CM Hydrogeologie M1&2 - 1 Ere Partie
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1. Définitions
L'hydrogéologie (de hydro-, eau et géologie, étude de la terre), également nommée hydrologie
souterraine et plus rarement géohydrologie, est la science qui étudie l'eau souterraine. Son
domaine d'étude repose essentiellement sur deux branches des sciences de la Terre,
la géologie et l'hydrologie, mais aussi sur de nombreuses autres branches comme
la géostatistique, la physique, la chimie, la biologie, la géochimie, l'hydrochimie, la géophysique,
l'hydrodynamique, l'hydraulique souterraine, l'analyse numérique ainsi que des techniques
de modélisation. À ce titre, l'hydrogéologie est par excellence une science interdisciplinaire.
L'hydrogéologie s'occupe de la distribution et de la circulation de l'eau souterraine dans le sol et
les roches, en tenant compte de leurs interactions avec les conditions géologiques et l'eau de
surface.
L'hydrogéologie comme la plupart des sciences de la Terre est une branche interdisciplinaire.
Bien que les principes de base de l'hydrogéologie soient intuitifs (par exemple, l'eau coule vers
le bas), l'étude de leurs interactions peut être très complexe. De façon générale, le fait de prendre
en compte les interactions de différentes facettes d'un système à plusieurs composantes
demande une connaissance de plusieurs branches tant au niveau expérimental que théorique.
L'hydrogéologie est une branche des sciences de la Terre qui s'occupe du flux de l'eau
souterraine à travers les aquifères et autres milieux poreux peu profonds (généralement moins
1 000 mètres sous la surface).
2. Domaines d'application de l’hydrologie :
• L’assainissement des eaux pluviales,
• La conception des ouvrages d’art et des barrages ;
• L’approvisionnement en eau potable et eau pour l'industrie ;
• L’énergie hydraulique (usines hydroélectriques) ;
• Le transport solide (érosion et dépôt) ;
• La protection contre les inondations (risques hydrologiques) …
• La lutte contre la pollution des eaux ;
• La navigation fluviale ;
• Les loisirs (plans d'eau) ;
• L’agriculture : irrigation, drainage.
3. Le cycle hydrologique ou cycle de l’eau
3.1. Les composantes du cycle hydrologique
Le cycle de l’eau est un concept qui englobe les phénomènes du mouvement et du
renouvellement des eaux sur la terre.
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Figure1 : Cycle de l’eau
Un aquifère est un corps (couche, massif) de roches perméables comportant une zone saturée
suffisamment conductrice d'eau souterraine pour permettre l'écoulement significatif d'une
nappe souterraine et le captage de quantité d'eau appréciable. Un aquifère peut comporter une
zone non saturée (définition de Margat et Castany). L'aquifère est homogène quand il a une
perméabilité d'interstices (sables, graviers) ; la vitesse de percolation y est lente. Il est hétérogène
avec une perméabilité de fissures (granite, calcaire karstique) ; la vitesse de percolation est plus
rapide.
Les formations peu perméables (dites semi-perméables), comme les sables argileux, peuvent
stocker de l'eau mais la vitesse de transit est faible : on parle d'aquitard. Ces formations peuvent
assurer la communication entre aquifères superposés par le phénomène de drainance.
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Les aquicludes sont des formations imperméables ne produisant pas d'eau.
Une nappe est l'ensemble des eaux comprises dans la zone saturée d'un aquifère, dont toutes
les parties sont en liaison hydraulique (Margat et Castany).
La surface piézométrique d'une nappe libre est la surface supérieure de la zone saturée de
l'aquifère. Les mêmes cotes de cette surface forment des courbes de niveau appelées courbes
isopiézométriques car elles correspondent à des points de même charge hydraulique. L'eau de la
nappe se déplace perpendiculairement aux courbes isopiézométriques; sa vitesse est
inversement proportionnelle à la distance entre 2 courbes consécutives.
5. TYPES DE NAPPES
5.1 Nappes libres
Une nappe libre est une nappe d'eau dont la partie supérieure n'est pas limitée par une couche
imperméable, de ce fait, son niveau peut monter et parfois atteindre la surface du sol si les
précipitations augmentent.
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La surface piézométrique coïncide avec la surface libre de la nappe qui est surmontée par une
zone non saturée.
Ce type de nappe est la première directement atteinte par les puits : c'est la nappe phréatique.
Lorsque le sol est uniformément poreux et perméable, l'eau de pluie s'infiltre jusqu'à une couche
imperméable et sature la roche jusqu'à un certain niveau appelé surface libre de la nappe. Dans
la nappe, l'eau circule jusqu'à des exutoires qui sont dans les points bas de la topographie :
sources, rivières. Les courbes isopiézométriques indiquent la pente de la surface libre et le sens
d'écoulement de la nappe. L'eau circule dans toute l'épaisseur de l'aquifère, plus ou moins
parallèlement à la surface libre sauf au niveau des exutoires et des lignes de crête ; les vitesses
sont plus élevées vers la surface. Quand l'exutoire n'est pas localisé, on parle de "surface de
suintement".
L'aquifère est constitué par les alluvions d'une rivière. L'eau de la nappe est en équilibre avec
celle de la rivière et les échanges se font dans les deux sens. Les alluvions sont très perméables ;
elles peuvent être très épaisses (une centaine de mètres) et constituer un réservoir très
important qui sert à l'alimentation en eau des villes situées le long de la rivière. Ces nappes,
soutenues par l'apport de la rivière (ou d'un lac), sont très vulnérables à la pollution.
L'aménagement du cours des rivières diminuent leur vitesse (barrage) et favorise le dépôt des
particules fines qui tendent à colmater le fond du lit et interrompre les échanges avec la nappe.
En pays aride, la nappe alluviale est alimentée par les crues de la rivière (oued) qui est à sec en
période d'étiage.
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Figure5 : Nappe alluviale
Une nappe est limitée vers le bas par un niveau imperméable. Elle peut être alimentée, ou
soutenue, par l'infiltration de l'eau d'une rivière. Une nappe est dite perchée si elle surmonte une
autre nappe libre qu'elle peut alimenter par drainance.
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5.2. Nappes captives
La nappe est confinée car elle est surmontée par une formation peu ou pas perméable ; l'eau est
comprimée à une pression supérieure à la pression atmosphérique. A la suite d'un forage au
travers du toit imperméable, l'eau remonte et peut jaillir : la nappe est artésienne. Le
jaillissement peut disparaître par la suite si la nappe est exploitée au point de diminuer sa
pression (cas historique du forage artésien de Grenelle).
Un aquifère à nappe semi-captive ou à drainance est une couche complètement saturée, mais
dont la limite supérieure est semi-perméable et la limite, inférieure est soit étanche, soit semi-
perméable. On appelle ici couche semi-perméable une couche ayant un coefficient
de perméabilité faible mais mesurable. Si l’on rabat le niveau piézométrique d’une telle nappe,
par exemple par un pompage, il s’établit une circulation de l’eau entre la couche semi-perméable
et l’aquifère où l’on pompe. Cet écoulement est vertical car étant donné que le coefficient de
perméabilité du toit est très faible, on peut y négliger la composante horizontale de l’écoulement.
Pour connaitre le mouvement de l’eau dans ce type de nappe, i1 est nécessaire d’installer des
piézomètres non seulement dans l’aquifère lui-même, mais aussi dans les couches semi-
perméables supérieures et inférieures quand elles existent. Généralement, le rabattement de la
surface libre dans la couche semi-perméable est très faible devant celui de l’aquifère.
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Figure8 : Nappe semi-captive
La source d'alimentation en eau d'un bassin hydrologique est donc fournie par les précipitations
efficaces, c'est à dire par le volume d'eau qui reste disponible à la surface du sol après
soustraction des pertes par évapo-transpiration réelle. L'eau se répartit en 2 fractions :
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• Le ruissellement qui alimente l'écoulement de surface collecté par le réseau
hydrographique ;
• L’infiltration qui alimente le stock d'eau souterrain.
La hauteur d'infiltration est la quantité d'eau infiltrée à travers le sol pendant une durée
déterminée. Le taux d'infiltration est le rapport entre la hauteur d'infiltration et la hauteur de
précipitation efficace.
Les parts respectives du ruissellement et de l'infiltration sont régies par de nombreux facteurs :
L'infiltration efficace est la quantité d'eau qui parvient effectivement à la nappe : en effet il se
produit de l'évapotranspiration pendant la migration de l'eau vers la profondeur. La vitesse
d'infiltration varie de 1 m par an dans la craie de Champagne à quelques m par heure dans un
karst.
L'eau gravitaire est la fraction de l'eau souterraine soumise à la seule force de gravité. C'est elle
qui circule dans un aquifère et alimente les exutoires. On peut l'extraire d'un échantillon de roche
par égouttage. Son volume dépend de la granulométrie de l’échantillon : il est le plus grand pour
des grains grossiers (il y a 3 fois plus d'eau gravitaire dans un gravier que dans un sable fin).
L'eau de rétention est la fraction de l'eau maintenue dans les vides et la surface des grains par
des forces supérieures à celle de la gravité. Elle n'est pas mobilisable. Les forces d'attraction
moléculaires, consécutives de la polarité de la molécule d'eau, peuvent atteindre 200 000 fois
celle de la gravité. On distingue l'eau adsorbée et l'eau pelliculaire.
L'eau adsorbée forme un mince film autour des grains, d'une épaisseur de l'ordre du dixième de
micron. Sa quantité augmente en fonction inverse de la granulométrie :
• Sables grossiers : 2 - 5%
• Sables fins : 10 - 15%
• Argiles : 40 - 50%
L'eau pelliculaire est une couche d'environ 1 micron d'épaisseur qui tapisse les cavités délimitées
par les grains. Elle est moins fortement liée.
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6.3. Porosité efficace et coefficient d'emmagasinement
La porosité efficace est le rapport du volume d'eau gravitaire au volume total de la roche saturée
en eau :
Exemple : un échantillon de craie de 1 000 cm3, prélevé dans un aquifère, libère par égouttage
20 cm3 d’eau : sa porosité efficace est de 2%.
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générale, pour une même différence de charge, la quantité d'eau libérée est beaucoup plus
grande dans une nappe libre.
Le coefficient d'emmagasinement S est défini comme le rapport du volume d'eau libérée (ou
emmagasinée) par unité de surface sur la différence de charge hydraulique. Dans les nappes
libres, le coefficient d'emmagasinement est égal à la porosité efficace (eau gravitaire) ; il est
compris entre 0,2 et 0,01. Dans les nappes captive, il est beaucoup plus petit, 0,001 à 0,0001. Il
est mesuré sur le terrain par des pompages d'essai qui rabattent la nappe.
Une coupe depuis la surface du sol jusqu'à la nappe phréatique montre la zonalité suivante :
• Une zone non saturée contenant de l'air, de l'eau de rétention et de l'eau gravitaire en
transit ; la base de cette zone est imprégnée d'eau provenant de la remontée capillaire à
partir de la zone saturée.
• Une zone saturée contenant de l'eau de rétention et de l'eau gravitaire ; la partie
supérieure est imprégnée d'eau remontant par capillarité. Les piézomètres indiquent la
position du sommet de l'eau gravitaire alors que le sommet de la nappe libre se situe au
niveau de l'eau capillaire.
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7. DEPLACEMENT DE L'EAU
7.1. Loi de Darcy (écoulement vertical)
L'étude du déplacement de l'eau dans un milieu poreux a été conduite expérimentalement par
Darcy en 1856. Pour une même charge hydraulique (même énergie potentielle), Darcy définit un
coefficient de perméabilité K, mesuré en m/s, dépendant du type de milieu poreux. La quantité
d'eau transitant dans ce milieu est proportionnelle à la section totale traversée A, au coefficient
de perméabilité K du milieu et à la charge hydraulique h et inversement proportionnelle à la
longueur l du milieu traversé :
h/l : est la perte de charge par unité de longueur, appelée encore gradient
hydraulique i :
Q = K. A. i
La vitesse de filtration V est égale au rapport de la quantité d'eau passant en une seconde sur la
surface A. C'est également le produit du coefficient de perméabilité par le gradient hydraulique
:
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7.2. Généralisation de la Loi de Darcy
Dispositif avec écoulement latéral : il représente mieux l'écoulement des eaux dans un aquifère.
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Figure14 : influence d'un prélèvement en nappe à proximité d'un cours d'eau (d'après Rouxel-
David et Cordonnier).
7.3.2. Gradient hydraulique
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Figure16 : calcul du gradient hydraulique à partir d'une carte piézométrique
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Figure15 : Pompage d'essai dans le forage PE1 et état des rabattements au niveau des
piézomètres PZ (d'après ROCHE).
7.3.4. Débit d'une nappe
C'est le volume d'eau traversant une section transversale de l'aquifère en une unité de temps.
Son calcul est délicat ; il faut connaître l'épaisseur de l'aquifère et l'écartement des courbes
isopiézométriques. Pour les grandes nappes, on subdivise la section générale en sections
élémentaires équipées de couples de piézomètres (forages d'essai).
Le débit d'une nappe peut être évalué par la loi de Darcy :
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Q = K. A. i
Q : débit en m3/s
K : coefficient de perméabilité en m/s
A : section de la nappe en m2
i : gradient hydraulique
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