CADRE STRATEGIQUE DE DEVELOPPEMENT DE L'AQUACULTURE AU TCHAD (Juin 2010)
CADRE STRATEGIQUE DE DEVELOPPEMENT DE L'AQUACULTURE AU TCHAD (Juin 2010)
CADRE STRATEGIQUE DE DEVELOPPEMENT DE L'AQUACULTURE AU TCHAD (Juin 2010)
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE Projet FAO/TCP/CHD/3204 Appui au secteur de laquaculture au Tchad
Juin 2010
Prparation Le prsent document a t prpar dans le cadre du projet FAO/TCP/CHD/3204 Appui au secteur de laquaculture au Tchad FAO, avec lappui dune quipe de consultants compose de MM. Christophe Breuil, consultant international spcialiste en planification du dveloppement de laquaculture, Karar Mahamat Maintha, consultant national spcialiste en questions institutionnelles, et Alladoumadji Rimadoum, consultant national spcialiste en technologies aquacoles. Un projet de Cadre stratgique a t discut et finalis lors dun Atelier national runissant les principales parties prenantes du secteur de laquaculture au Tchad, qui sest tenu les 23 et 24 juin 2010 NDjamena. La prsente version constitue la version finale du Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad qui a t valide par lAtelier national.
TABLE
DES MATIRES
1. Introduction.................................................................................................................................5 1.1. Dfinitions gnrales relatives laquaculture....................................................................5 1.2. Elments du contexte actuel sur laquaculture au Tchad.....................................................7 1.3. Nature et objectifs du Cadre stratgique..............................................................................8 2. Principes directeurs du dveloppement de laquaculture au Tchad............................................9 2.1. Laquaculture orientation commerciale doit tre privilgie............................................9 2.2. Les politiques publiques doivent rechercher lefficacit ..................................................10 2.3. Le dveloppement de laquaculture exige un partenariat pertinent et effectif entre les pouvoirs publics et le secteur priv...........................................................................................12 2.4. Les partenaires au dveloppement doivent inscrire leurs interventions en cohrence avec le Cadre stratgique..................................................................................................................13 3. Conditions du dveloppement de laquaculture et rle attendu de chacun des partenaires publics et privs dans leur ralisation ..........................................................................................13 3.1 Mise en place dun dispositif institutionnel adapt............................................................13 3.1.1. Animation, vulgarisation et appui-conseil .................................................................13 3.1.2. Recherche ...................................................................................................................14 3.1.3. Education et formation ...............................................................................................15 3.1.4. Planification et suivi-valuation du secteur................................................................15 3.2. Disponibilit et accessibilit des principaux facteurs de production.................................16 3.2.1. Capital financier..........................................................................................................16 3.2.2. Semence......................................................................................................................17 3.2.3. Aliment ......................................................................................................................17 3.3. Professionnalisation du secteur .........................................................................................18 3.3.1. Organisation de la profession.....................................................................................18 3.3.2. Commercialisation des produits de laquaculture.......................................................18 3.3.3. Respect des principes de bonne gouvernance ............................................................19 3.4. Environnement juridique adapt........................................................................................20 3.5. Cas particulier des projets de stations aquacoles ..............................................................20 4. Mise en uvre du Cadre stratgique.........................................................................................21
1. INTRODUCTION
1.1. Dfinitions gnrales relatives laquaculture
Distinction entre aquaculture et pratiques de pche continentale amplifie Laquaculture, selon la FAO, se dfinit comme la culture dorganismes aquatiques, ce qui comprend les poissons, les mollusques, les crustacs et les plantes aquatiques . Il existe plusieurs branches de laquaculture : la pisciculture fait rfrence la culture (levage) des poissons, lalgoculture celle des algues, la crevetticulture celle de la crevette, etc. La frontire entre certaines formes de pche continentale et la pisciculture peut tre considre de permable, si lon fait rfrence aux pratiques de pche amplifie. Ces pratiques visent amliorer ou forcer la productivit biologique par rapport la productivit naturelle de certains milieux aquatiques exploits par la pche continentale, notamment en zones de plaines dinondation, au travers doprations dingnierie environnementale (ex. surcreusement des mares, empoissonnement, allongement de la dure de mise en eau des mares temporaires, etc.). Mais cela demeure du domaine de la pche (cest dire de la collecte de produits halieutiques en milieu naturel). Or, il est frquent de lire dans des documents techniques que ces pratiques constituent au Tchad une forme traditionnelle daquaculture appele pisciculture communautaire, ce qui constitue un abus de langage. En effet, ces pratiques ne constituent pas proprement parler des formes daquaculture dans la mesure o laquaculture sous-entend lapplication de techniques dlevage (intensif, semi-intensif ou extensif) dans des espaces aquatiques de petite taille (i.e. lchelle dtangs ou de bassins) ou en cages, ainsi quune notion dappropriation et de contrle de laccs cet espace aquatique par son propritaire1. Un autre abus de langage se rencontre frquemment dans la littrature technique relative laquaculture au Tchad. Il concerne lexistence de pratiques traditionnelles daquaculture de spiruline (algue bleue), et plus spcifiquement de lespce Spirulina platensis. Or, en ralit, celles-ci reposent sur des activits de collecte dans certains sites de la zone agrocologique du lac Tchad o cette micro-algue se rencontre ltat naturel. Les lments de dfinition prciss ci-dessus ont pour objet de spcifier le champ dapplication du prsent document de Cadre stratgique qui concerne bien laquaculture. Distinction entre aquaculture orientation commerciale (ou entreprenariale) et aquaculture orientation non commerciale Il est toujours difficile de catgoriser les diffrents types daquaculture. Selon les pays, la classification peut se rapporter : des critres subjectifs concernant lchelle (petite, moyenne ou grande taille, chelle industrielle) ; des critres dintensit capitalistique (extensif, semi-intensif, intensif) selon les modes de gestion mis en uvre pour les questions lies la semence, laliment ou encore le taux dempoissonnement ; des critres de localisation (ex. aquaculture urbaine, priurbaine, rurale) sans que cela ne renseigne pour autant sur les modes de gestion et sur les marchs viss ; ou encore des critres de finalit comme par exemple la connotation de produire pour consommer (ex. aquaculture familiale, aquaculture de subsistance, etc.) ou de produire pour vendre (ex. aquaculture commerciale). Ces diffrents types daquaculture recouvrent en fait un large ventail de systmes de production (en croisant les diffrents critres de classification) quil nest ni utile danalyser ni facile apprhender dans le cadre du prsent document. En revanche, il est ncessaire
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Dans le cas de la pche continentale, on se place essentiellement dans le contexte o lEtat est le propritaire de la ressource et o, de fait, on se trouve en rgime de libre accs. Ce qui nempche pas que des actions en matire dingnierie environnementale soient conduites dans le cadre dinvestissements publics, communautaires et/ou privs dans le but den faire profiter lensemble des personnes sadonnant la pche continentale, mais cela relve de la gestion des pches. Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
de distinguer, pour des besoins danalyse des politiques et de planification du secteur, deux grands types daquaculture : une aquaculture orientation commerciale , dont llment principal est la recherche du profit optimal, quelque soit le systme de production mis en uvre, et qui implique que lexploitation soit gre comme une entreprise (on pourra aussi voquer la notion dune aquaculture entreprenariale) ; une aquaculture orientation non commerciale, dont llment principal est la recherche de complments de revenus et de lautosuffisance alimentaire en protines dorigine animale au niveau local, et qui se caractrise principalement par des modes dexploitation et de gestion peu rigoureux ne permettant pas de saffranchir de laide des projets pour perdurer.
Ainsi, laquaculture orientation commerciale se distingue en tout premier lieu par le fait quelle est pleinement intgre dans des systmes dconomie marchande o les principaux facteurs de production (capital, main duvre, semences, aliments) sont acquis sur le march. La majeure partie de leur production est par ailleurs destine aux marchs, locaux nationaux ou sous-rgionaux. Laquaculture est ainsi considre comme une activit conomique part entire qui doit tre rentable, indpendamment de la taille ou de la localisation de lexploitation et de litinraire technique adopt (intensif, semi-intensif ou extensif). Laquaculture orientation commerciale peut toutefois trouver sa place dans les stratgies de diversification des systmes de production agricole 2, mme si terme les enjeux lis au dveloppement de laquaculture commerciale porteront sur la production de quantits significatives danimaux ou de vgtaux aquatiques ayant un impact sur lconomie nationale. En revanche, laquaculture orientation commerciale ne doit pas tre assimile laquaculture industrielle, comme cela est mentionn tort dans le Schma directeur national du sous-secteur de la pche et de laquaculture labor en 2002 3. Les aquaculteurs orientation non commerciale peuvent galement acheter certains facteurs de production sur le march, notamment les semences et laliment, et vendre une partie de leur production. Mais la main duvre est principalement une main duvre familiale sans grande technicit, et les modes de gestion se caractrisent par un manque de rigueur aussi bien du point de vue des itinraires techniques que de celui de la gestion conomique de lexploitation. Les aquaculteurs orientation non commerciale sont par ailleurs fortement tributaires des projets et des ONGs, notamment pour la fourniture des alevins, des aliments et de quelques matriels de travail. La distinction tablir entre laquaculture orientation commerciale ou non commerciale a galement des implications sur lapproche prconise en matire de politiques publiques et dapproche des projets en faveur du secteur. Ainsi, dans le cas de laquaculture orientation non commerciale, on a une tendance forcer le processus de dveloppement en artificialisant lenvironnement conomique (ex. accs subventionn aux alevins, aux aliments ou encore aux activits de conseil) et en ne prenant pas le temps ncessaire une appropriation suffisante des modes de production et de gestion de cette activit nouvelle o lobjectif est de produire du poisson do il en rsulte une dresponsabilisation de la part des bnficiaires. On a aussi tendance se disperser car on vise des objectifs quantitatifs (ex. nombre de pisciculteurs forms, nombre dtangs amnags, nombre dalevins produits et distribus), ce qui se traduit par des services de suivi et daccompagnement de faible qualit. Et le plus souvent, la fin des projets, les activits sarrtent. Cela contribue la persistance de lide selon laquelle laquaculture ne peut tre quune activit de complment de revenus agricoles ou un filet de scurit pour prvenir les pnuries alimentaires en milieu rural, supporte par des projets. Cela conforte aussi, dans une certaine mesure, les programmes de dveloppement
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Le cas de figure rencontr au Tchad concernant la rizipisciculture illustre bien cet aspect. Lintroduction de poissons dans les casiers permet en effet de diversifier les productions de lexploitation agricole, mais elle permet aussi de diminuer les cots de dsherbage des casiers (en raison de laction de broutage exerc par les tilapias) et donc damliorer la rentabilit du primtre irrigu. 3 Le schma directeur, toujours en vigueur, a t labor en 2002 avec lappui dun bureau dtudes (CIMA/SOGEC International) sur financement canadien. Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
de laquaculture en Afrique dans leur approche et leur vision dune aquaculture sociale et finalement assez opportuniste, qui ne peut pas se professionnaliser. Dans laquaculture orientation commerciale, au contraire, on part individuelles et on accompagne au cas par cas les producteurs motivs franchir ltape qui leur permettra de dvelopper une aquaculture commerciale, cest dire capable de gnrer des profits, en leur offrant un et des services de qualit et adapts une aquaculture entreprenariale. des initiatives et dsireux de orientation environnement
A noter que si la coexistence des deux formes daquaculture ne pose pas de problmes lchelle dun pays, en revanche cela est de nature gnrer des conflits lorsque cette situation se prsente une chelle locale. Car dans ce cas, les appuis que reoivent les aquaculteurs orientation non commerciale peuvent freiner les initiatives des producteurs dsireux de passer un stade dentreprise en raison des nombreuses distorsions de march que cela induit, notamment en termes de concurrence dloyale (ex. cots de production du poisson, prix de vente des alevins).
Enfin, il convient de souligner les possibilits importantes de dveloppement de formes daquaculture en zones de primtres irrigus. Cela concerne aussi bien la promotion de systmes intgrs agriculture-aquaculture (systmes IAA) comme la rizipisciculture que la promotion de systmes aquacoles utilisant simplement les possibilits de mise en valeur de certains sites pour laquaculture offertes par les amnagements hydro-agricoles. Les sites les plus favorables la pisciculture se situent principalement dans le sud du pays dans le bassin du Chari-Logone, en raison de la disponibilit deau, de la nature des sols, des investissements infrastructurels en cours (voies de communication, primtres irrigus) et de la prsence dactivits agricoles offrant la possibilit davoir accs des sous-produits pour lalimentation a priori peu onreux. Les sites les plus favorables laquaculture de spiruline sont localiss dans la zone agro-cologique du lac Tchad. Les enjeux lis au dveloppement de laquaculture dans le moyen-long terme sont importants, notamment du point de vue de la disponibilit de poisson dans un contexte de stagnation des captures de la pche continentale et de croissance dmographique continue au Tchad. A titre indicatif, avec une disponibilit en poisson oscillant entre 41 000 et 61 000 t/an selon les conditions hydro-climatiques, la consommation de poisson par habitant se situe aujourdhui entre 3,8 et 5,6 kg/an, ce qui est faible compar par exemple la moyenne africaine qui est denviron 8,3 kg/an selon la FAO. Le dficit en production de poissons au Tchad peut par consquent tre valu plusieurs dizaines de milliers de tonnes par an. De manire plus gnrale, comme cela a pu tre dmontr dans beaucoup de pays en dveloppement, notamment en Asie, le secteur de laquaculture peut jouer un rle significatif en termes de contribution la scurit alimentaire (pour la disponibilit mais aussi pour laccs la nourriture, en relation avec la diminution constante du prix de vente des produits de laquaculture au fur et mesure que le secteur se dveloppe), la cration de richesses (uniquement dans le cas de laquaculture orientation commerciale) et la lutte contre la pauvret. Au niveau du Cadre stratgique, il ne semble pas pertinent de prciser davantage les objectifs assigns au secteur de laquaculture, et encore moins davancer des objectifs quantitatifs de production aquacole au Tchad. En effet, le Cadre stratgique nest pas un document oprationnel, et la vision et de la stratgie quil propose pour appuyer le processus de dveloppement du secteur couvrent une priode de 10 15 ans. Des objectifs plus spcifiques seront en revanche prcises dans les Plans de dveloppement qui appuieront son oprationnalisation. On peut toutefois anticiper sur le fait que le dveloppement du secteur de laquaculture au Tchad au cours des 15 prochaines annes reposera sur la pisciculture ( clarias, tilapia et heteroris essentiellement) et sur laquaculture de spiruline (algoculture). Le dveloppement dautres formes daquaculture comme la crevetticulture ou la crocodiliculture semble en revanche difficilement envisageable pour le moment.
Il sagit donc dun document de porte normative, destin inspirer et guider la planification du secteur de laquaculture sur une priode de 10 15 ans. Sa mise en uvre
Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
(oprationnalisation) devra se faire dans le cadre de plusieurs plans de dveloppement dune dure maximale de 5 ans, assortis le cas chant de programme dactions et dinvestissements. Ce faisant, le Cadre stratgique permet aussi de traduire les orientations de politique gnrale du Gouvernement tchadien dans le secteur de laquaculture telles quelles sont prcises dans la Stratgie nationale de croissance et de rduction de la pauvret pour la priode 2008-2011 (SNRP2) et dans le Programme national de scurit alimentaire (PNSA) couvrant la priode 2006-2015. On rappellera en particulier que la SNRP2 prcise des principes de bonne gouvernance dont certains visent amliorer le climat des affaires et favoriser lentreprenariat et le dveloppement conomique, qui sont des conditions essentielles au dveloppement de laquaculture. Certains de ces principes sont dvelopps dans le Cadre stratgique. Ils se rapportent en particulier la rforme des institutions dintrt public (y compris le renforcement des services centraux et dconcentrs des ministres ), et la promotion du secteur priv travers notamment le dveloppement de formes de partenariats public/priv. Dautres principes, qui ne concernent pas spcifiquement le secteur de laquaculture mais qui jouent un rle certain dans le processus de dveloppement du secteur, sont simplement repris dans le Cadre stratgique. Ces principes concernent le rtablissement de rapports de confiance entre lEtat et les oprateurs conomiques, et lintensification de la lutte contre la corruption pour notamment diminuer les cots de transaction correspondant aux taxes informelles et illicites perues auprs des oprateurs conomiques. Par ailleurs, en proposant un document de politique spcifique au secteur de laquaculture, le Cadre stratgique espre inciter au changement des mthodes de planification sectorielle au sein du MERH, qui consistent regrouper la pche et laquaculture sous le secteur des ressources halieutiques. Or, la pche et laquaculture reposent sur des dynamiques dexploitation et de gestion distinctes et impliquant des acteurs diffrents. Cela devrait par consquent conduire le MERH laborer des plans/stratgies de dveloppement diffrencis pour chacun des deux secteurs. Le Cadre stratgique constitue la premire tape en vue de llaboration du premier plan de dveloppement de laquaculture. Enfin, le Cadre stratgique entend contribuer la prise de conscience que le dveloppement dune aquaculture durable et responsable est un processus qui va bien au del de la mise en uvre dun projet et dont la russite dpendra de la conjonction de diffrents facteurs. Or ces facteurs ne pourront tre runis qu la faveur de ltablissement de formes de partenariats et de complmentarits entre les pouvoirs publics (Etat, partenaires) et le secteur priv (oprateurs, ONGs). De mme, si des privs semblent aujourdhui prts investir dans le secteur, il serait regrettable de les inciter se lancer avant que ne soit runi un minimum de conditions dont la responsabilit incombe en grande partie aux pouvoirs publics. Parmi ces conditions, on soulignera la disponibilit dune masse critique en terme dexpertise nationale et dappui-conseil, la mise en place dun dispositif adapt de vulgarisation, lexistence dun dispositif de recherche applique (daccompagnement), et la possibilit de proposer diffrents itinraires techniques selon les conditions.
2. PRINCIPES
TCHAD
encore peu rigoureuse sur le plan technique et de la gestion, mais tous expriment le vif dsir, et prennent des initiatives en ce sens, de passer une aquaculture entreprenariale. Cette situation dchec relatif des expriences passes cre toutefois aujourdhui chez les investisseurs potentiels des incertitudes et constitue un frein lclosion dun vritable secteur aquacole. La durabilit est par consquent un aspect critique de tout processus de dveloppement. La notion de durabilit dune entreprise aquacole est multidimensionnelle. Ainsi, pour tre durable, une entreprise daquaculture doit : Utiliser des itinraires techniques adquats et faisables ( notion de durabilit technique). Les aquaculteurs doivent donc utiliser des technologies appropries (introduites ou locales) quils matrisent afin par exemple dviter davoir recours systmatiquement limportation dalevins ou un agent de vulgarisation (pour les aider dans la reproduction des poissons) chaque fois quil y a un empoissonnement raliser ; Permettre de dgager des profits (notion de durabilit conomique), par ailleurs suffisamment importants dans le cas o il sagit dattirer et de maintenir dans le secteur des investisseurs privs ; Etre socialement acceptable (notion de durabilit sociale), en ce sens que la valeur ajoute doit aussi servir rmunrer quitablement les travailleurs et que lactivit aquacole doit aussi contribuer au dveloppement local (ex. achat de divers biens et services, cration demplois). Labsence dquit sociale dans un projet aquacole peut en effet gnrer des conflits sociaux et conduire un arrt des activits. Etre respectueuse de lenvironnement ( notion de durabilit cologique). Cela implique que les dommages cologiques (y compris en termes dutilisation deau) rsultant des activits aquacoles doivent tre limits au minimum. Cet aspect est particulirement important dans le cas des systmes intgrs agricultureaquaculture en zone sahlienne. Evoluer dans un environnement juridique stable dans lequel les droits et obligations de chacun des acteurs publics et privs sont, dune part, pertinents et, dautre part, clairement dfinis (notion de durabilit juridique). Cela est une condition importante pour la scurisation des activits et des investissements.
Laquaculture orientation non commerciale, comme lexprience au Tchad la confirm, ne permet pas de satisfaire toutes les conditions de durabilit, notamment celles se rapportant la durabilit technique et la durabilit conomique. Seule laquaculture orientation commerciale permet de runir toutes les conditions de la durabilit.
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soudanienne, notamment en zones de primtres irrigus. Pour lalgoculture, il est par ailleurs prvisible que les zones fort potentiel se situeront dans la zone agro-cologique du lac Tchad qui prsente des prdispositions naturelles (prsence de lespce Spirulina platensis en milieu naturel, et conditions densoleillement optimal notamment). Mais les autres critres dvaluation de sites potentiels ncessitent des tudes pralables approfondies4. La premire implication en termes de politiques publiques est de considrer quil existe des zones fort potentiel aquacole, quil reste bien identifier, et que les efforts de dveloppement doivent tre prioritairement consentis dans ces zones. Cela se justifie par le fait que les ressources publiques alloues au secteur de laquaculture devraient rester encore un faible niveau pendant de nombreuses annes, et quil vaut mieux les concentrer l o on a le plus de chance de succs afin de rechercher lefficacit maximale, au lieu de les dissminer pour diverses raisons (ex. par souci dquit territoriale). Aussi, une premire tape en vue de promouvoir une aquaculture durable sera de raliser un travail didentification des zones et sites fort potentiel aquacole au Tchad incluant les systmes de production potentiellement viables sur le plan technico-conomique selon les sites. Par ailleurs, le dveloppement de laquaculture est un processus lent, dont le pas de temps dpasse toujours celui des projets. Cest galement un processus qui dpend avant tout de lintrt et de limplication effective des promoteurs privs, qui sont des conditions galement tributaires du climat gnral des affaires. Cela peut poser des problmes pour les dcideurs, soucieux de visibilit rapide et qui auront tendance vouloir financer des infrastructures de production dalevins ou de poissons, et pour les partenaires au dveloppement qui sont souvent soumis une obligation de rsultats des projets et qui privilgieront une approche techniciste et quantitative (ex. nombre dtangs construits, nombre de pisciculteurs forms, etc.). Mais lexprience a montr quune politique de dveloppement efficace de laquaculture doit avant tout permettre la mise en place dun environnement technique, conomique, juridique et institutionnel porteur, o les critres de russite sont avant tout dordre qualitatif en termes de rsultats, dacquisition de savoir-faire, de durabilit et de possibilits dextension de modles ainsi valids vers dautres sites. De plus, lexprience dans dautres pays a montr que le nombre de pisciculteurs forms ou en activit tait rarement proportionnel la production aquacole totale. A titre dexemple, au Cameroun, o la production piscicole se situe autour de 1 000 t/an pour environ 3 500 fermes piscicoles, des tudes conduites dans certaines zones (ex. Rgion du Sud) ont montr que les fermes dont la taille tait suprieure 0,5 ha reprsentaient environ 15% du total mais quelles assuraient environ 73% de la production aquacole totale de la rgion. Ces chiffres donnent une indication de labsence de relation directe entre augmentation du nombre de pisciculteurs et amlioration de la scurit alimentaire, et incidemment de la pertinence de privilgier une approche qualitative pour les projets de dveloppement. Aussi, une autre implication en termes de politiques publiques sera de veiller ce que les projets de dveloppement modifient leurs approches : dune part, en prenant le temps ncessaire lanalyse des systmes de production et des sites propices au dveloppement dune aquaculture durable et des conditions propices lexpression de ces potentiels, et, dautre part, en impliquant troitement les bnficiaires (individus, groupements, associations, autorits traditionnelles) dans la programmation, la ralisation et le suivi-valuation des activits du projet. Cet aspect implique que des tapes pralables devront tre conduites avant le dmarrage des activits oprationnelles du projet, en particulier en matire de sensibilisation et de slection des candidats (ex. prfrer les candidats volontaires, comptents et motivs aux candidats
A terme, lorsque le secteur aura atteint un niveau de dveloppement minimal et que lon disposera suffisamment dinformations pertinentes, un travail de cartographie aquacole pourra tre envisag afin dappuyer la planification du dveloppement du secteur. Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
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opportunistes, attendre que les candidats retenus prennent un minimum dinitiatives avant de les accompagner sur le plan de lappui-conseil, etc.).
2.3. Le dveloppement de laquaculture exige un partenariat pertinent et effectif entre les pouvoirs publics et le secteur priv
Comme pour tout domaine dactivits conomiques, le dveloppement dun secteur requiert des formes de partenariat entre les pouvoirs publics et le secteur priv, ainsi que le confirme la Stratgie nationale de croissance et de rduction de la pauvret au Tchad pour la priode 2008-2011 (SNRP2). Par pouvoir public, il faut entendre les diffrentes institutions ou structures de lEtat impliques dans le dveloppement (administration, collectivits locales, instituts de recherche, centre de formation) et les agences de dveloppement. Le secteur priv comprend pour sa part les aquaculteurs (y compris les responsables dcloseries), organiss en groupement ou oprant en tant que particulier, les fournisseurs dintrants (capital financier et aliments notamment), les prestataires de service (appui-conseil en particulier) et les ONGs (y compris organisations de producteurs). Chacun des ces acteurs jouent des rles diffrents, mais complmentaires et ncessaires pour le dveloppement du secteur. Lchec de lun ou lautre de ces acteurs remplir ses missions ou obligations aura des retombes prjudiciables sur lensemble du processus de dveloppement de laquaculture. Le rle des pouvoirs publics doit se concentrer sur la mise en place dun environnement favorable au dveloppement du secteur priv. Cela comprend notamment les aspects lis la scurisation des investissements, au contrle de lapplication des rglementations et laccs linformation. Vu le stade actuel de dveloppement du secteur, il est galement attendu que lEtat devra aussi jouer un rle de facilitateur et daccompagnateur des initiatives prives dans diffrents domaines dont laide linstallation, la fourniture dappui-conseil, la formation et le renforcement des capacits des oprateurs, etc. Enfin, lEtat travers ladministration en charge de laquaculture et la recherche, a bien videmment un rle important jouer en matire de suivi et de planification du dveloppement du secteur, y compris en matire de coordination et de complmentarit/synergie entre les projets, et de dfense des intrts de laquaculture dans le cadre de la mise en valeur des primtres irrigus. Mais si ladministration, dans le cadre de son rle de facilitateur, est amene investir dans des infrastructures de production, notamment en relation avec les stations gouvernementales (pour la production et la vente dalevins de qualit) afin de catalyser le processus de dveloppement, lEtat devrait se dsengager progressivement des activits de production ds lors que commenceront merger des fermes aquacoles orientation commerciale. Car lEtat ne doit ni se substituer aux promoteurs privs ni exercer une concurrence dloyale en produisant des biens subventionns que le secteur priv ne pourra produire au mme prix. En rsum, terme cest le secteur priv qui doit produire, et ce sont les pouvoirs publics qui doivent permettre doffrir lenvironnement favorable lexpression des initiatives prives. Ce qui sous-entend galement la fin progressive de lEtat providence, exprim au travers de lapproche des projets passs, ainsi que lajustement des objectifs et des fonctions de certains outils comme les stations gouvernementales en cours de ralisation (la question spcifique des stations gouvernementales sera traite plus loin). A terme, lEtat devra galement tre en mesure dajuster certains instruments de politique (ex. rglementation, fiscalit) en fonction des objectifs de politique sectorielle. Les rles respectifs des pouvoirs publics et du secteur priv sont prciss dans le chapitre suivant.
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2.4. Les partenaires au dveloppement doivent inscrire leurs interventions en cohrence avec le Cadre stratgique
Cette question de la cohrence des projets revt une importance particulire dans le contexte tchadien en raison de la prdominance de lapproche projets dans le secteur de laquaculture. Cette approche est la consquence des faiblesses de ladministration en termes de capacits dexpertise et de planification, de labsence de cadre de planification spcifique laquaculture et du manque de conditions de travail qui incitent mobiliser des financements extrabudgtaires pour dvelopper des activits en faveur du secteur sans accorder un regard suffisamment critiques sur les activits envisages. Mais cette situation tient galement aux partenaires/donateurs qui interviennent souvent en fonction de considrations territoriales et qui privilgient latteinte de rsultats tangibles pendant la dure de vie du projet et facilement mesurables sur la base de critres quantitatifs. Aprs plusieurs annes de carence, des projets comportant des activits en matire de promotion de laquaculture sont actuellement en cours de dmarrage au Tchad. Une analyse des documents de projet suscite un certain nombre dinterrogations quant la cohrence de ces projets vis--vis du Cadre stratgique, avec une prise en compte insuffisante des enseignements du pass. La vision globale de ces documents tend en effet accorder une prminence lEtat dans le processus de dveloppement (ex. construction de stations dalevinage entirement gres par ladministration ou des structures de projet) et promouvoir une aquaculture orientation non commerciale. En outre, on peut relever la faible prise en compte des complmentarits et des possibilits de synergie entre les diffrents projets, et la persistance de confusions entre la pche amplifie et laquaculture, ce qui ne permettra pas de mettre en place des stratgies reposant sur une forte implication des bnficiaires. Or, lexprience a montr que les projets en faveur de laquaculture qui sont formuls et mis en uvre sans tenir compte de la cohrence globale de leurs objectifs spcifiques avec une politique nationale (en loccurrence le Cadre stratgique pour le Tchad), et qui demeurent centrs sur latteinte de rsultats projets sans rellement regarder les effets de leurs activits sur le processus global de dveloppement, nauront quun impact faible, voire contre-productif, sur le processus de dveloppement du secteur. Ce qui est videmment fortement regrettable du point de vue de la cohrence mais galement de lefficacit des politiques publiques. Il apparat par consquent fortement souhaitable dajuster lapproche globale et le contenu du plan dactivits des projets dappui au dveloppement de laquaculture au Tchad qui sont en cours de dmarrage, afin dassurer leur mise en cohrence avec le Cadre stratgique.
3. CONDITIONS
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Aujourdhui, le dispositif de vulgarisation et dappui-conseil en aquaculture au Tchad est quasi-inexistant. Dune part, en raison du manque dexpertise dans le domaine, et dautre part en raison de labsence de tout dispositif institutionnalis. De ce fait, un producteur ou un promoteur la recherche de conseils pertinents et aviss nest pas en mesure aujourdhui de trouver des interlocuteurs suffisamment comptents. Aussi, la mise en place dun dispositif public adapt et de qualit pour la vulgarisation et lappui-conseil en matire daquaculture orientation commerciale constitue une priorit aujourdhui. Le montage institutionnel devra faire lobjet de rflexions approfondies, en fonction des moyens disponibles et des objectifs poursuivis, et en tenant compte du contexte particulier suivant : la DDA est toute rcente (moins dune anne dexistence effective) et est encore en cours dorganisation ; les Secteurs aquacole nont pas encore t mis en place ; et le dispositif de recherche aquacole est quasi-inexistant. Lide de crer dans le court-moyen terme une cellule danimation et dappui-conseil, rattache la DDA, compose de 2 experts (1 spcialiste des systmes de production aquacole et 1 conomiste de laquaculture), et dote de moyens de dplacement, pourrait tre explore. Le mandat de cette cellule pourrait comprendre, outre des missions dappuiconseil : linventaire des acteurs et partenaires potentiels du secteur ; la cration de rseaux dinformation sur le secteur ; la coordination des interventions et programmes de vulgarisation ; la facilitation des contacts entre les producteurs et les diffrents intervenants (ex. marchands daliments) ; la capitalisation et la vulgarisation des rsultats de la recherche produits dans la sous-rgion ; etc. Par ailleurs, afin de faciliter le fonctionnement et la ractivit de cette ventuelle structure danimation et dappui-conseil, des possibilits de participation des bnficiaires la prise en charge dune partie des frais de dplacements pourraient tre envisages (ex. hbergement et nourriture). 3.1.2. Recherche La responsabilit de la recherche aquacole au Tchad relve en principe du LRVZ (Laboratoire de recherche vtrinaire et zootechnique) du Ministre de llevage et des ressources animales (MARA), bien que lITRAD (Institut tchadien de recherche agronomique pour le dveloppement) du Ministre de lagriculture et de lirrigation (MAI) puisse galement dvelopper des comptences dans ce domaine notamment dans le cas des systmes intgrs agriculture-aquaculture. Quoiquil en soit, et ainsi que rappel ci-dessus, le dispositif de recherche aquacole est quasi-inexistant aujourdhui au Tchad. Or, sans dispositif minimal de recherche, notamment finalise (i.e. rpondant aux besoins de la profession), le processus de dveloppement de laquaculture sera forcment contrari. Des rsultats de recherche conduits dans dautres pays dont notamment le Cameroun (ex. formule des aliments, itinraires techniques) sont toutefois potentiellement accessibles et pourraient servir de base de dpart des programmes tenant compte des spcificits du Tchad. Les projets en cours de cration de stations aquacoles pourraient par ailleurs servir accueillir des travaux de recherche, dans le cadre de protocoles de collaboration entre le MERH et le MAI. Dans ce contexte, le rle des pouvoirs publics devrait tre de : Dvelopper une capacit minimale de recherche aquacole au Tchad (en affectant du personnel et des moyens minimaux) ; Promouvoir la coopration sous-rgionale scientifique et technique dans le domaine de laquaculture en zone soudanienne, en particulier avec le Cameroun et la Rpublique Centrafricaine ; Elaborer des protocoles de collaboration entre le MERH et le MAI pour dvelopper des activits de recherche au niveau des stations aquacoles gres par le MERH ; Sassurer de limplication et de la participation des aquaculteurs et autres oprateurs conomiques concerns dans la dfinition et la mise en uvre des programmes et travaux de recherche en aquaculture.
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Dans le cadre du dveloppement du dispositif de recherche, le rle du secteur priv devrait tre de : Appuyer les programmes de recherche en facilitant laccs linformation et en simpliquant dans la mise en uvre de protocoles de collaboration ; Participer lvaluation des programmes de recherche, en particulier du point de vue de leur pertinence au regard de leurs besoins.
3.1.3. Education et formation Les enjeux lis lducation et la formation sont de pouvoir disposer dans les annes venir dune masse critique de cadres et de techniciens pouvant tre directement oprationnels et recruts au sein de fermes aquacoles orientation commerciale ou de socits de prestation de services spcialises en aquaculture, ou intgrer des services de la fonction publique notamment au niveau des zones fort potentiel aquacole. Les cursus de formation devraient par consquent comprendre des modules, thoriques et pratiques, en amnagement des sites, technique dlevage, gestion dentreprises piscicoles, et aspects post-rcolte (ex. manipulation du poisson, qualit, etc.). Le dispositif de formation devrait galement prvoir des possibilits de recyclage des diffrents acteurs du secteur pour tenir compte des progrs et des innovations dordre technologique (ex. slection et choix de la semence). Dans ce contexte, le rle des pouvoirs publics devrait tre de : Mettre en place une structure capable de dispenser des formations pratiques et thoriques sur laquaculture orientation commerciale ; Introduire des programmes en aquaculture dans les instituts techniques spcialiss dans le secteur rural et les universits en vue de dvelopper des filires diplmantes dans le secteur ; Financer des bourses denseignement suprieur pour renforcer le dispositif de recherche national en particulier ; Promouvoir la coopration bilatrale (avec le Cameroun notamment ex. Centre de recherche et de formation de Foumban) et sous-rgionale (dans le cadre de la CEBEVIRHA notamment) dans le domaine de la formation ; Organiser intervalles rguliers des cours de recyclage de courte dure lattention des cadres et techniciens de ladministration ; Faciliter lorganisation de programmes de formation continue lattention des producteurs ; Financer ou participer au financement de stages et formations pratique des cadres et techniciens de ladministration et du secteur priv, lintrieur ou lextrieur du pays.
Dans le cadre du dveloppement du dispositif dducation et de formation, le rle du secteur priv devrait tre de : Appuyer les programmes de formation pratique en offrant la possibilit daccueillir des tudiants et des stagiaires dans leurs entreprises ; Participer lvaluation des programmes de formation et de recyclage en rendant compte rgulirement des ventuels besoins et difficults rencontres.
3.1.4. Planification et suivi-valuation du secteur La fonction de planification du secteur est souvent sous-estime au sein des administrations en charge de laquaculture. Pourtant elle est essentielle lmergence de formes daquaculture entreprenariale dans les pays en dveloppement afin dassurer une utilisation optimale des rares fonds publics accords au secteur et une bonne coordination de laide internationale. Cette fonction de planification et dorientation des politiques publiques en faveur du secteur est galement importante pour la dfense des intrts du secteur dans le cadre de la mise en valeur du territoire, en particulier lors des
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amnagements hydro-agricoles. La fonction de planification est intimement lie celle du suivi-valuation qui exige la disponibilit dune information fiable et pertinente sur le secteur et des capacits en matire de traitement, de partage et de circulation de cette information. Il sera donc important de dvelopper ces deux fonctions au sein de la DDA dans les annes venir. Les principaux enjeux lis la planification et au suivi-valuation du secteur de laquaculture au Tchad peuvent tre rsums comme suit : Rigueur dans la formulation des programmes et des projets en faveur du secteur susceptibles dtre financs par le budget de lEtat (ex. viter les imprcisions entre pche amplifie et pisciculture ou entre aquaculture commerciale et non commerciale, tablir des priorits dans la recherche des financements, tenir compte es capacits relles de mise en uvre et de suivi des projets, rechercher les complmentarits et les synergies entre les diffrents projets) ; Allocation garantie, sur budget de lEtat, de moyens minimum en faveur de la recherche, de la formation et de la vulgarisation ; Mise en cohrence des initiatives des partenaires (donateurs, ONGs) avec la vision et les principes noncs dans le Cadre stratgique, et contribution de ces initiatives sa mise en uvre ; Mise disposition dune information pertinente sur le secteur, aussi bien lattention des partenaires que des promoteurs (ex. zones/sites potentiels, techniques potentiellement viables sur le plan socio-technico-conomique, manuels de conduite dlevage, liste et prix des intrants, etc.) ; Insertion de ladministration en charge de laquaculture dans les processus de promotion et de gestion des amnagements hydro-agricoles, afin de faciliter le dveloppement de systmes de production IAA en zones de primtres irrigus ; Coopration inter-Etats sur les aspects techniques et scientifiques de laquaculture en zone soudano-sahlienne, notamment dans le court terme avec le Cameroun et la Rpublique Centrafricaine et, dans le plus long terme, avec le Bnin, le Niger,le Burkina Faso et lEgypte.
envisager la mise en place dun fonds de garantie pour l'aquaculture. pour les producteurs, adopter des modes de gestion compatibles avec les exigences des institutions financires (ex. comptabilit) et permettant de raffecter une partie des bnfices dans des investissements aquacoles ; pour les ONGs, renforcer les capacits des producteurs en matire de gestion conomique de leur exploitation et de prsentation de leurs rsultats.
3.2.2. Semence La question de la semence revt une importance toute particulire au Tchad dans la mesure o il ny a jamais eu dcloserie, publique ou prive, dans le pays. Lapprovisionnement en alevins se fait directement auprs des pcheurs, qui les prlvent en milieu naturel, ce qui pose de nombreux problmes du point de vue zootechnique (ingalit de la taille des alevins, absence de slection, prsence despces indsirables, etc.) et donc de la rentabilit des exploitations. Il y a donc urgence promouvoir une politique adapte permettant la disponibilit et laccessibilit de semences de qualit, ce qui suppose lmergence dcloseries et la mise en place dun dispositif de contrle de la qualit des semences mises sur le march. Dans ce contexte, le rle de lEtat devrait consister : simpliquer dans la production et la vente dalevins de qualit en utilisant les infrastructures des stations gouvernementales pour amorcer le processus de dveloppement de cette filire, pendant une priode donne, tout en veillant ce que cette activit de production dalevins pour la vente ninterfre pas avec les initiatives prives ; encourager le secteur priv produire la semence, soit au sein de systmes intgrs comportant une petite closerie, soit au sein dcloseries spcialises, travers des activits de vulgarisation et dappui-conseil (de qualit) et de facilitation de laccs au crdit ; grer, en partenariat avec la profession, un stock de gniteurs des espces correspondant aux systmes de production identifis ; favoriser la diffusion de linformation concernant les sources dapprovisionnement et le prix des semences de bonne qualit ; dfinir une rglementation minimale en matire de production et de qualit des semences et assurer sa mise en application. contribuer aux initiatives publiques visant grer un stock de gniteurs aux niveaux des zones potentiellement prioritaires pour laquaculture ; participer aux programmes de recherche finalise visant amliorer la qualit des semences ; sengager exercer des formes dautocontrle concernant la qualit des semences produites.
3.2.3. Aliment Comme pour la question de la semence, la question de laliment (qui comprend les provendes et les aliments commercialisables, les ingrdients alimentaires et autres intrants), lenjeu sera de promouvoir une politique adapte permettant la disponibilit et laccessibilit daliment de qualit et en quantit suffisante. Cela reposera notamment sur lappui lmergence dunits de fabrication locale daliments pour poisson partir des sous-produits de lagriculture tchadienne et sur la mise en place dun dispositif de contrle de la qualit des aliments mis sur le march. Dans ce contexte, le rle de lEtat devrait consister :
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stimuler les initiatives locales en matire de fabrication daliments, en apportant des conseils sur les formules et en rduisant, ou exonrant, les taxes sur limportation des machines et/ou de certains ingrdients pendant une priode dtermine ; encourager lutilisation daliments de qualit imports en allgeant les taxes sur les importations pendant une longue priode, linstar de ce que le Gouvernement tchadien fait dans le domaine de llevage ; favoriser la diffusion de linformation auprs des aquaculteurs concernant les sources dapprovisionnement et le prix des aliments de qualit, produits localement ou dans la sous-rgion (Nigeria et Cameroun notamment) ; dfinir une rglementation minimale en matire de contrle de la qualit des aliments et assurer sa mise en application. participer aux programmes de recherche finalise visant amliorer la qualit des aliments produits au Tchad ; sengager exercer des formes dautocontrle concernant la qualit des aliments produits.
3.3.2. Commercialisation des produits de laquaculture A lheure actuelle, la commercialisation des produits de laquaculture ne pose pas de problmes particuliers au Tchad compte tenu du dficit de production et de la forte demande en poissons frais notamment. Cela a t attest par les producteurs en activit.
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Une prcision doit tre ajoute ce niveau : professionnalisation, de mme que aquaculture orientation commerciale, ne veut pas dire industrialisation de laquaculture ! Le critre de dfinition ne sapplique en effet ni la taille de lexploitation ni son niveau de capitalisation, mais aux modes de gestion qui sont mis en uvre et qui sont ceux dune entreprise. Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
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Toutefois, lexprience a montr que des problmes peuvent surgir nimporte quel moment du processus de dveloppement et le freiner. En outre, la matrise des aspects lis la commercialisation est un facteur supplmentaire de russite de laquaculture orientation commerciale. Dans ce contexte, le rle des pouvoirs publics et des ONGs serait principalement de : mettre la disposition des producteurs et des consommateurs les informations sur les marchs locaux et nationaux des produits aquacoles ; mettre en place, le cas chant, des mesures de protection des producteurs locaux contre la concurrence trangre conformment aux conventions et accords internationaux sur le commerce international ; favoriser la mise en place et la maintenance des infrastructures de base pour la commercialisation des produits aquacoles ; contribuer la promotion des produits aquacoles ; contrler le respect des normes de qualit des produits aquacoles afin de protger les consommateurs et participer la bonne image de marque des produits aquacoles. assurer la promotion des produits aquacoles ; contribuer la mise en place et la gestion des infrastructures de commercialisation des produits aquacoles ; appliquer des mesures garantissant la qualit des produits conformment aux exigences du march.
3.3.3. Respect des principes de bonne gouvernance La bonne gouvernance est une condition importante pour le dveloppement des entreprises, quelque soit le secteur dactivit, ainsi que cela est soulign dans la SNRP2. Les points mentionns ci-dessous ne concernent que quelques aspects de la gouvernance et ont t, pour certains, dj noncs prcdemment. Mais ils paraissent essentiels dans le contexte du dveloppement dune aquaculture orientation commerciale au Tchad, et sont donc repris ou prciss ci-dessous. Dans le domaine de la bonne gouvernance, le rle des pouvoirs publics (et ONGs) devrait tre en particulier de : promouvoir la mise en uvre de toutes formes de partenariats public / priv pour appuyer le processus de dveloppement de laquaculture ; mettre en place un dispositif danimation, de vulgarisation et dappui-conseil performant et anim dune stricte mission de service public ; protger les aquaculteurs contre les abus auxquels ils sont susceptibles dtre confronts en tant que chefs dentreprise sagissant notamment de lobligation de sacquitter de taxes informelles et illicites6 ; mettre en application la rglementation rgissant les activits daquaculture, y compris les prestations de service dans le secteur ; dvelopper des cadres de concertation avec la profession pour la dfinition et la mise en uvre des initiatives en matire de promotion du secteur de laquaculture. favoriser laccs linformation utile la planification et au suivi-valuation du secteur ; participer activement aux mcanismes de concertation avec ladministration ;
Ce risque dabus, qui se traduirait par des pertes de chiffre daffaires consquentes en cas de prlvement de poisson dans les tangs, est un risque souvent mis en avant par les investisseurs potentiels rencontrs au Tchad. Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
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cooprer avec ladministration notamment dans les domaines de la formation, de la gestion des stocks de gniteurs et de la recherche finalise ; respecter la rglementation en vigueur.
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la production temporaire de semences de qualit en attendant que le secteur priv assure pleinement ce rle ; la formation des techniciens et des aquaculteurs dans certaines technologies non encore matrises par le secteur priv ;
elles puissent servir de centre de dmonstration (vitrine) pour les promoteurs dsireux dinvestir dans laquaculture orientation commerciale 7.
EN UVRE DU
4. MISE
CADRE
STRATGIQUE
Le Tchad se trouve une priode charnire dans lhistoire du dveloppement de son secteur aquacole. En effet, aprs plus dune dcennie de mise en veille, le secteur fait aujourdhui lobjet dun regain dintrt de la part des pouvoirs publics (ex. cration rcente dune DDA) et des partenaires au dveloppement en rfrence aux projets en prparation. Dans le mme temps, on assiste lmergence dune nouvelle gnration daquaculteurs qui par ttonnement tentent de passer le cap dune aquaculture orientation commerciale capable de gnrer des revenus. Le Cadre stratgique donne les orientations gnrales et les principes directeurs qui devraient guider les politiques publiques dans le secteur de laquaculture pour les 10 15 prochaines annes, tout en prcisant les conditions dun dveloppement durable et responsable du secteur et en insistant sur la ncessit de promouvoir des formes de partenariat tous les niveaux entre les pouvoirs publics et le secteur priv. Or, il serait vraiment regrettable que lapproche du Gouvernement et des projets en cours de dmarrage ne tienne pas compte de la vision et des lments de gouvernance contenus dans le Cadre stratgique. Car au del du fait quun nouvel chec des projets de dveloppement en faveur du secteur risquerait de refroidir nouveau les partenaires pendant un certain temps, cela pourrait dcourager les initiatives prives et retarder de plusieurs annes lmergence dune gnration dentrepreneurs seule capable de contribuer, de manire significative, relever le dfi de la scurit alimentaire du pays. Il est donc impratif que le Cadre stratgique, qui ce stade peut encore tre peru comme un document thorique, soit oprationnalis et donc mis en uvre dans les meilleurs dlais. Les recommandations qui suivent ont pour objet de promouvoir la mise en uvre du Cadre stratgique.
Recommandation 1 : Adopter le document de Cadre stratgique
Le prsent document a t valid par lAtelier national sur le Cadre stratgique qui sest tenu NDjamena les 23 et 24 juin 2010. Toutefois, afin de lui donner davantage de force en matire dorientation des politiques publiques de dveloppement de laquaculture, il est recommand que : (i) le MERH adopte le prsent document travers les procdures internes au ministre (ex. dcision ministrielle) ds que possible ; et (ii) le Cadre stratgique soit intgr terme dans le document de politique nationale sur lenvironnement en cours dlaboration.
Recommandation 2 : Mettre en place un Comit paritaire de suivi du Cadre stratgique
Ce Comit paritaire sera charg du suivi de la mise en uvre du Cadre stratgique. A ce titre, il sera aussi consult lors de la prparation des projets de dveloppement en faveur du secteur. Il est recommand que le Comit paritaire soit compos de 6 personnes reprsentant les institutions suivantes : 2 DDA, 2 recherche, 2 producteurs privs, et quil soit prsid par le Directeur de la DDA.
Recommandation 3 : Prparer et mettre en uvre le premier Plan de dveloppement de laquaculture au Tchad
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En particulier, il sera important de bien amnager les sites accueillant les stations aquacoles, afin quils collent le plus prs aux exigences dune aquaculture orientation commerciales (ex. systmes conomes dalimentation en eau, possibilits de vidange des tangs ou des bassins, taille et forme des tangs et des bassins, etc.). Cadre stratgique de dveloppement de laquaculture au Tchad
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Un Plan de dveloppement de laquaculture, accompagn dun programme dactions et de financement sur 5 ans, permettra dimpulser loprationnalisation du Cadre stratgique. Il est par consquent recommand de faire tout le ncessaire pour promouvoir llaboration et ladoption dun Plan de dveloppement de laquaculture dans les meilleurs dlais. Le contenu prcis du Plan sera prcis au moment de son laboration. Les composantes possibles du plan devraient tre les suivantes : Inventaire des zones potentielles aquacoles (y compris les itinraires techniques souhaitables) pour les diffrents types daquaculture orientation commerciale, et en priorit la pisciculture en tangs, la rizipisciculture et lalgoculture ; Mise en uvre dun dispositif adapt de vulgarisation, animation et appui conseil ; Mise en uvre dun dispositif adapt de recherche (y compris mcanismes de coopration scientifique avec dautres pays de la sous-rgion) ; Amlioration des capacits de planification et de suivi-valuation du secteur (y compris mcanismes de coopration technique avec dautres pays de la sous-rgion et mcanismes de concertation permanente avec le secteur priv) ; Renforcement des capacits des acteurs publics et privs (formation, recyclage, dveloppement organisationnel) ; Amlioration des systmes de financement ; Amlioration du cadre juridique.
Recommandation 4 : Adopter les textes dapplication de la loi en vigueur et commencer conduire des rflexions sur lamlioration du cadre juridique rgissant les activits aquacoles
Les insuffisances du cadre juridique actuel ne constituent pas, dans limmdiat, une contrainte importante lmergence de fermes aquacoles orientation commerciale. Il est toutefois recommand que les textes dapplication de la loi en vigueur concernant la cration des tablissements daquaculture soient adopts dans les meilleurs dlais. Par ailleurs, au vu des nombreuses insuffisances de la Loi n14/PR/2008 portant rgime des forts, de la faune et des ressources halieutiques du 10 juin 2008 concernant les dispositions relatives laquaculture, et considrant que la loi et ses textes dapplication devraient constituer un outil pertinent et efficace de la mise en uvre de la vision et des principes noncs dans le cadre stratgique, il est recommand que des rflexions sur lamlioration du cadre juridique rgissant les activits aquacoles dans le cadre de mcanismes impliquant ladministration, la recherche et la profession soient inities ds que possible.
Recommandation 5 : Mettre en place une fiscalit adapte au secteur de laquaculture
A linstar des secteurs de lagriculture et de llevage, il est recommand que le secteur de laquaculture bnficie dun rgime fiscal adapt et avantageux incluant notamment une exonration des taxes douanires sur limportation des intrants pendant une dure suffisante son essor.
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