Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Skip to main content
There is widespread concern today about the radicalization of young muslim men, and the deprived areas of Western cities are believed to have become breeding grounds of home–grown extremism. But how do young Muslims growing up in the... more
There is widespread concern today about the radicalization of young muslim men, and the deprived areas of Western cities are believed to have become breeding grounds of home–grown extremism. But how do young Muslims growing up in the cities of the West really live?

This book takes us beyond the rhetoric and into the housing estates on the outskirts of Paris to meet Adama, Radouane, Hassan, Tarik, Marley, and a shadowy figure whose name suddenly and brutally became known to the world at the time of the Charlie Hebdo shootings: Amédy Coulibaly. Seeing Amédy through the eyes of close friends and other young Muslim men in the neighbourhoods where they grew up, Fabien Truong uncovers a network of competing loyalties and maps the road these youths take to resolve the conflicts they face: becoming Muslim. For these young men, Islam stands, often alone, as a resource, a gateway as if it were the last route to escape without betrayal and to fight in a meaningful and noble way.

Becoming Muslim does not necessarily lead to the radicalized other . It is more like a long–distance race, a powerful reconversion of the self that allows for introspection and change. But it can also lead to a belligerent presentation of the self that transforms a dead–end into a call to arms.
À la suite des attentats frappant notre pays à répétition, les mots se figent – entre « islamisation » et « radicalisation » – pour désigner un phénomène perçu comme une menace : le désir d’islam des « mauvais garçons » de la Nation.... more
À la suite des attentats frappant notre pays à répétition, les mots se figent – entre « islamisation » et « radicalisation » – pour désigner un phénomène perçu comme une menace : le désir d’islam des « mauvais garçons » de la Nation. Immigrés de descendance, passés par la délinquance, musulmans par croyance : tel serait le portrait robot du nouvel extrémisme made in France.
Dans cette enquête dense et sensible, nous embarquons avec Adama, Radouane, Hassan, Tarik, Marley et un fantôme dont le nom s’est brutalement imposé au monde : Amédy Coulibaly. Pour espérer comprendre la terreur, Fabien Truong fait le pari de revenir sur Amédy et sa « vie d’avant », en gagnant la confiance des vivants.
Aux bords de la ville, ces garçons apprennent à devenir des hommes en éprouvant des loyautés concurrentes. Envers leur quartier, leurs copains et les non-dits de l’histoire familiale. Mais aussi envers la Nation et son idéal méritocratique, et envers un capitalisme promouvant l’individualisme, la virilité et la compétition économique. Les contradictions affleurent, surtout quand l’économie souterraine, la police et l’absurdité du matérialisme ordinaire sont de la partie. La religion musulmane se dresse comme une dernière ressource pour s’en sortir sans trahir et combattre avec noblesse. S’engage une lente reconversion, autorisant l’introspection et le changement de direction. Mais aussi, parfois, une mise en scène spectaculaire qui transforme l’impasse en un cri de guerre.
En nous rappelant qu’apprendre à les connaître « eux », c’est finalement mieux « nous » comprendre, Loyautés radicales jette une lumière inédite sur le quotidien de ces jeunes hommes et sur les nouvelles formes de violence qui nous entourent collectivement, dans un monde où on ne naît pas guerrier, mais où on le devient.
Ancien prof de lycée dans le « 9-3 » devenu sociologue, Fabien Truong a pendant dix ans – des émeutes de 2005 aux attentats de janvier 2015 – suivi et accompagné une vingtaine d’anciens élèves, du bac jusqu’à la fi n de leurs études. Tour... more
Ancien prof de lycée dans le « 9-3 » devenu sociologue, Fabien Truong a pendant dix ans – des émeutes de 2005 aux attentats de janvier 2015 – suivi et accompagné une vingtaine d’anciens élèves, du bac jusqu’à la fi n de leurs études. Tour à tour prof, enquêteur, témoin, conseiller et confi dent, il dresse ici le portrait tout en finesse d’une certaine jeunesse française, celle des banlieues populaires issues de l’immigration.
Loin des clichés médiatiques, du fatalisme politique ambiant et des prophéties catastrophistes de la « désintégration sociale », ce livre observe la dilution quotidienne de cette jeunesse dans la société française. De la fac aux grandes écoles, en passant par les cycles plus courts, ces jeunes incarnent la face cachée d’une passion nationale : sortir de sa condition par l’école. Confrontés au stigmate des origines, à l’impératif de rentabilité assigné aux études longues et à la précarité massive, ils mènent un combat ordinaire pour gagner l’estime de soi et apprendre à naviguer entre les multiples frontières du monde social.
En offrant une véritable plongée dans l’intimité de ces jeunes étudiants en quête d’échappée, ce livre peut se lire aussi comme un récit initiatique, déroulant dans le temps long leurs rêves d’ascension sociale, leurs questionnements identitaires, les peines et les joies de l’apprentissage intellectuel, leur rapport à la religion ou leurs histoires d’amour. Car, dans ces territoires de la République, rien n’est jamais gagné ni perdu d’avance.
À travers des entretiens avec trois « jeunes de banlieue », Radouane, Tarik et Eliott, Fabien Truong esquisse le portrait d’une jeunesse aux trajectoires ambivalentes. Le rapport aux pères, la vie dans le quartier, les études, les... more
À travers des entretiens avec trois « jeunes de banlieue », Radouane, Tarik et Eliott, Fabien Truong esquisse le portrait d’une jeunesse aux trajectoires ambivalentes. Le rapport aux pères, la vie dans le quartier, les études, les tentations du vol ou du deal, la relation aux filles, les rêves de famille et de pavillon loin des barres d’immeubles, la religion – improbable alliée de la République – vers laquelle on se tourne quand on sort de la délinquance, sont autant de nœuds dont les entrelacements déterminent ce que devenir un homme dans la banlieue française veut dire.

Alors que les émeutes et les faits divers embrasant les quartiers de relégation urbaine contribuent à confiner ces espaces dans la périphérie physique et mentale des villes, les polémiques qui s’ensuivent ne font que masquer la pauvreté du discours sur le problème de la délinquance juvénile, car, si l’on excepte les postures du mépris et du déni qui consistent à dire que ces jeunes sont soit partout soit nulle part, que reste-t-il dans le débat public ?

Ce livre est une enquête ethnographique, écrit à rebours d’une pensée ambiante qui ne se conjugue qu’au présent, d’une société qui interdit toute prise de parole effective de ces jeunes hommes encapuchés, et du fatalisme et du pessimisme de rigueur.
Jeunesses françaises s'achevait autour d'un café pris avec Sergueï en avril 2015, avec, en guise d'ouverture, un « check point Charlie » à l'allure incertaine. Sept ans après, on peut l'envisager comme un point de bascule. En ce début de... more
Jeunesses françaises s'achevait autour d'un café pris avec Sergueï en avril 2015, avec, en guise d'ouverture, un « check point Charlie » à l'allure incertaine. Sept ans après, on peut l'envisager comme un point de bascule. En ce début de printemps, Sergueï attendait les résultats des écrits du concours du Capes. Il serait bientôt, à sa grande surprise, admissible. Nous ne pouvions pas l'imaginer, mais nous étions pris en tenaille : quatre mois après les attentats de janvier et sept mois avant ceux de novembre. Sergueï exprimait un malaise provoqué par la transformation graduelle d'une solidarité spontanée devant la sidération ambiante (« Je suis Charlie ») en un slogan pouvant aussi catégoriser, diviser, stigmatiser. Un malaise qui disait l'accroissement des difficultés à faire entendre la nuance des trajectoires dont Jeunesses françaises visait à rendre compte, et qui allait bientôt s'incruster durablement. Les années ont passé, et il m'apparaît que Sergueï, toujours aussi profondément athée, parlait bien, ce jour-là, au nom de ses anciens camarades. D'une certaine manière, il annonçait un peu la suite.
Lasting in crime and on screenA moral ethnography of four popular TV series This article explores the emergence of new fictional figures of criminals who unfold in the long run of seriality, and who are thus part of an... more
Lasting in crime and on screenA moral ethnography of four popular TV series

This article explores the emergence of new fictional figures of criminals who unfold in the long run of seriality, and who are thus part of an "ethno-biographical turn". It analyzes the moral arrangements made by the characters of four critically acclaimed series (Breaking Bad, La Casa de Papel, Narcos and The Wire) and details the scripts they mobilize to resolve four moral antinomies: clandestinity vs. visibility, dirtiness vs. ennoblement, materialistic accumulation vs. altruistic dispossession, and continuity vs. discontinuity. These fictitious arrangements, with their viewpoints and their blind spots, ultimately demonstrate how our representations and our understanding of crime are shaped by what resembles a normative imperative and a social condition: lasting in crime.
This article further develops understandings of urban riot as a social and political symptom to consider the riot as a situated and situating biographical moment, a personal experience which is both signifying and significant. It argues... more
This article further develops understandings of urban riot as a social and political symptom to consider the riot as a situated and situating biographical moment, a personal experience which is both signifying and significant. It argues for a paired understanding of riots as a set of physical incarnated (re)actions and as 'total social fact' – involving 'society as a whole' and putting its institutions at work 'all together and at once' (Mauss, 1950). It switches from 'urban riots' as a descriptive notion to total rioting as an analytical tool. Total rioting consists of intertwined social upheavals and exchanges, writ through the metaphysical, sociological, poetical and political. It assembles people of a particular kind forever, hence manufacturing social solidarities and subjectivities. As a particular response to specific problems, it reveals how a contemporary state of metaphysical, social and political insecurity generates new forms of empowering projections and intimate policies; and why what is destroyed is precisely what matters. As an attempt to make and unmake society at the same time, it has become the pinnacle of a paradoxical political socialization process. Being less a language for a broader political communication than an insider trading activity, its long-term outcomes reshape the politics of recognition and claims for visibility.
Enquêter dans la durée auprès de « jeunes de banlieue » conduit à se poser régulièrement deux types de questions qui tendent à se présenter chacune sous la forme d'alternatives exclusives. Pourtant, leur dépassement constitue l'une des... more
Enquêter dans la durée auprès de « jeunes de banlieue » conduit à se poser régulièrement deux types de questions qui tendent à se présenter chacune sous la forme d'alternatives exclusives. Pourtant, leur dépassement constitue l'une des clefs pour aller au-delà des représentations les plus convenues. 1. Comment penser ensemble la pluralité et le commun au sein d'un groupe social dont la consistance et les contours dépendent précisément de la résolution de cette relation dialectique ? Il existe ainsi des « filles », des « garçons », des « cités » et des trajectoires mais qui forment néanmoins un objet d'étude et d'analyse en soi : « la jeunesse de banlieue » ou « des cités ». Et la relation entre un tel objet et ses déclinaisons – qu'elles soient géographiques, historiques, sociales, genrées, individuelles, etc. – fait pré-cisément problème quand, pour parler comme Ian Hacking, les « effets de boucles » entre la catégorie et les individus qu'elle désigne sont perma-nents 1. C'est ce que suggèrent les guillemets de mon titre : ce que et ce qui fait « le jeune de banlieue » ne peut pas être pensé sans ce qui en est dit publiquement. 2. Comment, pour ce faire, articuler dans un même discours l'agencement des propriétés qui forgent la singularité des individus et la force des déterminants et des déterminations sociales qui pèsent collectivement sur eux ? Prendre
Au regard de la défiance, voire de la rage à l'égard de la police exprimées par de nombreux habitant·e·s des quartiers populaires – et pas seulement par les « jeunes » – les forces de l'ordre n'apparaissent plus comme un recours face aux... more
Au regard de la défiance, voire de la rage à l'égard de la police exprimées par de nombreux habitant·e·s des quartiers populaires – et pas seulement par les « jeunes » – les forces de l'ordre n'apparaissent plus comme un recours face aux formes de violence interpersonnelle qui émaillent le quotidien. En retraçant le rapport au quartier de cinq femmes d'une cité de l'Essonne, cet article illustre comment la sociabilité de voisinage et la constitution de l'espace domestique en refuge leur permet de résister à « l'insécurité » sans la police. Selon leur degré de proximité sociale avec les dealers, les marchands de sommeil ou les proxénètes, elles s'avèrent cependant inégalement en mesure de contribuer à cette forme d'auto-organisation populaire. L 'insécurité » est depuis longtemps en France associée aux « banlieues », à ses « cités » et aux garçons qui les peuplent. La simple vue d'un « jeune à capuche » suffit à éveiller crainte et méfiance chez les « honnêtes citoyens » – crainte qui, depuis les atten-tats du 11 septembre, et plus encore ceux survenus en France en 2015, se double de celle du « musulman d'apparence », pour reprendre l'ex-pression de Nicolas Sarkozy. Certains quartiers de relégation urbaine en viennent ainsi à être perçus aujourd'hui comme de véritables « cités de la peur », dans lesquelles « la police n'ose plus rentrer », en proie à la fois aux dealers et aux islamistes. Si ces cités font peur à ceux qui n'y vivent pas, on sait au fond peu de choses du rapport à la peur de ceux qui y vivent. Une immersion suffisamment longue rappelle pourtant à l'observateur extérieur que « la peur fait d'abord partie des mécanismes ségrégatifs que subissent les quartiers où les franges les plus pauvres des minorités raciales sont concentrées » 1.
Le film français Le Goût des autres fut un énorme succès commercial et critique à sa sortie en 2000. Dans le même temps Pierre Bourdieu gagnait une audience, qui devait aller bien au-delà de la sphère universitaire de la sociologie. Le... more
Le film français Le Goût des autres fut un énorme succès commercial et critique à sa sortie en 2000. Dans le même temps Pierre Bourdieu gagnait une audience, qui devait aller bien au-delà de la sphère universitaire de la sociologie. Le film a souvent été présenté comme une illustration créative et singulière de la théorie de « la violence symbolique », de la construction sociale des goûts esthétiques et de l’illégitimité culturelle, présentant Le Goût des autres comme un « film sociologique » innovant. Néanmoins, cette affinité entre le film et la théorie de Pierre Bourdieu a toujours été prise pour un acquis sans avoir été analysée sociologiquement. Cet article tente a contrario de décrire la dynamique entre la fiction et la sociologie 1) en enquêtant sur la façon dont la sociologie a pu influencer le processus de production du film, à partir d’un entretien mené avec la réalisatrice ; 2) en réfléchissant sur la façon dont la « règle du jeu » narrative du film peut questionner et interroger la sociologie. Le premier axe montre comment la connaissance sociologique a pu être intériorisée à travers les spécificités d’une trajectoire biographique, marquée par l’expérience du désajustement social, le second montre comment la fiction peut illustrer efficacement des phénomènes sociologiques spécifiques, à savoir l’expérience du vacillement social, le jeu des mises à distance sociales tacites et réciproques et les signes du possibleimprobable.

The Taste of Others: Sociology of Intentions and Sociological IntentionsThe French film The Taste of Others was a huge commercial and critical success when it was released in 2000. At the very same time Pierre Bourdieu gained an audience, which was to go far beyond the academic sphere of sociology. The film has often been presented as a unique creative illustration of Bourdieu’s theory about ‘symbolic violence’, social building of aesthetical tastes and cultural illegitimacy, presenting the Taste of Others as a break through ‘sociological movie’. Nevertheless, this affinity between the film and Bourdieu’s theory has always been taken for granted and has never been analysed sociologically. This paper intends to do so by understanding the dynamics in between fiction and sociology by i) presenting a sociological inquiry about how sociology could have influenced the production process of the film, based on a personal interview with the movie maker; ii) reflecting upon how the narrative ‘rule’ of the film can challenge sociology. The first concern shows how sociological knowledge can be integrated throughout the specificities of a biographical trajectory, marked by the experience of social misfits, the later shows how fiction can render particular sociological phenomenon in an efficient way: the experience of social vacillating, the reciprocal game of mutual distanciation in between groups and signs of improbable possibilities occurring in social life.
Through an intensive ethnographic fieldwork, this paper illustrates how teenagers from the Parisian northern banlieue navigate the Parisian Metropolis. It shows how the use of space - as a territory and as a symbol - is socially... more
Through an intensive ethnographic fieldwork, this paper illustrates how teenagers from the Parisian northern banlieue navigate the Parisian Metropolis. It shows how the use of space - as a territory and as a symbol - is socially constructed and questions the medias perspective cliché of secluded banlieue teenagers who would never leave their relegated housing projects, as well as the depiction of an ‘unintegrated youth’. Observing how and where they go – and do not go - in Paris allows us to understand their ambivalent position in the French society. Questioning how they relate to where they live also highlights the weight of a potent collective territorial stigmata, it also contributes to the ‘ghetto or no ghetto’ French sociological controversy by showing that the word “ghetto” is rejected and bears a highly negative connotation, being used to disqualify the territory of “the others” (the historical ghetto, the fictional ghetto, the American ghetto, the neighbourly ghetto). Finally, the paper addresses an idealtype of the mental and symbolic map of Paris (le Paris quotidien, le Paris poubelle and le blanc Paris) which highlights the power of social, cultural and racial legitimization and domination processes as well as the daily and routinized connections between Paris and the banlieues in which processes of social integration and desire for social mobility are crucial.
Through an intensive, participant and longitudinal ethnographic fieldwork, this paper examines the choices in terms of higher education made by high school pupils from so-called priority education zones in Seine-Saint-Denis, North of... more
Through an intensive, participant and longitudinal ethnographic fieldwork, this paper examines the choices in terms of higher education made by high school pupils from so-called priority education zones in Seine-Saint-Denis, North of Paris. It shows the constitution of a discipline of choice, that is to say a set of rules for considering options and deciding between alternatives, as well as finding adequate information to do so. This discipline of choice acts as a common rationale for subaltern students who remain undecided about their future, showing the importance, in choices, of territorial stigma and the rejection of university, as opposed to more closely supervised higher education are valued. This rationale leads to ambivalent and contradictory attempts to escape from multiple categories suggestive of illegitimacy. In this sense, it illustrates how what is deemed possible, probable, desirable and acceptable are brought together in changing patterns which have been produced by and against the school system, underlining its internal contradictions.
L’article, à travers une étude de cas d’un ancien émeutier, envisage la participation aux émeutes urbaines comme un moment biographique, situé et situant, et une expérience personnelle, signifiante et significative. Il rend compte « par... more
L’article, à travers une étude de cas d’un ancien émeutier, envisage la participation aux émeutes urbaines comme un moment biographique, situé et situant, et une expérience personnelle, signifiante et significative. Il rend compte « par le bas » et de façon rétrospective du sens de l’évènement pour ceux qui l’ont fait exister. Se dégagent une métaphysique des émeutes - où l’expérience de la mort et de l’interpellation policière renvoie à un sentiment d’insécurité symbolique exacerbé, une poétique des émeutes – où la dimension festive, cohésive et transcendante est tout aussi centrale – et une politique des émeutes – où se conjuguent révolte contre « le pouvoir », impératif de visibilité et cynisme stratégique, dix ans après.

Looking back at the reasons for angerDeath, “bullshit” and hate, ten years afterVia a case study of an ex-rioter, the article considers participation in the urban riots as a moment in a biography, situated and situating, and as a personal experience both signifying and significant. It gives a bottom-level, retrospective account of what the event means to those who made it happen.
There emerges a form of “riot metaphysics” in which the experience of death and police questioning reflects a feeling of exacerbated symbolic insecurity ; “riot poetics” in which the festive, cohesive and transcendental dimension is equally central ; and “riot politics” combining the revolt against “those in power”, the necessity for visibility and strategic cynicism, ten years after the event.
À l’inverse du régime simplificateur de l’opinion et de l’anathème, la société française doit comprendre sa part d’ombre qu’est le terrorisme, à la faveur des procès et en organisant une convention citoyenne sur la violence politique.
Le « jeune délinquant de banlieue » est devenu un topos médiatique. Deux caractéristiques lui sont couramment associées : une opposition à l'institution scolaire et une incapacité à sortir de sa condition. En se fondant sur des travaux... more
Le « jeune délinquant de banlieue » est devenu un topos médiatique. Deux caractéristiques lui sont couramment associées : une opposition à l'institution scolaire et une incapacité à sortir de sa condition. En se fondant sur des travaux d'enquête sociologique, cet article montre que lorsqu'une opposition frontale à l'école existe, ce qui n'est pas toujours le cas, elle est davantage causée par une situation non désirée de dominer dans l'espace scolaire que par un rejet des buts et valeurs portés par cette institution. Il invite également à étudier la trajectoire des jeunes pratiquant une activité délinquante, en montrant que la sortie de la carrière de délinquant est l'issue la plus probable, et en interrogeant les facteurs qui la favorisent.
Introductive chapter from the book: Le cinéma au pluriel - Dix ans d'images de la diversité
Quel est le vocabulaire, le lexique du sociologue ? La question est centrale pour toutes les sciences, et donc pour la sociologie. C'est d'autant plus nécessaire que le sociologue a souvent à faire avec des termes du langage ordinaire... more
Quel est le vocabulaire, le lexique du sociologue ? La question est centrale pour toutes les sciences, et donc pour la sociologie. C'est d'autant plus nécessaire que le sociologue a souvent à faire avec des termes du langage ordinaire utilisés par les individus pour justifier, pour organiser leurs pratiques quotidiennes, ou pour en parler spontanément. Ces termes du langage ordinaire, qu'Émile Durkheim appelait « prénotions » dans son livre Les règles de la méthode sociologique en 1894, doivent selon lui être chassés et remplacés par des notions forgées par le sociologue. Une prénotion n'est pas une notion car elle n'est jamais définie, mais utilisée avec sens flottant, ambigu, qui permet à l'individu d' organiser ses pratiques, ses espérances et ses haines. Durkheim préconisait la définition systématique des notions utilisées par le sociologue. Il avait l'ambition de créer de toutes pièces un langage sociologique – détaché des mots de la langue courante et dégagé des connotations politique ou morale – permettant de décrire et d'expliquer les phénomènes sociaux. Dans sa thèse d'État intitulée Les mots de la sociologie (et partiellement reproduite dans son livre Le raisonnement sociologique, 1991), Jean-Claude Passeron défend cependant l'idée que le vocabulaire de la sociologie est d'abord un langage construit sur la base du langage naturel. Les notions peuvent être inventées mais elles s'appuient de façon inévitable sur les mots du langage courant. Le social ne peut se décrire par une série de symboles ou d'équations, par les signes d'un langage formel abstrait comme dans les sciences physiques. La sociologie doit utiliser des mots et faire avec l’imperfection des mots pour décrire le réel d’un point de vue scientifique.
Dans son texte, Fabien Truong montre comment on crée un concept fait de termes ordinaires, le « collectif d’alliés » qui désigne une organisation centrale de la vie académique des étudiants issus des milieux populaires. Alors que certaines enquêtes reprennent des termes consacrés, d’autres enquêtes construisent de nouveaux outils de pensée, des concepts, pour mieux rendre compte du social. Quatre exigences pour vérifier le bien-fondé d’un nouveau concept sont alors énoncées. À l’issue du chapitre, on comprend que faire de la théorie consiste à définir clairement des mots ou des expressions ainsi que leurs propriétés. On apprend également que les notions théoriques en sociologie sont (toujours) créées pour décrire, comprendre, expliquer, des choses générales dans un contexte social particulier (ici des jeunes adultes de milieu populaire, vivant en banlieue, qui font des études supérieures). Une fois l’usage et l’intérêt de cet outil bien définis dans son contexte, le concept est susceptible d’être appliqué dans d’autres contextes pour généraliser, éventuellement, son intérêt scientifique. On pourrait ainsi penser que la notion de « collectifs d’alliés » est utile notamment pour tout individu en situation de mobilité sociale ou géographique qui cherche à mobiliser des ressources collectives, ou encore dans des situations nouvelles qu’il ne maîtrise pas. La construction de nouvelles notions permet de modifier le regard sur le réel et suscite alors de nouvelles questions, de nouvelles recherches.
La population vivant en Seine-Saint-Denis est associée à trois caractéristiques saillantes qui semblent faire de ce département un territoire à part : la jeunesse (la part des moins de vingt ans et le taux de fécondité y sont les plus... more
La population vivant en Seine-Saint-Denis est associée à trois caractéristiques saillantes qui semblent faire de ce département un territoire à part : la jeunesse (la part des moins de vingt ans et le taux de fécondité y sont les plus élevés des départements de l'Hexagone) ; l'immigration (20,1 % des habitants sont de nationalité étrangère et 32 % sont nés à l'étranger de parents étrangers) ; la pauvreté (le revenu moyen par habi-tant est l'un des plus bas de France, 30 % de la population de 15 ans et plus est sans diplôme) 1. Chacune d'elles convoque un imaginaire ambivalent-foncièrement dépréciatif (l'immaturité, l'extériorité, la dangerosité, etc.), mais aussi potentiellement requalifiant (la créativité, l'énergie, la ténacité, la capacité à rendre service, etc.). Cette oscillation-entre menace et promesse, immobilisme et dynamisme-renvoie à une propriété anthropologique : « la jeunesse », « l'immigration » ou « la pauvreté » ne sont pas des états immuables, mais des relations qui font exister le monde social et ce qu'il légitime. En tant que catégories symboliques, elles séparent et relient à la fois. Sans « les jeunes », « les immigrés » ou « les pauvres », point de « vieux », de « riches » ni d'« établis » (Bourdieu, 1980 ; Sayad, 1999 ; Simmel, 2005 ; Elias & Scotson, 1997). En ce sens, la « Seine-Saint-Denis », depuis sa création en 1964, et « Paris » se font et se défont ensemble, entre distances et proximités. Au coeur de cette mécanique, il y a toute l'ambivalence du stigmate qui se vit entre acceptation, refus, contournement ou renversement pour les stigmatisés, tout en autorisant à conforter, par la négative, les « normaux » dans leurs certitudes (Goffman, 1975). En la matière, le sens attribué aux choses et aux mots est rarement univoque.
Direito autoral e licença de uso: Este artigo está licenciado sob uma Licença Creative Commons. Com essa licença você pode compartilhar, adaptar, para qualquer fim, desde que atribua a autoria da obra, forneça um link para a licença, e... more
Direito autoral e licença de uso: Este artigo está licenciado sob uma Licença Creative Commons. Com essa licença você pode compartilhar, adaptar, para qualquer fim, desde que atribua a autoria da obra, forneça um link para a licença, e indicar se foram feitas alterações. Ensinar Pierre Bourdieu no 9-3: o que falar quer dizer 1 Fabien Truong 2 Resumo Este artigo aborda o confronto entre a alta teoria social de Bourdieu e um público desarmado para apropriar-se de sua visão sobre a dominação simbólica e a desigualdade social: os alunos imigran-tes de classe baixa de escolas secundárias localizadas na periferia urbana em declínio da Grande Paris. Através de um intenso trabalho de campo sociológico, proponho uma observação empírica da recepção social da obra de Bourdieu. Questiona o risco de comportamentos sem sentido para alunos e professores, já que a teoria de Bourdieu está indo contra o grão meritocrático necessário na sala de aula e explora o significado subjetivo da teoria da dominação para indivíduos dominados, entre aceitação e negação. Este estudo mostra que, nos banlieues franceses é criado um sentimen-to individual e precário de autoempoderamento. Palavras-chave: Bourdieu. Reprodução. Meritocracia. Determinismo. Desigualdade. Introdução Eu gostaria de testemunhar aqui uma intrigante experiência social e educacional, embora atual, porque institucionalizada e consagrada pelos programas oficiais, ou seja, o ensino da teoria da dominação e da reprodução 1 Este artigo foi publicado originalmente sob o título "Enseigner Pierre Bourdieu dans le 9-3: ce que parler veut dire", na Revue Socio-Logos, n. 5, 2010, disponível em: https://journals.openedition.org/socio-logos/2446#bodyftn12 (TRUONG, 2010). Agradecemos ao autor Fabien Truong e aos editores da revista pela graciosa autorização, pela confiança na tradução e publicação do texto. Tradução de Amurabi Oliveira, professor da Universidade Federal de Santa Catarina, Pesquisador do CNPq. 2 Doutor em Sociologia pela Escola de Altos Estudos em Ciências Sociais (França), Professor do Departamento de Sociologia e Antropologia da Universidade de Paris 8. É atualmente o responsável pelo mestrado MEEF SES (Sciences de l'éducation et de la formation-Sciences économiques et sociales), que é uma preparação para o concursos para certificação de professor do ensino secundário na França na área de Ciências Econômicas e Sociais.
Entretien avec Fabien Truong, Réalisé, le 2 juillet 2022 à Paris, par Anne Barrère, relu et corrigé par Fabien Truong Dans Éducation et sociétés Éducation et sociétés 2023/2 (n° 50) 2023/2 (n° 50), pages 123 à 137
Certaines attaques commises sous le sceau du djihadisme ont été le fait de personnes inscrites durablement dans la délinquance et dont l’engagement radical a pu apparaître comme une « réponse » à des situations d’impasse biographique.... more
Certaines attaques commises sous le sceau du djihadisme ont été le fait de personnes inscrites durablement dans la délinquance et dont l’engagement radical a pu apparaître comme une « réponse » à des situations d’impasse biographique. Quelle est la place de l’engagement radical et de la violence dans ces trajectoires ? Quelles sont les spécificités de ces trajectoires par rapports à ceux qui sortent de la délinquance ? Cet entretien avec le sociologue Fabien Truong aborde ces questions à travers ses recherches.
Entretien avec Fabien Truong, par Lionel Francou et Alexis Creten. Fabien Truong est sociologue et ethnographe, docteur en sociologie de l’EHESS et professeur agrégé de sciences sociales à l’université de Paris 8 où il est responsable du... more
Entretien avec Fabien Truong, par Lionel Francou et Alexis Creten.

Fabien Truong est sociologue et ethnographe, docteur en sociologie de l’EHESS et professeur agrégé de sciences sociales à l’université de Paris 8 où il est responsable du master Métier de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation en Sciences Économiques et Sociales. Il enseigne aussi à Sciences Po Paris. Ses recherches portent sur la marginalisation urbaine, la « démocratisation » scolaire, la mobilité sociale, la jeunesse, les classes populaires et la gestion du stigmate dans le temps. Il a notamment publié Des capuches et des  hommes. Trajectoires de « jeunes de banlieue » (Buchet-Chastel, Paris, 2013), pour lequel il a reçu le prix de l’Écrit Social en 2014 et Jeunesses françaises. Bac +5 made in banlieue (La Découverte, Paris, 2015). Il codirige avec Stéphane Beaud et Paul Pasquali la collection « L’envers des faits » chez La Découverte.
Beyond clichés about a "clash of civilizations," a new book by French sociologist Fabien Truong illuminates the role of Islam in the lives of France's poor and marginalized. INTERVIEW BY Seth Ackerman In Europe, repeated jihadist attacks... more
Beyond clichés about a "clash of civilizations," a new book by French sociologist Fabien Truong illuminates the role of Islam in the lives of France's poor and marginalized. INTERVIEW BY Seth Ackerman In Europe, repeated jihadist attacks and ISIS propaganda have caused a growing fear of terrorism-but also a more general fear of working-class young people from immigrant backgrounds living on the edges of Europe's major metropolises. The subject has given rise to a series of debates in the media and in the political sphere: Has Islam itself radicalized? What brought about such violence and intolerance? Is it growing? Most such debates consist of little more than punditry based on partial, secondhand information-a discourse in which jihadist propaganda and bellicose Western triumphalism echo each other even as they do battle. But in his ethnographic study Radicalized Loyalties, based on years of observation and immersion in working-class French neighborhoods, sociologist Fabien Truong offers a concrete portrait of how violence cuts through the lives of young men in marginalized suburbs, and the intimate yet highly politicized relationship with Islam that has emerged among some of them. Praised as "a patient observation of human beings" by the Los Angeles Review of Books, the book plays host to a welter of contrasting and discordant voices-none more striking than those of the friends and relatives of Amédy Coulibaly, one of the infamous perpetrators of the January 2015 Charlie Hebdo attack.
À propos de : Laurent Bonelli, Fabien Carrié, La Fabrique de la radicalité. Une sociologie des jeunes djihadistes français. Le Seuil, 2018, 312 p.
Avec notamment les contributions de Catherine Robert, Maurice Godelier, Françoise Héritier, Philippe Descola, Barbara Cassin, Bernard Sergent, Joël Candau, Stéphane François, Bernard Lahire, Christian Baudelot, Fabien Truong, Chantal... more
Avec notamment les contributions de Catherine Robert, Maurice Godelier, Françoise Héritier, Philippe Descola, Barbara Cassin, Bernard Sergent, Joël Candau, Stéphane François, Bernard Lahire, Christian Baudelot, Fabien Truong, Chantal Deltenre. Postface de Nicolas Grimal.