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1.1.1.

Le fonctionnement hydrologique d’un bas-fond


Le fonctionnement hydrologique d’un bas-fond dépend de la nature des sols et de la
végétation du bas-fond mais aussi des versants qui le surplombent. En effet, les versants sont
les sources d’alimentation en eau du bas-fond. Plusieurs alimentations coexistent :
 une alimentation de surface, due aux ruissellements, ruissellements provenant des
versants adjacents, ruissellement provenant de l’amont (circulation dans le bas-
fond) ou des ruissellements qui se produisent dans les premiers centimètres du sol
(ruissellements hypodermiques). Ces ruissellements sont fortement liés à un
événement pluvieux, ils durent quelques heures après une pluie
 une alimentation souterraine, qui est l’écoulement de la nappe de versant vers la
nappe phréatique de bas-fond (nappe de bas-fond). Cette nappe, de part ses
fluctuations peut alimenter le bas-fond.
Les deux phénomènes ont lieu en saison des pluies, mais seule l’alimentation par la nappe se
poursuit en saison sèche.
Au cours de la saison des pluies, les écoulements dans un bas-fond peuvent se décomposer en
plusieurs phases :
 La première phase débute avec les pluies et trouve son origine dans la saturation
des sols. En effet, à la fin de la saison sèche, les sols sont secs. Les premières
pluies comblent donc le déficit hydrique des sols. Il n’y a peu de drainage, peu de
ruissellement, sauf lors de très fortes pluies. Aucun écoulement n’a lieu dans le lit
mineur (si le bassin versant amont n’est pas trop dégradé).
 La seconde phase débute avec la réalimentation de la nappe lorsque la réserve des
sols a été reconstituée. La réhumectation superficielle des sols et la création de
pellicules de battance et autres croûtes diminuent leur vitesse d’infiltration, un
ruissellement peut avoir lieu et donner des écoulements dans le marigot. Ces
écoulements se tarissent peu de temps après les pluies car ils sont uniquement dus
au ruissellement.
 La troisième phase correspond à l’apparition des premiers signes d’une vidange
superficielle de la nappe. Les écoulements de base se déclenchent alors dans le
marigot. D'intermittents, les écoulements dans le bas-fond deviennent continus.
Lors des épisodes pluvieux, le bas-fond se remplit brusquement et le marigot
s’épand sur toute la largeur du bas-fond. Lors des épisodes secs, sans pluie, le
marigot regagne son lit mineur et les écoulements se tarissent lentement. Le niveau
de la nappe reste proche de la surface du sol.
 La fin des pluies amorce la quatrième phase des écoulements. La nappe continue
sa vidange vers le bas-fond. Cela se poursuit tant que le niveau de la nappe n’a pas
atteint une cote limite pour laquelle les écoulements de base cessent dans le lit
mineur.
 Enfin dans une dernière phase, alors que le marigot ne coule plus, la vidange de la
nappe se poursuit lentement par un écoulement souterrain dans un bas-fond et par
des fuites vers la nappe profonde, jusqu’au début de l’hivernage suivant.
La figure ci-contre schématise le
fonctionnement théorique d’un
complexe bas-fond/versants. Elle
illustre les différents éléments du bilan
hydrologique au sein du complexe
versants/bas-fond.

Figure 1.2 : schématisation du fonctionnement théorique


d’un complexe bas-fond/versants
La pluie qui tombe sur le bassin versant peut soit ruisseler, soit s’infiltrer. Des pertes ont lieu
par évapotranspiration et par absorption des végétaux. L’évapotranspiration est due d’une
part, aux végétaux et d’autre part, à l’évaporation de la lame d’eau qui recouvre le sol.
Les écoulements souterrains et les écoulements de surface coexistent. Ils sont alimentés de
plusieurs façons. Les écoulements de surface sont alimentés par le ruissellement qui a lieu sur
les versants ainsi que par les résurgences des nappes de versant et de bas-fond. Il est possible
de séparer temporellement ces alimentations car le ruissellement produit une alimentation
immédiate alors que les nappes conduisent à une alimentation différée. Les écoulements
souterrains proviennent de l’écoulement gravitaire des nappes de versant et de bas-fond et de
l’infiltration des eaux de surface au cours des épisodes pluvieux ou pendant leur écoulement
dans le marigot.
Il existe également des fuites d’eau de la nappe phréatique vers les nappes profondes situées
dans les sédiments profonds.

1.1.2. Les éléments hydrauliques constituant un bas-fond et leur rôle


Du point de vue du diagnostic hydraulique et de l’aménagement, un bas-fond se caractérise
par trois composantes : un lit majeur, un lit mineur, une nappe phréatique.
Comme nous le signalons précédemment : « Un bas-fond peut se résumer comme une
succession de tronçons homogènes, larges ou étroits où les lits majeur et mineur ont des
aspects différents (largeur, longueur, profondeur, pente, occupation, etc.). La nappe
phréatique se comporte différemment dans chacun de ces tronçons ». Cette succession de
tronçons homogènes est le résultat de l’hydrologie et des phénomènes hydrauliques qui ont
sculpté ces bas-fonds.

1.1.2.1. Lit majeur

Le lit majeur n’intervient que pour évacuer les importantes crues qui ne passent pas dans le
seul lit mineur. Son rôle hydraulique consiste à assurer le transit de ces crues par un épandage
sur la largeur du lit. La largeur d’épandage dépend de la crue, en particulier de son débit et de
la pente transversale du lit majeur.

La géométrie du lit majeur découle de l’histoire géologique du cours d’eau. Suivant les
chemins qu’il s’est trouvé au milieu des obstacles géologiques, le cours a retenu un lieu
préférentiel d’écoulement. Il l’a peu à peu modifié, en déposant au cours des millénaires des
dépôts provenant de l’érosion des versants, transportés par les ruissellements.

La structure et les dimensions d’un lit majeur dépendent donc de l’histoire géologique de la
région : substratum, mouvements tectoniques, qualité et quantité des apports, d’un
changement des écoulements sur les versants. Elles n’évoluent qu’à l’échelle de temps
géologique.
On ne peut donc pas changer les dimensions de ce lit majeur, le lit majeur est la zone
exploitable, la surface cultivable. Lors du diagnostic, le choix d’une section de lit majeur qui
possède une certaine largeur assure une superficie exploitable qui pourra être intéressante et
une répartition des débits de crue. Plus ces débits seront répartis tout au long d’une large
section, moins ils seront violents, plus la vitesse de l’eau sera faible.

1.1.2.2. Lit mineur

Le lit mineur résulte de l’effet érosif des passages d’eau à l’intérieur du lit majeur. Ses
dimensions varient dans l’espace et le temps en fonction des changements du lit majeur et des
débits qui transitent dans le bas-fond (évolution du ruissellement sur le bassin versant,
affluents). Ce sont les débits moyens et exceptionnels qui le modifient. Le lit mineur n’existe
pas toujours, il peut être absent.
C’est d’abord un couloir préférentiel de circulation des débits, un lieu où l’eau circule le plus
facilement, où elle rencontre le moins d’obstacles (contrairement aux grandes surfaces
d’épandage du lit majeur).
Lorsque ce couloir est plein d’eau, il peut se comporter comme un réservoir en charge qui
alimente la nappe phréatique du sous-sol. Lorsque ce couloir est vide, il peut faire office de
drain et vidanger partiellement les sols adjacents gorgés d’eau.

1.1.2.3. Nappe phréatique

La nappe phréatique superficielle est un lieu de circulation et de stockage de l’eau à moyen ou


long terme. Elle s’installe dans des sédiments déposés par les écoulements du bas-fond. Ces
sédiments proviennent de l’érosion des versants du bassin situés en amont. Ils reposent sur un
substratum géologique plus ou moins profond et plus ou moins altéré. Celui-ci peut lui aussi
contenir une nappe en continuité hydraulique avec la nappe superficielle.
La géométrie de la nappe superficielle suit généralement celle du lit majeur qui lui donne
naissance. Sa largeur varie donc en fonction de celle du lit, sa profondeur en fonction des
combinaisons de mouvement du sous-sol et de la surface. Elle se trouve le plus souvent en
continuité hydraulique avec les écoulements souterrains provenant des versants.
La compréhension des phénomènes hydrauliques au sein du bas-fond et l’identification du ou
des facteurs à l’origine des modifications du comportement hydraulique seront les résultats
principaux du diagnostic hydraulique.
2. LES PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT DES BAS-FONDS PAFR
L’objectif des aménagements PAFR est de maintenir une lame d’eau uniforme dans les
rizières. La constitution d’une lame d’eau d’environ 15 cm permet de sécuriser le riz pendant
toute la campagne contre les périodes de sécheresses.
Suite à un diagnostic effectué par la CG/PAFR dans la sous région, il a été retenu de
promouvoir les diguettes à courbes de niveau en terre compactée pour répondre aux besoins
de la riziculture de bas-fond au Burkina Faso.

Les diguettes suivant les courbes de niveau permettent au mieux cette création de réserve
d’eau sans pour autant inonder trop le riz lors des passages de crues.
Pour une gestion optimale, il est préférable de planer ensuite l’espace entre les diguettes à
courbe de niveau. Ce travail nécessite la mobilisation d’engins comme des bulls et des
niveleuses, entraînant un surplus de coût d’au moins 500.000 Fcfa/ha.

Lors d’un passage d’une crue, le bas-fond s’inonde sur toute sa largeur, et toutes les diguettes
sont submergées. Afin de protéger les diguettes en terre compactée contre la force érosive de
l’eau, les diguettes sont protégées par un enrochement posé sur une toile de polypropylène,
faisant office de géotextile. Sans cette protection, la terre, même compactée et enherbée, serait
emportée par l’eau. L’enrochement ne maintient pas seulement le substitut de géotextile mais
agit aussi comme une digue filtrante. Il ralentit les vitesses de l’eau, brise l’énergie de la chute
d’eau et relève le niveau de la lame d’eau lors d’une crue.

Photo 1 CG/PAFR, diguette à courbe de niveau


Les diguettes protégées sont munies de pertuis de vidange afin de permettre aux producteurs
de vider les casiers de tout l’aménagement en trois jours, notamment après le passage d’une
crue quand les plantes sont encore de petites tailles.

Photo 2 : CG/PAFR, Pertuis de vidange

La faible hauteur des diguettes facilite fortement la gestion de l’aménagement. Ceci, ainsi que
l’utilisation exclusive des matériaux disponibles en milieu rural, assure sa réplicabilité.

Le schéma ci-dessous présente différents types d’aménagement PAFR, basés sur les mêmes
principes. Le type T1 présente l’aménagement avec la meilleure protection. La surface entre
les diguettes a été planée.

Selon la complexité du bas-fond ou pour tenir compte des contraintes technico-économiques


différentes variantes peuvent être réalisées. A titre d’exemple, lorsqu’un lit mineur est présent
il y lieu d’insérer des ouvrages complémentaires : cavalier, ouvrage de dérivation, ouvrage de
franchissement, qui seront dimensionnés par des bureaux d’études.

Pour les petits aménagements, le coût de mobilisation et de repli des engins de terrassement et
de compactage devient trop élevé ce qui rend l’investissement économiquement non rentable.
Dans cette situation, il est proposé de supprimer l’utilisation des gros engins comme le bull et
la niveleuse. Ainsi, les travaux de ripage et de planage ne seront plus retenus. Les travaux
d’aménagement seront limités aux travaux de construction de diguettes à courbes de niveau
revêtues et leur pertuis de vidange. Ces travaux peuvent être réalisés soit par un tâcheron ou
une petite entreprise, soit par le groupement lui-même. Dans ce dernier cas, les travaux de
remblai compacté deviennent le nouveau facteur limitatif. En effet le groupement n’a que des
dames à main pour compacter la terre argileuse des diguettes. C’est ainsi que la hauteur des
diguettes, réalisées par le groupement a été revue à la baisse et est ainsi passée à 25 cm (afin
que le travail ne soit pas trop pénible pour les villageois) au lieu de 35 cm recommandés
auparavant pour ce type d’ouvrage. Les aménagements réalisés au groupement adoptent une
dénivelée de 20 cm

Avant tout démarrage des travaux, les producteurs s’organisent en groupement et s’engagent à
ramasser et à charger les moellons ou cailloux dans des bennes quel que soit le type
d’ouvrage. Les besoins en moellons pour un aménagement de type T1 dépassent généralement
les 100 m3 par hectare à aménager. Ce travail important est pénible et grand demandeur de la
main d’œuvre locale. Il constitue ainsi un réel frein dans le lancement des travaux. Dans le
souci de limiter cette contrainte le PAFR a cherché des solutions.

C’est ainsi que différentes variantes ont été développées ayant pour but de réduire les besoins
en moellons (types T2, T4) en ne protégeant qu’une diguette sur deux (T2) ou en enrochant
que la partie aval de chaque diguette (T4). L’expérience a démontré que les protections
partielles ne donnent pas totalement satisfaction et sollicitent plus de travaux d’entretien de la
part des bénéficiaires. D’autre part, dans les aménagements de type T2 (protection en
alternance) on observe une érosion progressive au niveau des diguettes non protégées. Notons
que cette érosion est moins forte dans l’aménagement du bas-fond de Ouizin (province du
Ioba) où, grâce à un planage plus sophistiqué, la dénivelée au niveau de la diguette non
protégée a été réduite de 0,2 m à 0,1 m. Cependant la dénivelée au niveau des diguettes
protégées y est de 0,3 m comme dans les T1.

En revanche, les diguettes de type T7 tout en réduisant les besoins en moellons par ml de
diguette d’environ 25 % recouvrent totalement les diguettes. Ce nouveau type est en cours de
réalisation. Au moment de la rédaction de ce guide il n’est donc pas possible de confirmer sa
durabilité. A ce stade il est donc prudent de ne pas appliquer ce type de diguette dans les
aménagements ayant un planage horizontal, caractérisé par une chute d’eau plus importante
au niveau des diguettes.

Figure 2.1 : Différents types d’aménagement du PAFR

En général, seulement une diguette sur deux sera revêtue la première année. Les diguettes non
protégées subiront certes des dégradations, qui doivent être réparées après la saison de pluies,
et ces diguettes seront revêtues à leur tour. Protéger les diguettes en alternance génère plus
d’érosion mais permet de réaliser une plus grande superficie, dès la première année !
Ces décisions devraient donc être prises par le groupement avant tout démarrage des travaux.

Les caractéristiques des diguettes à réaliser dans les petits bas-fonds sont présentées dans le
profil en travers ci-après.

Figure 2.2 : Caractéristiques des diguettes T7 à réaliser dans les petits bas-fonds
3. LES ÉTUDES D’AMENAGEMENT

3.1. GÉNÉRAL
Les études d’aménagement font suite à une demande villageoise, validée par une série
d’étapes, dont
 L’acceptation du dossier de demande (demande villageoise formalisée, PV de palabre,
questionnaire, liste des exploitants, schéma du bas-fond, points GPS) ;
 Visite de reconnaissance avec le groupement afin de délimiter la zone de demande et
d’effectuer un premier diagnostic physique ;
 Diagnostic socio économique sommaire.

Les études sont généralement réalisées par des bureaux d’études. Elles sont souvent coûteuses
et d’une durée importante. Ceci peut donc constituer un frein au développement de la
riziculture de bas-fond. C’est ainsi que le PAFR a mis en place d’autres approches, plus
rapides et moins onéreuses.

La finalité des études est l’élaboration d’un dossier de consultation des travaux. Un exemple
de DAO est joint en annexe. Notons que le type de dossier varie en fonction des procédures
des bailleurs de fonds.

3.2. DÉMARCHE CLASSIQUE DES BUREAUX D’ÉTUDES


Les études vérifient la faisabilité technique, sociale, économique et environnementale des
aménagements de bas-fonds. Ils se déroulent en trois phases :
o les travaux de terrain, contenant les études topographiques, pédologiques et
hydrologiques, ainsi que les enquêtes agro économiques. Cette phase à comme
objectif d’identifier le potentiel et les contraintes du bas-fond :
o les propositions d’aménagement et l’avant projet sommaire ;
o l’avant projet détaillé et le dossier d’appel d’offres.

Pour avoir une meilleure appréciation des résultats attendus pour chaque phase, un exemple
de termes de références classique est jointe en annexe 4. Ce guide n’a pas pour objet de
décrire en détail la méthodologie classique des études d’aménagement de bas-fond.
Ce type d’étude nécessite la mobilisation d’une équipe multidisciplinaire et une brigade
topographique et est généralement effectué par des bureaux d’études. Comme il y a
différentes phases et que les études hydrologiques nécessitent d’observer, au moins pendant
un hivernage, le comportement hydrologique du bas-fond, la durée des études dépasse
généralement les 5 mois. Le coût à l’hectare aménagé d’une telle étude avoisine les 200.000
FCFA.

Dans le double souci : réduire le coût des études et aussi leur durée, la CG/PAFR a cherché à
simplifier les études. Le grand nombre de bas-fonds dans lequel elle est intervenue lui a
permis de déterminer les critères de sélection des bas-fonds facilement aménageables. Il s’agit
de bas-fond à fond plat, large, ayant une faible pente et des durées d’inondation importante
inférieures à 3 jours. Ces bas-fonds se prêtent très bien aux aménagements à diguettes à
courbes de niveau. La grande majorité des bas-fonds ont été étudiés par une équipe restreinte
de la CG/PAFR. Les durées et le coût à l’hectare ont pu être réduits : la durée ne dépasse pas
une semaine, tandis que le coût ne dépasse pas les 20.000 FCFA/ha.
Les coûts de mobilisation des engins lourds comme les bulls et niveleuses, ont une part trop
importante dans le calcul des coûts à l’hectare aménagé pour les superficies inférieures à 30
ha. On doit avoir alors recours à une autre approche.

Suite à la forte demande d’aménagement de petites surfaces dans les bas-fonds au sud de
l’isohyète 700 mm, la CG/PAFR a opté pour le renforcement des capacités des techniciens
supérieurs se trouvant au niveau des services décentralisés du Ministère de l’Agriculture, de
l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques. L’approche fût de davantage simplifier la
démarche afin de permettre à chaque direction provinciale de réaliser leurs propres études et
travaux d’aménagement. Ainsi sera-t-il possible d’augmenter le rythme des travaux
d’aménagement et de mieux répondre à la demande croissante de mise en valeur de bas-fond.

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