Communication lors des Journées régionales de l’archéologie des Hauts-de-France 2019, le vendredi 22 novembre à 14h15. Cette présentation est issue des données de "sortie de terrain", la fouille venant de s’achever deux mois avant la...
moreCommunication lors des Journées régionales de l’archéologie des Hauts-de-France 2019, le vendredi 22 novembre à 14h15.
Cette présentation est issue des données de "sortie de terrain", la fouille venant de s’achever deux mois avant la communication.
Suite au projet de la réhabilitation de la Ba103, un diag a été réalisé 2017 sous la dir. de É. Panloups, pour le Service archéo 62. Il a permis de mettre en évidence la présence de vestiges funéraires dans le secteur 2 de la tr. 1, attribués aux périodes : de La Tène ancienne/début Tène moyenne ; à La Tène finale ; et de l'époque augustéenne au IIe s. de n.è. Le SRA des H-de-F a prescrit la réalisation d’une fouille archéologique préventive préalable aux travaux sur ce secteur effectués par la BT immo.
Lors de la réalisation de la 1ere tranche de fouilles entre juillet et novembre 2018 sur l’emprise d’une nécropole d’origine gauloise ayant perduré au H-E, des tombes romaines à chambres souterraines avaient été découvertes. Afin de réaliser l’étude de ces structures particulièrement rares en raison de la difficulté de leur identification et du statut privilégié des inhumés, le Sra a prescrit une fouille complémentaire pour découverte exceptionnelle. Cette dernière s’est déroulée durant les mois de septembre et octobre 2019.
Des découvertes riches et variées :
Le secteur est regroupe une douzaine de tombes à résidus de crémations accompagnées de vases et d’objets métalliques, ainsi que quelques structures sans dépôt. Un monument funéraire partiellement conservé a été mis en évidence, il se caractérise par l’aménagement d’une structure fossoyé en « L » et plusieurs trous de poteaux. Il abrite une tombe à résidus de crémation de taille plus importante que les autres. Cette dernière présentait un amas de grosses bûches carbonisées recouvrant le mobilier d’accompagnement. Deux fossés de parcellaires alignés forment, par leurs interruptions, une ouverture de 13 m de large pouvant correspondre à un axe de circulation perpendiculaire aux fossés, le long duquel les tombes se sont installées. Le comblement final de ces fossés intervient au Haut-Empire.
Le secteur ouest
En partie occidentale un parcellaire gaulois orthonormé a été mis en évidence. Il pourrait correspondre à des aménagements de La Tène finale. Un alignement de 4 tombes à résidus de crémation dont des tombes « à armes » (fer de lance, umbo…) est disposé le long de l’un des fossés NO-SE. En se rapprochant de la partie centrale de l’emprise, un monument funéraire gaulois vient recouper ce parcellaire. Le monument se compose d’un édifice sur 4 poteaux situé dans l’angle d’un aménagement fossoyé en « L ». 3 tombes sont disposées au nord du monument sur un axe ouest-est et une fosse de curage de bûcher est implantée sur le côté ouest. 5 tombes à résidus de crémation sont implantées à l’ouest du monument. Elles reprennent l’alignement des tombes principales. Un nouveau fossé de parcellaire NO-SE est creusé sur l’extrémité occidentale de l’emprise. Une aire de crémation quadrangulaire de 7 m de long s’aligne sur cette orientation. Des tombes attribuables au Ier s. sont disposées perpendiculairement au fossé. 2 tombes sont creusées à proximité de l’aire de crémation, les autres se situent de l’autre côté du fossé. Elles présentent des dépôts conséquents, avec de nombreuses céramiques, du mobilier métallique : pelle à feu, grill, broches et trépied ; des éléments liés à la toilette (pinces, cure oreille…) et vestimentaires (fibules, aiguilles…) accompagnent les résidus osseux, ainsi que des perles en ambre. La tombe à résidus de crémation 1003 richement dotée, contient notamment des dépôts alimentaires et de la vaisselle en alliage cuivreux. 8 inhumations de jeunes individus et une incinération ont été identifiées se développant en « U » autour de la tombe 1003. En raison des mauvaises conditions de conservation, les squelettes ne sont pas conservés. Seuls quelques restes osseux et des monnaies ont été retrouvées. La pratique de l’inhumation, la petite taille des creusements et l’absence de mobilier d’accompagnement, nous orientent sur l’interprétation de l’inhumation de jeunes individus.
Les trois tombes souterraines
Au IIe s. de n.è. des palissades sont mises en place reprenant des axes NO-SE et SO-NE et organisent ce secteur funéraire. 3 tombes souterraines avec chambre en hypogée sont disposées dans les espaces encore disponibles de l’alignement de tombes du Ier s.
La première tombe se compose d’un monument en pierre de plan quadrangulaire de 3.20 m sur 2.90 m de côté, avec un escalier de 4 m de longueur pour 1 m de largeur.
La fouille de l’intérieur du mausolée n’a livré que des fragments de tuiles et un bloc de grès taillé. Le bâtiment a été pillé entièrement. La fouille de l’escalier a permis de révéler un creusement de plus de 4.50 m de profondeur dans les limons et les loess.
L’escalier conduit sur un petit vestibule renforcé par quelques boisages. La chambre est scellée par une grande meule circulaire en réemploi. La fouille de la chambre funéraire permet de restituer des dépôts sur plusieurs niveaux de niches. En hauteur à l’est : des miniatures céramiques, les accessoires pour le feu : pelle à feu, fourchette, tisonnier trépied, ainsi qu’un miroir en bronze reposent dans une niche à fond plat.
En dessous une niche avec arc en plein cintre est creusée au même niveau que le sol de la chambre. Diverses céramiques y reposent : il s’agit principalement de coupelles et de cruches. À l’opposé une niche aménagée sur une petite élévation d’une dizaine de centimètres reçoit un coffre quadrangulaire en bois ainsi qu’une patère et une cruche. En partie supérieure on peut restituer également une étagère ou niche haute par l’étude de la taphonomie des chutes d’objets (un grill et une grande jarre contenant des résidus osseux) et de deux encoches préservées dans le substrat. La parois nord est aménagée pour recevoir les os crémés. Deux niches installées à une dizaine de centimètres du sol sont séparées par un plot de substrat préservé. Dans l’angle nord-ouest une bouteille en verre a chuté d’une niche ou étagère en bois, dans l’angle nord-est des restes fauniques et des os crémés se sont accumulés selon un pendage nord-ouest sud-est et du haut vers le bas, confirmant la chute d’une planche supérieure lors de l’effondrement de la voûte. D’autres résidus organiques (bois, cuir) et métalliques (ferrures, anneaux, plaque avec rivets) d’un objet indéterminés ont été découverts au pied de la niche ouest.
La seconde tombe en hypogée a été repérée à l’est de cet ensemble funéraire. Elle apparaît en surface de plan oblong avec un escalier de 4.30m de longueur pour 0.50 m de largeur et 3.20 m de profondeur. Un marqueur de tombe a été identifié à l’extrémité nord. L’escalier débouche sur un petit vestibule étayé par des boisages. L’entrée de la chambre funéraire est condamnée par une planche en bois insérée dans une rainure. La chambre présente un plan ovoïde sans niche. Les objets étant déposés au sol et sur une étagère en bois. Sont déposés des pièces de viande, un grill et une céramique ; un rasoir en fer et au fond de la niche un coffre ossuaire rectangulaire ; 4 coupelles, des pièces de viande, une cruche et une pelle à feu. La sédimentation lente a permis de mettre en évidence la présence de plusieurs objets en matière périssable (tissus, vannerie ou cuir).
La troisième tombe en hypogée présente un escalier de 3 m de longueur, menant sur un vestibule situé entre 1.5 m et 2 m de profondeur. Une pierre en grès a été disposée de chant, calée avec 5 blocs de grès. Des restes de bois attestent du boisage du vestibule. La chambre funéraire présente un plan en croix avec le creusement de 3 niches. Une niche orientale : 2 cruches. La niche nord :accueille un coffre ossuaire disposé à la verticale. La niche orientale : présente un amas de résidus organiques mêlant bois, objets en fer, ferrures, plaques en alliage cuivreux, cuir décoré à la feuille d’or… Dans la partie centrale, au devant de l’entrée, une patère en alliage de plomb et cuivre décorée de cabochons à pâte de verre rouge et un nécessaire à feu (pelle à feu, cuillère en fer, pince, tisonnier) sont complétés d’un dépôt de faune, de boites en os, d’un grill et de broches en fer disposés sur le fond de la chambre. Sur ces objets est installé un second coffre ossuaire contre lequel viennent s’appuyer un couteau en fer, un manche de miroir en étain, et deux autres boites en os (pyxides) disposés sur l’arrête de la niche orientale. Au dessus et de part et d’autre de la niche septentrionale, des céramiques sur des trépieds en fer circulaires, des chenets en fer, plusieurs gobelets et miniatures en fer, une verrerie, débordants dans la niche orientale, semblent confirmer un empilement contraint par l’espace restreint. L’étude des comblements permet de restituer un comblement volontaire de l’escalier et une chambre funéraire surmontée d’un petit tertre circulaire.
Rémi Blondeau, décembre 2019.