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Loi N° 15-2005 8-08-2005

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Loi n° 15/2005 du 8 août 2005

Portant code des pêches et de l'aquaculture en République


gabonaise.
Article 1er.- La présente loi, prise en application des dispositions de l'article 47 de la
Constitution, porte code des pêches et de l'aquaculture en République gabonaise.

TITRE l

DISPOSITIONS GÉNÉRALES

Chapitre premier

Des principes généraux

Article 2.- Le présent code est l'ensemble des règles applicables aux activités de la
pêche et de l'aquaculture pour une gestion durable des ressources halieutiques.
Article 3.- Le code des pêches et de l'aquaculture s'applique à la pêche continentale,
à la pêche maritime et aux opérations connexes de pêche et d'aquaculture.

Article 4.- Les ressources halieutiques des eaux sous juridiction relèvent du domaine
public de l'État.

À ce titre et sous réserve des droits d'usage coutumiers, nul ne peut les exploiter, ni
les récolter, ni les utiliser, ni en disposer sans autorisation préalable délivrée dans les
formes et conditions prévues par la présente loi.

Chapitre deuxième

Des définitions

Section 1

De la pêche

Article 5.- Au sens de la présente loi, on entend par :

- pêche, l'acte de capture ou d'extraction des ressources halieutiques, y compris les


activités préalables et connexes, notamment la recherche de poissons, le
déploiement ou le retrait de dispositifs destinés à attirer le poisson ou toute autre
ressource halieutique;

- opérations connexes de pêche, toute opération liée à la pêche, notamment :

1. le transbordement du poisson ou de toute ressource halieutique,

2. l'entreposage, le traitement ou le transfert à bord des navires du poisson ou de


toute autre ressource halieutique capturée dans les eaux maritimes ou continentales
gabonaises jusqu'à leur première mise à terre,
3. la collecte du poisson ou de toute autre ressource capturée par les pêcheurs
artisanaux,

4. le ravitaillement, l'approvisionnement ou le soutien logistique à une activité de


pêche;

- pêche maritime, l'activité de pêche pratiquée dans les eaux maritimes nationales
incluant notamment la zone économique exclusive, la mer territoriale et les eaux
intérieures marines;

- pêche continentale, l'activité de pêche pratiquée dans les eaux continentales


relevant du domaine public de l'État incluant notamment les rivières, les fleuves, les
lacs, les lagunes, les estuaires et les embouchures situées à l'intérieur d'une ligne
définie conformément aux dispositions et normes techniques nationales et
communautaires en vigueur;

- pêche commerciale, l'activité de pêche exercée à des fins lucratives;

- pêche de subsistance ou coutumière, l'activité de pêche pratiquée par les


communautés villageoises vivant traditionnellement à proximité des plans d'eau
constituant l'essentiel de leur subsistance;

- pêche scientifique, la pêche destinée à l'étude et à la connaissance des espèces


halieutiques et de leurs milieux;

- pêche sportive, l'activité de pêche pratiquée à des fins récréatives;

- pêche à des fins d'aquariophilie, l'activité de pêche dont l'objet est de prélever, en
milieu naturel, des spécimens d'espèces animales ou végétales, indigènes ou
sauvages pour la vente à des aquariums ou autres vivariums;

- pêche industrielle, la pêche exercée à des fins commerciales par des marins
inscrits au rôle d'équipage d'un navire de pêche et disposant de moyens
technologiques performants;

- pêche artisanale, la pêche pratiquée individuellement ou collectivement à des fins


de commercialisation par des marins non inscrits au rôle d'équipage et dotés de
moyens techniques relativement performants et ne nécessitant pas des
investissements lourds;

- produits de la pêche, les ressources halieutiques, transformées ou non, issues des


captures en pêche ou provenant des élevages aquacoles;

- pêcherie, l'ensemble des stocks d'espèces biologiques et des opérations s'y


rattachant qui, sur la base des caractéristiques géographiques, économiques,
sociales, scientifiques, techniques ou récréatives, peuvent constituer une unité
d'aménagement;

- engin de pêche, tout instrument, équipement ou installation utilisé pour capturer ou


extraire les ressources halieutiques de leur milieu de vie;
- navire de pêche, tout bâtiment doté d'instruments ou installations conçus pour la
pêche;

- navire de pêche étranger, tout bâtiment battant pavillon d'un pays ou d'un
organisme tiers et autorisé à exercer les activités de pêche dans les eaux sous
juridiction gabonaise.

Section 2

De l'aquaculture

Article 6.- Au sens de la présente loi, on entend par :

- aquaculture, l'élevage, la culture et la production d'organismes animaux ou


végétaux aquatiques par le contrôle d'une ou plusieurs phases du cycle biologique
de ces organismes;

- mariculture, l'aquaculture pratiquée en milieu d'eau marine;

- pisciculture, l'aquaculture pratiquée en milieu d'eau douce;

- aquaculture extensive, l'élevage ne nécessitant pas des investissements importants


et dont l'alimentation provient du milieu naturel;

- aquaculture semi intensive, l'élevage nécessitant une alimentation complétée par


un apport d'aliments artificiels;

- aquaculture intensive, l'élevage exclusivement tributaire d'aliments artificiels et


nécessitant des investissements importants;

- aquaculture de subsistance, l'aquaculture pratiquée avec des moyens


rudimentaires et dont la production est destinée à l'autoconsommation;

- aquaculture commerciale, l'aquaculture pratiquée avec des moyens élaborés et


dont la production est entièrement destinée à la vente;

- établissement d'aquaculture, l'exploitation pour le dépôt, la sélection,


l'engraissement ou la production des espèces animales ou végétales aquatiques, à
l'exception des activités traditionnelles.

Section 3 - Des ressources halieutiques, des aires protégées et des


établissements de manipulation

Article 7.- Au sens de la présente loi, on entend par :

- ressources halieutiques, l'ensemble des espèces biologiques de faune et de flore


dont l'eau constitue le milieu normal ou fréquent de vie;

- aires protégées aquatiques, les zones aquatiques délimitées à des fins


d'aménagement, de protection ou de conservation des ressources biologiques
aquatiques et soumises, selon le cas, à une réglementation particulière d'exploitation
des espèces et des espaces;
- établissement de manipulation des produits de la pêche, toute installation et ses
annexes où les produits de la pêche sont préparés, réfrigérés, congelés, décongelés,
conditionnés, reconditionnés ou entreposés, y compris les entrepôts frigorifiques où
sont exclusivement stockés des produits de la pêche, à l'exception des locaux
d'entreposage annexés aux lieux de vente en gros, des centres conchylicoles et des
lieux de vente au détail.

TITRE II - DE LA GESTION DURABLE

DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

Article 8.- La gestion durable des ressources halieutiques est la forme d'exploitation
qui, tout en les prélevant, maintient leur diversité biologique, leur productivité, leur
faculté de régénération et leur capacité à assurer, de manière pérenne et sans
préjudice pour les écosystèmes établis, les fonctions économiques, écologiques,
sociales, culturelles et scientifiques pertinentes.

Article 9.- La gestion durable des ressources halieutiques doit intégrer un programme
de développement, d'aménagement et d'exploitation rationnelle des activités du
secteur de la pêche et de l'aquaculture.

Cette gestion durable doit se faire sur la base d'un programme d'évaluation et de
suivi des stocks halieutiques dans le cadre des plans d'aménagement élaborés par
l'administration des pêches et de l'aquaculture.

Chapitre premier

De la promotion des activités du secteur de la pêche et de l'aquaculture

Article 10.- L'exploitation rationnelle et durable des ressources halieutiques implique


la mise en place des conditions de développement du secteur de la pêche et de
l'aquaculture par :

- l'amélioration des infrastructures portuaires et autres points de débarquement pour


la pêche,

- la conclusion des traités et accords de coopération relatifs à la pêche et à


l'aquaculture, notamment en matière de gestion des stocks transfrontaliers et de
surveillance des activités de pêche,

- l'établissement de mécanismes institutionnels encourageant la participation des


pêcheurs à l'aménagement des ressources selon des modalités appropriées,

- la réservation de certaines zones d'exploitation aux pêcheurs artisanaux,

- la préservation de zones de reproduction des ressources halieutiques,

- la prévention des conflits entre pêcheurs,

- la mise en place de mécanismes de financement devant permettre aux promoteurs


du secteur de la pêche et de l'aquaculture d'accéder au crédit à des conditions
favorables,
- la mise en place d'un environnement fiscal favorable au développement de la pêche
industriel-le et de la pêche artisanale,

- l'industrialisation du secteur de la pêche et de l'aquaculture et la valorisation des


produits halieutiques par la mise en place de structures de trans-formation locales,

- le renforcement des capacités de l'administration et des acteurs du secteur pêche


et aquaculture,

- le développement de la recherche.

Article 11.- Les objectifs spécifiés à l'article 10 ci-dessus visent également le


développement de l'aquaculture par :

- la mise en place d'une fiscalité incitative,

- la mise en œuvre d'un programme de réhabilitation, d'entretien, de gestion durable


des stations pilotes et de production dans ces stations des alevins et des géniteurs
pour les promoteurs,

- la production, conjointement avec le secteur privé, des aliments pour poissons,


d'alevins et de poissons marchands,

- la vulgarisation de l'activité aquacole par l'intermédiaire des structures locales qui


répondent aux préoccupations des producteurs,

- l'assistance et l'encadrement des exploitants,

- le contrôle des conditions sanitaires des unités de production,

- l'assouplissement des conditions d'accès des promoteurs aux différents services,


notamment l'assistance technique, l'approvisionnement en alevins et en géniteurs.

Chapitre deuxième

De l'aménagement des pêches et de l'aquaculture

Article 12.- L'aménagement des pêches et de l'aquaculture consiste à organiser et à


planifier, sur la base des informations fiables, les activités du secteur de la pêche et
de l'aquaculture.

À cette fin, l'administration des pêches et de l'aquaculture est tenue :

- d'élaborer des plans d'aménagement des pêcheries et de veiller au respect des


normes techniques en ce qui concerne l'établissement d'une unité de production
aquacole, après avis des experts et institutions scientifiques agréés et après
consultation des principales catégories socioprofessionnelles intéressées;

- de créer des unités de recherche et de soutenir des organismes de recherche en


vue de constituer des bases de données devant faciliter l'aménagement, la
planification, l'exploitation et la coopération en matière de pêche et d'aquaculture;

- d'établir chaque année un rapport de ses activités.


Article 13 .- En vue de procéder aux consultations prévues à l'article 12 ci-dessus, il
est créé, dans les zones concernées et chaque fois que nécessaire, une commission
consultative dont la composition, l'organisation et le fonctionnement sont fixés par
voie réglementaire.

Section 1

De l'aménagement des pêches

Article 14 .- En matière de pêche, les plans d'aménagement sont établis sur la base
des principales pêcheries selon un modèle dont le contenu et les modalités de mise
en œuvre sont déterminés par arrêté du ministre chargé des pêches et de
l'aquaculture.

Toutefois, et dans tous les cas, le plan d'aménagement doit comporter au moins des
indications sur :

- l'identification et l'état d'exploitation de la ou des pêcheries,

- la spécification des objectifs à atteindre lors de l'exploitation,

- la détermination du niveau d'effort de pêche imposable ou requis à l'endroit de toute


flotte opérant dans la zone concernée,

- le programme de concession de licences concernant les principales pêcheries, les


limites applicables aux opérations des navires nationaux de pêche, ainsi que
l'importance des activités menées par les navires de pêche étrangers,

- la détermination, pour tout type de pêche, des règles relatives à la dimension du


maillage des filets,

- la présentation des statistiques de pêche et l'indication des informations statistiques


recherchées ainsi que des moyens à mettre en œuvre afin d'obtenir ces informations,

- la spécification des mesures de conservation et de gestion des pêcheries.

Article 15.- Dans le cadre de la pêche industrielle, l'administration des pêches et de


l'aquaculture établit, dans les conditions fixées par voie réglementaire, un registre
des navires de pêche et réglemente sa tenue.

Ce registre peut être utilisé dans le cadre des actions sous-régionales, suivant les
modalités arrêtées d'accord parties par les États concernés.

Article 16.- L'administration des pêches et de l'aquaculture procède périodiquement


aux enquêtes cadres et socio-économiques dans le sous-secteur de la pêche
artisanale et établit un rapport mentionnant entre autres :

- le nombre d'embarcations et de pêcheurs qui y sont impliqués,

- le type d'engins utilisés,

- les statistiques des captures,


- toute autre information pertinente sur la formulation et l'amélioration de la politique
d'aménagement et de développement de la pêche artisanale.

Section 2

De l'aménagement en matière d'aquaculture

Article 17 .- L'administration des pêches et de l'aquaculture évalue, périodiquement,


à des fins d'aménagement des activités aquacoles, sur la base des informations
scientifiques fiables, les effets de ces activités sur les espèces génétiques et
l'intégrité des écosystèmes.

Elle établit chaque année un fichier des exploitations aquacoles indiquant notamment
:

- les structures d'élevage et leur superficie,

- le type d'élevage et les espèces élevées,

- les productions,

- la localisation géographique des exploitations,

- toute autre information pertinente en rapport avec les activités aquacoles.

Chapitre troisième

De l'exploitation des ressources halieutiques

Section 1 - Des conditions d'attribution, de transfert et de renouvellement des


licences, permis, agréments techniques et autorisations de pêche et
d'aquaculture

Article 18.- L'exercice de la pêche et de l'aquaculture, y compris les activités


connexes, est subordonné, selon le cas, à l'obtention préalable :

- d'une licence pour la pêche commerciale, délivrée pour un navire et pour un type de
pêche donnés;

- d'un permis pour la pêche sportive, délivré pour une personne physique ou morale;

- d'une autorisation pour la pêche scientifique, délivrée à une institution de recherche


dans les conditions définies par voie réglementaire;

- d'une autorisation pour la pêche à des fins d'aquariophilie, délivrée à une personne
physique ou morale;

- d'une autorisation pour la pêche artisanale, délivrée à une embarcation;

- d'une autorisation d'exploitation aquacole, délivrée selon l'espèce pour une ferme et
pour un type d'élevage;
- d'un agrément technique, délivré pour l'exploitation d'un établissement de
manipulation des produits de la pêche;

- d'un titre d'occupation de site, délivré par l'administration chargée des domaines ou,
le cas échéant, par les auxiliaires de commandement, pour les établissements de
manipulation des produits de la pêche ou d'aquaculture installés sur le domaine
public ou utilisant les eaux qui en sont issues.

Les caractéristiques des titres de pêche et d'aquaculture visés ci-dessus sont


déterminées par voie réglementaire.

Article 19 .- Les licences de pêche sont délivrées par le ministre chargé des pêches
et de l'aquaculture après avis technique de la commission d'attribution des titres de
pêche et d'aquaculture dont la création, la composition, les attributions et le
fonctionnement font l'objet de textes réglementaires.

Article 20 .- La classification, les conditions et les modalités d'octroi, de suspension,


de retrait et de renouvellement des licences, permis, agréments et autorisations de
pêche et d'aquaculture sont fixées par voie réglementaire.

Toutefois, la demande de licence de pêche doit être accompagnée d'un plan


d'investissement figurant dans un cahier des charges dont le contenu est déterminé
par voie réglementaire.

Ce plan doit porter sur la création d'une entreprise de droit gabonais et prévoir la
réalisation des infrastructures locales de manipulation des produits de la pêche.

Article 21.- Sans préjudice des règles spécifiques à l'immatriculation des navires de
pêche auprès de l'autorité maritime, les bénéficiaires des licences de pêche sont
astreints à la signalisation de leurs engins de pêche.

La procédure et le type de signalisation des engins de pêche sont précisés par voie
réglementaire.

Article 22.- L'obtention des licences de pêche emporte l'obligation d'inscription du


navire sur le registre des navires de pêche.

Les modalités de cette inscription sont fixées par voie réglementaire.

Article 23.- Les licences de pêche industrielle et les autorisations de pêche artisanale
sont attribuées pour une année calendaire. Elles sont renouvelables.

Article 24.- Les titulaires de licences, de permis, d'agréments techniques ou


d'autorisations de pêche ou d'aquaculture sont tenus de se conformer aux
prescriptions relatives notamment :

- à la durée de la licence, de l'autorisation, du permis ou de l'agrément,

- au type et aux caractéristiques des engins de pêche utilisés,

- aux zones à l'intérieur desquelles la pêche est autorisée,


- aux espèces visées,

- aux périodes d'ouverture et de fermeture de la pêche, particulièrement celles


concernant le repos biologique,

- aux exigences en matière de surveillance et de contrôle, notamment celles relatives


au suivi des navires, à l'entrée et à la sortie des zones de pêche, à l'embarquement
des observateurs à bord et à la déclaration des captures,

- aux spécifications techniques relatives à l'implantation des établissements de


manipulation des produits de la pêche.

Article 25.- Les licences, permis, agréments et autorisations de pêche ne peuvent


faire l'objet d'un transfert à l'exception de l'autorisation d'exploitation aquacole.

Les modalités de transfert de l'autorisation d'exploitation aquacole sont fixées par


voie réglementaire.

Article 26.- Les licences, permis, agréments et autorisations de pêche ne peuvent


être délivrés ou renouvelés :

- si les règles d'exploitation rationnelle des pêcheries ou les mesures de conservation


et de gestion requises ne sont pas garanties;

- si le navire ou tout autre type d'embarcation pour lequel la licence ou l'autorisation


est demandée ne satisfait pas aux conditions et normes de sécurité et de
navigabilité, ou ne respecte pas les normes relatives aux conditions de travail à bord;

- si les conditions de conservation et de manipulation des produits à bord ou dans les


établissements de manipulation ne sont pas conformes aux normes sanitaires;

- si les clauses du cahier des charges pour la pêche scientifique, la pêche sportive et
la pêche à des fins d'aquariophilie ne sont pas observées.

Article 27.- Le refus d'octroi ou de renouvellement des licences, permis, agréments et


autorisations de pêche ou d'exploitation aquacole doit être motivé et notifié au
requérant dans un délai de deux mois à compter de la date de dépôt de la demande.

Toutefois, la licence, le permis, l'agrément ou l'autorisation sollicité peut être accordé


dès que cessent les causes ayant justifié le refus.

Article 28 .- Le refus de renouvellement, la suspension ou le retrait d'une licence,


d'un permis, d'un agrément technique ou d'une autorisation de pêche ou
d'exploitation aquacole peut faire l'objet d'un recours administratif.

Ce recours n'est recevable que dans un délai d'un mois à compter de la notification.

Article 29.- Les dispositions des accords d'accès aux ressources halieutiques sous
juridiction gabonaise doivent être compatibles avec les orientations des plans
d'aménagement des pêches et de l'aquaculture en vigueur.

Section 2
De l'exercice de la pêche par les navires étrangers

Article 30.- Les navires de pêche étrangers peuvent être autorisés à opérer dans les
eaux sous juridiction gabonaise soit en vertu d'un accord de pêche, soit lorsque ces
navires sont affrétés par des personnes physiques ou morales de droit gabonais.
Article 31.- L'accord de pêche ou tout autre arrangement international doit
nécessairement :

- spécifier le nombre et la capacité des navires concernés, les types de pêches


autorisés et les espèces à capturer;

- mentionner l'obligation pour l'armateur ou son représentant d'obtenir une licence ou


une autorisation individuelle et de spécifier, le cas échéant, la procédure de demande
y relative;

- déterminer le montant et les modalités de paiement des redevances et autres


sommes dues;

- déterminer les modalités de communication périodique et régulière des données


relatives aux captures en se conformant aux formulaires établis, selon le cas,
d'accord parties ou par les autorités gabonaises;

- prévoir le marquage des navires conformément aux dispositions en vigueur;

- prévoir les mesures appropriées par lesquelles l'État du pavillon ou toute autre
entité compétente garantit le respect par ses navires des accords ou autres
arrangements intervenus, ainsi que les dispositions pertinentes de la réglementation
gabonaise.

Article 32.- Les navires de pêche étrangers, même lorsqu'ils sont affrétés par les
armateurs gabonais, sont tenus :

- d'exercer leurs activités conformément aux conditions définies par les plans
d'aménagement des pêches et de l'aquaculture;

- de débarquer les captures réalisées dans les eaux sous juridiction gabonaise dans
un port gabonais avant toute opération d'exportation;

- de communiquer à l'administration des pêches et de l'aquaculture les données sur


les captures réalisées, conformément aux textes en vigueur.

Section 3

De l'exercice de la pêche scientifique

Article 33.- La demande d'autorisation de pêche scientifique doit être accompagnée


d'un plan détaillé du projet de recherche.
Article 34.- L'autorisation de pêche scientifique doit mentionner toutes les conditions
et restrictions spécifiques à la capture ou récolte de l'espèce animale ou végétale
pour laquelle elle est délivrée, sous réserve que les opérations de recherche ainsi
autorisées soient conformes à la réglementation et menées sous la supervision de
l'administration des pêches et de l'aquaculture.

Article 35 .- Dans tous les cas, l'autorisation de pêche scientifique ne peut être
délivrée que si les experts gabonais sont associés à la programmation et à la
réalisation des opérations de recherche et dépouillement des données.

Article 36 .- Toutes les données recueillies au cours des opérations de recherche et


les résultats obtenus doivent être transmis au ministre chargé des pêches et de
l'aquaculture dans un délai déterminé par le cahier des charges.

Le contenu du cahier des charges visé ci-dessus et la destination des produits issus
de la recherche sont fixés par voie réglementaire.

Section 4

De l'exercice de la pêche sportive et de la pêche à des fins d'aquariophilie

Article 37.- L'exercice de la pêche sportive est subordonné à l'obtention préalable


d'un permis de pêche sportive.

L'exercice de la pêche à des fins d'aquariophilie est subordonné à l'obtention


préalable d'une autorisation.

Ces permis et autorisations sont délivrés conformément aux dispositions des articles
19 et 20 de la présente loi, sur présentation d'un dossier dont la composition est fixée
par voie réglementaire.

Section 5

De l'exercice de l'aquaculture

Article 38.- L'exercice de l'activité aquacole à caractère commercial est soumis, dans
les conditions prévues à l'article 20 ci-dessus, à l'obtention préalable d'une
autorisation.

Article 39 .- Sans préjudice des dispositions de l'article 38 ci-dessus, le promoteur


aquacole dont l'établissement se constitue sur le domaine public ou utilise les eaux
issues du domaine public doit en outre obtenir, de l'administration des domaines ou
des responsables coutumiers habilités, une autorisation d'occupation du site.

Article 40.- Tout postulant à l'exploitation aquacole est tenu de se faire enregistrer
auprès de l'administration des pêches et de l'aquaculture.

Les renseignements devant être fournis pour son enregistrement au fichier des
exploitants aquacoles sont précisés par arrêté du ministre chargé des pêches et de
l'aquaculture.
Section 6- De l'exercice de la pêche et de l'aquaculture dans les aires
protégées

Article 41.- L'exercice de la pêche et de l'aquaculture dans les aires protégées


aquatiques se fait conformément aux dispositions réglementant ces zones.

Section 7- De l'exercice des droits d'usage coutumiers

Article 42.- L'exercice des droits d'usage coutumiers est libre et gratuit à l'intérieur
des zones réservées à cet effet. Ces zones sont constituées des terres privées, des
rivières, des fleuves, des lagunes, des lacs et des plaines d'inondation. Dans ce cas,
l'exercice de la pêche et de l'aquaculture n'est pas assujetti aux droits, taxes et
redevances applicables à la pêche et à l'aquaculture.

Toutefois, l'exercice des droits coutumiers peut être soumis à des restrictions pour
nécessité de protection des ressources halieutiques, d'aménagement des pêches ou
de l'aquaculture, notamment les prohibitions relatives à la taille et aux méthodes de
capture.

Dans tous les cas, la capture des alevins est interdite.

Article 43.- Dans les zones faisant l'objet d'un plan d'aménagement, l'affectation des
cours et des plans d'eau à l'exercice des droits d'usage coutumiers doit faire l'objet
d'une enquête préliminaire et s'appuyer sur les prescriptions du plan.

Les modalités de l'enquête visée ci-dessus sont déterminées par voie réglementaire.

Chapitre quatrième

De l'industrialisation de la pêche et de l'aquaculture

Article 44.- L'industrialisation de la pêche et de

L’aquaculture couvre l'ensemble des activités pratiquées au moyen d'outils simples


ou de chaînes de production en vue de la transformation locale des produits de la
pêche et de l'aquaculture.

Article 45.- L'industrialisation de la pêche et de l'aquaculture vise :

- l'utilisation rationnelle des produits et la gestion durable des ressources


halieutiques,

- la promotion de l'industrie de la pêche en édictant des mesures visant à favoriser la


création et la mise en place des unités de production et de trans-formation locale des
produits de la pêche,

- la création de la valeur ajoutée,

- la création des emplois,


- l'augmentation de la contribution du secteur de la pêche et de l'aquaculture à
l'économie nationale. Article 46.- L'implantation de toute unité industrielle sur le
territoire national doit être précédée d'un plan d'investissement dont le contenu est
défini par arrêté du ministre chargé des pêches et de l'aquaculture.

Ce plan comporte notamment :

- une étude d'impact environnemental,

- un programme de mise en œuvre avec chronogramme détaillé,

- la nature et le niveau des investissements envisagés.

Article 47.- Les responsables des unités industrielles de manipulation des produits de
la pêche et de l'aquaculture sont tenus d'ouvrir et de tenir à jour des registres
indiquant notamment les mouvements de stocks.

Les caractéristiques et le contenu de ces registres sont définis par arrêté du ministre
chargé des pêches et de l'aquaculture.

Article 48 .- Les unités de production du secteur de la pêche et de l'aquaculture


doivent en priorité satisfaire la demande locale, suivant les modalités fixées par
arrêté du ministre chargé des pêches et de l'aquaculture.

TITRE III

DE LA PROTECTION DES ESPÈCES

ET DES ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES

Article 49.- La protection des espèces et écosystèmes aquatiques a pour objet


d'assurer leur préservation par :

- le contrôle des activités susceptibles d'affecter les intérêts de la pêche et de


l'aquaculture,

- la création des milieux de conservation ex situ,

- la création des aires protégées.

Chapitre premier

Du contrôle des activités pouvant affecter la pêche et l'aquaculture

Article 50.- En vue d'assurer la protection des espèces et des écosystèmes


aquatiques, toute activité susceptible d'affecter les intérêts de la pêche et de
l'aquaculture, de détruire les frayères ou les zones de croissance ou d'alimentation,
est subordonnée à l'avis préalable de l'administration des pêches et de l'aquaculture
et, selon le cas, à une étude d'impact environnemental.

Article 51.- L'étude d'impact prévue à l'article 50 ci-dessus est réalisée à la diligence
et à la charge du postulant, sauf lorsqu'elle est effectuée dans le cadre des travaux
d'aménagement réalisés par l'administration des pêches et de l'aquaculture.
Article 52.- Au sens de l'article 50 ci-dessus, constituent notamment des activités
susceptibles d'affecter les intérêts de la pêche et de l'aquaculture :

- l'occupation, l'aménagement ou le reboisement des berges des plans et des cours


d'eau,

- les activités touristiques,

- les activités forestières, agricoles, industrielles et d'extractions minière et pétrolière,

- les travaux de barrage, de dérivation, de captage, de pompage pouvant modifier les


débits des cours d'eau ou entraver la circulation des poissons,

- les installations ou ouvrages en milieu aquatique susceptibles de détruire les


frayères, les zones de croissance ou d'alimentation.

Chapitre deuxième

De la création de milieux de conservation ex situ

Article 53.- Pour la pérennité des espèces aquatiques en voie d'extinction,


l'administration des pêches et de l'aquaculture peut, selon le cas, assurer la
conservation ex situ de ces espèces, notamment dans les aquariums et les banques
de gènes.

Chapitre troisième

Des aires protégées aquatiques

Article 54.- Suivant la nature et le caractère de la réglementation, les aires protégées


sont classées et dénommées :

- réserve aquatique,

- parc marin,

- sanctuaire.

Article 55.- Les réserves aquatiques sont des aires délimitées à des fins
d'aménagement dans lesquelles les ressources halieutiques font l'objet d'une
protection particulière.

Article 56.- Les parcs marins sont des espaces du domaine public marin classés
pour nécessiter de protection, de conservation, de propagation des espèces
animales ou végétales et d'aménagement de leurs habitats.

Article 57 .- À l'intérieur des parcs marins, la faune, la flore, les sites culturels et
historiques ainsi que toute autre forme de paysage font l'objet, dans les conditions
fixées par voie réglementaire, d'une protection spéciale.

Le tourisme, la pêche sportive, la pêche à des fins d'aquariophilie et la pêche


scientifique y sont soumis à une autorisation préalable du ministre chargé des
pêches et de l'aquaculture, conformément à l'article 18 ci-dessus.
Article 58 .- La visite dans un parc marin ne peut être autorisée que si elle est
effectuée en compagnie d'un agent du parc et à l'aide d'une embarcation ou tout
autre véhicule adapté.

Article 59.- Les risques encourus dans les différentes activités autorisées à l'intérieur
des parcs marins n'engagent la responsabilité de l'administration du parc que s'ils
sont consécutifs à une faute imputable à son préposé.

Article 60.- Le parc marin doit être d'un seul tenant.

La gestion d'un parc marin est placée sous l'autorité d'un conservateur nommé
conformément aux textes en vigueur. Il est assisté d'un ou de plusieurs adjoints
nommés dans les mêmes formes et conditions.

Lorsque le parc marin est le prolongement d'une aire protégée terrestre, sa gestion
se fait en concertation avec l'administration chargée des parcs.

Article 61.- Chaque parc marin est entouré d'une zone de protection dénommée zone
tampon dont la largeur est fixée par voie réglementaire.

La zone tampon marque la transition entre l'aire du parc marin et les zones de libre
activité de pêche, d'extraction minière et de toute autre activité économique.

Article 62.- Chaque parc marin doit faire l'objet d'un plan d'aménagement spécifique
révisable tous les trois ans.

Article 63 .- À l'intérieur des parcs marins, l'administration des pêches et de


l'aquaculture peut, pour des besoins scientifiques, d'aménagement ou de protection,
exécuter ou faire exécuter, sous son contrôle, des opérations de pêche, de capture
d'animaux aquatiques, de collecte ou de destruction de plantes. Il en est de même
dans les réserves aquatiques et les sanctuaires.

Article 64.- Le sanctuaire aquatique est une aire de protection des espèces animales
et végétales spécifiques ou menacées d'extinction.

L'accès au sanctuaire est soumis à une réglementation particulière.

Article 65.- L'initiative de classement ou de déclassement des aires protégées


aquatiques appartient conjointement à l'administration des pêches et de l'aquaculture
et aux populations de la zone concernée. Dans tous les cas, l'administration des
pêches et de l'aquaculture procède, en collaboration avec les représentants des
populations riveraines, à la reconnaissance du périmètre à classer ou à déclasser,
des droits d'usage coutumiers et de toutes autres activités pratiquées à l'intérieur de
ce périmètre.

Article 66 .- En vue de procéder au classement ou au déclassement des aires


protégées aquatiques, il est créé, dans chaque zone, une commission consultative
de classement ou de déclassement des aires protégées aquatiques dont la
composition, l'organisation et le fonctionnement sont fixés par voie réglementaire.
Article 67.- Dans le cadre de l'aménagement de la faune aquatique et de ses habitats
ou en cas de menaces avérées sur certaines espèces, l'administration des pêches et
de l'aquaculture procède au classement des espèces aquatiques en collaboration
avec les administrations de la faune et de la chasse, de l'environnement, du tourisme
ainsi que le conseil national des parcs nationaux.

Cette classification doit faire apparaître :

- la liste des espèces intégralement protégées dont la pêche ou la chasse, la


capture, la détention, le transport et la commercialisation sont interdits;

- la liste des espèces partiellement protégées dont la pêche où la chasse, la capture,


la détention, le transport et la commercialisation sont soumis à une réglementation
spécifique.

Les listes visées ci-dessus sont établies par arrêté du ministre chargé des pêches et
de l'aquaculture.

Article 68.- Sous réserve du droit de passage au sens des conventions


internationales, la résidence, la pénétration avec ou sans engins de pêche ou armes,
la navigation, le camping, le survol à basse altitude, la plongée, les recherches
scientifiques et l'élimination d'animaux ou l'extraction d'espèces végétales dans les
aires protégées aquatiques sont subordonnés à une autorisation préalable délivrée
par l'administration des pêches et de l'aquaculture.

TITRE IV - DE LA SURVEILLANCE,

DE LA CONSTATATION

ET DE LA RÉPRESSION DES INFRACTIONS

EN MATIÈRE DE PÊCHE

ET D'AQUACULTURE

Chapitre premier

De la surveillance

Article 69.- La surveillance des activités de pêche et d'aquaculture est la mise en


oeuvre de l'ensemble des opérations de contrôle de ces activités et de protection des
ressources halieutiques.

Article 70.- Le ministre chargé des pêches et de l'aquaculture est l'autorité


responsable des opérations de surveillance et de contrôle des activités de pêche et
d'aquaculture, il en assure la supervision et la coordination.

Article 71 .- Ne sont habilitées à procéder aux opérations de surveillance visées à


l'article 70 ci-dessus que les personnes ayant la qualité d'agent de surveillance.

Article 72.- Sont agents de surveillance :


- les agents assermentés de l'administration des pêches et de l'aquaculture désignés
par le ministre chargé des pêches et de l'aquaculture,

- les officiers et sous-officiers mariniers de la marine nationale,

- les officiers et sous-officiers de l'armée de l'air,

- les administrateurs des affaires maritimes,

- les agents et officiers de police judiciaire des sections nautiques de la gendarmerie


nationale et de la police nationale,

- les agents des douanes,

- les agents assermentés de l'administration des eaux et forêts,

- les agents assermentés de l'administration de l'environnement.

Article 73.- Les agents de surveillance des activités de pêche et d'aquaculture


constituent la section paramilitaire de l'administration des pêches et de l'aquaculture.
À ce titre, ils reçoivent une formation appropriée au sein de la marine nationale.

Article 74.- Avant d'entrer en fonction, les agents de surveillance de l'administration


des pêches et de l'aquaculture prêtent serment devant le tribunal de première
instance territorialement compétent, selon une formule déterminée par voie
réglementaire. Ce serment reste valable quel que soit le lieu d'affectation de l'agent.

Article 75.- Dans l'exercice de leurs fonctions, les agents de surveillance de


l'administration des pêches et de l'aquaculture sont astreints :

- au port d'armes et de l'uniforme dont la composition et la description sont


déterminées par voie réglementaire;

- à l'obligation de détenir un document justifiant de leur mandat.

Toutefois, les agents de surveillance visés ci-dessus peuvent, en cas de nécessiter


et sans qu'il soit besoin de justifier d'un mandat spécial, mener des opérations de
surveillance. Article 76.- Dans le cadre de leur mission généra-le de surveillance des
activités de pêche et d'aquaculture, les agents de surveillance disposent de pouvoirs
de police et de moyens d'investigation leur permettant notamment de :

- procéder à l'interpellation du navire de pêche se trouvant dans les eaux sous


juridiction gabonaise;

- arraisonner le navire de pêche conformément aux dispositions de l'article 78 de la


présente loi;

- contrôler tout véhicule et autre moyen de transport acheminant les produits


halieutiques;

- interpeller le contrevenant, en cas de flagrant délit, et de saisir, le cas échéant, le


produit de l'infraction ainsi que tout autre élément ou objet y relatif;
- exiger la présentation de tout document concernant le fonctionnement et l'activité
de l'établissement,

- entrer dans tout établissement de manipulation ou navire de pêche aux fins de


vérification et de contrôle;

- examiner la production de tout établissement de manipulation des produits de la


pêche ainsi que tout document relatif aux captures réalisées, traitées ou
transportées;

- visiter toute exploitation aquacole;

- prélever des échantillons sur des produits de la pêche aux fins d'analyse.

Article 77.- Le droit de visite ou de contrôle reconnu aux agents de surveillance ne


s'étend pas aux locaux à usage d'habitation, sauf si ces locaux sont suspectés
abriter frauduleusement des produits de pêche.

Article 78.- Au sens de la présente loi, on entend par arraisonnement le fait pour les
autorités de surveillance d'interpeller un navire de pêche et de l'immobiliser dans un
port sous juridiction gabonaise. À cette fin, les agents de surveillance peuvent
recourir soit à la procédure ordinaire, soit à la procédure à vue.

Article 79.- La procédure ordinaire implique la visite à bord du navire de pêche par
les agents de surveillance avec mission notamment de :

- noter les renseignements de position, d'itinéraire et de vitesse du navire;

- procéder au contrôle de toute la documentation et de la confisquer en cas


d'infraction constatée et, dans ce cas, de faire signer au capitaine du navire une
reconnaissance de responsabilité;

- escorter, si nécessaire, le contrevenant vers le port le plus proche en prenant à


bord du navire de surveillance le second capitaine du navire arraisonné;

- transmettre les dossiers relatifs à l'infraction et documents du navire à


l'administration des pêches et de l'aquaculture qui dresse procès-verbal de
l'infraction.

Article 80.- La procédure à vue est le fait pour les agents de surveillance, devant
l'impossibilité d'aborder directement le navire, d'en relever le numéro
d'immatriculation. Il en est ainsi :

- lorsque les conditions météorologiques ne permettent pas la visite à bord du navire


de pêche;

- en cas de fuite ou de concentration de navires ne permettant pas de les contrôler


individuellement.

Article 81.- Les renseignements relevés par les agents de surveillance sont
pertinents et opposables à tous jusqu'à inscription de faux.
Article 82.- Dans le cadre de sa mission de contrôle, le commandant d'un navire ou
d'un aéronef de surveillance peut, par tout moyen sonore, lumineux, visuel ou
radioélectrique, sommer tout navire de pêche se trouvant dans les eaux gabonaises
de s'arrêter.

En cas de refus d'obtempérer à la troisième sommation, un coup de semonce ou une


rafale peut être tiré devant l'étrave pour l'obliger à s'arrêter.

Si, après trois coups de semonce, la sommation n'est pas suivie d'effet, le
commandant du navire ou de l'aéronef de surveillance est autorisé à faire but sur les
superstructures du navire de pêche mis en cause.

Article 83 .- Lorsque, après sommation de s'arrêter, le navire de pêche parvient à


prendre la fuite, les agents de surveillance peuvent, sur la base des accords de
coopération, le poursuivre dans les eaux nationales des États parties, y compris celui
dont il aborde le pavillon.

Dans ce cas, le lieu de l'infraction reste celui de la première détection.

Article 84.- L'administration des pêches et de l'aquaculture peut, dans le cadre des
missions de surveillance, requérir l'assistance des forces de sécurité et de défense.
Article 85.- Les opérations de surveillance et de contrôle doivent être menées sans
perturbation particulière des activités de pêche, des établissements de manipulation
ou d'exploitation aquacole.

Article 86 .- Les agents de surveillance peuvent, dans le cadre des arrangements de


coopération entre États ou tout autre organisme international, exploiter les
renseignements fournis par des personnes dénommées relevant d'un État partie.

Chapitre deuxième

De la constatation des infractions, de la transaction et du cautionnement

Article 87.- Dans le cadre de leurs missions, les agents de surveillance sont
chargés :

- de rechercher et de constater les infractions aux lois et règlements sur les pêches
et l'aquaculture, avec pouvoir de prendre toute mesure conservatoire nécessaire à la
résolution du litige;

- de dresser les procès-verbaux et de les trans-mettre à l'administration des pêches


et de l'aquaculture.

Section 1

De la constatation des infractions et des mesures conservatoires

Article 88.- Les infractions aux lois et règlements sur les pêches et l'aquaculture sont
constatées sur procès-verbal dont le contenu est précisé par voie réglementaire.
Toutefois, le procès-verbal visé ci-dessus doit, dans tous les cas, comporter :

- l'exposé précis des faits,


- la date et le lieu des faits,

- la référence du ou des textes applicables,

- l'identité du ou des contrevenants, leurs déclarations et leurs signatures,

- l'identité, la qualité et la signature du ou des agents verbalisateurs,

- l'identité des témoins éventuels, leurs déclarations et leurs signatures,

- la description du moyen ayant servi à la commission de l'infraction,

- l'indication, le cas échéant, des objets ou des produits saisis à titre conservatoire,

- les propositions de transaction, s'il y a lieu.

Article 89.- Après constatation de l'infraction, le ou les agents verbalisateurs sont


habilités à prendre toute mesure conservatoire, notamment :

- la saisie, la mise sous séquestre ou la confiscation du produit de l'infraction et du


matériel ayant servi à sa commission, s'il y a lieu;

- la confiscation ou la rétention de tout objet ou document susceptible de servir de


preuve;

- l'interpellation du ou des contrevenants.

Section 2

De la transaction et du cautionnement

Article 90.- Le ministre et le directeur général des pêches et de l'aquaculture sont


seuls habilités, chacun dans les limites de ses attributions telles que fixées à l'article
91 ci-dessous, à transiger au nom et pour le compte de l'État et, le cas échéant, à
décider du sort des captures et du matériel saisis à titre conservatoire, conformément
aux textes en vigueur.

Lorsqu'elles portent sur un navire de pêche étranger, les décisions arrêtées en


application du paragraphe premier ci-dessus sont transmises au ministre chargé des
affaires étrangères pour notification à la représentation diplomatique du pays
concerné. Article 91.- Les procès-verbaux de constatation des infractions aux lois et
règlements sur la pêche et l'aquaculture sont soumis pour règlement :

- au directeur général des pêches et de l'aquaculture lorsque le maximum de


l'amende encourue n'excède pas trente millions de francs CFA,

- au ministre chargé des pêches et de l'aquaculture dans tous les autres cas.

Lorsque le minimum de l'amende encourue est supérieur à cent millions de francs


CFA, le ministre doit être assisté d'une commission dont la composition et le
fonctionnement sont fixés par voie réglementaire.

Sous-section 1
De la transaction

Article 92.- L'initiative de la transaction appartient au contrevenant. Elle doit être


approuvée par écrit par l'autorité compétente.

Article 93.- Lorsqu'elle a abouti, la transaction donne lieu :

- au versement immédiat au trésor public du montant transactionnel qui ne peut être


inférieur au minimum de l'amende encourue;

- à la restitution, s'il y a lieu, des engins, du matériel ou des produits saisis.

Dans ce cas, l'administration des pêches et de l'aquaculture perd son privilège de


poursuites pénales.

Article 94.- Le défaut de paiement du montant transactionnel entraîne la saisine de la


juridiction pénale par le ministre chargé des pêches et de l'aquaculture.

Sous-section 2 - Du cautionnement

Article 95.- Sans préjudice des règles judiciaires applicables au cautionnement,


l'administration des pêches et de l'aquaculture peut, pour libérer le contrevenant et
ses moyens de pêche, exiger le paiement d'une caution dont le montant est fixé soit
par le ministre, soit par le directeur général des pêches et de l'aquaculture,
conformément aux dispositions de l'article 91 ci-dessus.

Article 96.- Le cautionnement doit être restitué lorsque le procès-verbal est classé
sans suite ou si l'auteur de l'infraction a payé l'intégralité de l'amende et les frais y
afférents ou s'il a bénéficié d'une décision de relaxe.

Article 97.- Les amendes et autres pénalités pécuniaires prononcées ou arrêtées


dans le cadre des procédures administratives prévues par la présente loi sont
payées dans les quinze jours suivant la notification de la décision les prononçant.

À la demande des intéressés, ce délai peut être prorogé une seule fois par décision
du ministre chargé des pêches et de l'aquaculture.

Chapitre troisième

De la répression des infractions

Section 1

Des infractions

Article 98.- Constituent des infractions au sens de la présente loi :

a) en matière de pêche :

- le défaut de licence, de permis, d'agrément technique ou d'autorisation de pêche,

- l'exercice ou la tentative d'exercice d'un type de pêche non autorisé ou ne


correspondant pas à la licence ou à l'autorisation détenue,
- la pêche ou la tentative de pêche dans les zones prohibées, notamment les
embouchures, les estuaires, les baies,

- le non-respect des normes relatives aux dimensions ou aux poids des captures,

- le non-respect des normes relatives à l'hygiène ou à la qualité des produits de


pêche,

- l'emploi, la détention ou le transport à bord des navires ou embarcations de pêche


de sub-stances toxiques ou d'explosifs, de produits et équipements interdits,
notamment les engins de pêche prohibés et les filets dont les mailles ne sont pas
conformes aux dimensions autorisées,

- le non-respect des normes établies relatives à la communication, à l'information sur


les captures ou au marquage des navires et embarcations,

- les fausses déclarations sur les spécifications techniques des navires, notamment
celles portant sur le tonnage des jauges brut,

- la destruction ou l'endommagement intentionnel d'embarcations, d'engins ou de


filets appartenant à des tiers,

- la non-dénonciation des infractions, la destruction ou la dissimulation des éléments


de preuve,

- le non-respect des règles régissant les activités des observateurs,

- le camouflage ou l'altération des signes distinctifs du navire,

- le refus aux agents de surveillance d'accéder dans les établissements de


manipulation ou à bord des navires et embarcations de pêche,

- la pêche pendant les périodes interdites,

- l'inobservation des règles de sécurité prescrites en matière de navigation maritime


et fluviale,

- la capture ou la détention d'espèces biologiques dont la pêche est interdite,

- la capture, la détention, le débarquement, la vente et la commercialisation des


espèces dont la taille ou le poids sont inférieurs aux minima autorisés,

- la violation de toutes autres prescriptions relatives à la pêche et à l'aquaculture;

b) en matière d'aquaculture :

- l'introduction d'espèces non autorisées,

- l'utilisation de produits toxiques dans les étangs piscicoles,

- l'implantation concentrée d'élevages associés ou intégrés dont les déchets peuvent


générer la pollution des cours et plans d'eaux,
- la non transmission des informations relatives à l'activité aquacole à l'administration
des pêches et de l'aquaculture,

- l'utilisation ou la vente des aliments pour poissons sans indication de leurs


performances et de leur traçabilité,

- l'utilisation ou la vente des hormones à des fins de rendement,

- l'utilisation ou la vente de produits d'élevage ayant reçu des doses d'hormones à


des fins de rendement,

- l'utilisation de produits prohibés, notamment les produits dangereux et les produits


pharmaceutiques non autorisés dans le procédé d'élevage aquacole,

- le prélèvement de produits d'élevage dans une ferme aquacole de l'État sans


autorisation; c) en matière de surveillance :

- le refus de coopérer avec un agent de surveillance,

- l'agression et la menace contre un agent de surveillance dans l'exercice de ses


fonctions,

- la résistance ou l'entrave au contrôle.

Section 2 - Des sanctions

Article 99 .- Les infractions prévues à l'article 98 a) ci-dessus sont punies d'un


emprisonnement de un à trois mois et d'une amende de trois millions à cinq cent
millions de francs CFA ou de l'une de ces deux peines seulement.

Dans le cas de l'exercice ou de la tentative d'exercice d'un type de pêche non


autorisé ou ne correspondant pas à la licence détenue, le contrevenant peut être, en
outre, condamné à une pénalité pécuniaire égale à la valeur marchande du
chargement potentiel de son navire.

Toutefois, lorsque les faits incriminés ci-dessus sont commis dans le cadre de la
pêche artisanale, les peines sont ramenées de un à trois mois d'emprisonnement et
à une amende de cinquante mille à trois millions de francs CFA ou à l'une de ces
deux peines seulement.

Article 100 .- Les infractions prévues à l'article 98 b) ci-dessus sont punies d'un
emprisonnement de un à trois mois et d'une amende de cinquante mille à vingt
millions de francs CFA ou de l'une de ces deux peines seulement.

Article 101.- Les infractions prévues à l'article 98 c) ci-dessus sont punies :

- d'un emprisonnement de un mois à deux ans et d'une amende de cent mille à dix
millions de francs CFA ou de l'une de ces deux peines seulement, pour le refus de
coopérer avec un agent de surveillance,
- d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de deux millions à
quinze millions de francs CFA ou de l'une de ces deux peines seulement, pour
l'agression ou la menace contre un agent de surveillance dans l'exercice de ses
fonctions, la résistance ou l'entrave au contrôle.

Article 102.- Les peines prononcées en répression des infractions à la présente loi
sont assorties, le cas échéant, des peines complémentaires de saisie ou de
confiscation du produit de l'infraction et du matériel, s'il y a lieu, ayant servi à sa
commission. Ces peines complémentaires sont obligatoirement prononcées lorsque
le produit ou le matériel susvisé est constitué d'explosifs, de sub-tances toxiques, de
produits ou engins prohibés, dangereux ou non autorisés.

Article 103.- En cas de récidive, les peines encourues au titre de la présente loi sont
portées au double. Il en est de même lorsque le contrevenant est sous le coup d'un
procès-verbal transactionnel datant de moins de douze mois.

Article 104.- Sont solidairement et civilement responsables des conséquences


dommageables des infractions à la réglementation des activités de pêche et
d'aquaculture :

- le capitaine ou le patron de pêche du navire pour les infractions commises par


l'équipage,

- l'armateur pour les infractions commises par le patron ou par l'équipage du navire,

- le concessionnaire ou l'exploitant d'un établissement de manipulation ou


d'aquaculture pour les infractions commises par ses employés,

- le propriétaire ou le copropriétaire d'une embarcation de pêche artisanale pour les


infractions commises par ses employés.

Article 105 .- Les condamnations pécuniaires et autres débours prononcés au profit


de l'État, ainsi que les produits des ventes aux enchères du matériel saisi à
l'occasion de la constatation des infractions relatives à la pêche et à l'aquaculture,
sont recouvrés conformément aux textes en vigueur.

Article 106 .- À l'expiration des délais prévus à l'article 97 ci-dessus ou si le


contrevenant ne s'exécute pas, les biens ayant fait l'objet de mesures conservatoires
sont définitivement acquis à l'État.

TITRE V - DES DISPOSITIONS

ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES

Article 107.- Nul ne peut investir dans le secteur des pêches et de l'aquaculture s'il
ne se conforme aux dispositions de la charte des investissements de la
Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale et de la charte nationale
des investissements.

Article 108.- La loi de finances détermine dans tous les cas le taux et l'assiette des
redevances, droits et taxes applicables en matière de pêches et d'aquaculture, à
savoir :
- le droit sur la pêche sous-marine,

- le droit d'inscription du navire de pêche sur le registre,

- le droit perçu lors de la délivrance du certificat d'origine des produits de la pêche,

- le droit sur l'agrément technique des établissements de manipulation des produits


de la pêche,

- le droit perçu lors de la délivrance du certificat sanitaire des produits de la pêche,

- le droit d'entrée et de visite des aires protégées aquatiques,

- la redevance sur le droit d'exercice de la pêche dans les eaux maritimes,


lagunaires, lacustres et fluviales,

- la redevance sur le droit d'exercice de l'aquaculture,

- la redevance sur l'assistance technique,

- la taxe à l'exportation des produits transformés,

- la taxe sur le prélèvement de spécimens d'aquariophilie,

- la taxe sur les spécimens scientifiques,

- la taxe sur la détention d'espèces aquatiques sauvages vivantes,

- la taxe sur la photographie et la reproduction cinématographique liées aux milieux


aquatiques et à leurs ressources,

- la taxe de transfert de l'autorisation d'exploitation aquacole,

- la taxe de renouvellement des licences, permis, agréments et autorisations,

- la taxe à la production.

La redevance sur l'assistance technique, dont les modalités sont définies par voie
réglementaire, est la rémunération des travaux d'assistance technique exécutés par
l'administration des pêches et de l'aquaculture pour le compte des opérateurs privés.

Article 109.- Les droits, taxes et redevances perçus au titre de la présente loi sont
recouvrés par le trésor public, conformément aux textes en vigueur.

TITRE VI

DISPOSITIONS DIVERSES ET FINALES

Article 110.- Le titulaire d'une autorisation d'exploitation aquacole qui a cessé ses
activités est tenu d'informer immédiatement l'administration des pêches et de
l'aquaculture sur les raisons de cette cessation et de proposer, le cas échéant, une
activité de substitution. À cette fin, il peut solliciter l'assistance technique de
l'administration des pêches et de l'aquaculture.
En cas de cessation définitive des activités, le site d'implantation fait retour au
domaine public de l'État, sauf si le titulaire de l'autorisation d'exploitation en est le
propriétaire.

Article 111 .- Les personnels de l'administration des pêches et de l'aquaculture


perçoivent sur les produits des droits, taxes, redevances, amendes, confiscations et
des sanctions pécuniaires, des ristournes dont le taux, les modalités de prélèvement
et la répartition sont fixés par voie réglementaire.

Article 112.- Des textes réglementaires déterminent, en tant que de besoin, les
dispositions de toute nature nécessaires à l'application de la présente loi.

Article 113 .- La présente loi, qui abroge toutes dispositions antérieures contraires,
notamment celles de la loi n° 1/82 du -22 juillet 1982 dite loi d'orientation en matière
des eaux et forêts, de l'ordonnance n° 63/72 du 29 août 1972 réglementant l'exercice
de la pêche et du décret n° 62/PR/MEFPE du 10 janvier 1994 portant réglementation
de la pêche en République gabonaise, sera enregistrée, publiée selon la procédure
d'urgence et exécutée comme loi de l'État.

Fait à Libreville, le 8 août 2005

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