Caroline Lefebvre

À l’automne 2017, une opération archéologique a été réalisée au sud-est de la ville d’Avignon (Vaucluse), au lieu-dit « Bel Air ». Cette intervention consistait à sonder un vaste terrain d’une superficie d’environ 275 000 m² dans le but d’évaluer le potentiel archéologique du secteur. Dans un des sondages, a été mise au jour une structure antique identifiée comme un possible renforcement d’une portion de voirie, mis en œuvre au moyen d’éléments lapidaires réemployés. Parmi ces derniers, ont été reconnus des stèles anépigraphes et des blocs d’architecture. L’analyse typologique et comparative des pièces architecturales a permis de mettre en évidence, pour certaines d’entre elles, une appartenance à un même monument. Leur mise en parallèle avec d’autres éléments architecturaux découverts à proximité ou dans une zone géographique relativement proche (Mouriès, Saint-Rémy-de-Provence et Beaucaire), nous autorise à proposer ici l’existence d’un nouvel exemplaire de colonne funéraire en Narbonnaise.

Comme les cirques, stades, théâtres et odéons, l’amphithéâtre de Nîmes appartient à la catégorie des édifices de spectacle que les Romains construisent dès la période républicaine et multiplient jusqu’à la fin de l’Empire. Héritiers des modèles grecs ou innovations de l’architecture romaine, ces monuments adoptent des fonctions et des configurations différentes, livrant chacun une histoire qui leur est propre.

Tout proche de l’amphithéâtre de Nîmes, ce géant elliptique que nombreux surnomment les arènes, s’élève désormais le Musée de la Romanité, inauguré le samedi 2 juin 2018. Œuvre de l’architecte Elizabeth de Portzamparc, cet édifice imposant, tant par sa taille que par sa forme quadrangulaire qui contraste avec la courbure du monument antique, accueille les collections de l’ancien Musée archéologique. Manquait en effet à la ville un bâtiment entièrement dédié à la mise en valeur de son riche patrimoine antique, à l’image de celui d’Arles ou de Saint-Romain-en-Gal.

Quelques mots sur la structure contemporaine, dont le résultat, qui diffère du projet initial, fait l’objet de débats. Son aspect massif est quelque peu allégé en partie inférieure par un rez-de-chaussée entièrement vitré, au-dessus duquel s’étend une façade constituée de petites plaques de verre et animée de légères ondulations. Dans l’émission La Fabrique de l’Histoire qui consacre un épisode au Musée de la Romanité, Dominique Darde évoque l’idée de « lévitation » recherchée par Elizabeth de Portzamparc et « des échos de nature beaucoup plus symbolique à la civilisation romaine » qui renvoient à la mosaïque et aux plissés des vêtements antiques. L’illusion de la mosaïque serait rendue par la présence des petits carreaux sur les plaques de verre qui rappelleraient les traditionnelles tesselles. Quant aux ondulations qui font allusion aux drapés, elles laissent libre cours à l’interprétation et à l’adhésion de chacun.

Une fois passées les portes du Musée, la visite s’organise selon une logique chronologique divisée en trois grandes périodes : l’époque pré-romaine entre 800 et 100 a. C. ; l’époque romaine de 27 a. C. à 400 p. C. ; l’époque médiévale du XIe au XVIe siècle. Une quatrième et dernière période, qui procède à la fois d’un choix chronologique et historiographique, se concentre sur les legs de l’Antiquité au travers des collections privées d’érudits et antiquaires nîmois depuis le XVe siècle jusqu’à l’ouverture du premier musée au XIXe siècle et aborde la naissance d’une « archéologie » comme science de l’Antiquité. Salle après salle, nous proposons ici une présentation critique des collections et de la muséographie de ce nouveau musée.

La ville de Vaison-la-Romaine offre une étude à la fois riche et diversifiée lorsque l’on s’interroge sur le réemploi en architecture. À la suite de la conquête romaine qui prend fin au cours de la première moitié du Ier siècle avant notre ère, la ville est implantée sur la rive droite d’un cours d’eau appelé Ouvèze. Elle est abandonnée au Moyen-Âge par la population qui migre sur la rive gauche où se développe un bourg médiéval. À l’époque moderne, la ville s’établie de nouveau sur la rive droite, là où avait été fondée la ville romaine, et s’y installe définitivement. Les diverses constructions qui se sont succédées de part et d’autre de l’Ouvèze, au cours des différentes époques, ont conservé des éléments réemployés qui constituent les précieux témoins de cette pratique. Les trois cas d’étude qui sont abordés se différencient par leur nature et leur chronologie mais ils attestent de l’usage d’une même technique pour leur mise en œuvre. Ce phénomène du réemploi invite à s’interroger sur son processus et ses raisons, ainsi que sur les éléments réemployés, leur nouvelle destination et leur fonction, mais également leur provenance.

En préalable à la construction d’une habitation rue du Château à Argilliers (section B1, parcelle cadastrale 942), l’Inrap a réalisé un diagnostic d’archéologie préventive dans la propriété de M. J.-Ph. Armand afin de vérifier la présence de vestiges archéologiques et plus particulièrement celle de l’aqueduc antique repéré à différents endroits sur la commune. Le tracé hypothétique ayant été établi sur l’analyse de la topographie du terrain, l’emprise prescrite laissait supposer la présence de l’ouvrage hydraulique à l’extrémité méridionale de la parcelle concernée par le projet immobilier. L’opération a consisté en l’ouverture de quatre tranchées qui ont livré quelques traces d’origine anthropique mais aucun vestige en lien avec l’aqueduc.

En préalable à la construction de deux habitations au lieu-dit Ferraud,
au croisement des rues de l’Aubépine et des Garrigues Basses (parcelle
cadastrale B 1881), l’Inrap a réalisé un diagnostic d’archéologie préventive
dans la propriété de Monsieur G. Teisseire afin de localiser l’aqueduc
antique. Le nouveau tracé proposé à la suite d’un précédent diagnostic
conduit en 2006 dans le même secteur, laissait supposer la présence de cet ouvrage sur la parcelle concernée par le projet immobilier. L’opération a consisté en l’ouverture de quatre tranchées d’orientation nord-sud qui se
sont toutes révélées négatives.

En préalable à la construction d’une habitation au 468 chemin des Carrières à Vers-Pont-du Gard, l’Inrap a réalisé un diagnostic dans la propriété de Monsieur G. Pons afin de localiser le tracé de l’aqueduc antique qui était fortement pressenti grâce à l’observation du substrat rocheux affleurant au nord de la zone prescrite. Cette dernière a seulement été expertisée dans sa moitié orientale (section A, parcelles n° 1430, 1433, 1434, 1437 et 1821 ; section B, parcelles n° 2041, 2042, 2043 et 2366), puisque sa moitié occidentale ne se voyait finalement pas impactée par le projet d’aménagement. L’opération a consisté en l’ouverture de deux tranchées dont une première, au nord, qui a permis la mise au jour d’un nouveau segment de l’aqueduc sur une longueur de près de 6,60 m. La seconde tranchée, ouverte au sud, à l’emplacement du projet de construction, s’est révélée négative. Parallèlement à cette intervention, ont aussi été conduites deux prospections dans les propriétés voisines. À l’ouest (section B, parcelle n° 349), l’aqueduc coïncide avec la limite nord-ouest de la parcelle et est visible sur une longueur de près de 24 m. À l’est (section A, parcelle n° 113), l’ouvrage remarquablement conservé avec sa voûte encore en place apparaît à plusieurs endroits, ce qui permet de le suivre sur une longueur de 40 m environ. Ainsi, l’ensemble de ces observations autorise aujourd’hui à restituer avec précision, dans ce secteur, le tracé de l’aqueduc sur une distance avoisinant les 140 m d’ouest en est.

Les deux dernières campagnes de fouille programmée conduites en 2014 et 2015 sur le site du forum de Vaison-la-Romaine, ont permis de mettre au jour plus de 140 nouveaux éléments architecturaux en place ou erratiques, venus s’ajouter à ceux découverts lors des deux précédentes opérations réalisées en 2011 et 2013. Le corpus des blocs d’architecture provenant du complexe monumental s’élève au total à 295 fragments, étudiés dans le cadre d’une thèse portant plus largement sur "L’architecture monumentale et son décor à Vaison-la-Romaine (Vasio Vocontiorum) du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C."

La mise en parallèle de l’ensemble des pièces architecturales recueillies a livré de précieuses données sur la colonnade de la galerie occidentale, permettant de restituer certaines de ses composantes et ainsi de mieux appréhender son élévation. L’examen de ces dernières a également mis en évidence la présence de motifs ornementaux caractéristiques de certaines productions architecturales, qui constituent par conséquent d’importants critères chronologiques pour l’érection du complexe du
forum. Enfin, un dernier aspect sera abordé car il constitue un rare et précieux témoignage dans l’architecture monumentale antique : la polychromie. L’étude conduite sur le sujet étant pleinement en cours, il s’agira là d’exposer de premières conclusions sur les différents éléments architecturaux porteurs de traces de polychromie, sur les couleurs employées et leurs rapports avec les motifs ornementaux, et bien évidemment sur les parallèles connus dans le monde occidental romain qui viennent enrichir et étayer la réflexion.

Le corpus des blocs d'architecture recueillis lors des différentes interventions conduites sur le site du forum de Vaison-la-Romaine et en partie catalogués ci-après, s'élève au total à 295 fragments étudiés dans le cadre d'une thèse portant plus largement sur "L'architecture monumentale et son décor à Vaison-la-Romane (Vasio Vocontiorum) du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C.".

Cette prospection thématique réalisée entre les mois de juin et décembre 2020 s’inscrit dans le cadre d’un travail de Doctorat en « Langues, histoire et civilisations des mondes anciens » débuté en octobre 2015 à l’Université Lumière Lyon 2. Intitulée « L’architecture monumentale et son décor à Vaison-la-Romaine (Vasio Vocontiorum) du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C. », cette thèse est dirigée par Monsieur J.-Ch. Moretti (directeur de recherche au CNRS ; IRAA Lyon – USR 3155).
Cette opération a pour objectif d’achever le corpus des éléments d’architecture qui constituaient le décor des monuments publics de l’antique Vasio Vocontiorum. Ce « catalogue » entrepris dès 2013 dans le cadre de notre Master effectué à l’Université Grenoble Alpes, a été progressivement alimenté depuis 2015 au fur-et-à-mesure de l’avancée de nos travaux de thèse. Afin de réaliser une étude typologique et comparative approfondie, quelques derniers lots essentiels manquent à ce corpus, certains ayant fait l’objet d’une observation partielle au cours des précédentes années, d’autres restant encore à étudier.
Situés sur les sites archéologiques de la Villasse et des thermes du Nord, au dépôt archéologique de la Villasse ou encore au Musée archéologique Théo Desplans à Vaison-la-Romaine ; dans des collections privées au Château Raspail à Gigondas et au Château Maucoil à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse) ; ou encore, au Musée d’archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) ; les lots étudiés regroupent des éléments d’architecture encore en place, erratiques ou bien réemployés.
Ornements des grands monuments qui constituaient la parure monumentale de la ville antique tels que le forum, le théâtre et les établissements thermaux, ces pièces architecturales livrent de précieux renseignements sur la production (les ateliers, la diffusion des cartons romains, l’usage de « styles locaux »), la construction (l’exploitation des carrières, le transport des matériaux, les techniques de mise en œuvre), l’évolution et le vécu des édifices (l’abandon, la destruction, le réemploi) et enfin, sur l’apparence de ces derniers et l’organisation des espaces internes qui les structurent.

Depuis 2021, le site « Cathédrale‑Nord » à Vaison-la-Romaine (Vaucluse) fait l’objet d’une prospection thématique visant à examiner l’ensemble du mobilier archéologique issu des fouilles anciennement conduites entre 1972 et 1982.

Une analyse typologique a été réalisée sur une trentaine d’éléments architecturaux découverts en situation de réemploi dans les structures bâties de l’Antiquité tardive. Parmi ces derniers, on compte diverses composantes architecturales telles que des fûts de colonne ou de pilastre, des chapiteaux, ou encore des couronnements d'architrave, de frise et de corniche provenant d'entablements.

Un groupe d’une quinzaine de fragments, soit près de la moitié du corpus, se distingue cependant en raison de leur nature ornementale qui révèle la présence d’un type de décor bien spécifique resté inconnu jusqu’alors à Vaison.

L’archéologie préventive apporte aujourd’hui des données scientifiques et des preuves tangibles aux professionnels du patrimoine, confrontés à des chantiers de restauration voire à des reconstructions partielles de monuments historiques. Les exemples médiatisés des fouilles menées à Notre-Dame de Paris, à Saint-Denis ou encore à Villers-Cotterêts montrent, qu’au-delà de l’intervention sur site ou dans l’urgence, les études archéologiques menées en laboratoire ont encore considérablement enrichi notre connaissance de ces symboles patrimoniaux nationaux.

Qu’en est-il aujourd’hui dans une ville comme Nîmes, dont l’héritage monumental est tout à la fois une chance et une contrainte qui pèse sur les services de l’État, les élus, les aménageurs, les architectes, les professionnels de la culture et de l’urbanisme ? Comment les recherches archéologiques récentes ont-elles permis d’orienter les partis pris de restauration ou de confortement des monuments urbains antiques et médiévaux en élévation ? Pourquoi cette phase d’expertise et de documentation scientifique est-elle nécessaire avant toute intervention?

Archéologues et professionnels du patrimoine proposent d’échanger sur leurs contributions respectives, leurs pratiques et savoir-faire complémentaires: respecter l’histoire, préserver les modes constructifs des monuments, transmettre et valoriser la connaissance.

L’accueil de cet événement au Musée de la Romanité était indispensable, tant le musée est la plus belle vitrine de l’actualité de la recherche archéologique menée dans la commune, à proximité immédiate de l’amphithéâtre romain, comme une illustration du thème de cette journée d’étude.

Invitation du Pôle Patrimoine de Vaison-la-Romaine en collaboration avec l'Inrap dans le cadre des Journées européennes de l'archéologie.

Si Vaison-la-Romaine est connue pour ses sites archéologiques, La Villasse et la Colline de Puymin, elle est également riche en monuments et complexes architecturaux antiques. Si certains, comme le pont et le théâtre, ne peuvent passer inaperçus, d’autres ne sont plus visibles, détruits au fil des siècles ou masqués par la ville moderne. Cette communication propose de retracer la monumentalisation de l’antique Vasio Vocontiorum pour (re)découvrir les grands monuments érigés il y a 2 000 ans.

Dans le cadre d’une thèse conduite sur l’architecture monumentale et son décor à Vaison la Romaine sous le Haut-Empire, soutenue en 2021, le site « Cathédrale-Nord » a constitué un cas d’étude exceptionnel en raison des nombreux fragments d’architecture antiques réemployés qu’ont livré les fouilles réalisées entre 1978 et 1980. La mise au jour de murs datés de l’Antiquité tardive a révélé la présence de ces éléments lapidaires dont l’analyse typologique et, plus spécifiquement, de leurs motifs décoratifs, a permis de réfuter l’hypothèse émise par les inventeurs quant à leur identification et leur provenance, au regard notamment des parallèles que nous offrent la ville de Rome et quelques autres capitales de province.

La prospection thématique présentement conduite sur le site « Cathédrale-Nord » et initiée en 2021, vise à reprendre l’étude de l’ensemble du mobilier archéologique issu des fouilles anciennes réalisées au nord de la cathédrale Notre-Dame-de Nazareth entre 1971 et 1982. Si le site, par sa proximité avec l’édifice religieux et par la richesse des découvertes qui y ont été faites, a cristallisé les attentions durant toute une décennie, l’enchevêtrement complexe des structures, résultat d’une longue occupation, n’a pas facilité la lecture et la compréhension générale des vestiges. C’est là toute la problématique de cette nouvelle opération qui, grâce au concours de plusieurs spécialistes, prétend livrer une lecture actualisée des vestiges tout en appréhendant la nature des différentes occupations qui s’y sont succédées.

Invitation du Pôle Patrimoine de Vaison-la-Romaine en collaboration avec l'Inrap dans le cadre des Journées européennes de l'archéologie.

De récents travaux conduits par Caroline Lefebvre, archéologue à l’Inrap, dans le cadre d’une thèse intitulée "L’architecture monumentale et son décor à Vaison-la-Romaine du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C.", ont permis de comprendre l’histoire et l’évolution de la panoplie monumentale de la ville antique de Vasio Vocontiorum, à des périodes au cours desquelles elle jugea opportun de se parer de certains édifices ou complexes architecturaux (forum, théâtre, édifices thermaux, etc.). Cette monumentalisation a également été appréhendée grâce à l’étude du décor architectural en place, erratique ou bien réemployé, permettant de caractériser les spécificités de la production vaisonnaise.

Invitation du Service Culturel de Sainte-Foy-lès-Lyon.

Les cirques, les stades, les théâtres, les odéons et les amphithéâtres, édifices de spectacle qui autrefois contribuaient à embellir les villes du
monde romain, se fondent ou se dissimulent aujourd’hui dans nos paysages urbains et ruraux.
Héritiers des modèles grecs ou innovations de l’architecture romaine, ces monuments qui se distinguent par leurs fonctions et leurs configurations différentes, livrent chacun une histoire qui leur est propre.
Les plus célèbres sont assurément ceux de Rome mais bien d’autres villes notamment en Gaule ont conservé leurs édifices de spectacle, symboles de leur prospérité durant l’Antiquité. Tel est le cas de Lugdunum dont les monuments antiques constituent de précieux témoignages de grandeur et de richesse.

Invitation de l'Association des Amis des Musées de la Civilisation Gallo-Romaine (GAROM) et des Amis de Vienne.
Conférence dans la cadre du cycle thématique : "Memoria - mémoire et histoire de grands sites archéologiques".

« Opulentissimae ». Tel est le terme utilisé par Pomponius Mela au Ier siècle de notre ère, lorsqu’il dresse la liste des villes les plus florissantes de la Gaule Narbonnaise parmi lesquelles apparaît, en premier lieu, Vasio Vocontiorum. Dès l’Antiquité, la prospérité de la capitale des Voconces méridionaux s’avère, de fait, incontestable.
À travers les siècles, érudits, collectionneurs, architectes et archéologues ont contribué à révéler les richesses de l’antique Vaison. Les uns étaient en quête des plus beaux « trésors », les autres œuvraient aux grands dégagements, tous à la recherche des vestiges de cette civilisation romaine tant admirée. Chacun, à leur manière, ils s’appliquèrent à confectionner une mémoire et une histoire de ce grand site archéologique dont la notoriété perdure encore de nos jours.

Entre 1934 et 1936 le chanoine J. Sautel (1880-1955), célèbre pour avoir exhumé la ville antique de Vaison-la-Romaine durant la première moitié du XXe siècle, met au jour les vestiges d’un édifice de caractère monumental qu’il qualifia dès lors de « basilique publique ».
Quelques décennies plus tard, à partir des années 1970 et jusqu’au début du XXIe siècle, cette identification fut remise en cause à plusieurs reprises sans pour autant écarter de manière définitive l’hypothèse émise initialement.
La découverte récente du forum de Vaison-la-Romaine au printemps 2011 dans le cadre d’un diagnostic d’archéologie préventive révéla l’existence de ce complexe monumental à proximité immédiate des constructions dévoilées par le chanoine.  Les vestiges du forum ayant été mis au jour ne livrent qu’une faible partie de son étendue mais l’étude actuellement en cours vise à appréhender l’ensemble du schéma architectural et les différentes composantes qui le structurent.
Le croisement des données anciennes et récentes permet aujourd’hui de porter un regard inédit sur la « basilique publique » de J. Sautel et de suggérer une nouvelle approche concernant sa destination et son appartenance au complexe monumental et civique de Vaison-la-Romaine.

Le forum de Vaison-la-Romaine (Vaucluse) a été découvert en 2011 et fouillé lors d’une campagne triennale menée de 2013 à 2015. Son étude architecturale et ornementale s’insère dans les travaux d’une thèse menée depuis 2015 sur l’architecture monumentale et son décor à Vaison-la-Romaine (Vasio Vocontiorum) du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C.
Sa localisation avait été suggérée dès 1934 par le chanoine J. Sautel lors de dégagements de vestiges situés plus au nord et par certaines signalisations anciennes. Aujourd’hui, l’ensemble de ces découvertes permet d’entrevoir l’étendue, l’organisation et la chronologie de ce complexe monumentale vraisemblablement érigé au Ier siècle.
Organisé sur deux terrasses, il comprend en partie basse une esplanade probablement cernée de trois portiques et fermée au nord par le socle de la terrasse haute. Cette dernière présente un vaste espace invitant à restituer une hypothétique basilique fermée au nord par le regroupement de trois salles dont la destination de caractère public suggère d’y reconnaitre les organes administratifs de la cité tels qu’une curie, un tabularium, un tribunal, etc.

Au cours de l’été 2021, sur une durée de trois semaines, a été conduite une première campagne de prospection thématique visant à effectuer le récolement et à entreprendre l’étude du mobilier archéologique mis au jour
durant les fouilles anciennement réalisées sur le site « Cathédrale-Nord » à Vaison-la-Romaine, entre 1972 et 1982.