Thibaut Radomme

L'université Jean-Monnet lance un appel pour un contrat post-doctoral en philologie et littérature française du Moyen Âge. Ce contrat s’inscrit dans le cadre du projet E2F – Écritures franciscaines en français (1217-1517). Communication littéraire et ‘invention’ de la Modernité (projet ANR-23-CE54-0006), financé par l’ANR pour la période 2023-2028. Le projet est coordonné par Thibaut Radomme, MCF à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne et membre du laboratoire IHRIM.

Merveilleux abécédaire de la poésie médiévale, Le Don des lettres envisage chacun des signes de l’alphabet au prisme des jeux de lettres, de mots et d’esprit qui fleurissent dans la littérature manuscrite entre le XIIe et le XVe siècle.

C’est ainsi qu’au détour du chapitre consacré à la lettre R, on rencontre le Saint Louis de Joinville comparant aux râteaux du diable l’initiale du verbe rendre ou que, dans le chapitre M, un chevalier du Dit des huit couleurs de Watriquet de Couvin reçoit de Vénus l’initiale d’un prénom féminin qui consonne avec le verbe « aime ».

Destiné aux amatrices et amateurs de la littérature médiévale désireux d’en découvrir les richesses, ce livre assortit le texte d’un corpus de lettrines et de miniatures richement commentées. Le dialogue entre les mots et l’image éclaire ainsi d’une lumière inédite les rapports féconds de l’alphabet et de la poésie au Moyen Âge.

https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454825/le-don-des-lettres

OPEN ACCESS - Dans le processus d’émancipation de la langue vernaculaire face au latin, le XIVe siècle est généralement considéré comme le moment où le français achève d’imposer son statut de nouvel idiome de référence. Composés dans les années 1310, le Roman de Fauvel et l’Ovide moralisé se distinguent de la production de l’époque : rédigés initialement en français, ils sont tous deux le théâtre d’une surprenante réapparition du latin au gré de l’insertion de pièces musicales ou de gloses marginales bilingues dans certains de leurs témoins, manuscrits de luxe manifestement destinés à la haute aristocratie laïque. En se fondant sur l’analyse des interactions entre le texte français et les sections latines, le présent ouvrage suggère d’interpréter le bilinguisme du corpus à la lumière du dilemme occupant les clercs sous le règne des derniers Capétiens, partagés entre le désir d’instruire utilement les laïcs et l’ambition de préserver leur privilège sur les livres.

https://www.droz.org/france/product/9782600062459

Poèmes abécédaires français du Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècles), dir. Marion Uhlig, éd. et trad. Olivier Collet, Yan Greub, Pierre-Marie Joris, Fanny Maillet, David Moos, Thibaut Radomme et Marion Uhlig, Paris, Honoré Champion, 2023 (Champion Classiques Moyen Âge, 60).

https://www.honorechampion.com/fr/editions-honore-champion/12946-book-08096066-9782380960662.html

OPEN ACCESS - L’objet de ce volume est d’examiner les pratiques et visées de la poésie lettriste à la lumière des effets – esthétique, sémantique et mémoriel – qu’elle produit. Il s’agit de comprendre comment le passage de la manuscriture à l’imprimerie bouleverse le paradigme dans lequel s’inscrit cette poésie.

Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique

https://classiques-garnier.com/lettres-a-l-oeuvre-pratiques-lettristes-dans-la-poesie-en-francais-de-l-extreme-contemporain-au-moyen-age.html

L'article examine deux 'récits de substitution lexicale', dans lesquels une jeune personne se voit interdire l'usage d'un mot réputé inconvenant ou dangereux au profit d'un mot jugé convenable ou inoffensif: le fabliau "L'Esquiriel" et la nouvelle "Les Oies de Lipe Baldulce" extraite du Decameron de Boccace dans la traduction de Laurent de Premierfait. À partir d'une lecture croisée avec la célèbre dispute entre Raison et l'Amant sur l'emploi du mot couille dans le Roman de la Rose, il est suggéré que ces récits mettent en jeu l'opposition entre conventionnalisme et naturalisme linguistique et la question du caractère motivé ou arbitraire du signe linguistique. En donnant écho à des théories linguistiques savantes, ces textes questionnent notre perception de la frontière entre la littérature courtoise et la culture cléricale.

https://doi.org/10.1075/rein.00072.rad

Examinant l’essor du Psautier de la Vierge – soit la récitation de 150 Ave Maria comptés sur un chapelet – dans le courant des xiie et xiiie siècles, l’article rappelle que cette pratique trouve son origine dans deux dévotions antérieures : l’offrande de couronnes de fleurs et la prière répétitive. À l’issue d’un relevé des allusions au Psautier de la Vierge dans les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci, l’hypothèse est formulée que le miracle I Mir 23, mettant en scène la dévotion de la Corona gloriosae virginis Mariae, opère pour la première fois en langue romane la synthèse des symboliques numérique et florale à l’origine du Psautier en érigeant le nom de Marie en chapelet symbolique. Mis en perspective avec des pratiques lettristes similaires chez Adgar et chez Guillaume de Digulleville, le miracle I Mir 23 semble à ce titre constituer le plus ancien indice en langue vernaculaire de la formalisation et de la diffusion en cours du Psautier de la Vierge.

Examining the rise of the Psalter of the Virgin—the recitation of 150 Hail Marys counted on a rosary—in the course of the twelfth and thirteenth centuries, this article reminds us that this practice has its origins in two earlier devotions: the offering of wreaths of flowers and repetitive prayer. Following a survey of the allusions to the Psalter of the Virgin in the Miracles of Our Lady by Gautier de Coincy, the hypothesis is formulated that the miracle I Mir 23, featuring the devotion of the Corona gloriosae virginis Mariae, undertook for the first time in the Roman language the synthesis of the numerical and floral symbolism at the origin of the Psalter by erecting the name of Mary in a symbolic rosary. Put in perspective with similar lettrist practices in Adgar and Guillaume de Digulleville, miracle I Mir 23 seems to be the earliest indication in the vernacular of the formalization and ongoing dissemination of the Psalter of the Virgin.

L’article examine les occurrences du jeu de lettres consistant à décomposer le mot abbé en A-B dans trois textes du XIIIe siècle : le Roman de Carité du Reclus de Molliens, le Miracle de saint Ildefonse de Gautier de Coinci et l’ABC par ekivoche de Huon le Roi de Cambrai. Après une rapide théorisation des procédés d’interprétation étymologique médiévaux, le corpus est successivement lu selon trois perspectives afin, d’abord, d’analyser de façon resserrée le fonctionnement du jeu abbé – AB, ensuite, de relever les références au topos d’origine évangélique du lupus rapax (« loup rapace ») servant à critiquer les mauvais clercs, enfin, d’examiner les échos signifiants du corpus avec le célèbre motif textuel et iconographique du loup à l’école. L’ambition de l’article est ainsi de situer le jeu de lettres abbé – AB dans la topique de la satire cléricale en langue vernaculaire du XIIIe siècle.

Depuis la plus haute Antiquité, l'alphabet fournit au poète un canevas pour l'écriture. La Bible comprend en effet, au livre des Psaumes en particulier, plusieurs poèmes abécédaires, dont les vers ou les strophes déroulent à l'initiale la série des vingt-deux consonnes de l'alphabet hébreu (...)

Plusieurs travaux critiques majeurs ont démontré la pertinence de l’examen du contexte manuscrit d’un texte pour mieux comprendre sa signification et déterminer les conditions de sa réception. Cet article propose donc une étude du contexte dans lequel s’inscrivent les trois poèmes abécédaires français du treizième siècle: La Senefiance de l’ABC, l’ABC Plantefolie et l’ABC Nostre Dame. Trois caractéristiques se dégagent nettement à l’analyse: les poèmes abécédaires s’inscrivent majoritairement dans un contexte marial; ils participent de l’antinomie symbolique entre le blâme des femmes et l’éloge de la Vierge; enfin, ils sont volontiers mêlés à des prières et relèvent probablement d’un usage dévot par des publics laïcs ou cléricaux. L’examen du contexte manuscrit permet d’établir que les poèmes abécédaires français du treizième siècle sont agrégés par davantage qu’un simple artifice formel: ils constituent un corpus profondément cohérent uni autour de la figure de la Vierge et, en offrant au lecteur l’exemple d’une voie de conversion, s’apparentent clairement à la tradition des prières mariales en langue française.

Key critical contributions have established the study of the manuscript context as a proven means of understanding a text and the conditions of its reception. This article delivers an analysis of the context of the three French abécédaires written in the thirteenth century: La Senefiance de l’ABC, the ABC Plantefolie, and the ABC Nostre Dame. It is worth mentioning three key features of the abécédaires: they are predominantly placed in a Marian context; they play a central role in the symbolic antinomy between criticism of women and praise of the Virgin; finally, they are often combined with prayers and seem to have been used devotionally by clerical and lay audiences. It can therefore be established that thirteenth-century French abécédaires are linked by more than just the artifice of form: they form a deeply coherent corpus, united around the figure of the Virgin Mary, and, because they provide the reader with the example of a path of conversion, appear to be clearly connected to the French-language tradition of Marian prayers.

À travers l’étude de ses occurrences dans les prologues (I Pr 2, II Pr 1) et chansons (I Ch 3, II Ch 6, II Ch 8), il est montré comment le motif de l’imitation du chant des anges est exploité par Gautier de Coinci pour justifier sa pratique d’écriture et ériger l’évêque Bon (I Mir 36) en modèle auctorial. L’examen des Salus Nostre Dame (II Sal 35) conduit finalement à suggérer que, plutôt que d’imiter l’ange Gabriel, Gautier tente de se substituer à lui pour devenir à son tour un auctor.

Sur la base d’un examen de l’exposition tropologique du mythe de Lycaon (v. 1568-1614) et des gloses du livre I conservées dans les manuscrits A1, G1 et G3, l’article propose de voir dans l’Ovide moralisé une œuvre écrite en réaction à la tradition vernaculaire de satire contre les Mendiants, destinée à promouvoir la spiritualité franciscaine auprès d’un public laïque à travers l’allégorisation de fables antiques et l’exploitation de motifs satiriques topiques.

https://classiques-garnier.com/traire-de-latin-et-espondre-etudes-sur-la-reception-medievale-d-ovide-lycaon-le-loup-et-l-agneau.html

This article offers a study of the corpus of bilingual marginal glosses accompanying the text of the Ovide moralisé in four of the 21 witnesses of the manuscript tradition. The first part establishes a typology of marginal annotations : French rubrics, quotations of authorities (Metamorphoses, Bible, various authors), allegorical commentaries, explanatory glosses, bibliographical references. The second part analyses the modalities of use of the Bible by the glossator, which suggest the probable utilization of Bible concordances and a strong familiarity with the methods of exegesis and predication. The third part studies the glosses accompanying the fable of Phoebus and Daphne (I, 2737-3412) and shines a light on the two major insertions made by the glossator : a table of virtues and vices, and a treatise about the love of God. The fourth and last part of this article examines the edification function of the glosses in light of the circulation of the Ovide moralisé at the French court and suggests that they may have served as an aid to reading intended for aristocratic readers of the vernacular text.

Prendre le Roman de Fauvel interpolé au sérieux : tel est le pari épistémologique que nous faisons, en établissant comme postulat herméneutique que rien n’est le fruit du hasard ou de l’inadvertance dans le manuscrit Paris, BnF, fr. 146. Au contraire, nous considérons que toutes ses « anomalies » (y compris ce qui semble a priori relever de l’erreur de copiste) sont volontaires et profondément signifiantes, et qu’il convient dès lors de tenter de les décoder en les inscrivant dans la logique globale de l’œuvre.

Pour ce faire, nous nous attachons à étudier, en lecture rapprochée, une série de cas où de telles « anomalies » apparaissent, en les considérant comme autant de jeux sur la lettre et ses qualités visuelles, sur la mise en page des rapports interdiscursifs (texte, image et musique) ou sur la matérialité du texte et la mise en abyme de sa propre représentation.

Par leur caractère souvent furtif et apparemment fortuit, ces « anomalies » exigent du lecteur un engagement fort dans son acte de lecture afin de les identifier comme lieux potentiellement signifiants, puis d’en décrypter le sens caché. Elles confèrent donc au Roman de Fauvel un hermétisme qui le destine aux happy few et dont nous estimons qu’il poursuit un objectif triple : protéger la personne du satiriste en camouflant partiellement la violence de sa critique ; légimiter la parole satirique en affirmant la supériorité intellectuelle du clerc sur le prince ; susciter chez le lecteur une distance critique à l’égard du pouvoir tyrannique en le mettant en garde contre les séductions du discours et de la fiction.

Ainsi, par un jeu subtil sur la matérialité de la lettre et du texte, la version interpolée de notre manuscrit tend à amplifier la force de frappe satirique du Roman de Fauvel originel en réservant sa pleine intelligence aux litterati l’ayant composé – une classe de clercs-juristes qui, soumise au pouvoir politique dans le cadre parisien de la Chancellerie, se sait élite intellectuelle et se veut guide moral du Royaume.

Du XIIIe au XVIIIe siècle, des dizaines de tribunaux laïques et ecclésiastiques ont mené des poursuites judiciaires à l'encontre d'animaux domestiques, d'insectes et de parasites divers, à travers de nombreuses régions d'Europe.

Contrairement à ce que suggère l'intuition, ces procès ne témoignent pas d'une barbarie médiévale à l'égard des animaux, mais attestent d'une hésitation philosophico-théologique entre visions anthropocentrique et anthropomorphique de la nature et des animaux. Dans la conception anthropocentrique, les êtres humains sont considérés comme ontologiquement distincts et supérieurs aux animaux. Dans la conception anthropomorphique, au contraire, une place est accordée aux animaux dans la Création aux côtés de l'être humain, et un certain nombre de droits et privilèges leur sont reconnus en tant qu’êtres vivants et dotés d’une âme.

Cette vision anthropomorphique, non majoritaire mais bien attestée dans l'Occident médiéval, sera exclue de la pensée moderne par la théorie de l’animal-machine due à René Descartes, vision purement anthropocentrique qui trouvera son actualisation ultime dans le capitalisme utilitariste de la Révolution industrielle, où la nature, les animaux et même les hommes sont mis au service de la production de richesses.

À partir de la fin du XVIIIe siècle cependant, l'émergence d'une sensibilité nouvelle à la nature, née dans le contexte du mouvement romantique, permet une revivification progressive du courant anthropomorphique. Aujourd'hui, cette vision empathique et humanisante des animaux commence à s'immiscer dans les discours politiques et intellectuels – entre autres à travers le mouvement connu sous le nom d'antispécisme –, face à la gravité de l'urgence écologique et à la cruauté industrialisée que l'homme contemporain manifeste à l'égard des bêtes.

Les procès d'animaux au Moyen Âge constituent donc une grille de lecture extrêmement fertile pour analyser, dans la longue diachronie, l'évolution des rapports de l'homme à l'animal et à la nature, et interroger les comportements que les sociétés contemporaines adoptent à l’égard du vivant non-humain.

Thibaut Radomme, "Des animaux et des hommes. Les procès d'animaux au Moyen Âge et la conception occidentale de l'animalité", in Florence Dossche (éd.), Le droit des animaux. Perspectives d'avenir, Bruxelles, Larcier, 2019, p. 17-40.

Le Roman de Fauvel, texte satirique du premier quart du XIVe siècle, existe en deux rédactions : la version originale (1310-1314) et la version interpolée (1316-1318). À travers l’analyse du rondeau "Porchier mieus estre ameroie", d’éléments de l’épisode du charivari et de l’explicit du texte, cette étude montre que le Fauvel remanié s’enrichit d’une tonalité ludique, voire comique, absente du texte original, résultant d’une forme d’optimisme qui se fait jour chez le satiriste.

Version "draft" diffusée avec l'autorisation des éditions Classiques Garnier.
Version publiée disponible en ligne en décembre 2020 : https://journals.openedition.org/crm/14871

Cet article propose une étude du poème Déploration sur le trépas de Jean Ockeghem, écrit par Guillaume Crétin à l’extrême fin du xve siècle, selon deux axes de lecture principaux : la représentation de l’harmonie des chœurs et de la disharmonie des cœurs d’une part, et la problématisation du topos d’humilité de l’auteur, d’autre part. Après une brève introduction contextuelle consacrée aux concepts d’harmonie et de disharmonie ainsi qu’à une perspective générale sur le poème, la première partie de l’article traite du premier axe de lecture : il y est montré que, si la beauté des chants (harmonie des chœurs) semble a priori contraster avec le trouble des sentiments (disharmonie des cœurs), les frontières sont en fait brouillées et les chœurs sont gagnés par le désordre des cœurs, traduisant le rejet de la gaieté qui caractérise le chant funèbre. La seconde partie de l’article entend questionner la position d’infériorité dans laquelle se place Guillaume Crétin en tant qu’auteur : après s’être affirmé incapable d’écrire le poème qu’on lui enjoint de composer, après en avoir appelé à ses illustres prédécesseurs et contemporains et avoir reconnu la supériorité de la musique sur la poésie, l’auteur semble en effet prendre à revers les attentes du lecteur et, par un habile jeu de mise en abyme et une exploitation de la valeur performative du poème, se couronner comme le prince des poètes.

http://medievales.revues.org/7253

Renseignements et programme : https://www.cuso.ch/activity/?p=3448&uid=6783

À l’occasion du vingtième anniversaire de la publication de Codex and Context. Reading Old French Verse Narrative in Manuscript par Keith Busby et de la parution de sa traduction française mise à jour par l’auteur, Codex et Contexte. Lire la littérature médiévale française dans les manuscrits (Classiques Garnier, 2022), cet atelier souhaite sensibiliser les doctorant·e·s à l’influence déterminante de la matérialité sur la littérature du Moyen Âge. Il est en effet admis que les conditions matérielles de production, de transmission et de réception des textes ont façonné les œuvres littéraires médiévales et doivent donc aussi enrichir la compréhension que nous en avons. Depuis plusieurs décennies, des recherches très novatrices ont permis de questionner et de renouveler notre approche de la littérature médiévale : l’étude de la mise en page des textes et de leur paratexte (lettrines, rubriques, chapitrage, index et table des matières...) ; l’étude de la mise en recueil des textes et de leur contexte manuscrit ; l’analyse des phénomènes de réécriture liés à la circulation manuscrite des textes (addition de prologue/épilogue, abrègement, amplification, mise en prose...) ; l’attention portée aux manuscrits d’auteur et aux manuscrits autographes ; la question des titres d’œuvres et des attributions auctoriales d’origine médiévale ; etc. Quatre spécialistes de la littérature médiévale seront invités à présenter leurs travaux de recherche afin d’initier les doctorant·e·s aux théories et aux méthodes qui les sous-tendent. Tous ont en effet en commun de placer le manuscrit au cœur de leur démarche herméneutique et prennent ainsi acte du fait qu’au Moyen Âge, bien davantage sans doute qu’à l’ère de l’imprimé, le support fait le texte.

Conférences de Matthieu Marchal (Université de Lille), Barbara Wahlen (Université de Lausanne), Olivier Delsaux (UCLouvain Saint-Louis - Bruxelles) et Philippe Frieden (Université de Genève)

Organisation : Hélène Bellon-Méguelle (Université de Genève) et Thibaut Radomme (Université Jean Monnet Saint-Étienne)

Renseignements et programme : https://www.cuso.ch/activity/?p=3448&uid=6102

Le discours religieux est omniprésent dans la littérature médiévale en langue française. Pourtant, le·la jeune chercheur·se se trouve souvent démuni·e pour l'identifier, le traiter et l'interpréter. Ses sources sont en effet d'un accès malaisé : rédigées en latin, parfois inédites, elles s'inscrivent dans des catégories génériques particulières et témoignent de modes de pensée propres. Cette journée de formation doctorale se propose de fournir les outils et méthodes nécessaires pour aborder les sources du discours religieux, tout en développant une réflexion de nature théorique et historique sur son importance dans la littérature en langue vernaculaire.

Cédric Giraud (UNIGE), "Du latin au vernaculaire: le traité spirituel comme discours vulgarisateur"
Françoise Laurent (CELIS – Université Clermont Auvergne), "Les vies de saints anglo-normandes des XIIe et XIIIe siècles et leur contexte historique. Dialogue entre l'hagiographie et l'historiographie médiévales"
Marie-Laure Savoye (IRHT - CNRS), "Mar(ial)e magnum. Comment s'y retrouver dans les recueils miraculaires latins ?"
Jacques Berlioz (CRH – EHESS), "Repérer les exempla dans la littérature française médiévale"

Organisation : Thibaut Radomme (Université Jean Monnet, Saint-Étienne), avec le soutien institutionnel de Marion Uhlig (Université de Fribourg)

Projet « Jeux de lettres et d’esprit dans la poésie manuscrite en français (XIIe–XVIe siècles) », financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique :
• Marion Uhlig (Université de Fribourg) (direction)
• Olivier Collet (Université de Genève)
• Yan Greub (CNRS-ATILF, Nancy-Glossaire des patois de la Suisse romande)
• Pierre-Marie Joris (CNRS-CESCM, Université de Poitiers)
• Thibaut Radomme (Université Jean Monnet Saint-Étienne)
• David Moos (FNS-Université de Fribourg)
Le colloque est organisé avec le soutien du Département de Français et de l’Institut d’études médiévales de l’Université de Fribourg.

https://www.unifr.ch/mediaevum/fr/manifestation/lettresaloeuvre.html

Renseignements et programme : https://www.cuso.ch/activity/?p=3448&uid=5622
Lien visioconférence MS Teams : http://bit.ly/cuso_philologie
Organisation : Thibaut Radomme (FNS – Université de Fribourg)

Cette journée de formation doctorale se propose de favoriser le dialogue interdisciplinaire en interrogeant la place respective de la philologie et de la critique littéraire dans l'approche des textes médiévaux. Spécialistes des littératures française et latine du Moyen Âge, les conférencier·e·s seront invité·e·s à réfléchir à la façon dont ils·elles articulent ces deux approches disciplinaires dans leur pratique de recherche, à décrire les difficultés éventuelles et les avantages qu'une telle pratique hybride suscite et, plus généralement, à discuter dans quelle mesure les deux disciplines s'enrichissent mutuellement et se complètent dans l'étude de la littérature médiévale.

09h15 Accueil
09h30 Conférence de Jean-Yves Tilliette (Université de Genève, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) : « Entre science et passion : les Lettres de deux amants, un cas d'école »
10h30 Pause café
11h00 Conférence de Fanny Maillet (Université de Zurich) : « Promenades au cœur de la Revue critique de philologie romane : un modèle de dialogue entre critiques et philologues ? »
12h00 Déjeuner
13h30 Conférence de Mattia Cavagna (Université catholique de Louvain) : « Expériences de critique textuelle, entre réflexion et imposture »
14h30 Communications des doctorant·e·s : Aminoël Meylan (Université de Genève), Chloe McCarthy (Université libre de Bruxelles), Marco Zocco Ramazzo (Université de Genève)
15h30 Discussion collective
16h30 Fin des travaux

Centre d'Etudes sur le Moyen Âge et la Renaissance ED 3bis-ED 4, Mercredi 27 mars 18h30-20h, Salle Ladrière. Présentation de l'ouvrage par Thibaut Radomme (Université de Saint-Etienne) et débat avec Mattia Cavagna (Université catholique de Louvain).

Colloque international "The Secular-Mendicant Controversy and its Long Aftermath (13th-20th c.). Modern Historiographies, New Perspectives", org. Sita Steckel, Cluster of Excellence "Religion and Politics", Westfälische Wilhelms Universität Münster, 1-3 juin 2023

Séminaire du CELAR : "La vertu, res et verba du Moyen Age à la Révolution française" (U. de Strasbourg, 2022-2023)

https://ea1337.unistra.fr/celar/programme-et-activites-du-celar-pour-lannee-2022-2023/seminaire-du-celar-la-vertu-res-et-verba-du-moyen-age-a-la-revolution-francaise/

Séminaire "Pensée et pratique poétique du réseau à la Renaissance (1550-1550)", org. Élise Rajchenbach en collaboration avec Nina Mueggler, IHRIM, Université de Lyon Saint-Étienne, 2022-2023

https://ihrim.ens-lyon.fr/manifestations/seminaires/seminaire-pensee-et-pratique-poetique-du-reseau-a-la-renaissance-1500-1550/article/seminaire-pensee-et-pratique-poetique-du-reseau-a-la-renaissance-1500-1550-2022

Journée d'études "Scienter sapientes vel indocte nescii ? Variantes et ambiguïtés du lien des moines à l'écrit au Moyen Âge" (Programme de recherche "Drôles de moines ! Anomalies, paradoxes et cocasseries des ascètes d'Orient et d'Occident Ve-XV e siècles"), U. Paul Valéry Montpellier 3, 1er décembre 2022

Colloque international "Of Foxes and Fish. Interdisciplinary Approaches to Medieval Animal Lore and its Afterlife", International Reynard Society, University of Antwerp, 14–17 septembre 2022

La littérature médiévale en langue vernaculaire connaît une série de "récits de substitution lexicale", où une jeune personne se voit interdire l'usage d’un mot inconvenant au profit d’un autre mot plus décent. Je voudrais retenir deux de ces récits (le fabliau de l’Esquiriel ; la nouvelle des Oies de Lipe Baldulce dans le Decameron de Boccace traduit par Laurent de Premierfait) et les analyser à la lumière de la fameuse dispute entre Raison et l’Amant sur l'emploi du mot "couilles" dans le Roman de la Rose, en les mettant en perspective avec les théories médiévales sur le caractère naturel ou conventionnel du signe linguistique. En donnant écho à des débats savants, ces textes questionnent en effet notre perception traditionnelle de la frontière entre la littérature courtoise et la culture savante.

https://www.uantwerpen.be/en/conferences/foxes/

Colloque "Littérature et pensée scolastique en France (XIIIe-XVe siècle)", organisé par Sorbonne Université, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, et l’Université Paul-Valéry, sous le haut patronage de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, avec le soutien de l’équipe Étude et édition de textes médiévaux (Sorbonne Université), du laboratoire ALTER (UPPA) et du Centre d’Études médiévales de Montpellier (Université Paul-Valéry)

Radomme, Th., "‘Item per spinas aliter notantur’ : les formes du commentaire exégétique comme canevas du discours dans les gloses bilingues à l’Ovide moralisé", 5e Colloque international "La formule au Moyen Âge", Sorbonne-Université et American University of Paris, Paris, 17-19 juin 2020.

https://formulemedievale.wordpress.com/colloque-2020/

Radomme, Th., "‘La fleur dont sanz sejor chantent angele nui et jor’ : l’exemple des anges comme source de légitimation de la pratique poétique chez Gautier de Coinci et quelques contemporains", Colloque international "L’entretien du ciel et de la terre : Anges et poésie du Moyen Âge à nos jours", Laboratoire Littératures, Imaginaire, Sociétés, Université de Lorraine, 8-9 avril 2020.

Radomme, Th., "Maria ou Marie ? Traduire le nom de la Vierge dans les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci", Colloque international "Traduction… trahison ?", Centre d’Études Médiévales, Université de Picardie-Jules Verne, 9-11 mars 2020.

Moos, D. et Th. Radomme, "Variations sur la Prière Théophile : circulation autonome des textes et fictionnalisation de la figure de l’auteur (Henri de Valenciennes, Gautier de Coinci, Rutebeuf)", Colloque international "L’auteur dans ses livres : autorité et matérialité dans les littératures romanes du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles)", Université de Fribourg et Université de Genève, 4-6 mars 2020.

Radomme, Th., "Deux versions, une édition : les gloses des manuscrits A1, F, G1 et G3 à l’épreuve de l’histoire de la réception médiévale de l’Ovide moralisé", 41e journées d’étude "Philologie sur mesure. Approches de la stratigraphie du texte et du document médiéval", Réseau des Médiévistes Belges de Langue Française, Université de Liège, 13-14 novembre 2019.

Radomme, Th., "Le contexte manuscrit des abécédaires français du XIIIe siècle : concepts, méthodes, résultats", Session "Jeux de lettres et d’esprit : la poésie manuscrite en français (XIIe-XVIe siècle)" (dirigée par Marion Uhlig), Atelier interdisciplinaire du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale, Université de Poitiers, 4 octobre 2019.

https://cescm.labo.univ-poitiers.fr/atelier-interdisciplinaire/

Mille ans avant Guillaume Apollinaire, les poètes médiévaux célèbrent avec faste la beauté mystique des lettres. Qu'ils dessinent le contour de la Sainte Croix dans des damiers de lettres ou égrènent une louange à la Vierge Marie sur le chapelet de l'alphabet, ils aspirent toujours à retrouver un peu de la perfection linguistique d'avant Babel - au temps où le signe n'était pas arbitraire - et recherchent, dans l'entrelacs des mots, l'impression fugace du dess(e)in divin. Suivez-nous sur les traces de ces poètes virtuoses et découvrez, au fil des plus belles pages des manuscrits médiévaux, comment ces jongleurs de Dieu se firent acrobates de la lettre.

Conférence à la Médiathèque François-Mitterrand (Poitiers), dans le cadre de l'Atelier interdisciplinaire du CESCM de l'Université de Poitiers - Jeudi 3 octobre 2019, à 18h30.

Infos : https://cescm.labo.univ-poitiers.fr/atelier-interdisciplinaire/

Radomme, Th., ''Le contexte manuscrit des abécédaires français du XIIIe siècle'', Session 7B ''Lettres en réseaux : les abécédaires en français (XIIIe XVe siècles)'' (organisée par Marion Uhlig), XVIe Congrès de la Société Internationale de Littérature Courtoise (ICLS), University of Exeter, 22-27 juillet 2019.

Radomme, Th., "Le texte et la glose : enjeux d’une hiérarchie symbolique au sein des manuscrits de l'Ovide moralisé", Séminaire interuniversitaire de l’École doctorale Langues, Lettres et Traductologie (Module Moyen Âge – Renaissance), Université Libre de Bruxelles et Université Catholique de Louvain, 14 décembre 2018 et 3 mai 2019.

Invitation à la soutenance publique de thèse pour l'obtention du grade de Docteur en Langues, lettres et traductologie en cotutelle entre l'Université Catholique de Louvain et l'Université de Lausanne.

Monsieur Thibaut RADOMME

La résistance des clercs. Enjeux du bilinguisme dans le Roman de Fauvel remanié et dans les gloses à l'Ovide moralisé

Le jeudi 2 mai 2019 à 14h30
Salle du Conseil
(Collège Érasme)
Place Blaise Pascal, 1
1348 Louvain-la-Neuve

Un résumé succinct de la thèse est joint.

Thèse de doctorat : La résistance des clercs. Enjeux du bilinguisme dans le Roman de Fauvel remanié et dans les gloses de l'Ovide moralisé
Sous la direction de Jean-Claude Mühlethaler (Université de Lausanne) et Mattia Cavagna (Université catholique de Louvain)

http://www.conjointures.org/index.php?article999/prix-de-these-de-la-sllmoo-2021-palmares

Neuvième période triennale (2018-2020) du Prix Joseph Houziaux, créé en 1994 et décerné à l'auteur d'un travail de recherche sur la langue française par la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l'Académie royale de Belgique.

Prix décerné au manuscrit "Le privilège des livres. Bilinguisme et concurrence culturelle dans le Roman de Fauvel remanié et dans les gloses au premier livre de l'Ovide moralisé", version révisée de la thèse de doctorat soutenue à l'Université catholique de Louvain et à l'Université de Lausanne le 2 mai 2019.

Thèse de doctorat : La résistance des clercs. Enjeux du bilinguisme dans le Roman de Fauvel remanié et dans les gloses de l'Ovide moralisé
Sous la direction de Jean-Claude Mühlethaler (Université de Lausanne) et Mattia Cavagna (Université catholique de Louvain)
http://www.s-a-v.org/Prix-de-Francais-2020.html

Finaliste (classé second ex-aequo) du Malcolm Bowie Prize 2019 (Society for French Studies) pour l’article « Jeux de lettres, jeu du texte. L’hermétisme du ‘Roman de Fauvel’ (Paris, BnF, français 146) au service de la satire », in Marion Uhlig et Martin Rohde (éd.), Belles Lettres. Les figures de l’écrit au Moyen Âge, Wiesbaden, Reichert Verlag (Scrinium Friburgense, 44), 2019, p. 259-282.

https://www.sfs.ac.uk/prizes/malcolm-bowie-prize

Le Prix a été attribué à Thibaut Radomme, pour son mémoire de master en Histoire de l'art et archéologie, orientation musicologie (UCL), intitulé : "Édouard Fétis musicologue, entre historiographie et nationalisme".

Texte de présentation du mémoire écrit par Marc Jacquemain (Université de Liège), membre du jury.

http://www.opc.cfwb.be/index.php?id=18224

Après avoir consacré sa thèse de doctorat à la figure du jongleur (Le jongleur dans la littérature narrative des XIIe et XIIIe siècles. Du personnage au masque, Paris, Champion, 2005), Silvère Menegaldo poursuit son exploration des voies professionnelles de l’écriture médiévale en s’intéressant, dans cet ouvrage tiré de son dossier d’habilitation, à la carrière et l’œuvre de Jean de Le Mote, qu’il considère comme « l’un des derniers ménestrels, au sens d’artiste polyvalent (musicien, chanteur, poète) » (p. 19), à une époque où la figure du clerc s’impose dans les cours comme archétype de l’écrivain de profession. [...]

https://doi.org/10.1484/J.LMFR.5.115770

Le manuscrit conservé à Paris, Bibliothèque nationale de France, fonds français 12475, – que mon collègue David Moos vous présentait dans un précédent billet – est décidément étonnant. Il regorge, en effet, de poèmes en l’honneur de la Vierge Marie, élaborés sur divers principes de jeux de lettres ou de mots. Dans ce très mince volume du XVe siècle (il ne compte que quatre feuillets!), on trouve non seulement le tautogramme Paradis plaisant, pacifique (soit, pour rappel, un poème dont tous les mots commencent par la même lettre), mais aussi un pangramme, c’est-à-dire un poème dont les initiales des mots comprennent toutes les lettres de l’alphabet, ici disposées dans l’ordre de l’abécédaire.

https://www.unifr.ch/alma-georges/articles/2021/jeux-de-lettres-2-le-pangramme

Y a-t-il lettre plus sacrée que le M ? Songez donc : tel qu’on le prononce au Moyen âge, le M rime tantôt avec gemme, tantôt avec âme. Douzième lettre d’un alphabet qui, dans sa déclinaison médiévale, n’en compte que vingt-trois (le i et le j se confondent, de même que le u et le v ; quant au w, il ne sera intégré que tardivement à l’alphabet français), le M rayonne, solaire, en son centre numérique. Au XIIIe siècle, le poète Huon de Cambrai voit, dans les trois jambages du M tracé sur la page du manuscrit, une image de la Trinité [...]

https://www3.unifr.ch/alma-georges/articles/2020/m-le-beni

L’humanité a dessiné avant d’écrire. Rien d’étonnant à ce que, se mettant à écrire, elle ait cédé à la tentation d’explorer les arcanes symboliques et mystiques de la lettre dessinée. Tel est le constat formulé par Jean-Yves Tilliette, dans son article [...]
Lire la suite en ligne : https://tvof.ac.uk/blog/le-dessein-de-dieu-la-poésie-graphique-au-moyen-âge

"Le don des lettres : un abécédaire de la poésie médiévale pour comprendre le monde"

Interview radio dans l'émission "Un Jour dans l'Histoire" (La Première - RTBF), présentée par Laurent Dehossay, le jeudi 8 février 2024

Podcast disponible :
https://auvio.rtbf.be/media/un-jour-dans-l-histoire-un-jour-dans-l-histoire-3154746
https://open.spotify.com/episode/5m9st4vY9Q9uc20Wj6ppHy?si=niXv_M1_TYW184cA8CUE-g

Voir Le Don des lettres sur le site de l'éditeur : https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454825/le-don-des-lettres