
Région de l’océan indien assurera le développement des pêches aux Comores. Pour y parvenir des
concertations franches devraient être renforcées et soutenues entre les pêcheurs et l’Administration
pour pouvoir mettre en place une véritable cogestion des pêches.
Recommandation 8
Le fonds de Développement de la Pêche (FODEP), alimenté par les accords de pêche industrielle et
par les licences de pêche artisanale, est suivant son décret d’application réservé au développement
de la petite pêche. La gestion de ce fonds devrait être transparente, impartiale pour répondre aux
besoins réels des coopératives des pêcheurs, dont les niveaux d’organisation ne sont pas les
mêmes, en matières de :
- formation en nouvelles techniques de pêche pour diversifier et augmenter les captures et les
rendements de pêche,
- formation en traitement et conservation des produits pour éviter les énormes pertes post-captures
et l’importation de produits halieutiques, ainsi qu’en qualité des produits pour offrir des produits
salubres aux consommateurs nationaux,
- formation en gestion financière et organisationnelle des structures professionnelles en place,
- appui aux équipements de conservation sur les sites de débarquement et aux constructions des
débarcadères dans les sites non encore pourvus,
Recommandation 9
La pêche artisanale aux Comores a débuté depuis plus de deux décennies. Cependant, son plein
développement n’est pas encore atteint alors que les ressources sont encore abondantes et le
milieu marin et côtier n’est pas encore perturbé, à l’exception de celui de la Capitale qui mérite
une vérification et un suivi. Ses acteurs nécessitent de gros efforts de formation et surtout d’appuis
de la part du gouvernement concernant les intrants nécessaires tels que les outils de travail, le
carburant, les équipements de sécurité qui sont soit très chers, soit non disponibles au niveau du
pays et doivent être importés. La mise sur le marché national de ces intrants et l’exonération du
carburant et des équipements importés devraient être débattues et étudiées en concertation avec
les responsables des ministères concernés et les syndicats des pêcheurs. L’administration des
pêches devrait également favoriser l’installation de sociétés nationales de collecte et d’exportation
pouvant absorber le surplus de captures des pêcheurs artisanaux, notamment pendant les périodes
de haute saison de pêche et à des prix plus avantageux pour les pêcheurs.
Recommandation 10
Ces recommandations sont tirées des résultats de diagnostic réalisé au niveau de l’île de la Grande
Comores avec la participation active des pêcheurs des villages enquêtés. Pour pouvoir mettre en
place des actions d’amélioration de l’organisation des pêches comoriennes au niveau national, il est
nécessaire de les compléter et de les harmoniser avec les informations recueillies au niveau des
deux autres îles, Anjouan et Mohéli, d’autant plus que les organisations des pêcheurs artisanaux
et les types de pêcheries de ces îles peuvent être différents. En effet, dans ces deux autres îles les
milieux marins et côtiers présentent des écosystèmes récifaux et de mangroves plus développés
qu’à la Grande Comores et les ressources exploitées sont de ce fait plus diversifiées.
Durant cette mission à la Grande Comores, trois (3) inspecteurs du SNCSP ont participé à toutes les
enquêtes réalisées au niveau des villages/sites de débarquement et à des enquêtes des pêcheurs.
38
6
Conclusions
VI. CONCLUSION
Le diagnostic de la pêche à la Grande Comore a été réalisé grâce à des enquêtes menées par
interviews collectives dans des villages/sites de débarquement répartis autour de l’île et auprès
de quelques pêcheurs individuels. Les informations sont complétées et recoupées grâce à des
discussions avec les responsables des différents départements concernés par la pêche du grand
Ministère de la Production, de l’Environnement, de l’Industrie, de l’Energie et de l’Artisanat qui est
en charge de la pêche. Les informations recueillies dans les 11 villages/sites de débarquement
et auprès des 11 pêcheurs individuels ont couvert près de 60 à 70 % des activités de pêche à la
Grande Comore.
A la Grande Comore, la pêche est réalisée à pied, à bord de pirogues monoxyles à balanciers,
et à bord de vedettes équipées de moteur hors-bord de puissance inférieure à 25 CV. Toute la
production est destinée à la consommation nationale et est écoulée à l’état frais suivant un circuit
de commercialisation court (pêcheurs – revendeuses - consommateurs). La pêche à bord des
vedettes est la plus pratiquée mais elle n’est pas encore bien organisée, faute de moyens adéquats
et disponibles et de professionnalisme des pêcheurs, malgré les appuis de l’administration en
matières de formation, d’équipements de conservation et de lignes de crédit au niveau des agences
de microfinance, à travers les nombreux projets de développement appuyés par ses partenaires
techniques et financiers et par le Fonds de Développement de la Pêche ou FODEP, alimenté par
les accords de pêche industrielle dans la ZEE comorienne. Par ailleurs, la Direction Générale
des Ressources Halieutiques (DGRH), gestionnaire des ressources marines dont halieutiques ne
dispose pas de bases de données historiques de la pêche, ni de données à date pour préparer son
plan d’aménagement et de gestion.
Pourtant, les Comores ont des atouts intéressants pour développer ce secteur :
- des ressources marines et halieutiques qui sont jugées encore abondantes et diversifiées grâce
aux écosystèmes récifaux et de mangroves considérés en bonne santé car non pollués, et des
espèces migratrices du large,
- des organisations professionnelles de pêcheurs à tous les niveaux : coopératives au niveau
des villages, syndicat régional au niveau des 3 îles et syndicat national, pouvant participer à la
cogestion du secteur avec l’administration dont les moyens humains, techniques et financiers
sont dérisoires. Cependant, ces organisations ne sont pas encore suffisamment organisées et
nécessitent des formations notamment en gestion financière et organisationnelle,
- une majorité de jeunes pêcheurs dans les villages travaillant avec des pêcheurs âgés connaissant
bien le métier et pouvant les orienter dans l’amélioration de leurs activités,
- un cadre politique et juridique grâce à la promulgation en 2007 de la Loi portant sur les codes
de la pêche et de l’aquaculture, qui nécessite l’élaboration de nombreux textes règlementaires en
concertation avec les acteurs du secteur pour son application effective,
- au niveau des zones de pêche, l’application effective des conventions villageoises interdisant
l’utilisation des engins de pêche destructeurs pour la protection des ressources et des habitats.
Ces atouts devraient être améliorés et exploités en concertation entre tous les acteurs afin de
résoudre les problèmes et les contraintes que rencontrent quotidiennement les pêcheurs dans leurs
activités, d’améliorer les conditions de vie des pêcheurs et de leurs foyers ainsi que leur sécurité en
mer, de satisfaire les besoins de la population en produits de qualité et d’aboutir à un développement
durable de la pêche pour les générations actuelles et futures.
Les recommandations tirées de ce diagnostic réalisé avec les pêcheurs eux mêmes devraient être
complétées et harmonisées avec celles obtenues à partir des informations sur la pêche des îles
d’Anjouan et de Mohéli, qui constituent avec la Grande Comore l’Union des Comores, afin qu’elles
aient une portée nationale et soient applicables sur l’ensemble du territoire.
ANNEXES .................................................................................................................................... i
i
Annexe 1 : Formulaire d’enquête -Village/Site de débarquement
a- Nom du Village/Site
Nom du Quartier ________________ Commune ________________
Région______________
b- Accessibilité du Village/Site
Par route : __ ; Toute l’année : __ ; Saisonnière : de ______ à ______
Par mer : __ ; Toute l’année : __ ; Saisonnière : de ______ à ______
Remarques :
c- Pour les immigrés, quand est-ce qu’ils ont commencé à s’installer sur ce site ?
Année _______
d- Avant de s’installer sur ce site, quelles étaient leurs activités et où ils les ont
exercées?
Remarques :
3. ACTIVITES DE PÊCHE
b- Lieux de pêche :
Lieux de pêche Totalité Majorité Moitié Minorité Distance/ Durée du
rapport au site trajet (en h)
(en km)
1. Mer-large
2. Littoral
3. Récif
4. Lagon
5. Mangrove
6. DCP côtiers
7. DCP large
8.
Remarques :
c- Périodes de pêche :
Pêchent-ils toute l’année ? Oui ___ Non ___
Si Non en quelles périodes ?
iv
3. Récif __ __ __ __
4. Lagon __ __ __ __
5. Mangrove __ __ __ __
6. DCP côtiers __ __ __ __
7. DCP large __ __ __ __
8. __ __ __ __
2. Palangrotte
3. Ligne de
traîne
5. Harpon
6. Filet
7. Pièges à
poissons
8.
Remarques :
Les produits sont vendus par : le pêcheur lui-même ___ ; sa femme ___ ; un membre
de sa famille ___
Si Oui :
1. Comment? Voiture ___ ; Vedette ___ ; Pirogue ___ ; A pied ___
2. Où?
vii
- Culture
maraîchère
- Culture de
manioc
- Culture de riz
- Culture de -
- Elevage Bovin
- Elevage Caprin
- Elevage Volailles
- Elevage -
- Vannerie
-
-
Remarques :
2-
3-
.Accès à la pêche
1-
2-
3-
.Outils de pêche
1-
2-
3-
.Qualité produits
1-
2-
.Commercialisation
1-
2-
viii
.Sécurité en mer
1-
2-
.
1-
2.
Remarques spécifiques :
-Avec le Syndicat/les
Coopératives
-
ix
-Entre pêcheurs et
revendeuses/collecteurs
-Entre les revendeuses
b-
c-
2. Embarcations
a-
b-
c-
3. Engins de pêche
a-
b-
c-
4. Techniques de pêche
a-
b-
c-
5. Ressources
a-
b-
c-
6. Milieux récifaux
a-
b-
c-
7. Mangroves
x
a-
b-
c-
8. Forêts littorales
a-
b-
c-
9. Socio
organisationnelles
a-
b-
c-
10. Administration
a-
b-
c-
11. Gestion/Cogestion
a-
b-
c-
12.
a-
b-
c-
xi
GUIDE DE REMPLISSAGE DU FORMULAIRE D’ENQUETE-VILLAGE/SITE
DE DEBARQUEMENT
Pour mener les enquêtes, des interviews collectives d’un groupe de 10 pêcheurs environ par
site seront réalisées. L’objectif de ce guide est d’orienter l’enquêteur dans le remplissage des
différentes rubriques du formulaire. Un formulaire sera rempli pour chaque village/site de
débarquement.
0. Pour les interlocuteurs (1à10) : mettre les noms et les fonctions des enquêtés.
3. Activités de pêche
a- Remplir le tableau et axer les remarques sur les principaux problèmes rencontrés dans
la pratique de ces techniques de pêche (conflits en zones de pêche, manque de formation,
disponibilité en matériels ….),
b- Remplir le tableau. Durée du trajet en h (pirogue, si le pêcheur est piroguier) en h
(vedette, si le pêcheur utilise une vedette pour ses sorties de pêche). Axer les remarques sur les
problèmes de sécurité en mer, sur l’entretien des DCP….),
xii
c- Répondre aux questions. Remplir le tableau : dans la deuxième colonne mettre « O »
si le pêcheur pêche toute l’année, « N » s’il pêche de façon saisonnière et indiquer la période
(de quel mois à quel mois). Axer les remarques sur les problèmes de disponibilité des
ressources, la dégradation du milieu, leurs connaissances empiriques sur ces ressources
(périodes de ponte, tailles, richesse en espèces cibles) ….. Noter également si les pêcheurs
opèrent sur plusieurs lieux de pêche et les raisons,
d- Remplir le tableau. Mettre le nombre total des engins dans tout le village. Mettre le
nom du premier ou principal produit/espèce cible et les noms des produits/espèces
secondairement capturés. La période d’utilisation de l’engin : de quel mois à quel mois de
l’année,
e- Remplir le tableau (les prix indiqués par les pêcheurs devront être vérifiés après par
l’enquêteur au niveau des centres ou magasins d’achat). Axer les remarques sur la
disponibilité d’achat local des matériels de pêche, les problèmes de répartition des dons, les
possibilités d’emprunt à la banque ou dans des agences de micro crédit,
f- Remplir le tableau. Axer les remarques sur la répartition des charges (carburant et
huile pour le cas des vedettes) et des entretiens des embarcations entre le nombre de pêcheurs
à bord lors de la sortie de pêche ainsi que la répartition des captures obtenues,
g- Remplir le tableau et axer les remarques sur les problèmes de répartition des dons, la
disponibilité des embarcations localement et leurs coûts d’achat, la disponibilité du bois pour
la construction des pirogues et l’existence de chantier naval dans le village….,
h- Remplir le tableau. 1 : le premier ou le principal produit/espèce ciblé, le plus capturé
et donc le plus rencontré lors du débarquement des captures au retour de pêche; 2,3, 4,….pour
les produits/espèces secondairement capturés et selon leur importance dans les captures. Axer
les remarques sur les connaissances empiriques des pêcheurs sur les ressources (biologie et
écologie des ressources, leurs milieux….) et leur tendance (richesse, taille, disparition de
certaines espèces et les causes, production/sortie…). Noter également si le classement varie
suivant les saisons, si les pêcheurs tiennent un cahier de captures et de vente, et s’il existe une
entité de collecte statistique des données de production (au niveau des Coopératives, du
Syndicat, du Département ministériel en charge de la pêche….).
4. Commercialisation
xiii
a- Remplir le tableau. Noter si pour un type de produit il existe plusieurs présentations et
plusieurs destinations. En remarques, noter les pourcentages par rapport aux captures
journalières,
b- Remplir le tableau. Noter le nombre total des équipements dans tout le village/site.
Axer les remarques sur la gestion des équipements (individuels, communs?), les conflits
d’utilisation, la qualité des produits conservés ou traités, les problèmes rencontrés…..
xiv
Annexe 2 : Formulaire d’enquête - Pêcheur
ENQUETE - PECHEUR
Nom de l’enquêteur : _______________________________ Date d’enquête _ _ _ _
__
Nom du Village/Site de débarquement :
_______________________________________________
Nom du Pêcheur et son activité de pêche1 :
_____________________________________________
Propriétaire d’embarcations
a- Le pêcheur est propriétaire : Oui ___ Non ___
Si Oui, Types d’embarcation : ___________________ ________________
__________________
Nombre dans son foyer: __________________ _________________
_______________________
Si Non, A qui appartient l’embarcation utilisée :
_______________________________________
b- Combien de personnes sont - à bord de la pirogue pour une sortie de pêche : ____
- à bord d’une embarcation motorisée : ____
2010/2011
Taille9 1990 2000 Bonne saison Mauvaise
saison
Petit (cm)
Moyen ( m)
Gros ( m)
Poissons
a- Espèces/types de produits principalement capturés en 1990
1 __________________________________________________________________
___
2 __________________________________________________________________
___
3 __________________________________________________________________
__
4 __________________________________________________________________
___
xxi
4 __________________________________________________________________
___
d- Espèces /types de produits capturés dans le passé et qui n’existent plus ou peu
actuellement
1 __________________________________________________________________
___
2 __________________________________________________________________
___
3 __________________________________________________________________
__
4 __________________________________________________________________
___
Coelacanthes :
Requins :
Dugongs :
Tortues marines :
Mangroves :___________________________________________________________
_____________________________________________________________________
__________________
Lagons :______________________________________________________________
_____________________________________________________________________
__________________
a- Destination
Destination BONNE SAISON MAUVAISE SAISON
xxiii
Nombre %captures Prix de Nombre %Captures Prix de
vente vente
Autoconsommation
Vente au site de
débarquement
Vente au marché
Vente aux
Revendeuses
Vente aux
Collecteurs
Vente aux hôtels
- 100 % - - 100 % -
b- Commercialisation
Présentation des produits Pourcentage des ventes Prix de vente
1. Frais (sous glace)
2. Congelés
3. Fumés
4. Séchés
5. Fumés séchés
6.
- 100 % -
a- Destination
Destination BONNE SAISON MAUVAISE SAISON
Nombre %captures Prix de Nombre %Captures Prix de
vente vente
Autoconsommation
Vente au site de
débarquement
Vente au marché
Vente aux
Revendeuses
Vente aux
Collecteurs
Vente aux hôtels
- 100 % - - 100 % -
b- Commercialisation
Embarcations
Ressources
Milieux (récifs,
mangroves…)
Emprunts pour
l’achat des outils de
pêche
xxv
Accès à la ressource
Sécurité en mer
Débouchés
Conflits entre
pêcheurs
Conflits avec
Administration
Textes
règlementaires
L’objectif de ce guide est d’orienter l’enquêteur dans le remplissage des différentes rubriques
du formulaire. Les informations tirées de l’enquête-Village permettent de cibler les pêcheurs à
interviewer individuellement, selon leurs catégories (pêche à pied, pêcheur piroguier, pêcheur à
bord de vedette, pêcheur aux DCP…), leurs techniques de pêche, les ressources principalement
ciblées, leur production par sortie de pêche, leur adhésion à une coopérative ou au
syndicat…Pour chaque type de pêcheur retenu, 2 à 3 pêcheurs seront interviewés. Les
informations recueillies individuellement auprès de ces pêcheurs préciseront davantage celles
obtenues par l’enquête – Village et donneront une image plus précise des activités de pêche
aux Comores, permettront de mieux connaître les problèmes qu’ils rencontrent dans l’exercice
de leur métier et surtout elles pourront apporter des éléments capitaux pour améliorer les outils
de gestion des pêches comoriennes.
xxvi
1.1. Composition du ménage du pêcheur : Remplir le tableau et si le pêcheur est à temps
plein son occupation1 est la pêche. S’il est à mi-temps car il est salarié d’une entreprise par
exemple et n’exerce la pêche qu’après son travail, mettre en occupation 1 son principal travail
et en occupation 2 la pêche. La catégorie « Salarié » est ici un salarié qui travaille dans le
ménage du pêcheur (gardien, la femme de ménage….),
1.2. Activités agricoles du ménage : Remplir le tableau.
1.3. Activités d’élevage du ménage : Remplir le tableau.
1.4. Autres activités du ménage : Remplir le tableau, mettre pour la période le nombre de
mois par an.
xxvii
6. Rendement sur les espèces cibles (2010-2011)
Remplir le tableau. La pêche artisanale peut être une pêche multi engins et multispécifique et
les espèces cibles ou les plus capturées varient suivant les saisons de pêche : bonne ou
mauvaise saison à noter de quel mois à quel mois.
Pour la production, le pêcheur peut avoir son cahier de captures et de vente, on peut alors s’y
référer, sinon le pêcheur donne une estimation de sa production journalière (ou peut être par
semaine: sem). De plus, leurs unités peuvent être par seau ou autre contenant qu’il faudrait
convertir en poids universel (kg ou tonnes) et en poids vifs.
7. Périodes d’état ové des espèces cibles
Calées avec les informations de la littérature, les connaissances empiriques des pêcheurs sur les
ressources qu’ils exploitent dans leurs zones de pêche permettront de définir les périodes de
fermeture ou d’ouverture des pêches dans les textes règlementaires en fonction des périodes de
reproduction de chaque espèce pêchée. Axer les remarques sur les suggestions des pêcheurs
quant aux périodes de fermeture des pêches, les possibilités de mise en place des réserves
temporaires tournantes ou aires marines protégées avec un No take zone ;
xxix
Annexe 3 : Itinéraires et actions réalisées durant la mission du 6 au 23 Mars
2012
xxxi
Annexe 4 : Liste des personnes rencontrées
Ahmed Said Soilini Chef de service des Pêches Direction Générale des (269) 335 30 28
(M. Jojo) Ressources Ahmed_ndevou@ya
Halieutiques hoo.fr
Ajax Responsable juridique Ministère de la
Production, de
l’Environnement, de
l’Industrie et de
l’Artisanat
Said Boina Coordinateur du Centre Direction Générale des saidboina@hotmail.
National de Contrôle et de Ressources halieutiques com
Surveillance des Pêches
Asnaoui Mohadji Directeur Général Institut National de la mohadjiasnaoui@ya
Recherche pour hoo.fr
l’Agriculture, la Pêche
et l’Environnement
Issimaila Mohamed Directeur Général Adjoint Institut National de (269) 333 11 02
Recherche pour Issimaila2002@yah
l’Agriculture, la Pêche oo.fr
et l’Environnement
Ahmed Abdoulkarim Responsable des données Centre National de la
océanographiques Documentation et de la
Recherche Scientifique
Mahamoud Faissoil Président Directeur Général Société COMPECHE (269) 773 23 39
Père egt@comoresteleco
m.km
Mahamoud Faissoil Directeur Commercial Société COMPECHE (269) 334 50 36
Fils mfaissoil@gmail.co
m
Hassani Himidi Président Coopérative des
pêcheurs de Moroni
xxxii
Badroudine Ahamada Président Syndicat National pour (269) 325 23 65
le Développement de la
Pêche aux Comores
Mohamed Attoumane Coordinateur Syndicat National pour papafoundi@yahoo.
le Développement de la fr
Pêche aux Comores
Soulé Amad Vice Président Syndicat National pour
le Développement de la
Pêche aux Comores
Mouhadji Mohamed Président Coopérative Fedinza- (269) 329 24 21
Soilihi Pêche d’Hantsindzi
Hadadi Abdillah Secrétaire Coopérative Fedinza- (269) 777 10 95
Pêche d’Hantsindzi
Mme Jérômine Kompé Assistante administrative et Commission de (230) 427 7281
Fanjanirina financière du programme l’Océan Indien Jeromine@fanjaniri
Plan régional Surveillance na@coi-ioc.org
des Pêches dans le Sud-Ouest
de l’Océan Indien
Anli-Ybniz Soidri Chef des opérations du Direction Générale des (269) 325 76 88
Matoir Centre National de Contrôle Ressources halieutiques ybniz3@yahoo.fr
(Accompagnateur) et de Surveillance des Pêches
Kamal Thabiti Inspecteur au Centre Direction Générale des thabitik@yahoo.fr
(Accompagnateur) National de Contrôle et de Ressources halieutiques
Surveillance des Pêches
Mohamed Ali Inspecteur au Centre Direction Générale des (269) 325 64 22
Mohamed National de Contrôle et de Ressources halieutiques Rachad_ali@yahoo.
(Accompagnateur) Surveillance des Pêches fr
xxxiii
Annexe 6 : Termes de référence du chef de mission et de la statisticienne
Les Comores ne disposent pas encore d'un cadre réglementaire complet pour la gestion de leurs
pêcheries. Afin de développer ultérieurement les arrêtés et décrets qui pourraient être
nécessaires, il faudra d'abord procéder à une estimation des besoins. Faute de disposer de
résultats de recherche sur les stocks et leur état, il s'agira d'organiser un dialogue avec les
pêcheurs pour identifier l’état des ressources et les problèmes de gestion des pêches, ainsi que
les solutions possibles et préconisées.
Une approche enquête sera poursuivie dans environ 25% des sites de débarquement sur l’île de
Grande Comores. Il en ressortira une autoévaluation par les pêcheurs :
Le consultant développera sur cette base un questionnaire pour interview collective (petits
groupes de 10 pêcheurs environ par site); procèdera au test de ce questionnaire sur au moins
trois sites; effectuera l'enquête sur la Grande Comores; et procèdera à l'exploitation des
résultats, avec l’appui d’un statisticien.
Un rapport sera préparé qui comprendra les résultats des enquêtes et des recommandations
(dont une proposition technique pour l'extension de ce travail à l'ensemble des îles).
xxxiv
Termes de référence de la statisticienne
Auto-évaluation des pêches comoriennes par les pêcheurs
Les Comores ne disposent pas encore d'un cadre réglementaire complet pour la gestion de leurs
pêcheries. Afin de développer ultérieurement les arrêtés et décrets qui pourraient être
nécessaires, il faudra d'abord procéder à une estimation des besoins. Faute de disposer de
résultats de recherche sur les stocks et leur état, Il s'agira d'organiser un dialogue avec les
pêcheurs pour identifier les l’état des ressource et les problèmes de gestion des pêches, ainsi
que les solutions possibles et préconisées.
Une approche enquête sera poursuivie dans environ 25% des sites de débarquement sur l’île de
Grande Comores. Il en ressortira une autoévaluation par les pêcheurs :
Un rapport sera préparé qui comprendra les résultats des enquêtes et des recommandations
(dont une proposition technique pour l'extension de ce travail à l'ensemble des îles).
xxxv
Blue Tower, 5th
Tel: (+230) 402 6100 Fax: (+230) 465 7933