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(Cathechèse Orthodoxe) Paula Minet, André Lossky-Vocabulaire Théologique Orthodoxe-Cerf (1985)

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vocabulaire

théologique
orthodoxe

LES ÉDITIONS DU CERF


29, bd Latour-Maubourg, Paris
1985
Ce vocabulaire a été établi par Paula Minet avec le concours d'André Lossky
(pour les notices signées A.L.).
Il est destiné à accompagner une série de fascicules sur les Fêtes et la Vie de
Jésus-Christ et sur la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome, expliquée et
commentée.
Il ne comprend que des mots utilisés dans ces ouvrages, en proposant un texte
un peu plus élaboré que celui du lexique abrégé inclus dans les autres volumes. Il
ne s'agit donc nullement d'un vocabulaire théologique complet.

© Les Éditions du Cerf, 1985


ISBN 2-204-02432-5
ISSN en cours
Lettre de bénédiction

Après l'accueil si favorable réservé à Dieu est vivant non seulement par le
monde orthodoxe, mais par un large public chrétien en France, voici que cer-
tains membres de l'équipe qui avait rédigé ce « catéchisme pour familles »
viennent maintenant s'adresser directement aux adolescents par un ouvrage,
certes plus modeste, mais aussi plus accessible.

Il s'agit d'un livre à trois volets. Le premier s'efforce de commenter et


d'expliquer la Sainte Liturgie pour que nos jeunes fidèles puissent mieux y
participer. Travail clair et rigoureux qui aidera nos jeunes d'aujourd'hui à
effectuer le passage qui leur paraît parfois déconcertant du monde profane au
monde du Royaume. Le second, par une approche spécifiquement orthodoxe
de la transmission de la foi, fait directement pénétrer le jeune lecteur dans la
vie de l'Église par la description des grandes fêtes liturgiques, de leur hymno-
graphie et de leur iconographie, catéchèse vivante, tout à l'opposé d'un ensei-
gnement conceptuel et abstrait, par laquelle le jeune lecteur se trouve immé-
diatement immergé dans le monde transfiguré de l'Église.

Le troisième volet, enfin, est un outil tout à fait indispensable à nos jeunes
contemporains qui voudraient s'approcher de l'Église. C'est un vocabulaire,
un lexique des mots que l'on rencontre dans la vie de l'Église. Les mots, en
effet, ont une histoire, qui les charge de sens. Et lorsqu'ils servent à annoncer
la Bonne Nouvelle, et à chanter la gloire de Dieu, ils revêtent un sens nouveau.
Il y a ainsi des mots qui véhiculent toute la Tradition de l'Église. Il y en a
VOCABULAIRE THÉOLOGIQUE ORTHODOXE

d'autres, employés au cours des controverses religieuses de l'Occident, qui


véhiculent des notions étrangères à la foi orthodoxe. Expliquer les mots en
usage dans l'Église, c'est déjà toute une catéchèse, c'est baptiser une langue,
c'est l'immerger dans l'histoire du peuple de Dieu.

Voici donc un petit ouvrage qui devrait constituer une nouvelle étape dans
l'enracinement de notre jeunesse dans l'Église du Christ.

i i._ ~~ft.i1~+c_ tt~)..,v~


Président du Comité interépiscopal orthodoxe
Paris, le 20 juin 1985
Préface

Six ans à peine après la parution de l'ouvrage catéchétique orthodoxe Dieu


:st vivant, trois nouveaux fascicules sont proposés au public orthodoxe, et
7lus généralement au public chrétien de langue française. Il faut s'en réjouir et
"éliciter de tout cœur !'Équipe de Catéchèse orthodoxe. Sous l'impulsion
fynamique de son animateur, le Père Cyrille Argenti, Dieu est vivant vit le
our en 1979, grâce à /' « hospitalité» fraternelle des Éditions du Cerf. Ce
.·atéchisme orthodoxe fut le fruit d'un labeur éclairé et inlassable, ainsi que
l'un courage sans faille. La réimpression de ce « manuel pour les familles »
·onfirme, par l'accueil même des lecteurs, le bien-fondé de cette« avenrure »
pirituelle.

Mais Dieu est vivant est loin d'épuiser la matière de la catéchèse orthodoxe
·t ne suffit pas à lui seul à combler les lacunes dans ce domaine ingrat de l'édi-
ion religieuse. Au terme d'une nouvelle période d'intense labeur, /'Équipe de
~atéchèse orthodoxe nous présente aujourd'hui trois nouveaux titres :
J. Les fêtes et la vie de Jésus-Christ.
2. La divine liturgie de saint Jean Chrysostome, expliquée et commentée.
3. Vocabulaire théologique orthodoxe.

Encore une fois, les Éditions du Cerf ont accepté d'assumer la publication
'e cette série. Qu'elles en soient remerciées.
VOCABULAIRE THÉOLOGIQUE ORTHODOXE

Il faut souligner ici le caractère ecclésial et œcuménique de cette entrepris


catéchétique orthodoxe :
J. ecclésial, car ce travail d'équipe a réuni une fois de plus des compétence
pédagogiques issues de milieux orthodoxes différents, mais mues par un,
préoccupation commune : transmettre aux générations montantes l'intégralitt
de la foi orthodoxe traditionnelle, dans un langage compréhensible, voin
attrayant. L'iconographie illustre fort heureusement les textes, dans une har-
monie et convergence mutuelles remarquables.
2. œcuménique, car nous sommes convaincus que rien du « langage »
orthodoxe traditionnel n'est étranger au christianisme le plus universel.
L'accueil favorable fait à Dieu est vivant nous donne toutes raisons de croire
que la pédagogie religieuse des fascicules que nous présentons ici intéressera
parents, catéchètes, enfants, au-delà des frontières de l'orthodoxie.

L'accent mis par ces ouvrages sur le culte liturgique correspond à l'expé-
rience orthodoxe la plus profonde et constante. La liturgie, ses chants, son
iconographie jouent ainsi un rôle stabilisateur, bien au-delà des capacités du
langage parlé et conceptuel, à une époque où les vérités fondamentales de la
foi chrétienne sont battues en brèche.

Pour bien faire, il aurait fallu reprendre ici la longue et belle préface
d'Olivier Clément dans Dieu est vivant. Le lecteur voudra bien s'y reporter.

Les trois fascicules que nous offrons ici ne sont que des introductions, des
invitations à pénétrer dans le mystère du Christ et de son Église à travers la
richesse du culte liturgique :

1. à travers /'Eucharistie vécue de dimanche en dimanche au cœur de notre


vie.

2. dans la variété des fêtes de l'année liturgique, où les événements du salut


s'actualisent, où nous sommes introduits nous-mêmes dans l'espace et dans le
temps sacré de l'Évangile du salut.

3. à travers l'apprentissage des mots mêmes qui véhiculent la foi et la vie de


l'orthodoxie. À ce titre, le Vocabulaire théologique orthodoxe mérite une
mention particulière. Une catéchèse sérieuse ne cherche pas à banaliser le lan-
gage traditionnel de l'Église, mais à l'expliquer, en commentant les termes les
plus usuels. Ce« vocabulaire » dépasse certes les cadres de nos fascicules caté-
chétiques et recouvre les termes les plus courants de la pensée patristique et
liturgique de l'orthodoxie. Nous ne pensons pas que ce vocabulaire soit super-
flu. Bien au contraire, il introduit lui aussi, à sa manière, à la connaissance
intuitive du mystère de notre salut, en nous familiarisant avec la pensée de nos
Pères dans la foi.
VOCABULAIRE THÉOLOGIQUE ORTHODOXE

Que ces pages porteuses de germes de !'Esprit servent à susciter la foi, à


l'éclairer et à la faire rayonner dans cette fin du XX' siècle où nous sommes
appelés à vivre et à témoigner du Christ Sauveur du monde.

Père Boris BOBRINSKOY


AVERTISSEMENT

Chacun sait que les mots ont une vie propre, c'est-à-dire que
certains d'entre eux perdent au cours des siècles une partie de leur
sens originel, en acquièrent d'autres, dévient ou s'étiolent, parfois
d'une façon paradoxale.
Aux premiers siècles du christianisme, les Pères de l'Église ont
fait des efforts considérables pour donner aux termes grecs alors en
usage une dimension et un contenu bien différents de ceux qu'ils
avaient pour Platon, Aristote ou Plotin, et pour les faire accepter.
Les mots restèrent bien grecs, mais ils furent sanctifiés par l'usage
patristique et s'insérèrent dans la Tradition chrétienne.
Ainsi, toutes proportions gardées, et sur un autre plan, en est-il
parfois du vocabulaire chrétien que nous utilisons aujourd'hui.
Certains mots ont pris dans le contexte de l'histoire occidentale un
sens, une résonance, qui ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux
qu'ils ont pour !'Orthodoxie. Nous avons jugé bon d'employer en
Occident les mots qui sont familiers à l'Occident, tout en nous
efforçant modestement de les charger de la force, du sens, de ce
qu'ils signifient pour les Orthodoxes.
Un exemple : le mot «pénitence», utilisé couramment en
français, se trouve associé à la« conversion» dans le Vocabulaire de
VOCABULAIRE THÉOLOGIQUE ORTHODOXE

théologie biblique (Paris, Cerf), qui en parle de façon excellente.


D'autre part, la théologie du sacrement de pénitence, précisée au
Concile de Trente, distingue trois aspects, ou trois moments, de la
pénitence : la contrition, la confession, la satisfaction. Cette
dernière est définie comme « accomplissement de la peine qui
accompagne la remise de la faute». C'est l'aspect quelque peu
juridique de la «satisfaction» qui gêne en général les Orthodoxes.
Certains, en conséquence, préfèrent utiliser le terme de « repen-
tir», qui leur paraît à la fois plus dynamique et plus conforme au
sens biblique, en ce qu'il représente le libre retournement
salvifique de l'homme pécheur - semblable à celui du Fils
Prodigue - vers la miséricorde de Dieu toujours offerte. Nous
utiliserons les deux termes de repentir et de pénitence, souhaitant
faire retrouver à celui que « pénitence » a actuellement un sens plus
fécond.
ABSOLUTION
Lorsque au terme d'une confession le prêtre donne l'absolution,
c'est-à-dire le pardon (la rémission) des péchés confessés, il pose
son étole sur la tête du fidèle agenouillé et lui dit (texte grec) :

Tout ce que tu as dit à mon humble personne et tout ce que tu as


manqué de dire, par ignorance ou par oubli, quoi que ce soit, que Dieu te
pardonne dans ce monde et dans l'autre, [... ] N'aie plus d'anxiété, va en
paix.

Dans le rituel slave, le passage essentiel est le suivant :

Toi-même, Seigneur, fais aujourd'hui miséricorde à ton serviteur N,


donne-lui un modèle de repentir, le pardon et la rémission des péchés
volontaires et involontaires; réconcilie-le et unis-le à ta sainte Église dans
le Christ Jésus, Notre Seigneur ...

La formule d'absolution la plus couramment utilisée aujour-


d'hui dans !'Orthodoxie slave se présente ainsi :

Que Notre Seigneur et Dieu, Jésus-Christ, par la grâce et l'abondance


de son amour pour les hommes, te pardonne, mon enfant (un tel) pour tes
transgressions. Et moi, prêtre indigne, par le pouvoir qui m'a été donné
par Lui, je te pardonne et te délie de tous tes péchés.

La seconde phrase de cette formule est apparue en Russie au


xvi< siècle sous l'influence de l'Occident.
Ainsi, c'est le Christ, invisiblement présent pour recevoir la
confession, qui pardonne - le prêtre n'étant que le témoin qui,
invoquant le Saint-Esprit, pardonne au nom du Seigneur Dieu.
ABSOLUTION

Chacune des diverses formules en usage souligne qu'il s'agit d'une


prière du prêtre pour le pardon du fidèle. C'est toujours Dieu qui
pardonne.

- Voir aussi CoNFESSION.

!ACTION DE GRÂCES
(1 Thessaloniciens 5, 16-18)

Remerciements pour des bienfaits reçus. La prière chrétienne est


louange, adoration, imploration, mais surtout action de grâces.
Saint Paul en recommande la pratique constante :

En toute condition, soyez dans l'action de grâces (1 Thessaloniciens


5, 18).

Le mot Eucharistie*, rappelons-le, signifie « action de grâces».


Au cours de la Liturgie eucharistique, il nous est rappelé que le
Seigneur, lors de la Cène*, « rendit grâces» avant la fraction du
pain. Le prêtre et les fidèles, chacun à leur place, rendent grâces
eux aussi à Dieu, expriment leur reconnaissance pour la création
du monde et l'œuvre du salut.

ALLIANCE
- Voir ARCHE o'ALLIANCE.

AMEN
C•est un mot hébreu qui signifie : « il en est ainsi», et qui
implique fermeté, sûreté, solidité. Ainsi, dire« Amen» signifie que
l'on tient pour vrai ce qui vient d'être dit. Cela exprime une
certitude, un «oui» plein de foi et d'assurance, un accord et un
engagement.

* Les mots suivis d'un astérisque sont expliqués dans ce livre. Se reporter à
l'article correspondant.

18
ANAPHORE

On trouve dans Isaïe (65, 16) l'expression« Dieu de Vérité», qui


est parfois rendue par« Dieu del' Amen», fidèle à ses promesses. Il
n'y a que «Oui» en Dieu, dit l'apôtre Paul (2 Corinthiens 1, 19),
qui traduit ainsi «Amen» par «Oui».
Les fidèles témoignent de leur foi lorsque au cours de la liturgie
ils répondent au prêtre : « Amen, Amen, Amen. »

ANAMNÈ SE;/--
D•un mot grec qui signifie : « action de rappeler à la mémoire».
Au cours de la Liturgie* eucharistique, pendant la Liturgie des
fidèles, le prêtre rappelle à la mémoire de l'assemblée l'œuvre de
salut que Dieu a accomplie pour nous, particulièrement l'institu-
tion de la Sainte Cène* :

Prenez, mangez, ceci est Mon Corps qui est rompu pour vous en
rémission des péchés.
Buvez-en tous, ceci est Mon Sang, le Sang de la Nouvelle Alliance, qui
est répandu pour vous et pour une multitude, en rémission des péchés.
Faites ceci en mémoire de Moi./

La prière de l'anamnèse développe le thème de la présence du


Seigneur (Matthieu 28, 20) et rappelle Ses paroles.
Il ne s'agit pas de rappeler des événements passés ou d'annoncer
ceux à venir, mais de témoigner qu'ils sont tous vivants dans la
mémoire de Dieu et le présent éternel du« temps» de l'Église, qui
est rencontre entre le temps historique et l'éternité* qui récapitule
tout. Nous nous «souvenons» aussi bien de la Croix, de la
Résurrection, de l' Ascension, que du « second et glorieux Nouvel
Avènement» à venir.
· /. L'anamnèse signifie un souvenir mutuel : Dieu se souvient de
l'homme et l'homme de Dieu.

ANAPHORE
De mots grecs anô : en haut, phero : porter, qui signifient
«offrande»*, «oblation»*. Toute la liturgie eucharistique est
offrande, louange, action de grâces, et le moment central de la
célébration porte le nom d'anaphore.

19
ANAPHORE

Après la récitation du symbole de foi, le Credo*, le prêtre dit :


« Soyons attentifs à offrir en paix la Sainte Oblation», et s'écrie :
« Élevons nos cœurs » (1 Samuel 7, 3). Tous répondent : « Nous les
avons vers le Seigneur.» Il est demandé à tous : « Tenons-nous
bien! Tenons-nous avec crainte! Soyons attentifs à offrir en paix la
Sainte Oblation. »
Le célébrant, après le chant du Sanctus, fait alors mémoire du
dernier repas du Seigneur avec ses disciples - la Sainte Cène* -
et des grands mystères accomplis par le Seigneur : la Croix, le
Tombeau, la Résurrection au troisième jour, le second et glorieux
Avènement. Il ajoute en élevant la patène et le calice : « Nous
t'offrons ce qui est à Toi, de ce qui est à Toi, en toutes choses~t
pour toutes choses.» Il offre à Dieu le pain et le vin en anamnèse*
reconnaissante de la venue du Fils. Puis vient l'invocation du
Saint-Esprit sur nous et sur les dons offerts - ou épiclèse* - par
laquelle les dons deviennent Sang et Corps du Christ.
Le père Lev Gillet a écrit au sujet de !'Offrande :

Le Seigneur nous offre Son Corps et Son Sang. En retour, que


pouvons-nous lui offrir? Nous pouvons Lui offrir tout ce dont nous
disposons, tout ce qui est à notre portée, et nous-mêmes en premier lieu
(Notes sur la Liturgie, Beyrouth, Éditions An-Nour, 1973, p. 57).

ANGES
Ange est la traduction du mot .aggelos (prononcé ange/os) qui
signifie «messager». L'Épître aux Hébreux ( 1, 14) en témoigne :
ils sont « au service de Dieu, envoyés comme serviteurs pour le
bien de ceux qui doivent recevoir l'héritage du salut». Sur l'icône
de l' Annonciation, l'ange Gabriel, par exemple, est généralement
représenté comme un messager viril dont toute l'attitude manifeste
la force et le mouvement de Dieu vers les hommes.
Invisibles à nos yeux, les anges sont incorporels, bien que
créatures de Dieu. Ils sont innombrables et se répartissent
traditionnellement selon une hiérarchie mystérieuse : séraphins,
chérubins, trônes, dominations, vertus, puissances, principautés,
archanges et anges. Ils sont divisés en «milices» ou « chœurs », et
lorsqu'on appelle les archanges Michel et Gabriel les chefs des
Armées, c'est de ces milices angéliques qu'il est question.
La notion scripturaire que les anges louent perpétuellement

20
APOCRYPHES

Dieu (Isaïe 6, 3; Luc 2, 13) s'exprime dans la liturgie orthodoxe,


surtout dans les canons eucharistiques qui invitent les fidèles à se
joindre au chœur des anges (voir Saint, Saint, Saint*).
Les anges font autour de nous « une barrière protectrice
d'intercession » (fête des archanges : 8 novembre). Le fidèle
orthodoxe invoque la prière des anges, ses intercesseurs, et
particulièrement de son ange gardien.

- Voir aussi CHÉRUBINS et SÉRAPHINS.

ANNÉE LITURGIQUE
L•année liturgique, comme l'année civile, est une période de
douze mois, mais elle est marquée d'un sens tout à fait différent,
car elle se rattache fondamentalement aux faits majeurs de la vie du
Seigneur. Pour des raisons historiques trop longues à expliquer ici,
l'année liturgique commence le 1er septembre. Elle comporte
différents cycles, comme celui des fêtes fixes (c'est-à-dire qui
reviennent toujours à la même date : Annonciation, Noël,
Baptême du Christ, Dormition, etc.), et le cycle des fêtes mobiles
(autour de la fête de Pâques dont la date change chaque année), qui
s'interpénètre nt, ce qui explique la complexité des offices qui sont
célébrés chaque jour de chaque année de grâce du Seigneur (Luc 4,
19).

- Voir aussi ToNs et CALENDRIER.

APOCRYPHES
Sens littéral : « ce qui est tenu secret». Parmi l'ensemble des
écrits chrétiens datant des premiers siècles de notre ère, on
distingue d'une part ceux qui constituent aujourd'hui les livres
canoniques du Nouveau Testament (les quatre Évangiles, les Actes
des Apôtres, les Épîtres de saint Paul, les Épîtres catholiques et
l' Apocalypse) et d'autre part des textes divers qui n'ont pas été
retenus par l'Église pour différentes raisons, en particulier parce
qu'ils ne sont pas l'œuvre des Apôtres ou de leur entourage
immédiat.
En effet, à l'époque où les paroles du Seigneur, les traditions

21
APOCRYPHES

orales et les prédications venant des Apôtres commencèr ent à se


fixer par écrit, vraies et fausses traditions se répandirent . Il existe
ainsi des textes dont quelques-uns se présentent sous des formes
analogues à celles du Nouveau Testament. Tous ne sont pas à
rejeter totalemen t- le« Pasteur d'Hermas », par exemple- , mais
certains ont paru non authentique s, et même suspects à l'Église,
qui, avec sagesse et prudence, les a rejetés. On réserve à tous ces
textes, plus ou moins douteux, présentés parfois comme« secrets»,
le terme d'apocryph es, ce qui signifie alors : « textes non recueillis
dans le canon des Écritures».
Pour ce qui est de certains textes del' Ancien Testament, appelés
parfois «deutéroca noniques», et parfois« apocryphes » voir la liste
des Livres qui composent la Bible (Bible*).

APOPHA TIQUE (VOIE)


- Voir TRANSCENDA NCE.

APOPHTEGME
- Voir SAINT.

APOSTICHES
Série de stichères chantée à la fin des vêpres et des matines (aux
matines : en semaine seulement). Ces stichères s'intercalen t entre
des versets psalmiques variables selon les jours : semaine,
dimanche ou fêtes. (A.L.)

ARCHE D'ALLIA NCE


C•est dans le livre de l'Exode que nous trouvons le récit de la
constructio n del' Arche d' Alliance. En effet, Dieu avait ordonné à
Moïse de construire une arche pour contenir les Tables de la Loi
(Exode 25, 10), signe de l'Alliance de Dieu avec les hommes. C'est
l'Arche <l'Alliance - ou du Témoignage. L'Arche, coffre plaqué

22
ARCHE D'ALLIA NCE

d'or pur, recouvert d'une plaque d'or - le propitiatoire* - et


surmonté de chérubins sculptés en or, fut d'abord placée dans la
Demeur e, c'est-à-dire la Tente de Réunion, ou Tabernacle
(Exode 40) qui accompagna le peuple juif d'étape en étape dans
son long exode de l'Égypte à la Terre promise*, la terre de
Canaan :

La nuée couvrait la Tente et la Gloire de Dieu emplissait la Demeure


(Exode 40, 34).

Ce sanctuaire mobile manifestait la présence de Dieu au milieu


de son peuple, il était Sa Demeur e, le lieu de Sa Parole, et
témoignait de Son Alliance avec Israël. Il représentait la Gloire* et
la Force de Dieu données à Son Peuple, c'est pourquoi il était
entouré de vénération et accompagné de chants guerriers.
Plus de deux siècles plus tard, David fit entrer l'Arche sainte à
Jérusalem, au milieu des réjouissances de tout le peuple (2 Samuel
6, 12-19). C'est son fils Salomon qui la fit installer ensuite dans le
Temple* (1 Rois 8).

*
**
L'idée d'alliance entre Dieu et les hommes est centrale dans la
Bible, et aucun temps n'y fut étranger. Depuis la création du
monde, les alliances entre Dieu et les hommes se sont succédées.
On peut distinguer trois grandes étapes types dans le déroulement
des alliances avant la venue du Christ :
1. Bien longtemps avant Moïse, Dieu avait conclu avec Noé une
alliance en lui ordonna nt de construire une grande arche (Genèse
6, 14) dans laquelle il entrerait avec sa famille et des couples de
tous les animaux pour être sauvés du Déluge. Il s'agissait, en
quelque sorte, d'une alliance à laquelle participait la nature
entière, puisque Dieu avait dit à Noé :

Voici que j'établis Mon Alliance entre vous et vos descendants après
vous, et avec tous les êtres animés qui sont avec vous (Genèse 9, 9).
L'arc-en-ciel était le signe de cette alliance (Genèse 9, 12).

2. L'alliance conclue par la suite avec Abraham (Genèse 17, 1-


14) était double : un héritage et une postérité innomb rable; c'était
donc un peuple précis que Dieu Se choisissait.
23
ARCHE D'ALLIAN CE

3. Enfin, la promesse faite à Moïse (celle dont il est question


ci-dessus à propos del' Arche d' Alliance), elle, donnait une loi à ce
peuple, des prescriptions pour l'aider à suivre les voies de Dieu. Et
le peuple, en acceptant la Loi, se donnait à Dieu. La fidélité de
Dieu manifestait Son Alliance avec Son peuple.

*
**
C'est le Christ qui a conclu avec tous les hommes la Nouvelle
Alliance, qui, pour nous, accomplit l' Ancienne. Le Verbe de Dieu,
Sa Parole, « S'est fait chair et a habité parmi nous et nous avons
contemplé Sa Gloire» (Jean 1, 14). Il nous fait connaître Sa Loi
d'amour, le Christ est notre véritable guide et notre salut, le
Temple éternel. En Lui - Dieu et Homme - Dieu s'unit à
l'homme et fait alliance avec lui.

ASCÈSE

Ascèse signifie« exercice»,« combat». Pour les chrétiens, il s'agit


du combat qui doit être mené pour faire à nouveau briller en nous
l'image de Dieu ternie par le péché. Nous aspirons, au plus
profond de nous-mêmes, à retrouver cette lumière, sans en avoir
toujours conscience.

Au plan humain

Chacun sait que l'on ne peut atteindre un bon niveau en sport,


en musique, dans un métier, par exemple, sans s'astreindre à un
entraînement parfois dur et fatigant. Nous nous soumettons
volontiers aux exercices nécessaires lorsque nous désirons atteindre
un certain résultat. Or cela, c'est l'ascèse.
Comme l'homme est composé d'une âme et d'un corps, les deux
doivent participer ensemble au combat pour notre salut. Ainsi les
moyens - les armes, pourrait-on dire - qui seront utilisés
mettront en œuvre aussi bien l'âme que le corps. Quelles seront ces
armes? La prière, le repentir, le jeûne, l'aumône, en bref la
recherche de l'humilité et la garde des commandements vécus dans
l'Église et avec ses sacrements. Et nos ennemis? Ce sont ce qu'on

24
ASCÈSE

appelle « les passions», c'est-à-dire tout ce qui nous déchire, nous


écarte de Dieu et des autres, comme le manque d'amou r, la
cupidit é, le jugeme nt, l'envie, la jalousie, l'orgueil, la paresse, le
découragement.

Au plan divin

Ce combat mené par l'homm e, cette ascèse, constitue en


quelque sorte notre participation à l'œuvre salvifique de Dieu.
Nous devons certes utiliser les «armes » mentionnées ci-dessus,
mais sans jamais oublier que ces armes - la prière, la pénitence -
sont des dons de Dieu et que, sans la grâce divine, nous ne
pouvons rien. Les actions humaines « si elles ne sont pas faites au
nom du Christ, tout en étant bonnes , ne sauraient tout de même
nous procure r la récompense de la vie du siècle à venir »
(V. Lossky, Théologie mystique de l'Église d'Orient, Paris, Aubier ,
1944, p. 194). Tous les offices de Carême, entre autres, nous
rappellent avec insistance que les actions ascétiques peuven t être
stériles et même néfastes si elles ne sont que le résultat de notre
volonté individuelle, de notre conformisme. Souvenons-nous du
pharisien (Luc, 18, 9-14).

L'âme doit réaliser à quel point, seule, elle est sans forces. N'atten dant
rien de vous-même, prosternez-vous devant Dieu, reconnaissez, dans
votre cœur, que vous n'êtes rien. Alors la grâce toute puissante créera
toutes choses de ce rien. [... ] Bien qu'atten dant tout de Dieu et rien de
nous-mêmes, nous devons cependant nous obliger à agir, afin de créer en
nous quelque chose à quoi Dieu puisse venir en aide et que la force divine
puisse enfin pénétre r (Higoumène Chariton, L'Art de la Prière, Abbaye
de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges, collection « Spiritualité orien-
tale», n° 18, 1976, p. 186).

Ainsi n'oubli ons pas que la grâce« est l'âme du combat et que la
vraie vie chrétie nne, c'est la vie de la grâce» (id., p. 187).
Le but véritable de l'ascèse, en fin de compte , n'est-ce pas de
nous libérer de la pesante ur, cette « graisse spiritue lle», cette
« épaisseur que le mal fait contrac ter à l'intelli gence» (Évagre
le
Pontiqu e, cité par O. Clémen t dans Sources, Paris, Stock, 1982,
p. 118) et nous ouvrir à la grâce de Dieu?
L'ascèse n'est donc pas quelque chose de réservé aux moines, ce
n'est pas non plus un ensemble d'exercices inaccessibles, étranges
25
ASCÈSE

et rébarbatifs, comme le mot parfois peut le laisser croire. La


véritable ascèse constitue un vigoureux combat quotidien contre le
mal, ou plutôt contre le Malin, qui nous détruit. Sans combat et
sans l'aide de Dieu, pas de victoire.

ASTROLOGIE

Selon ses racines, ce mot signifie « science des astres». Il s'agit


d'un art qui prétend annoncer les événements à venir et révéler
ceux du passé d'après la position et le mouvement des astres :
planètes et constellations d'étoiles. Les astrologues sont ceux qui
s'adonnen t à cette étude.
Nous devons être très attentifs. En effet, il y a lieu de distingue r
entre les «imposte urs» et les «savants».
Il est inutile de parler longuement de ceux qui exploitent la
crédulité humaine à grand renfort d'horoscopes, d'amulett es et
autres redoutables et ridicules fatras. Il suffit d'ouvrir un journal
pour prendre conscience du danger que représente ce charlata-
nisme.
Les Écritures nous avertissent d'ailleurs de nous défier de ces
fausses sciences, si à la mode aujourd'h ui encore (Lévitique 19,
26; Deutéronome 18, 10-14; Malachie 3, 5; Actes 16, 16-19;
Éphésiens 6, 12).
D'autre part, comment comprend re ce que nous lisons dans
l'Évangile au sujet des Mages, venus d'Orient à Jérusalem en
disant : « Nous avons vu son astre à son lever et sommes venus lui
rendre hommage (Matthieu 2, 2) »? Et nous chantons à Noël :

Ta naissance, ô Christ notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la


Lumière de la Connaissance. En elle les serviteurs des astres, enseignés
par l'étoile, apprennen t à T'adorer, Soleil de Justice et à Te connaître,
Orient d'en haut, Seigneur gloire à Toi!

Pour Constantin Andronikoff (Le Sens des Fêtes, Paris, Cerf,


1970, p. 138 et suivantes), ce nom de mages« signifie qu'ils étaient
des "savants" , peut-être prêtres, comme certains des membres du
conseil secret du roi de Perse, en tout cas médecins et
astrologues». Ils ont vu, « aidés par leur art, la lumière qui les
conduisit sans détour à la pierre que les bâtisseurs avaient rejetée.

26
AUTEL

naître ou
Au deme urant , quel que soit le parcours, parvenir à recon
trouver la vérité est un gage de réuss ite ».
science
Ils s'inclinèrent devant Celui qui devait « soumettre la
our». Ils ont
des mots et des nombres à la science nouvelle de l'Am
ectue l et
compris parce qu'« au terme de leur itinéraire intell
ils voient,
spirituel, ils sont dignes de recevoir l'illumination. Alors
qui est
sous les traits d'un petit être vagissant, le Messie
l'or, l'ence ns, la myr rhe-
l'intelligence suprê me.» Leurs don s-
expos é, la sages se
représentent, nous dit l'aute ur de cet intéressant
. « Ainsi le
antiq ue, le paganisme et la science aux pieds de la vérité
scrut ent
Soleil éclaire-t-il, quand ils se tourn ent vers lui, ceux qui
à la pours uite de cette maîtr ise sur
les énigmes du ciel et de la terre,
le Nouv eau leur rend. »
la natur e donnée au premier Adam et que
par la
Les Mages, préparés par leur travail scientifique, orientés
es. Alors
«
croyance, dépassent la spéculation et deviennent simpl
l'activité
leur vue spirituelle devient claire, longuement exercée par
nt sondé la nuit et cherc hé les
de leur regard intellectuel : ils avaie
étoile s; ils voient le soleil de la vérité . »
cœur ,
Ainsi donc, dans ces « serviteurs des astres», puret é de
et les
foi, transparence s'unis sent à la science pour servir Dieu
es bien
hommes et manifester le Chris t aux nations. Nous somm
loin des spirites et des sorciers ...

AUTEL
du culte
Dan s les religions païennes, l'autel était le centre
é pour
sacrificiel. On y déposait les offrandes*, un feu y était allum
t pas entièr emen t consu mé
consu mer l'holocauste*. Ce qui n'étai
à la vie divin e en
était donné aux fidèles, qui pensaient participer
en mangeant.
peuple
L'An cien Testa ment témoigne de l'édification par le
sacrifices
d'Isra ël de nomb reux autels au Seigneur pour y offrir des
t manif esté (Genè se 12,
ou commémorer les lieux où Dieu S'étai
d'aute ls païen s
7-8; 33, 20; 35, 1-7, etc.). Le récit nous est conté
feu pour
démolis et d'idoles de bois servant à allumer un
Certains
l'holocauste sur de nouveaux autels au vrai Dieu.
ion et
proph ètes se sont cepen dant élevés contre leur multiplicat
après la const ructio n du
leur mauvais usage (Amos 2, 8). Mais,
rites devin t l'aute l
Temp le de Jérusalem, le centre du culte et des
27
AUTEL

des holocaustes de ce Temple, qui symbolisait dorénavant la


présence de Dieu en ce lieu.
Pour les chrétiens, la signification de l'autel - ou Table Sainte
- placé dans le sanctuaire de l'Église, est autre. Il est le lieu où se
déroule le sacrifice eucharistique, en tant que celui-ci rend présent
et actuel le sacrifice de Notre Seigneur, il représente aussi la Croix
où Il fut crucifié et le Tombeau d'où Il ressuscita. Le pain et le vin
du sacrifice eucharistique sont offerts sur l'autel en signe du Corps
et du Sang du Christ (voir Liturgie*, Eucharistie*, Épiclèse*,
Offrande*).
Pour rappeler le sacrifice unique du Christ, on place toujours sur
l'autel une croix, et, pendant la Liturgie, on y déplie un linge sur
lequel est représentée la mise au tombeau du Seigneur (l'antimen-
sion). Outre la Croix, l'antimension, les Saints Dons et le Saint
Chrême, on ne place pas autre chose en permanence sur l'autel que
l'Évangile et des cierges.
Plusieurs textes du Nouveau Testament nous font comprendre
que le Christ qui S'offre en sacrifice est Lui-même l'autel et le
grand-prêtre sacrificateur (Hébreux 13, 10; 1 Corinthiens 10,
16-21). L'autel est donc le lieu et le symbole de notre salut*.

AVÈNEMENT (SECOND)
- Voir PAROUSIE.

AVENT
La fête de Noël, la Nativité selon la chair de Notre Seigneur
Jésus-Christ (25 décembre), est précédée, comme celle de Pâques,
d'un carême de quarante jours, commençant le 15 novembre. Cette
période est appelée Avent (ce qui signifie «venue»), car elle
précède la venue du Messie, la naissance du Seigneur.

28
BAPTÊME
Ce mot vient du verbe grec baptizein, qui signifie «plonge r»,
«immer ger», «laver». Lorsque les anciens Grecs disaient qu'ils
avaient baptisé un navire ennemi, ils voulaient dire qu'ils l'avaient
coulé. Ainsi retrouve-t-on des désignations visant la même
signification chez tous les Pères de l'Église, par exemple chez
Nicolas Cabasilas, dans son chapitre sur le baptême , dans la Vie en
Christ : bain, ablution, régénération, immersion. « L'eau détruit
une forme de vie, mais en produit une autre, elle immerge le vieil
homme et fait émerger l'homme nouveau. »

- Voir aussi CATÉCHU MÈNE.

BIBLE
Liste des « livres » qui composent la Bible

1. Ancien Testame nt

L'ordre et la liste des livres bibliques se présente nt différem-


ment dans la Bible hébraïque, la Bible grecque dite des Septante*
et dans la Vulgate latine.
Le Canon* chrétien est un canon en trois parties. Les livres y
sont groupés autreme nt que dans le canon juif et certains y ont été
ajoutés.
Première partie : la Loi
Le Pentateu que (du grec penta : cinq) est attribué à Moïse; il
BIBLE

correspo nd à la Torah ou Loi. Ses livres portent les titres suivants :


Genèse, Exode, Lévitiqu e, Nombre s, Deutéro nome.
Deuxième partie : les livres historiques
Ce sont les livres qui ont trait à l'histoire après l'installation dans
la Terre promise* : Josué, Juges, Ruth, Samuel (premie r et
deuxième livres), les livres des Rois, Chroniq ues (premie r et
deuxième livres), les livres d'Esdras , Néhémi e, Tobie, Judith,
Esther, Maccabées (premier et deuxième livres).
Troisième partie
a) les livres didactiques : Job, les Psaumes , les Proverb es,
l'Ecclésiaste (Qohélet), le Cantiqu e des Cantiqu es, la Sagesse de
Salomon, l'Ecclésiastique (Sirac);
b) les livres prophéti ques :
- les quatre grands prophète s : Isaïe, Jérémie (suivi des
Lamenta tions, du livre de Baruch et de l'Épître de Jérémie),
Ézéchiel, Daniel;
- les petits prophète s : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas,
Michée, Nahum, Habaqu q, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie.
La Bible slavonne comport e un troisième livre d'Esdras .

*
**
Certains passages ont été ajoutés dans la Bible chrétien ne à des
livres qui ne les contienn ent pas dans la Bible hébraïqu e. Ce sont :
dans le livre d'Esther , chapitre 10, verset 4 ; chapitre 16, verset

' dans le livre de Daniel, chapitre 3, versets 24 à 90; chapitres 13
et 14;
- dans le livre de Job, fin du chapitre 40, verset 18 et suivants.
Pour l'Église catholique : les textes ci-dessus sont appelés
deutérocanoniques. Cela signifie qu'ils sont entrés dans le canon
dans une deuxième phase. Ils ont néanmoins la même autorité
doctrinale que les autres livres.
Pour les Églises issues de la Réforme : ces Églises les rejettent et
les qualifient d'apocry phes*. De même les éditions protesta ntes ne
comport ent généralement pas les livres suivants : Tobie, Judith,
Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique, Baruch.
Pour l'Église orthodoxe : une position officielle n'a pas été prise,
les textes mention nés ci-dessus ne sont pas considérés comme

32
BIBLIOGRAPHIE POUR LE TEMPS DE CARÊME

ayant le même degré d'inspiration, mais sont conservés. Ce sont les


non canoniques.
Il y a eu de très nombreux apocryphes autour de la Bible, aux n<
et Ier siècles avant Jésus-Christ et aux Ier et ue siècles de notre ère,
sur des sujets bibliques de l'Ancien (et du Nouveau) Testament.

- Voir aussi SEPTANTE.

2. Nouveau Testament

aî Les quatre Évangiles* : Matthieu, Marc, Luc et Jean.


b) Les Actes des Apôtres*.
c) Les Épîtres de saint Paul : Romains, première et deuxième
aux Corinthiens, Galates, Éphésiens, Philippiens, Colossiens,
première et deuxième aux Thessaloniciens, première et deuxième à
Timothée, Tite, Philémon, Hébreux.
d) Les Épîtres dites catholiques : Jacques, première et deuxième
de Pierre, première, deuxième et troisième de Jean, Jude.
e) Enfin l' Apocalypse (Livre de la Révélation).

BIBLIOGRAPHIE
POUR LE TEMPS DE CARÊME

« Triode» : Livre liturgique propre au temps de Carême. Il


contient les hymnes, odes et canons*, ainsi que les lectures
bibliques pour chaque jour, en commençant au Dimanche du
Pharisien et du Publicain - quatre dimanches avant le début du
Carême - pour se terminer aux vêpres du Samedi Saint. (Publié
par le Collège Grec de Rome, Via del Babuino, 149,00187 Roma.)
« Canon de saint André de Crète» : Ce canon pénitentiel,
composé de neuf odes, est lu aux grandes complies le soir des
quatre premiers jours de Carême (une partie chaque fois) et en
entier le jeudi soir de la cinquième semaine de Carême. (Publié par
la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale.)
Au cours des offices quotidiens de Carême, on lit dans les
monastères deux fois l'ensemble du Psautier, et en lecture
continue : la Genèse, Isaïe et les Proverbes. Les fidèles des

33
BIBLIOGRAPHIE POUR LE TEMPS DE CARÊME

paroisses profitent souvent de la période de Carême pour lire ou


relire un des livres de l'Ancien Testament, outre les Évangiles et
les Psaumes.
La « prière de saint Ephrem» est la prière de Carême par
excellence. Elle est dite à la fin de chaque office de Carême du
lundi au vendredi, et par les fidèles au cours de leurs prières
quotidiennes.

~ Voir aussi TRIODE.

Livres recommandés

- Le Grand Carême, par le père Alexandre Schmemann,


collection « Spiritualité orientale», n° 13, 1974.
- Le Mystère pascal, par le père Alexandre Schmemann et
Olivier Clément, collection «Spiritualité orientale», n° 16, 1975.
- L'Échelle sainte de saint Jean Climaque (traduction du père
Placide Deseille), collection « Spiritualité orientale», n° 24, 1978.
Ces trois ouvrages sont publiés par l' Abbaye de Bellefontaine,
Bégrolles-en-Mauges (Maine-et-Loire).
- Le Chant des larmes, Essai sur le repentir, d'Olivier Clément,
collection «Théophanie», Paris, Desclée de Brouwer, 1982.

BLASPHÈME
Parole impie qui outrage Dieu, l'Esprit, l'Église. Dans l'Ancien
Testament, la présence d'un seul blasphémateur suffisait à souiller
la communauté du peuple de Dieu (Lévitique 24, 16). C'est donc
une faute considérable. Jésus-Christ Lui-même fut accusé de
blasphème parce qu'Il Se proclamait « Fils de Dieu» (Jean 10,
31-36) et c'est l'un des principaux motifs qui furent invoqués pour
Le condamner (Marc 14, 64).
Lorsque Jésus fut crucifié, Il fut accablé de blasphèmes (Marc
15, 29) et ce fut là le péché des hommes. Cependant, le Seigneur
leur pardonna sur la Croix, car« ils ne savaient ce qu'ils faisaient»
(Luc 23, 34).

34
CALENDRIER
La date de Pâques est déterminée selon un principe établi au
Concile œcuménique de Nicée (325) : la fête est fixée au dimanche
qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps
(21 mars). Mais, selon les lieux et les époques, les modes
d'application de ce principe commun ont varié : en particulier,
dans la plupart des Églises orthodoxes, ce principe est appliqué
dans le cadre du calendrier dit julien (institué par Jules César).
Pour des raisons de répartitions différentes des années bissextiles,
ce calendrier julien a pris du retard par rapport au calendrier
grégorien généralement en vigueur aujourd'hui (calendrier civil).
Actuellement, ce retard est de treize jours ; il entraîne deux
conséquences pour le calendrier liturgique :
- certaines années, la fête de Pâques tombe très tard, l'équinoxe
étant retardé de treize jours après le 21 mars ;
- toutes les fêtes fixes (Annonciation, Noël, etc.) sont célébrées à
des dates retardées de treize jours par rapport à celles du calendrier
civil en usage.

Un certain nombre d'Églises orthodoxes suivent le calendrier


julien (Russie, Bulgarie, Serbie, etc.), appelé « ancien calendrier»
dans le langage courant. Ce calendrier est en retard sur le
calendrier astronomique; il présente néanmoins l'avantage d'une
cohérence entre cycles des fêtes fixes et mobiles.
D'autres Églises orthodoxes (par exemple, celle de Finlande) ont
supprimé le décalage entre temps liturgique et astronomique en
appliquant le principe du Concile de Nicée dans le calendrier civil,
ce qui a pour effet :
CALENDRIE R

- de prendre en compte la date réelle de l'équinoxe (21 mars)


pour fixer le jour de Pâques;
- de replacer les fêtes fixes à leurs dates normales.
D'autres Églises (en particulier celle de Grèce) ont réformé le
calendrier des fêtes fixes en avançant leurs dates de treize jours,
mais sans modifier le calcul de la date de Pâques, pour lequel
l'équinoxe reste retardé de treize jours après le 21 mars, sa date
astronomique. Cette pratique, correspondant à ce que l'on nomme
courammen t le « nouveau calendrier» , a été adoptée par certaines
communautés orthodoxes, notamment en Occident.
Si l'on prend l'exemple de Noël, cette fête est indiquée dans les
livres liturgiques et les calendriers à la date du 25 décembre. Dans
les communautés suivant le nouveau calendrier, c'est bien à cette
date que sera célébrée la Nativité. Dans le cas de l'ancien
calendrier, la fête sera reportée treize jours après le 25 décembre,
soit au 7 janvier. Pour des raisons de clarté, les communau tés où
l'ancien calendrier est en usage indiquent deux dates, pour chaque
fête : celle des livres liturgiques et la date qui lui correspond (treize
jours plus tôt), dans le calendrier civil (exemple : saint Nicolas,
fêté le 6/19 déc.). (A.L.)

CANONS

Ce mot signifie à l'origine règle. Les canons, textes préparés entre


autres par les conciles et les Pères de l'Église, sont en général des
règles, des étalons, destinés surtout à exclure les fausses approches
sur telle ou telle question. Ils constituent souvent, en quelque
sorte, des garde-fous placés par l'Église pour éviter les erreurs et
les hérésies. Ce sont moins des« lois», au sens juridique du terme,
que des normes, des guides et des directives destinés à appliquer
l'esprit de l'Évangile dans la vie concrète de l'Église et des fidèles,
et à protéger les mystères et les vérités de la foi des interprétations
erronées. Il ne s'agit donc pas d'une superstruct ure juridique.
Le terme «canon» s'applique ainsi à un large éventail de textes,
qu'on peut de façon générale grouper ainsi :
1. règles de vie de l'Église (dogmatiques et disciplinaires);
2. listes, catalogues des livres authentiques de la Bible;
3. recueils d'odes et textes liturgiques.

38
CANONS

*
**
Le recueil classique des canons byzantins, qui servira de base
pour le droit canon de l'Église Orthodoxe actuelle, est appelé le
Nomocanon en XIV chapitres. Comme textes d'origine purement
ecclésiastique, il comprend :
les apostoliques ;
canons
les des Conciles œcuméniques ;
canons
les des conciles locaux ;
canons
les des saints Pères.
canons
Il existe par ailleurs un certain nombre d'autres livres de
références et de manuels canoniques en usage dans l'Église.

- Voir aussi CANONS, à propos des icônes et de l'iconographie.

CANONS
à propos des icônes et de l'iconographie

L'Église orthodoxe et les fidèles attachent une grande importance


à l'icône. La vie liturgique et sacramentelle est inséparable de
l'icône. Aussi existe-t-il des canons* concernant les icônes, leur
vénération et leur peinture (voir Iconographie*).
Voici, très brièvement, l'histoire de ces canons :
1. L'art de l'icône a suscité, au sein de l'Église, une grande crise
qui a duré cent vingt ans, aux vm' et 1x' siècles. Certains - les
iconoclastes, ou briseurs d'icônes - s'élevaient farouchement
contre les icônes, accusant leurs défenseurs d'idolâtrie et réclamant
la destruction des images. En réalité, il ne s'agissait pas de deux
conceptions de l'art chrétien, mais d'une autre question, extrême-
ment grave : au fond, ce que les iconoclastes refusaient en exigeant
l'interdiction des images, c'était la réalité de l'Incarnation* du
Christ. Les défenseurs des icônes insistaient à juste titre sur le fait
que le Fils de Dieu, le Verbe, étant devenu véritablement homme,
il était devenu visible (« le Verbe indescriptible du Père S'est fait
descriptible en S'incarnant»), et pouvait donc être représenté. Sa
Chair étant déifiée, les images doivent en refléter le caractère divin.
En outre, c'est la personne représentée qui est vénérée et non la
peinture et le bois. Il n'y a là aucune idolâtrie.

39
CANONS

L'Église s'est donc vue obligée de définir, par des canons, la


nature dogmatique de la vénération des icônes(« vénération», il ne
s'agit donc pas «d'adoration» ou de «culte»). Les Pères du VII'
Concile œcuménique (Nicée, 787) déclarent dans les canons que les
saintes icônes doivent être exposées dans les églises de Dieu, sur les
murs, dans les maisons, etc., et qu'elles doivent être honorées :
« Celui qui vénère l'image vénère en elle la réalité qu'elle
représente. »
Une nouvelle attaque fut lancée par les iconoclastes en 815 et
dura jusqu'en 843. La victoire finale des images (Concile de 843)
est connue sous le nom de « Triomphe de !'Orthodoxie» et est
commémorée le premier dimanche du Carême.
Saint Jean Damascène (675-749) fut le plus important défenseur
des icônes pendant la première période et saint Théodore Studite
(759-826) pendant la seconde.
2. Pour ce qui concerne l'art iconographique lui-même, les
Pères du VII" Concile œcuménique ont souligné que cet art n'a pas
été inventé par les peintres, mais est, au contraire, régi par une
règle confirmée et par la tradition de l'Église.
Ce n'est pas seulement la valeur artistique qui compte dans
l'icône, mais sa valeur de prédication. Il est donc naturel que
l'Église soit exigeante quant à son contenu et à sa forme.
C'est au Concile Quinisexte (692) que fut formulée pour la
première fois une direction de principe concernant le caractère
même de l'art sacré et que fut formulé le premier canon
iconographique.
Le canon, dans ce sens, est donc un enseignement, un critère -
correspondant à l'expérience spirituelle de l'Église - de la qualité
liturgique de l'image, un principe qui permet de juger si l'image est
une icône ou non.

CARÊME
Du latin quadragesima dies : « le quarantième jour». Ce mot
désigne des périodes où nous sommes invités au jeûne et au
repentir. L'Église, qui regarde l'homme comme un tout, corps et
âme, a toujours exigé qu'il participe tout entier au repentir. Il
existe différents carêmes, de longueur et d'intensité diverses. Le
Grand Carême est celui qui commence sept semaines avant la fête
de Pâques.

40
CATÉCHUMÈNE

CATAPHATIQUE (VOIE)
~ Voir TRANSCENDANCE.

CATÉCHUMÈNE
Du grec katékhoumenos : « instruit de vive voix». Au début de
l'ère chrétienne, la majorité de ceux qui demandaient le baptême
étaient des adultes et ils recevaient le sacrement pendant la nuit
pascale. Longtemps à l'avance les candidats au baptême, appelés
catéchumènes, étaient introduits graduellement dans la vie de
l'Église par certains rites qui comportaient des exorcismes, des
onctions, des prières, des explications de la Sainte Écriture, etc. Le
Père Alexandre Schmemann dans un livre consacré au baptême,
Of Water and the Spirit - De l'eau et de !'Esprit - (New York,
St Vladimir's Seminary Press [SVS Press], 1974), signale que
l'office actuel du sacrement du baptême, relativement court, est
tout ce qui subsiste de cette préparation, qui pouvait durer de un à
trois ans.
La communauté tout entière était concernée, car elle devait se
préparer à accueillir ses nouveaux membres. C'est à partir de cette
double action - celle des catéchumènes et celle de la communauté
- que s'est développée la période prépascale, aujourd'hui appelée
le Grand Carême, qui aboutit à la sainte nuit de Pâques et à
l'« illumination» de ceux qui« viennent au Christ et cherchent en
Lui le salut et une vie nouvelle». La liturgie de Pâques est
essentiellement une liturgie baptismale. Pâques, la fête des fêtes,
est véritablement l'accomplissement du baptême et le baptême est
véritablement un sacrement pascal.
Le fait que la plupart des nouveaux baptisés sont aujourd'hui
des bébés semble rendre anachroniques certaines parties du rituel
du baptême. Il faut cependant comprendre, dit le Père Schme-
mann, que la préparation est un des aspects permanents et
fondamentaux de la vie liturgique. L'Église est elle-même à la fois
«préparation» et accomplissement. Elle nous prépare à la vie
éternelle. Par son enseignement des doctrines et ses prières elle
nous révèle sans cesse que les «valeurs» ultimes qui donnent son
sens à notre vie sont celles qui sont « à venir», celles que nous

41
CATÉCHUMÈNE

attendons, que nous espérons. Accomplissement, car le Christ est


venu. En Lui, l'homme a été déifié et est monté aux cieux. Le
Saint-Esprit est venu et Sa venue a inauguré le Royaume de Dieu.
Préparation et accomplissement ne vont pas l'un sans l'autre.
Ainsi s'éclaire la pleine signification du mot catéchumène.
Aujourd'hui ce sont ceux qui amènent au baptême le petit enfant :
les parrains, les parents - et aussi l'ensemble des fidèles - qui
doivent se «préparer» au sacrement.
Au cours de chaque liturgie eucharistique l'Église prie pour les
catéchumènes « afin que le Seigneur leur fasse miséricorde, qu'il
leur enseigne la parole de vérité, qu'il leur révèle l'Évangile de
justice». Autrefois, ceux-ci se retiraient alors car ils ne pouvaient
pas encore participer au «mystère», c'est-à-dire à la communion
au sang et au corps du Christ, réservée, comme aujourd'hui
encore, aux seuls baptisés.

CATHOLIQUE
(Catholicité, Sobornost)

Nous récitons dans le Credo* : « Je crois en l'Église une, sainte,


catholique et apostolique. » Le mot «catholique» est donc l'un des
quatre attributs ou qualités (notes) de l'Eglise, qui ensemble
expriment la plénitude de son être. Mais, alors que les termes
«une», «sainte» et «apostolique» se comprennent assez facile-
ment, le mot «catholique» reste parfois mal défini et a pris au
cours des âges des sens qui peuvent prêter à confusion (par
exemple, penser que «catholique>; s'applique uniquement à
l'Église romaine ou latine).
Étymologiquement, «catholique» vient du mot grec katholikos
(lui-même formé de deux mots signifiant : « selon le tout»), que
l'on traduit communément par universel, mais qui évoque l'idée de
plénitude. Les théologiens orthodoxes traduisent souvent ce mot
par sobornost. Il nous paraît utile de citer à ce propos Vladimir
Lossky, qui déplore« l'emploi abusif du mot sobornost par certains
auteurs russes qui ne prennent pas la peine de le traduire par son
corrélatif français - catholicité».
Dans l'Église ancienne, on parlait de « l'Église catholique de tel
endroit». On considérait l'Église présente dans sa plénitude dans
chaque assemblée Eucharistique locale : de même que le Christ

42
CATHOLIQUE

tout entier est présent dans le mystère Eucharistique, de même


l'Église - Son Corps - est présente tout entière dans chaque Église
locale. Le terme «orthodoxes» servait plutôt à désigner les fidèles,
les membres de l'Église Catholique par opposition aux héréti9ues, le
terme catholique étant employé plutôt pour désigner l'Eglise.
Le mot «catholique» évoque donc une réalité concrète,
différente de celle qui s'attache à la notion d' «universel». Il
désigne la vérité chrétienne, révélée, donnée à l'Église, destinée à
tous. L'Église catholique, c'est l'Église dans sa plénitude, dans
toute la profondeur de la vérité. Ainsi, il s'agit d'une tradition
vivante gardée toujours, en tout lieu, et par tous. Cependant, « il
ne faut pas croire [ ... ] que la vérité catholique soit soumise, dans
son expression, à quelque chose de semblable au suffrage
universel, à l'affirmation de la majorité : toute l'histoire de l'Église
témoigne du contraire. La démocratie, comprise dans ce sens, est
étrangère à l'Église : c'est une caricature de la catholicité» (V.
Lossky, A l'image et à la Ressemblance de Dieu, Paris, Aubier-
Montaigne, 1967, p. 178-179).
Le Père Dumitru Staniloae, théologien roumain contemporain,
souligne que la notion de communion est au cœur même de la
catholicité. Comme « l'unité d'un organisme vivant, c'est une unité
dans laquelle les parties se conditionnent et se complètent les unes
les autres dans une même vie. C'est un don offert et reçu
perpétuellement, une sorte d'unité symphonique dans laquelle "il
y a diversité de dons spirituels mais c'est le même esprit" (1
Corinthiens 12, 4)» (Theology and the Church, New York, SVS
Press, 1980, p. 220).
C'est cela qui fait qu'il devrait être impossible d'identifier
l'Église avec un groupe particulier quelconque, qu'il s'agisse d'une
nationalité, d'une classe, d'une localité, d'un groupe d'intérêts ou
d'une communauté.
L'Église garde fidèlement sa catholicité qui réalise en elle le
dogme trinitaire : « C'est une identité ineffable de l'unité et de la
diversité à l'image du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Trinité
consubstantielle et indivisible» (V. Lossky, op. cit., p. 179).
O. Clément considère qu'il s'agit là, au plan humain, « de la libre
unité des chrétiens dans la foi et l'amour».

- Voir aussi ÉGLISE.

43
CÉNACLE

CÉNACLE
Du latin cenaculum, chambre haute. Désigne la « chambre haute»
où le Seigneur a célébré la Sainte Cène, le soir du Jeudi Saint,
c'est-à-dire avant Son arrestation. C'est dans le Cénacle que les
Apôtres se réunissaient après l' Ascension du Seigneur, « assidus à
la prière avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec
ses frères» (Actes 1, 14). C'est sans doute aussi en ce lieu que
l'Esprit Saint descendit sur les disciples le jour de la Pentecôte.

CÈNE
Du mot latin cena qui signifie : «repas». La Sainte Cène est le
dernier repas du Seigneur avec ses disciples, au cours duquel Il
rompit le pain et le leur donna en disant : « Ceci est Mon Corps,
qui va être donné pour vous ; faites ceci en mémoire de Moi. » De
même, après le repas, Il leur donna une coupe de vin en disant :
« Cette coupe est la Nouvelle Alliance en Mon Sang, qui va être
versé pour vous (Luc 22, 19-20). »
La commémoration de la Cène est un des éléments de
}'Eucharistie*. La Cène nous est racontée dans les Évangiles
synoptiques et dans 1 Corinthiens 11. Dans l'Évangile de Jean (6,
27-64), le Seigneur, parlant au peuple le lendemain de la
multiplication des pains et avant de monter à Jérusalem où Il
devait êtrt> crucifié, lui révèle qu'il est le « pain de vie» et que
« quiconque mange [Sa] Chair et boit [Son] Sang aura la vie
éternelle» (6, 54).

CHÉRUBINS
Selon les Saintes Écritures, le nombre des anges, ces messagers de
Dieu, est immense (Daniel 7, 10). Ils se répartissent traditionnelle-
ment selon une hiérarchie mystérieuse dont font partie les
Chérubins.
Saint Jean Chrysostome dit que le mot «chérubin» signifie
«sagesse» ou « plénitude de science» (Sur l'incompréhensibilité de
Dieu, 724 D. S.C., n° 28). Il s'agit d'une aptitude à contempler
Dieu et à transmettre le fruit de cette connaissance.

44
COMMANDE MENTS

Dans le Livre de l'Exode (25, 18), Dieu donnant à Moïse des


prescriptions relatives à la construction de l'Arche* du Témoi-
gnage, indique :

Tu façonneras [ ... ] deux chérubins d'or aux deux extrémités du


propitiatoire *. [ ... ] C'est de l'espace compris entre les deux chérubins
[ ... ] que Je communique rai les ordres destinés aux enfants d'Israël.

L'hymne du Chérubikon , chantée au moment de la Grande


Entrée, pendant la Liturgie : « Nous qui, dans le mystère,
représentons les chérubins» , exprime fortement que nous nous
préparons à concélébrer la Liturgie céleste avec les « Bienheureuses
Puissances ».

- Voir aussi ANGES.

CHRÉTIENS
Dans l'Église primitive, on appelait disciples, croyants, saints,
frères, ceux qui suivaient le Christ et qui« n'avaient qu'un cœur et
qu'une âme» (Actes 4, 32). Il semble que ce soit des milieux non
chrétiens que vienne le terme de chrétien, c'est-à-dire partisan,
adepte du Christ (formé sur Christos: «Christ», «oint»).
Dans les Actes des Apôtres, saint Luc écrit : « Et c'est à
Antioche que, pour la première fois, le nom de "chrétiens" fut
donné aux disciples (Actes 11, 26). »

CHRISMATION
- Voir SAINT CHRÈME.

CHRIST
- Voir MESSIE et VERBE.

COMMA NDEME NTS


- Voir DÉCALOGUE et TABLES DE LA Lor.

45
COMMUNION DES SAINTS

COMMUNION DES SAINTS


Nous parlons par ailleurs des saints* et de la sainteté. Nous
voulons aborder maintenant ce que l'on appelle, assez mystérieuse-
ment semblc-t-il, la communion des saints, et pour cela, essayons
de comprendre ce qu'est la communion dans ce contexte en
examinant trois aspects de ce mot.

1. Communion entre tous les fidèles

Rappelons tout d'abord que si le seul Saint est Dieu, nous


sommes tous appelés à participer de cette sainteté, puisque, selon
saint Paul, « nous sommes tous des saints par vocation» (Romains
1, 7). Dans l'Église des premiers temps, on appelait« saints» tous
ceux qui suivaient le Christ (voir Chrétiens*) et beaucoup de Pères
de l'Église utilisent le mot «saint» pour désigner ceux que, de nos
jours, nous appelons les «fidèles».
Il n'y a là ni confusion ni équivoque. En effet, ensemble nous
formons un seul corps, l'Église, dont le chef est le Christ, et c'est
ensemble que nous serons sauvés, donc sanctifiés par la grâce de
!'Esprit Saint. Et nous - qui ne sommes saints que par
«vocation» - sommes « environnés par une nuée de témoins»
(Hébreux 12, 1) qui, eux, sont les saints accomplis, qui ont vécu,
vivent et vivront du début à la fin du monde, et qui intercèdent
pour nous et nous montrent le chemin. Notre acceptation, même
implicite et défaillante, des exigences concrètes des Évangiles,
notre participation à l'Église Sainte et à ses sacrements, signifient
bien que nous pouvons espérer mettre nos pas dans les pas des
saints, même très loin en arrière. C'est cela, notre «vocation», et
notre communion les uns avec les autres et avec les saints.
La sainteté n'est pas donc conçue comme l'apanage de
quelques-uns. Tout chrétien, par son baptême, sa chrismation, les
saints mystères, participe à la sainteté de l'Église. L'homme tout
entier, âme et corps, devient réceptacle du Saint-Esprit.

2. Communion des fidèles avec les saints

Cependant, certains, ceux que nous appelons les saints,


représentent « l'être humain purifié [ ... ] dont la transparence

46
COMMUNION DES SAINTS

restaurée laisse voir son modèle de bonté sans limite, de puissance


et de sensibilité infinies : le Dieu incarné». Le saint est « celui qui
a atteint la plus grande ressemblance avec le Christ qui, tout en
étant aux cieux, est en même temps avec nous. [ ... ] Il est une
personne engagée dans un dialogue totalement ouvert et incessant
avec Dieu et avec les hommes » (Dumitru Staniloae : Prière de
Jésus et expérience du Saint-Esprit, Paris, Desclée de Brouwer,
1981, p. 32-33). Communion constante, donc, entre les Saints et
nous-mêmes.

3. Communion des saints avec les fidèles,


entre eux et avec Dieu

Le dimanche qui suit la Pentecôte est consacré dans l'Église


orthodoxe à la mémoire de tous les saints. Cela n'est pas un hasard,
car la sainteté provient de la descente du Saint-Esprit sur la
personne humaine. Dans le saint, le miracle de la Pentecôte se
réalise à nouveau. Un texte liturgique récapitule le sens de cette
fête:

Célébrons ceux qui ont plu à Dieu depuis l'origine des siècles -
l'honneur des Pères, des Sages, des Patriarches, l'assemblée des
Prophètes, la beauté des Apôtres, la communion des Martyrs, la gloire
des Ascètes, la mémoire de tous les Saints. Car ils ne cessent d'intercéder
pour que soient donnés au monde la paix et à nos âmes le grand amour.

Le mot clé est ici «intercéder», car c'est lui qui nous fait
comprendre qu'il s'agit de communion. On ne peut intercéder
qu' auprès de Celui avec qui on est en communion, et pour ceux avec
lesquels on est en communion. Or, les saints, témoins du Christ
ressuscité et de la présence de l'Esprit Saint dans le monde, sont en
communion avec Dieu, avec les hommes et entre eux. Cette sainte
communion, à l'image de celle qui existe entre les trois Personnes
de la Sainte Trinité et que reflète la sainte Église, est ce que nous
pouvons appeler la communion des saints. C'est un aspect de la
«catholicité» (voir Catholique*) de l'Église.
Saint Syméon le Nouveau Théologien lui applique le nom de
«chaîne d'or»:

[ ... ] les saints, illuminés par les anges de Dieu, reliés et réunis par le
lien de l'Esprit, deviennent les égaux et les émules des anges ; venant
après ceux qui les ont précédés, les saints qui de génération en génération

47
COMMUNION DES SAINTS

viennent par la pratique des commandements de Dieu se joindre aux


précédents, reçoivent comme eux la lumière selon la participation de la
grâce de Dieu; ils deviennent comme une chaîne d'or, chacun d'eux étant
un chaînon relié au précédent par la foi, la charité et les œuvres jusqu'à
former en Dieu une chaîne que l'on ne peut rompre facilement (Chapitres
théologiques, gnostiques et pratiques, Sources chrétiennes, n° 51, p. 81).

La descente de !'Esprit, le jour de la Pentecôte, est la naissance


de la communion des Saints. Elle est, par les fidèles, ressentie
comme une grande unité. L'Église céleste et l'Église terrestre,
l'Église visible et l'Église invisible, sont indissolublement liées.
Cette communion des saints est donc une chaîne d'amour
mutuel et de prières, où tous les membres de l'Église, vivants,
morts et à naître, ont leur place. Chaque liturgie terrestre est une
participation à la Liturgie qui se célèbre sans cesse dans le ciel. La
liturgie et le culte des saints forment une unité, et le lieu où se
réalise la descente du Saint-Esprit est en même temps le lieu où se
réunit la communion de toute l'Église, de tous les saints.

*
**
Ne nous laissons pas troubler par ces explications un peu ardues.
Souvenons-nous seulement que nous avons les saints dans leur
communion - canonisés ou non - comme intercesseurs auprès de
Dieu, et que nous pouvons les prier et leur demander de nous venir
en aide en toute circonstance, eux qui, bien qu'ayant quitté cette
vie, sont plus vivants que nous-mêmes.

- Voir aussi SAINTS.

CONFESSION
La confession des péchés fait partie du sacrement du repentir*
(voir aussi Métanie*). Les péchés sont les actes et les pensées qui
nous séparent de Dieu et des autres hommes et nous disloquent
intérieurement. Une branche séparée de l'arbre se dessèche et
meurt. De même, nous aussi, si nous restions «séparés» dans
notre péché, nous perdrions peu à peu notre «ressemblance» à
Celui qui nous a créés à Son image et à Sa ressemblance. Nous
nous trouverions ainsi dans un état « contre nature» qui conduit à

48
COSMOS

la mort spirituelle. Le péché est un échec dans le sens où nous


n'arrivons pas à nous accomplir en tant que personne dans la
communion avec les autres et avec Dieu. Il peut cependant être le
point de départ d'un retour à Dieu.
Car « [ ... ] le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre
les péchés» (Luc 5, 24), Lui qui n'est pas venu « condamner le
monde, mais le sauver» (Jean 3, 17). Le prêtre, par son ordination,
peut nous délier de nos péchés au nom du Seigneur. C'est donc au
prêtre que nous nous présentons pour nous confesser, mais
toujours le Christ est là, invisiblement présent, qui reçoit notre
confession.
En nous confessant librement et humblement, nous exprimons
tout à la fois notre repentir (voir Pénitence*), notre accord à la
volonté de Dieu et notre confiance en Sa miséricorde infinie. Nous
reconnaissons l'impossibilité d'être sauvés de notre situation
présente autrement que par l'intervention de Dieu Lui-même.
Nous remettons toute notre vie, y compris les péchés, à Dieu en
passant par l'Église.
Le prêtre nous exhorte : « Courage, tu es venu auprès du
médecin, prends garde de repartir sans être guéri.» Et lorsque
nous recevons l'absolution*, la voie de la réunification et de la
réintégration nous est ouverte.

COSMOS
Mot grec qui signifie «ordre». L'univers considéré dans son
ensemble comme création harmonieuse de Dieu.
Le péché de l'homme a introduit le désordre dans ce cosmos.
Dans Son amour, Dieu a envoyé Son Fils pour qu'Il restaure
l'image de Dieu déchue dans l'homme (voir Déification*) et
transfigure aussi l'univers tout entier. L'Église a la mission de faire
du monde déchu un monde transfiguré. C'est pourquoi elle associe
toute la création à la glorification de Dieu par les sacrements* et la
bénédiction. L'Incarnation* est un événement cosmique, car la
restauration de l'homme en Christ est aussi celle du cosmos dans sa
beauté primitive (Romains 8, 19 et suivants).
Un théologien orthodoxe roumain contemporain, le père
Dumitru Staniloae, dit à se sujet :

49
COSMOS

[Le Christ] attend que nous fassions du cosmos un usage responsable.


Le cosmos est un langage de communion entre Dieu et les hommes
eux-mêmes. Les ressources de la nature sont données par Dieu à tous,
qu'il s'agisse de la terre arable, de l'eau, de l'air, des énergies de toutes
sortes. Dieu veut que, par le travail humain, ces ressources soient
partagées entre tous, afin que tous puissent se réjouir de ce don de Dieu.
Nous devons libérer la nature de notre avidité, nous devons la respecter,
l'embellir, la spiritualiser afin que la gloire de Dieu la pénètre selon
l'intention originelle de la création (Unité des Chrétiens, n° 58).

D'autres auteurs, sans avoir attendu les écologistes, nous


enjoignent de traiter la nature comme une «fiancée», avec respect
et amour.

CREDO
Le Credo est la formulation de la foi chrétienne. Le mot latin
credo veut dire « je crois». Le Symbole que nous récitons lors de
chaque célébration eucharistique commence par ces mots : «Je
crois (en un seul Dieu).» Ces mots se rapportent aux articles qui
suivent et donnent à cette expression de la foi commune la valeur
d'un engagement personnel de chaque membre de l'Église qui dit,
avec tous les autres : « Je crois», « Je confesse», «J'attends»,
«J'espère».
La récitation du Credo fait partie intégrante de la Liturgie
eucharistique et doit inspirer notre vie. « Le Credo ne vous
appartient pas tant que vous ne l'avez pas vécu (Philarète de
Moscou).»
Dès les temps apostoliques, le culte chrétien a comporté les
éléments d'une confession de foi. Il a existé, dès le début du ne
siècle, d'assez nombreux «symboles» ou formulations brèves de la
foi chrétienne, liés surtout au baptême et à la préparation
catéchétique.
Le premier Credo dogmatique formulé par un Concile fut celui
de Nicée (325). Il fut sans doute complété par les Pères à
Constantinople (ne Concile, 381) pour répondre à la nécessité de
définir l'enseignement orthodoxe en face de doctrines hérétiques.
On le lit sous cette forme au rve Concile (Chalcédoine, 451) comme
une formule dogmatique officiellement reconnue. Vers la fin du
v siècle, le Credo liturgique de Constantinople sera considéré
comme la formule complète et définitive du Credo de Nicée, qu'il

50
CREDO

remplacera. Le VIe Concile (Constantinople, 680) confirmera le


caractère d'autorité du Credo que nous récitons aujourd'hui, le
Credo dit de «Nicée-Constantinople».
L'Église catholique romaine a conservé, à côté de ce Credo
- modifié par elle par l'interpolation du « Filioque » au début du
XIe siècle - un autre symbole dit « Symbole des Apôtres». Ce
dernier symbole constitue la profession de foi la plus répandue
dans les Églises issues de la Réforme

Je crois en Dieu, le Père Tout-puissant,


Créateur du Ciel et de la terre,
et en Jésus-Christ, Son Fils unique, notre Seigneur,
qui est conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie,
qui a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort,
a été enseveli, est descendu aux enfers,
le troisième jour est ressuscité d'entre les morts.
Je crois au Saint-Esprit,
la Sainte Église catholique,
la communion des saints,
la rémission des péchés,
la résurrection de la chair,
et la vie éternelle.

Credo de Nicée - Constantinople

Je crois en un seul Dieu,


Père tout-puissant,
Créateur du ciel et de la terre,
et de tous les êtres visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus-Christ,
Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles,
Lumière de Lumière, Vrai Dieu de Vrai Dieu,
engendré, non créé, consubstantiel au Père,
par qui tout a été fait.
Qui pour nous autres hommes et pour notre salut
est descendu du ciel et s'est incarné
du Saint-Esprit et de la Vierge Marie
et s'est fait homme.
Qui a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate,
a souffert et a été enseveli.
Qui est ressuscité le troisième jour selon les Écritures.
Qui est monté au ciel et qui est assis à la droite du Père
d'où Il viendra en gloire juger les vivants et les morts
et dont le règne n'aura point de fin.

51
CREDO

Et en l'Esprit Saint
le Seigneur source de vie qui procède du Père,
qui est adoré et glorifié
conjointement au Père et au Fils
et qui a parlé par les Prophètes.
Et en l'Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés.
J'attends la résurrection des morts
et la vie du siècle à venir.
Amen.
DÉCALOGUE
Du grec deka : dix et logos : parole, dix- paroles. Dans l'Alliance
au Sinaï, Moïse a donné au peuple, de la part de Dieu, une Loi
résumée en « dix paroles » : le Décalogue (Exode 20, 1-17 ;
Deutéronome 5, 6-22) ou les Dix Commandements (voir Tables de
la Loi*).
Dieu a parlé à Moïse et, par lui, aux hommes, et Sa parole
prépare le fait central du Nouveau Testamen t : cette Parole - le
Verbe de Dieu - deviendra chair par l'Incarnation*.
Les Dix Commandements s'imposent à tout homme et n'ont pas
été abrogés par l'Évangile, mais la Nouvelle Alliance va au-delà de
l' Ancienne et ses commandements assument et dépassent le
Décalogue. Le Seigneur a dit :

N'allez pas croire que Je sois venu abolir la Loi ou les prophètes ; Je ne
suis pas venu abolir, mais accomplir (Matthieu 5, 17).

Si le Christ nous dit d'observer les commandements et d'aimer


Dieu de toute notre âme et de tout notre esprit et le prochain
comme nous-mêmes, Il nous enjoint aussi d'aimer nos ennemis.
Ainsi la loi mosaïque ne passe pas, mais elle est amenée à sa
plénitude dans le Verbe incarné.

DÉESIS
- Voir lcoNOSTAS E.
DÉIFICATION

DÉIFICATION
Les Pères de l'Église ont répété cet adage : « Dieu S'est fait
homme pour que l'homme devienne Dieu» et : « l'homme est une
créature qui a reçu l'ordre de devenir Dieu.»
En effet, l'homme est appelé à vivre en Dieu, à partager Sa
gloire*, à être uni à Lui, à devenir par la grâce* ce que Dieu est par
nature. Il s'agit d'une union avec Dieu par les énergies divines*,
union mais non fusion ou confusion. Le Christ a pris notre nature
pour nous faire communier à la Vie divine et nous rendre
« participants de la nature divine» (2 Pierre 1, 4), participation aux
énergies et non à l'essence de Dieu.
La déification est le processus par lequel l'homme croît en Dieu
de gloire en gloire. Les justes seront déifiés au Dernier Jour, mais
le processus doit commencer dès maintenant en aimant Dieu, en
observant Ses commandements. Le chrétien est aidé en cela par sa
vie dans l'Église et par les sacreme.1.1ts.
La « déification» est non seulement un libre don de l'Esprit
Saint, mais demande la coopération de l'homme, c'est donc
nécessairement un processus dynamique impliquant des degrés de
communion avec Dieu et une religion de l'expérience personnelle
(Jean Meyendorff, The Byzantine legacy in the Orthodox Church,
New York, SVS Press, 1982, p. 150).

- Voir aussi ÉTERNITÉ, PAROUSIE, RÉDEMPTION, SALUT, THÉOLOGIE.

DOGME
Selon le dictionnaire, ce mot signifie : « pointfondamental de
doctrine, en religion ou en philosophie». Les dogmes sont souvent
compris comme étant des définitions catégoriques ou infaillibles
formulées à propos de la foi par « l'église enseignante». Cela ne
correspond pas à la réalité telle qu'elle est vécue dans l'Église
orthodoxe. En effet, si les doctrines fondamentales de la foi
chrétienne existent comme le roc sur lequel est bâtie l'Église, et
dont le Credo et les textes liturgiques représentent quotidienne-
ment l'expression conservée fidèlement par la Tradition de
l'Église, il reste que la notion de dogme au sens commun de vérités
spéculatives formant un système philosophique cohérent ne leur
convient pas.

56
DOXOLOG IE

Il faut se souvenir que, pour l'Église orthodoxe , les textes


théologiques, élaborés entre autres par les Conciles œcuméni ques,
sont des formulations faites pour préserver des vérités de foi
menacées par des hérésies. C'est par la nécessité de barrer la route
à l'erreur que les Pères ont été amenés à établir ces textes. Un
théologien contempo rain souligne que, dans ce contexte, « le
dogme apparaît donc comme le principe d'une expérience décisive,
d'une lumineuse évidence dans le Saint-Esp rit» (O. Clément,
L'Église Orthodoxe, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je?», [n° 949],
1965, p. 36).

DOXO LOGIE
La doxologie (du grec doxa : gloire) est l'action de glorifier. Pour
le chrétien, il s'agit de louer le Dieu en Trois Personne s, la Sainte
Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esp rit.
Chanter la gloire* de Dieu est le propre de l'homme, et l'on
trouve des textes doxologiques dans de nombreux livres de
l'Ancien Testamen t, en particulier dans les Psaumes. L'homme en
glorifiant Dieu participe à la louange des anges*. C'est un thème
central chez Isaïe, où l'on trouve ce texte :

Des séraphins [ ... ] se criaient l'un à l'autre ces paroles« Saint, Saint,
Saint est le Seigneur Sabaoth*, Sa Gloire remplit toute la terre» (Isaïe 6,
1-3).

Ce « Trois fois saint», ou Trisagion , cette louange, existe, avec


des variantes, dans tous les offices liturgique s, soit directeme nt
(dans la Liturgie eucharisti que, par exemple) sous cette forme
même, ou sous une forme amplifiée, ou comme en filigrane dans
toutes les bénédictions.
Le Christ est au centre des nombreus es doxologies du Nouveau
Testamen t. Gloire lui est rendue pour sa naissance (Luc 2, 20), ses
messages (Actes 11, 18; 21, 20), ses miracles (Marc 2, 12). Saint
Paul, quant à lui, ponctue ses Épîtres de doxologies (par exemple,
Galates 1, 3; Tite 2, 13). Enfin, les doxologies de l'Apocalypse
récapitule nt toute l'œuvre salvatrice de Notre Seigneur (par
exemple 1, 8 et 15, 3).

Dès que nous approchons de Dieu, nous comprenons aussitôt la


transcendance* de Sa Gloire et Sa puissance et Sa grandeur ; il en résulte

57
DOXOLOGIE

des sentiments d'admiration, de sa1s1ssement et autres analogues : la


doxologie en est la suite normale (N. Cabasilas, Explication de la Divine
Liturgie).

Chaque office est traversé par des doxologies : « Gloire à


Toi ... », « Gloire au Père ... », « Gloire à Dieu ... » La Liturgie
eucharistique elle-même commence par une doxologie « Bénie soit
la Royauté du Père, du Fils et du Saint Esprit».
Ce que l'on appelle la Grande Doxologie se situe à la fin de
l'orthros (office du matin : matines et laudes), le dimanche et les
jours de fêtes. Elle commence par ces mots « Gloire à Toi qui nous
as montré la lumière». Puis suit le chant « Gloire à Dieu au plus
haut des cieux et paix sur la terre ... » Vient ensuite le Trisagion :
« Saint, Saint, Saint». La petite doxologie se situe dans l'office des
complies.
Si la Divine Liturgie débute par une doxologie dite par le prêtre,
elle se termine par une autre chantée par le chœur et souvent par
les fidèles : « Que nos lèvres s'emplissent de ta louange, Seigneur,
afin que nous chantions ta gloire ... »
ECPHONÈSE
Brève formule de doxologie trinitaire prononcée par le prêtre ou
par l'évêque. Le mot vient d'un adverbe grec qui signifie« à haute
VOlX ».
L'ecphonèse conclut soit une litanie proclamée par le diacre, soit
une prière récitée par le prêtre ou l'évêque, à voix haute ou basse.
Comme son nom l'indique, l'ecphonèse est toujours prononcé à
voix haute. (A.L.)

ÉCRITURE
- Voir BIBLE.

ÉDEN
« Dieu planta un jardin en Éden, à l'Orient, et il y mit l'homme
qu'Il avait modelé», dit la Genèse (2, 8). C'était le Paradis, avec
toute espèce d'arbres séduisants à voir et portant des fruits bons à
manger. Un fleuve arrosait ce jardin où Dieu venait converser avec
Adam et Ève « à la brise du soir». C'est de cet Éden qu'Adam et
Ève furent chassés après la chute. Des chérubins au glaive
fulgurant furent placés devant le jardin « pour garder le chemin de
l'arbre de vie».
ÉGLISE

ÉGLISE
Du mot grec ekklesia, qui veut dire « assemblée du peuple». Il
correspond à un mot hébreu qahal, qui désigne l'assemblée
liturgique d'Israël. L'Église est, en effet, le rassemblement des
hommes appelés par Dieu.
De quels hommes, de quel appel s'agit-il?
Lorsque Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, commença sur
terre Son œuvre de salut, Il fut entouré de disciples, d'apôtres.
C'est sur eux que fut envoyé l'Esprit Saint le jour de la Pentecôte,
et cette communauté, dès lors, constitua la première Église. La vie
des premières années de cette communauté chrétienne est décrite
dans le livre des Actes des Apôtres. Depuis, l'Église vit sur le
témoignage des Apôtres et grâce à l'Esprit Saint qui demeure en
elle. Elle est donc« sainte» et« apostolique» et elle appelle tous les
hommes à elle. C'est la même Église, une, sainte, catholique,
apostolique, qui existe aujourd'hui et contre laquelle « les portes de
l'enfer ne prévaudront jamais» (Matthieu 16, 18). Elle est l'édifice
indestructible, fait de pierres vivantes.
Saint Paul, dans l'Épître aux Éphésiens (1, 22-23), souligne avec
force que l'Église est « le Corps» de son Chef suprême qui est le
Christ, et « la plénitude de Celui qui remplit tout en tout»,
c'est-à-dire le Saint-Esprit, qui est la source de sa vie. Ce texte de
saint Paul est très important pour comprendre que les deux
Personnes divines accomplissent la même œuvre : Elles créent
l'Église dans laquelle se fera l'union avec Dieu (V. Lossky,
Théologie mystique de l'Église d'Orient, op. cit., p. 171). Aussi
peut-on dire avec saint Irénée : « Là où est l'Église, là est !'Esprit»
(Contre les hérésies, III, 24) et avec saint Ignace : « Là où est le
Christ, là se trouve l'Église» (Épître aux Smyrniotes, VIII, 2).
L'Église est à l'image de la vie divine de la Sainte Trinité : unité
et multiplicité, tout ensemble. Elle unit les êtres humains tout en
conservant la diversité personnelle de chacun. Il n'y a dans l'Église
du Christ aucun conflit entre liberté et autorité, unanimité mais
non dictature. Le don de l'Esprit a été fait à tous : « Tous furent
remplis de l'Esprit Saint» (Actes 2, 4). C'est un don d'unité : « Ils
se trouvaient tous ensemble dans un même lieu» (Actes 2, 1). C'est
en même temps un don personnel à chacun de ses membres, car
c'est un don de diversité : « Les langues de feu se partageaient, une
sur chacun d'eux» (Actes 2, 3). C'est dans l'Église, par ses

62
ÉGLISE

sacrements qui reposent sur !'Eucharistie, que nous pouvons être


sauvés : « La liturgie eucharistique est l'Église dans son sens
plein» (Mgr Antoine, Conférence à Notre-Dame de Paris).
L'Église locale est la communauté des fidèles rassemblés autour de
l'évêque - ou de son représentant - pour célébrer l'eucharistie.
L'Église orthodoxe est la communion de toutes les églises locales
qui possèdent chacune la plénitude de la catholicité* et sont unies
par l'identité de leur foi et de leur témoignage.

Personne n'est sauvé seul. On est sauvé dans l'Église, comme un de ses,
membres et en union avec tous ses autres membres (Khomiakoff).

Il ne faut pas confondre le «culte», les offices liturgiques, avec


l'Église, bien que ce culte soit inséparable de l'Église et que
l'Église ne puisse vivre sans le culte. Mais la vraie nature de
l'Église est la vie nouvelle de l'homme, en Christ, la vie de l'Église
est de se manifester, de s'accomplir comme « Corps du Christ».
L'Église a des aspects visibles et humains, cela est évident, mais
aussi invisibles, puisqu'elle est aussi l'Église des saints et des anges,
des vivants, des morts et de ceux qui ne sont pas encore nés, et
aussi des aspects divins, puisque Corps du Christ et demeure du
Saint-Esprit.
Les faiblesses et les péchés des hommes membres de ce Corps
existent bien, mais l'assemblée des pécheurs qui se repentent
devient quelque chose de différent et qui les dépasse. « Car
l'homme sait qu'il est simultanément pécheur et transfiguré (Mgr
Georges Khodr, Contacts, n° 93). »Entant qu'institution, l'Église
présente, hélas, bien des imperfections, et les péchés de ses
membres ternissent son image. Devant cet aspect humain, fuyons
la tentation du désespoir :

Étant un organisme eucharistique, l'Église est aussi un miracle


perpétuel. Au-delà de tous nos problèmes de structures ecclésiales,
au-delà de tous nos malentendus canoniques et juridictionnels, ne
perdons jamais de vue le miracle et le mystère de l'Église : le fait que
malgré nos défaillances humaines, l'Église reste toujours Dieu avec nous,
l'icône de la Sainte Trinité (Mgr Kallistos Ware, Contacts, n° 122).

L'Église est le lieu, le seul lieu possible de rencontre personnelle


avec le Dieu vivant, le seul lieu possible de notre déification* (voir
V. Lossky, Messager de /'Exarchat du Patriarche russe en Europe
occidentale, n° 30-31, p. 185).

63
ÉGLISE

L'Église, Épouse du Christ, est notre mère. Le Père Jean de


Cronstadt. en parle ainsi :

Elle est une avec le Seigneur. Son Corps est fait de Sa chair et de Ses os.
Elle est la vigne vivante, nourrie de Lui et se développant en Lui. On ne
peut jamais penser à l'Église en dehors du Seigneur Jésus-Christ et du
Saint-Esprit.

Un moine contemporain écrit :

L'Église est le Christ Lui-même, le Christ de Dieu, le royaume de Dieu


qui est en nous (Luc 17, 21). Elle est le ciel sur la terre. Son but est de
demeurer sur la terre, de ne pas fuir le monde jusqu'à ce qu'elle le prenne
en elle, jusqu'à ce qu'elle en fasse un ciel (Père Basile de Stavronikita,
Chant d'entrée, Genève, Labor et Fides, 1980, p. 45).

*
**
Lorsque nous écrivons Église avec une majuscule, c'est de
l'Église dont il est question ci-dessus que nous parlons. Cepen-
dant, l'église, avec une minuscule, c'est le bâtiment construit ou
aménagé, lieu de rassemblement où les croyants rendent un culte à
Dieu selon la foi chrétienne.

- Voir aussi CATHOLIQUE.

ÉGLISE LOCALE
- Voir CATHOLIQUE et ÉGLISE

ENCENS
L'encens est une résine aromatique qui dégage, en brûlant, une
odeur parfumée. Les mages, lorsqu'ils vinrent à Bethléem,
apportèrent de l'encens parmi d'autres dons, à !'Enfant nouveau-
né, le Dieu-homme, et cela est très révélateur. En effet, déjà dans
le livre de l'Exode (30, 36-37), nous lisons que le Seigneur avait dit
à Moïse, en lui donnant des ordres à propos des parfums qui
devaient être préparés à partir de l'encens et qui devaient être
brûlés à l'autel, que cet encens était « pur et sacré», « chose très

64
ENFER

sainte», réservé à Dieu. Jérémie (7, 1) avait reçu de Dieu


l'avertissement de ne pas offrir de l'encens à Baal (c'est-à-dire aux
faux dieux). Cela serait non seulement inutile, mais une trahison.
Offrir de l'encens, encenser, est donc prière, offrande*,
salutation, louange. Et lorsque, au moment de la récitation ou du
chant du Psaume 140 (aux vêpres, ou lorsque celui-ci introduit une
Liturgie des Présanctifiés), il est dit : « Que ma prière monte
devant Toi comme l'encens, l'élévation de mes mains comme le
sacrifice du soir», tous les sens de l'encens et de l'encensement
trouvent leur vraie signification.

ENFER
Ce terme vient d'un mot latin qui veut dire : « lieu bas», et il est
couramment considéré comme lieu de supplice éternel des
damnés.
La signification de ce terme «enfer» est très complexe. Elle a
donné lieu à de nombreuses interprétations, dont certaines sont
véritablement hérétiques. On peut peut-être dire que l'enfer, plus
qu'un lieu, est un état, l'état de ceux qui, après le Jugement
Dernier, lors de la Seconde Venue du Seigneur, ne voudront pas se
repentir de leurs péchés et qui n'accepteront pas l'amour de Dieu,
toujours offert. Dieu a créé l'homme libre, et l'homme peut donc
toujours refuser, se crisper dans son refus orgueilleux. En
définitive, pourrait-on dire, ce refus, c'est cela l'enfer.
Certains ont fait, à juste titre d'ailleurs, la différence entre la
notion d' «enfer» et celle des «enfers», les enfers étant, selon eux,
le séjour des morts (grec : hadès; hébreu : schéol), et l'enfer, le
châtiment éternel (Matthieu 25, 46), la seconde mort (voir
Apocalypse 20, 14 et 21, 8).
Il s'agit, il faut le souligner, d'une réalité mystérieuse dont on ne
peut pas rendre compte de façon définitive, pourtant nous croyons
que le Christ est descendu aux enfers, séjour des morts, pour
sauver tous les hommes (1 Pierre 3, 19).

65
ÉPICLÈSE

ÉPICLÈSE
D'un mot grec qui signifie : «invocation». Moment du Canon
eucharistique où le prêtre, après avoir, au cours de l'anamnèse*,
rappelé l'institution de la Sainte Cène*, demande au Père
d'envoyer Son Saint-Esprit « sur nous et sur les dons qui sont
présentés ici», et de faire du pain et du vin le Corps et le Sang du
Christ.
Tous les sacrements, lorsque l'action de Dieu est invoquée,
comportent une invocation de l'Esprit, une épiclèse, qui leur
donne leur efficacité. Ainsi la Liturgie est traversée dès son début
par les demandes à Dieu de l'envoi du Saint-Esprit. Il faut
souligner que le mystère est accompli par la prière de l'Église tout
entière qui est entendue de Dieu, parce que l'Église est la Nouvelle
Alliance à laquelle Dieu S'est engagé à jamais par Son Fils et par
l'Esprit Saint. L'épiclèse est l'accomplissement de l'action eucha-
ristique.

ÉPÎTRE
Du grec epistolè (latin épistola). Dans le Nouveau Testament, une
épître est une lettre écrite par un apôtre ou un disciple à des
communautés de chrétiens. Il existe des épîtres de Paul, de
Jacques, de Pierre, de Jean, de Jude. Au cours de la Liturgie
eucharistique, on lit un ou plusieurs extraits d'une épître avant la
lecture de l'Évangile.

ESCHATOLOGIE
Du grec eschaton : dernier et logos : discours. La définition du
dictionnaire est : « Ensemble de doctrines et de croyances portant
sur le sort ultime de l'homme et de l'univers.» Le « sort ultime»,
cela veut dire les fins dernières de l'homme : sa mort et ce qui
advient après sa mort.
Tout homme sait qu'il doit mourir. Souvent il ne sait rien de
plus à ce sujet et il a peur. Le chrétien, lui, a des certitudes
concernant son « sort ultime» : il s'agit de vérités de foi attestées
par les Écritures et l'Église. Certaines de ces vérités nous sont

66
ESCHATOLOGIE

affirmées de façon claire, d'autres nous restent encore, partielle-


ment au moins, voilées de mystère. L'Église orthodoxe n'a jamais
cherché à donner une doctrine précise sur l'au-delà. Lazare après
sa résurrection par le Christ n'a pas fait de révélations sur ce qu'il
avait connu pendant les quatre jours de sa «mort» (Jean 11, 1-44).
En pratique, il existe bien des croyances populaires. Nous nous en
tiendrons aux enseignements de l'Écriture et de l'Église.

*
**
Ce que nous savons est que tous ressusciteront (Jean 5, 28) au jour
de la Parousie, jour du deuxième Avènement du Seigneur. Le
Credo que nous récitons à chaque Liturgie se termine par ces
mots : « J'attends la Résurrection des morts et la vie du siècle à
venir.» Nous savons aussi qu'aura lieu alors leJugement avant que
le royaume du monde ne devienne le Royaume de Dieu
(Apocalypse 11, 15), monde nouveau, vie nouvelle. Et le Jugement
a un aspect redoutable ... l'enfer existe. C'est l'Église et ses
sacrements qui nous préparent à avoir « une bonne défense devant
le redoutable tribunal du Christ» (ecténie dite de demande).
Ainsi la destinée humaine est orientée vers un but, en un
mouvement dynamique et libre : celui de la personne appelée à
réaliser sa ressemblance divine. Nous croyons à la Résurrection des
hommes, corps et âmes, au Jugement et à la Vie éternelle, à la vie
nouvelle, déjà commencée ici-bas, « [... ] le Royaume de Dieu est
au-dedans de vous» (Luc 17, 21): c'est cela l'eschaton.

La Résurrection

Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine (1 Corinthiens


15, 17).

Le christianisme prend sa source en la victoire du Christ sur la


mort : si le Christ n'était pas ressuscité, toute notre foi, nos
convictions, notre vie intérieure, notre espérance, tout reposerait
sur un mensonge.
Le Christ est mort pour la vie du monde (« Par la Croix la joie
vient dans le monde» : tropaire pascal de la Résurrection). La
mort a été vaincue précisément parce que Dieu lui-même y a goûté

67
ESCHATOLOGIE

en tant que personne dans l'humanité qu'il a assumée. C'est là le


message pascal du christianisme.

Sans doute, la mort reste-t-elle un phénomène physique, mais elle ne


domine plus l'homme en tant que destin inévitable et final : « Et comme
tous meurent en Adam, de même tous revivront en Christ» (1
Corinthiens 15, 22). Comme Athanase l'exprima : « Ainsi nous sommes
dissous pour un temps seulement, selon la nature mortelle de notre corps,
afin de recevoir une meilleure résurrection ; comme des grains jetés en
terre, nous ne périssons pas, mais, semés dans la terre, nous nous
lèverons à nouveau, la mort étant réduite à néant par la grâce de notre
Sauveur» (J. Meyendorff, Initiation à la théologie byzantine, Paris, Cerf,
1975, p. 218).

La joie de la résurrection est quelque chose que nous devons,


nous aussi - comme les Apôtres - apprendre à expérimenter.
Mais nous ne pouvons le faire que si nous apprenons d'abord la
tragédie de la Croix. Pour ressusciter, il faut mourir : mourir à cet
égoïsme qui nous entrave, mourir à nos craintes, mourir à tout ce
qui fait le monde si étroit, si froid, si pauvre, si cruel. Mourir de
telle façon que nos âmes puissent vivre, retrouvent la joie,
découvrent les sources de la vie.

La Résurrection est présente dans la Croix, et la Croix dans la


Résurrection. La Croix est la Résurrection et la Résurrection n'est pas
sans la Croix (Nicolas Lossky).

La Résurrection du Christ est un événement qui appartient en


même temps au passé et au présent. Au passé, cela est évident. Au
présent, parce que le Christ une fois ressuscité est à jamais vivant
et que chacun de nous peut le connaître personnellement.
L'éternité*, ce n'est pas quelque chose, mais quelqu'un. C'est
Dieu lui-même que nous pouvons rencontrer dans le cours
éphémère du temps. Il nous offre cette communion avec Lui dans
la grâce et dans l'amour, dans· un climat de liberté mutuelle.

Le Jugement

Le second avènement sera aussi le moment du jugement, car le


critère de toute justice, le Christ en personne dans toute Sa
puissance et toute Son évidence, sera présent, attendant la réponse
libre de l'homme. Dieu fera un nouveau ciel et une nouvelle terre,

68
ESCHATOLOGIE

mais il ne faut pas oublier que l'enfer existe comme le ciel existe.
Devant l'aspect redoutable du Christ juge, souvenons-nous que sa
prérogative suprême est la miséricorde et qu'Il aime les hommes.
L'Église attend le second avènement comme le triomphe visible de
Dieu sur le malin dans le monde et la transfiguration de la création
tout entière. L'amour de Dieu - cela est notre ferme conviction
- est toujours offert à l'homme.

La vie nouvelle

En Christ, la vie nouvelle est déjà commencée, Il est la vie


éternelle, la plénitude, la résurrection et la joie du monde :

Tout est à vous [... ] soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit le
présent, soit l'avenir. Tout est à vous; mais vous êtes au Christ, et le
Christ est à Dieu (1 Corinthiens 3, 21-23).

La vie nouvelle en Christ, « dès maintenant et à jamais»,


implique un engagement personnel et libre. Au dernier jour la
résurrection sera universelle, mais la bénédiction ne sera donnée
qu'à ceux qui en auront soif et qui se repentiront de leurs péchés.
L'état eschatologique, répétons-le, n'est pas seulement une réalité
future mais aussi une expérience présente, accessible dans le Christ
par les dons de !'Esprit.
Le canon eucharistique de la liturgie (de saint Jean Chrysostome
et de saint Basile) commémore le second avènement du Christ en
même temps que les événements du passé : la Croix, le tombeau, la
Résurrection, l' Ascension. Dans la présence eucharistique du
Seigneur, Son avènement futur est déjà réalisé et le «temps»
transcendé. De même que le Saint-Esprit actualise les événements
salutaires du passé, de même aussi il actualise l'avenir. Il nous fait
communier à l'éternité de Dieu. Dès maintenant, les chrétiens
peuvent avoir l'expérience de la vision de Dieu et de la réalité de la
déification.
C'est cela que les théologiens appellent parfois « l'eschatologie
réalisée ».
N'oublions pas non plus que dans son ascension vers Dieu le
chrétien n'est pas seul, il est un membre du Corps du Christ; il
peut réaliser cette communion dès maintenant avant sa mort
comme après, et dans les deux cas il a besoin des prières de tout le
Corps, au moins jusqu'à la fin des temps, quand le Christ sera

69
ESCHATOLOGIE

« Tout en tout». Jusqu'à l'« apparition» ultime du Christ, Son


Corps, tenu par le lien de l'Esprit, comprend à la fois les vivants et
les morts; ce qui est symbolisé pendant la liturgie sur la patène où
les parcelles de pain commémorent ceux qui reposent en Christ et
ceux qui font encore partie de la communauté chrétienne visible
sur terre, tous unis dans une seule communion eucharistique.
Cette communion en Christ, indestructible par la mort, rend
possible et nécessaire l'intercession incessante de tous les membres
du Corps les uns pour les autres. La prière pour les« morts», ainsi
que l'intercession par les saints défunts pour les «vivants»,
exprime une seule et indivisible communion des saints*.

*
**
Être chrétien dans le contexte de l'eschatologie signifie donc en
résumé ceci : savoir que le Christ est la Vie, source de toute vie,
que c'est Lui la Vie : « En Lui était la vie, et la vie était la lumière
des hommes » (Jean 1, 4).
Seules, cette possession du Christ comme vie,« la joie et la paix»
de la communion avec Lui, la certitude de Sa présence, donnent
un sens à la proclamation de la mort du Christ et à la confession de
Sa Résurrection.
La grande joie que ressentirent les disciples en voyant le Christ
ressuscité, ce « cœur brûlant» dont ils firent l'expérience sur le
chemin d'Emmaüs (Luc 24, 13-35) n'avaient pas pour cause la
révélation des mystères d'un « autre monde». Ils avaient pour
cause la vue du Seigneur. Et Il les envoya prêcher la repentance et
la rémission des péchés, la vie nouvelle, le Royaume. Ils
annoncèrent ce qu'ils savaient : que, dans le Christ, la vie nouvelle
était déjà commencée, qu'Il est la vie éternelle, la plénitude, la
résurrection et la joie du monde. Dans le Christ, ce grand passage,
la «Pâque» du monde a commencé, la lumière du « monde à
venir» nous vient dans la joie et la paix de l'Esprit Saint, car le
Christ est ressuscité et c'est le règne de la vie.
L'Église est le signe de l'âge nouveau, l'anticipation eschatologi-
que de la nouvelle création : le cosmos* créé restauré dans son
intégrité initiale. Et l'Eucharistie est une anticipation de cet
accomplissement. Dans !'Eucharistie les membres de l'Église sont
déjà dans les temps derniers et connaissent les prémices du
Royaume.

70
ESSENCE ET ÉNERGIES DIVINES

Cette vision eschatologique n'implique pas un refus de la vie


présente avec ses engagements et ses responsabilités. Ce n'est pas
une fuite hors du temps, un déni des réalités concrètes et de
l'histoire. Bien au contraire. Une phrase du Père Basile Gondikakis
de Stavronikita (Contacts, n° 89, p. 108) le souligne avec force en
nous rappelant ce que doivent être les autres hommes pour nous, et
notre responsabilité à leur égard :

L'autre est le véritable lieu de notre vie, notre moi le plus cher et le
plus irremplaçable, qui nous fait don - par notre propre donation à
lui - du sens et de la réalité de la vie éternelle qui a déjà commencé [... ] :
« Nous connaissons que nous sommes passés de la mort à la vie quand
nous aimons nos frères» (1 Jean 3, 14).

*
**
Ce texte a été rédigé après la lecture, entre autres, des livres
suivants :
- A l'image et à la Ressemblance de Dieu (V. Lossky, op. cit.);
- Voyage spirituel (Mgr Antoine, Paris, Seuil, 1974);
- Initiation à la théologie byzantine (J. Meyendorff, op. cit.);
- Pour la Vie du Monde (A. Schmemann, Paris, Desclée de
Brouwer, 1969) ;
- L'Orthodoxie (K. Ware, Paris, Desclée de Brouwer, 1968);
dans lesquels nous avons largement puisé.

~ Voir aussi DÉIFICATION, ENFER, ÉTERNITÉ, MISÉRICORDE, MYSTÈRE,


PAROUSIE, RÉDEMPTION' SALUT.

ESSENCE ET ÉNERGIES DIVINES


L'Église Orthodoxe distingue entre l'essence de Dieu et Ses
énergies. En parlant de Son essence, nous affirmons que Dieu est
absolument transcendant*, au-delà de tout le créé, inconnaissable,
imparticipable. Par ailleurs, nous affirmons aussi que Dieu est
« partout présent et remplissant tout» et que nous pouvons participer
à Lui par la grâce.
En effet, Dieu reste bien le Tout-Autre, tout en Se manifestant à
nous par Ses énergies, sous forme de grâce déifiante et de lumière
divine.

71
ESSENCE ET ÉNERGIES DIVINES

L'Église et les Pères le répètent :

Nous connaissons notre Dieu par Ses énergies, nous ne pouvons nous
targuer d'approcher Son essence, car ces énergies nous parviennent, mais
Son essence reste hors d'atteinte (Saint Basile).

Et saint Grégoire Palamas (xiv" siècle) dit que Dieu est lumière et
que l'expérience des énergies divines prend la forme de lumière.
Cette lumière incréée est la même que celle vue par les apôtres au
Mont Thabor lors de la Transfiguration du Seigneur et que celle
perçue par des saints comme saint Syméon le Nouveau Théologien
et saint Séraphin de Sarov.
L'essence, c'est Dieu. Dieu, dans son intégralité, tel qu'il est en
lui-même. Les énergies sont Dieu dans son intégralité, tel qu'il est dans
l'action. [ ... ] Établir une distinction entre l'essence et les énergies, c'est
reconnaître que Dieu, dans son intégralité, est inaccessible, mais aussi que
Dieu, dans son intégralité, s'est rendu accessible à l'homme en
l'enveloppant de son amour (Kallistos Ware, Approches de Dieu dans la
Tradition orthodoxe, Paris, Desclée de Brouwer, 1982, p. 39).
Les énergies incréées ne sont donc pas quelque chose existant
hors de Dieu, ni un simple don de Dieu aux hommes, mais la
manifestation du Dieu Vivant. Elles sont Dieu Lui-même agissant
et Se révélant au monde. Dieu existe totalement et pleinement
dans chacune de Ses énergies communes aux trois Personnes de la
Trinité.

- Voir aussi GRÂCE.

ÉTERNITÉ
Lorsque nous lisons dans l'Évangile cette parole du Seigneur :
« Avant qu'Abrah am fût, Je suis» (Jean 8, 58), l'étrange entorse
faite à la grammaire (je suis et non pas j'étais) devrait nous aider à
entrevoir ce qu'est l'éternité divine mystérieuse qui dépasse les
mesures humaines de temps et de durée.
En confessant dans le Credo que le Fils est « né du Père avant
tous les siècles», nous n'affirmons pas que Sa naissance est
simplement antérieure à la création, mais qu'elle est hors du temps.
En effet, la notion de temps est liée à celle de la création. Le
temps est quelque chose de créé. L'éternité , elle, transcende (voir
Transcendance*) le créé. Nous lisons pourtant, dans l'Évangile de

72
EUCHARISTIE

Jean: «Au commencement était le Verbe» (Jean 1, 1), mais ce


commencement-là est hors du temps, car le Verbe, le Christ,« est,
Il était et Il vient» (Apocalypse 1, 8) de toute éternité.
Il ne faut pas opposer éternité et temps, comme on le ferait, par
exemple, pour« long» et «court». L'éternité divine ne signifie pas
immobilité, état statique, car elle transcende à la fois aussi bien le
changement que l'immutabilité. Elle n'est pas le contraire du
temps. Elle ne nie pas l'histoire, puisque Dieu S'est incarné dans
l'histoire en un lieu et un temps donnés. Comme l'homme et tout
le créé, le temps sera lui aussi transfiguré lors de la Parousie* :
monde nouveau, cieux nouveaux, temps nouveau. Mais Dieu, « le
seul Dieu vivant perdure (subsiste) à jamais [ ... ], Son empire
n'aura point de fin» (Daniel 6, 27).
Saint Basile a montré que le mystère du temps et de l'éternité se
résume dans la signification du Dimanche. Le Dimanche est à la
fois le premier et le huitième jour : c'est le premier jour de la
semaine, consacré à la Résurrection du Seigneur. Il est aussi
l'image du siècle à venir, le jour qui marque lare-création, l'entrée
dans le Royaume, l'instant où l'Église accueille l'éternité, le
huitième jour, qui n'aura pas de fin. Basile ajoute qu'il ne faut pas
s'agenouiller le Dimanche, parce que nous échappons en ce jour
unique, dans l'Église, à la condition temporelle d'esclave, pour
entrer symboliquement, debout, sauvés, dans le Royaume.

EUCHARISTIE
D•un mot grec qui veut dire : « rendre grâces», « action de
grâces», «remerciement». Lorsque le Christ institua la Sainte
Cène*, Il « rendit grâces» et bénit le pain et le vin. C'est pourquoi
cette action du Seigneur a reçu le nom d'Eucharistie. L'assemblée
des fidèles autour de l'évêque ou de son représentant - le
prêtre - commémore, rend actuel, le Sacrifice unique du Christ et
rend grâces au nom de cette assemblée à la Sainte Trinité.
Commémorant la Passion salutaire du Seigneur qui a vaincu la
mort par l'offrande qu'il a faite de sa vie, les fidèles offrent à Dieu
le pain et le vin qui deviendront Corps et Sang du Christ, ils
s'offrent eux-mêmes et toute la création, pour tous, vivants et
morts, et pour tout. Et lors de l'épiclèse*, le prêtre demande au
Père d'envoyer le Saint-Esprit sur les fidèles et sur leur offrande*
pour les pénétrer de la Puissance divine. Le pain et le vin, devenus

73
EUCHARISTIE

Corps et Sang du Christ, seront partagés entre les fidèles afin


qu' « ils deviennent pour ceux qui y participent purification de leur
âme, rémission de leurs péchés, communion du Saint-Esprit,
plénitude du Royaume des cieux».
La Liturgie* eucharistique n'est donc pas seulement le rappel de
l'unique Sacrifice du Christ, elle est aussi le passage de ce monde
dans le monde à venir, la venue et la présence du Royaume de Dieu
qui, pourtant, ne sera pleinement donné qu'à la Parousie*, le
moment de vérité qui restaure l'ordre du monde avant la chute.
L'éternité envahit le temps - qui n'est toutefois pas aboli, mais
transcendé-, et nous pouvons dire que nous nous souvenons de la
Croix, du Tombeau, de la Résurrection, du Siège à la droite du
Père, et aussi du second et glorieux Nouvel Avènement à venir (voir
Parousie*), ici et maintenant.
Dans !'Eucharistie, l'économie salvatrice du Christ devient
présente et actuelle. Étant communion, !'Eucharistie nous intro-
duit dans la vie de la Sainte Trinité. Aussi est-elle le fondement
même de l'Église, le sacrement* par excellence, qui en fait le Corps
du Christ (1 Corinthiens 10, 16-17).

- Voir aussi ANAPHORE.

ÉVANGILES
- Voir BIBLE.

ÉVÊQUE
- Voir SACERDOCE et HIÉRARCHIE.

EXÉGÈTE
Ûn appelle exégète celui qui interprète, c'est-à-dire explique et
commente les textes, en particulier les textes de la Bible, Ancien et
Nouveau Testaments. Il peut y avoir des interprétations histori-
ques, grammaticales, juridiques, religieuses, morales, etc., qui
apportent des éclairages différents sur les documents traditionnels
qui nous ont été transmis.

74
FIDÉLITÉ
La fidélité est d'abord la caractéristique de Dieu, associée à Sa
bonté envers le peuple de l'Alliance. Dieu est « riche en grâce et en
fidélité» (Exode 34, 6), Ses paroles ne passent pas (Isaïe 40, 8), Ses
promesses sont toujours tenues (Tobie 14, 4). Dieu demande à
l'homme d'être fidèle lui aussi, mais le peuple d'Israël, tout au long
de son histoire, faillira souvent à cette fidélité et Dieu, après l'avoir
châtié, lui pardonnera à maintes reprises ses infidélités.
Les prophètes annonçaient la venue d'un Serviteur fidèle (Isaïe
42). Le Christ, Fils et Verbe de Dieu, sera ce Serviteur fidèle. Il
tiendra toutes ses promesses (2 Corinthiens 1, 20). C'est en Lui
que se manifestera pleinement la fidélité de Dieu ( 1 Thessaloni-
ciens 5, 24).
Ceux qui suivent le Christ sont appelés Ses fidèles. Cette fidélité
doit reposer sur les deux commandem ents dont le Seigneur a dit
qu'il n'y en a pas de plus grands :

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et
de tout ton esprit [ ... ] et ton prochain comme toi-même (Matthieu 22,
37-40).

Le secret de la fidélité au Seigneur et de l'observance de la


Nouvelle Alliance est donc l'amour- non seulement l'amour pour
ceux qm nous aiment, mais l'amour des ennemis (Matthieu 5,
43-44).
GENÈSE
- Voir BrnLE.

GENTILS
Pour le peuple juif de l'Ancien Testament, il y avait d'une part
Israël, le peuple de Dieu, et d'autre part les « Gentils» (ou
«Nations»), c'est-à-dire les «païens» qui ne connaissaient pas
Dieu.
Dans le Nouveau Testament, la notion de peuple de Dieu
s'élargit pour devenir l'Église. L'unité humaine est restaurée. Il
n'y a plus ni Grec, ni Juif (Galates 3, 28). Le Christ est venu réunir
tous les hommes, Israël et les Gentils, appelant l'homme nouveau à
une vie nouvelle dans le Christ.
L'Épître aux Éphésiens insiste :
Rappelez-vous donc qu'autrefois, vous les païens [... ] vous étiez sans
Christ, exclus de la cité d'Israël, étrangers aux alliances de la Promesse.
[... ] Or, voici qu'à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin,
vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. [ ... ] C'est lui qui est
notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la
barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine [... ] pour créer
en sa personne un seul Homme Nouveau (Éphésiens 2, 11-16).

Saint Paul est appelé« l' Apôtre des Gentils», ou« des Nations»,
parce qu'il a prêché l'Évangile aux habitants de l'Empire romain
qui n'appartenaient pas au peuple juif.

- Voir aussi ISRAËL.


GLOIRE

GLOIRE
« Gloire à Toi, Seigneur, gloire à Toi». L'Écrit ure Sainte abonde
en expressions relatives à la Gloire de Dieu. Il en va de même pour
les textes liturgiques et toute la littératu re patristique.
Nous nous trouvons devant une telle richesse qu'il est difficile
de choisir des exemples pour tenter de «défini r» ce qu'est cette
gloire, cette lumière de Dieu qui est aussi Sa grâce.
Au sens ordinaire, ce mot, on le sait, signifie honneu r, renom,
puissance, richesse, éclat des victoires, etc., toutes valeurs qui sont
périssables. Dans la Bible, il a souvent ce sens-là. Job s'écrie : « On
m'a dépouillé de ma gloire» (Job 19, 9). On parle de la gloire du
vêtement d' Aaron (Exode 28), de la richesse et de la gloire de
Salomon. Il a cepend ant d'autre s sens qui font entrevoir une réalité
infinim ent plus profond e, plus mystérieuse, une vérité difficile à
cerner par des mots, car elle apparti ent au domaine du mystère
divin éternel. Ainsi, les interventions, la puissance de Dieu sont
associées à Sa gloire. La gloire du Seigneur révèle Sa majesté, Sa
sainteté, c'est Dieu Lui-même.
Parmi les innombrables manifestations de la gloire de Dieu dans
l'Ancien Testam ent, retenons l'expérience de Moïse sur le Sinaï
(Exode 33, 18) où il demande à Dieu de lui faire voir Sa gloire. Et
Dieu lui répond : « Tu ne peux pas voir Ma face, car l'homm e ne
peut Me voir et demeur er en vie. » Dieu dit à Moïse de se tenir
dans la fente du rocher et «quand passera Ma gloire [ ... ] Je
t'abrite rai de Ma main». Sa face, Sa présence et Sa gloire sont une
même réalité à laquelle l'homm e est appelé à particip er par le
Christ.
Dans le Nouvea u Testam ent, la gloire de Dieu est aussi appelée
lumière (1 Jean 1, 5). Lors de Sa Transfi guratio n sur le Mont
Thabor , il est dit à propos de Notre Seigneur : « Son visage
resplendit comme le soleil (Matthieu 17, 2). » Sur l'icône
remarq uons la mandorle du Christ - rayonn ement de la lumière
autour du Seigneur - qui transfigure les homme s et la nature.
Saint Macaire écrit à ce sujet que le « corps du Seigneur a été
glorifié quand Il Se rendit sur la montagne et fut transfiguré dans
la gloire de Dieu,[ ... ] de même les corps des saints sont glorifiés et
resplendissent d'une blancheur fulgura nte».
Par l'Incarn ation, le Christ, vrai Dieu de vrai Dieu, S'est
dépouillé de Sa gloire (voir Kénose*). Il S'est fait homme , a

84
GRÂCE

accepté la Passion et la Croix. Il est ressuscité, Il a été enlevé dans


la gloire (1 Timothée 3, 15-16) à !'Ascension. Il reviendra «en
gloire juger les vivants et les morts» (Credo).
Il faut peut-être ajouter une autre notion comprise dans la
signification de la gloire, notion qui révèle le lien qui existe entre la
gloire de Dieu et l'homme, c'est celle dont saint Irénée dit : « La
gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la
vision de Dieu » (Contre les hérétiques, IV, 20, 7) et : « La gloire de
l'homme, c'est Dieu» (ibid., III, 20, 2).
Nous comprenons alors pourquoi la création tout entière aspire à
la révélation de la gloire de Dieu. Saint Jean voit la Nouvelle
Jérusalem comme «éclairée de la gloire de Dieu» (Apocalypse 21,
23). Au dernier jour, Dieu apparaîtra dans toute la gloire de Sa
lumière et les justes Le verront :

Lui, le Dieu et Maître de l'univers, brillera à ce moment de la gloire de


Sa Divinité, [... ] se révélera alors à tous tel qu'il est, comblera toutes
choses de Sa propre lumière et deviendra pour Ses saints le Jour de joie
éternelle, sans déclin et sans fin» (Saint Syméon le Nouveau Théologien,
Traités théologiques et éthiques, X, 19-35).

Nous sommes l'image de cette gloire indicible. Ainsi chante-t-on


lors de l'office pour les défunts : « Je suis l'image de Ton ineffable
gloire, même lorsque je porte les stigmates du péché.»

GRÂCE

Ûn demandait un jour à un fidèle orthodoxe peu féru de


théologie : « Qu'est-ce que la grâce?» Il répondit après un moment
de réflexion : « La grâce, c'est l'amour.» Le dictionnaire, de son
côté, donne cette définition : « Aide, secours, que Dieu accorde en
vue du salut. »
Tournons-nous vers saint Paul qui, à travers différents textes,
dit à peu près la même chose en affirmant que cette grâce est le don
de Dieu qui contient tous les autres, celui de Son Fils : [Dieu a
voulu] « démontrer l'extraordinaire richesse de Sa grâce, par Sa
bonté pour nous dans le Christ Jésus». « A nous donnée, avant
tous les siècles [... ] cette grâce [ ... ] maintenant manifestée par
l'apparition de Notre Seigneur le Christ Jésus» (Éphésiens 2, 7; 2
Timothée 1, 10), etc.

85
GRÂCE

Dans l'Ancien Testame nt déjà, il est souvent question de grâce.


Elle est fréquem ment associée à la miséricorde*, la fidélité* et la
bénédiction. Dieu manifeste inlassablement Sa grâce à Son peuple
Israël. Ce Dieu de « tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en
grâce et en fidélité» s'adresse à Moïse qui Lui répond : « Si
vraimen t, Seigneur, j'ai trouvé grâce à Tes yeux, daigne nous
accompagner (Exode 34, 6 et 8). » En effet, la grâce est double :
elle descend sur l'homme et fait que ce dernier trouve par là faveur
à Ses yeux, c'est-à-dire devient digne des bienfaits de Dieu, donc
reçoit la grâce.
Pour nous, chrétiens, nous croyons que Dieu S'est révélé en
Jésus-Christ en qui sont venues« la grâce et la vérité» (Jean 1, 17).
Cette grâce féconde est source de la transformation de l'homme et
de toutes ses œuvres bonnes. Elle est donnée gratuite ment et ne
peut être «achetée » par telle ou telle action. C'est-à-dire que
l'homme doit s'y préparer par le don de toute sa vie, par l'amour de
Dieu et de Ses comman dements , et son ouvertur e au Seigneur.
C'est la manifestation - les énergies* - du Dieu Vivant :

La grâce signifie en général[ ... ] toute la richesse de la nature divine en


tant qu'elle se manifeste aux hommes.
Ce qui est commun au Père et au Fils est la divinité que le Saint-Esp rit
commun ique aux hommes dans l'Église, en les rendant « participa nts de
la nature divine» (2 Pierre 1, 4 ), en conféran t le feu de la divinité, la grâce
incréée à ceux qui devienne nt membres du Corps du Christ» (V. Lossky,
Théologie mystique de l'Église d'Orient, op. cit., p. 159).

En tant que manifestation de Dieu aux hommes , la grâce est


aussi feu et lumière, donc gloire*.
Pour exprimer la relation entre la grâce de Dieu et la liberté
humaine , on utilise le terme de synergie, c'est-à-dire coopération.
« Nous sommes les coopérateurs de Dieu», dit saint Paul (1
Corinthiens 3, 9). Ainsi, rien ne peut être fait sans l'aide de Dieu,
mais l'homme doit contribu er à cette œuvre commun e.
Saint Cyrille de Jérusalem résume clairement ce double rôle :
« C'est à Dieu d'accord er la grâce, notre tâche est de l'accepte r et
de la conserver. »

- Voir aussi GLOIRE et JusTICE.

86
HÉSYCHASME
Ce mot vient du grec hesychia, qui veut dire «repos»,
«quiétude», «tranquillité»; il signifie le silence et la paix
intérieurs dans lesquels cherchent à s'établir ceux qui se consacrent
à la prière perpétuelle et à la sobriété spirituelle (nepsis).
Dès le IVe siècle, le terme hesychia a été utilisé dans la littérature
chrétienne pour qualifier le mode de vie choisi par les ermites -
les hésychastes - qui s'étaient voués à la prière incessante.
L'hésychasme désigne cette tradition spirituelle et ses méthodes
d'oraison, essentiellement monastique à l'origine, et vivante
jusqu'à nos jours.
D'abord transmises par voie orale de maître à disciple dans les
monastères, les méthodes de l'hésychasme furent ensuite petit à
petit fixées par écrit. Ses principaux foyers furent dès le vI• siècle
les monastères du Sinaï, puis du Mont Athos, où il connut au XIVe
siècle une grande renaissance.
Le grand saint Grégoire Palamas, moine del' Athos, puis évêque
de Thessalonique, défendit vigoureusement le mouvement hésy-
chaste lors de controverses sur la doctrine de la nature de Dieu et
les méthodes de la prière, établissant ses fondements théologiques
et ses bases dogmatiques et soulignant, en particulier, l'unité de
l'homme, corps et esprit. Il remporta une victoire complète : les
conciles de Constantinople de 1341, 1347 et 1351 confirmèrent son
enseignement. Le père Jean Meyendorff résume ainsi la position
théologique de saint Grégoire Palamas sur ce point :

La connaissance de Dieu est une expérience donnée à tous les chrétiens


par le baptême et par leur participation permanente à la vie du corps du
HÉSYC HASME

Christ au moyen de l'eucharistie. Elle exige aussi la partici


pation de
l'homme tout entier dans la prière et le service, par l'amour de
Dieu et du
procha in; c'est ainsi que l'on peut la reconnaître non seulement
pour une
expérience «intellectuelle» de l'esprit seul mais aussi pour
un « sens
spirituel» qui permet une perception ni purem ent « intellectuelle
» ni
purement matérielle. En Christ, Dieu a assumé la totalité de
l'homme,
âme et corps; et l'homme en tant que tel a été déifié. Par la
prière, la
«méth ode» (hésychaste) par exemple, par les sacrements, par la
vie entière
de l'Église en tant que communauté, l'homme est appelé à partici
per à la
vie divine : cette participation (metochè) est aussi la vraie connai
ssance de
Dieu (Initiation à la théologie byzantine, op. cit., p. 104).

A la fin du xvnt' siècle, l'hésychasme s'est répandu hors des


monastères grâce à un important ouvrage, sorte d'immense
encyclopédie des textes des pères spirituels, publié par un moine
grec, Nicodème l'Hagiorite, et édité peu après en russe par Païssi
Vélitchkovsky, et traduit depuis en de nombreuses langues.
Cet ouvrage, appelé La Philocalie des Pères neptiques (philocalie
:
amour de la beaut é; neptiques : ceux qui pratiq uent la sobrié

spirituelle), contient des textes nombreux sur la prière perpétuelle
par des Pères comme saint Macaire, saint Isaac, saint Jean
Climaque, saint Jean l'Hésychaste, Diadoque de Photicé, saint
Syméon le Nouveau Théologien, saint Grégoire Palamas, Callis
te
et Ignace Xanthopoulos, etc.
Un livre de la fin du xrxe siècle, les Récits d'un pèlerin russe,
a
popularisé l'hésychasme, d'abo rd en Russie puis dans de nom-
breux pays. Nous recommandons à tous la lecture de ce petit livre.

La prière incessante

Saint Paul (1 Thessaloniciens 5, 16) nous enjoint : « Priez sans


cesse». Un théologien contemporain souligne : « Toute présen
ce
de l'homme devant la face de Dieu est une prière. Mais il faut
que
cette prière devienne une attitude constante toujours consciente
:
la prière doit devenir perpétuelle, ininterrompue, comme
la
respiration, comme le battement du cœur. » (V. Lossky, Théolo
gie
mystique de l'Église d'Orient, op. cit., p. 206.) Les mots clés : prière
constante, consciente, la respiration, le cœur - sont ceux-là même
s
qui sont au cœur de l'hésychasme, art de la prière incessante, cette
discipline à la fois si simple et si difficile.

92
HÉSYCHASME

Quelle est la forme de cette prière perpétuelle ?

Elle est tout entière centrée sur le nom de Notre Seigneur


Jésus-Christ. Il existe plusieurs formules - toutes très brèves -
mais celle qui est le plus souvent utilisée est : « Seigneur
Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur.» Elle unit la
supplication du publicain (Luc 18, 13) : « 0 Dieu, aie pitié de moi,
pécheur» et le cri des deux aveugles (Matthieu 9, 27) : « Aie pitié
de nous, Fils de David». L'invocation peut même se limiter au
seul nom de Jésus. Toute l'attention doit être portée sur les paroles
de l'invocation qui, répétée sans cesse, en général silencieusement,
avec chaque respiration, devient pour ainsi dire la seconde nature
de celui qui s'y consacre.
Certains procédés relatifs à la maîtrise de la respiration, au
rythme de l'oraison, ont été utilisés. Ces méthodes, destinées à
favoriser la concentration, ne doivent en rien être considérées
comme des fins en elles-mêmes. Il n'existe aucun moyen
mécanique ou technique pour obtenir la grâce de Dieu. Tout
recours à des« exercices» que certains comparent peut-être un peu
vite à des pratiques orientales (yoga hindou ou dhikr musulman),
peut aller à l'encontre des buts recherchés et même présenter de
graves dangers. Tout cela est secondaire et aucune méthode ne
peut en tout cas être pratiquée sans les conseils d'un maître
expérimenté. Ce qui compte surtout, c'est d'écarter toutes les
pensées frivoles et pécheresses qui nous assaillent sans cesse. Les
maîtres disent qu'il s'agit de faire descendre l'intellect dans le
cœur. Le cœur, dans ce sens, ne désigne pas le côté émotionnel,
mais le lieu central de l'homme, le centre spirituel de la personne,
où l'intellect et le cœur s'unissent. La prière n'est plus alors
seulement dite avec les lèvres, ou pensée par l'intelligence, mais
elle est offerte par l'être tout entier, intellect, raison, volonté, corps
physique. La prière continuelle conduit à un état paisible de
l'esprit, qui, par la pacification des profondeurs de l'être par la
grâce, se tient orienté vers Dieu.
On comprend pourquoi cette prière est appelée Prière de Jésus
(ou à Jésus), ou Prière du Cœur.

93
Quelle est la force et la puissance de cette prière ?

En tant qu'invocation du puissant nom divin, elle a ses racines


dans le Nouveau Testament, mais elle a aussi ses lointaines
origines dans l'Ancien Testament. Le Nom divin dans tout
l'Ancien Testament est porteur de puissance, exprimant la
personne, et nombreux sont les textes qui se réfèrent à la
« sanctification du nom» et « par le nom».

Dans le Nouveau Testament, l' Ange annonça à Marie que son


fils serait appelé Jésus car il sauverait les hommes de leurs péchés
(Matthieu 1, 21). Le nom de Jésus signifie : « Celui qui sauve».
Saint Paul, reprenant, pense-t-on, une hymne des premiers
chrétiens, rappelle la puissance de ce nom, signe et porteur de la
puissance divine :

Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de
tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des
cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame de
Jésus-Christ, qu'il est Seigneur (Philippiens 2, 9-11) ...

L'Évangile de Jean rapporte ce que Jésus a dit à ses disciples :


« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le
donnera» (Jean 16, 23). Les références à la puissance du nom de
Jésus sont innombrables (voir par exemple Marc 9, 38-40), et
toujours il est répété que nul ne peut faire de ce nom un usage
efficace s'il n'existe un rapport intérieur entre celui qui l'invoque
et le Seigneur. La prière de Jésus n'est pas un moyen de fuir la
réalité, une formule magique qui serait sans lien avec la nécessité
où nous sommes d'accomplir une perpétuelle métanoïa*, de nous
repentir* et de nous transformer. L'invocation du nom de Jésus a
un aspect ecclésial. Ce nom est un moyen de nous unir à l'Église,
car l'Église est le Corps du Christ. Cette prière accompagne la vie
en Église et les sacrements, mais ne les remplace pas, comme
certains l'imaginent à tort.
Il faut se souvenir aussi qu'il s'agit d'une prière trinitaire. Elle
s'adresse à Jésus, Fils de Dieu, Fils du Père et, bien que le
Saint-Esprit ne soit pas nommé, nous savons que ce n'est que par le
Saint-Esprit que l'on peut dire que Jésus est le Seigneur
(1 Corinthiens 12, 3). En outre, le Saint-Esprit est nommé
implicitement dans le mot« Christ» qui signifie« oint» c'est-à-dire

94
HIÉRARCHIE

porteur de l'Esprit. En répétant cette prière nous nous plaçons


donc sous le signe de la Sainte Trinité.
Aujourd'hui, où les hommes ressentent, peut-être confusément
parfois, le même besoin de prier sans cesse que les anciens, la
prière de Jésus est une grâce très puissante offerte à tous, moines et
laïcs. Utilisons-la, en particulier, dans les moments d'angoisse, de
graves décisions à prendre, de doute ou de danger.
Le père Lev Gillet, dans son livre sur la prière de Jésus (Un
moine de l'Église d'Orient, La Prière de Jésus, Chevetogne, 1963),
encourage chacun de nous à la pratiquer d'un cœur pur. Elle peut
l'être, dit-il, « en tout temps, en tout lieu, église, chambre; rue,
bureau, atelier». Il ajoute que « le nom de Jésus est un moyen
concret et puissant de transfigurer les hommes en leur plus
profonde et divine réalité [ ... ] ; allons vers eux avec le nom de Jésus
dans notre cœur et sur nos lèvres, prononçons silencieusement sur
eux ce nom (qui est leur vrai nom); nommons-les de ce nom dans
un esprit d'adoration et de service».

*
**
..
Quand tu récites la prière de Jésus, souviens-toi que la chose la plus
importante est l'humilité, vient ensuite la faculté [ ... ] de toujours garder
le sens aigu des responsabilités envers Dieu, [ ... ] envers autrui, envers
toutes choses (Starets Macaire d'Optino).

HIÉRARCHIE
Au sens propre, ce mot signifie« ordre sacré». Au sens habituel,
il recouvre une notion souvent rejetée de nos jours, car elle est
comprise comme correspondant à un ordre injuste où chacun
- chaque chose - aurait une place arbitraire dans l'échelle des
valeurs. On conteste un tel système où une place «supérieure»
serait assignée à certains et une «inférieure» à d'autres. On
revendique pour chacun une place égale ou tout au moins
«analogue» dans toute société.
Or c'est justement en partant du mot «analogue» que nous
pouvons essayer de comprendre ce qu'est la hiérarchie, pour nous
chrétiens. Place analogue, oui, mais pas nécessairement la même.
En effet, analogue veut dire, dans ce contexte : à chacun selon son

95
HIÉRARCHIE

mode, selon ses forces réelles, et aussi selon ses efforts. Un auteur
ancien, Denys l'Aréopagite, a beaucoup écrit au sujet de la
hiérarchie céleste et de la hiérarchie ecclésiastique, entre lesquelles
il existe un parallélisme étroit. Chez lui, la notion d'analogue est à
cet égard centrale. Il considère que chacun reçoit la Lumière
divine dans la mesure où il peut y participer, et c'est ainsi que se
détermine sa place dans une hiérarchie « qui n'est pas de ce
monde».
Voyons d'abord la hiérarchie céleste. Il nous est dit que les
Trônes, les Chérubins* et les Séraphins* siègent auprès de Dieu
dans une proximité supérieure à celle de tous les autres ordres
angéliques. Viennent ensuite les Pouvoirs, les Seigneuries et les
Puissances. Un troisième ordre comprend les Anges*, les
Archanges et les Principautés. Ne nous laissons pas déconcerter
par cette nomenclature. Comprenons seulement qu'il nous est
signifié que même dans ce domaine, il existe des degrés de
proximité autour du Trône céleste. Proximité non pas dans
l'espace, mais selon l'aptitude à recevoir les Dons divins.
Passons maintenant à la hiérarchie sur le plan de l'Église
terrestre. Il s'agit ici de divers degrés de« diaconie », c'est-à-dire de
«service». La constitution du collège des douze Apôtres est à
l'origine même de la hiérarchie dans la vie de l'Église, et l'évêque,
successeur des Apôtres, représente le Christ, dont il témoigne. Le
Grand-Prêtre* de notre profession de foi est le Christ (Hébreux 3,
1), et l'évêque est celui qui, sur terre, Le représente et tient de Lui
ses pouvoirs pour guider et enseigner, par la grâce de !'Esprit, le
troupeau confié à sa charge, et lui administrer les sacrements.
L'évêque délègue aux prêtres certains de ses pouvoirs. La vie
sacramentelle nécessite que l'Église ait une structure interne, une
hiérarchie. L'évêque préside et son autorité ne s'exerce par sur
mais au sein de la communauté qui est le Corps du Christ et où
chacun a son rôle, son service. Cette autorité est ouverture,
discernement, service et amour. Le sacrement de l'ordre englobe
les trois degrés du sacerdoce : épiscopat, prêtrise et diaconat et
deux ordres mineurs : sous-diaconat, lectorat.
Il faut toujours entendre tout cela en termes de « diaconie », de
«service», confié par la communauté, à l'appel de Dieu, à celui qui
paraît «capable» et - pour cette raison seule - digne de cette
diaconie. Ainsi les fidèles s'exclament-ils, lors de l'ordination d'un
prêtre : « Axios, Axios, Axios ! », c'est-à-dire : « Il est digne». Le
Christ lui-même donne à tous l'exemple : « Le Fils de l'Homme

96
HIÉRATIQUE

n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (Matthieu 20,
28) ... »
Il ne faut jamais oublier que Dieu Se manifeste pleinement à tous,
Il est pleinement présent dans Ses énergies*, mais les êtres y
participent, s'élèvent vers Lui, selon leurs possibilités propres. Le
salut est offert à tous, même au plus humble, et ce salut dépend
non d'œuvres de mérite individuel, mais de la participation à cette
unité liturgique, cette hiérarchie. La « conciliarité » (voir Catholi-
que*), c'est-à-dire l'accord en plénitude de tous, en est la clé ou le
signe, et l'amour en est le lien.
Plus la place est élevée, plus la charge, la responsabilité devant
Dieu, sont lourdes. Tous ne peuvent assumer la même charge,
mais chacun est appelé au même salut. Saint Paul insiste sur le fait
que l'Église est le Corps du Christ, composé de divers membres
qui, tout en ayant une valeur égale, diffèrent quant à leur place et à
leur fonction :

Il y a diversité de dons, mais le même Esprit, diversité de ministères,


mais le même Seigneur, diversité d'opérations, mais le même Dieu qui
opère tout en tous. A chacun la manifestation de !'Esprit est donnée pour
l'utilité commune (1 Corinthiens 12, 5-7).

En conclusion, nous pouvons dire que la hiérarchie bien


comprise, librement acceptée par tous dans l'amour, est une chose
vraie et bienfaisante, tout en différant de ce qui est «juste» et
«injuste» au sens juridique et primaire de ces mots (voir aussi
Justice*). Au lieu de la contester, nous pouvons donc en remercier
le Seigneur qui donne et demande à chacun selon ses forces.

~ Voir aussi SACERDOCE et ÉGLISE.

HIÉRATIQUE
Ce terme vient d'un mot grec et signifie : « ce qui concerne les
choses sacrées». Il est utilisé pour décrire des gestes ou des
attitudes rituels empreints d'un calme et d'une dignité qui laissent
deviner le monde céleste.

97
HIRM OS

HIRMOS
D•un mot grec qui signifie «lien» ou «suite». Dans les
livres
liturgiques, l'hirmos désigne le premier tropaire de chacu
ne des
odes d'un canon. L'hir mos a une fonction musicale :
c'est un
modèle de rythme et de chant pour l'exécution des tropaires
qui le
suivent. Le rôle de l'hirmos est aussi textuel : par son conte
nu, il
relie le thème de l'ode biblique à celui de la fête célébrée
dans les
tropaires. Mais il arrive aussi que l'hirmos constitue une
simple
paraphrase d'un ou de plusieurs versets de l'ode biblique,
ou au
contraire qu'il soit uniquement consacré à la fête céléb
rée. Par
exemple, dans le canon des matines de Pâques, les
hirmi
remplissent bien leur rôle en célébrant la Résurrection du
Sauveur
grâce à une série d'allusions aux thèmes des odes bibliq
ues,
mont rant ainsi l'accomplissement des prophéties dans l'œuv
re de
salut du Christ. (A.L. )

HOLOCAUSTE
Le premier sens de ce mot est : «sacrifice», dans lequel la
victime
est entièrement consumée par le feu. Il s'applique aussi à
la victime
elle-même. Pour les chrétiens, «holocauste» signifie
sacrifice,
offrande* totale. Ainsi dit-on que Notre Seigneur Jésus
-Christ,
l' Agneau de Dieu, s'est offert en holocauste pour la vie du
monde
(voir Isaïe, 53).

HOS TIE
D•un mot latin qui veut dire : «victime». Il s'agit d'un anima
l
immolé à Dieu en sacrifice. Dans les liturgies catho
liques
romaines, l'hostie est un pain mince et rond, sans levain
(azyme),
employé pour la communion. Les orthodoxes utilisent
comme
offrande du pain pleinement levé qui représente l'intég
ralité de
l'humanité du Christ et aussi la vie cosmique qui s'accomplit
en se
« christifiant ». Des théologiens byzantins ont souligné que
le pain
levé, semblable au pain de la nourriture quotidienne, symb
olise
l'Incarnation.

98
HYPOSTAS E

HYMN E DES CHÉRU BINS


Hymne chantée au début de la Liturgie des Fidèles, pendant la
Grande Entrée, et au cours de laquelle les Dons sont transférés
depuis la table de préparatio n jusqu'à l'autel*, en vue de leur
consécration (voir Liturgie Eucharistique*).
Cette hymne marque le début de la Liturgie des Fidèles, qui se
préparent à célébrer l'Eucharis tie. Pour ce faire, ils déposent les
soucis de ce monde, en suivant l'exemple des Chérubin s. Ce
dépouillement est nécessaire pour pouvoir recevoir le Roi de toutes
choses, que chacun accueille en lui lorsqu'il communi e. Ce
moment constitue également un mouveme nt au cours duquel
l'assemblée des fidèles, ou Église terrestre, rejoint le chœur des
anges dans les cieux, pour la célébration commune du Mystère.
(A.L.)

HYPOSTASE
- Voir PERSONNE .
ICONOGRAPHIE
Qui concerne l'art et la théologie de l'icône. Qu'est-ce que
l'icône? Que représente-t-elle dans la vie de l'Église et des fidèles?
Que signifie sa vénération? Voici quelques-unes des questions que
peut se poser une personne non prévenue entrant dans une église
orthodoxe et constatant la place qu'occupent les icônes - aussi
bien matériellement que dans le déroulement des offices - et la
vénération dont elles sont l'objet.
Il existe des ouvrages très complets sur les icônes et l'iconogra-
phie et nous y renvoyons quiconque voudrait approfondir cette
question (voir en particulier Théologie de l'icône dans l'Église
Orthodoxe, de L. Ouspensky, Paris, Cerf, 1980, qui représente une
«somme» faisant autorité).
Avant de tenter de répondre brièvement aux questions posées
ci-dessus, rappelons que l'icône a donné lieu au cours des temps à
des querelles et à des controverses déchirantes qui témoignent de
l'importance de ce qu'elle met en jeu. (Voir notre rubrique
Canons, à propos des icônes et de l'iconographie*, où est esquissée
cette histoire, et la position des iconoclastes qui rejetaient la
vénération des icônes et leur présence dans l'église. La victoire
finale des Saintes Icônes, en 843, est connue sous le nom de
« Triomphe de !'Orthodoxie» et est fêtée le premier dimanche de
Carême.)
Tout n'est pas représentable par l'icône. Dieu le Père, non
incarné, invisible, ne peut l'être. La Personne incréée du Fils de
Dieu, Jésus-Christ, est représentée puisqu'Il nous a été révélé.
L'icône représente non Sa nature divine, insaisissable (voir
Transcendance*), mais Sa personne* : en figurant le Christ, elle ne
ICONOGRAPHIE

représente ni Sa divinité ni Son humanité, mais Sa personne qui


unit de manière inconcevable Ses deux natures sans confusion et
sans division. Cela peut nous aider à comprendre le lien qui existe
entre l'Incarnation* et l'icône.
Toute une théologie est impliquée, car l'icône du Fils de Dieu
devenu homme est un témoignage de l'Incarnation véritable de
Dieu et de la déification* de l'homme.

Qu'est-ce que l'icône?

L'icône est une image de Notre Seigneur Jésus-Christ, de la


Mère de Dieu, des saints, l'illustration d'une fête liturgique. Elle
est peinte selon des techniques précises en conformité avec certains
«canons» traditionnels destinés à en garantir l'authenticité. Il ne
s'agit donc pas d'un quelconque tableau à sujet religieux, d'une
image pieuse, dont la réalisation serait laissée à l'inspiration
individuelle et soumise à des «modes» ou à des styles artistiques
profanes. Le critère en est non la beauté - bien que celle-ci existe
évidemment - mais la vérité.
Il ne faut pas croire, cependant, que les règles qui régissent l'art
de l'icône font de cette dernière quelque chose de monotone, de
stéréotypé. Loin de là. Il suffit de comparer deux icônes illustrant
la même fête liturgique, peintes par des iconographes de la même
époque ou de périodes différentes, pour voir que chacune se
distingue de l'autre à bien des égards, tout en représentant une
même vérité. La fidélité à la tradition n'est pas répétition, copie,
mais révélation toujours nouvelle de la vie intérieure de l'Église.
L'iconographe parle le langage de son époque et s'exprime à sa
propre manière, dans le cadre de la Tradition de l'Église.

Que représente l'icône dans la vie de l'Église et du fidèle ?


Que signifie sa vénération ?

« Si un païen vous demande de lui expliquer votre foi, disait


saint Jean Damascène, faites-le entrer dans l'église et mettez-le en
face des icônes.» Entrant dans l'église, en effet, il verra les fidèles
allumer des cierges devant les icônes, embrasser celles-ci, prier
devant elles avec vénération. Il verra le prêtre et le diacre encenser
les icônes et les fresques. Lors des fêtes liturgiques, l'icône de la
fête est placée sur un pupitre au milieu de l'église, elle est ornée de

104
ICONOGRAPHIE

fleurs et vénérée par tous. La vie liturgique et sacramentelle de


l'Église est inséparable de l'icône. L'icône « est un objet cultuel
dans lequel repose la grâce divine et qui fait partie intégrante de la
liturgie. [... ] Elle est souvent appelée avec raison "théologie en
images". [ ... ] Elle complète et explique la liturgie. [ ... ] Son
contenu et son sens sont les mêmes que ceux de la liturgie, [ ... ]
c'est le même symbolisme, la même sobriété, la même profondeur
de contenu (L. Ouspensky, Essai sur la théologie de l'icône dans
l'Église orthodoxe, 1960, p. 10-11). »
L'icône proclame la même vérité que l'Évangile, elle joue le
même rôle que les écrits des Pères, mais à sa manière propre. « Ce
que la parole communique par l'ouïe, dit saint Basile, la peinture le
montre silencieusement.» L'icône a donc un rôle d'enseignement
pour aider et guider le fidèle dans sa prière et dans sa vie. Le culte
des saints est lié à la vénération de l'icône, celle-ci étant un point de
contact entre les vivants et les morts, entre les personnes
représentées et les fidèles, faisant communier ceux-ci dans la grâce
à la vie des saints.
Rappelons à propos de l'accusation d'idolâtrie quelquefois
portée à l'égard des Orthodoxes que la vénération témoignée aux
saintes images n'est pas adressée au bois ou à la peinture, mais à la
personne représentée. Saint Jean Damascène, ce grand défenseur
des icônes, fait une distinction précise entre la façon dont les icônes
doivent être vénérées et honorées et l'adoration qui est due à Dieu
seul.

*
**
Beaucoup d'autres choses seraient à dire sur l'icône et
l'iconographie, cette richesse immense de l'Église. Il faudrait
parler des rapports entre icône et portrait (chaque saint est
reconnaissable), des indications qu'elle donne sur la participation
de l'homme à la vie divine, de la contemplation de l'invisible dans
le visible à laquelle elle nous invite, de la réalité concrète qu'elle
traduit (celle des textes sacrés), de la sobriété, la paix et l'harmonie
qu'elle manifeste, de l'expression du dogme de la transfiguration
qu'elle offre. Il faudrait aussi parler de cette sorte de folie en Christ
picturale qu'elle représente, en contradiction avec l'esprit de
«pesanteur» du «réalisme» ou de l'abstraction illusoires de l'art
profane, ou donner quelques indications sur les raisons de la
« perspective inversée» qu'on y trouve habituellement, du teint

105
ICONOGRAPHIE

foncé des saints (l'icône représente non la chair corruptible, mais la


chair transfigurée, illuminée par la grâce, la chair du siècle à
venir), des proportions non naturalistes des détails, etc.
Nous nous trouvons en présence d'un domaine immense et
profond, mais il n'est pas nécessaire d'être un savant ou un
théologien pour recevoir la grâce conférée par l'icône, pour
bénéficier de son aide : il suffit de la vénérer et de prier devant elle
dans la vie de l'Église.

- Voir aussi CANONS, à propos des icônes et de l'iconographie.

ICONOSTASE

L'iconostase est un des éléments architecturaux les plus frappants


de beaucoup d'églises orthodoxes. Il s'agit d'une cloison recou-
verte d'icônes se trouvant entre le sanctuaire, où est célébré le
sacrement de l'Eucharistie*, et la nef où se tiennent les fidèles.
L'iconostase telle que nous la connaissons - sous une forme qui
peut varier selon les régions et les époques - est un phénomène
relativement récent. Les églises anciennes n'en avaient ni en
Occident ni en Orient. Dans les églises des premiers siècles, le
sanctuaire était séparé de la nef par un voile ou une barrière de
hauteur et de composition variables.
Après la crise iconoclaste (voir Canons, à propos des icônes et de
l'iconographie*), une nouvelle période commença dans le dévelop-
pement de l'iconostase. Du XIe au x1ve siècle, de grandes
peintures-icônes firent leur apparition sur les murs à côté de
l'iconostase et sur l'iconostase elle-même : icône du Sauveur, de la
Mère de Dieu et des saints auxquels était consacrée l'église.
Au-dessus des portes royales, on plaça la Déesis. Déesis veut
dire «prière» : c'est l'intercession de l'Église néotestamentaire en
la personne de la Mère de Dieu se tenant à la droite du Christ, et
l'intercession de l'Église vétérotestamentaire en la personne de
saint Jean-Baptiste à Sa gauche. L'icône de la Déesis était le germe
qui donna par la suite tout le contenu thématique de l'iconostase
classique.
Dès le XIVe siècle apparurent, en Russie en particulier, des
iconostases à plusieurs rangées. Par la suite, les rangées se

106
ICONOSTASE

multiplièrent ainsi que les ornements architecturaux de tous les


styles.
Cependant le contenu iconographique de l'iconostase est
toujours et partout fondamentalement resté le même. Il est
caractéristique que le terme « déesis » en est venu en Russie à être
appliqué à l'iconostase dans son ensemble. Cela signifie qu'elle
représente l'œuvre du Christ, l'économie divine tout entière.
Toutes les rangées, celles de la Déesis, des fêtes liturgiques, des
prophètes et des patriarches, des saints et des martyrs, etc., ne sont
en définitive rien d'autre qu'un développement du sens de l'icône
principale, la première icône de l'antique barrière d'autel : l'image
du Christ et celle de la Croix.
Sur les portes royales, ou saintes, sont habituellement représen-
tés l' Annonciation et les quatre Évangélistes. Au-dessus de ces
mêmes portes, on voit !'Eucharistie : transposition liturgique de la
Cène, le Christ lui-même donne la communion aux apôtres, d'un
côté Il tend le pain à six d'entre eux, de l'autre la coupe aux six
autres.
Ainsi, devant toute iconostase, quelle qu'elle soit, il faut se
souvenir que celle-ci, loin d'être une simple accumulation plus ou
moins fortuite d'icônes, est le fruit d'un développement plusieurs
fois séculaire et oriente vers un but précis. Les sujets qu'elle
déploie remplissent une tâche bien définie : ils révèlent le sens de
la limite entre le sanctuaire et la nef, entre l'éternel et le temporel.
Ce sens, c'est l'interpénétration de l'un et de l'autre, leur unité. Cette
unité est le thème essentiel de l'iconostase. Si la liturgie réalise et
construit le Corps du Christ : l'Église, l'iconostase le montre en
plaçant devant les yeux des fidèles une image de ce Corps où ils
entrent comme membres ; elle montre le corps de l'Église construit
à l'image de la Sainte Trinité, image placée en haut de
l'iconostase : c'est la multi-unité à l'image de la tri-unité divine.
Dans le déroulement de la liturgie est montrée toute l'économie
de notre salut. L'iconostase révèle cette économie en images. Ainsi
le fidèle participe à celle-ci tant par les yeux que par l'esprit. De
même que l'église est l'espace liturgique contenant l'assemblée des
fidèles et, symboliquement, englobant l'univers tout entier,
l'iconostase montre le devenir, la croissance de l'Église dans le
temps et sa vie jusqu'à son couronnement par la Parousie.

Ainsi toute la vie de l'Église se trouve ici résumée dans sa destination


suprême et constante : l'intercession des saints et des anges pour le

107
ICONOS TASE

monde. Tous les personnages représen tés sont réunis en un seul corps.
C'est l'union du Christ avec son Église (L. Ouspen sky, Contacts, n° 46,
p. 109).

- Voir aussi lcoNoGRAPHIE et CANONS, à propos des icônes et de


l'iconog raphie.

IKOS
- Voir KoNDAKION.

INCA RNAT ION


Nous disons dans le Credo* : « [Le Fils de Dieu] S'est incarné du
Saint-Esprit et de la Vierge Marie et S'est fait homme .»
S'incar ner, cela veut dire : prendre un corps de chair semblable au
nôtre, visible, tangible, soumis à la faim, à la soif, à la souffrance, à
la mort. C'est cela la Bonne Nouvelle : Dieu, par amour pour nous
et pour notre salut, S'est fait homme. Le Fils, Deuxième Personne
de la Trinité *, est devenu homme , assumant notre nature
humain e, le péché excepté. Vrai homme , Il est resté vrai Dieu,
affirmant par Ses paroles et Ses actes Son lien filial avec le Père,
annonçant !'Espri t, révélant ainsi l'Amou r Trinita ire et rouvran t à
l'homm e - qui s'en était écarté par sa révolte - la voie d'union
avec Dieu.
Le mystère de l'union en la Personne de Jésus-Christ des deux
natures , humaine et divine, sans confusion ni séparation, qui
assure la réalité profonde de notre salut et de celui du monde qui
nous entoure , a été formulé au Concile de Chalcédoine
(1v Concile, 451). Des conciles ultérieurs ont exprimé de même
l'union dans la personne du Christ des deux volontés et des deux
énergies (contre des hérésies nouvelles) [voir Déification*].
Pour que le miracle de l'Incarn ation se produise, il fallait que
l'homm e accueille Dieu. Marie est cet accueil. Le sein virginal de la
Mère de Dieu est le lieu des Noces du Fils de Dieu avec l'huma nité
pour accomplir Son œuvre de salut. C'est pourqu oi nous donnons
une place, incomparable à toute autre, à la Théotokos* (Mère de
Dieu).

108
ISRAËL

ISRAËL
C'est le nom, signifiant probableme nt : « Dieu lutte», « Dieu est
fort», qui fut donné par Dieu à Jacob, fils d'Isaac, petit-fils
d'Abraham , ancêtre des Douze Tribus, après sa lutte avec l' Ange,
au gué de Jabboq. C'est après ce combat que Jacob fut nommé
Israël, car il avait été « fort contre Dieu» (Genèse 32, 29).
Par extension, ce nom a été donné au peuple juif, peuple choisi,
nation consacrée, à qui furent accordés l'adoption filiale, les
Alliances, la Loi, le culte et la promesse de la venue du Messie.
Avec l'avènement de Jésus-Christ, le Messie attendu, l'Église est
appelée à être l'Israël spirituel, !'Israël de Dieu (Galates 6, 16),
peuple de l'Alliance Nouvelle (Hébreux 8, 8). En elle s'accomplit
le rassemblement des élus.

- Voir aussi GENTILS et TRmus o'IsRAËL.


JUDAÏSME
Le judaïsme est la religion des juifs, descendants des anciens
Hébreux et héritiers de leurs livres sacrés. C'est un mot qui vient
sans doute du nom de Juda, fils de Jacob, chef d'une des douze
tribus d'Israël. Le judaïsme est l'une des grandes religions
monothéistes (c'est-à-dire qui ne reconnaissent qu'un seul Dieu),
qui commence avec Abraham, trouve son développement avec
Moïse qui reçut de Dieu la Loi (Torah).

JUGEMENT
- Voir EscHATOLOG IE et PAROUSIE.

JUSTICE
!1 est souvent question de «justice» dans l'Ancien et le Nouveau
Testament. La justice y est mise en correspondance avec la foi, la
charité et la vie, et opposée au manque de foi, à la perversité et à la
mort. « Sur le sentier de la justice, la vie. La voie des pervers mène à
la mort (Proverbes 12, 28). »
Il s'agit donc de quelque chose de différent de ce qu'évoque
communém ent la justice exercée sur le plan humain, selon les
critères de droit et d'équité. Certes, la justice de ce monde est
indispensable, mais elle ne nous suffit pas.
Dans l'Écriture, la justice dépasse le droit et ses lois. Cela est
extrêmement important pour nous, car si, au Jour du Jugement* ,
JUSTICE

la justice purement humaine était appliquée, nous n'aurions guère


d'espoir en raison de nos nombreux péchés. Mais Dieu est amour
et Sa justice s'allie paradoxalement à Sa miséricorde. « Le Dieu
Saint révélera Sa Sainteté par Sa Justice (Isaïe 5, 16). » La Sainteté
de Dieu est le gage de Sa miséricorde.
Dans le Sermon sur la Montagne, le Seigneur dit : « Heureux
ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés
(Matthieu 5, 6). » C'est de la justice divine que l'homme a faim et
soif, celle que « tout homme peut désirer quand il tourne ses
regards vers l'Évangile : riche ou pauvre, serviteur ou maître,
noble ou esclave, aucune situation n'accroît ni ne diminue la vraie
justice» (Grégoire de Nysse).
Il est clair qu'à son propre niveau l'homme doit, à l'exemple du
Seigneur, exercer la justice envers les autres hommes, mais une
justice empreinte de miséricorde. Qu'on se souvienne à ce propos
de la parabole du débiteur impitoyable (Matthieu 18, 23).

***
Parlant de justice, il faut évoquer !'Épître de Paul aux Romains,
où il est dit : « Car en lui (l'Évangile), la justice de Dieu se révèle de
la foi à la foi, comme il est écrit : "Le juste vivra de la foi"
(Romains 1, 16). » Phrase mystérieuse qui a été (et reste encore) le
sujet de difficiles et souvent douloureuses méditations et contro-
verses (cela a été en particulier le cas pour Luther). Nous n'aurons
pas la témérité d'aborder les problèmes soulevés par les notions de
«justice» et de «justification» dans le contexte d'interprétations
légalistes du salut, telles que la doctrine de la «satisfaction».
Disons cependant que la justice de Dieu est pour nous bien
différente de la «justification» de l'homme par lui-même, fût-ce
par ses «bonnes» œuvres.
La notion de« mérite» est étrangère à la tradition orthodoxe. La
grâce et le libre arbitre de l'homme sont les deux pôles d'une même
réalité. La grâce n'est pas la récompense du mérite de la volonté
humaine, ni la cause de ses « actes méritoires». « La justice des
œuvres et la grâce de l'Esprit, en s'unissant ensemble, remplissent
de vie bienheureuse l'âme dans laquelle elles s'identifient», déclare
Grégoire de Nysse (cité par Vladimir Lossky, Théologie mystique de
l'Église d'Orient, op. cit., p. 194).
Une phrase de saint Irénée pourra nous guider dans nos

114
JUSTICE

réflexions à ce sujet. Paraphrasant Isaïe, il dit en effet que « les


hommes seront sauvés par la foi et la charité. Cette parole brève
résume la justice» (Prédication des Apôtres et ses preuves, 3, 87).

- Voir aussi GLOIRE et GRÂCE.


KÉNOSE
Ce mot grec, qui signifie « se vider», «s'anéantir», a trouvé son
sens chrétien dans le texte de l'Épître de saint Paul aux Philippiens
(2, 5-11) :

Mais Il S'anéantit Lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant


semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, Il
S'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une
croix.

Ainsi le Christ, en assumant la condition d'homme, S'est


dépouillé volontairement de Ses prérogatives. Il S'est abaissé, S'est
appauvri, mais - et c'est le grand mystère de la foi chrétienne -
cela, Il l'a fait tout en restant Dieu. Il est descendu dans la mort
pour la vaincre.
Dieu se «vide», devient vulnérable d'abord dans l'acte de la
création, puis dans l'Incarnation, et la mort et la descente aux
enfers. Il s'agit donc d'une kénose vivifiante, car le Christ, en
ressuscitant, nous fait participer à la Vie divine.
De là l'exigence de l'Évangile : nous serons un avec le Christ
dans la mesure ou nous nous «perdrons» nous-mêmes pour Lui,
c'est là notre propre « kénose » par la Croix (Marc 8, 34-36).

KONDAKION - IKOS
Autrefois on appelait kondakion une longue composition poéti-
que consacrée à une fête ou à un thème de l'année liturgique. Les
diverses strophes du kondakion constituaient un développement
KONDARION - IKOS

des thèmes théologiques évoqués par la fête célébrée. Le


kondakion commençait par une courte strophe d'introduction
appelée proemion et se poursuivait par une série de strophes plus
longues appelées ikos.
Dans la pratique actuelle, seule la strophe d'introduction
(proemion) s'est conservée, suivie du premier ikos. La strophe
d'introduction a pris le nom de kondakion. L'ensemble konda-
kion-ikos (au sens actuel du mot kondakion) a pris place dans
l'office des matines; le kondakion seul est présent dans d'autres
offices (en particulier à la Liturgie eucharistique).
Le kondakion évoque brièvement un ou plusieurs thèmes de la
fête; ces thèmes sont ensuite repris et développés davantage dans
l'ikos. (A.L.)
LAUDES
Ensemb le composé par les psaumes 148, 149 et 150, entre les
derniers versets desquels s'intercalent, les jours de fêtes, des
stichères. Les laudes ont leur place à la fin des matines, juste avant
le lever du jour, salué par la proclamation : « Gloire à Toi qui nous
as montré la lumière.»
Les psaumes et les stichères des laudes expriment une louange
triomphante du Créateur par chacune de Ses créatures, animée ou
non. (A.L.)

LITIE
Prière instante prononcée le plus souvent lors d'une procession.
La pratique liturgique actuelle en connaît deux sortes :
- litie des fêtes, constituée par une procession hors de l'église
ou du monastère (la procession se limite le plus souvent au
narthex), pen~ant que le chœur chante une série de stichères. Cette
procession est suivie d'une supplication avec invocation d'un grand
nombre de saints, et prière pour tous les besoins de l'Église et du
monde qui l'entour e;
- litie des défunts, pouvant avoir lieu en semaine à la fin des
matines et composée d'une série de tropaires de prière pour les
défunts, suivie d'une litanie instante.
Quelle qu'en soit la forme, la litie consiste surtout en une
supplication instante de l'Église pour ses membres et pour le reste
du monde. (A.L.)
LITURGIE

LITURGIE
I

« Liturgie» vient du mot grec leitourgia, qui signifie : « œuvre »,


« œuvre du peuple». Il s'agit en effet d'une œuvre commune,
puisqu'elle est présidée par le prêtre (qui représente l'évêque) au
nom du Seigneur, avec le peuple des fidèles, qui sont ses
co-liturges (c'est-à-dire qui célèbrent avec le prêtre, ils ne sont pas
passifs).
Le mot « liturgie » est généralement réservé à la célébration de
!'Eucharistie* (voir ce mot, qui veut dire : remerciements, action
de grâces, et aussi Liturgie eucharistique*) avec la consécration des
Saints Dons et la communion. La Divine Liturgie eucharistique
est célébrée dans les églises chrétiennes depuis l'époque où les
disciples, après la Pentecôte, « se montrèrent assidus à l'enseigne-
ment des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction
du pain et aux prières».
Il existe diverses traditions locales, mais la célébration de la
Liturgie eucharistique se conforme toujours, avec quelques
variantes, à un schéma identique qui remonte à la tradition des
Apôtres.
Dans l'Église orthodoxe, la liturgie la plus fréquemment
célébrée est celle de saint Jean Chrysostome. La liturgie de saint
Basile est célébrée tous les dimanches de Carême ainsi que la veille
de Noël et de la Théophanie, et le jour de la fête de saint Basile (l er
janvier), le Jeudi Saint et le Samedi Saint. La liturgie de saint
Jacques est la liturgie de l'Église de Jérusalem et elle peut être
célébrée ailleurs aussi le jour de la fête du saint. La liturgie de saint
Marc est celle de l'Église d'Alexandrie. En Carême, on célèbre,
sauf le samedi et le dimanche, la liturgie des Présanctifiés, au cours
de laquelle on participe aux Dons consacrés lors de la Divine
Liturgie eucharistique du Dimanche précédent.

*
**

124
LITURGIE EUCHARISTIQUE

II
Le mot grec leitourgia désignait dans l'antiquité païenne une
fonction ou un service publics. Ce terme en est venu à désigner
plus particulièrement le service du culte religieux, public dans la
mesure où il est destiné à l'ensemble du peuple.
Le terme chrétien de liturgie signifie prière et action de grâces,
adressées à Dieu par la totalité de Son peuple, c'est-à-dire l'Église.
Les célébrations liturgiques sont ordonnées selon les différents
cycles du jour, de la semaine et de l'année, et leur but est de
sanctifier chaque instant de la vie par la prière, c'est-à-dire, selon
les mots de l'apôtre Paul, de racheter le temps (Éphésiens 5, 16 et
Colossiens 4, 5), de prier sans cesse (1 Thessaloniciens 5, 17). Les
célébrations réparties entre les divers moments de la journée
constituent ainsi les jalons de la prière incessante recommandée par
l'apôtre. La prière de l'Église permet que le temps ne s'écoule pas
en vain, mais serve à la préparation de l'Avènement du Royaume.
(A.L.)

LITURGIE EUCHARISTIQUE
Célébration au cours de laquelle a lieu l'Eucharistie*, fondement
de l'Église et sacrement par excellence. Le mot eucharistie vient du
grec et signifie « action de grâces». Par la Liturgie eucharistique,
l'homme rend grâces à Dieu, Le remercie pour toutes choses.
Lors du dernier repas avec Ses disciples, Jésus leur a donné en
nourriture Son propre Corps et Son propre Sang (Matthieu 26,
26-29 et parallèles); Il leur a enjoint de répéter cet acte : « Faites
ceci en mémoire de Moi» (Luc 22, 19), engageant Sa présence à
chaque assemblée eucharistique. Ainsi, par la participation à cette
assemblée, les générations successives de fidèles reçoivent les
mêmes Corps et Sang du Sauveur.
La célébration se compose de deux parties principales : Liturgie
des Catéchumènes (ou de la Parole), et Liturgie des Fidèles. La
Liturgie de la Parole comprend essentiellement des lectures du
Nouveau Testament (Épître et Évangile), et une prédication. Sa
fonction est d'instruire dans la Parole de Dieu les catéchumènes
(ceux qui se préparent à recevoir le baptême) et les fidèles.
C'est au cours de la Liturgie des Fidèles, réservée en principe

125
LITURGIE EUCHARIS TIQUE

aux seuls baptisés, qu'a lieu !'Eucharis tie propreme nt dite. Le pain
et le vin, destinés à devenir Corps et Sang du Sauveur, ont été
préparés durant une cérémonie spéciale appelée préparatio n (ou
proscomidie, offertoire, prothèse) et qui a lieu avant le début de la
Liturgie des Catéchumènes. A la Grande Entrée, les dons ainsi
préparés sont solennellement apportés sur l'autel, en vue de leur
consécration. Celle-ci consiste en une longue prière appelée
Anaphore* (ou Canon eucharistique), et constituée de plusieurs
parties : action de grâces, mémoire des étapes successives de
l'œuvre de salut du Christ (en particulie r la Sainte Cène*), et enfin
invocation au Père pour qu'il envoie Son Esprit Saint sur les
fidèles et sur les dons. (A.L.)

LIVRES LITURGIQUES
Les fidèles orthodoxes s'étonnen t parfois du nombre de livres
liturgiques utilisés par le clergé et le chœur durant les offices. En
effet, le rite byzantin ne possède rien qui ressemble aux bréviaires
ou missels latins. Il a conservé la diversité de textes qui existait en
Occident avant les compilations du Moyen Âge. Un même office
exige l'emploi de plusieurs livres et une connaissance approfond ie
du Typicon (livre contenant le détail des règles à suivre dans la
célébration des offices).
Chaque office est composé d'une partie fixe et d'élément s
dépendan t du calendrier liturgique* : dates, fêtes, tons. Il
convient donc, lors de l'office, d'ajouter aux structures de base ce
qui correspon d au jour où l'office a lieu, ou même de supprime r
certains textes.
Les principau x livres liturgiques sont :
- les textes des Divines Liturgies (de saint Jean Chrysosto me,
de saint Basile et des Présanctifiés).
- l'Horologe, ou Prière des Heures, qui contient les offices
quotidien s (en dehors de la liturgie). Ces offices sont essentielle-
ment l'Orthros (c'est-à-dire les matines et les laudes), les Heures
(Prime, Tierce, Sexte, None), les Vêpres et les Complies.
- l'Octoèque, «livre des Huit Tons». Ce sont les textes
poétiques des différents offices, répartis sur huit semaines
correspon dant aux huit modes musicaux, chaque mode possédant
des textes qui lui sont propres.

126
LUMIÈRE INCRÉÉE

les Ménées, livres qui, pour chaque mois, contiennent jour


par jour les offices des fêtes fixes, en particulier celles des saints.
- l'Euchologe, rituel qui réunit les différents offices sacramen-
tels (baptême et chrismation, pénitence, mariage, funérailles,
pannychides, consécration d'une église, etc.) et des prières pour
diverses circonstances.
Tous les offices liturgiques comportent des récitations de
nombreux Psaumes (en entier ou en partie), réunis dans le
Psautier.
Les péricopes- passages- <l'Évangile et d'Épître lues au cours
de la Liturgie sont habituellemen t, comme les lectures de l'Ancien
Testament, tirées de la Bible. Elle font parfois l'objet de volumes
séparés.
Pendant la période qui précède Pâques, l'Église utilise un livre
particulier, le Triode; de Pâques à la Pentecôte, ce livre est
remplacé par le Pentecostaire.
Les fidèles disposent de divers recueils et manuels de prières
orthodoxes.

LOGOS
- Voir CHRIST, VERBE.

LUMIÈRE INCRÉÉE
- Voir ÉNERGIES DIVINES.

127
MAGES
- Voir ASTROLOGIE.

MESSIE
D•un mot hébreu qui veut dire : « consacré par une onction».
Christ (en grec, Christos) a le même sens. L'attente messianique a
traversé toute l'histoire d'Israël. Le peuple juif attend toujours le
Messie annoncé par les Prophètes de l'Ancien Testament, qui est
présenté parfois comme un messie terrestre, un oint de Dieu, un
roi issu de la maison de David, et parfois reçoit l'aspect d'une
figure céleste, un être surnaturel associé à Dieu davantage qu'aux
hommes.
Pour nous, il en va autrement : les prophéties de l'Ancien
Testament sont lues par les chrétiens à la lumière du mystère du
Christ, comme le Seigneur Lui-même l'a demandé : « Vous scrutez
les Écritures, ce sont elles qui témoignent de Moi» (Jean 5, 39).
C'est ainsi que sont compris en particulier les textes de l'Ancien
Testament qui annoncent le Messie : Jésus-Christ est le Messie
descendant de David, né à Bethléem, le Roi annoncé par Zacharie,
le Serviteur souffrant d'lsaïe, l'enfant Emmanuel annoncé par
Isaïe, le Fils de l'Homme d'origine céleste annoncé par Daniel. Ce
Messie est le Fils de Dieu, Deuxième Personne de la Trinité. Il l'a
attesté Lui-même au grand-prêtre qui L'interrogeait : « Es-tu le
Messie, le Fils de Dieu?», Jésus répondit : « Je Le suis» (Marc 14,
62).
MÉTANIE

MÉTANIE
Ce mot, qui vient du grec métanoïa, désigne la conversion de
l'âme, le repentir*, le retour, ou plutôt le «retournemen t». Ce
changement de sentiment, de direction, ce renversement de
perspective, ce «rétablissement» en quelque sorte, qui s'opère par
le repentir.
Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu avait dit par la bouche du
prophète Ézéchiel (33, 11) qu'Il ne veut pas la mort du pécheur,
« mais qu'il se convertisse et qu'il vive». Se repentir et vivre -
retour à Dieu dans et par l'Église - cela se fait par un sacrement qui
s'exprime par la confession*, et s'accomplit avec l'absolution*.
L'Église insiste très fortement sur l'union du corps et de l'âme,
et les fidèles manifestent leur humble repentir et leur sentiment de
la grandeur miséricordieuse de Dieu non seulement par un
mouvement de l'âme, mais par des gestes physiques, des
prosternations, appelées métanies. Il existe une petite métanie,
lorsque le fidèle s'incline et touche le sol de la main droite, et une
grande métanie lorsqu'il se prosterne complètement, posant le front
sur le sol.

MISÉRICORDE

Les différents mots hébreux et grecs que l'on traduit habituelle-


ment par miséricorde ont un contenu extrêmement riche que l'on
ne peut cerner qu'en réunissant la signification de termes comme :
tendresse venant des entrailles mêmes, pardon des infidélités,
patience, compassion, fidélité, bonté, grâce, clémence.
L'Ancien Testament retentit du cri des pécheurs qui implorent
la miséricorde de Dieu : « Aie pitié de moi dans Ta grande
miséricorde» (Psaume 50 [51]), et qui l'attendent dans
l'espérance : « Car éternelle est la miséricorde» (Psaume 135 [136])
du« Dieu de tendresse et de pitié, de grâce et de fidélité», comme
il s'est Lui-même défini à Moïse (Exode 34, 7). Cet aspect de Dieu
- lié à Sa Justice* et au repentir* (voir Pénitence*) de l'homme-
est ainsi souligné dans l'Ancien Testament où il signifie surtout la
patiente et exigeante fidélité* de Dieu à Israël.
Notre Seigneur Jésus-Christ proclame la bonne nouvelle de la

132
MYSTÈRE

miséricorde. Pour nous, chrétiens, la miséricorde de Dieu est donc


un don gratuit. C'est l'œuvre de Dieu, Père des Miséricordes (2
Corinthiens 1, 3), qui n'a pas rejeté pour toujours Sa créature
déchue, mais l'a guidée par la Loi, les prophètes, les saints et l'a
rachetée par Son Fils qui est mort pour nous « alors que nous
étions encore pécheurs» (Romains 5, 8) et qui est« doux et humble
de cœur » (Matthieu 11, 28). Il est notre « Grand-Prêtre*
miséricordieux» (Hébreux 2, 17) qui nous accorde Sa miséricorde,
à nous pécheurs (Matthieu 5, 7).
Le Christ nous prescrit d'être nous aussi miséricordieux comme
« votrePère est miséricordieux» (Luc 6, 36). L'amour de Dieu ne
demeure que dans ceux qui exercent envers tous la miséricorde (1
Jean 3, 17). Ainsi serons-nous jugés selon notre miséricorde
(Matthieu 25, 31-46).

MORT
- Voir EscttATOLOGIE.

MYRRHOPHORE

Porteuse de myrrhe. On désigne ainsi les femmes qui, après avoir


« regardé à distance» (Matthieu 27, SS) la Crucifixion du Seigneur,
se rendirent au tombeau le troisième jour, le lendemain du Sabbat,
pour oindre d'aromates le Corps de Jésus. C'est elles qui, les
premières, apprirent des anges la nouvelle de la Résurrection.
La présence parmi les myrrhophores de Marie de Magdala (ou
Marie Madeleine) est attestée par les quatre évangélistes. Marie,
mère de Jacques (selon les Synoptiques*), Salomé (selon saint
Marc), et Jeanne (selon saint Luc) et « d'autres femmes» (selon
saint Luc) l'accompagnaient depuis la Galilée.

MYSTÈRE

Selon le dictionnaire, ce mot signifie soit ce qui est tenu secret


(« empoigné par le silence»), réservé à des initiés, soit des dogmes*,
vérités de foi inaccessibles à la raison.

133
MYSTÈRE

Pour les chrétiens, le mot mystère s'applique à ce qui est au-delà


de la compréhension, donc de la définition et de l'explication, mais
c'est la réalité divine à laquelle ils participent non par l'intellect,
mais par la grâce du Saint-Esprit. Ainsi dit-on que !'Eucharistie et
les autres sacrements* sont des mystères. De même tout ce qui
concerne l'Incarnation du Christ, Sa mort et Sa Résurrection, et
qui constitue le mystère du salut. Saint Paul révéla aux Colossiens
la charge que Dieu lui avait confiée : « Réaliser chez vous, écrit-il,
l'avènement de la Parole de Dieu, ce mystère resté caché depuis des
siècles [ ... ] et qui vient d'être manifesté[ ... ], c'est le Christ parmi
vous (Colossiens 1, 25-27). »
Les Pères de l'Église* et les théologiens ont souvent fait allusion
au «mystère», « contemplation de l'invisible». Mais si notre Dieu
est un Dieu caché, ont-ils souligné, c'est aussi un Dieu qui S'est
révélé à nous comme Personne* et comme Amour : « révélation
d'un mystère enveloppé de silence aux siècles éternels, mais
aujourd'hui manifesté» (Romains 16, 25-26).
Ainsi donc, «mystère» ne signifie pas quelques doctrines
secrètes, réservées à une élite, ou des choses à jamais interdites et
incompréhensibles. Toute vérité nous a été révélée par le Seigneur
et la nouvelle en est donnée à tous les hommes dans les Écritures.
Ce qui est «caché», et qui reste «mystère», c'est le sens plénier
qui ne nous est pas encore entièrement connu, mais qui le sera
dans le Royaume, lorsque nous serons, en un mouvement
incessant vers Dieu, transformés de « clarté en clarté » et que se
révélera inépuisablement à nous le mystère de la Vie de la Sainte
Trinité.

- Voir aussi ÉGLISE et SACREMENTS.

134
OBLATION
L'histoire biblique nous renseigne sur l'universalité de l'oblation
ou offrande, sacrifice rituel, offrande d'animaux ou de produits du
sol, avec une diversité très grande de rites.
Le Christ est venu et S'est offert Lui-même en sacrifice pour
notre salut. Il est devenu l' Agneau immolé. Désormais, depuis
cette oblation du Fils de Dieu, il n'est plus besoin de sacrifices
sanglants. Nous avons été rachetés (Hébreux 9, 15-28).
Ce qui nous est demandé maintenant, ce sont des sacrifices
spirituels, agréables à Dieu (1 Pierre 2, 5). Et chaque fois que
!'Eucharistie* est célébrée dans l'Église, c'est l'oblation du
Seigneur qui est représentée dans ce mystère* : « Soyons attentifs à
offrir en paix la Sainte Oblation. »

- Voir aussi ANAPHORE, PRoscoMrnrn, ÜFFRANDE.

ODE
Ûde biblique : dans l'office des matines prend place un ensemble
de neuf cantiques ou prières tirés de !'Écriture Sainte. Cet
ensemble est appelé « canon » *. Chacune de ces prières a été
prononcée par un personnage de l'Ancien ou du Nouveau
Testament. Le contenu de ces prières se rapporte à l'avènement du
Messie; c'est pour cette raison que chacun de ces cantiques a été
choisi et intégré dans la prière de l'Église. La deuxième ode n'est
utilisée que pendant le Grand Carême. Il arrive que le canon ne soit
composé que de quelques odes, choisies parmi les neuf, les deux
dernières étant toujours présentes.
ODE

Le mot ode désigne aussi un ensemble de tropaires consacrés à la


fête ou au saint du jour, et intercalés entre les derniers versets des
odes bibliques. Le nombre des tropaires est variable selon les
canons. Le premier tropaire est appelé hirmos et le dernier,
consacré à la Mère de Dieu, théotokion.
Dans la pratique actuelle, les odes bibliques sont le plus souvent
omises et l'exécution du canon est réduite aux seuls tropaires.
(A.L.)

OFFRANDE
Don offert. Au cours de la Divine Liturgie, le prêtre prononce
ces paroles : « Nous T'offrons ce qui est à Toi, de ce qui est à Toi,
en toutes choses et pour toutes choses.» Nous reconnaissons ainsi
que tout ce que nous avons vient de Dieu. Comme le dit
!'Ecclésiastique (35, 9) : « Donne au Très-Haut comme Il t'a
donné.»
Aussi l'offrande est-elle l'acte sacrificiel le plus ancien : Caïn et
Abel présentèren t chacun son offrande à Dieu (Genèse 4, 3-4) qui
agréa l'une et rejeta l'autre. Durant toute son histoire, Israël offrit
à Dieu des offrandes - prémices, dîmes, sacrifices pour le péché.
Toutes ces offrandes étaient des préfiguratio ns du seul sacrifice
salutaire, celui du Seigneur Jésus qui S'offrit Lui-même « pour le
salut* des hommes» (Hébreux 9, 14).
Comme le dit une prière secrète du prêtre : « Car c'est Toi qui
offres et qui es offert, Toi qui reçois et qui es distribué, ô Christ
notre Dieu!» Dans la Liturgie qui commémor e l'unique Sacrifice
du Seigneur, nous offrons non seulement les Saints Dons (voir
Holocauste* et Oblation*), « offrande de paix, sacrifice de
louange», mais nous-même s, les uns les autres, et avec nous la
création tout entière. C'est cette offrande qui nous permet
d'accompli r le but de notre vie : la communion avec Dieu et avec
les autres.

~ Voir aussi ANAPHORE, EucHARISTIE , PRoscoMIDIE .

142
PANTOCRATOR
Ce mot grec signifie « Tout Puissant», littéralement : « Qui tient
toutes choses» ou « Maître de toutes choses». Il existe un type
d'icône dit « Christ Pantocrator» qui manifeste sous les traits du
Fils incarné la Majesté Divine du Créateur et Sauveur du monde,
Maître de toutes choses. Généralement peint assis sur un trône de
gloire, le Christ Pantocrator bénit de la main droite et tient dans la
main gauche un livre ou un rouleau sur lequel on peut lire des
versets du_ Saint Évangile. Cette icône illustre la vision prophétique
du Psaume 92 (93) : « Le Seigneur a établi Son royaume, Il s'est
revêtu de beauté. [ ... ] Car Il a affermi l'univers, et il ne sera pas
ébranlé.»
C'est un Christ Pantocrator qui est représenté dans l'icône de la
Déesis avec la Mère de Dieu et saint Jean-Baptiste à ses côtés,
intercédant auprès de Lui pour le monde, sur l'iconostase des
églises (voir Iconostase*).
De même, au centre de l'icône du Jugement dernier, on trouve
souvent une telle représentation du Christ Juge venu en Sa Gloire
juger les vivants et les morts.
L'icône du Christ Pantocrator est placée dans la coupole de
beaucoup d'églises. Les mosaïques et les fresques byzantines sont
souvent monumentales, ce qui accentue l'aspect de puissance du
Seigneur Maître de l'Univers.
C'est Lui le« Maître de tout», le« Verbe de Dieu», le« Roi des
Rois et Seigneur des Seigneurs», l'« Agneau qui se tient au milieu
du trône, qui sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux
de la vie» dont parle le livre del' Apocalypse (7, 17). Il est« l'image
du Dieu invisible,[ ... ] c'est en Lui qu'ont été créées toutes choses,
PANTOCRATOR

[ ... ] les visibles et les invisibles, [ ... ] car Dieu s'est plu à faire
habiter en Lui toute la Plénitude» (Colossiens 1, 15-19). Celui qui
« était au commencement [ ... ] avec Dieu. [ ... ] Tout fut par Lui et
sans Lui rien ne fut. Ce qui fut en Lui était la vie, et la vie était la
lumière des hommes (Jean 1, 1). » Le Christ, Maître de toutes
choses, juste Juge, est aussi Dieu miséricordieux qui aime les
hommes et dont l'amour nous est toujours offert.

PARASCÈVE
Veille ou «préparation» du Sabbat, c'est-à-dire le vendredi. La
semaine, qui rythme l'activité de l'homme, a toujours dans la Bible
une signification et un rôle importants, car elle a pour modèle
l'activité créatrice de Dieu.
Comme Dieu S'est «reposé» au septième jour de Sa Création,
c'est le septième jour de la semaine, le samedi ou Sabbat, qui dans
l'Ancien Testament était le jour du repos et de la sanctification. Il
en est ainsi encore aujourd'hui .pour les juifs.
Pour les chrétiens, c'est le jour de la Résurrection de
Jésus-Christ, le Dimanche, qui est le premier jour, le jour du
Seigneur. Il commence la semaine et annonce le Jour de la Seconde
Venue de Notre Seigneur, la Parousie*.
Quant au vendredi, il a lui aussi sa signification propre comme
chaque jour de la semaine. Il commémore le Vendredi Saint, Jour
de la Crucifixion du Seigneur, et les textes liturgiques de ce jour le
rappellent.
Une sainte très vénérée, particulièrement en Russie et en Grèce,
s'appelle sainte Parascève (ou Prascovie), nom qui est la traduction
du mot grec qui veut dire« préparation» (du Sabbat). Le tropaire
chanté le jour de sa fête (26 juillet) souligne qu'elle avait bien
mérité son nom, étant toujours «prête» au combat pour la foi et à
faire de sa vie une offrande*, comme le Christ sur la Croix, le
Vendredi Saint.

PAROUSIE
D•un mot grec qui veut dire «présence». L'Église attend la
Parousie, la Seconde Venue du Seigneur. Elle l'attend et elle« s'en

146
PASSION DE NOTRE SEIGNEUR

souvient» (voir Anamnèse*), c'est dire qu'il ne faut pas, à ce


propos, penser en termes de temps humain, de temps «clos».
Lors de l' Ascension du Seigneur, deux anges apparurent aux
apôtres qui regardaient vers le ciel et leur dirent :

Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ?


Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la
même manière dont vous L'avez vu partir vers le ciel (Actes 1, 11).

Ce Second Avènement du Christ, le Jour du Seigneur, sera un


jour de gloire, il marquera le triomphe du Christ sur toutes les
forces du mal, l'inauguration du Royaume de Dieu. En ce jour,
tous les hommes ressusciteront avec un corps transfiguré et toute la
création sera transformée : nouvelle terre et nouveaux cieux.
Ce jour sera aussi celui du Jugement*, quand le Seigneur
« reviendra en gloire juger les vivants et les morts» (Credo* ;
Matthieu 25, 31; Romains 2, 5-11).
Il ne convient pas de spéculer sur la date ou sur la manière de
cette venue. Le Seigneur a Lui-même mis en garde ses disciples
contre le désir de savoir quand aurait lieu la Parousie (Matthieu 24,
36). Mais nous devons nous y préparer en sachant que s'il est le
Juste Juge, il est aussi le Dieu de miséricorde* dont l'amour est
toujours offert aux hommes, pour peu qu'ils s'ouvrent à cet amour.
La Parousie a un double aspect : redoutable, car nous serons jugés
- plein d'espoir, parce que la Venue du Christ inaugurera
définitivement le Royaume de Dieu.

Ainsi le Christ apparaîtra une seconde fois [ ... ] à ceux qui l'attendent
pour leur donner le salut (Hébreux 9, 28).

PASSION DE NOTRE SEIGNEUR


Jésus-Christ Lui-même a annoncé à Ses disciples, à plusieurs
reprises, que « le Fils de l'Homme devait beaucoup souffrir, et être
rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes, être mis à
mort, et, le troisième jour, ressusciter» (Luc 9 ; Marc 8 ; Matthieu
16).
Tous les événements qui concernent ces souffrances, le mystère
de la mort d'une des Personnes de la Trinité*, du Dieu fait
homme, sur la Croix, Sa descente aux Enfers*, tout cela est ce que

147
PASSION DE NOTRE SEIGNEUR

l'on appelle les trois jours de la Passion de Notre Seigneur (le


Triduum Pascal). L'un des mystères les plus profonds de notre foi
est cette humiliation et cette mort du Fils de Dieu qui est pourtant
dans la gloire* de toute éternité. Au Jardin des Oliviers, il a pleuré,
prié, demandé au Père que ces souffrances et cette mort Lui soient
épargnées, que « cette coupe s'éloigne», puis, immédiatem ent
après, Il a dit : « Toutefois non pas ce que Je veux, mais ce que Tu
veux» (Matthieu 26, 39-40). Et Il a accepté les injures, les
soufflets, la souffrance et la mort.
Le Père Lev Gillet a écrit :

[La Nature humaine de Jésus dans Sa Passion] fait l'expérience de tous


les assauts, tous les ébranlements dont notre nature est susceptible, Sa
Nature divine reste pourtant fixée dans la paix parfaite. [... ]«Il n'y a pas
de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime.» En
cette phrase est contenue l'explication la plus complète, la plus profonde
de la Passion du Sauveur. Le plus grand amour est maximal. Il exige le
don qui va jusqu'à la mort. Le Golgotha : non une exigence de justice,
une exigence d'amour. (Jésus, simples regards sur le Seigneur, Chevetogne,
1967, p. 164-165).

Ainsi, la Croix de souffrance est également la Croix de lumière


par quoi « la joie vient dans le monde» (matines).

PATÈNE
En grec diskos; c'est un plateau rond, sur lequel le prêtre place
!'Agneau, la partie centrale de la prosphore, qui seul sera consacré
comme Corps du Christ. D'autres parcelles sont ensuite placées à
côté et au-dessous de l' Agneau, pour représenter la Mère de Dieu,
saint Jean-Baptiste, les prophètes, les apôtres, les martyrs, les
saints, l'épiscopat, les vivants et les morts. (A.L.)

PÉNITENCE
Le Vocabulaire de théologie biblique (Cerf) comporte une notice
extrêmement utile sous la rubrique «Pénitence/Conversion».
Nous y renvoyons le lecteur qui voudrait approfondir les diverses
significations bibliques de ces termes. On distingue dans cette
notice les notions de repentance morale, de retourneme nt intérieur

148
PÉNITENCE

(métanoia : le repentir, la pénitence) et de conversion, qui exige


qu'on se détache des idoles pour se tourner (epistrephein) vers le
Dieu Vivant. De ce retour à Dieu doit résulter un changement de
la conduite pratique.
Pour certains catholiques romains aujourd'hui, le terme de
pénitence évoque plutôt les aspects de «satisfaction» et d' « expia-
tion» de la pénitence, telle qu'elle a été précisée au Concile de
Trente (xvie siècle).
Les orthodoxes ne se sentent guère à l'aise avec ces notions
quelque peu juridiques de «satisfaction» qui d'ailleurs, si elles
représentaient jadis un ensemble d'actes ascétiques, ne consistent
plus de nos jours qu'en la récitation de quelques prières.
Le terme de «repentir» est en conséquence préféré à celui de
«pénitence» par certains orthodoxes, mais le mot «pénitence»
n'est toutefois pas écarté des livres et des textes écrits ou traduits
par des orthodoxes français contemporains, textes dans lesquels
nous retrouvons côte à côte les mots de« pénitence» et« repentir».
Ainsi lisons-nous dans L'Église orthodoxe, d'O. Clément (op.
cit., p. 104) :
Pour la confession il n'y ni confessional ni «satisfaction» juridique, le
prêtre et le pénitent se tiennent côte à côte devant un pupitre où se
trouvent la Croix et les Évangiles. Le prêtre écoute plus qu'il n'interroge,
puis il tente de soigner et de guérir, d'adapter à l'âme souffrante la grâce
de !'Esprit.

Le Père André Borrély souligne dans L'Homme transfiguré


(Paris, Le Cerf, 1975, p. 160) :
C'est comme un sacrement de la miséricorde divine que l'Église« sent»
le sacrement de la pénitence.

Le Père Lev Gillet parle ainsi du Dimanche du Pharisien et du


Publicain, premier des quatre dimanches avant le Carême (Année
de Grâce du Seigneur, Beyrouth, Éditions An-Nour, 1972, vol. 1,
p. 12):
Ce dimanche pourrait être considéré comme une porte, une porte par
laquelle nous entrons dans la période sacrée qui nous conduit à Pâques,
qui nous donne accès à l'atmosphère de pénitence, à la vie de pénitence que
le Carême devrait apporter à chacun de nous. [... ] Le Pharisien manque
de repentir et d'humilité.
- Voir aussi REPENTIR et notre AVERTISSEMENT.

149
PÈRES DE L'ÉGLISE

PÈRES DE L'ÉGLI SE
Tous les auteurs chrétiens des premiers siècles de notre ère ne
sont pas placés sur le même plan. Parmi ceux qui sont considérés
comme les véritables« Pères» de l'Église, vénérés et aimés comme
tels et dont l'autorité et la sainteté font d'eux des témoins
privilégiés de l'enseignement et de la Tradition *, on peut citer
saint Irénée, saint Grégoire de Nazianze, saint Basile le Grand,
saint Jean Chrysostome (ces trois derniers étant les« Trois Grands
Hiérarque s»), saint Grégoire de Nysse, saint Jean Damascène,
saint Maxime le Confesseur, saint Syméon le Nouveau Théologien
et bien d'autres encore. La liste n'est pas close et notre époque
produira peut-être de nouveaux« Pères», car l'Esprit est toujours à
l'œuvre.
Citant la phrase du Père Georges Florovsky : « L'Église est
véritablement apostolique, mais elle est aussi véritablement
patristiqu e», le père Jean Meyendorff a souligné (Colloque de Juin
1983 du Centre orthodoxe du patriarcat œcuménique à Chambésy)
qu'on ne peut demeurer fidèle à l'Évangile sans savoir comment les
Pères eux-mêmes l'ont défendu. Nous les appelons« Pères», parce
que l'Église les a reconnus comme étant ceux qui ont su défendre la
vraie foi lors de toutes les controverses et qui ont su la transmett re
dans un langage compris de leurs contemporains.
Rappelons qu'il ne suffit pas d'étudier les écrits des Pères d'une
manière intellectuelle. Il nous faut plonger dans l'expérience vécue
et véritable de l'Église qui est à la source même de ce que les Pères
ont écrit eux-mêmes en leur temps et qui doit être celle à laquelle
nous devons boire nous aussi aujourd'hui.

PÉRICHORÈSE
- Voir PERSONNE , TRINITÉ et CATHOLIC ITÉ.

150
PERSONNE

PERSONNE
(Hypostase)

Nous entendons souvent à l'église l'expression : « Un Dieu en


trois Personnes», nous savons en effet que notre Dieu est un Dieu
personnel, pas une seule personne, mais une trinité de trois
Personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Dieu n'est pas
seulement unité, mais union, car les personnes divines sont« unies
sans confusion; distinctes, cependant non divisées» (Jean Damas-
cène). Chacune des trois personnes de la Trinité demeure dans les
deux autres en raison d'un perpétuel mouvement d'amour (ce que
désigne le mot périchorèse, qui signifie interpénétration, réciproci-
té, flux de vie).
Dieu est une essence en trois personnes. Dans cette expression,
le mot «personnes» est souvent remplacé par «hypostases»
(personne vient du latin persona : «masque», et correspond au mot
grec hypostasis: «ce qui se tient dessous, ce qui soutient»). De
même, il est dit que l'union des deux natures en Christ - la nature
divine et la nature humaine - est une union «hypostatique»,
c'est-à-dire de la personne. Nous ne pouvons ici entrer dans des
explications difficiles de ces termes, ni étudier la distinction entre
nature et personne, mais il faut comprendre que dans la théologie
orthodoxe, l' «hypostase» désigne la «personne» et que « Dieu
s'est fait homme pour nous communiquer la plénitude de
l'existence personnelle ».
En effet, ces mots s'appliquent aussi aux hommes. Tous les
hommes ont une nature commune qui nous apparaît morcelée par
le péché, divisée en de nombreux individus. Or, il ne faut pas
confondre, comme nous le faisons trop souvent, «individus» et
«personnes». Individus, parcelles de la nature humaine déchue,
nous le sommes qui appelons liberté la soumission aux caprices,
aux désirs, aux passions et à la volonté propre, qui affirmons notre
nature, l'opposant aux autres comme notre «moi» égoïste et
séparé. Tout cela est cause de souffrance et de mort. Mais nous ne
sommes pas seulement cela.
Nous sommes, ou plutôt nous devenons, des personnes en nous
greffant sur le Corps du Christ et en recevant l'onction de l'Esprit
par le baptême, la chrismation, c'est-à-dire les sacrements et la vie
de l'Église. C'est en tant que personne que l'homme doit
s'accomplir et devenir libre vis-à-vis de la nature commune pour ne

151
PERSONNE

pas être déterminé par elle. Pour que quelqu'un soit réellement, il
faut qu'il soit une personne (hypostase) et qu'il soit en relation de
communion (périchorèse) avec Dieu et avec les autres, car la
personne humaine, à l'image de chacune des Personnes Divines,
n'existe qu'en relation avec les autres personnes.
La personne est créée à l'image de Dieu, chacune est unique,
indéfinissable, irremplaçable. C'est dans l'Église que l'unité
primordiale des hommes en tant que personnes sera rétablie
comme Corps du Christ, reflet de la vie divine des Personnes de la
Sainte Trinité.
Et cela, parce que la personne n'est pas une entité statique,
fermée sur elle-même, mais une réalité dynamique appelée à
réaliser librement sa ressemblance divine. Elle se détermine par sa
relation universelle de communion avec Dieu et avec les autres.
Elle est appelée à connaître Dieu et à prendre part à sa vie. En tant
qu'image de Dieu, l'homme est un être personnel en face d'un
Dieu personnel. L'image de Dieu, c'est l'homme en tant que
personne. Faire son salut, c'est recevoir la vie de la Trinité, c'est se
faire à l'image de la Trinité dans la communion de tous.

- Voir aussi TRINITÉ.

PHILOC ALIE
--+ Voir HÉsYCHASME .

PORTES ROYALES
- Voir IcoNOSTASE.

PRÉCURSEUR
Celui qui « vient avant», qui «annonce» . Jean-Baptiste est
nommé le Précurseur de Notre Seigneur, car il fut le Prophète qui
annonça aux hommes l'apparition du Messie* Notre Seigneur
Jésus-Christ.
Il est venu peu avant Lui, parcourant la région du Jourdain,

152
PRÉTOIRE

prêchant un baptême de repentir pour la rémission des péchés,


disant :

Je suis la voix qui crie dans le désert : « Aplanissez le chemin du


Seigneur » (Isaïe 40, 3 ; Jean 1, 23).

Aux foules qui lui demandaient s'il était le Messie attendu, le


Christ, Jean répondit :

Pour moi, je vous baptise avec de l'eau, mais Il vient, Celui qui est plus
puissant que moi. [... ] Lui vous baptisera dans }'Esprit Saint et le Feu
(Luc 3, 16).

Et encore, en voyant Jésus venant à lui :

Voici l' Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. C'est de Lui que
j'ai dit : « Il vient après moi un Homme qui est passé devant moi parce
qu'avant moi Il était.» [ ... ] Oui, j'ai vu et j'atteste que c'est Lui, l'Élu de
Dieu (Jean 1, 29-30; 34).

Fils du prêtre Zacharie et d'Élisabeth, qui était stérile, cousine


de Marie, Mère de Notre Seigneur, il eut une conception
miraculeuse. Après l' Annonciation, Marie se rendit auprès
d'Élisabeth qui était enceinte et aussitôt que celle-ci entendit la
salutation de Marie, l'enfant« tressaillit dans son sein» et elle« fut
remplie du Saint-Esprit». Elle dit :

Tu es bénie entre toutes les femmes et le Fruit de tes entrailles est béni,
et comment m'est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi
(Luc 1, 42)?

C'est Jean-Baptiste qui baptisa Notre Seigneur Jésus au


Jourdain. Jésus rendit à plusieurs reprises témoignage au Baptiste
qu'Hérode fit emprisonner puis mettre à mort.
Avec-} ean le Baptiste s'achève l' Ancienne Alliance et commence
la Nouvelle.

PRÉTOIRE
C•est-à-dire la résidence du préteur. Le gouverneur (ou procura-
teur) de Judée, qui résidait normalement à Césarée, s'installait
habituellement dans le Prétoire lorsqu'il montait à Jérusalem et y

153
PRÉTOIRE

avait son tribunal. C'est là qu'eut lieu le procès romain du


Seigneur.

PRÊTR E
- Voir SACERDOCE et HIÉRARCHIE.

PRIÈRE
L'apôtre Paul nous enjoint dans son Épître aux Thessaloniciens
de prier sans cesse ( 1 Thessaloniciens 5, 17). Dans une autre épître
(1 Timothée 2, 1-8), il indique divers aspects de la prière :

Je recommande [ ... ] qu'on fasse des prières, des supplications, des


demandes et des actions de grâces. [... ] Voilà ce qui est bon et ce qui plaît
à Dieu notre Sauveur, Lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennen t à la connaissance de la vérité.

Le Seigneur lui-même a utilisé ces différents modes de prière,


nous en a donné l'exemple. Il nous faut prier en tout temps, en
tout lieu, en toute occasion pour demander, supplier, implorer le
pardon des fautes, promettre , remercier, rendre grâces (voir
Action de grâces*) ... et parfois seulement balbutier. Saint Isaac le
Syrien (vue siècle) dit que la prière est une conversation qui se fait
avec Dieu en secret. Il s'agit bien - tous les Pères de l'Église le
répètent - d'un rapport personnel de l'homme avec Dieu. « C'est le
lien des créatures raisonnables avec leur Créateur (Grégoire
Palamas). »
Ce rapport est personnel mais pas individuel, ce qui veut dire,
comme le souligne le Père Georges Florovsky, que la prière privée
n'est possible que dans le contexte de la prière ecclésiale. « Personne
n'est chrétien par soi-même, mais seulement en tant que membre
du Corps du Christ. Même dans la solitude de sa chambre, un
chrétien prie comme membre de la communauté rachetée de
l'Église.» (Prayer, private and corporate, cité par T. Ware, in
L'Orthodoxie, p. 403.) Il s'agit d'une participation à la vie divine, à
la vie trinitaire. Nous formons tous ensemble un seul corps, tout
en conservant chacun notre réalité personnelle. Pour être une
personne véritable, nous devons être en communion avec Dieu et
avec tous les autres.

154
PRIÈRE

Les prières traditionnelles que les fidèles font chez eux viennent
en grande partie des textes liturgiques et des Saintes Écritures. Il
existe divers livres et manuels de prières orthodoxes. Il faut savoir
cependant que les textes liturgiques eux-mêmes ne sont pas des
œuvres collectives. Presque tous ont été composés par des hommes
(ou des femmes) qui sont souvent connus. Nous sommes déjà ici
dans la communion des saints*. La lecture des Écritures - les
Évangiles et les Psaumes en particulier - fait partie de notre vie de
prière. La prière liturgique et la prière privée se complètent, elles
ont le même but : l'union avec Dieu de l'âme purifiée.
Le corps aussi est impliqué dans l'acte de la prière : les gestes
qui l'accompagnent y font participer tout notre être. Un spirituel
contemporain, l'évêque Antoine, qui a écrit des pages remar-
quables sur la prière, insiste sur le fait que la vie et la prière sont
inséparables :
Une vie sans prière est une vie qui ignore une dimension essentielle de
l'existence. [... ] La valeur de la prière consiste à découvrir, à affirmer et à
vivre le fait que tout a une dimension d'éternité et que tout a une
dimension d'immensité. [... ] Ne pas prier, c'est laisser Dieu en dehors,
l'exclure, et non seulement Dieu, mais tout ce qu'Il signifie pour le
monde qu'Il a créé, le monde où nous vivons.

Pour apprendre à prier, il faut tout d'abord, dit-il, se faire


solidaire de toute la réalité de l'homme, de sa destinée et du monde
entier. Et c'est l'acte essentiel que Dieu a accompli dans
l'Incarnation. « C'est là l'aspect total de ce que nous appelons
intercession.»
Nous prions les saints* et les anges* d'intercéder pour nous.
Nous prions pour nous-mêmes et pour les autres, pour les vivants,
pour les morts (voir à ce sujet Eschatologie*), « pour ceux qui nous
aiment et ceux qui nous haïssent». Notre prière doit être comprise
comme un engagement. Nous ne pouvons pas prier en vérité pour
ceux que nous ne serions pas prêts à aider nous-mêmes.
Le sens de la prière serait incompréhensible sans la confiance de
celui qui prie en la puissance de la prière, en la force du Christ
opérant par !'Esprit. Saint Jean Cassien, citant les paroles du
Seigneur : « Tout ce que vous demandez en priant, croyez que
vous l'avez déjà reçu et cela vous sera accordé» (Marc 2, 24); « Si
vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à
cette montagne : Déplace-toi d'ici à là et elle se déplacera, et rien
ne vous sera impossible» (Matthieu 17, 20) ; « Demandez et l'on

155
PRIÈRE

vous donnera; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous


ouvrira» (Luc 11, 9); et encore « Tout ce que vous demander ez
dans une prière pleine de foi, vous l'obtiendr ez» (Matthieu 21, 22)
- ajoute : « Car ce qui nous vaut d'être exaucés et d'obtenir
satisfaction, c'est la foi au regard de Dieu sur nous, et la confiance
qu'Il a le pouvoir d'accorde r ce qu'on lui demande .» Quand le
Seigneur dit : « Lorsque deux ou trois [ ... ] sont réunis en mon
nom, je suis là au milieu d'eux» (Matthieu 18, 20), c'est le Christ
total qui est présent, c'est-à-dir e l'Église passée, présente et à
vemr.
Saint Jean Cassien rappelle que « nulle pensée de désespoir ne
doit venir ébranler la fermeté de notre foi, lorsque nous nous
apercevro ns que nous n'avons pas obtenu ce que nous deman-
dions; et ne doutons pas de la promesse du Seigneur» . Il faut
revenir à cette parole de l'évangéliste Jean à ce sujet : « Nous avons
en Dieu cette assurance que, si nous demando ns quelque chose
selon sa volonté, il nous écoute (1 Jean 5, 14). » Aussi notre foi
confiante doit-elle nous faire ajouter à toutes nos prières, à la suite
du Christ lui-même : « Non pas comme je veux, mais comme Tu
veux» (Matthieu 26, 39). Nous manquon s, quant à nous, souvent
de clairvoyance dans nos demande s; c'est pourquoi nous devons
tout remettre entre Ses mains.
Un autre effort nous est demandé : celui de nous laisser
transform er par le fait même de prier. En effet, tels nous voulons
être au moment de la prière, tels il faut nous efforcer de nous
rendre auparavan t.
Ce ne sont pas nos émotions, nos sentiment s, qui font la bonne
prière. Théophan e le Reclus dit à ce propos :
Ne cherchez pas si vos émotions ont été profondes ou si vous
comprenez mieux les choses divines. Demandez-vous : Est-ce que
j'accomplis mieux qu'avant la volonté de Dieu? Si oui, la prière a porté
ses fruits, si non, elle est passée à côté de son but.

*
**
La seule prière que le Christ lui-même nous ait donnée est la
prière du Seigneur : « Notre Père ... » que nous répétons chaque
jour et qui, selon saint Jean Cassien, renferme toute plénitude de
perfection . Nous conseillons au lecteur de lire ce que le Père Boris
Bobrinsko y a écrit au sujet de cette prière dans Dieu est Vivant,

156
PRIÈRE

p. 468. Voir aussi dans ce même livre le texte de la prière de


Carême dite« de saint Ephrem», p. 464, un commentaire de cette
prière ainsi que plusieurs autres prières.

*
**
La prière de Jésus est une courte invocation profondément
enracinée dans l'esprit de l'Évangile et qui tient une place
importante dans la vie des orthodoxes (voir Hésychasme*).

*
**
La vie des moines, il faut s'en souvenir, est consacrée à la prière,
« art des· arts et science des sciences ». Ils prient pour le monde
entier. Le patriarche Justinien de Roumanie a souligné un aspect
important de cette prière perpétuelle : « Les moines accomplissent
le devoir de prière en faveur de ceux qui ne savent pas, ne veulent
pas ou ne peuvent pas prier, et spécialement de ceux qui n'ont
jamais prié.»

*
**
Voici pour conclure le texte d'une très belle prière du matin écrite
au x1x• siècle par Philarète, métropolite de Moscou - exemple
parmi d'autres de la permanence de la création liturgique dans
l'Église :

Accorde-moi, Seigneur, d'accueillir dans la paix le jour qui se lève ;


aide-moi en toutes choses à m'appuyer sur ta sainte volonté; à chaque
heure du jour révèle-moi quelle est ta volonté. Bénis mon comportement
avec mon entourage ; apprends-moi à accepter d'une âme sereine tous les
imprévisibles de la journée et donne-moi la conviction profonde que rien
n'arrive que ce ne soit avec ton agrément. Guide mes pensées et mes
sentiments dans toutes mes paroles et toutes mes actions, et que je me
souvienne que tout événement imprévu l'est avec ton accord. Apprends-
moi à agir avec fermeté et sagesse, sans exciter d'amertume ou de gêne
chez les autres. Donne-moi la force de supporter toutes les fatigues de
cette journée ; dirige ma volonté; apprends-moi à prier, prie toi-même en
moi. Amen.

157
PRIÈRE DU CŒUR, PRIÈRE DE JÉSUS

PRIÈRE DU CŒUR
PRIÈRE DE JÉSUS
~ Voir HÉSYCHASME.

PROSCOMIDIE
(ou prothèse)

Ûffice qui se déroule au début de la Liturgie* eucharistique sur


une table située derrière l' Autel* et à sa gauche (du point de vue
des fidèles). C'est l'office de la préparation des Saints Dons
destinés au Sacrifice, ou oblation*, évoquant l'immolation de
l' Agneau et le sacrifice du Seigneur sur la Croix. C'est en quelque
sorte la préfiguration du sacrifice que la Liturgie* (voir aussi
Anamnèse* et Eucharistie*) actualise.
De très nombreuses références à l'Ancien Testament, aux
Évangiles, aux Épîtres sont faites pendant la préparation des
prêtres et l'office de la proscomidie (par exemple, Exode 15, 6-7;
Psaume 5, 16 [17], 17 [18], 25 [26], 44 [45], 92 [93], 118 [119], 131
[132], 132 [133]; Isaïe 53, 7; 61, 10; Jean 1, 29; 29, 34-35;
Matthieu 2, 1, etc.).
Au cours de cet office, le prêtre découpe et détache d'une
prosphore (voir Saints Dons*) un cube de pain appelé Agneau qui
sera consacré lors de la Liturgie des fidèles, le place sur la patène
(disque), y joint un certain nombre de parcelles extraites des autres
prosphores et de celles apportées par les fidèles. D'autre part, le
diacre (ou le prêtre) verse dans le calice du vin mêlé d'eau, qui, lors
de l'épiclèse*, sera transformé et deviendra le Sang du Christ.
Pendant que le prêtre accomplit les gestes requis par la
proscomidie, il récite des versets de la prophétie d'Isaïe (chapitre
53) qui préfigurent la Passion du Seigneur. Il termine par une
prière demandant au Père de bénir la prothèse, de l'accepter sur
Son Autel céleste et de garder célébrants et fidèles « sans reproche
dans l'accomplissement des Saints Mystères».

158
PROPITIATOIRE

PROPHÈTE
Un prophète est un homme choisi par Dieu pour annoncer, par la
grâce de l'Esprit, Sa Parole et Sa loi au peuple.
Nombreux ont été les prophètes dont nous lisons les exploits et
les épreuves dans l'Ancien Testament. Parmi eux : Moïse, Samuel,
David, Élie, Élisée, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Jonas,
Habacuc, Osée, Michée, Joël, Malachie.
A Sa venue, Notre Seigneur fut entouré de prophètes :
Zacharie, Syméon, la prophétesse Anne, et surtout Jean le
Baptiste, le Précurseur* qui surent voir en Lui Celui qui devait
venir, le Messie, le Salut du Monde. Lui-même, Jésus, fut parfois
appelé prophète par les foules (Matthieu 16, 14), mais Il est
au-dessus de toute la lignée des prophètes, puisqu'il est le Verbe*,
la Parole même de Dieu faite chair.

PROPITIATOIRE
Le mot propitiation signifie «couvrir», « faire expiation»,
«effacer», « qui a la vertu de rendre propice», c'est-à-dire
favorable. Dans le Temple*, le propitiatoire était une table d'or se
trouvant au-dessus del' Arche* (Exode 25, 17). Le Grand-Prêtre*
y accomplissait le rite sacrificiel, l'aspersion de sang. Propitiation
est parfois rendu par «expiation» (Lévitique 16), «purification»,
pour rendre « Dieu propice» ou plutôt l'homme agréable à Dieu.
L'Épître aux Hébreux (5, 7) assimile le rôle rédempteur du
Christ à la fonction du Grand-Prêtre au « jour de l'expiation»,
compris comme «supplication», «intercession», «pardon». De
même, l'évangéliste Jean, dans sa première Épître (2, 1-2) écrit :
« C'est Lui qui est victime de propitiation pour nos péchés.» Le
psaume 129 [130] (3-4) le soulignait déjà :

Si Tu regardes les fautes, Seigneur, Seigneur, qui pourra tenir? Mais


auprès de Toi se trouve la propitiation.

- Voir aussi ARCHE o'ALLIANCE, TEMPLE et TENTE.

159
PROSPHORES

PROSPHORES
- Voir PRoscoMrnIE et SAINTS DoNs.

PROTHÈS E
- Voir PRoscoMIDIE.

PROVIDE NCE
Ce mot est souvent employé pour désigner l'action de Dieu dans
le monde, la suprême Sagesse de Dieu qui conduit toutes choses,
ou même Dieu Lui-même, qui aide et protège. Ainsi, la
Providence est vue comme participation de Dieu à notre vie.
Notion très différente de celle du «destin» inéluctable des païens,
puisque Dieu respecte la liberté de l'homme, qui peut accepter ou
refuser la v.oie que Dieu propose.

PSALMISTE
Ün appelle «psalmistes» les auteurs inspirés des cent cinquante
psaumes contenus dans le livre des Psaumes de l'Ancien
Testament. On attribue de nombreux psaumes à David, « le
chantre des cantiques d'Israël» (2 Samuel 23, 1).
Les psaumes résument toute !'Écriture, et les chrétiens y lisent
l'annonce des mystères du Christ, de l'Église et de ses sacrements.
Les souffrances, le repentir, la supplication, la joie, les actions de
grâces, la louange, chantés dans les psaumes, sont les nôtres. C'est
pourquoi les psaumes ne sont pas des textes appartenant seulement
au passé, mais occupent une très grande place dans les offices
liturgiques et la vie des orthodoxes.

160
RÉDEMPTION
D'un mot latin qui veut dire «rachat». L'homme avait été créé
par Dieu à Son image et à Sa ressemblance, pour participer à la Vie
divine. Il devint, par la chute, esclave du péché et de la mort, et la
ressemblance s'est, en quelque sorte, ternie. C'est de cela, de ce
péché et de cette mort, que Dieu a voulu le sauver.
Il n'a cessé de veiller sur lui, et lui a envoyé les prophètes* pour
annoncer le salut à venir. Comme le dit Isaïe (63, 9) : « Dans Son
Amour et Sa tendresse, Il les rachetait Lui-même. » Dieu
Lui-même S'est incarné, a pris notre chair, nous a sauvés par Sa
Passion* et Sa Résurrection* : « Vous avez été bel et bien
rachetés», dit saint Paul (1 Corinthiens 6, 20), par le Sang du
Christ.
Pour rendre l'homme à sa vocation première, le Christ a dû
descendre volontairement jusque dans les enfers*. Il nous a
rachetés de la mort du péché, puis, par Sa Résurrection et Son
Ascension, Il a placé notre nature à la droite du Père, nous
permettant de nous unir à Dieu par la grâce.

REPENTIR
Le repentir, avec la confession* et l'absolution* qui l'accompa-
gnent, est un sacrement.
Se repentir, c'est tout d'abord prendre conscience de ce qui en
nous est « contre nature», c'est-à-dire des péchés - actions et
pensées- qui nous séparent, nous éloignent de Dieu, des hommes
et nous brisent. De cette conscience vient le repentir : « revenant à
REPENTIR

nous-mêmes», comme le fils prodigue (Luc 15, 11-32), nous


regrettons amèrement notre péché et souhaitons ardemment être
pardonnés. Ce repentir implique une confiance et une remise de
toute notre vie, y compris les péchés, au Christ, en passant par
l'Église.
C'est alors qu'intervient le besoin de la confession et de
l'absolution que le prêtre nous accorde au nom du Seigneur.
L'expérience du péché peut ainsi devenir le point de départ, par la
Grâce*, de notre libre retour à la vie. Il ne s'agit pas du tout d'un
sentiment de «culpabilité» psychologique irrémédiable, mais d'un
échec que l'Église nous aide à surmonter. Christos Yannaras
souligne que :

La transformation du péché en repentir, de l'échec en plénitude de vie,


tel est en fait l'Évangile - la Bonne Nouvelle de l'Église, son joyeux
message (La liberté de la morale, Genève, Labor et Fides, 1982, p. 35).

Faire pénitence, se repentir implique donc une sorte de


conversion, de changement, de retour, de «retournement» (voir
Métanie*), plein d'espérance et de confiance vers une vie« selon la
nature», conforme à ce qu'exige de nous notre condition de
chrétien et à notre conviction que nous ne pouvons pas être sauvés
par nos propres moyens : il nous faut l'intervention miséricor-
dieuse de Dieu Lui-même (cf. le Psaume 50 [51)).

- Voir aussi PÉNITENCE.

RÉSURRECTION
- Voir DÉIFICATION, EscttATOLOGIE, PAROUSIE, RÉDEMPTION, SALUT.

RÉVÉLATION
Révéler signifie : « faire connaître ce qui était inconnu». Dans le
cas de la révélation divine, il s'agit de l'action de Dieu, faisant
connaître aux hommes des vérités que leur raison ne saurait
découvrir. Cela est une définition de dictionnaire.
Qu'en est-il pour nous chrétiens?
Tout d'abord, il faut savoir qu'il est question de révélation par et

164
RÉVÉLATION

sur Dieu et Ses desseins sur les hommes dans de nombreuses


religions. Ces révélations s'effectuent de diverses manières,
quelquefois par l'illumination ou les visions d'un seul homme qui
devient le fondateur d'une religion.
Il n'en est pas de même pour ce qui est de la Bible. Dans
l'Ancien Testament, nous avons un ensemble très vaste de textes
révélés, au cours de quinze à vingt siècles de l'histoire des
hommes, à des patriarches, des prophètes*, des rois et des saints.
Ces hommes et ces femmes furent choisis par Dieu qui leur a parlé
« à bien des reprises et de bien des manières» (Hébreux 1, 1), et
leur a révélé Ses instructions et Ses desseins. Sa parole est
Révélation et Présence active. Au sein de l'histoire humaine, Dieu
n'a cessé de manifester Sa présence par Ses gestes et Ses paroles.
Dans ces textes, nous voyons souvent apparaître, comme en
transparence, l'annonce prophétique de la venue de Notre
Seigneur Jésus-Christ (Isaïe 7, 14; 9, 5; etc., par exemple).
Ces révélations étaient encore obscures et partielles, puis vint
l'Incarnation* du Fils de Dieu, « la Parole Se fait chair» et Dieu
nous parle par le Fils (Hébreux 1, 2). Et le prophète Syméon,
tenant l'enfant Jésus dans ses bras, peut dire :

Maintenant, Tu peux laisser Ton serviteur s'en aller en paix selon Ta


parole, car mes yeux ont vu Ton salut que Tu as préparé à la face de tous
les peuples, lumière de la révélation aux nations et gloire de Ton peuple
Israël (Luc 2, 29-32).
En effet, le Dieu qui a dit : « Que des ténèbres resplendisse la
lumière», est Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la
connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ (2
Corinthiens 4, 6).

Le Nouveau Testament représente l'accomplissement, l'aboutis-


sement de la Révélation. Le Verbe* de Dieu, le Seigneur
Jésus-Christ, a dit : « Je suis la Vérité» et c'est Lui-même qui nous
a été révélé.

La totalité de la foi nous a été révélée en Jésus-Christ une fois pour


toutes. Le message apostolique en rend témoignage à travers les textes
(voir Écriture*) et la tradition orale, mais les hommes, dans la liberté que
Dieu leur a donnée, peuvent faire l'expérience de cette révélation à des
degrés différents et sous différentes formes (J. Meyendorff, Initiation à la
théologie byzantine, op. cit., p. 18).

165
RÉVÉL ATION

Nous comprenons, par cette phrase, que le message de


la
Révélation, tel qu'il nous est donné dans le Nouveau Testament,
ne traite pas de vérités abstraites, mais bien d'une Personne,
le
Christ. Le christianisme est une expérience vivante dont l'intég
rité
de la Révélation est confiée à l'Église, et dont le contenu
est
transmis de génération en génération par l'entière communauté
de
l'Église. Il ne s'agit pas d'idées, de concepts intellectuels
,
d'opinions individuelles, de philosophie. L'expérience authe
nti-
que des saints, des membres de l'Église, est identique à celle
des
Apôtres et des Pères. Le contenu de la foi - la Révélation*
, la
Personne* du Christ* Lui-même - , tel qu'il est donné dans
!'Écriture révélée, est inchangeable. Ce sont les formulations de
la
foi et ses rapports avec le monde qui peuvent être précisés, et
cela
surtout lorsqu'il est nécessaire de réfuter des interprétatio
ns
fausses.
En résumé, on pourrait dire que la Révélation est ce que, par la
grâce du Saint-Esprit, les Apôtres « ont enten du, ont vu de leurs
yeux, ont regardé et touché de leurs mains, concernant la Parole
de
Vie» (1 Jean 1, 1) et nous ont transmis dans les Écritures.
Tout le Nouveau Testament manifeste la révélation de Dieu en
Jésus-Christ, Révélation par Sa venue, Ses miracles, les signes
, la
Passion, la descente aux enfers, la Résurrection, l'Esprit Saint
envoyé sur les Apôtres.
Dans le livre de l' Apocalypse (ce mot signifie Révélation), qui
termine la Bible, c'est la Lumière de la Révélation finale
de
l' Avènement du Christ dans la Gloire qui nous est annoncée pour
la fin des temps.
Alors, la révélation, qui reste pour nous, bien souvent encore,
comme voilée, à nous, « les enténébrés», nous apparaîtra dans
sa
plénitude : « Car nous voyons à présent dans un miroir, en énigm
e,
mais alors ce sera face à face (1 Corinthiens 13, 12). »

166
SABAOTH
Mot hébreu signifiant probableme nt « Seigneur des Armées» -
non seulement les armées d'Israël, mais toutes les puissances
célestes mises par Dieu au service de Son peuple, en particulier
lorsqu'il combattait avec lui. Ce nom est souvent associé à celui de
Yahweh, nom que Dieu S'est donné à Lui-même (Exode 3, 14).
Dans la vision d'Isaïe (6, 3), qui est reprise dans notre Sanctus*,
les Séraphins* se crient l'un à l'autre : « Saint, Saint, Saint est le
Seigneur Sabaoth. Sa gloire remplit toute la terre.»

SACERDOCE
Ce mot signifie : « ce qui se rapporte à la prêtrise et à ses
fonctions». La fonction de prêtre existe dans beaucoup de
religions depuis les temps les plus reculés. Il est souvent question
de sacerdoce et de fonctions sacerdotales dans l'Ancien Testament,
mais ces expressions recouvrent des significations assez diverses
selon les époques et les milieux. Tout le peuple d'Israël avait un
caractère sacerdotal. Nous lisons dans l'Exode : «Je vous tiendrai
pour un peuple de prêtres, une nation consacrée (Exode 19, 6). »
Pour les chrétiens, la notion de sacerdoce évoque tout d'abord le
Christ, seul Grand-Prêt re*, dont l'Épître aux Hébreux (7, 24) dit
qu'il « possède un sacerdoce immuable» . Le Seigneur, « Grand-
Prêtre de notre profession de foi» (Hébreux 3, 1), accomplit le
sacerdoce de «prêtre-roi » annoncé par Melchisédech (Genèse 14,
17-20; Psaume 109 [ll0]; Hébreux 7), figure prophétiqu e du
Christ. Le passage du Nouveau Testament où se retrouve le thème
SACERDOCE

de l'Exode sur le sacerdoce universel du peuple de Dieu figure


dans la première Épître de saint Pierre :

Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un


édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices
spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ (1 Pierre 2, 5).

Les apôtres présentent la vie chrétienne dans son ensemble


comme participatio n de tous à ce sacerdoce royal. L'Esprit Saint,
en effet, descend sur tout le peuple de Dieu : tous en Christ sont
prêtres-rois parce qu'ils ont la responsabilité de présenter
eucharistiq uement l'ensemble de la création par le don d'eux-
mêmes.

Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un peuple acquis, pour proclamer les louanges de Celui qui vous a
appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 Pierre 2, 9).

Aucune fonction sacerdotale au sens «clérical» n'existe autre-


ment qu'en union étroite avec la communau té.
Déjà dans les communau tés chrétiennes primitives, les apôtres
nommaient certains responsables «anciens» - même s'ils n'é-
taient pas âgés - («ancien» est la traduction de presbytre, mot à
l'origine du terme «prêtre»).
Il existe dans l'Église un ministère ordonné fait des évêques,
successeurs des apôtres, ainsi que des prêtres et des diacres,
chacun avec ses responsabilités propres. L'évêque peut déléguer
aux prêtres le pouvoir de présider l'assemblée eucharistiq ue, mais
prêtres (presbytres) et évêques ont existé depuis les temps
apostoliques. C'est l'évêque qui, en un lieu donné, est placé par
Dieu pour guider le troupeau commis à sa charge. C'est lui qui
veille sur l'Église, annonce la Bonne Nouvelle, préside la
célébration de la Divine Liturgie eucharistiq ue en témoin fidèle du
Saint Évangile et de la Tradition. Il a donc la triple fonction de
diriger, d'enseigner et de présider à la célébration des sacrements .
En résumé, l'évêque - ou celui qui le remplace - est celui qui,
exerçant son sacerdoce dans l'Église en union avec tous les fidèles,
« vaque sans cesse au service de l'autel et de Dieu» (saint Irénée) en
bon serviteur du Seigneur, dont il reçoit la grâce particulière pour
sa fonction.

- Voir aussi HIÉRARCHIE .

170
SAINT

SACREMENT
Les sacrements sont au centre même de la vie de l'Église. Ils sont
définis par le dictionnaire comme « actes rituels sacrés destinés à la
sanctification des hommes». Les Grecs les appellent mystères*. En
effet, ces actes «mystérieux» constituent une restauration de
l'homme tout entier, dans sa dignité d'être créé à l'image de Dieu
et destiné à devenir semblable à Lui. « La possibilité "d'être au
Christ", de participer à la vie divine (qui est l'état "naturel" de
l'humanité), est essentiellement manifestée dans les sacrements»,
écrit le père Jean Meyendorff (Initiation à la théologie byzantine, op.
cit., p. 253). Le père Staniloae souligne que ce sont « les moyens
par lesquels se fortifie notre union avec Dieu».
Les sacrements sont considérés non pas tant comme des actes
isolés par lesquels une grâce «particulière» serait accordée à des
individus par des ministres spécialement désignés, mais plutôt
comme les aspects d'un Mystère unique de l'Église dans lequel
Dieu partage la vie divine avec l'humanité, rachetant l'homme du
péché et qe la mort. Le mystère chrétien est un mystère unique
dont les divers actes sacramentels expriment des aspects différents.
Ils sont personnels : par eux la grâce de Dieu se manifeste
personnellement au fidèle, qui est chaque fois appelé par son nom.
Pour la plupart des sacrements, l'Église utilise des éléments
matériels - eau, vin, pain, huile - et en fait des véhicules de
!'Esprit.
La théologie orthodoxe ne s'est jamais formellement prononcée
sur un nombre précis de sacrements, mais presque tous les auteurs
acceptent la liste classique, d'origine occidentale, des sept
sacrements : baptême, chrismation, eucharistie, ordination, ma-
riage, repentir (avec la confession et l'absolution) et onction des
malades. D'autres ajoutent à cette liste : la consécration d'une
église, l'office funèbre et la tonsure monastique.
Cabasilas appelle les sacrements « les chefs-d'œuvre de Dieu»,
« lesportes de la justice*» qui« donnent accès à la félicité céleste».

SAINT
«Un seul est Saint, Un seul est Seigneur, Jésus-Christ, à la gloire
de Dieu le Père! Amen.» C'est ce que répondent les fidèles

171
SAINT

pendant la Liturgie eucharistique, lorsque le célébrant annonce :


« Les Choses Saintes sont pour les Saints». En effet, «Saint» est le
nom réel de Dieu, du Dieu vivant, le Tout-Autre, !'Unique.
Mais Dieu a fait l'homme à Son Image, et chaque homme est
appelé à la sainteté. Saint Paul appelle les chrétiens des« saints par
vocation» (Romains 1, 7). Chacun de nous reçoit dans les
sacrements une semence de sainteté qu'il lui appartient de faire
fructifier. La vie éternelle commence dès ici-bas, et certains, dès
cette vie, participent pleinement à la Sainteté du Seigneur : ce sont
les Saints.
La voie de la sainteté, c'est-à-dire l'acquisition du Saint-Esprit,
est celle des commandements et des Béatitudes : l'humilité,
l'amour des ennemis, la joie pascale, la prière perpétuelle, la
pauvreté, l'éveil, la vigilance dans la lutte contre toutes les
passions. Sa transparence et son absence de volonté individuelle
permettent à la Lumière de Dieu de luire à travers le Saint. C'est
cette Lumière divine qui le transfigure, fait de lui un «vivant» qui
sanctifie tout autour de lui et qui permet à Dieu d'accomplir, par
lui, des miracles. Le corps des Saints est parfois transfiguré de
façon manifeste par la Lumière divine. Ainsi saint Séraphin de
Sarov apparut lumineux comme le soleil à son disciple Motovilov.
Épiphane, dans sa vie de saint Serge de Radonège, rapporte
qu'après sa mort le corps du Saint resplendissait de gloire. Les
livres consacrés aux paroles et enseignements des Pères du désert
(Apophtegmes) rapportent souvent des phénomènes de ce genre,
par exemple pour Abba Joseph, Abba Pambo et Abba Sylvain.
Chaque Saint est unique et toute condition peut être sanctifiée.
Ainsi, il existe des Saints anargyres (qui soignent gratuitement),
des Saints iconographes, des Saints princes, des Saints moines, des
Saints martyrs, des Saintes mères de famille, etc. Il existe aussi des
« fols en Christ» qui simulent la folie, recherchent l'humiliation
tout en proclamant le Royaume et en priant secrètement pour le
monde.

- Voir aussi CoMMUNION DES SAINTS.

SAINT CHRÊME - CHRISMATION


Du grec khrisma : «huile». Le Saint Chrême - ou Myron - est
une huile composée d'huile d'olive et de divers baumes précieux,

172
SAINT, SAINT, SAINT

consacrée par le Saint-Esprit invoqué par les évêques, et dont une


réserve est conservée dans chaque église.
La chrismation, qui est l'onction de ce Saint Chrême, suit
l'immersion dans le baptême. Le prêtre oint le front, les yeux, les
narines, la bouche, les oreilles, la poitrine, les mains et les pieds du
nouveau baptisé, en disant à chaque onction : « Sceau du Don du
Saint-Esprit». Le chrétien qui a été incorporé au Christ par le
baptême, reçoit ainsi le don du Saint-Esprit et devient membre du
peuple de Dieu. Un théologien contemporain écrit :

La chrismation apparaît comme le sacrement du sacerdoce royal. [ ... ]


Tout confirmé est « porteur de l'Esprit ». C'est le baptême de feu qui
vivifie et dynamise le baptême de l'eau (0. Clément, L'Église orthodoxe,
op. cit., p. 82).

Ainsi, par la chrismation, nous devenons des «oints», c'est-à-


dire des christoï. Le Christ (ce mot signifie : «Oint» et «Messie»*)
nous transmet !'Onction (chrisma) dont Il est lui-même oint. Nous
lisons à ce sujet dans La Vie en Christ de Nicolas Cabasilas (xive
siècle) :

Jésus lui-même est dit l'Oint, non pas qu'on ait répandu l'onction sur
sa tête, mais en raison du Saint-Esprit (que Dieu Lui communique) grâce
auquel Il devint un trésor d'énergie spirituelle dans la chair qu'Il a
assumée. Il n'est pas seulement l'Oint, mais encore l'Onction : « ton nom
est une huile répandue» (Cantique des Cantiques 1, 3). [... ] Dès lors,
l'onction s'étant répandue en sa chair, le Christ devient réellement et est
dit l'Onction; se communiquer : voilà pour Lui ce qui est devenir
l'onction et la répandre.

SAINT, SAINT, SAINT


Les anges* louent perpétuellement Dieu. Le prophète Isaïe parle
de cette louange dans une vision :
Je vis le Seigneur assis sur un trône élevé [... ], des Séraphins* (voir
Anges*) se tenaient au-dessus de Lui [... ] et ils se criaient l'un à {'autre
ces paroles : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur Sabaoth *, Sa gloire
remplit toute la terre» (lsaI~_6,_ 1-3).

Dans le dernier livre de la Bible, l' Apocalypse, apparaît cette


même louange chantée par les quatre Vivants : « Saint, Saint,
Saint, le Seigneur Dieu, Il était, Il est et Il vient» (4, 8).

173
SAINT, SAINT, SAINT

Cette hymne de victoire - ou doxologie* - est reprise dans la


Liturgie *, au moment solennel de la grande Prière eucharistique.
Le chœur chante d'un ton triomph al le «Sanctu s» :

Saint, Saint, Saint est le Seigneur Sabaoth, le ciel et la terre sont


remplis de Ta gloire. Hosanna au plus haut des cieux.

Auparavant, après la Petite Entrée, pendant la première partie


de la Liturgie (liturgie des catéchumènes*), une hymne de louange
avait également été chantée, après la prière au cours de laquelle le
prêtre dit :

Maître et Seigneur, notre Dieu, Toi qui as établi dans les cieux les
ordres et les armées des anges,[ ... ] fais que notre entrée soit aussi l'entrée
des saints anges qui servent et glorifient avec nous Ta bonté.[ ... ] 0 Dieu
Saint, qui reposes dans le Sanctuaire, chanté par la voix trois fois sainte
des Séraphins, glorifié par les Chérubin s et adoré par toutes les
Puissances célestes !

Cette louange est le Trisagion : « Dieu Saint, Saint Fort, Saint


Immorte l, aie pitié de nous.» Ce chant, au sens trinitaire fort,
d'une louange au Dieu trois fois Saint, au Dieu Un en Trois
Personnes, entre dans toutes les heures et règles de prières. Il fait
également partie du rituel funèbre, car il traduit le triomph e de la
Vie éternelle sur la mort et annonce la Résurrection.

SAINTS DONS

Ün appelle ainsi le pain et le vin qui, au cours de la Liturgie*


- commémoration de la Sainte Cène* - seront changés par
!'Esprit Saint en Corps et Sang du Christ et seront donnés en
commun ion aux fidèles. A l'origine, le pain et le vin étaient
apportés par les fidèles eux-mêmes (le mot prospho re encore usité
aujourd' hui signifie «offrand e»*).
Nous offrons, dans le pain et le vin, toute notre vie et le monde
tout entier en action de grâces (Eucharistie*) pour les bienfaits
reçus de Dieu et pour le Sacrifice du Christ « qui S'est offert
Lui-mêm e une fois pour toutes» (Hébreu x 7, 27).
Les Saints Dons sont préparés au début de la Liturgie au cours
d'un office spécial appelé proscomidie*, qui insiste sur le Sacrifice

174
SALUT

du Seigneur : le Corps sera «rompu», le Sang «répandu» pour la


rémission des péchés.
Au cours de la Grande Entrée, les Saints Dons sont solennelle-
ment portés sur l' Autel où ils seront sanctifiés. Au moment de
l'épiclèse*, après avoir proclamé : (< Nous T'offrons ce qui est à
Toi de ce qui est à Toi», le prêtre demandera au Père d'envoyer le
Saint-Espri t« sur nous et sur les Dons qui sont présentés ici». Puis
il dira : « Les Saint Dons sont pour les Saints», car le Corps et le
Sang du Christ doivent permettre aux chrétiens* réunis en Église
de recevoir l'action vivifiante du <( Sacrifice non sanglant», les
chrétiens étant des « Saints par vocation» (Romains 1, 7).

- Voir aussi OFFRANDE et ANAPHORE.

SALUT
Lorsque nous récitons dans le Credo : [Le Seigneur Jésus-Christ]
« qui pour nous, hommes, et pour notre salut S'est incarné du
Saint-Espri t et de la Vierge Marie et S'est fait homme», nous
affirmons que l'Incarnation* a eu lieu pour notre salut. La Sainte
Écriture nous le dit : « [ ... ] voilà ce qui plaît à Dieu, notre
Sauveur, Lui qui veut que tous les hommes soient sauvés»
(1 Timothée 2, 3).
Nous avions besoin d'être sauvés parce que, depuis la «chute»
d'Adam, une nouvelle forme d'existence est apparue : celle du
péché, de la maladie et de la mort. Adam, créé libre, s'est détourné
librement de Dieu, a refusé sa vocation : celle de vivre en
communion avec Dieu et d'atteindre à l'union avec Lui par la grâce
incréée. En se séparant de Dieu - qui est la Vie - par sa
désobéissance, il est passé au pouvoir du péché et du démon.
Par Son Incarnation , le verbe de Dieu modifie radicalement
l'histoire. Unissant en Lui l'humanité et la divinité, Il a ouvert de
nouveau à l'homme la voie de l'union avec Dieu. Par Sa mort et Sa
résurrection , Il a mis de nouveau la ressemblance à la portée de
l'homme. Les Pères de l'Église* ont inlassablement répété : « Dieu
S'est fait homme par nature pour que l'homme devienne Dieu par
la grâce.»
L'homme, créé à l'image de Dieu, est appelé malgré la chute à
réaliser librement sa ressemblance divine. L'image déformée n'est
pas détruite. L'homme n'est pas une unité statique, fermée, mais

175
SALUT

une réalité dynamique, capable de s'ouvrir et portant en elle un


mystérieux désir de Dieu. A cela, Dieu répond. Il ne laisse pas
l'homme aller à la dérive : Il envoie, dans Son immense amour,
Son Fils dans le monde pour le sauver. Jésus signifie : « Celui qui
libère, qui sauve».
Dieu descend vers l'homme pour permettre à l'homme de
s'élever vers lui. La descente de Dieu jusqu'aux dernières limites
de notre déchéance, jusqu'à la mort, ouvre à l'homme une voie
d'ascension, une voie d'union. Le Fils de Dieu est descendu des
cieux pour accomplir l'œuvre de notre salut, nous libérer de
l'emprise du démon, détruire la domination du péché et terrasser
la mort en annonçant la résurrection de tous les hommes;
l'humanité déchue est par Lui rachetée :

Il fallait que l'homme fût sanctifié par l'humanité de Dieu, il fallait que
Lui-même Il nous libérât en triomphant du tyran par Sa propre force,
qu'Il nous appelât vers Lui par Son Fils qui est le Médiateur
accomplissant tout pour l'honneur du Père, auquel Il est obéissant en tout
(Saint Grégoire de Nazianze).

Il ne faut pas penser que le Sacrifice de Jésus-Christ sur la Croix


est une action entrant dans des catégories juridiques de réparation.
Non, en Se livrant librement à la mort, Jésus-Christ en a brisé la
puissance, puisque la mort, que le péché avait introduite, n'a pas
pu Le vaincre, car Il est ressuscité. Pénétrant dans l'enfer* en
Libérateur, le Christ est le Nouvel Adam, prémices d'une race
nouvelle qui peut, par son adhésion au Christ Vainqueur,
retrouver la vraie vocation des êtres créés, celle de l'union avec
Dieu par le Christ et la grâce du Saint-Esprit.
Dans l'Église, chaque personne humaine trouve les conditions
requises pour lui permettre de devenir participant de la Nature
Divine (2 Pierre 1,4), de trouver ce salut, non pas un salut qui
serait individuel, puisque nous formons tous ensemble un seul
Corps dans le Christ.

SANCTUAIRE
D'un mot latin qui veut dire : « lieu saint». Le temple* de
Jérusalem se composait de trois parties correspondant respective-
ment au narthex (ou partie extérieure), à la nef et au sanctuaire de
nos églises.

176
SANCTUAIRE

Il arrive que l'on appelle «sanctuaire» tout l'édifice de l'église.


Lorsque ce mot s'applique précisément à la partie de l'église située
derrière l'iconostase*, il s'agit de ce lieu saint où s'accomplit le
sacrement eucharistique. Il se trouve habituellement dans la partie
orientale de l'édifice, de sorte que l'église est tournée vers l'Orient.
Léonide Ouspensky, dans son livre sur la théologie de l'icône (op.
cit., p. 27), souligne à ce propos que :
Cela s'explique à la fois par le passé et par l'avenir que nous rappelle
l'Église : d'une part, le paradis perdu qui se trouvait à l'Orient, d'autre
part et surtout, l'avènement à venir du Royaume vers lequel est orientée
toute la vie du chrétien; le Royaume de Dieu est souvent[ ... ] appelé le
huitième jour de la création. La venue de ce« jour sans déclin» que nous
attendons et que nous préparons, son lever, est symbolisé par le lever du
soleil, l'orient.

L'autel* est dressé au milieu du sanctuaire devant les portes


saintes. Sur la gauche de l'autel et un peu plus loin, est la table dite
de proscomidie*, où se fait la préparation du sacrifice eucharisti-
que (voir Eucharistie*). Un chandelier à sept branches, un siège
destiné à l'évêque et ce qui est nécessaire pour le lavement des
mains se trolJ.vent également dans le sanctuaire.
Le sanctuaire, réservé au clergé et à ceux qui y ont un service
précis, représente symboliquement le sanctuaire céleste où pénètre
le Christ, notre seul grand-prêtre* (Hébreux 9, 11), la demeure de
Dieu, le « lieu où le Christ, Roi de toutes choses, trône avec les
Apôtres» (saint Germain). De nombreuses icônes y sont tradition-
nellement placées, selon les possibilités : celles du Christ, de la
Mère de Dieu en Orante, la Communion des Apôtres, la
Pentecôte, les Pères liturgistes, les saints hiérarques et les saints
diacres.
Lorsque les portes Royales s'ouvrent au cours de la Liturgie*, et
pendant toute la semaine pascale, cela indique que le ciel lui-même
s'entrouvre et nous laisse entrevoir sa splendeur.
L'idée que nous trouvons dans la première Épître de saint
Pierre, selon laquelle le peuple de Dieu constitue un temple qui
s'édifie et où est offert un sacrifice spirituel (1 Pierre 2, 5), nous
rappelle, comme le dit saint Paul (Éphésiens 2, 20-22) qu'en Dieu
nous sommes nous aussi intégrés à la construction de ce temple du
Dieu vivant, « pour devenir une demeure de Dieu dans !'Esprit».
Ainsi, notre cœur, image du sanctuaire de l'église, est le lieu où
nous rendons un culte intérieur et un sacrifice à Dieu.

177
SANCTUS

SANCTUS
- Voir SAINT, SAINT, SAINT.

SANHÉDRIN
Tribunal composé des prêtres, des anciens et des scribes, qm
siégeait à Jérusalem et jugeait des affaires criminelles.

SECOND AVÈNEMENT
- Voir PAROUSIE.

SEPTANTE
La traduction grecque del' Ancien Testament dite de la Septante
ou des Septante (LXX), c'est-à-dire des Soixante-dix, et qui est
utilisée (retraduite dans les autres laµgues) dans la plupart des
Églises orthodoxes aujourd'hui, date de plus de deux mille deux
cents ans. Elle a été faite au me siècle environ avant Jésus-Christ, à
partir de l'hébreu, par soixante-douze juifs d'Égypte pour mettre
le message biblique à la portée du monde grec.
Pour les Pères de l'Église et les auteurs du Nouveau Testament,
c'est la version des Septante qui était le texte authentique par
excellence, auquel ils se référaient habituellement, mais ils
recouraient souvent aussi au texte hébreu. Ainsi le lien qui unit la
version des Septante au Nouveau Testament, aux écrits des Pères
de l'Église et aux textes liturgiques, explique la place qu'elle
occupe dans la tradition orthodoxe.

- Voir aussi ÉCRITURE.

SÉRAPHINS
Les anges se répartissent traditionnellement en plusieurs catégo-
ries, parmi lesquelles on trouve celle des Séraphins. Le terme

178
SOLEIL DE JUSTICE

« Séraphin» vient d'un mot hébreu qui signifie : « esprit céleste»,


« celui qui brûle», « bouche de feu» (saint Jean Chrysostome, Sur
l'incompréhensibilité de Dieu, S.C. n° 28bi•). Pour Denys l' Aréopa-
gite, ce que révèle le nom donné aux Séraphins est le pouvoir qu'ils
ont d'élever et d'éclairer de la Lumière divine ceux qui sont
au-dessous d'eux « en les enflammant de façon qu'ils atteignent la
même chaleur qu'eux-mêmes, leur vertu purificatrice semblable à
celle de [... ] l'holocauste*» (La Hiérarchie céleste, S.C. n° 58bi•).
Lorsque nous chantons à la Mère de Dieu : « Toi [ ... ]
incomparablement plus glorieuse que les Séraphins», c'est à son
caractère lumineux que nous pouvons penser, puisque c'est elle
qui a fait luire« le Soleil de Justice» (matines de la Nativité) et qui
est vue comme une « lampe lumineuse» et un « flambeau à l'éclat
multiple» (septième ode des matines de l' Annonciation).

- Voir aussi ANGES et CHÉRUBINS.

SOBORNOST
- Voir CATHOLIQUE.

SOLEIL DE JUSTICE
Le Christ est le Soleil qui se lève sur la nouvelle création, c'est le
« Soleilde Justice» qui « brillera avec le salut dans ses rayons»
(Malachie 3, 20), « l'Orient d'où vient la Gloire de Dieu»
(Ézéchiel 43, 2). Dans le Cantique de Zacharie, saint Luc (1,
78-79), citant Isaïe (9, 1 et 42, 7), nomme le Christ« Soleil qui Se
lève pour éclairer ceux qui se tiennent dans les ténèbres et l'ombre
de la mort».
Saint Syméon le Nouveau Théologien écrit :

Ce qu'est le soleil dans le monde visible et sensible, Dieu L'est pour le


monde invisible et intelligible.

Ce soleil-là « brille sans cesse [ ... ] présent tout entier partout»,


« Il est appelé le Soleil de Justice».

179
STICHÈRE

STICHÈRE
T ropaire intercalé entre des versets psalmiques (dans le cas du
lucernaire, des apostiches et des laudes) ou chanté sans versets (au
cours de la litie). Le stichère constitue souvent un développement
méditatif ou de louange sur le thème de la fête ou de la mémoire
d'un saint, selon les cas. (A.L.)

SYMBOLE
Le symbole est une réalité dans le monde visible qui correspond
et est lié à une autre réalité - plus haute - parfois visible elle
aussi, parfois invisible, mais toujours au-delà de ce qui est
représenté, et que le symbole rend présente. Son sens est
inépuisable. C'est une réalité vivante, qui n'est pas une simple
image allégorique, mais une vérité mystérieuse qui doit nous aider
à nous transformer en nous incitant à aller vers ce qui est symbolisé
et à nous y unir. Exemple de symboles : le Soleil de Justice* (le
Seigneur), le Buisson Ardent (la Mère de Dieu).
L. Quspensky écrit :

La croix [... ] en arithmétique n'est qu'un signe qui note l'addition,


dans le code de la route elle annonce un croisement de routes, mais pour
nous, chrétiens, c'est un symbole où s'exprime et se communique le
contenu inépuisable du christianisme (Essai sur la théologie de l'icône dans
l'Église orthodoxe, Paris, op. cit., p. 19).

SYMBOLE DE LA FOI
- Voir CREDO.

SYNERGIE
« Collaboration» entre la Grâce divine et l'acte libre de l'homme
dans la voie vers Dieu.

- Voir GRÂCE et TttÉoToKos.

180
SYNOPTIQUES (ÉVANGILES)

SYNOPTIQUE S (ÉVANGILES)
Ce sont les trois Évangiles selon Matthieu, Marc et Luc. Très
différents de l'Évangile de Jean, ils présentent entre eux de telles
ressemblances qu'ils peuvent souvent être mis en colonnes et
embrassés « d'un seul coup d'œil » (sens du mot d'origine grecque
« synoptique»).

Seul Matthieu était un apôtre ; mais il est reconnu depuis les


premiers siècles que les Évangiles de Marc et de Luc reflètent
respectivement la catéchèse de Pierre et de Paul. L'Évangile de
Matthieu fut rédigé en araméen, la langue parlée en Judée à
l'époque du Christ. Les deux autres ont été écrits en grec.
TABLES DE LA LOI
Quelques mois après sa sortie d'Égypte, le peuple d'Israël arriva
dans le désert au pied du mont Sinaï. C'est au sommet de cette
montagne que Dieu révéla à Moïse les 'Lois de Son Alliance*, et lui
remit les Tables de pierre sur lesquelles elles étaient gravées
(Exode 24, 12).
Lorsque Moïse descendit de la montagne avec les deux Tables
- appelées Tables de la Loi ou du Témoignage - il trouva le
peuple adorant une statue d'un veau sculpté en or; jetant alors les
Tables, il les mit en pièces avant de détruire l'idole. Il demanda
ensuite pardon pour son peuple, et Dieu lui dit : « Taille deux
tables de pierre semblables aux premières [ ... ] et J'y écrirai les
paroles inscrites sur les premières tables que tu as brisées (Exode
34, 1). » Il fallait que le peuple fût éduqué; un pédagogue lui était
donné : la Loi. Acceptant la Loi, le peuple se donne à Dieu.

TEMPLE
Le premier Temple de Jérusalem fut construit par le roi Salomon
(1 Rois 6, 2) pour remplacer la Tente* que le peuple avait
transportée pendant l'Exode, d'Égypte en Terre promise, pour
abriter l'Arche d' Alliance* contenant les Tables de la Loi*.
Le lieu où Dieu devait se manifester au dernier jour, le Temple,
était placé sous l'autorité du Grand-Prêtre* qui présidait le
Sanhédrin, assemblée de soixante-dix membres, prêtres et laïcs. Il
n'y avait, pour le peuple juif, qu'un seul Temple et plusieurs
«synagogues», lieux d'assemblées religieuses, de prières et
d'enseignement.
TEMPLE

Le Temple, où avaient lieu les sacrifices, se composait de trois


parties : l'oulam, le hékal et le débir, correspondant respectivement
au narthex (ou cour extérieure), à la nef et au sanctuaire de nos
églises.
Depuis l'Incarnation*, le vrai Temple est, pour nous, le Christ,
qui fait un avec Son Église qui est Son Corps dont nous sommes
membres. Par cette Incarnation et notre baptême, chacun de nous
est, saint Paul nous le rappelle, Temple du Saint-Esprit qui est en
nous et qui nous vient de Dieu (1 Corinthiens 6, 15).

- Voir aussi SACERDO CE.

TENTATION
Certain es versions de la prière « Notre Père» comport ent ces
mots : « Ne nous laisse pas succomber à la tentation » et d'autres :
« Ne nous soumets pas à l'épreuv e». Il y a donc lien étroit entre
tentation et épreuve.
Nous succombons à la tentation lorsque, comme le premier
Adam, nous accueillons les conseils du Malin qui nous souffle de
désobéir aux Commandements de Dieu. Ce faisant, nous ne
suivons pas l'exemple du Christ qui, au désert, affronta victorieu-
sement la tentation (Matthieu 4, 1-11).
Dieu a créé l'homme libre. Ainsi nous sommes libres de
succomber ou de résister à la tentation. C'est cela l'épreuve. Même
lorsque nous succombons, nous sommes encore libres de nous
tourner vers Dieu dans l'humble repentir et être sauvés. Pour
nous, les tentations prennen t quotidiennement la forme de l'envie,
du mensonge, de l'avarice, de la gourmandise, du jugement, de
l'orgueil, du manque d'amour , et aussi de la paresse et du
découragement. Nous sommes libres de céder à ces tentations ou
- avec l'aide de Dieu - de les refuser, sachant que succomber
revient à nous écarter, à nous isoler de Dieu et de notre prochain , à
oublier que nous ne sommes de véritables personnes qu'en relation
(ou communion) avec Dieu et avec les autres. Ne cédons jamais au
désespoir car, saint Paul le répète, avec la tentation Dieu nous
donne le moyen d'en sortir et la force de la supporte r. « Aucune
tentation ne vous est venue, dit-il, qui passât la mesure humaine
(1 Corinthiens 10, 13). »

186
TERRE PROMISE

Saint Jacques, dans son Épître, nous dit « Heureux l'homme,


celui qui supporte l'épreuve!». La tentation ne vient pas de Dieu :

Que nul, s'il est éprouvé, ne dise : « C'est Dieu qui m'éprouve». Dieu,
en effet, n'éprouve personne. Mais chacun est éprouvé par sa propre
convoitise qui l'attire et le leurre (Jacques 1, 12-13).

L'Église, ses sacrements et toutes ses prières, sont là pour nous


aider par la grâce à résister au piège des tentations et, lorsque nous
tombons, à nous relever. Souvenons-nous que le Christ, du fait
qu'il a lui-même souffert par l'épreuve sait « venir en aide à ceux
qui sont éprouvés» (Hébreux 2, 18; 4, 15).

- Voir aussi AscÈsE.

TENTE DE RÉUNION
Nous lisons dans le livre de l'Exode (25 à 36) que Dieu donna à
Moïse des instructions très précises pour la construction d'une
Tente de Réunion, son mobilier, l'investiture des prêtres, la
consécration de l'autel et toutes les prescriptions rituelles du culte
du peuple d'Israël. Cette tente dans laquelle on plaçait l'Arche
contenant les Tables de la Loi pendant l'Exode préfigurait le
Temple que devait construire Salomon, qui est lui-même devenu le
modèle de nos églises. La Tente de Réunion était toujours dressée
hors du camp, et quand Moïse y entrait, la colonne de fumée,
sombre le jour et lumineuse pendant la nuit, qui guida le peuple
dans le désert, descendait et se tenait à l'entrée de la Tente où Dieu
S'entretenait avec Moïse.

TERRE PROMISE

Lorsque Dieu fit avec Abraham une alliance*, Il lui promit, outre
une postérité nombreuse, la possession de la terre de Canaan, la
Terre promise.
Après bien des vicissitudes, le peuple d'Israël étant alors en
esclavage en Égypte, Dieu dit à Moïse : « Va, tu feras sortir
d'Égypte les enfants d'Israël» (Exode 3, 10) et Il ajouta : « Je serai
avec toi.» Le peuple d'Israël, bâton en mains, partit alors vers la

187
TERRE PROMISE

Terre promise. Et ce fut le passage - la Pâque - du pays


d'Égypte à travers la Mer Rouge et le désert.
Nous aussi sommes des pèlerins et notre Terre promise est la
Jérusalem Céleste, notre patrie spirituelle, construite de « pierres
vivantes» (1 Pierre 2, 5) dont les portes ici-bas sont les portes de
l'Église qui nous montre la voie. C'est cette Nouvelle Jérusalem,
cette nouvelle création, cieux nouveaux et terre nouvelle, que nous
promet l' Apocalypse (22, 3-4) :

[... ] le trôae de Dieu et de l' Agneau sera dressé dans la ville, et les
serviteurs de Dieu L'adoreront; ils verront Sa Face, et Son Nom sera sur
leurs fronts.

TÉTRARQUE
De «tétrarchie», de deux mots grecs signifiant : «quatre» et
«commander» . Le tétrarque était le chef, le gouverneur d'une
région. Hérode était le tétrarque de Galilée, une des quatre
divisions romaines de la Palestine. C'est à titre de tétrarque romain
qu'il jugea le Christ.

THÉOLOGIE
Les dictionnaires nous disent que la théologie est une science qui
a Dieu et la religion pour objets. Voilà une définition qui peut nous
laisser perplexes, car elle semblerait vouloir dire que Dieu peut
être étudié scientifiquement, comme sont étudiés les phénomènes
naturels, par exemple.
Il est vrai que la théologie, ainsi que les théologiens, existe, nous
en entendons souvent parler. Il est vrai également que nous avons
besoin de guides et d'instructeurs dans ces domaines comme dans
d'autres. Nous connaissons les noms de théologiens du passé
lointain ou proche et du présent, et beaucoup d'entre eux sont
reconnus par l'Église comme dignes de notre vénération et de notre
confiance. Essayons de comprendre ce qu'est la vraie théologie et
ce que sont les vrais théologiens dans un sens plus juste et plus
vaste que celui donné par les dictionnaires.
Tout d'abord, rappelons que le nom de «théologien» a été
accordé par l'Église à trois personnes : saint Jean l'Évangéliste,

188
THÉOPHANIE

saint Grégoire de Nazianze et saint Syméon le Nouveau Théolo-


gien. Cela ne veut pas dire que d'autres n'ont pas été et ne sont pas
des théologiens, cela est évident, mais ces trois saints ont valeur
d'exemples pour nous révéler que la théologie n'est pas une science
intellectuelle, une spéculation rationnelle, mais l'approche d'une
connaissance qui doit nous transformer. La vraie sagesse, dit saint
Grégoire de Nazianze, procède « à la manière des apôtres et non
d'Aristote» (c'est-à-dire des philosophes). Un théologien français
contemporain a écrit que :

[... ] la vraie théologie c'est la joie de Pâques. De siècle en siècle la


théologie est renouvelée par des « hommes apostoliques» qui vivent
jusqu'au bout l'expérience de l'Église et voient le Christ ressuscité comme
Paul sur le chemin de Damas ou Jean à Patmos (0. Clément, Dialogues
avec le patriarche Athênagoras, Paris, Fayard, 1969, p. 250).

Peut-être comprendrons-nous un peu mieux cette phrase des


vêpres du Dimanche de Thomas : « 0 merveille inouïe, Jean
reposa sur la poitrine du Verbe [ ... ] il en tira avec crainte les
profondeurs de la théologie.» Et enfin cette autre sentence qui
nous concerne tous : « Si tu es théologien, tu prieras vraiment et si
tu pries vraiment tu es théologien (Évagre). » Vladimir Lossky qui
cite cet adage ajoute que la théologie est la contemplation de la
Sainte Trinité et la prière (V. Lossky, La Vision de Dieu,
Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, p. 88).
Ainsi donc, si la théologie est bien un ensemble de connais-
sances, elle est aussi prière et expérience vivante. Elle est au service
de l'homme tout entier dans son chemin vers l'union avec le Dieu
personnel. C'est un service <l'Église et non un exercice de réflexion
privée sur Dieu. Il s'agit donc de quelque chose devant servir à une
fin qui dépasse toute connaissance : « Cette fin dernière est l'union
avec Dieu ou déification* (V. Lossky, Théologie mystique de l'Église
d'Orient, op. cit., p. 7). »

THÉOPHANIE
Ce mot signifie : «manifestation» ou « apparition de Dieu». De
nombreux passages de l'Ancien et du Nouveau Testament nous
disent que Dieu est invisible, inaccessible pour les êtres créés.
D'autres, il est vrai, recommandent de chercher la face de Dieu. Il
nous faut accepter ensemble ces deux vérités apparemment

189
THÉOPHANI E

contradictoires) en nous souvenant du texte évangélique qui dit


que nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils « et celui à qui le Fils
voudra Le révéler» (Matthieu 11, 27).
La vie de l'Église, avec ses fêtes et ses textes liturgiques, nous
aidera sur ce chemin. En effet, Théophanie , qui signifie donc
manifestation de Dieu, est le nom de la grande fête du Baptême du
Seigneur, célébrée le 6 janvier. Ce Baptême de Jésus n'est pas
seulement Sa manifestation au monde comme Christ, il Le
manifeste aussi comme Fils de Dieu. Il est donc bien aussi
«Théophan ie», car il révèle le mystère de la Trinité*, Père, Fils et
Saint-Esprit.
La lumière inaccessible où Dieu habite, comme le dit saint Paul
(1 Timothée 6, 16), est la gloire* dans laquelle Dieu apparaissait
aux justes de l'Ancien Testament, c'est la lumière éternelle qui,
pénétrant l'humanité du Christ, rendit visible aux apôtres Sa
divinité lors de la Transfiguration, cette indicible Théophanie .
Nous trouvons, dans l'Ancien Testament, de nombreuses
«Théophan ies». C'est souvent par l'apparition d'un ange que Dieu
Se met à la portée de l'homme (Genèse 16, 7-14; 18). Dieu reste
invisible, mais Sa présence est signalée, comme dans l'épisode du
combat de Jacob avec Dieu (Genèse 32, 23-33). Pour Moïse, c'est
d'abord sous l'aspect du feu du buisson ardent (Exode 3, 1-7) que
Dieu Se manifesta avant de Se révéler de dos sur la montagne du
Sinaï (Exode 33, 18-23). La présence de Dieu S'est manifestée à
Élie comme « une brise légère» et une parole (1 Rois 19, 12).

THÉOT OKION
T ropaire ou stichère placé à la fin d'une série, et adressé à la Mère
de Dieu. Le théotokion est parfois une simple louange à la Mère de
Dieu ; il peut aussi contenir un développement dogmatique sur
l'Incarnatio n, comme c'est le cas par exemple à la fin des stichères
du lucernaire dans l'office de la Résurrection. (A.L.)

THÉOT OKOS
D•un mot grec qui veut dire : « celle qui enfante Dieu». L'Église
orthodoxe voue à la Vierge Marie, qu'elle appelle Mère de Dieu,

190
THÉOTOKOS

une profonde dévotion partagée par tous les fidèles. La place qui
lui est réservée est unique, au-dessus de tout autre être créé. Il y a
accord complet entre cette vénération, les textes liturgiques et les
dogmes se rapportant à ce qui touche au mystère de l'Incarnation*
du Verbe de Dieu.
Lorsque les Pères du Concile d'Éphèse (431), répondant aux
thèses hérétiques de Nestorius, affirmèrent que Marie est Mère de
Dieu parce qu'elle a donné naissance au Verbe* de Dieu qui S'est
fait chair (Jean 1, 14), ils sauvegardaient l'unité de la Personne* du
Fils de Dieu devenu Fils de l'homme. La Vierge a porté Celui qui
est à la fois vrai Dieu et vrai homme.
C'est au Concile de Constantinople (553) que le titre de toujours
Vierge lui fut décerné. Celui de toute Sainte n'a fait l'objet d'aucune
définition dogmatique, mais il est utilisé par toute l'Église qui
l'appelle : « Toute Sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse
souveraine, Mère de Dieu et toujours Vierge Marie».
Elle est sainte, non en vertu d'une exemption de la destinée
commune de l'humanité, mais parce qu'elle a été gardée pure de
toute atteinte du péché. Toute l'histoire sacrée de l'Ancien
Testament, par ses élections successives, ses bénédictions et ses
purifications, est comme une préparation de Celle qui devait
librement prêter sa nature humaine pour que l'Incarnation puisse se
réaliser. La Vierge est dite toute immaculée, non par sa conception
qui lui transmet, comme à tous les hommes, la mortalité
héréditaire, mais par sa purification personnelle, sommet de toute
sainteté.
La notion de liberté est importante : de même que Dieu
S'incarnait volontairement, Il voulait que Sa Mère L'enfantât de
son plein gré. Marie, par son libre consentement, est l'exemple
suprême de coopération entre Dieu et la liberté de l'homme
(synergie*). C'est pourquoi les Pères ont dit que l'Incarnation fut
non seulement l'œuvre du Père, du Verbe et du Saint-Esprit, mais
aussi celle de la Vierge Marie. Sa sainteté fit d'elle l'élue, son
consentement fit d'elle la Mère de Dieu.
Ainsi la Mère de Dieu joue un rôle unique dans notre salut*.
Certaines icônes nous la montrent au milieu des disciples, le jour
de la Pentecôte, recevant avec eux !'Esprit Saint communiqué à
chacun dans une langue de feu.
Celle qui, par !'Esprit Saint, reçut dans ses entrailles la Personne
Divine du Fils, reçoit à présent !'Esprit Saint envoyé par le Fils. [ ... ] Elle

191
THÉOTOK OS

partag~ la gloire de son Fils, règne avec Lui, préside, à Ses côtés, aux
destinées de l'Église et du monde qui se déroulent dans le temps,
intercède pour tous auprès de Celui qui viendra juger les vivants et les
morts (V. Lossky, A !'Image et à la Ressemblance de Dieu, op. cit., p. 204
et 206).

TON
Le ton est la mélodie, ou le type de mélodie, sur laquelle doit être
exécutée une pièce liturgique. Il existe huit groupes de mélodies
appelés tons. A chaque ton correspond un ensemble de textes
liturgiques destinés à être chantés sur des mélodies appartena nt à
ce ton. Ces textes sont utilisés chaque jour de la semaine aux
différents offices (sauf les jours de fêtes). Chaque ton est utilisé
pendant une semaine du dimanche au samedi suivant, après quoi il
cède la place au ton suivant.
L'ensemb le de ces textes recouvre ainsi une période de huit
semaines et est regroupé dans le livre liturgique appelé « Octoè-
que » (du grec octo : «huit», et echos : «mélodie » ou «voix»). En
période de fête, l'Octoèque est remplacé par les textes propres à la
fête. (A.L.)

TRADITION
La tradition est la transmission de la vie en Christ, de la foi
donnée par le Christ à Ses apôtres et vivant depuis lors de
génération en génération. C'est elle qui a fixé le canon* des
Écritures, c'est elle qu'exprim ent le Credo*, les définitions des
Conciles œcuméni ques; c'est elle qui se manifeste dans certains
écrits patristiques, dans les canons, dans la vie liturgique, dans les
saintes icônes, dans la vie des Saints* de Dieu.
Les théologiens orthodoxes soulignent qu'il faut distinguer entre
la Tradition et les nombreuses traditions qui relèvent uniqueme nt
des coutumes humaines, et qui n'ont qu'une importance très
relative. Il n'est pas facile de le faire. Soyons vigilants.
Georges Florovsky a écrit :

La Tradition est le témoignage de !'Esprit, la révélation incessante et


l'incessante annonce de bonnes nouvelles. [ ... ] Elle n'est pas seulement
une mémoire verbale, mais elle est la demeure éternelle de !'Esprit.

192
TRADITION

Pour saint Irénée, la Sainte Tradition comme « transmission de


la vérité n'est pas une mémoire historique[ ... ], elle est la mémoire
de l'Église intérieure».

La Sainte Tradition complète la Sainte Écriture en ce sens qu'elle


préserve l'intégrité du message biblique. [ ... ] Par l'expression « Sainte
Tradition», nous voulons signifier la vie entière de l'Église dans l' Esprit
Saint (Déclaration commune anglicano-orthodoxe, 2 août 1976, Moscou).

Il est vrai que la Tradition est vivante. Il ne s'agit pas de répéter


ce que les Pères de l'Église* ont dit, mais il nous faut imiter leur
travail de discernement créateur et leur ouverture aux problèmes
de leur époque. Ainsi la Tradition change non dans son contenu
essentiel, qui reste toujours le même, mais dans les expressions
qu'elle doit trouver pour être entendue par les hommes de chaque
génération.
La vraie et sainte Tradition, selon Philarète de Moscou, « ne
consiste pas seulement en une transmission visible et verbale des
enseignements, des règles, des institutions et des rites, mais elle est
en même temps une communication invisible et actuelle de grâce et
de sanctification», donc toujours vivante.
En effet, la Tradition chrétienne authentique n'est pas simple
souvenir et respect du passé. Si elle maintient vivante la mémoire
du passé, c'est qu'en lui se prépare l'avenir. Sans cette dimension
dynamique, cette ouverture eschatologique*, la tradition ne serait
que passéisme, fuite, refus de l'histoire, archéologie ... Comme la
Liturgie eucharistique*, la Tradition ne se borne pas à faire
mémoire du passé : elle prépare, attend et anticipe l'avenir.

*
**
Signalons, pour ceux qui voudraient en savoir davantage sur
cette question, le chapitre intitulé « La Tradition et les traditions»
dans le livre de Vladimir Lossky, A l' Image et à la Ressemblance de
Dieu, Aubier-Montaigne, 1967.

193
TRANSCENDANCE

TRANSCENDANCE
Dieu, ayant créé toutes choses à partir de rien (ex nihilo) par Sa
volonté, est essentiellement différent de Ses créatures. Quand nous
disons que Dieu est absolument transcendant, nous voulons
affirmer que, dans Son essence*, Il est au-dessus et au-delà de
toute explication, de tout concept, de toute notion de temps et
d'espace, hors d'atteinte de notre connaissance, de notre compré-
hension. Il est qui Il est, Il est celui qui est (YHWH) [Exode 3, 14].
Le langage utilisé par les théologiens lorsqu'ils se réfèrent à cet
aspect de Dieu est celui de la voie apophatique, c'est-à-dire
négative, car en parlant de Celui qui est au-delà de tout ce qu'Il a
fait, on ne peut qu'écarter toutes les images, tous les qualificatifs.
Ainsi dit-on que Dieu dans Son essence n'est pas participable, pas
connaissable, etc.
Mais Dieu S'est révélé à nous par l'Incarnation* et les hommes
ont vu le Fils de Dieu, vrai Dieu devenu vrai homme. Par ailleurs,
l'orthodoxie distingue entre l'essence de Dieu- imparticipable -
et Ses énergies*, qui sont Dieu Lui-même et auxquelles nous
pouvons participer par la grâce déifiante. C'est la voie cataphati-
que, c'est-à-dire affirmative, qui indique la présence de Dieu dans
toutes les choses créées et ses rapports avec elles.
Les deux voies sont nécessaires, puisque le Dieu transcendant
est aussi Celui qui Se communique à nous dans Ses énergies, qui
S'est révélé à nous par l'Incarnation*, qui est partout présent et qui
remplit tout. Il nous faut entendre ensemble ces vérités apparem-
ment contradictoires.

TRIBUS D'ISRAËL
Une tribu est, d'une façon générale, un clan, un groupement de
familles sous l'autorité d'un seul chef. Dans l'Ancien Testament, le
terme« Israël», qui était à l'origine le nouveau nom de Jacob après
son combat avec l' Ange (Genèse 32, 23-33), est devenu par
extension le nom du peuple juif. Cette nation a pour structure les
douze tribus portant chacune le nom d'un des douze fils de Jacob
et dont elles groupent les descendants (Genèse 35, 23).
Nous lisons à la fin du livre de la Genèse qu'avant de mourir le

194
TRINITÉ

patriarche Jacob rassembla ses douze fils - qui allaient dorénavant


transformer les douze tribus d'Israël en un grand peuple - et les
bénit d'une magnifique bénédiction prophétique (Genèse 49).
Certains commentateurs ont établi un parallèle entre la
constitution du peuple de Dieu par les douze tribus d'Israël,
achèvement du livre de la Genèse (livre des commencements) et
l'établissement des douze apôtres, fondement de l'Église dans le
Nouveau Testament (voir Matthieu 19, 28).

TRIDUUM PASCAL
- Voir PASSION.

TRINITÉ
Le dogme de la Trinité : un seul Dieu en trois Personnes* -
Père, Fils et Saint-Esprit - , trois Personnes en une seule Essence*
(ou nature), tel est le fondement inébranlable de la foi chrétienne.
La Personne du Père, sans origine, ne procédant de rien, est la
source de l'Essence divine. Le Fils est né du Père avant tous les
siècles. L'Esprit procède du Père de toute éternité*.
La Sainte Trinité « consubstantielle et indivisible» est le
mystère* de l'unité dans la diversité, de la diversité dans l'unité -
ce que les théologiens appellent «identité-distinction» car les trois
Personnes sont « unies sans confusion, distinctes, cependant non
divisées». « Trois lumières en une seule», « soleil unique au triple
éclat».
Chacune des trois Personnes (hypostases) demeure dans les deux
autres dans un éternel mouvement de communion et d'amour
(périchorèse). Leur amour est un même amour, leur puissance une
seule puissance, leur énergie une seule énergie. Tout acte divin est
donc un acte du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le mystère de la Trinité, qui dépasse l'entendement et crucifie
en quelque sorte la pensée humaine, a une importance concrète
pour chaque chrétien, sa vie et son expérience. En effet, l'homme a
été créé à l'image de la Trinité : chaque homme est une personne
qui ne trouve sa plénitude que dans l'amour et la communion avec
Dieu et les autres hommes. Il doit être conscient de son unité avec

195
TRINITÉ

les autres et les accepter dans leur diversité, estimant« après Dieu,
tous les hommes comme Dieu» (Saint Nil le Sinaïte).

- Voir aussi PERSONNE.

TRIODE
Ce mot signifie littéralement : « canon* à trois odes*». Des
canons de ce type se trouvent dans les livres liturgiques auxquels
ils ont donné leur nom :

1. Triode de Carême* : ce livre contient tous les textes relatifs


au Carême et à la période qui le précède, ainsi qu'à la Semaine
Sainte. La caractéristique dominante de ces textes est leur aspect
pénitentiel, le Carême étant proposé aux fidèles pour qu'ils se
purifient et se préparent aux solennités de la Passion et de la
Résurrection du Sauveur.
2. Triode pascal ou Pentecostaire : on y trouve les textes utilisés
entre Pâques et le dimanche qui suit la Pentecôte (ces deux fêtes y
étant incluses). Les textes expriment avant tout la joie de la
Résurrection du Sauveur, qui rend possible celle de tout le genre
humain. Les divers thèmes évoqués au cours de cette période
éclairent, chacun à sa façon, le mystère de la Rédemption et du
Salut, dont l'œuvre trouve son accomplissement avec l' Ascension
et la Pentecôte. (A.L.)

TRISAGION
- Voir SAINT, SAINT, SAINT.

TROPAIRE
Courte strophe poétique, entrant dans la composition de tous les
offices liturgiques. En voici les principaux types :
1. Chaque fête ou mémoire de saint possède un tropaire propre,
appelé tropaire du jour ou apolytikion (d'un mot grec signifiant
congé ou renvoi, car ce type de tropaire est chanté entre autres à la

196
TROPAIRE

fin des vêpres et des matines). Le tropaire du jour résume


l'essentiel des thèmes évoqués dans la célébration de la fête, en en
mentionnant éventuellemen t un ou plusieurs aspects théologiques.
2. Des tropaires sont intercalés entre les versets des odes*
bibliques du canon des matines.
3. On intercale également des tropaires entre les versets des
psaumes du lucernaire, des laudes et des apostiches : les tropaires
prennent alors le nom de stichères.
4. Les« tropaires de cathismes » suivent les lectures psalmiques
et permettent de les ponctuer. Ils sont aussi appelés « cathismes
poétiques» ou « sédalènes » (calque du terme slavon), ou encore
simplement « cathismes ».
S. Certaines lectures tirées des prophéties de l'Ancien Testa-
ment sont précédées d'une strophe appelée « tropaire de la
prophétie», qui indique brièvement le sens de la lecture. (A.L.)
VERBE
Verbe veut dire parole (verbum, en latin; logos, en grec). Tout au
long de l'Ancien Testam ent, le Dieu Vivant parle aux hommes. Il
S'adresse de diverses manières à des hommes choisis, les
prophètes*. Le Nouveau Testam ent nous révèle que, pour notre
salut, Dieu S'est fait homme. Sa Parole, Son Verbe éternel, S'est
fait chair.
Le Fils Unique de Dieu, Jésus-Christ, est ce Verbe. En tant que
Verbe, Il est la Parole créatrice « par qui tout a été fait» comme
nous le confessons dans le Credo* (voir aussi le psaume 32 [33], 6
et Jean 1, 3). En S'incar nant, le Verbe s'adresse directe ment à
nous. Celui qui reçoit le Christ garde en lui la Parole de Dieu. Le
Christ lui-même l'atteste : « Ma mère et mes frères ce sont ceux qui
écoutent la Parole de Dieu et la metten t en pratiqu e (Luc 8, 21;
11, 28).»
C'est par l'Évangile de saint Jean que nous savons que le Verbe,
la Parole, n'est pas quelque chose, mais Quelqu 'un, « l'un de la
Sainte Trinité », le Fils.

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et


le Verbe était Dieu[ ... ] et nous avons vu Sa Gloire*, la Gloire qu'un Fils
Unique tient de Son Père (Jean 1, 1 et 14).

VIGILE

Ün appelle vigile la veille d'une grande fête, mais ce terme


désigne plus précisément la célébration liturgique ayant lieu ce
VIGILE

jour-là, et devant commencer dans la soirée pour se prolonger au


cours de la nuit, et s'achever avec la Liturgie eucharistique*, au
petit matin du jour de la fête.
La pratique liturgique russe a évolué vers une célébration de cet
office très abrégé, la veille de la fête dans la soirée, la Liturgie
eucharistique ayant lieu le matin du jour même de la fête. L'office
de vigile se compose des vêpres et des matines dans leur forme
festive, ces deux offices étant réunis en un seul. Toutes les parties
mobiles sont consacrées à la fête, pour constituer ainsi une
célébration solennelle et éclatante, mêlant souvent louange et
développements théologiques. (A.L.)
INDEX DES THÈMES

A CANONS (à propos des icônes et de


l'iconographie), 39.
ABSOLUTION, 17. CARÊME, 40.
ACTION DE GRÂCES, 18.)i CATAPHATIQUE (voie), 41.
ALLIANCE, 18. CATÉ~HUMÈNE, 41.
AMEN, 18. CATHOLIQUE, 42.
ANAMNÈSE, 19.* CÉNACLE, 44.
ANAPHORE, 19.* CÈNE, 44.
ANGES, 20. CHÉRUBINS, 44.
ANNÉE LITURGIQUE, 21.f CHRÉTIENS, 45.
APOCRYPHES, 21. CHRISMATION, 45.
APOPHATIQUE (voie), 22. CHRIST, 45.
APOPHTEGME, 22. COMMANDEMENTS, 45.
APOSTICHES, 22. COMMUNION DES SAINTS, 46.
ARCHE D'ALLIANCE, 22. CONFESSION, 48.
AscÈsE, 24. CosMos, 49.
ASTROLOGIE, 26. CREDO, 50.
AUTEL, 27.
AvÈNEMENT (second), 28.
AVENT, 28. D
DÉCALOGUE, 55.
B DÉESIS, 55.
BAPTÊME, 31. DÉIFICATION, 56.
BIBLE, 31. DOGME, 56.
BIBLIOGRAPHIE (POUR LES TEMPS DoxoLOGIE, 57.
DE CARÊME), 33.
BLASPHÈME, 34.
E
C EcPHONÈSE, 61.
ÉCRITURE, 61.
CALENDRIER, 37. ÉDEN, 61.
CANONS, 38. ÉGLISE, 62.

203
VOCABULAIRE THÉOLOGIQUE ORTHODOXE

ÉGLISE LOCALE,
ENCENS, 64.
64. J
ENFER, 65. JUDAÏSME, 113.
ÉPICLÈSE, 66..}f- JUGEMENT, 113.
ÉPÎTRE, 66. JUSTICE, 113.
ESCHATOLOGIE , 66.
ESSENCE ET ÉNERGIES DIVINES, 71.
ÉTERNITÉ, 72. K
EucHARISTIE, 73.
ÉVANGILES, 74. KÉNOSE, 119.
ÉVÊQUE, 74. KoNDARION-IK os, 119.
EXÉGÈTE, 74.
Ex NIHILO, 75.
L
F LANDES, 123.
LITIE, 123.
FIDÉLITÉ, 79. LITURGIE, 124.
FILIOQUE, 80. LITURGIE EUCHARISTIQUE , 125.
FINS DERNIÈRES, 80. LIVRES LITURGIQUES, 126.
LOGOS, 127.
LUMIÈRE INCRÉÉE, 127.
G
GENÈSE, 83. M
GENTILS, 83. MAGES, 131.
GLOIRE, 84. MESSIE, 131.
GRÂCE, 85. MÉTANIE, 132.
GRAND-PRÊTRE , 87. MISÉRICORDE, 132.
MoRT, 133.
MYRRHOPHORE , 133.
H MYSTÈRE, 133.

HÉSYCHASME, 91.
HIÉRARCHIE, 95. N
HIÉRATIQUE, 97.
HIRMOS, 98. NEPSIS, 137.
HOLOCAUSTE, 98.
HOSTIE, 98. 0
HYMNE DES CHRÉTIENS, 99.
HYPOSTASE, 99.
ÛBLATION, 141.
ÛDE, 141.
I ÛFFRANDE, 142.

lcONOGRAPHIE, 103.
lcoNOSTASE, 106. p
lKos, 108.
INCARNATION, 108. PANTOCRATOR, 145.
ISRAËL, 109. PARASCÈVE, 146.

204
INDEX DES THÈMES

PAROUSIE, 146. SALUT, 175.


PASSION DE NOTRE SEIGNEUR, SANCTUAIRE, 176.
147. SANCTUS,178.
PATÈNE, 148. SANHÉDRIN, 178.
PÉNITENCE, 148. SECOND AVÈNEMENT, 178.
PÈRES DE L'ÉGLISE, 150. SEPTANTE, 178.
PÉRICHORÈSE, 150. SÉRAPHINS, 178.
PERSONNE, 151. SoBORNOST, 179.
PHILOCALIE, 152. SOLEIL DE JUSTICE, 179.
PORTES ROYALES, 152. STicHÈRE, 180.
PRÉCURSEUR, 152. SYMBOLE, 180.
PRÉTOIRE, 153. SYMBOLE DE LA FOI, 180.
PRÊTRE, 154. SYNERGIE, 180.
PRIÈRE, 154. SYNOPTIQUES (Évangiles), 181.
PRIÈRE DU CŒUR, PRIÈRE DE JÉ-
SUS, 158.
PROSCOMIDIE, 158. T
PROPHÈTE, 159.
PROPITIATOIRE, 159. TABLES DE LA LOI, 185.
PHOSPHORES, 160. TEMPLE, 185.
PROTHÈSE, 160. TENTATION, 186.
PROVIDENCE, 160. TENTE DE RÉUNION, 187.
PSALMISTE, 160 TERRE PROMISE, 187.
TÉTRARQUE, 188.
THÉOLOGIE, 188.
R THÉOPHANIE, 189.
THÉOTOKION, 190.
RÉDEMPTION, 163. THÉOTOKOS, 190.
REPENTIR, 163. ToN, 192.
RÉSURRECTION, 164. TRADITION, 192.
RÉVÉLATION, 164. TRANSCENDANCE, 194.
TRrnus o'lsRAËL, 194.
TRIDUUM PASCAL, 195.
s TRINITÉ, 195.
TRIODE, 196.
SABAOTH, 169. TRISAGION, 196.
SACERDOCE, 169. TROPAIRE, 196.
SACREMENT, 171.
SAINT, 171.
SAINT CHRÊME-CHRISMA TION' V
172.
SAINT, SAINT, SAINT, 173. VERBE, 201.
SAINTS DONS, 174. VIGILE, 201.

205

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