Guide 2
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Le lit majeur n’intervient que pour évacuer les importantes crues qui ne passent pas dans le
seul lit mineur. Son rôle hydraulique consiste à assurer le transit de ces crues par un épandage
sur la largeur du lit. La largeur d’épandage dépend de la crue, en particulier de son débit et de
la pente transversale du lit majeur.
La géométrie du lit majeur découle de l’histoire géologique du cours d’eau. Suivant les
chemins qu’il s’est trouvé au milieu des obstacles géologiques, le cours a retenu un lieu
préférentiel d’écoulement. Il l’a peu à peu modifié, en déposant au cours des millénaires des
dépôts provenant de l’érosion des versants, transportés par les ruissellements.
La structure et les dimensions d’un lit majeur dépendent donc de l’histoire géologique de la
région : substratum, mouvements tectoniques, qualité et quantité des apports, d’un
changement des écoulements sur les versants. Elles n’évoluent qu’à l’échelle de temps
géologique.
On ne peut donc pas changer les dimensions de ce lit majeur, le lit majeur est la zone
exploitable, la surface cultivable. Lors du diagnostic, le choix d’une section de lit majeur qui
possède une certaine largeur assure une superficie exploitable qui pourra être intéressante et
une répartition des débits de crue. Plus ces débits seront répartis tout au long d’une large
section, moins ils seront violents, plus la vitesse de l’eau sera faible.
Le lit mineur résulte de l’effet érosif des passages d’eau à l’intérieur du lit majeur. Ses
dimensions varient dans l’espace et le temps en fonction des changements du lit majeur et des
débits qui transitent dans le bas-fond (évolution du ruissellement sur le bassin versant,
affluents). Ce sont les débits moyens et exceptionnels qui le modifient. Le lit mineur n’existe
pas toujours, il peut être absent.
C’est d’abord un couloir préférentiel de circulation des débits, un lieu où l’eau circule le plus
facilement, où elle rencontre le moins d’obstacles (contrairement aux grandes surfaces
d’épandage du lit majeur).
Lorsque ce couloir est plein d’eau, il peut se comporter comme un réservoir en charge qui
alimente la nappe phréatique du sous-sol. Lorsque ce couloir est vide, il peut faire office de
drain et vidanger partiellement les sols adjacents gorgés d’eau.
Les diguettes suivant les courbes de niveau permettent au mieux cette création de réserve
d’eau sans pour autant inonder trop le riz lors des passages de crues.
Pour une gestion optimale, il est préférable de planer ensuite l’espace entre les diguettes à
courbe de niveau. Ce travail nécessite la mobilisation d’engins comme des bulls et des
niveleuses, entraînant un surplus de coût d’au moins 500.000 Fcfa/ha.
Lors d’un passage d’une crue, le bas-fond s’inonde sur toute sa largeur, et toutes les diguettes
sont submergées. Afin de protéger les diguettes en terre compactée contre la force érosive de
l’eau, les diguettes sont protégées par un enrochement posé sur une toile de polypropylène,
faisant office de géotextile. Sans cette protection, la terre, même compactée et enherbée, serait
emportée par l’eau. L’enrochement ne maintient pas seulement le substitut de géotextile mais
agit aussi comme une digue filtrante. Il ralentit les vitesses de l’eau, brise l’énergie de la chute
d’eau et relève le niveau de la lame d’eau lors d’une crue.
La faible hauteur des diguettes facilite fortement la gestion de l’aménagement. Ceci, ainsi que
l’utilisation exclusive des matériaux disponibles en milieu rural, assure sa réplicabilité.
Le schéma ci-dessous présente différents types d’aménagement PAFR, basés sur les mêmes
principes. Le type T1 présente l’aménagement avec la meilleure protection. La surface entre
les diguettes a été planée.
Pour les petits aménagements, le coût de mobilisation et de repli des engins de terrassement et
de compactage devient trop élevé ce qui rend l’investissement économiquement non rentable.
Dans cette situation, il est proposé de supprimer l’utilisation des gros engins comme le bull et
la niveleuse. Ainsi, les travaux de ripage et de planage ne seront plus retenus. Les travaux
d’aménagement seront limités aux travaux de construction de diguettes à courbes de niveau
revêtues et leur pertuis de vidange. Ces travaux peuvent être réalisés soit par un tâcheron ou
une petite entreprise, soit par le groupement lui-même. Dans ce dernier cas, les travaux de
remblai compacté deviennent le nouveau facteur limitatif. En effet le groupement n’a que des
dames à main pour compacter la terre argileuse des diguettes. C’est ainsi que la hauteur des
diguettes, réalisées par le groupement a été revue à la baisse et est ainsi passée à 25 cm (afin
que le travail ne soit pas trop pénible pour les villageois) au lieu de 35 cm recommandés
auparavant pour ce type d’ouvrage. Les aménagements réalisés au groupement adoptent une
dénivelée de 20 cm
Avant tout démarrage des travaux, les producteurs s’organisent en groupement et s’engagent à
ramasser et à charger les moellons ou cailloux dans des bennes quel que soit le type
d’ouvrage. Les besoins en moellons pour un aménagement de type T1 dépassent généralement
les 100 m3 par hectare à aménager. Ce travail important est pénible et grand demandeur de la
main d’œuvre locale. Il constitue ainsi un réel frein dans le lancement des travaux. Dans le
souci de limiter cette contrainte le PAFR a cherché des solutions.
C’est ainsi que différentes variantes ont été développées ayant pour but de réduire les besoins
en moellons (types T2, T4) en ne protégeant qu’une diguette sur deux (T2) ou en enrochant
que la partie aval de chaque diguette (T4). L’expérience a démontré que les protections
partielles ne donnent pas totalement satisfaction et sollicitent plus de travaux d’entretien de la
part des bénéficiaires. D’autre part, dans les aménagements de type T2 (protection en
alternance) on observe une érosion progressive au niveau des diguettes non protégées. Notons
que cette érosion est moins forte dans l’aménagement du bas-fond de Ouizin (province du
Ioba) où, grâce à un planage plus sophistiqué, la dénivelée au niveau de la diguette non
protégée a été réduite de 0,2 m à 0,1 m. Cependant la dénivelée au niveau des diguettes
protégées y est de 0,3 m comme dans les T1.
En revanche, les diguettes de type T7 tout en réduisant les besoins en moellons par ml de
diguette d’environ 25 % recouvrent totalement les diguettes. Ce nouveau type est en cours de
réalisation. Au moment de la rédaction de ce guide il n’est donc pas possible de confirmer sa
durabilité. A ce stade il est donc prudent de ne pas appliquer ce type de diguette dans les
aménagements ayant un planage horizontal, caractérisé par une chute d’eau plus importante
au niveau des diguettes.
En général, seulement une diguette sur deux sera revêtue la première année. Les diguettes non
protégées subiront certes des dégradations, qui doivent être réparées après la saison de pluies,
et ces diguettes seront revêtues à leur tour. Protéger les diguettes en alternance génère plus
d’érosion mais permet de réaliser une plus grande superficie, dès la première année !
Ces décisions devraient donc être prises par le groupement avant tout démarrage des travaux.
Les caractéristiques des diguettes à réaliser dans les petits bas-fonds sont présentées dans le
profil en travers ci-après.
Figure 2.2 : Caractéristiques des diguettes T7 à réaliser dans les petits bas-fonds
3. LES ÉTUDES D’AMENAGEMENT
3.1. GÉNÉRAL
Les études d’aménagement font suite à une demande villageoise, validée par une série
d’étapes, dont
L’acceptation du dossier de demande (demande villageoise formalisée, PV de palabre,
questionnaire, liste des exploitants, schéma du bas-fond, points GPS) ;
Visite de reconnaissance avec le groupement afin de délimiter la zone de demande et
d’effectuer un premier diagnostic physique ;
Diagnostic socio économique sommaire.
Les études sont généralement réalisées par des bureaux d’études. Elles sont souvent coûteuses
et d’une durée importante. Ceci peut donc constituer un frein au développement de la
riziculture de bas-fond. C’est ainsi que le PAFR a mis en place d’autres approches, plus
rapides et moins onéreuses.
La finalité des études est l’élaboration d’un dossier de consultation des travaux. Un exemple
de DAO est joint en annexe. Notons que le type de dossier varie en fonction des procédures
des bailleurs de fonds.
Pour avoir une meilleure appréciation des résultats attendus pour chaque phase, un exemple
de termes de références classique est jointe en annexe 4. Ce guide n’a pas pour objet de
décrire en détail la méthodologie classique des études d’aménagement de bas-fond.
Ce type d’étude nécessite la mobilisation d’une équipe multidisciplinaire et une brigade
topographique et est généralement effectué par des bureaux d’études. Comme il y a
différentes phases et que les études hydrologiques nécessitent d’observer, au moins pendant
un hivernage, le comportement hydrologique du bas-fond, la durée des études dépasse
généralement les 5 mois. Le coût à l’hectare aménagé d’une telle étude avoisine les 200.000
FCFA.
Dans le double souci : réduire le coût des études et aussi leur durée, la CG/PAFR a cherché à
simplifier les études. Le grand nombre de bas-fonds dans lequel elle est intervenue lui a
permis de déterminer les critères de sélection des bas-fonds facilement aménageables. Il s’agit
de bas-fond à fond plat, large, ayant une faible pente et des durées d’inondation importante
inférieures à 3 jours. Ces bas-fonds se prêtent très bien aux aménagements à diguettes à
courbes de niveau. La grande majorité des bas-fonds ont été étudiés par une équipe restreinte
de la CG/PAFR. Les durées et le coût à l’hectare ont pu être réduits : la durée ne dépasse pas
une semaine, tandis que le coût ne dépasse pas les 20.000 FCFA/ha.
Les coûts de mobilisation des engins lourds comme les bulls et niveleuses, ont une part trop
importante dans le calcul des coûts à l’hectare aménagé pour les superficies inférieures à 30
ha. On doit avoir alors recours à une autre approche.
Suite à la forte demande d’aménagement de petites surfaces dans les bas-fonds au sud de
l’isohyète 700 mm, la CG/PAFR a opté pour le renforcement des capacités des techniciens
supérieurs se trouvant au niveau des services décentralisés du Ministère de l’Agriculture, de
l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques. L’approche fût de davantage simplifier la
démarche afin de permettre à chaque direction provinciale de réaliser leurs propres études et
travaux d’aménagement. Ainsi sera-t-il possible d’augmenter le rythme des travaux
d’aménagement et de mieux répondre à la demande croissante de mise en valeur de bas-fond.