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This book of hours is undoubtedly one of the most original and fascinating works of Breton manuscript illumination. Beginning with the very first folio, the start of the calendar section, readers are immediately enraptured by its vivid... more
This book of hours is undoubtedly one of the most original and fascinating works of Breton manuscript illumination. Beginning with the very first folio, the start of the calendar section, readers are immediately enraptured by its vivid colours embellished with gold and its iconography, and the section containing the Hours of the Virgin leaves absolutely no doubt that this book of hours is truly exceptional!

Where else can such a long cycle about the tribulations of Adam and Eve be found? This is possibly the earliest and only illustrated Vita Adae et Evae in a book of this genre.

But this is not the only iconographic surprise: its 254 miniatures, including 37 which are full page, feature scenes more typical of secular books, such as the battle between Vices depicted as devils and Virtues in the form of maidens (f. 76), or apocryphal texts, such as the sacrilegious Jews attending the funeral of the Virgin (f. 61), and even the curious illustration of Mont-Saint-Michel on the page about the archangel Michael (f. 121).

The patron of this codex was probably, like all the noblemen of that period, a keen hunter, hence the small, unusual marginal scenes enlivening its pages. The reason for the devil’s ubiquity in this manuscript is, however, less obvious. Perhaps the owner of this book of hours needed reminders about the danger of succumbing to the temptations lurking around every corner…
Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d’une véritable fabrique de la... more
Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d’une véritable fabrique de la morale à l’œuvre en Bretagne entre les xiie et xve siècles. En faisant de ce duché un laboratoire d’observation privilégié, ce livre reconstruit les modalités par lesquelles l’Église et l’État mettent en place les normes morales essentielles à la définition et à la consolidation d’un ordre politique et social. En s’appuyant sur le concept de péché et en l’adaptant aux différents contextes, ces institutions forgent des identités d’exclusion à partir de la religion, de la nationalité, du statut social, du genre ou de l’âge, qu’elles médiatisent dans l’espace public par une pluralité de discours. La fabrique de la morale devient ainsi une arme de culpabilisation des sujets bretons, mais aussi un instrument de stigmatisation d’une altérité menaçante, visant à justifier l’obéissance aux pouvoirs établis. Fondé sur des concepts transdisciplinaires et des sources variées (productions juridiques, œuvres de pastorale, textes littéraires, sculptures), cet ouvrage est destiné aussi bien aux historiens et chercheurs en sciences sociales qu’à tout public soucieux de saisir les ressorts de la domination idéologique au Moyen Âge.
Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d'une véritable fabrique de la... more
Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d'une véritable fabrique de la morale à l'oeuvre en Bretagne entre les xii e et xv e siècles. En faisant de ce duché un laboratoire d' observation privilégié, ce livre reconstruit les modalités par lesquelles l'Église et l'État mettent en place les normes morales essentielles à la définition et à la consolidation d'un ordre politique et social. En s'appuyant sur le concept de péché et en l'adaptant aux différents contextes, ces institutions forgent des identités d' exclusion à partir de la religion, de la nationalité, du statut social, du genre ou de l'âge, qu' elles médiatisent dans l' espace public par une pluralité de discours. La fabrique de la morale devient ainsi une arme de culpabilisation des sujets bretons, mais aussi un instrument de stigmatisation d'une altérité menaçante, visant à justifier l'obéissance aux pouvoirs établis. Fondé sur des concepts transdisciplinaires et des sources variées (productions juridiques, oeuvres de pastorale, textes littéraires, sculptures), cet ouvrage est destiné aussi bien aux historiens et chercheurs en sciences sociales qu'à tout public soucieux de saisir les ressorts de la domination idéologique au Moyen Âge.
L’obituaire de la paroisse Saint-Sauveur de Dinan en Bretagne, compilé en 1527, est un volumineux codex en parchemin renfermant près de 280 fondations de messes perpétuelles. Datant du XVe et de la première moitié du XVIe siècles, elles... more
L’obituaire de la paroisse Saint-Sauveur de Dinan en Bretagne, compilé en 1527, est un volumineux codex en parchemin renfermant près de 280 fondations de messes perpétuelles. Datant du XVe et de la première moitié du XVIe siècles, elles sont pour certaines accompagnées de belles lettres ornées et complétées par des notices et des annotations marginales jusqu’au XVIIIe siècle. Si la notoriété du manuscrit tient à la présence d’une chapellenie fondée par le connétable de France Bertrand du Guesclin, son intérêt est bien plus large. Croisées avec le dépouillement systématique des archives paroissiales, les notices obituaires donnent en effet l’opportunité rare de pouvoir analyser l’économie paroissiale des fondations pieuses, situées au cœur de l’activité des trésoriers de fabrique, de préciser la question des prix et de leur fluctuation, mais aussi d’éclairer des stratégies financières de la part des fondateurs pour profiter au mieux et le plus longtemps possible des vertus propitiatoires des messes. À partir des quelque 1 300 noms recensés, provenant de la ville et de son plat pays, une histoire sociale des fondateurs se révèle, accordant toute leur place aux clercs, aux femmes et aux inconnus, bien que les élites de Dinan restent dominantes. Ces individus et leurs familles sont mus par des motivations diverses, entre le souci de gagner le salut, de préserver la mémoire familiale et d’affirmer un signe extérieur de notabilité. Toutes ces fondations, entretenues et célébrées jusqu’au-delà du milieu du XIXe siècle, montrent l’importance cruciale des messes pour les morts dans la vie paroissiale et documentent le phénomène sur la longue durée.
Un homme nu, agressé et dévoré par sept monstres diaboliques : telle est la représentation impressionnante qu'exhibent trois sculptures bretonnes de la fin du Moyen Âge. placées dans de simples églises paroissiales à Batz-sur-Mer, Dinan... more
Un homme nu, agressé et dévoré par sept monstres diaboliques : telle est la représentation impressionnante qu'exhibent trois sculptures bretonnes de la fin du Moyen Âge. placées dans de simples églises paroissiales à Batz-sur-Mer, Dinan et Saint-Léry, ces images méconnues du septénaire des péchés n'avaient jamais été étudiées. sur la base d'une rigoureuse étude pluridisciplinaire, associant histoire, sémiologie de l'image et anthropologie, Laurent Guitton invite son lecteur à une véritable enquête policière, reconstruisant la genèse et les sources d'inspiration de ce thème inhabituel et remontant aux commanditaires de ces trois programmes. et nous voici introduits au sein de la cour ducale de Bretagne, traversée de violents règlements de compte par images interposées. Le duc François II en personne, la clique revancharde des duchesses bretonnes, un évêque et un abbé en conflit, un vicomte envieux et une favorite enviée, autant de personnages impliqués dans cette intrigue déroutante, qui en vient à confondre responsables et victimes. ces sculptures se révèlent alors être des images infernales à résonance maléfique, réalisées pour diffamer et nuire à un ennemi intime… c'est la jeune reine et duchesse Anne de Bretagne, fille de François II, qui mettra un terme à cette vendetta symbolique, alors même que le duché s'apprête à disparaître sous les coups de boutoir d'une monarchie française conquérante.

Préface d'Hervé Martin
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Un homme nu, agressé et dévoré par sept monstres diaboliques : telle est la représentation impressionnante qu'exhibent trois sculptures bretonnes de la fin du Moyen Âge. placées dans de simples églises paroissiales à Batz-sur-Mer, Dinan... more
Un homme nu, agressé et dévoré par sept monstres diaboliques : telle est la représentation impressionnante qu'exhibent trois sculptures bretonnes de la fin du Moyen Âge. placées dans de simples églises paroissiales à Batz-sur-Mer, Dinan et Saint-Léry, ces images méconnues du septénaire des péchés n'avaient jamais été étudiées. sur la base d'une rigoureuse étude pluridisciplinaire, associant histoire, sémiologie de l'image et anthropologie, Laurent Guitton invite son lecteur à une véritable enquête policière, reconstruisant la genèse et les sources d'inspiration de ce thème inhabituel et remontant aux commanditaires de ces trois programmes. et nous voici introduits au sein de la cour ducale de Bretagne, traversée de violents règlements de compte par images interposées. Le duc François II en personne, la clique revancharde des duchesses bretonnes, un évêque et un abbé en conflit, un vicomte envieux et une favorite enviée, autant de personnages impliqués dans cette intrigue déroutante, qui en vient à confondre responsables et victimes. ces sculptures se révèlent alors être des images infernales à résonance maléfique, réalisées pour diffamer et nuire à un ennemi intime… c'est la jeune reine et duchesse Anne de Bretagne, fille de François II, qui mettra un terme à cette vendetta symbolique, alors même que le duché s'apprête à disparaître sous les coups de boutoir d'une monarchie française conquérante.

Préface d'Hervé Martin
Circulation, creation and instrumentalization of standards in episcopal legislation in Brittany (13th-early 16th century) The serial study of the one hundred and sixteen Breton synodal statutes still preserved, promulgated for more than... more
Circulation, creation and instrumentalization of standards in episcopal legislation in Brittany (13th-early 16th century)

The serial study of the one hundred and sixteen Breton synodal statutes still preserved, promulgated for more than two centuries in seven of the nine dioceses of the duchy, confirms the already well-known phenomenon of the reproduction of texts from the superior hierarchical authorities - provincial and general councils - in local legislation, but it also demonstrates the weight of the legislative tradition within each diocese.
The legislative process is also innovating in order to adapt the norms of the synodal statutes to developments in civil society. The most original aspect of these synodal sources, however, comes from their use, even their instrumentalization, in situations of crisis between the bishop and his chapter, in order to resolve internal tensions within the ecclesial institution.
En 1875, alors que la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes est en cours de reconstruction, l'architecte Eugène Boismen confie au Musée archéologique un ensemble de sculptures en pierre provenant de la partie romane de... more
En 1875, alors que la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes est en cours de reconstruction, l'architecte Eugène Boismen confie au Musée archéologique un ensemble de sculptures en pierre provenant de la partie romane de l'édifice. Parmi ces pièces désormais conservées et bientôt à nouveau exposées au musée Dobrée de Nantes, se distinguent six chapiteaux figurés ou historiés.
Un damne persecute par des monstres cruels incarnant les sept peches capitaux, telle est l’œuvre extremement rare qui s’expose a l’exterieur de l’eglise paroissiale de Saint-Lery, au sein d’un programme iconographique complexe mais de... more
Un damne persecute par des monstres cruels incarnant les sept peches capitaux, telle est l’œuvre extremement rare qui s’expose a l’exterieur de l’eglise paroissiale de Saint-Lery, au sein d’un programme iconographique complexe mais de nature optimiste. La commande de cette image est le fait de deux tres grands personnages de Bretagne a la fin du Moyen Âge, qui choisissent cette paroisse pour des raisons strategiques. Au-dela de sa finalite pastorale, pour l’eveque de Saint-Malo Jean de l’epervier, cette sculpture est une reaffirmation de la preeminence episcopale sur la cure paroissiale aux depens de l’abbe de Saint-Meen Robert de Coetlogon, son ennemi intime. Francois II, le duc de Bretagne, est aussi partie prenante de ce mecenat, qui vise a rappeler sa puissance souveraine face aux barons detenant des fiefs a proximite, mais surtout a stigmatiser l’attitude de son beau-frere et rival politique Jean II de Rohan, dont l’objectif incessant est d’obtenir la couronne ducale pour sa li...
L’article se propose de reconsidérer le parcours d’Antoinette de Maignelais, Dame de Villequier, afin de mettre en lumière sa capacité à s’adapter au contexte politique troublé du milieu du XVe siècle. Après avoir succédé à Agnès Sorel... more
L’article se propose de reconsidérer le parcours d’Antoinette de Maignelais, Dame de Villequier, afin de mettre en lumière sa capacité à s’adapter au contexte politique troublé du milieu du XVe siècle. Après avoir succédé à Agnès Sorel comme favorite officielle de Charles VII durant la décennie 1450, elle poursuit sa carrière auprès du duc de Bretagne François II jusqu’à sa mort en 1470. Partie prenante d’un clan de courtisans très influents auprès des deux princes, elle profite de son statut privilégié pour exercer une influence politique sur les souverains et leurs conseillers, tout en développant des stratégies d’enrichissement très efficaces en faveur de sa famille large. Dans la lignée des chroniqueurs du XVe siècle, les historiens en ont fait un bouc émissaire des problèmes du prince, en recourant à la figure de l’intrigante et au topos de la débauchée, voire de la proxénète, tandis que dans un programme iconographique commandé par l’épouse du duc de Bretagne, la favorite est représentée sous les traits d'une sirène, personnification de la luxure et de l'orgueil.
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Summary / Table des matières
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Abstract This research aims to highlight the place of sin in discourses in the Duchy of Brittany from the 12th to the early 16th century. The study is based on both written and iconographical sources: works on pastoral care, prescriptive... more
Abstract
This research aims to highlight the
place of sin in discourses in the Duchy of
Brittany from the 12th to the early 16th century.
The study is based on both written and
iconographical sources: works on pastoral care,
prescriptive documents of the Church and the
Breton state, literary and moralistic works of
the ducal court, sculptures from the
Romanesque period and the late Middle Ages.
Sin appears to be a key to understand
the world and its evolution: it is a major
historical causality since the beginning of
mankind; it serves to represent the ethnic or
religious otherness; it is a useful device to
understand collective identities of any kind
(professional, class, order, or gender); finally,
it establishes the place of the individual in
society. The recurring association of
dominated classes with the sins of the flesh and
the appearance of a political geography of
‘sinners’ among the princes enemies of
Brittany (greedy, lazy, homosexual...) are but
two examples of a such socio-political use of
vices.
As a way to apportion blame stemming
from Christian morality, the massive use of sin
in the dominant discourses in Brittany can be
traced to the ‘Gregorian’ reform of the twelfth
century. Later, the scholars of the ducal court
of Montfort began to use these discourses to
legitimize the power of their prince. In both
cases, sin becomes a powerful agent in the
effort to standardise morality of society and
power in the Middle Ages.

Résumé
Cette recherche se propose de mettre
en exergue la place du péché dans les discours
déclinés dans le duché de Bretagne du XIIe au
début du XVIe siècle. Elle se fonde aussi bien
sur les sources écrites (productions pastorales,
textes normatifs de l’Église et de l’État breton,
oeuvres littéraires et moralisantes de la cour
ducale) que sur l’iconographie, à travers les
sculptures de l’époque romane et de la fin du
Moyen Âge.
Le péché y apparaît comme une clef de
compréhension du monde et de son évolution :
présenté comme une causalité historique
majeure depuis le début de l’humanité, son
instrumentalisation permet de représenter les
vices de l’altérité, liée à l’ethnie ou à la
religion, d’appréhender les identités collectives
de tout ordre (professionnelles, de classe,
d’ordre, de genre), en même temps qu’il
rappelle la place de l’individu dans la société.
L’association constante des dominés avec les
péchés du corps, ainsi que la mise en place
d’une véritable géopolitique des princes
« pécheurs » ennemis de la Bretagne (cupides,
paresseux, homosexuels…), ne sont que deux
exemples d’une utilisation socio-politique des
vices.
Instrument de culpabilisation issu de la
morale chrétienne, le recours massif au péché
dans les discours dominants en Bretagne est
d’abord lié à la réforme « grégorienne » du
XIIe siècle, avant que les lettrés de la cour
ducale des Montfort ne s’approprient ces
discours pour légitimer le pouvoir de leur
prince. Dans tous les cas, le péché s’impose
comme un vecteur essentiel dans l’effort de
normalisation morale de la société et du
pouvoir au Moyen Âge.
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Un homme nu, agressé et dévoré par sept monstres diaboliques : telle est la représentation impressionnante qu’exhibent trois sculptures bretonnes de la fin du Moyen Âge. Placées dans de simples églises paroissiales à Batz-sur-Mer, Dinan... more
Un homme nu, agressé et dévoré par sept monstres diaboliques : telle est la représentation impressionnante qu’exhibent trois sculptures bretonnes de la fin du Moyen Âge. Placées dans de simples églises paroissiales à Batz-sur-Mer, Dinan et Saint-Léry, ces images méconnues du septénaire des péchés n’avaient jamais été étudiées. Sur la base d’une rigoureuse étude pluridisciplinaire, Laurent Guitton invite à une véritable enquête policière, reconstruisant la genèse et les sources d’inspiration de ce thème inhabituel et remontant aux commanditaires de ces trois sculptures.
Research Interests:
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L’obituaire de la paroisse Saint-Sauveur de Dinan en Bretagne, compilé en 1527, est un volumineux codex en parchemin renfermant près de 280 fondations de messes perpétuelles. Datant du XVe et de la première moitié du XVIe siècles, elles... more
L’obituaire de la paroisse Saint-Sauveur de Dinan en Bretagne, compilé en 1527, est un volumineux codex en parchemin renfermant près de 280 fondations de messes perpétuelles. Datant du XVe et de la première moitié du XVIe siècles, elles sont pour certaines accompagnées de belles lettres ornées et complétées par des notices et des annotations marginales jusqu’au XVIIIe siècle. Si la notoriété du manuscrit tient à la présence d’une chapellenie fondée par le connétable de France Bertrand du Guesclin, son intérêt est bien plus large. Croisées avec le dépouillement systématique des archives paroissiales, les notices obituaires donnent en effet l’opportunité rare de pouvoir analyser l’économie paroissiale des fondations pieuses, situées au cœur de l’activité des trésoriers de fabrique, de préciser la question des prix et de leur fluctuation, mais aussi d’éclairer des stratégies financières de la part des fondateurs pour profiter au mieux et le plus longtemps possible des vertus propitiatoires des messes. À partir des quelque 1 300 noms recensés, provenant de la ville et de son plat pays, une histoire sociale des fondateurs se révèle, accordant toute leur place aux clercs, aux femmes et aux inconnus, bien que les élites de Dinan restent dominantes. Ces individus et leurs familles sont mus par des motivations diverses, entre le souci de gagner le salut, de préserver la mémoire familiale et d’affirmer un signe extérieur de notabilité. Toutes ces fondations, entretenues et célébrées jusqu’au-delà du milieu du XIXe siècle, montrent l’importance cruciale des messes pour les morts dans la vie paroissiale et documentent le phénomène sur la longue durée.
Laurence Moal, "Duchesses. Histoire d'un pouvoir au féminin en Bretagne", Préface de Jean Kerhervé,  Presses Universitaires Rennes, 2021
L'intérêt du personnage historique d'Anne de Bretagne (désormais AB) n'est plus à démontrer, comme le confirment les très nombreuses parutions de biographies sur cette princesse − pas moins de dix-sept en trois décennies, avec une... more
L'intérêt du personnage historique d'Anne de Bretagne (désormais AB) n'est plus à démontrer, comme le confirment les très nombreuses parutions de biographies sur cette princesse − pas moins de dix-sept en trois décennies, avec une accélération dans les années 2010. Il est vrai que l'itinéraire d'AB a de quoi étonner, par son destin d'abord tragique puis glorieux. Après avoir perdu sa mère à 9 ans, puis son père à 11 ans, cette héritière du duché de Bretagne suscite les convoitises de plusieurs prétendants en Europe, autant de princes plus ou moins âgés qui comptent bien faire entrer cette importante principauté dans leur escarcelle. C'est finalement le roi de France Charles VIII qui obtient la main de l'adolescente et intègre le duché à la couronne en 1491, avant que Louis XII ne reprenne la fonction et l'épouse en 1498. AB mit au monde pas moins de quatorze enfants, mais ne garda que deux filles. Elle eut donc la responsabilité d'assurer la succession au trône de France et de cogouverner le duché de Bretagne pendant plus de deux décennies, en s'appuyant sur les structures étatiques mises en place par son père François II (1458-1488) et ses prédécesseurs de la dynastie des Montfort. AB est aussi une figure particulière en ce qu'elle a suscité immédiatement une mythologie, aussi bien en France qu'en Bretagne. Objet de panégyriques émanant de la cour de France immédiatement après sa mort, sa mémoire en Bretagne fut plus mitigée : les chroniqueurs bretons à son service ne se permirent pas d'intégrer le règne de la souveraine dans leurs oeuvres et depuis le XIX e siècle, sa légende oscille de l'image populaire de la duchesse en sabots à la reine traîtresse et fossoyeuse de l'indépendance de la Bretagne. Après les parutions récentes de biographies de référence sur les rois de France Charles VII, par Philippe Contamine, et Louis XI, par Joël Blanchard 1 , on ne pouvait que se réjouir de la sortie d'un « Anne de Bretagne » dans une maison d'édition depuis longtemps spécialisée dans la biographie historique. Qui plus est, l'ouvrage a reçu immédiatement des critiques positives dans deux grands quotidiens nationaux, Le Figaro (29 janvier 2020) et Le Monde (2 février 2020). Il y avait donc de bonnes raisons d'espérer que cette biographie par Claire L'Hoër (désormais CL) devienne désormais une des références sur cette femme de pouvoir au parcours riche et atypique. Pourtant, à notre avis, le résultat est loin d'être à la hauteur des attentes et des commentaires, et l'ouvrage se révèle rapidement décevant. Que CL ait fait le choix de rester fidèle à un déroulement chronologique extrêmement classique, sans y intégrer une approche thématique (hormis l'ultime chapitre sur la construction du mythe d'AB),
On ne peut que se féliciter de la parution de ce manuel consacré à un moyen d'expression original du Moyen Âge occidental, à savoir les signes emblématiques inventés à partir du milieu du XII e siècle et promis à un succès spectaculaire... more
On ne peut que se féliciter de la parution de ce manuel consacré à un moyen d'expression original du Moyen Âge occidental, à savoir les signes emblématiques inventés à partir du milieu du XII e siècle et promis à un succès spectaculaire dans toutes les strates de la société médiévale. L'auteur en est Laurent HABLOT, titulaire de la chaire d'emblématique occidentale et directeur d'études à la IV e section de l'École Pratique des Hautes Études (EPHE),
Le présent ouvrage constitue la pointe – pour l'instant seule émergée – d'un iceberg, la dernière partie d'une thèse de 900 pages soutenue en 2014 sous la direction de Daniel Pichot, Pouvoir et société au miroir des vices. Représentations... more
Le présent ouvrage constitue la pointe – pour l'instant seule émergée – d'un iceberg, la dernière partie d'une thèse de 900 pages soutenue en 2014 sous la direction de Daniel Pichot, Pouvoir et société au miroir des vices. Représentations des péchés, normes et identités dans la Bretagne médiévale (XII e-début XVI e siècles). Volet ô combien original, un genre nouveau selon son préfacier, Hervé Martin, qui le qualifie de « polar iconographique médiéval ». En effet, Laurent Guitton se transforme en détective chargé d'une enquête pour le moins étonnante sur un crime de lèse-majesté commis à l'encontre de François II, duc de Bretagne de 1458 à 1488. Faisant fi de toute prescription, notre moderne Sherlock Holmes se charge de découvrir les commanditaires de ce grave méfait, les responsables, leurs complices plus ou moins actifs, leurs mobiles profonds et l'intensité de la préméditation. Partant de sa remarquable découverte, à l'été 1988, d'une clef de voûte quasi inconnue bien que pourtant visible de tous à Saint-Malo de Dinan, il se met à la recherche d'autres motifs sculptés équivalents, et, à sa vive surprise s'aperçoit avec émerveillement qu'il s'agit d'un hapax de Haute-Bretagne, puisque seuls deux équivalents en sont connus, aux églises paroissiales de Saint-Léry (Morbihan) et de Saint-Guénolé du Bourg de Batz (Loire-Atlantique). L'auteur prend le parti pris très pédagogique d'exposer non seulement le « récit historique », mais « le récit du raisonnement historique » ; aussi, à la différence du maçon enlevant les échafaudages de la maison qu'il vient de terminer, nous offre-t-il une plaisante leçon d'histoire et d'histoire de l'art réunies, en montrant les différentes et patientes étapes (pratiquement trente ans de recherche tout de même) grâce auxquelles il arrive à démasquer des criminels impunis depuis plus de cinq siècles !
En associant histoire, sémiologie et anthropologie, Laurent Guitton mène une véritable « enquête policière » pour résoudre une « énigme iconographique » (Hervé Martin, parle de « polar iconographique médiéval » dans une préface... more
En associant histoire, sémiologie et anthropologie, Laurent Guitton mène une véritable « enquête policière » pour résoudre une « énigme iconographique » (Hervé Martin, parle de « polar iconographique médiéval » dans une préface particulièrement élogieuse) et se lance à la suite d'Ivan Jablonka dans un « récit du raisonnement historique » pour reconstituer la genèse de ce motif iconographique, en retrouver les sources d'inspiration, et établir qu'il s'agit d'une image neuve qui ne s'impose que dans le dernier tiers du XV e siècle en Haute-Bretagne. La traque ne s'arrête pas là, elle permet de démasquer les commanditaires, de mettre au jour un tréfonds de conflits familiaux et d'intrigues politiques qui agitent la cour ducale de Bretagne et débouchent sur des règlements de compte par l'intermédiaire d'images diffamatoires dont le but manifeste est de nuire. Mais placées dans des églises, ces images sont offertes au regard des fidèles, aussi L. Guitton s'emploie-t-il à apprécier leur réception et montre que chaque image interpelle chaque fidèle en particulier. Ainsi l'ouvrage est-il également une réflexion sur la pastorale du clergé catholique à la fin du Moyen Âge.
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Jean-Charles DUCÈNE, L'Europe et les géographes arabes du Moyen Age (IX e-XV e siècle), CNRS éditions, Paris, 2018, 502 pages, 8 planches en couleurs (27 euros) par Laurent Guitton Il fallait assurément beaucoup de courage, de témérité et... more
Jean-Charles DUCÈNE, L'Europe et les géographes arabes du Moyen Age (IX e-XV e siècle), CNRS éditions, Paris, 2018, 502 pages, 8 planches en couleurs (27 euros) par Laurent Guitton Il fallait assurément beaucoup de courage, de témérité et de qualités scientifiques pour s'attaquer à un aussi vaste objet d'étude : la représentation du continent européen par les auteurs du monde arabe entre les IX e et XV e siècles. En effet, plus d'une cinquantaine de « géographes » ont laissé des oeuvres écrites en arabe, mais aussi des représentations cartographiques, sur ce qu'ils considéraient comme une périphérie du monde arabo-musulman. De l'astronome Al-Fazari au dernier quart du VIII e siècle à Al-Sahamawi, auteur d'un manuel de chancellerie au milieu du XV e siècle, ces savants ne cessent de s'intéresser à cet espace géographique qu'ils délimitent progressivement au cours des siècles, allant de la Méditerranée à l'Islande, des Canaries à la Volga. Il faut donc saluer l'historien et philologue Jean-Charles Ducène, directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, de s'être attelé à cette tâche de longue haleine, scandée par la publication d'articles durant une dizaine d'années et fondée sur la maîtrise d'une ample bibliographie nécessitant la maitrise de plusieurs langues européennes...
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L'année écoulée aura été marquée par la sortie de trois ouvrages collectifs sur le Moyen Âge qui, s'adressant à un public large, se proposent de remettre en cause des représentations simplistes et négatives de cette période : le catalogue... more
L'année écoulée aura été marquée par la sortie de trois ouvrages collectifs sur le Moyen Âge qui, s'adressant à un public large, se proposent de remettre en cause des représentations simplistes et négatives de cette période : le catalogue de l'exposition « Quoi de neuf au Moyen Âge ? », tenue à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris jusqu'au mois d'aout 2017, organisée par Isabelle Catteddu et Hélène Noizet (1) a été suivi par la parution de cet ouvrage, Le Vrai Visage du Moyen Âge, dirigé par Nicolas Weill-Parot et Véronique Sales, avant que la fin d'année ne voit la parution d'Actuel Moyen Age : et si la modernité était ailleurs ?, par quatre jeunes médiévistes (Florian Besson, Pauline Guéna, Catherine Kikuchi, Annabelle Marin), suite à une série de chroniques publiées sur le site Internet nonfiction (2).
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Le Moyen Age en bande dessinée, sous la direction de Tristan Martine, Paris, Khartala, Collection esprit BD, 2016 (378 pages), par Laurent Guitton, professeur d'histoire à Nîmes, docteur en histoire du Moyen Âge... more
Le Moyen Age en bande dessinée, sous la direction de Tristan Martine, Paris, Khartala, Collection esprit BD, 2016 (378 pages), par Laurent Guitton, professeur d'histoire à Nîmes, docteur en histoire du Moyen Âge https://clio-cr.clionautes.org/le-moyen-age-en-bande-dessinee.html Il est loin le temps où la lecture de bandes dessinées ne constituait qu'un passe-temps pour des historiens voulant échapper aux contraintes de la méthode historique et à la tyrannie des faits historiques, où la bande dessinée (BD) constituait un medium perçu comme simple objet de divertissement, souvent peu avouable et encore moins digne d'analyse par la communauté historienne. Le 9 e art est désormais pleinement intégré à la culture savante et constitue un domaine d'étude universitaire à part entière, dans lequel le Moyen Âge trouve toute sa place. En témoigne la parution d'un ouvrage richement illustré, issu d'une journée d'étude tenue à l'École Normale Supérieure de Lyon en 2014, sobrement intitulé Le Moyen Âge en bande dessinée, qui prolonge et enrichit deux autres recueils d'articles universitaires, Le Moyen Âge par la bande paru en 2001 et Le Moyen Âge en bulles en 20141. Le Moyen Âge en bande dessinée, ouvrage collectif paru sous la direction de Tristan Martine, est un objet scientifique de haute tenue, constitué de quinze textes avec apparat critique. Rédigé par neuf auteurs appartenant à différents horizons universitaires, il offre un panel d'approches variés, organisés en quatre rubriques, dont le découpage peut cependant apparaître contestable. S'intéressant au cas de la bande dessinée dite historique, l'ambition de ce collectif d'études est de montrer les évolutions dans la perception et la représentation du Moyen Âge en fonction des contextes de création. Il est impossible ici de révéler toute la richesse des quinze chapitres. Deux démarches complémentaires émergent des analyses composant ce volume : certains auteurs étudient diachroniquement un thème à partir d'un corpus quantitativement significatif étalé sur le long XX e siècle2 ; d'autres concentrent le regard sur une oeuvre significative, un héros littéraire ou une figure mythique du Moyen Âge, dans le but de montrer comment certains dessinateurs ont développé des approches plus originales au sein du vaste corpus de la BD médiévaliste3.
Flammarion, 2016, 26 euros (408 pages + cahier d'illustrations). À bien des égards, Jérôme Baschet peut être considéré comme l'héritier intellectuel de Jacques Le Goff. Non seulement sa thèse, encadrée par ce dernier, était consacrée aux... more
Flammarion, 2016, 26 euros (408 pages + cahier d'illustrations). À bien des égards, Jérôme Baschet peut être considéré comme l'héritier intellectuel de Jacques Le Goff. Non seulement sa thèse, encadrée par ce dernier, était consacrée aux représentations de l'enfer (Les justices de l'au-delà, 1993), un sujet qui n'était pas sans faire écho à La naissance du purgatoire, livre majeur de « l'ogre historien ». Mais surtout, il a fait du Moyen Age son terrain d'expérimentation d'une anthropologie historique que son aîné avait réussi à vulgariser auprès d'un public large, en particulier dans La civilisation de l'Occident médiéval, paru il y a 40 ans. Ainsi, en 2002, J. Baschet faisait paraître un magistral ouvrage de synthèse, La civilisation féodale, qui peut dans sa structure et son approche s'apparenter à une mise à jour de celui de J. Le Goff. Enfin, les deux historiens sont les tenants d'une conception d'un long Moyen Age occidental qui s'achèverait à la veille de la Révolution française. C'est dire si la parution du denier opus de J. Baschet, intitulé Corps et Âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge, était attendue, quant bien même les grandes lignes du sujet avaient déjà été tracées dans plusieurs de ses articles et synthétisées dans un chapitre de La civilisation féodale (p. 389-425). Le corps n'est pas une « prison de l'âme » J. Baschet vise à démonter une des nombreuses idées reçues sur le Moyen Age, celle qui présente une opposition irréductible entre le corps et l'âme, un dualisme qui aurait été source de mépris pour le corps, véritable prison de l'âme pour reprendre une métaphore courante. Bien au contraire, nous dit J. Baschet dans le chapitre initial (« Âme et corps : une dualité non dualiste »), il faut envisager une articulation positive de l'âme et du corps. Certes, dans la lignée du néoplatonisme, une « pesanteur dualiste » est présente, particulièrement dans la spiritualité et la culture monastique du haut Moyen Âge. Mais, les XII e-XIII e siècles constituent une période de basculement : la dynamique anti-dualiste s'impose chez tous les théologiens, qui promeuvent une union positive entre l'animique et le somatique, comparée à une « harmonie musicale » par Hugues de Saint-Victor ou un lien d'amitié par Pierre Lombard. C'est avec Thomas d'Aquin que l'unité psychosomatique de la personne est affirmée le plus fortement. Ainsi, « les conceptions médiévales sont fondamentalement duelles mais non dualistes ». L'examen des conceptions du péché des Pères de l'Église aux scolastiques est un bon révélateur de cette dynamique. Augustin rend l'âme responsable du péché original ; Cassiodore ou Grégoire le Grand considèrent que l'âme a autant de responsabilité dans le péché que le corps, et distinguent plus de vices spirituels que de vices charnels (luxure ou gloutonnerie). Aux XII e-XIII e siècles, les théologiens accusent désormais l'âme d'être à la source de tous les maux, en particulier le péché d'orgueil. Dans le second chapitre (« Spirituel et corporel : un modèle social »), l'auteur en vient à démontrer en quoi cette logique anti-dualiste était nécessaire à l'Église pour justifier sa position dominante dans la société. Ainsi, la relation entre matériel et spirituel renvoie à
Selon une longue tradition, l'Occitanie serait la terre des cathares au Moyen Âge, mais aucune source du Midi ne l'atteste ! Comment le mythe des cathares s'est-il développé ? Comment expliquer la croisade albigeoise et ses massacres ?... more
Selon une longue tradition, l'Occitanie serait la terre des cathares au Moyen Âge, mais aucune source du Midi ne l'atteste ! Comment le mythe des cathares s'est-il développé ? Comment expliquer la croisade albigeoise et ses massacres ? Qui sont les « hérétiques » envoyés au bûcher par l'Inquisition ? Cette exposition, composée de posters, vidéos, d'une bande dessinée et d'un jeu de plateau préparés par les étudiants du Master Mondes Médiévaux de l'Université Paul Valéry Montpellier 3 répondent à ces questions

Dates de l'exposition:
Montpellier, université Paul Valéry Montpellier 3, site Saint-Charles, 6-13 octobre 2018
Nîmes, Bibliothèque Universitaire, 5-25 novembre 2018
Béziers, Centre Universitaire Duguesclin, 2-19 avril 2019
Research Interests:
Ce colloque marquera l’aboutissement d’un projet de recherche sur deux ans (2017-2018 et 2018-2019) faisant l’objet d’une collaboration franco-américaine et dirigé par Rowan Dorin (Université de Stanford) et Christine Barralis... more
Ce colloque marquera l’aboutissement d’un projet de recherche sur deux ans (2017-2018 et 2018-2019) faisant l’objet d’une collaboration franco-américaine et dirigé par Rowan Dorin (Université de Stanford) et Christine Barralis (Université de Lorraine). Projet financé par le Thomas Jefferson Fund de la FACE Foundation, les universités de Stanford et de Lorraine, le Centre France-Stanford d’études interdisciplinaires.
Enjeux et objectifs scientifiques
L’objet de ce colloque est d’étudier les transferts, créations, transformations et résiliences de normes au sein des législations ecclésiastiques locales entre 1215 et 1500. Le projet de recherche dont est issu cette rencontre est centré sur la France médiévale et les territoires proches (France actuelle, Flandres, Suisse, Italie du Nord), mais le colloque pourra être l’occasion d’ouvrir le champ géographique à l’ensemble de l’Europe catholique, dans une optique comparatiste. Un intérêt particulier sera porté à la porosité ou l’imperméabilité des frontières juridictionnelles diocésaines et provinciales, dans un questionnement sur la création et l’éventuelle uniformisation des droits locaux.
Alors que la question de la diffusion, au sein des statuts synodaux et provinciaux, du droit émanant des pontifes et conciles généraux a déjà fait l’objet d’un certain nombre d’études [Foreville, 1976 ; Pixton, 1995; Unger, 2004 ...], la question des transferts de législations entre diocèses (et entre diocèses et provinces), des modalités et des limites de ces transferts, a surtout été abordée via la constitution de quelques grands livres synodaux du XIIIe siècle [Avril, Pontal, Cheney]. Il s’agit donc d’un champ d’études encore largement en friche concernant de larges espaces (sud et est du royaume de France notamment) et les XIVe-XVe siècles.
C’est pourtant une question fondamentale en raison d’un triple contexte : de 1215 (concile de Latran IV) à 1500, l’Église occidentale est marquée par une fort développement du droit canonique, par la centralisation de l’administration de l’Église et par le développement des synodes diocésains et conciles provinciaux, lieux d’expression des normes. Il importe donc de se demander dans quelle mesure ce contexte nouveau a eu un impact sur la création et la standardisation éventuelle des législations locales. En questionnant le processus et les limites de ces transferts entre des diocèses, de diocèses au niveau provincial et inversement, nous questionnons les limites de la centralisation, la subsistance de spécificités et d’identités locales au sein de l’Église, la dynamique des pouvoirs locaux qui s’emparent ou non des législations générales, leur résistent, les transforment, et qui mettent en place de nouvelles pratiques et normes dans des processus bottom-up, et non pas seulement top-down, de creation des législations. Dans un champ scientifique qui s’est longtemps focalisé sur la production législative initiée par la papauté, nous entendons donc porter l’attention sur le dynamisme des productions législatives locales. Celles-ci étant largement liées aux contextes locaux, leur étude nous permettra également de jeter un nouvel éclairage sur l’évolution des pratiques religieuses et sociales à la fin du Moyen Âge et la manière dont ces normes contribuent à maintenir ou construire des identités régionales propres.
Research Interests:
Publications 2022